« Diarrhée aiguë (approche clinique) » : différence entre les versions

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La diarrhée est l'une des situations cliniques les plus communément rencontrées dans la pratique de la médecine, que ce soit en clinique d'omnipraticien, à l'urgence, ou à l'unité d'hospitalisation. Elle est classiquement définie par la production de trois selles (ou plus) en 24h, et peut être reliée à une multiplicité de pathologies aiguës ou chroniques.{{Information situation clinique
{{Information approche clinique
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{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Introduction}}
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}}


== Épidémiologie ==
La diarrhée est classiquement définie par la production de trois selles liquides (ou plus) en 24h, et peut être reliée à une multiplicité de pathologies aiguës ou chroniques. Elle est considérée aiguë lorsque sa durée est inférieure à 14 jours, persistante si elle dure entre 14 et 30 jours et chronique au-delà de 30 jours. <ref>{{Citation d'un lien web|langue=Anglais|titre=Acute Diarrhea in Adults|url=https://www.dynamed.com/approach-to/acute-diarrhea-in-adults#GUID-4C528A61-C582-4492-8201-813179B1C755|site=Dynamed|date=|consulté le=18 décembre 2022}}</ref>
90% des diarrhées aiguës sont causées par des agents infectieux. Les micro-organismes responsables de la diarrhée aiguë sont souvent transmises par voie fécale-orale, ou encore par l’eau et les aliments contaminés<ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Valerie|nom1=Nemeth|prénom2=Hassam|nom2=Zulfiqar|prénom3=Nicholas|nom3=Pfleghaar|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2020|pmid=28846339|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK448082/|consulté le=2020-05-18}}</ref>. De plus, certains micro-organismes sont endémiques dans certaines régions du monde, le plus souvent des pays en voie de développement (''ex. Vibrio Cholera'', ''E. coli'' ETEC, etc.).
{{Page objectif du CMC|identificateur=22-1|nom=Diarrhée aiguë}}


Ainsi, des éléments épidémiologiques importants à tenir en compte sont :
==Épidémiologie==
* Les retours de voyage (surtout des régions à ressources sanitaires limitées)
En 2017, il y avait annuellement près de 1.7 milliards de cas de diarrhées infantiles, dont 525 000 décès chez les patients de moins de 5 ans selon l'OMS<ref name=":10">{{Citation d'un lien web|langue=en|titre=Diarrhoeal disease|url=https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/diarrhoeal-disease|site=www.who.int|consulté le=2023-02-16}}</ref>. La majorité de ces maladies diarrhéiques peuvent être prévenues par des mesures d'hygiène de base, des installations sanitaires adéquates et par des sources d'eau potable.<ref name=":10" />
* Les milieux fermés (hôpitaux, résidences, garderies, prisons, etc.)
* Les sources alimentaires à risque de contamination (restaurants, services de traiteur, produits d'épicerie crus, etc.)
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Épidémiologie}}


== Étiologies et Physiopathologie ==
Les maladies diarrhéiques sont la deuxième cause de mortalité infantile dans le monde.<ref name=":10" />
Une diarrhée peut résulter d’une diminution de l’absorption et/ou d’une augmentation de la sécrétion au niveau de l’intestin<ref name=":0" />. Tel que mentionné dans la section précédente, la majorité des diarrhées aiguës sont d'origine infectieuse.


=== Diarrhées infectieuses ===
Les micro-organismes responsables de la diarrhée aiguë sont souvent transmis par voie fécale-orale, ou encore par l’eau et les aliments contaminés<ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Valerie|nom1=Nemeth|prénom2=Hassam|nom2=Zulfiqar|prénom3=Nicholas|nom3=Pfleghaar|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2020|pmid=28846339|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK448082/|consulté le=2020-05-18}}</ref>. Certains micro-organismes sont endémiques dans quelques régions du monde où les infrastructures sanitaires sont moins développées (ex.: ''Vibrio cholera'', ''Entamoeba histiolytica,'' etc.)<ref name=":11">{{Citation d'un lien web|langue=Anglais|titre=Acute Diarrhea in Adults|url=https://www.dynamed.com/approach-to/acute-diarrhea-in-adults#NON_INFECTIOUS_CONDITIONS|site=Dynamed|date=|consulté le=18 décembre 2022}}</ref><ref name=":1">{{Citation d'un lien web|langue=anglais|titre=Acute Diarrhea in Adults|url=https://www.aafp.org/afp/2014/0201/p180.html|site=American Family Physician|date=1 février 2014|consulté le=}}</ref><ref name=":8">{{Citation d'un ouvrage|langue=français|auteur1=Luc Lanthier|titre=Guide pratique de médecine interne|passage=pages 7-11|lieu=Sherbrooke|éditeur=Éditions Formed inc|date=mai 2018|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.[[File:Diarrhoeal diseases world map-Deaths per million persons-WHO2012.svg|thumb|Décès dus aux maladies diarrhéiques par million de personnes en 2012|283x283px]][[File:Diarrhoeal diseases world map - DALY - WHO2004.svg|thumb|Espérance de vie corrigée de l'incapacité pour la diarrhée pour 100 000 habitants en 2004<ref>{{Citation d'un lien web |url=https://www.who.int/entity/healthinfo/global_burden_disease/gbddeathdalycountryestimates2004.xls |title=Mortality and Burden of Disease Estimates for WHO Member States in 2004 |format=xls |work=[[World Health Organization]] }}</ref>|281x281px]]
Les diarrhées aiguës d’origine infectieuse peuvent se présenter sous deux tableaux différents : inflammatoire et non-inflammatoire<ref>{{Citation d'un lien web|langue=anglais|titre=Acute Diarrhea in Adults|url=https://www.aafp.org/afp/2014/0201/p180.html|site=American Family Physician|date=1 février 2014|consulté le=}}</ref>. Les diarrhées infectieuses inflammatoires résultent le plus souvent d’un envahissement du côlon (aussi appelée colite infectieuse) avec atteinte de la muqueuse colique. La présentation est typiquement celle de fièvre et de selles sanglantes, purulentes, et/ou mucoïdes. En plus des complications électrolytiques de la diarrhée (voir plus bas), les colites infectieuses représentent un risque d’hémorragie, d’ischémie colique, de mégacôlon toxique, voire de perforation.  
==Étiologies==
La majorité des diarrhées aiguës sont infectieuses et auto-résolutives.  


La variante non-inflammatoire résulte d’un envahissement du grêle avec souvent une provocation de sécrétion dérégulée. Ce mécanisme explique la présentation de diarrhée abondante et volumineuse (voire aqueuse) sans fièvre ou saignement. Elle peut résulter en désordre électrolytique.
Le tableau suivant résume les caractéristiques physiopathologiques et étiologiques des deux classes de diarrhée infectieuse [cite TN]
{| class="wikitable"
{| class="wikitable"
!Caractéristiques
|+Étiologies des diarrhées aiguës<ref name=":11" /><ref name=":1" /><ref name=":8" /><ref name=":7">{{Citation d'un ouvrage|nom1=Kasper, Dennis L.,|nom2=Fauci, Anthony S., 1940-|nom3=Hauser, Stephen L.,|nom4=Longo, Dan L. (Dan Louis), 1949-|titre=Harrison's principles of internal medicine.|isbn=978-0-07-180215-4|isbn2=0-07-180215-0|isbn3=978-0-07-180213-0|oclc=893557976|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/893557976|consulté le=2020-05-22}}</ref><ref name=":9">{{Citation d'un article|langue=English|prénom1=Seth|nom1=Sweetser|titre=Evaluating the Patient With Diarrhea: A Case-Based Approach|périodique=Mayo Clinic Proceedings|volume=87|numéro=6|date=2012-06-01|issn=0025-6196|issn2=1942-5546|pmid=22677080|pmcid=PMC3538472|doi=10.1016/j.mayocp.2012.02.015|lire en ligne=https://www.mayoclinicproceedings.org/article/S0025-6196(12)00382-5/abstract|consulté le=2022-12-04|pages=596–602}}</ref>
!Inflammatoire
!Classe
!Non-inflammatoire
!Sous-classe
!Explications
|-
! rowspan="3" |Infectieuses (90%)
!{{Étiologie|nom=Gastro-entérite virale|principale=1|affichage=Viral}}
|
*{{Étiologie|nom=Norovirus|principale=0|affichage=Norovirus}}
*{{Étiologie|nom=Rotavirus|principale=0|affichage=Rotavirus}}
*{{Étiologie|nom=Hépatite A|principale=0|affichage=Hépatite A}}
*{{Étiologie|nom=Adénovirus|principale=0|affichage=Adénovirus}}
*{{Étiologie|nom=Astrovirus|principale=0|affichage=Astrovirus}}
*{{Étiologie|nom=Cytomégalovirus|principale=0|affichage=CMV}}
*etc.
|-
!Bactérienne
<ref group="note">Les bactéries sont la 2e cause de diarrhées infectieuses après les virus et la 1ère cause de diarrhées du voyageur.  </ref>
|
*''{{Étiologie|nom=Clostridium perfringens|principale=0|affichage=Clostridium perfringens}}''
*''{{Étiologie|nom=Aeromonas|principale=0|affichage=Aeromonas}}''
*''{{Étiologie|nom=Bacillus cereus|principale=0|affichage=Bacillus cereus}}''
*''{{Étiologie|nom=Vibrio cholera|principale=0|affichage=Cholera}}''
* ''{{Étiologie|nom=Vibrio parahemolyticus|principale=0|affichage=Vibrio parahemolyticus}}''
*''{{Étiologie|nom=Vibrio vulnificus|principale=0|affichage=Vibrio vulnificus}}''
*''{{Étiologie|nom=S. areas|principale=0|affichage=S. areas}}''
*''{{Étiologie|nom=Listeria monocytogenes|principale=0|affichage=Listeria monocytogenes}}''
*''{{Étiologie|nom=Yersinia enterocolitica|principale=0|affichage=Yersinia enterocolitica}}''
*{{Étiologie|nom=E. coli entérotoxinogène|principale=0|affichage=''E. coli'' entérotoxinogène}}
*{{Étiologie|nom=E. coli O157H7|principale=0|affichage=''E. coli'' O157H7}}
*''{{Étiologie|nom=Entérite à Shigella|principale=0|affichage=Shigella}}''
*{{Étiologie|nom=Entérite à Campylobacter|principale=0|affichage=Campylobacter jejuni}}
*{{Étiologie|nom=Salmonellose non typhoïdienne|principale=0|affichage=Salmonelle non typhi}}
*{{Étiologie|nom=Colite à Clostridium difficile|principale=0|affichage=Colite à Clostridium difficile}}
|-
! Parasitaire
|
*''{{Étiologie|nom=Giardiase|principale=0|affichage=Giardia lamblia}}''
*''{{Étiologie|nom=Entamoeba histolytica|principale=0|affichage=Entamoeba histolytica}}''
*{{Étiologie|nom=Schistosomiase|principale=0|affichage=Schistosomiase}}
*{{Étiologie|nom=Cystoisosporose|principale=0|affichage=Cystoisosporose}}
*''etc.''
|-
! rowspan="8" |Non infectieuses (10 %)
!Diarrhées para-infectieuses
|
*Certaines infections en dehors du tractus gastro-intestinal (ex: {{Étiologie|nom=Pyélonéphrite aiguë|principale=0|affichage=pyélonéphrite}}, {{Étiologie|nom=malaria|principale=0|affichage=malaria}}, {{Étiologie|nom=Pneumonie acquise en communauté|principale=0|affichage=pneumonie}}) peuvent également occasionner des diarrhées aiguës<ref name=":8" />.
|-
|-
|Site d’infection
!Médicaments<ref group="note">Tous les médicaments devraient être revus. Ceux introduits récemment sont les plus susceptibles d'être incriminés.</ref>
|Côlon (généralement)
|
|Grêle (généralement)
*{{Étiologie|nom=Antibiotiques|principale=0|affichage=Antibiotiques}}<ref group="note">En raison de leurs effets indésirables ou d'une infection à ''C. difficile''</ref>
*{{Étiologie|nom=Laxatifs|principale=0|affichage=Laxatifs}} et {{Étiologie|nom=prokinétiques|principale=0|affichage=prokinétiques}}
*{{Étiologie|nom=Inhibiteurs de la pompe à proton|principale=0|affichage=IPP}}<ref group="note">Effets indésirables ou cause de colite microscopique</ref>
*{{Étiologie|nom=Metformine|principale=0|affichage=Metformine}}
*{{Étiologie|nom=Statines|principale=0|affichage=Statines}}
*{{Étiologie|nom=IECA|principale=0|affichage=IECA}}
*{{Étiologie|nom=Colchicine|principale=0|affichage=Colchicine}}
*{{Étiologie|nom=Immunothérapie|principale=0|affichage=Immunothérapie}}
*{{Étiologie|nom=Chimiothérapie|principale=0|affichage=Chimiothérapie}}
*{{Étiologie|nom=Radiothérapie|principale=0|affichage=Radiothérapie}}
*{{Étiologie|nom=AINS|principale=0|affichage=AINS}}<ref group="note">Effets indésirables ou cause de colite microscopique</ref>
*{{Étiologie|nom=ISRS|principale=0|affichage=ISRS}}
*{{Étiologie|nom=Magnésium|principale=0|affichage=Magnésium}}
* {{Étiologie|nom=Vitamine C|principale=0|affichage=Vitamine C}}
|-
|-
|Mécanisme
!Produits toxiques
|Envahissement de la muqueuse et inflammation.
|
|Envahissement de la bordure en brosse et  augmentation de la sécrétion en électrolytes (médiée par toxines).
*{{Étiologie|nom=Arsenic|principale=0|affichage=Arsenic}}
*{{Étiologie|nom=Mercure|principale=0|affichage=Mercure}}
*{{Étiologie|nom=Plomb|principale=0|affichage=Plomb}}
*Insecticides ({{Étiologie|nom=organophosphates|principale=0|affichage=organophosphates}})
|-
|-
|Présence de toxines
!Aliments<ref name=":9" /><ref>{{Citation d'un article|langue=English|prénom1=Lawrence R.|nom1=Schiller|prénom2=Darrell S.|nom2=Pardi|prénom3=Joseph H.|nom3=Sellin|titre=Chronic Diarrhea: Diagnosis and Management|périodique=Clinical Gastroenterology and Hepatology|volume=15|numéro=2|date=2017-02-01|issn=1542-3565|issn2=1542-7714|pmid=27496381|doi=10.1016/j.cgh.2016.07.028|lire en ligne=https://www.cghjournal.org/article/S1542-3565(16)30501-8/abstract|consulté le=2022-12-04|pages=182–193.e3}}</ref>
|Variable, selon étiologie
|
|Variable, selon étiologie
*{{Étiologie|nom=Café|principale=0|affichage=Café}}
*{{Étiologie|nom=Alcool|principale=0|affichage=Alcool}}
*{{Étiologie|nom=Boissons gazeuses|principale=0|affichage=Boissons gazeuses}}
*{{Étiologie|nom=Lactose|principale=0|affichage=Lactose}}
*Additifs alimentaires ({{Étiologie|nom=sorbitol|principale=0|affichage=sorbitol}}, {{Étiologie|nom=fructose|principale=0|affichage=fructose}}, {{Étiologie|nom=xylitol|principale=0|affichage=xylitol}})
*{{Étiologie|nom=Glutamate monosodique|principale=0|affichage=Glutamate monosodique}}
|-
|-
|Tableau clinique
!Intoxication alimentaire
|Diarrhée peu volumineuse, souvent avec sang/pus/mucus Symptômes systémiques
|
|Diarrhée volumineuse et/ou aqueuse, non sanglante
*L'ingestion de toxines bactériennes ou non bactériennes est responsable du tableau clinique<ref>{{Citation d'un lien web|langue=Anglais|titre=Foodborne Illnesses|url=https://www.dynamed.com/condition/foodborne-illnesses|site=Dynamed|date=|consulté le=19 décembre 2022}}</ref>.
Généralement afébrile
|-
|-
|Complications courantes
!Processus abdominaux aigus
|Désordres électrolytiques
|  
Hémorragie, ischémie
*{{Étiologie|nom=Appendicite|principale=0|affichage=Appendicite}}
 
*{{Étiologie|nom=Diverticulite|principale=0|affichage=Diverticulite}}
Mégacôlon et perforation (surtout avec ''C. difficile'')
*{{Étiologie|nom=Ischémie mésentérique aiguë|principale=0|affichage=Ischémie mésentérique aiguë}}
|Désordres électrolytiques
*{{Étiologie|nom=Colite ischémique|principale=0|affichage=Colite ischémique}}
*{{Étiologie|nom=Occlusion intestinale|principale=0|affichage=Occlusion intestinale}}
*Etc.
|-
|-
|Étiologies principales
!Présentation aiguë d'une cause de diarrhées chroniques<ref group="note">Il peut s'agir de la présentation initiale d'une pathologie chronique non diagnostiquée ou d'une exacerbation d'une maladie connue.</ref>
|
|
* Bactérienne : ''Campylobacter, Salmonella,  Shigella, Yersinia enterocolitica, E. coli'' O157:H7, ''C. difficile,'' Mycobactéries
*{{Étiologie|nom=Maladies inflammatoires de l'intestin|principale=0|affichage=Maladies inflammatoires de l'intestin}}
* Virale : CMV (surtout chez les patients  immunosupprimés)
*{{Étiologie|nom=Colite microscopique|principale=0|affichage=Colite microscopique}}
* Protozoaire : ''Entamoeba histiolytica''
* {{Étiologie|nom=Maladie cœliaque|principale=0|affichage=Maladie coeliaque}}
*{{Étiologie|nom=Syndrome du côlon irritable|principale=0|affichage=Syndrome du côlon irritable}}
* Etc.
|-
!Maladies systémiques
|
|
* Bactérienne : ''Bacillus cereus'', ''Clostridium  perfringens'', ''S. aureus'', ''E. coli'' ETEC (diarrhée  du voyageur), ''Vibrio spp''.
* {{Étiologie|nom=Hyperthyroïdie|principale=0|affichage=Hyperthyroïdie}}
* Virale : Adénovirus, Norovirus, Rotavirus
* {{Étiologie|nom=Sevrage aux opioïdes|principale=0|affichage=Sevrage aux opioïdes}}
* {{Étiologie|nom=Syndrome cholinergique|principale=0|affichage=Syndrome cholinergique}}
* Etc.
|}
|}
À noter que quelques bactéries, telles que le Campylobacter, peuvent donner les deux présentations.


Il existe également des causes non-infectieuses de diarrhée aiguë :
==Physiopathologie==
* Médicaments.  Une panoplie de médicaments et de traitements oncologiques (chimiothérapie, immunothérapie, radiothérapie) peuvent engendrer de la diarrhée. Lorsque possible, l’arrêt de l’agent responsable mène à la résolution de la diarrhée. Évidemment, ceci est à balancer avec les risques de discontinuer le traitement en question.
Une diarrhée peut résulter d’une diminution de l’absorption et/ou d’une augmentation de la sécrétion au niveau de l’intestin<ref name=":0" />. Elle peut résulter aussi d'un transit digestif plus rapide.  
* Toxines
* Ischémie/thrombose des vaisseaux intestinaux
* Présentation initiale d’une cause classiquement associée à la diarrhée chronique (ex. MII, désordre métabolique, etc.)
La physiopathologie des [[Diarrhée chronique|diarrhées chroniques]] sera discutée dans la section correspondante.{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Étiologies}}
* {{Étiologie|nom=Étiologie 1}}
* {{Étiologie|nom=Étiologie 2}}
*...


== Approche clinique ==
===Diarrhée sécrétoire ===
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Approche clinique}}
La diarrhée sécrétoire signifie qu'il y a une augmentation de la sécrétion active. Il y a peu ou pas de dommages structurels. Dans le monde, la cause la plus fréquente de ce type de diarrhée est une [[toxine cholérique]] qui stimule la sécrétion d'[[anion]]s, en particulier d'ions [[chlorure]] (Cl<sup>–</sup>). Par conséquent, pour maintenir un équilibre de charge dans le [[tractus gastro-intestinal]], du sodium (Na<sup>+</sup>) est transporté avec lui, ainsi que de l'eau. Dans ce type de diarrhée, la sécrétion de liquide intestinal est [[Tonicité#3|isotonique]] avec le plasma.<ref name="webmd.com">{{Citation d'un lien web |url=http://www.webmd.com/digestive-disorders/digestive-diseases-diarrhea |title=The Basics of Diarrhea |publisher=Webmd.com |date=17 February 2011 |access-date=9 March 2011 |url-status=live |archive-url=https://web.archive.org/web/20110311010926/http://www.webmd.com/digestive-disorders/digestive-diseases-diarrhea |archive-date=11 March 2011 }}</ref><ref name="MoonZhang2015" /> Elle continue même en l'absence d'apport alimentaire par voie orale.<ref name=":15">{{Citation d'un article|langue=en|titre=Diarrhea|périodique=Wikipedia|date=2023-02-07|lire en ligne=https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Diarrhea&oldid=1137918412|consulté le=2023-02-16}}</ref>


=== Questionnaire ===
===Diarrhée osmotique===
La diarrhée est définie par la production de 3 selles non-formées ou plus par 24h. Il est important de vérifier que les symptômes rapportés soient véritablement des selles et non simplement des envies de défécation. Nous qualifions une diarrhée de « aiguë » lorsqu’elle dure moins de 2 semaines. La diarrhée chronique est généralement définie par une durée de 4 semaines ou plus
La diarrhée osmotique survient lorsqu'il y a trop d'osmoles dans l'intestin par rapport au plasma.<ref name="MoonZhang2015" /> La diarrhée osmotique peut résulter <ref name=":15" />:


Lors de situations cliniques, il est parfois difficile de déterminer s'il s'agit d'une diarrhée aiguë ou s'il s'agit d'une présentation initiale de diarrhée chronique. Quelques caractéristiques nous dirigent davantage vers une étiologie de diarrhée chronique. Il est donc important de détailler :
* d'une consommation excessive d'aliments trop sucrés
* La fréquence. Il faut distinguer les envies fréquentes de défécation des vraies passages de selles.
* d'une digestion altérée (ex. maladie pancréatique ou [[maladie coeliaque]]) dans laquelle les nutriments sont laissés dans la lumen et créent un appel d'eau
*
* des [[laxatifs]] osmotiques
* Le volume
* d'une ingestion trop importante de [[magnésium]], de [[vitamine C]], de [[lactose]], de fructose ou de sorbitol.  
** Dans les diarrhées aiguës de type 
** Des selles 
* La présence de sang (rectoragie/méléna)
* La présence de mucus
* La présence de pus
* La présence de matières grasses (stéatorrhée)
* L’association avec les heures de repas,
* L’association avec la prise de certains aliments (ex. produits laitiers, produits céréaliers),
* Les symptômes systémiques (fièvre, diaphorèse nocturne, perte pondérale)
* Les symptômes digestifs hauts (ex. nausée, vomissement)
* Les symptômes d’hypotension, etc.
Les diarrhées se présentent souvent avec de la douleur abdominale


Les questions épidémiologiques tels que la prise d’antibiotiques, le retour de voyage, la fréquentation de milieux à risque (ex. hôpital, CHSLD, garderie, restaurant), le contact avec une personne malade, etc. sont également pertinentes.  
Dans la plupart de ces cas, la diarrhée osmotique s'arrête lorsque l'agent responsable est arrêté. <ref name="webmd.com" /><ref name=":15" />


Les antécédents médicaux dans le contexte de diarrhée aiguë permettent parfois d'élever le niveau de suspicion pour certaines étiologies :
===Diarrhée exsudative ===
* Un antécédent de colite à ''C.difficile'' met le patient à risque d'une récidive (voir Drapeaux rouges)
La diarrhée exsudative se produit avec la présence de sang et de pus dans les selles. Cela se produit avec les [[maladies inflammatoires de l'intestin]], telles que la [[maladie de Crohn]] ou la [[colite ulcéreuse]], et d'autres infections graves telles que ''[[Escherichia coli|E. coli]]'' ou d'autres formes d'intoxication alimentaire.<ref name="MoonZhang2015" /><ref name="webmd.com" /><ref name=":15" />
* L'anémie falciforme est associée aux infections à ''Salmonella''.
* L'immunosuppression dans le contexte de diarrhée infectieuse de type inflammatoire doit faire évoquer la possibilité de CMV ou d'infection à mycobactéries.  
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Questionnaire}}


=== Examen clinique ===
===Diarrhée inflammatoire===
Dans le contexte d'une diarrhée aiguë, l'examen physique sert davantage à identifier les complications que de préciser l'étiologie. Au niveau des signes vitaux, il faut surveiller la fièvre, la tachycardie et l'hypotension. L’examen abdominal révèle souvent un péristaltisme accéléré avec ou sans sensibilité abdominale. La présence d'un empâtement à la palpation peut être suggestif d’une maladie inflammatoire de l’intestin (voir [[Diarrhée chronique]]).  
La diarrhée inflammatoire survient lorsqu'il y a des dommages à la muqueuse ou à la bordure en brosse, ce qui entraîne une perte passive de liquides riches en protéines et une diminution de la capacité pour absorber ces fluides perdus. Les caractéristiques des trois autres types de diarrhée peuvent être trouvées dans ce type de diarrhée.<ref>{{Citation d'un article | vauthors = Sweetser S | title = Evaluating the patient with diarrhea: a case-based approach | journal = Mayo Clinic Proceedings | volume = 87 | issue = 6 | pages = 596–602 | date = June 2012 | pmid = 22677080 | pmc = 3538472 | doi = 10.1016/j.mayocp.2012.02.015 }}</ref> Elle peut être causée par des infections bactériennes, des infections virales, des infections parasitaires ou des problèmes auto-immuns tels que les maladies inflammatoires de l'intestin. Elle peut également être causée par la tuberculose, le cancer du côlon et l'entérite.<ref name="MoonZhang2015" /><ref name=":15" />
==Évaluation clinique ==


{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Examen clinique}}
===Facteurs de risque===
Les facteurs de risque à questionner sont<ref name=":5">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Noel|nom1=Dunn|prénom2=Chika N.|nom2=Okafor|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2020|pmid=29083755|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK459348/|consulté le=2020-05-22}}</ref><ref name=":1" /><ref name=":4">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Samy A.|nom1=Azer|prénom2=Faiz|nom2=Tuma|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2020|pmid=31335045|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK544325/|consulté le=2020-05-19}}</ref> :


== Drapeaux rouges ==
* l'{{Facteur de risque discriminant|nom=ingestion d'eau non traitée}} ou contaminée (puits, lacs et rivières'')''<ref group="note">''Campylobacter jejuni'', ''E. coli'' O157H7, Shigella, ''Giardia lamblia''</ref>
*les {{Facteur de risque discriminant|nom=voyages}}<ref group="note">Dans les pays tropicaux, penser à ''Enthamoeba histolityca.'' Sinon, les plus fréquents sont ''E.coli'' entérotoxinogène, ''Campylobacter jejuni'', ''Salmonella'' et ''Shigella.''</ref>
*la fréquentation de certains lieux à haut risque de transmission
**les {{Facteur de risque discriminant|nom=garderies}}<ref group="note">Rotavirus'', Shigella, Cryptosporidium, Giardia''</ref>
** les {{Facteur de risque discriminant|nom=résidences}}
**les {{Facteur de risque discriminant|nom=hôpitaux}}<ref group="note">''Clostridium difficile'', rotavirus, norovirus</ref>
**les {{Facteur de risque discriminant|nom=prisons}}
** les {{Facteur de risque discriminant|nom=bateaux de croisières}}<ref group="note">Norovirus, rotavirus</ref>
*des {{Facteur de risque discriminant|nom=contacts infectieux}} dans l'entourage<ref group="note">Oriente vers une étiologie infectieuse, le plus souvent viral</ref>
*un antécédent de {{Facteur de risque discriminant|nom=Colite à Clostridium difficile|affichage=colite à C.difficile}} (à risque de récidive)
*des {{Facteur de risque discriminant|nom=antibiotiques ≤ 3 mois}}<ref group="note">Facteur de risque présent dans 90 % des cas de C. difficile.</ref>
*un {{Facteur de risque discriminant|nom=contact avec des tortues}}<ref group="note">''Salmonella'' non typhi</ref>
* des aliments contaminés, particulièrement :
**le {{Facteur de risque discriminant|nom=poulet}}<ref group="note">''Salmonelle non typhi, Campylobacter jejuni''</ref>
**les {{Facteur de risque discriminant|nom=oeufs crus}}<ref group="note">Salmonelle non typhi</ref>
**les {{Facteur de risque discriminant|nom=produits laitiers non pasteurisés}}<ref group="note">Salmonelle non typhi, ''E. coli'' O157H7, ''Campylobacter jejuni''</ref>
**le {{Facteur de risque discriminant|nom=boeuf mal cuit}}<ref group="note">''E. coli'' O157H7</ref>
**le {{Facteur de risque discriminant|nom=porc}}<ref group="note">''Yersinia enterocolitica''</ref>
** des {{Facteur de risque discriminant|nom=fruits de mer}}<ref group="note">''Vibrio vulnificus, V. parahemolyticus, V. cholera''</ref>
**le {{Facteur de risque discriminant|nom=riz}}<ref group="note">''Bacillus cereus''</ref>
**des {{Facteur de risque discriminant|nom=aliments périmés}} ou {{Facteur de risque discriminant|nom=aliments douteux|affichage=douteux}} (toxines)
* les {{Facteur de risque discriminant|nom=femmes enceintes}}<ref group="note">''Listeria monocytogenes''</ref>
*l'{{Facteur de risque discriminant|nom=anémie falciforme}} et l'{{Facteur de risque discriminant|nom=anémie hémolytique}}<ref group="note">''Salmonella''</ref>
*l'{{Facteur de risque discriminant|nom=immunosuppression}}<ref group="note" name=":0">Infections parasitaires, mycobactériennes, CMV, ''Salmonella,'' ''Listeria monocytogenes,'' ''Cryptosporidium'', ''Isospora.''</ref>
*un antécédent de {{Facteur de risque discriminant|nom=maladie inflammatoire de l'intestin}}<ref group="note">Devrait faire évoquer le diagnostic différentiel d'exacerbation de leur maladie de base. De plus, les patients avec MII sont plus à risque d'une évolution défavorable de leur diarrhée si la cause s'avère infectieuse.</ref><ref>{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Maria|nom1=Chiejina|prénom2=Hrishikesh|nom2=Samant|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2020|pmid=29262044|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK470525/|consulté le=2020-05-22}}</ref>
*les {{Facteur de risque discriminant|nom=relations sexuelles anales non protégées}}<ref group="note">''Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae, herpès simplex''</ref>.
===Questionnaire===
{| class="wikitable"
|+
Éléments importants au questionnaire du patient avec diarrhée aiguë<ref name=":1" /><ref name=":11" /><ref name=":12">{{Citation d'un ouvrage|langue=Anglais|auteur1=Nicholas E. Kman; Howard A. Werman; Sarah M. Greenberger|titre=Tintinalli's Emergency Medicine: A Comprehensive Study Guide|passage=Chapitre 73: Disorders Presenting Primarily With Diarrhea|lieu=|éditeur=McGraw Hill|date=2022|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref><ref name=":8" />
!Élément de HMA
! Caractéristique
!Causes possibles
|-
! rowspan="3" |'''Caractérisation des {{Symptôme discriminant|nom=Diarrhée (signe clinique)|affichage=diarrhées}}'''
|Durée
|
*≈ 3 jours : suspecter une infection virale
* > 7 jours : suspecter une infection bactérienne, parasitaire ou une étiologie non infectieuse
*> 4 semaines : diarrhées chroniques
|-
|Fréquence et quantité
|
*Abondantes : atteinte non inflammatoire, risques de déshydratation, malabsorption et complications associé aux atteintes du grêle.
*Peu abondantes : associé aux atteintes inflammatoires, surtout en cas de ténesme
|-
|Aspect
|
*Eau de riz : ''Vibrio cholera''
*{{Symptôme discriminant|nom=Rectorragies (signe clinique)|affichage=Rectorragie}} : atteinte inflammatoire<ref group="note">''Salmonella, Shigella, Campylobacter, Shiga toxin–producing E. coli, Clostridium difficile, Entamoeba histolytica, Yersinia''</ref>, présentation aiguë d'une MII,
*Sang sur le papier de toilette : hémorroïdes secondaires aux selles fréquentes
*{{Symptôme discriminant|nom=Mucus dans les selles|affichage=Mucus dans les selles}}
* Purulent
*{{Symptôme discriminant|nom=Stéatorrhée|affichage=Stéatorrhée}} : voir [[Diarrhée chronique]]
|-
! rowspan="4" |'''Symptômes associés'''
|{{Symptôme discriminant|nom=Nausée|affichage=Nausée}}/{{Symptôme discriminant|nom=Vomissement (signe clinique)|affichage=vomissements}}
|
* Étiologies infectieuses, particulièrement virales
*Empoisonnement alimentaire
*Occlusion intestinale, particulièrement en présence de douleur abdominale
*Évaluation du risque de déshydratation
|-
|{{Symptôme discriminant|nom=Douleur abdominale (symptôme)|affichage=Douleur abdominale}}
|
*Souvent présente en cas de diarrhées infectieuses
*Sévère : Oriente vers un processus intra-abdominal pouvant nécessiter un traitement médical ou chirurgical
|-
| {{Symptôme discriminant|nom=Ténesme|affichage=Ténesme}}
|
*''Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae'' ou ''Herpès simplex, Campylobacter, Salmonella, Shigella, E. histolytica, C. difficile, Giardia''
*Maladies inflammatoires de l'intestin
|-
| {{Symptôme discriminant|nom=Fièvre (signe clinique)|affichage=Fièvre}}
|
*Causes infectieuses principalement, surtout inflammatoires
|-
! rowspan="4" |'''Déshydratation'''
|{{Symptôme discriminant|nom=Hypotension orthostatique|affichage=HTO}}
| rowspan="3" |Indicateurs de déshydratation sévère
|-
|{{Symptôme discriminant|nom=Lipothymie (symptôme)|affichage=Lipothymie}}, {{Symptôme discriminant|nom=Syncope (symptôme)|affichage=syncope}}
|-
|{{Symptôme discriminant|nom=Oligurie|affichage=Oligurie}}
|-
|Apports et soif
|Capacité du patient à se réhydrater et à s'alimenter malgré la maladie
|}
===Examen clinique===
{{Encart
| contenu = Pour être en mesure de trouver l'étiologie, il est important de distinguer entre la diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire, qu'on différencie grâce au questionnaire, à l'examen physique et les laboratoires. Voir la section Approche clinique.
| type = confirmation
}}{{Encart
| contenu = Il est important de vérifier que les symptômes rapportés soient véritablement des selles et non des envies de défécation.
| type = confirmation
}}
L'examen physique de la diarrhée aiguë comportera les éléments suivants <ref name=":1" /><ref name=":12" /> : 


=== C. difficile ===
*aux {{Examen clinique|nom=signes vitaux}} (on recherche des signes de choc septique ou de choc hypovolémique)
L'apparition d'une diarrhée aiguë suite à la prise d'antibiotiques doit absolument évoquer la possibilité d'une colite à ''C.difficile''. Certains antibiotiques sont davantage associés au ''C. difficile'', soit :
**la {{Signe clinique discriminant|nom=Tachycardie (signe clinique)|affichage=tachycardie}}
* La clindamycine
**l'{{Signe clinique discriminant|nom=hypotension artérielle|affichage=hypotension artérielle}}
* Les céphalosporines de 2e et 3e génération
**la {{Signe clinique discriminant|nom=Tachypnée (signe clinique)|affichage=tachypnée}}
* Les fluoroquinolones<ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=TRAITEMENT DE LA DIARRHÉE OU DE LA COLITE ASSOCIÉE À CLOSTRIDIUM DIFFICILE|url=https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Traitement/Guide_Cdifficile_FINAL.pdf|site=INESSS|date=Juin 2017|consulté le=}}</ref>
** la fièvre (oriente vers une diarrhée infectieuse)
De plus, certains éléments pouvant être recueillis à l'anamnèse constituent des facteurs de risque pour le ''C. difficile'' :
*l'{{Examen clinique|nom=état général}}
* ATCD d'infection à ''C. difficile''
**une {{Signe clinique discriminant|nom=Altération de l'état de conscience (signe clinique)|affichage=altération de l'état de conscience}} (choc hypovolémique, intoxication)
* ATCD de MII
**la {{Signe clinique discriminant|nom=diminution de l'état général|affichage=diminution de l'état général}} (dû à la maladie elle-même, à la déshydratation ou à une complication métabolique)
* Prise d'IPP
**un patient très souffrant (suggestif d'un processus intra-abdominal pouvant nécessiter une intervention chirurgicale)
* Âge avancé
*les signes de {{Signe clinique discriminant|nom=déshydratation|affichage=déshydratation}} ({{Signe clinique discriminant|nom=HTO|affichage=HTO}}, {{Signe clinique discriminant|nom=persistance du pli cutané|affichage=persistance du pli cutané}}, {{Signe clinique discriminant|nom=sécheresse des muqueuses|affichage=sécheresse des muqueuses}}, {{Signe clinique discriminant|nom=remplissage capillaire allongé|affichage=remplissage capillaire allongé}})
* Immunosuppression
*l'{{Examen clinique|nom=examen abdominal}}
* Hospitalisation récente (<2 mois)
**un {{Signe clinique discriminant|nom=péristaltisme|affichage=péristaltisme exagéré|augmentation=1}} ou des {{Signe clinique discriminant|nom=péristaltisme|affichage=bruits métalliques|augmentation=1}} à l'auscultation ([[Obstruction de l'intestin grêle|occlusion intestinale]])
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Drapeaux rouges}}
**l'{{Signe clinique discriminant|nom=péristaltisme|affichage=absence de bruits intestinaux|diminution=1}} (iléus)
* {{Drapeau rouge|nom=C. difficile}}
**de la {{Signe clinique discriminant|nom=Distension abdominale (signe clinique)|affichage=distension abdominale}} important ([[Mégacôlon toxique|mégacolon toxique]], iléus)
* {{Drapeau rouge|nom=Drapeau rouge 2}}
**la {{Signe clinique discriminant|nom=douleur abdominale à la palpation|affichage=douleur sévère à la palpation}} (processus abdominal aigu)
*...
**les signes de {{Signe clinique discriminant|nom=péritonisme|affichage=péritonisme}} ({{Signe clinique discriminant|nom=Défense abdominale (signe clinique)|affichage=défense}}, {{Signe clinique discriminant|nom=ressaut|affichage=ressaut}}, {{Signe clinique discriminant|nom=ressaut référé|affichage=ressaut référé}})
**les manoeuvres spéciales selon le contexte clinique.


== Investigation ==
==Examens paracliniques==
Un bilan de base pour la diarrhée aiguë devrait comprendre : FSC, bilan électrolytique, urée, créatinine, gaz sanguin et PCR et culture de selle (avec recherche de parasites). Lorsqu’une colite à ''C. difficile'' est suspectée, il faut également demander une recherche de toxines de ''C. difficile''.
La majorité des diarrhées aiguës étant d'origine infectieuse et auto-résolutives, le bilan paraclinique est indiqué seulement chez les patients avec un risque accru de complications ou d'être atteint d'une pathologie nécessitant un traitement médical ou chirurgical<ref name=":11" /><ref name=":8" /><ref name=":12" />.


Parfois, les présentations de diarrhée infectieuse de type inflammatoire peuvent être difficiles à distinguer des MII. Dans ces situations, il serait prudent d’inclure une CRP, VS et une albumine sérique. {{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Investigation}}
Par exemple, voici des situations nécessitant des investigations :
* {{Investigation|nom=Investigation 1|indication=Indication}}
* {{Investigation|nom=Investigation 2|indication=Indication}}
* ...


== Prise en charge ==
*une durée ≥ 4 jours en l'absence d'amélioration
La plupart des diarrhées infectieuses aiguës sont auto-résolutives. Les médicaments anti-motilité tels que le lopéramide ne sont généralement pas recommandés pour soulager les symptômes, car la réduction du péristaltisme prolonge le contact entre la muqueuse intestinale et les micro-organismes et/ou toxines.  
*une maladie sévère (atteinte marquée de l'état général, déshydratation, rectorragies, fièvre)
*une suspicion d'un processus intra-abdominal nécessitant un traitement médical ou chirurgical (ex: douleur abdominale sévère, signes de péritonisme)
*des patients vulnérables (enfants, personnes âgées, femmes enceintes, immunosupprimés).
{| class="wikitable"
|+
!Étiologie suspectée
!Investigations suggérées
|-
!Virale ou intoxication alimentaire
|
*Aucune investigation n'est requise, sauf si une complication est soupçonnée.
|-
!Non infectieuse
|
*La culture de selles et la recherche de parasites dans les selles sont à considérer pour exclure une cause infectieuse.
* Une TDM abdominal doit être fait si une pathologie intra-abdominale est suspectée.
*La coloscopie avec biopsie intestinale peut être envisagée pour les cas complexes.
|-
!Bactérienne ou parasitaire
|
*Les cultures ou le PCR des selles doivent être faites.
*La recherche des toxines A et B de ''C. difficile'' est nécessaire en présence de facteurs de risque.
* La recherche de parasites dans les selles est indiquée pour les diarrhées persistantes (plus de 7 jours).
|}


Le traitement antibiotique est indiqué pour les patients avec un tableau sévère de dysenterie avec fièvre, suspicion de bactériémie, ou immunosuppression (''ex.'' SIDA, greffe, etc.). Un traitement empirique avec un quinolone (ex. ciprofloxacine 500mg PO BID) [citer Cecil] est recommandé en attendant les résultats de la coproculture. La prévalence croissante de résistance aux quinolones rend l’azithromycine (500mg PO DIE) un antibiotique de plus en plus utilisé. Une exception à l’antibiothérapie parmi ces tableaux est le ''E. coli'' O157:H7, dont le traitement est associé à une incidence plus élevée de syndrome hémolytique urémique (SHU).
===Laboratoires===
{{Encart
| contenu = Outre la recherche des toxines de C. difficile, les résultats des prélèvements fécaux prennent du temps avant d'être disponibles, il ne faut donc pas les attendre avant d'initier un traitement chez un patient avec des drapeaux rouges.
| type = confirmation
}}
Un bilan sanguin de base peut être demandé afin d'évaluer la sévérité de la diarrhée et détecter des complications métaboliques<ref name=":11" />.


N.B. ''C. difficile ...''
*la {{Examen paraclinique|nom=formule sanguine complète}} pour rechercher la {{Signe paraclinique discriminant|nom=leucocytose}} (ex. étiologie infectieuse), l'{{Signe paraclinique discriminant|nom=éosinophilie}} (ex. infections parasitaires) et la {{Signe paraclinique discriminant|nom=thrombopénie}} (ex. SHU)
*les {{Examen paraclinique|nom=électrolytes}} pour rechercher l'{{Signe paraclinique discriminant|nom=hypokaliémie}} et l'{{Signe paraclinique discriminant|nom=Hyponatrémie|affichage=hypo}}/{{Signe paraclinique discriminant|nom=hypernatrémie}}
*la {{Examen paraclinique|nom=créatininémie}} pour rechercher une {{Signe paraclinique discriminant|nom=IRA}} secondaire à l'hypovolémie ou dans le [[Syndrome hémolytique urémique|SHU]]
* un {{Examen paraclinique|nom=gaz veineux}} pour rechercher l'{{Signe paraclinique discriminant|nom=acidose métabolique}} ou {{Signe paraclinique discriminant|nom=alcalose métabolique}}
* les {{Examen paraclinique|nom=lactates}} pour rechercher l'{{Signe paraclinique discriminant|nom=hyperlactatémie}}
* la {{Examen paraclinique|nom=CRP}} pour évaluer le degré d'inflammation.
Les prélèvements fécaux ont pour but de déterminer l'étiologie de la diarrhée pour mieux orienter le traitement.
{| class="wikitable"
|+Prélèvements fécaux disponibles
!Type de prélèvement fécal
!Explications
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Culture de selle}}
|
*Les cultures de selles ont une sensibilité limitée et ne doivent donc pas être utilisée systématiquement, bien qu'elles soient utiles chez certains patients vulnérables ou plus malades.
*Elles permettent également de cibler une éventuelle antibiothérapie en fonction de l'antibiogramme<ref name=":1" />.
*Elles sont indiquées en cas de diarrhées sanglantes ou purulentes, fièvre, patients toxiques ou avec déshydratation sévère, enfants, patients immunosupprimés<ref name=":12" />.
|-
!{{Examen paraclinique|nom=PCR dans les selles}}
|
*Les analyses moléculaires ont une vitesse et un taux de positivité supérieurs aux cultures de selles traditionnelles, mais détectent un nombre limité de pathogènes (typiquement ''Salmonella, Campylobacter, E. coli'' O157H7, ''Giardia, E. histolytica, Cryptosporidium'' et rotavirus).
*En présence d'une atteinte systémique, le PCR peut être demandé en parallèle à la culture afin d'accélérer le processus d'identification du pathogène responsable, mais la culture demeure nécessaire pour préciser l'antibiothérapie<ref name=":12" />.
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Recherche des toxines de Clostridium difficile}}
|
*À faire en présence de facteurs de risque (voir section drapeaux rouges).
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Recherche de parasite dans les selles}}
|
*La recherche de parasites est à prescrire selon la suspicion clinique, typiquement en présence de diarrhées persistantes depuis plus de 7 jours ou de facteurs de risque (ex: retour de voyage, consommation d'eau non traitée)<ref name=":1" /><ref name=":12" /><ref name=":13" />.
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Leucocytes fécaux}}
|
*Les leucocytes fécaux orientent vers une étiologie infectieuse inflammatoire<ref name=":1" />.
|}


Si l’évaluation initiale révèle une perte de volume importante ou un désordre électrolytique. La réplétion par voie orale est à privilégier si elle est tolérée. {{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Prise en charge}}
=== Imageries===
Certaines imageries peuvent clarifier le diagnostic ou guider la conduite clinique.
*La {{Examen paraclinique|nom=radiographie de l'abdomen}} est un choix adéquat d'investigation initiale s'il y a une suspicion d'iléus, de mégacôlon, de perforation intestinale ou de subocclusion<ref name=":12" />.
*La {{Examen paraclinique|nom=tomodensitométrie abdominale}} est le test de référence pour exclure les pathologies intra-abdominales graves qui se présentent avec diarrhées et douleurs abdominales (ex: ischémie mésentérique, iléite, colite, appendicite, diverticulite, etc.)<ref name=":11" /><ref name=":12" />. Le protocole d'injection de produit de contraste varie en fonction de la cause suspectée.
==Drapeaux rouges==
Les drapeaux rouges à surveiller sont <ref name=":8" /><ref name=":3">{{Citation d'un lien web|langue=|titre=TRAITEMENT DE LA DIARRHÉE OU DE LA COLITE ASSOCIÉE À CLOSTRIDIUM DIFFICILE|url=https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Traitement/Guide_Cdifficile_FINAL.pdf|site=INESSS|date=Juin 2017|consulté le=}}</ref><ref>{{Citation d'un lien web|langue=Anglais|titre=Clostridioides (Clostridium) difficile Infection in Adults|url=https://www.dynamed.com/condition/clostridioides-clostridium-difficile-infection-in-adults-19|site=Dynamed|date=|consulté le=20 décembre 2022}}</ref><ref name=":11" /><ref name=":14">{{Citation d'un ouvrage|langue=Anglais|auteur1=Tinsley Randolph Harrison|titre=Harrison's principles of internal medicine|passage=Chapitre 128 : Acute Infectious Diarrheal Diseases and Bacterial Food Poisoning|lieu=New-York|éditeur=McGraw-Hill Education|date=2018|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref> :


== Suivi ==
*la {{Drapeau rouge|nom=consommation d'antibiotique depuis moins de 3 mois}}<ref name=":1" group="note">Infection à ''C.difficile''</ref>
Les diarrhées aiguës sont généralement auto-résolutives. Si une antibiothérapie est entreprise, il est important s’assurer de l’observance du traitement prévu malgré l’amélioration des symptômes.
* une {{Drapeau rouge|nom=hospitalisation active}} ou {{Drapeau rouge|nom=hospitalisation récente|affichage=récente}} (< 2 à 3 mois)<ref name=":1" group="note" />
*un {{Drapeau rouge|nom=Colite à Clostridium difficile|affichage=antécédent d'infection à C. difficile}} (risque de récidive)
*un {{Drapeau rouge|nom=maladie inflammatoire de l'intestin|affichage=antécédent de maladie inflammatoire de l'intestin}}<ref group="note">Considérer une exacerbation</ref>
*les {{Drapeau rouge|nom=personnes âgées}}, les {{Drapeau rouge|nom=enfants}} et les {{Drapeau rouge|nom=femmes enceintes}}<ref group="note">Patients à risque de complications</ref>
*l'{{Drapeau rouge|nom=immunosuppression}}<ref name=":0" group="note" /><ref name=":11" />
*tout signe ou symptôme de {{Drapeau rouge|nom=déshydratation}} ou de {{Drapeau rouge|nom=choc hypovolémique}}<ref group="note">HTO, tachycardie, hypotension artérielle, muqueuses sèches, persistance du pli cutané, altération de l'état de conscience, diminution des apports PO</ref>
*des {{Drapeau rouge|nom=désordres électrolytiques}}
*la {{Drapeau rouge|nom=cessation subite du transit après des diarrhées sévères}}<ref group="note">Penser notamment au mégâcolon toxique</ref>
*l'{{Drapeau rouge|nom=absence de péristaltisme}}<ref name=":2" group="note">Iléus</ref>
*une {{Drapeau rouge|nom=distension abdominale importante}}<ref name=":2" group="note" />
*les signes de {{Drapeau rouge|nom=péritonisme}}<ref name=":4" group="note">Suspecter un processus abdominal aigu</ref>
* une {{Drapeau rouge|nom=douleur abdominale sévère}}<ref name=":4" group="note" />
*l'{{Drapeau rouge|nom=IRC}} pré-existante<ref name=":3" group="note">Risque de détérioration de la fonction rénale</ref>
*la prise d'{{Drapeau rouge|nom=IECA}}, d'{{Drapeau rouge|nom=ARA}} et d'{{Drapeau rouge|nom=AINS}}<ref name=":3" group="note" />
*l'{{Drapeau rouge|nom=oligurie}} ou l'{{Drapeau rouge|nom=anurie}}<ref group="note">Signe de déshydratation sévère ou d'insuffisance rénale aiguë</ref>.
==Approche clinique==


Certaines pathologies doivent être déclarées aux autorités de Santé Publique. Au Québec, il s’agit de :
=== Diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire ===
Les diarrhées aiguës d’origine infectieuse peuvent se présenter sous deux tableaux différents : inflammatoire et non inflammatoire<ref name=":1" />.  


·      ''Vibrio cholera''
Les diarrhées '''inflammatoires''' résultent le plus souvent d’un envahissement du côlon (parfois aussi appelée colite infectieuse). Sa présentation est typiquement celle de fièvre avec des selles sanglantes, purulentes, et/ou mucoïdes. En plus des complications électrolytiques de la diarrhée, les colites infectieuses représentent un risque d’hémorragie, d’[[Ischémie mésentérique aiguë|ischémie colique]], de [[mégacôlon toxique]], voire de perforation<ref name=":4" />.


·      ''Neisseria gonorrhoeae''
La variante '''non inflammatoire''' résulte le plus souvent d'une atteinte du grêle provoquant une sécrétion dérégulée. Ce mécanisme explique le tableau de diarrhée abondante et volumineuse (voire aqueuse), sans fièvre ni saignement. Sans mesures appropriées de réplétion en eau et en électrolytes, elle peut mener à des désordres électrolytiques et/ou une hypovolémie.
{| class="wikitable"
|+Caractéristiques de la diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire<ref name=":1" /><ref name=":2">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Hossein|nom1=Akhondi|prénom2=Kari A.|nom2=Simonsen|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2020|pmid=31869107|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK551643/|consulté le=2020-05-21}}</ref><ref name=":6">{{Citation d'un ouvrage|langue=anglais|auteur1=Shafarenka & Tofighi|titre=Toronto Notes 2019|passage=G15|lieu=|éditeur=|date=|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>
!Caractéristiques
!Inflammatoire
!Non inflammatoire
|-
!Site d’infection
|
* Côlon
|
* Grêle
|-
!Mécanisme
|
* Envahissement de la muqueuse, relâche de cytotoxines et inflammation. La réponse inflammatoire et la destruction de la muqueuse accentue le déséquilibre entre absorption et sécrétion.
|
* Attachement sur la bordure en brosse et relâche de toxines. Celles-ci augmentent subséquemment la sécrétion d'électrolytes à travers l'entérocyte par l'intermédiaire de messagers intracellulaires (''ex''. AMP cyclique).
|-
!Analyse de selles
|
* Présence de leucocytes fécaux
|
* Absence de leucocytes fécaux
|-
!Tableau clinique
|
* Diarrhée peu volumineuse, souvent avec sang/mucus/pus.
* Symptômes systémiques.
|
* Diarrhée volumineuse et/ou aqueuse, non sanglante.
* Généralement afébrile.
|-
!Complications
|
* Désordres électrolytiques
* Hémorragie, ischémie colique
* Iléus, mégacôlon (surtout avec ''C. difficile'')
* Perforation (rare)
|
* Désordres électrolytiques
* Déshydratation sévère
|-
!Étiologies principales
|
*Bactérienne : ''Campylobacter, Salmonella,  Shigella, Yersinia, E. coli'' O157:H7, ''C. difficile,'' Mycobactéries
*Virale : CMV (surtout chez les patients  immunosupprimés)
*Parasitaire : ''Entamoeba histiolytica''
|
*Bactérienne : ''Bacillus cereus'', ''Clostridium  perfringens'', ''S. aureus'', ''E. coli'' ETEC, ''Vibrio cholera''
*Virale : Adénovirus, Norovirus, Rotavirus
*Parasitaire : ''Giardia, Cryptosporidium''
|}


·      ''Chlamydia trachomatis''
=== Pathogènes probables en fonction des symptômes majeurs ===
{| class="wikitable"
|+'''Pathogènes probables en fonction chez les adultes''' <ref>{{Citation d'un lien web|langue=francais|titre=C. difficile (Clostridium difficile)|url=https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/c-difficile-clostridium-difficile.html|site=sante canada|consulté le=28 decembre2023}}</ref><ref>{{Citation d'un lien web|langue=francais|titre=Diarrhées aiguës infectieuses|url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7119187/|site=National Library of médicine|pmcid=17329074|doi=10.1016/j.lpm.2006.11.023|consulté le=28decembre2023}}</ref><ref>{{Citation d'un ouvrage|langue=francais|auteur1=Dr Faïza AJANA, Lille (fajana@ch-tourcoing.fr)
Dr Laurence BARIL, Paris (laurencebaril1@gmail.com)
Dr Pascal DEL GIUDICE, Fréjus - Saint-Raphaël (delgiudice-p@chi-fsr.fr)
Dr Michel DEVELOUX, Paris (micheldeveloux@yahoo.fr)
Pr Loïc EPELBOIN, Cayenne (epelboincrh@hotmail.fr)
Pr Jean-François FAUCHER, Limoges (jean-francois.faucher@unilim.fr)
Pr Stéphane JAURÉGUIBERRY, Paris (stephane.jaureguiberry@aphp.fr)
Pr Eric PICHARD, Paris (eric.pichard.univ@gmail.com)
Dr Thierry PISTONE, Bordeaux (thierry.pistone@chu-bordeaux.fr)
Pr Christophe RAPP, Paris (rappchristophe5@gmail.com)
Dr Yves-Marie VANDAMME, Angers (ymvandamme@chu-angers.fr)
Dr Nicolas VIGNIER, Cayenne|titre=Maladies infectieuses tropicales|date=2022|pages totales=1029|lire en ligne=https://www.infectiologie.com/UserFiles/File/formation/epilly-trop/livre-epillytrop2022.pdf}}</ref>
!Symptôme majeur
!Agents pathogènes probables
!Période d'incubation moyenne
!Sources alimentaires classiques et indices épidémiologiques
|-
! rowspan="3" |'''Vomissement'''
|''S. aureus''
|1 à 6 heures
|
* Aliments préparés (par exemple salades, produits laitiers, viande)
|-
|''B. cereus''
|1 à 6 heures
|
* Riz, viande
|-
|Norovirus
|24 à 48 heures
|
* Coquillages, plats préparés, salades, sandwichs, fruits


·      Syndrome hémolytique urémique (SHU) ou purpura thrombopénique thrombotique (PTT) associé à ''E. coli'' producteur de shigatoxines
* Éclosions dans les restaurants, les établissements de soins de santé, les écoles et garderies, les bateaux de croisière, les  militaires.
|-
! rowspan="9" |'''Diarrhée liquide'''
|''C. perfringens''
|8 à 16 heures
|
* Viandes, volailles, sauces
|-
|''E. coli'' entérotoxinogène
|1 à 3 jours
|
* Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
* Voyager dans des contextes aux ressources limitées
|-
|Virus entériques
|10 à 72 heures
|
* Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
|-
|''C. parvum''
|2 à 28 jours
|
* Légumes, fruits, lait non pasteurisé, eau
* Garderies
* Piscines et sources d'eau récréatives
* Exposition aux animaux
* Diarrhée chronique dans une infection avancée par le VIH
|-
|''C. cayetanensis''
|1 à 11 jours
|
* Baies importées, basilic
|-
|Autres virus entériques (rotavirus, adénovirus entériques, astrovirus, sapovirus)
|10 à 72 heures
|
* Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
* Garderies
* Gastroentérite chez les enfants
* Adultes immunodéprimés
|-
|''Giardia lamblia''
|7 à 14 jours
|
* Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
* Garderies
* Piscines
* Voyages, randonnées pédestres, camping (surtout lorsqu'il y a contact avec l'eau dans laquelle résident les castors)
|-
|''Listeria monocytogènes''
|1 jour (gastro-entérite)
|
* Viandes transformées/charcuteries, hot-dogs, fromages à pâte molle, pâtés et fruits
* À risque: grossesse, état immunodéprimé, âge extrême
|-
|''C.'' ''difficile''
|''N / A''
|
* Utilisation d'antibiotiques
* Hospitalisation
* Chimiothérapie anticancéreuse
* Suppression de l'acide gastrique
* Maladie inflammatoire de l'intestin
|-
! rowspan="7" |'''Diarrhée inflammatoire'''
|''Campylobacter'' spp.
|2 à 5 jours
|
* Volaille, lait cru, eau
* Voyager dans des contextes aux ressources limitées
* Contact animal (jeunes chiots ou chatons, contact professionnel)
|-
|''Salmonella'' non typhoïde
|1 à 3 jours
|
* Oeufs, volaille, viande, lait ou jus non pasteurisés, produits frais
* Contact avec les animaux (zoos pour enfants, reptiles, volailles vivantes, autres animaux de compagnie)
* Voyager dans des contextes aux ressources limitées
|-
|''E. coli'' producteur de shigatoxines
|1 à 8 jours
|
* Boeuf haché, lait et jus non pasteurisés, crudités, eau
* Garderies
* Maisons de retraite
* Âge extrême
|-
|''Shigella'' spp.
|1 à 3 jours
|
* Contamination fécale des aliments et de l'eau
* Garderies
* Conditions de vie surpeuplées
* Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes
* Voyage dans des contextes aux ressources limitées
|-
|''V. parahémolytique''
|2 à 48 heures
|
* Coquillages crus
|-
|''Yersinia'' spp.
|4 à 6 jours
|
* Porc ou produits à base de porc, eau non traitée
* Anomalies du métabolisme du fer (par exemple, cirrhose, hémochromatose, thalassémie)
* Transfusion sanguine
|-
|''Entamoeba histolytica''
|1 à 3 semaines
|
* Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
* Voyages dans des contextes aux ressources limitées
* Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes
|}


De plus, au Québec, toute éclosion de gastro-entérite sans étiologie déterminée doit être déclarée.{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Suivi}}
== Traitement==
===Traitement de support===
Peu importe l'étiologie, la base du traitement des diarrhées repose sur la réplétion adéquate en eau et électrolytes, idéalement à domicile et par voie orale lorsque tolérée. De nombreuses solutions de réhydratation orale sont disponibles sur le marché. L'alimentation doit être reprise sans restriction dès que le patient est réhydraté et capable de manger. L'hospitalisation est requise si le patient est gravement déshydraté, incapable de boire ou présente des complications.


== Complications ==
Certains médicaments aggravent la déshydratation ou augmentent le risque de complications et leur arrêt devrait être considéré le temps que les diarrhées cessent, notamment les diurétiques, les IECA/ARA, les AINS et la metformine.
La complication principale de la diarrhée est la perte d’eau et d’électrolytes à travers les selles pouvant mener à une hypovolémie et/ou à un ou plusieurs désordres électrolytiques. Les désordres les plus souvent observés sont l’[[hyponatrémie]] et l’[[hypokaliémie]]. Dans certains cas, une diarrhée infectieuse inflammatoire peut résulter en [[Hémorragie digestive basse|hémorragie digestive]], ischémie, mégacôlon toxique, et/ou perforation.  


Les patients atteints de certaines conditions médicales peuvent être plus susceptibles à une maladie plus sévère et/ou des complications :
Certains médicaments peuvent être utilisés au besoin pour réduire la fréquence et augmenter la consistance des selles (voir tableau).
{| class="wikitable"
|+Principaux agents utilisés en diarrhées aiguës<ref name=":11" /><ref name=":8" /><ref>{{Citation d'un ouvrage|langue=Français|auteur1=Pierre Beaulieu|titre=Précis de pharmacologie du fondamental à la clinique|passage=Chapitre 18: Pharmacologie en gastroentérologie|lieu=|éditeur=Les presses de l'université de Montréal|date=2010|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>
!Médicaments
!Médicaments
!Mécanisme d'action
!Particularités
|-
!Agents anti-motilité
|
* Lopéramide (Imodium)
*Diphénoxylate (Lomotil)
|
* Les agents anti-motilité ralentissent le transit intestinal grâce à leur liaison aux récepteurs μ-opioïdes du système digestif.
|
* Ces agents sont contre-indiqués en cas de diarrhées d'allure inflammatoires (fièvre, diarrhées sanglantes, douleur abdominale, durée ≥ 7 jours), le ralentissement du transit intestinal prolonge l'exposition du tube digestif aux pathogènes, ce qui retarde la guérison et accroit le risque de mégacôlon<ref name=":2" /><ref name=":13" />.
|-
!Agent anti-sécrétoire
|
* Salicylate de bismuth (Pepto-Bismol)
|
* Le mécanisme du salicylate de bismuth est mal compris, mais ce dernier pourrait exercer des effets anti-inflammatoires, anti-sécrétoires et anti-infectieux.
|
* Le salicylate de bismuth est une alternative sécuritaire chez les patients avec la dysenterie ou des diarrhées inflammatoires, mais son efficacité pour réduire la diarrhée est moindre que pour le lopéramide<ref name=":11" /><ref name=":1" />. Les contre-indications sont l'allergie à l'aspirine, la grossesse, une colite à CMV, une infection au VIH avancée et l'utilisation d'anticoagulants, d'autres salicylates, de méthotrexate, de doxycycline ou de probénécide<ref name=":11" />.
|}


·      Maladie inflammatoire de l’intestin
=== Cesser l'agent causal ===
Une proportion significative de diarrhée peut être causée par des médicaments ou des aliments. Conséquemment, il peut être approprié de cesser les médicaments, tout en considérant la raison pour laquelle le médicament a été introduit (on doit considérer le risque vs le bénéfice de l'arrêt du médicament). Les agents causaux potentiels à cesser si possible sont : 


·      Immunosuppression
* '''les grands classiques :'''
** les antibiotiques
** les laxatifs et prokinétiques
** les IPP (colite microscopique)
** la metformine
** la colchicine
* l'immunothérapie (cause à ne pas manquer, de plus en plus fréquente avec l'avènement de ces thérapies)
* les statines
* les IECA
* la chimiothérapie
* la radiothérapie (colite radique)
* les AINS
* les ISRS
* le magnésium
* la vitamine C
* le café, l'alcool, les boissons gazeuses, le lactose, le sorbitol, le fructose, le xylitol et le glutamate monosodique.


·      Maladies métaboliques (ex. Diabète)
===Antibiothérapie empirique ===
Les patients atteints de diarrhées dont l'étiologie est probablement virale ou secondaire à une intoxication alimentaire ne nécessitent pas d'investigation, ni de traitements autres que le traitement de support.


·      Maladies auto-immunes (ex. PAR, Lupus)
En cas de diarrhée prolongée, nosocomiale, d'allure bactérienne ou chez un patient en retour de voyage, âgé de plus de 65 ans ou immunosupprimé, les investigations appropriées doivent être effectuées et une antibiothérapie empirique peut être débutée en attendant les résultats des cultures de selles<ref name=":1" /><ref name=":5" />.


·      Cardiopathies structurelles
Les quinolones (ex. ciprofloxacine 500 mg PO BID) sont les plus souvent prescrites. Toutefois, la prévalence croissante de résistance aux quinolones font de l’azithromycine (500 mg PO DIE) un antibiotique de plus en plus utilisé pour ce rôle<ref name=":1" /><ref name=":13">{{Citation d'un ouvrage|nom1=Poitras, Pierre.|titre=L'appareil digestif : des sciences fondamentales à la clinique|éditeur=Presses de l'Université de Montréal|date=2016|isbn=978-2-7606-3627-9|isbn2=2-7606-3627-5|oclc=954427955|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/954427955|consulté le=2020-05-21}}</ref>.


·      Néphropathies{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Complications}}
Il existe deux exceptions notables à l’antibiothérapie empirique :
* {{Complication|nom=Complication 1}}
*''E. coli'' O157:H7 : l'antibiothérapie est associée à une incidence plus élevée de syndrome hémolytique urémique (SHU) et est donc à éviter<ref name=":1" />
* {{Complication|nom=Complication 2}}
*''C. difficile'' : l'algorithme de traitement est basé sur la métronidazole PO/IV et la vancomycine PO<ref name=":3" />.
* ...


== Particularités ==
==Suivi==
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Particularités}}
Les diarrhées aiguës sont généralement auto-résolutives. Si une antibiothérapie est entreprise, il est important s’assurer de l’observance du traitement prévu malgré l’amélioration des symptômes. Une diarrhée aiguë non inflammatoire qui persiste plus de 7 jours évoque la possibilité d'une étiologie parasitaire et nécessite des investigations et des traitements appropriés<ref name=":1" />.


=== Gériatrie ===
Certains pathogènes causant des diarrhées doivent être déclarées aux autorités de santé publique. Au Québec, il s’agit de<ref>{{Citation d'un lien web|titre=Démarche pour les médecins - Maladies à déclaration obligatoire (MADO) et signalements en santé publique - Professionnels de la santé - MSSS|url=https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/maladies-a-declaration-obligatoire/mado/demarche-pour-les-medecins/|site=www.msss.gouv.qc.ca|consulté le=2020-05-19}}</ref> :
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Gériatrie}}
*''Vibrio cholera''
*''Neisseria gonorrhoeae''
*''Chlamydia trachomatis''
*le syndrome hémolytique urémique (SHU) ou purpura thrombopénique thrombotique (PTT) associé à ''E. coli'' producteur de shigatoxines
*toute éclosion de gastro-entérite d'étiologie indéterminée.
==Complications==
Les principales complications en lien avec les diarrhées aiguës sont<ref name=":11" /><ref name=":14" /><ref>{{Citation d'un ouvrage|langue=Anglais|auteur1=|titre=Harrison's Principles of Internal Medicine, 20e|passage=Chapter 355: The Spondyloarthritides|lieu=New York|éditeur=McGraw Hill|date=|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>:


=== Pédiatrie===
*la {{Complication|nom=déshydratation}} et l'{{Complication|nom=hypovolémie}}
L'association entre le traitement antibiotique de la diarrhée à ''E.coli'' O157:H7 et le syndrome hémolytique urémique (SHU) a été d'abord observé chez les enfants.{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Pédiatrie}}
*les désordres électrolytiques ([[hyponatrémie]], [[hypernatrémie]], [[hypokaliémie]])
*l'{{Complication|nom=insuffisance rénale aiguë}}
*le {{Complication|nom=mégacôlon toxique}}<ref group="note">Le risque de mégacôlon toxique est augmenté lors des infections à ''C. difficile, Salmonella, Shigella,'' Campylobacter jejuni, ''Escherichia coli O157'' entérohémorragique ou entéro-agrégatif et avec la prise d'agents anti-motilité.</ref>
*l'{{Complication|nom=iléus}}
*l'{{Complication|nom=ischémie intestinale}}
*la {{Complication|nom=perforation intestinale}}.


== Notes ==
==Notes==
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Notes}}
<references group="note" />
<references group="note" />
 
==Références==
== Références ==
{{Article importé d'une source
{{Section ontologique|classe=Classification clinique|nom=Références}}
| accès = 2023/02/16
<references />
| source = Wikipedia (en)
| version_outil_d'importation = 0.2a
| révisé = 0
| nom = Diarrhea
| révision = 1137918412
}}<references />

Dernière version du 17 avril 2024 à 21:09

Diarrhée aiguë
Approche clinique

C. difficile provenant d'un échantillon de selles et vu au microscope éléctronique
Caractéristiques
Symptômes discriminants Hypotension orthostatique, Oligurie, Nausée, Stéatorrhée, Ténesme, Lipothymie (symptôme), Syncope (symptôme), Douleur abdominale (symptôme), Diarrhée (signe clinique), Rectorragies (signe clinique), ... [+]
Signes cliniques discriminants
Déshydratation, Hypotension orthostatique, Péritonisme, Diminution de l'état général, Tachycardie (signe clinique), Tachypnée (signe clinique), Ressaut, Altération de l'état de conscience (signe clinique), Distension abdominale (signe clinique), Péristaltisme, ... [+]
Examens paracliniques
Formule sanguine complète, Radiographie abdominale, Électrolytes, CRP, Gaz veineux, Créatininémie, Leucocytes fécaux, Tomodensitométrie abdominale, Lactates, Culture de selle, ... [+]
Drapeaux rouges
Grossesse, Déshydratation, Insuffisance rénale chronique, AINS, Maladies inflammatoires intestinales, Oligurie, Péritonisme, Anurie, Enfants, Immunodéficience, ... [+]
Informations
Wikidata ID Q12626662
SNOMED CT ID 409966000
Spécialités Médecine interne, Infectiologie, Médecine familiale, Gastro-entérologie, Microbiologie, Chirurgie générale


La diarrhée est classiquement définie par la production de trois selles liquides (ou plus) en 24h, et peut être reliée à une multiplicité de pathologies aiguës ou chroniques. Elle est considérée aiguë lorsque sa durée est inférieure à 14 jours, persistante si elle dure entre 14 et 30 jours et chronique au-delà de 30 jours. [1]

__NOVEDELETE__
Objectif du CMC
Diarrhée aiguë (22-1)

Épidémiologie

En 2017, il y avait annuellement près de 1.7 milliards de cas de diarrhées infantiles, dont 525 000 décès chez les patients de moins de 5 ans selon l'OMS[2]. La majorité de ces maladies diarrhéiques peuvent être prévenues par des mesures d'hygiène de base, des installations sanitaires adéquates et par des sources d'eau potable.[2]

Les maladies diarrhéiques sont la deuxième cause de mortalité infantile dans le monde.[2]

Les micro-organismes responsables de la diarrhée aiguë sont souvent transmis par voie fécale-orale, ou encore par l’eau et les aliments contaminés[3]. Certains micro-organismes sont endémiques dans quelques régions du monde où les infrastructures sanitaires sont moins développées (ex.: Vibrio cholera, Entamoeba histiolytica, etc.)[4][5][6].

Décès dus aux maladies diarrhéiques par million de personnes en 2012
Espérance de vie corrigée de l'incapacité pour la diarrhée pour 100 000 habitants en 2004[7]

Étiologies

La majorité des diarrhées aiguës sont infectieuses et auto-résolutives.

Étiologies des diarrhées aiguës[4][5][6][8][9]
Classe Sous-classe Explications
Infectieuses (90%) Viral
Bactérienne

[note 1]

Parasitaire
Non infectieuses (10 %) Diarrhées para-infectieuses
Médicaments[note 2]
Produits toxiques
Aliments[9][10]
Intoxication alimentaire
  • L'ingestion de toxines bactériennes ou non bactériennes est responsable du tableau clinique[11].
Processus abdominaux aigus
Présentation aiguë d'une cause de diarrhées chroniques[note 6]
Maladies systémiques

Physiopathologie

Une diarrhée peut résulter d’une diminution de l’absorption et/ou d’une augmentation de la sécrétion au niveau de l’intestin[3]. Elle peut résulter aussi d'un transit digestif plus rapide.

Diarrhée sécrétoire

La diarrhée sécrétoire signifie qu'il y a une augmentation de la sécrétion active. Il y a peu ou pas de dommages structurels. Dans le monde, la cause la plus fréquente de ce type de diarrhée est une toxine cholérique qui stimule la sécrétion d'anions, en particulier d'ions chlorure (Cl). Par conséquent, pour maintenir un équilibre de charge dans le tractus gastro-intestinal, du sodium (Na+) est transporté avec lui, ainsi que de l'eau. Dans ce type de diarrhée, la sécrétion de liquide intestinal est isotonique avec le plasma.[12][13] Elle continue même en l'absence d'apport alimentaire par voie orale.[14]

Diarrhée osmotique

La diarrhée osmotique survient lorsqu'il y a trop d'osmoles dans l'intestin par rapport au plasma.[13] La diarrhée osmotique peut résulter [14]:

  • d'une consommation excessive d'aliments trop sucrés
  • d'une digestion altérée (ex. maladie pancréatique ou maladie coeliaque) dans laquelle les nutriments sont laissés dans la lumen et créent un appel d'eau
  • des laxatifs osmotiques
  • d'une ingestion trop importante de magnésium, de vitamine C, de lactose, de fructose ou de sorbitol.

Dans la plupart de ces cas, la diarrhée osmotique s'arrête lorsque l'agent responsable est arrêté. [12][14]

Diarrhée exsudative

La diarrhée exsudative se produit avec la présence de sang et de pus dans les selles. Cela se produit avec les maladies inflammatoires de l'intestin, telles que la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse, et d'autres infections graves telles que E. coli ou d'autres formes d'intoxication alimentaire.[13][12][14]

Diarrhée inflammatoire

La diarrhée inflammatoire survient lorsqu'il y a des dommages à la muqueuse ou à la bordure en brosse, ce qui entraîne une perte passive de liquides riches en protéines et une diminution de la capacité pour absorber ces fluides perdus. Les caractéristiques des trois autres types de diarrhée peuvent être trouvées dans ce type de diarrhée.[15] Elle peut être causée par des infections bactériennes, des infections virales, des infections parasitaires ou des problèmes auto-immuns tels que les maladies inflammatoires de l'intestin. Elle peut également être causée par la tuberculose, le cancer du côlon et l'entérite.[13][14]

Évaluation clinique

Facteurs de risque

Les facteurs de risque à questionner sont[16][5][17] :

Questionnaire

Éléments importants au questionnaire du patient avec diarrhée aiguë[5][4][19][6]
Élément de HMA Caractéristique Causes possibles
Caractérisation des diarrhées Durée
  • ≈ 3 jours : suspecter une infection virale
  • > 7 jours : suspecter une infection bactérienne, parasitaire ou une étiologie non infectieuse
  • > 4 semaines : diarrhées chroniques
Fréquence et quantité
  • Abondantes : atteinte non inflammatoire, risques de déshydratation, malabsorption et complications associé aux atteintes du grêle.
  • Peu abondantes : associé aux atteintes inflammatoires, surtout en cas de ténesme
Aspect
Symptômes associés Nausée/vomissements
  • Étiologies infectieuses, particulièrement virales
  • Empoisonnement alimentaire
  • Occlusion intestinale, particulièrement en présence de douleur abdominale
  • Évaluation du risque de déshydratation
Douleur abdominale
  • Souvent présente en cas de diarrhées infectieuses
  • Sévère : Oriente vers un processus intra-abdominal pouvant nécessiter un traitement médical ou chirurgical
Ténesme
  • Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae ou Herpès simplex, Campylobacter, Salmonella, Shigella, E. histolytica, C. difficile, Giardia
  • Maladies inflammatoires de l'intestin
Fièvre
  • Causes infectieuses principalement, surtout inflammatoires
Déshydratation HTO Indicateurs de déshydratation sévère
Lipothymie, syncope
Oligurie 
Apports et soif Capacité du patient à se réhydrater et à s'alimenter malgré la maladie

Examen clinique

Pour être en mesure de trouver l'étiologie, il est important de distinguer entre la diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire, qu'on différencie grâce au questionnaire, à l'examen physique et les laboratoires. Voir la section Approche clinique.
Il est important de vérifier que les symptômes rapportés soient véritablement des selles et non des envies de défécation.

L'examen physique de la diarrhée aiguë comportera les éléments suivants [5][19] :

Examens paracliniques

La majorité des diarrhées aiguës étant d'origine infectieuse et auto-résolutives, le bilan paraclinique est indiqué seulement chez les patients avec un risque accru de complications ou d'être atteint d'une pathologie nécessitant un traitement médical ou chirurgical[4][6][19].

Par exemple, voici des situations nécessitant des investigations :

  • une durée ≥ 4 jours en l'absence d'amélioration
  • une maladie sévère (atteinte marquée de l'état général, déshydratation, rectorragies, fièvre)
  • une suspicion d'un processus intra-abdominal nécessitant un traitement médical ou chirurgical (ex: douleur abdominale sévère, signes de péritonisme)
  • des patients vulnérables (enfants, personnes âgées, femmes enceintes, immunosupprimés).
Étiologie suspectée Investigations suggérées
Virale ou intoxication alimentaire
  • Aucune investigation n'est requise, sauf si une complication est soupçonnée.
Non infectieuse
  • La culture de selles et la recherche de parasites dans les selles sont à considérer pour exclure une cause infectieuse.
  • Une TDM abdominal doit être fait si une pathologie intra-abdominale est suspectée.
  • La coloscopie avec biopsie intestinale peut être envisagée pour les cas complexes.
Bactérienne ou parasitaire
  • Les cultures ou le PCR des selles doivent être faites.
  • La recherche des toxines A et B de C. difficile est nécessaire en présence de facteurs de risque.
  • La recherche de parasites dans les selles est indiquée pour les diarrhées persistantes (plus de 7 jours).

Laboratoires

Outre la recherche des toxines de C. difficile, les résultats des prélèvements fécaux prennent du temps avant d'être disponibles, il ne faut donc pas les attendre avant d'initier un traitement chez un patient avec des drapeaux rouges.

Un bilan sanguin de base peut être demandé afin d'évaluer la sévérité de la diarrhée et détecter des complications métaboliques[4].

Les prélèvements fécaux ont pour but de déterminer l'étiologie de la diarrhée pour mieux orienter le traitement.

Prélèvements fécaux disponibles
Type de prélèvement fécal Explications
Culture de selle
  • Les cultures de selles ont une sensibilité limitée et ne doivent donc pas être utilisée systématiquement, bien qu'elles soient utiles chez certains patients vulnérables ou plus malades.
  • Elles permettent également de cibler une éventuelle antibiothérapie en fonction de l'antibiogramme[5].
  • Elles sont indiquées en cas de diarrhées sanglantes ou purulentes, fièvre, patients toxiques ou avec déshydratation sévère, enfants, patients immunosupprimés[19].
PCR dans les selles
  • Les analyses moléculaires ont une vitesse et un taux de positivité supérieurs aux cultures de selles traditionnelles, mais détectent un nombre limité de pathogènes (typiquement Salmonella, Campylobacter, E. coli O157H7, Giardia, E. histolytica, Cryptosporidium et rotavirus).
  • En présence d'une atteinte systémique, le PCR peut être demandé en parallèle à la culture afin d'accélérer le processus d'identification du pathogène responsable, mais la culture demeure nécessaire pour préciser l'antibiothérapie[19].
Recherche des toxines de Clostridium difficile
  • À faire en présence de facteurs de risque (voir section drapeaux rouges).
Recherche de parasite dans les selles
  • La recherche de parasites est à prescrire selon la suspicion clinique, typiquement en présence de diarrhées persistantes depuis plus de 7 jours ou de facteurs de risque (ex: retour de voyage, consommation d'eau non traitée)[5][19][20].
Leucocytes fécaux
  • Les leucocytes fécaux orientent vers une étiologie infectieuse inflammatoire[5].

Imageries

Certaines imageries peuvent clarifier le diagnostic ou guider la conduite clinique.

  • La radiographie de l'abdomen est un choix adéquat d'investigation initiale s'il y a une suspicion d'iléus, de mégacôlon, de perforation intestinale ou de subocclusion[19].
  • La tomodensitométrie abdominale est le test de référence pour exclure les pathologies intra-abdominales graves qui se présentent avec diarrhées et douleurs abdominales (ex: ischémie mésentérique, iléite, colite, appendicite, diverticulite, etc.)[4][19]. Le protocole d'injection de produit de contraste varie en fonction de la cause suspectée.

Drapeaux rouges

Les drapeaux rouges à surveiller sont [6][21][22][4][23] :

Approche clinique

Diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire

Les diarrhées aiguës d’origine infectieuse peuvent se présenter sous deux tableaux différents : inflammatoire et non inflammatoire[5].

Les diarrhées inflammatoires résultent le plus souvent d’un envahissement du côlon (parfois aussi appelée colite infectieuse). Sa présentation est typiquement celle de fièvre avec des selles sanglantes, purulentes, et/ou mucoïdes. En plus des complications électrolytiques de la diarrhée, les colites infectieuses représentent un risque d’hémorragie, d’ischémie colique, de mégacôlon toxique, voire de perforation[17].

La variante non inflammatoire résulte le plus souvent d'une atteinte du grêle provoquant une sécrétion dérégulée. Ce mécanisme explique le tableau de diarrhée abondante et volumineuse (voire aqueuse), sans fièvre ni saignement. Sans mesures appropriées de réplétion en eau et en électrolytes, elle peut mener à des désordres électrolytiques et/ou une hypovolémie.

Caractéristiques de la diarrhée inflammatoire vs non inflammatoire[5][24][25]
Caractéristiques Inflammatoire Non inflammatoire
Site d’infection
  • Côlon
  • Grêle
Mécanisme
  • Envahissement de la muqueuse, relâche de cytotoxines et inflammation. La réponse inflammatoire et la destruction de la muqueuse accentue le déséquilibre entre absorption et sécrétion.
  • Attachement sur la bordure en brosse et relâche de toxines. Celles-ci augmentent subséquemment la sécrétion d'électrolytes à travers l'entérocyte par l'intermédiaire de messagers intracellulaires (ex. AMP cyclique).
Analyse de selles
  • Présence de leucocytes fécaux
  • Absence de leucocytes fécaux
Tableau clinique
  • Diarrhée peu volumineuse, souvent avec sang/mucus/pus.
  • Symptômes systémiques.
  • Diarrhée volumineuse et/ou aqueuse, non sanglante.
  • Généralement afébrile.
Complications
  • Désordres électrolytiques
  • Hémorragie, ischémie colique
  • Iléus, mégacôlon (surtout avec C. difficile)
  • Perforation (rare)
  • Désordres électrolytiques
  • Déshydratation sévère
Étiologies principales
  • Bactérienne : Campylobacter, Salmonella, Shigella, Yersinia, E. coli O157:H7, C. difficile, Mycobactéries
  • Virale : CMV (surtout chez les patients immunosupprimés)
  • Parasitaire : Entamoeba histiolytica
  • Bactérienne : Bacillus cereus, Clostridium perfringens, S. aureus, E. coli ETEC, Vibrio cholera
  • Virale : Adénovirus, Norovirus, Rotavirus
  • Parasitaire : Giardia, Cryptosporidium

Pathogènes probables en fonction des symptômes majeurs

Pathogènes probables en fonction chez les adultes [26][27][28]
Symptôme majeur Agents pathogènes probables Période d'incubation moyenne Sources alimentaires classiques et indices épidémiologiques
Vomissement S. aureus 1 à 6 heures
  • Aliments préparés (par exemple salades, produits laitiers, viande)
B. cereus 1 à 6 heures
  • Riz, viande
Norovirus 24 à 48 heures
  • Coquillages, plats préparés, salades, sandwichs, fruits
  • Éclosions dans les restaurants, les établissements de soins de santé, les écoles et garderies, les bateaux de croisière, les militaires.
Diarrhée liquide C. perfringens 8 à 16 heures
  • Viandes, volailles, sauces
E. coli entérotoxinogène 1 à 3 jours
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
  • Voyager dans des contextes aux ressources limitées
Virus entériques 10 à 72 heures
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
C. parvum 2 à 28 jours
  • Légumes, fruits, lait non pasteurisé, eau
  • Garderies
  • Piscines et sources d'eau récréatives
  • Exposition aux animaux
  • Diarrhée chronique dans une infection avancée par le VIH
C. cayetanensis 1 à 11 jours
  • Baies importées, basilic
Autres virus entériques (rotavirus, adénovirus entériques, astrovirus, sapovirus) 10 à 72 heures
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
  • Garderies
  • Gastroentérite chez les enfants
  • Adultes immunodéprimés
Giardia lamblia 7 à 14 jours
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
  • Garderies
  • Piscines
  • Voyages, randonnées pédestres, camping (surtout lorsqu'il y a contact avec l'eau dans laquelle résident les castors)
Listeria monocytogènes 1 jour (gastro-entérite)
  • Viandes transformées/charcuteries, hot-dogs, fromages à pâte molle, pâtés et fruits
  • À risque: grossesse, état immunodéprimé, âge extrême
C. difficile N / A
  • Utilisation d'antibiotiques
  • Hospitalisation
  • Chimiothérapie anticancéreuse
  • Suppression de l'acide gastrique
  • Maladie inflammatoire de l'intestin
Diarrhée inflammatoire Campylobacter spp. 2 à 5 jours
  • Volaille, lait cru, eau
  • Voyager dans des contextes aux ressources limitées
  • Contact animal (jeunes chiots ou chatons, contact professionnel)
Salmonella non typhoïde 1 à 3 jours
  • Oeufs, volaille, viande, lait ou jus non pasteurisés, produits frais
  • Contact avec les animaux (zoos pour enfants, reptiles, volailles vivantes, autres animaux de compagnie)
  • Voyager dans des contextes aux ressources limitées
E. coli producteur de shigatoxines 1 à 8 jours
  • Boeuf haché, lait et jus non pasteurisés, crudités, eau
  • Garderies
  • Maisons de retraite
  • Âge extrême
Shigella spp. 1 à 3 jours
  • Contamination fécale des aliments et de l'eau
  • Garderies
  • Conditions de vie surpeuplées
  • Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes
  • Voyage dans des contextes aux ressources limitées
V. parahémolytique 2 à 48 heures
  • Coquillages crus
Yersinia spp. 4 à 6 jours
  • Porc ou produits à base de porc, eau non traitée
  • Anomalies du métabolisme du fer (par exemple, cirrhose, hémochromatose, thalassémie)
  • Transfusion sanguine
Entamoeba histolytica 1 à 3 semaines
  • Aliments ou eau contaminés par des matières fécales
  • Voyages dans des contextes aux ressources limitées
  • Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

Traitement

Traitement de support

Peu importe l'étiologie, la base du traitement des diarrhées repose sur la réplétion adéquate en eau et électrolytes, idéalement à domicile et par voie orale lorsque tolérée. De nombreuses solutions de réhydratation orale sont disponibles sur le marché. L'alimentation doit être reprise sans restriction dès que le patient est réhydraté et capable de manger. L'hospitalisation est requise si le patient est gravement déshydraté, incapable de boire ou présente des complications.

Certains médicaments aggravent la déshydratation ou augmentent le risque de complications et leur arrêt devrait être considéré le temps que les diarrhées cessent, notamment les diurétiques, les IECA/ARA, les AINS et la metformine.

Certains médicaments peuvent être utilisés au besoin pour réduire la fréquence et augmenter la consistance des selles (voir tableau).

Principaux agents utilisés en diarrhées aiguës[4][6][29]
Médicaments Médicaments Mécanisme d'action Particularités
Agents anti-motilité
  • Lopéramide (Imodium)
  • Diphénoxylate (Lomotil)
  • Les agents anti-motilité ralentissent le transit intestinal grâce à leur liaison aux récepteurs μ-opioïdes du système digestif.
  • Ces agents sont contre-indiqués en cas de diarrhées d'allure inflammatoires (fièvre, diarrhées sanglantes, douleur abdominale, durée ≥ 7 jours), le ralentissement du transit intestinal prolonge l'exposition du tube digestif aux pathogènes, ce qui retarde la guérison et accroit le risque de mégacôlon[24][20].
Agent anti-sécrétoire
  • Salicylate de bismuth (Pepto-Bismol)
  • Le mécanisme du salicylate de bismuth est mal compris, mais ce dernier pourrait exercer des effets anti-inflammatoires, anti-sécrétoires et anti-infectieux.
  • Le salicylate de bismuth est une alternative sécuritaire chez les patients avec la dysenterie ou des diarrhées inflammatoires, mais son efficacité pour réduire la diarrhée est moindre que pour le lopéramide[4][5]. Les contre-indications sont l'allergie à l'aspirine, la grossesse, une colite à CMV, une infection au VIH avancée et l'utilisation d'anticoagulants, d'autres salicylates, de méthotrexate, de doxycycline ou de probénécide[4].

Cesser l'agent causal

Une proportion significative de diarrhée peut être causée par des médicaments ou des aliments. Conséquemment, il peut être approprié de cesser les médicaments, tout en considérant la raison pour laquelle le médicament a été introduit (on doit considérer le risque vs le bénéfice de l'arrêt du médicament). Les agents causaux potentiels à cesser si possible sont :

  • les grands classiques :
    • les antibiotiques
    • les laxatifs et prokinétiques
    • les IPP (colite microscopique)
    • la metformine
    • la colchicine
  • l'immunothérapie (cause à ne pas manquer, de plus en plus fréquente avec l'avènement de ces thérapies)
  • les statines
  • les IECA
  • la chimiothérapie
  • la radiothérapie (colite radique)
  • les AINS
  • les ISRS
  • le magnésium
  • la vitamine C
  • le café, l'alcool, les boissons gazeuses, le lactose, le sorbitol, le fructose, le xylitol et le glutamate monosodique.

Antibiothérapie empirique

Les patients atteints de diarrhées dont l'étiologie est probablement virale ou secondaire à une intoxication alimentaire ne nécessitent pas d'investigation, ni de traitements autres que le traitement de support.

En cas de diarrhée prolongée, nosocomiale, d'allure bactérienne ou chez un patient en retour de voyage, âgé de plus de 65 ans ou immunosupprimé, les investigations appropriées doivent être effectuées et une antibiothérapie empirique peut être débutée en attendant les résultats des cultures de selles[5][16].

Les quinolones (ex. ciprofloxacine 500 mg PO BID) sont les plus souvent prescrites. Toutefois, la prévalence croissante de résistance aux quinolones font de l’azithromycine (500 mg PO DIE) un antibiotique de plus en plus utilisé pour ce rôle[5][20].

Il existe deux exceptions notables à l’antibiothérapie empirique :

  • E. coli O157:H7 : l'antibiothérapie est associée à une incidence plus élevée de syndrome hémolytique urémique (SHU) et est donc à éviter[5]
  • C. difficile : l'algorithme de traitement est basé sur la métronidazole PO/IV et la vancomycine PO[21].

Suivi

Les diarrhées aiguës sont généralement auto-résolutives. Si une antibiothérapie est entreprise, il est important s’assurer de l’observance du traitement prévu malgré l’amélioration des symptômes. Une diarrhée aiguë non inflammatoire qui persiste plus de 7 jours évoque la possibilité d'une étiologie parasitaire et nécessite des investigations et des traitements appropriés[5].

Certains pathogènes causant des diarrhées doivent être déclarées aux autorités de santé publique. Au Québec, il s’agit de[30] :

  • Vibrio cholera
  • Neisseria gonorrhoeae
  • Chlamydia trachomatis
  • le syndrome hémolytique urémique (SHU) ou purpura thrombopénique thrombotique (PTT) associé à E. coli producteur de shigatoxines
  • toute éclosion de gastro-entérite d'étiologie indéterminée.

Complications

Les principales complications en lien avec les diarrhées aiguës sont[4][23][31]:

Notes

  1. Les bactéries sont la 2e cause de diarrhées infectieuses après les virus et la 1ère cause de diarrhées du voyageur.  
  2. Tous les médicaments devraient être revus. Ceux introduits récemment sont les plus susceptibles d'être incriminés.
  3. En raison de leurs effets indésirables ou d'une infection à C. difficile
  4. Effets indésirables ou cause de colite microscopique
  5. Effets indésirables ou cause de colite microscopique
  6. Il peut s'agir de la présentation initiale d'une pathologie chronique non diagnostiquée ou d'une exacerbation d'une maladie connue.
  7. Campylobacter jejuni, E. coli O157H7, Shigella, Giardia lamblia
  8. Dans les pays tropicaux, penser à Enthamoeba histolityca. Sinon, les plus fréquents sont E.coli entérotoxinogène, Campylobacter jejuni, Salmonella et Shigella.
  9. Rotavirus, Shigella, Cryptosporidium, Giardia
  10. Clostridium difficile, rotavirus, norovirus
  11. Norovirus, rotavirus
  12. Oriente vers une étiologie infectieuse, le plus souvent viral
  13. Facteur de risque présent dans 90 % des cas de C. difficile.
  14. Salmonella non typhi
  15. Salmonelle non typhi, Campylobacter jejuni
  16. Salmonelle non typhi
  17. Salmonelle non typhi, E. coli O157H7, Campylobacter jejuni
  18. E. coli O157H7
  19. Yersinia enterocolitica
  20. Vibrio vulnificus, V. parahemolyticus, V. cholera
  21. Bacillus cereus
  22. Listeria monocytogenes
  23. Salmonella
  24. 24,0 et 24,1 Infections parasitaires, mycobactériennes, CMV, Salmonella, Listeria monocytogenes, Cryptosporidium, Isospora.
  25. Devrait faire évoquer le diagnostic différentiel d'exacerbation de leur maladie de base. De plus, les patients avec MII sont plus à risque d'une évolution défavorable de leur diarrhée si la cause s'avère infectieuse.
  26. Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae, herpès simplex
  27. Salmonella, Shigella, Campylobacter, Shiga toxin–producing E. coli, Clostridium difficile, Entamoeba histolytica, Yersinia
  28. 28,0 et 28,1 Infection à C.difficile
  29. Considérer une exacerbation
  30. Patients à risque de complications
  31. HTO, tachycardie, hypotension artérielle, muqueuses sèches, persistance du pli cutané, altération de l'état de conscience, diminution des apports PO
  32. Penser notamment au mégâcolon toxique
  33. 33,0 et 33,1 Iléus
  34. 34,0 et 34,1 Suspecter un processus abdominal aigu
  35. 35,0 et 35,1 Risque de détérioration de la fonction rénale
  36. Signe de déshydratation sévère ou d'insuffisance rénale aiguë
  37. Le risque de mégacôlon toxique est augmenté lors des infections à C. difficile, Salmonella, Shigella, Campylobacter jejuni, Escherichia coli O157 entérohémorragique ou entéro-agrégatif et avec la prise d'agents anti-motilité.

Références

__NOVEDELETE__
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