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Introduction
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| révision_par_le_comité_éditorial_date = 9 novembre 2021
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== Épidémiologie ==
Le monoxyde de carbone est un gaz qui, après inhalation, peut causer une intoxication. Le monoxyde de carbone (CO) est un produit de la combustion des matières organiques dans des conditions d'apport insuffisant en oxygène, empêchant l'oxydation complète en dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>).<ref>{{Citation d'un article|langue=fr|titre=Intoxication au monoxyde de carbone|périodique=Wikipédia|date=2021-11-09|lire en ligne=https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Intoxication_au_monoxyde_de_carbone&oldid=187835900|consulté le=2021-11-10}}</ref>
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==Épidémiologie==
Aux États-Unis, de 1999 à 2004, 16 447 certificats de décès ont enregistré l'intoxication au CO comme facteur contributoire. Parmi ces décès, il y aurait une moyenne de 439 décès par année dont la cause direct serait une intoxication accidentelle au monoxyde de carbone, non liée à des incendies<ref>{{Citation d'un article|nom1=Centers for Disease Control and Prevention (CDC)|titre=Carbon monoxide--related deaths--United States, 1999-2004|périodique=MMWR. Morbidity and mortality weekly report|volume=56|numéro=50|date=2007-12-21|issn=1545-861X|pmid=18097342|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18097342|consulté le=2021-07-28|pages=1309–1312}}</ref>.


=== Facteurs de risque ===
Selon les estimations, 40 000 personnes par an ont besoin de soins médicaux en raison d'une intoxication au CO aux États-Unis<ref>{{Citation d'un article|langue=en|prénom1=Neil B|nom1=Hampson|titre=Emergency department visits for carbon monoxide poisoning in the Pacific Northwest|périodique=The Journal of Emergency Medicine|volume=16|numéro=5|date=1998-09|doi=10.1016/S0736-4679(98)00080-8|lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0736467998000808|consulté le=2021-07-28|pages=695–698}}</ref>. Environ 30 % à 40 % des victimes d'intoxication au CO meurent avant leur arrivée à l'hôpital. Parmi les personnes hospitalisées, environ 2 % décèdent,  10 % se rétablissent partiellement et 23 à 47 % souffrent de séquelles neurologiques retardées<ref name=":6">{{Citation d'un article|prénom1=Georg|nom1=Reumuth|prénom2=Ziyad|nom2=Alharbi|prénom3=Khosrow Siamak|nom3=Houschyar|prénom4=Bong-Sung|nom4=Kim|titre=Carbon monoxide intoxication: What we know|périodique=Burns: Journal of the International Society for Burn Injuries|volume=45|numéro=3|date=2019-05|issn=1879-1409|pmid=30119873|doi=10.1016/j.burns.2018.07.006|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30119873/|consulté le=2021-09-22|pages=526–530}}</ref><ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Mary E.|nom1=Hanley|prénom2=Pujan H.|nom2=Patel|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2021|pmid=28613491|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK430740/|consulté le=2021-09-21}}</ref>.  
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Facteurs de risque}}
* {{Facteur de risque|nom=Facteur de risque 1}}
* {{Facteur de risque|nom=Facteur de risque 2}}
* {{Facteur de risque|nom=Facteur de risque 3}}
* ...


== Étiologies (Sources d'expositions)   ==
Les sources d'intoxication accidentelle au CO sont les feux ouverts (42 %), les expositions professionnelles dans l'industrie (26 %) et les fours défectueux (19 %). Seulement 4 % des cas d'intoxications au CO sont causées par des véhicules à moteur et 88 % d'entre eux sont  le résultat d'une tentative de [[suicide]]<ref>{{Citation d'un article|langue=en|prénom1=Gerrit|nom1=Grieb|prénom2=David|nom2=Simons|prénom3=Linda|nom3=Schmitz|prénom4=Andrzej|nom4=Piatkowski|titre=Glasgow Coma Scale and laboratory markers are superior to COHb in predicting CO intoxication severity|périodique=Burns|volume=37|numéro=4|date=2011-06|doi=10.1016/j.burns.2010.03.007|lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0305417910000707|consulté le=2021-07-28|pages=610–615}}</ref>.  
Le monoxyde de carbone CO est un gaz inodore libéré par la combustion incomplète d'hydrocarbures. Les hydrocarbures sont des gaz naturels tels que méthane et propane.  


Voici quelques expositions les plus fréquentes qui peuvent mener à une intoxication au monoxyde de carbone :
Le CO peut être responsable de 50 % de toutes les intoxications mortelles. Son taux de mortalité se situe entre 0,5 et 1,0 par 1 000 000 d'habitants. Chez les victimes d'incendie, l'empoisonnement au CO est la principale cause de décès.   
* '''Incendies''' domestiques
* Voitures mal ventilées
* Chauffage au gaz
* Fours
* Chauffe-eau
* Convecteurs au bois ou au charbon
* Radiateurs utilisant le kérosène
* Fournaise au mazout
* Cuisinière au gaz


Plus rarement : exposition aux '''vapeurs de chlorure de méthylène (décapant à peinture'''). Chlorure de méthylène est absorbé par les poumons, puis métabolisé au foie ('''formation de CO endogène''')
Selon Statistique Canada, 4 990 décès liés à une intoxication au CO ont été recensés entre 2000 et 2013 : de ce nombre, 3 865 comportaient une cause sous-jacente au décès, alors que 1 125 n'en comportaient aucune. Durant cette période, le Québec a enregistré le nombre le plus élevé de décès  (n=1 445)<ref>{{Citation d'un lien web|langue=anglais|titre=Carbon Monoxide Poisoning
Hospitalizations and Deaths in Canada|url=https://cjr.ufv.ca/wp-content/uploads/2017/10/Carbon-Monoxide-2017-Final-.pdf|site=University of Fraser Valley|date=octobre 2017|consulté le=27 juillet 2021}}</ref>. Au Québec, en 2016, 216 cas d'intoxication au CO ont été déclarés officiellement (maladie à déclaration obligatoire), mais ce nombre est probablement sous-estimé. Dans un cas sur sept, la personne intoxiquée est décédé.<ref name=":7">{{Citation d'un lien web|titre=Intoxication au monoxyde de carbone - Monoxyde de carbone - Professionnels de la santé - MSSS|url=https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/sante-environnementale/monoxyde-de-carbone/intoxication-au-monoxyde-de-carbone/|site=www.msss.gouv.qc.ca|consulté le=2020-11-24}}</ref>


== Physiopathologie ==
==Étiologies==
La physiopathologie n'est pas complètement élucidée, mais on sait que 5 mécanismes sont en cause :
Le {{Étiologie|nom=CO|principale=0}}, qui se mélange à l'air inspiré, pénètre dans le corps par les poumons. Il est alors facilement absorbé dans le sang. L'exposition aux vapeurs de chlorure de méthylène (décapant à peinture) est aussi une source de CO. Le {{Étiologie|nom=chlorure de méthylène|principale=0}} peut être absorbé par les poumons, par la peau ou par voie orale, puis métabolisé dans le foie, entrainant la formation de CO endogène.


1) Liaison du CO à l'hémoglobine
Les '''sources''' d'exposition au CO le plus souvent impliquées dans les intoxications accidentelles au Québec sont<ref name=":7" />:
* Affinité du CO pour Hb 210-270 fois plus grande que l'affinité de l'O2 pour Hb. Donc concentration élevée de HbCO même si peu de CO dans l'air respiré.
* Résultat final : hypoxie tissulaire diffuse, car diminution de la capacité de transport de l'O2 dans le sang


2) Déplacement de la courbe de dissociation de l'hémoglobine vers la gauche
*les appareils de chauffage
* L'Hb a 4 sites de liaison pour les molécules d'O2
*les véhicules à moteur
* Lorsqu'un de ces sites est occupé par du CO, l'Hb est altérée de telle sorte que les 3 molécules d'O2 sont retenues de façon plus marquée
*les incendies
* Entraîne un déplacement de la courbe de dissociation vers la gauche. Donc réduction de la livraison en O2 au niveau cellulaire.  
*les appareils et outils à moteur
*les appareils de camping ou de plein air
*le chlorure de méthylène.


3) Liaison à la myoglobine
Les empoisonnements ont tendance à être plus fréquents pendant les mois d'hiver lorsque des appareils de chauffage mal ventilés ou mal entretenus peuvent empoisonner des ménages entiers ou les résidents d'immeubles d'habitation à logements multiples. Les incendies domestiques et les tentatives de suicide sont également des causes courantes d'intoxication au CO. Le CO peut également empoisonner les plongeurs si les réservoirs sont remplis près d'un compresseur qui n'est pas suffisamment ventilé.
* CO a une très haute affinité pour la myoglobine, surtout au niveau cardiaque.  
* Présence de HbCO réduit la performance cardiaque et cause ischémie myocardique


4) Inhibition de la respiration cellulaire au niveau des mitochondries
==Physiopathologie==
* CO se lie aux cytochromes A3 et P450. Entraine une inhibition de la respiration cellulaire
Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz incolore, insipide et inodore dont la formation est généralement causée par une combustion incomplète de composés carbonés. Les sources courantes de CO comprennent le feu, les gaz d'échappement des moteurs et les fours défectueux. Le CO est, de par sa nature, très difficile à détecter même à forte concentration, à moins d'avoir un détecteur de CO<ref name=":1">{{Citation d'un article|prénom1=Neil B.|nom1=Hampson|titre=Carboxyhemoglobin: a primer for clinicians|périodique=Undersea & Hyperbaric Medicine: Journal of the Undersea and Hyperbaric Medical Society, Inc|volume=45|numéro=2|date=2018-03|issn=1066-2936|pmid=29734568|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29734568/|consulté le=2021-09-21|pages=165–171}}</ref><ref name=":2">{{Citation d'un article|prénom1=Karalynn|nom1=Otterness|prénom2=Christine|nom2=Ahn|titre=Emergency department management of smoke inhalation injury in adults|périodique=Emergency Medicine Practice|volume=20|numéro=3|date=2018-03|issn=1559-3908|pmid=29489306|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29489306/|consulté le=2021-09-21|pages=1–24}}</ref><ref name=":3">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Jerome B.|nom1=Buboltz|prénom2=Marc|nom2=Robins|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2021|pmid=29261955|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK470531/|consulté le=2021-09-21}}</ref><ref name=":0" />.


5) Peroxydation des lipides au niveau cérébral
La toxicité du CO est principalement due à son effet sur la liaison de l'oxygène à la molécule d'hémoglobine. Le CO se lie à l'hémoglobine formant la carboxyhémoglobine (HbCO) avec une affinité 220 % plus grande pour l'hémoglobine que l'oxygène. Cela réduit la capacité de transport d'oxygène de l'hémoglobine et conduit à une '''hypoxie cellulaire'''. La carboxyhémoglobine augmente l'affinité de l'hémoglobine non liée pour l'O<sub>2</sub>, provoquant ainsi un déplacement vers la gauche de la [[Courbe de dissociation de l'oxyhémoglobine|courbe de dissociation de l'oxyhémoglobine]]. Ceci a pour effet de '''diminuer la libération de l'O'''<sub>2</sub> au niveau cellulaire. De plus, le CO se lie à la fraction hème de la [https://fr.wikipedia.org/wiki/Cytochrome_c_oxydase cytochrome c oxydase] dans la chaîne de transport d'électrons et '''inhibe la respiration mitochondriale'''. Ces effets entraînent une pO<sub>2</sub> tissulaire et intracellulaire plus faible que ce à quoi on pourrait s'attendre pour une concentration d'oxygène sanguin donnée. La concentration d'hémoglobine et la pO<sub>2</sub> du sang peuvent être normales, mais la teneur en oxygène du sang est considérablement réduite<ref name=":4">{{Citation d'un article|prénom1=Ayush|nom1=Dubey|prénom2=Dinesh|nom2=Chouksey|titre=Carbon monoxide toxicity: A reversible damage to brain|périodique=Neurology India|volume=65|numéro=3|date=2017-05|issn=0028-3886|pmid=28488655|doi=10.4103/neuroindia.NI_990_16|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28488655/|consulté le=2021-09-21|pages=672–673}}</ref><ref name=":5">{{Citation d'un article|prénom1=Richard J.|nom1=Levy|titre=Anesthesia-Related Carbon Monoxide Exposure: Toxicity and Potential Therapy|périodique=Anesthesia and Analgesia|volume=123|numéro=3|date=2016-09|issn=1526-7598|pmid=27537758|pmcid=5021316|doi=10.1213/ANE.0000000000001461|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27537758/|consulté le=2021-09-21|pages=670–681}}</ref><ref name=":0" />.
* Une théorie récente suggère que le CO entraîne la production de radicaux libres qui causeront une peroxydation des lipides au niveau cérébral.  
* Entraînerait les dommages neuronaux associés à l'intoxication au CO


== Présentation clinique ==
En raison de sa très grande affinité pour l'hémoglobine, la majeure partie du CO absorbé demeure dans le sang. Cependant, une petite partie se retrouve dans les tissus, en particulier dans le cœur et dans le cerveau, ce qui expliquerait mieux certains symptômes neurologiques retardés<ref>{{Citation d'un ouvrage|nom1=Nelson, Lewis, 1963-|nom2=Goldfrank, Lewis R., 1941-|titre=Goldfrank's toxicologic emergencies|éditeur=McGraw-Hill Medical|date=2011|isbn=978-0-07-160593-9|isbn2=0-07-160593-2|isbn3=978-0-07-160594-6|oclc=470694511|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/470694511|consulté le=2020-11-25}}</ref>. Une théorie récente suggère que le CO entraîne la production de radicaux libres qui causeraient une peroxydation des lipides au niveau cérébral et entraîneraient les dommages neuronaux associés à l'intoxication au CO<ref>{{Citation d'un article|prénom1=Luisa|nom1=Lo Iacono|prénom2=Jorge|nom2=Boczkowski|prénom3=Roland|nom3=Zini|prénom4=Issam|nom4=Salouage|titre=A carbon monoxide-releasing molecule (CORM-3) uncouples mitochondrial respiration and modulates the production of reactive oxygen species|périodique=Free Radical Biology & Medicine|volume=50|numéro=11|date=2011-06-01|issn=1873-4596|pmid=21382478|doi=10.1016/j.freeradbiomed.2011.02.033|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21382478|consulté le=2021-07-30|pages=1556–1564}}</ref><ref>{{Citation d'un article|langue=en|prénom1=Jason J.|nom1=Rose|prénom2=Ling|nom2=Wang|prénom3=Qinzi|nom3=Xu|prénom4=Charles F.|nom4=McTiernan|titre=Carbon Monoxide Poisoning: Pathogenesis, Management, and Future Directions of Therapy|périodique=American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine|volume=195|numéro=5|date=2017-03|issn=1073-449X|issn2=1535-4970|pmid=27753502|pmcid=PMC5363978|doi=10.1164/rccm.201606-1275CI|lire en ligne=http://www.atsjournals.org/doi/10.1164/rccm.201606-1275CI|consulté le=2021-07-30|pages=596–606}}</ref>.
Selon le taux de carboxyhémoglobinémie
==Présentation clinique==
{| class="wikitable"
===Facteurs de risque===
|'''HbCO'''
Tout le monde est à risque d'intoxication au CO. Cependant, les {{Facteur de risque|nom=nourrissons}}, les {{Facteur de risque|nom=personnes âgées}}, les personnes souffrant de {{Facteur de risque|nom=maladie cardiaque chronique}}, d'{{Facteur de risque|nom=anémie}} ou de {{Facteur de risque|nom=problèmes respiratoires}} sont plus susceptibles d'être affectée par une exposition au CO<ref>{{Citation d'un lien web|langue=français|titre=Fiche d’information sur l’empoisonnement au monoxyde de carbone|url=https://www.cdc.gov/co/fr/pdfs/faqs.pdf|site=CDC.gov|date=septembre 2005|consulté le=29 juillet 2021}}</ref>. Certains facteurs de risque sont : 
|'''Sémiologie'''
 
|-
*l'{{Facteur de risque|nom=absence de détecteur de CO}}
|10-20 %
*une {{Facteur de risque|nom=exposition à des appareils de combustion défectueux}}
|Céphalée
*une {{Facteur de risque|nom=ventilation inadéquate}}
*les personnes avec des {{Facteur de risque|nom=idées suicidaires}} (intoxication volontaire).


Nausées
===Questionnaire===
|-
La présentation clinique d'une intoxication au CO varie en fonction de<ref name=":8">{{Citation d'un lien web|langue=francais|titre=Intoxication au monoxyde de carbone|url=https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/a-z/intoxication-au-monoxyde-de-carbone|site=quebec.ca|date=5 janvier 2021|consulté le=29 juillet 2021}}</ref>:
|>20  %
|États  vertigineux


Faiblesse  généralisée, sensation de malaise
*la quantité de CO dans l'air inhalé
*la durée de l'exposition au CO
*la sensibilité de la personne au CO
*l'état de santé de la personne.


Difficulté  concentration, trouble du jugement
Les symptômes de l'intoxication au CO sont variables et non spécifiques : l'intoxication peut être insidieuse ou soudaine. Les symptômes peuvent n'être que légèrement gênants, mais peuvent aussi aller jusqu'à causer la mort du patient. Les symptômes les plus souvent retrouvés sont :
|-
|>30  %
|Dyspnée  d'effort


Douleur  thoracique / angor
*les {{Symptôme|nom=céphalées|prévalence=> 90}}
*les {{Symptôme|nom=étourdissements}}
*la {{Symptôme|nom=faiblesse}}
*les {{Symptôme|nom=nausées}} et les {{Symptôme|nom=vomissements}}<ref name=":9" />.


Syndrome confusionnel
D'autres symptômes fréquents incluent la {{Symptôme|nom=douleur abdominale}}, des {{Symptôme|nom=acouphènes}}, de l'{{Symptôme|nom=incontinence}} et des {{Symptôme|nom=vertiges}}.
{| class="wikitable"
|+Symptomatologie en fonction du taux maximal de carboxyhémoglobinémie (%)<ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Intoxication au monoxyde de carbone|url=https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/sante-environnementale/monoxyde-de-carbone/intoxication-au-monoxyde-de-carbone/|site=https://www.msss.gouv.qc.ca/|date=26 mai 2017|consulté le=01-Oct-2021}}</ref>
!'''Concentration sérique'''
'''de HbCO (%)'''
!'''Effets probables à la suite d'une exposition aiguë'''
'''chez un adulte en bonne santé'''
|-
!0,3-0,7
|
*Niveau normal chez une population non exposée, aucun effet attendu
|-
!3,5
|
*Indice biologique d'exposition<ref group="note">Les indices biologiques d’exposition (IBE) sont des valeurs de référence auxquelles un intervenant en santé se réfère afin d’évaluer le risque pour la santé après une exposition professionnelle à des composants chimiques. En général, ces  valeurs  correspondent  à  la  concentration  biologique moyenne obtenue dans une population de travailleurs sains, qui ont été exposés à des niveaux de contaminants équivalents aux normes  (8 heures par jour, 5 jours par semaine) et en ne tenant compte que de l’absorption pulmonaire. Ces valeurs sont basées sur la connaissance de la relation dose externe/dose interne.</ref><ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Guide de surveillance biologique de l’exposition Stratégie de prélèvement et interprétation des résultats 7 e édition Substances chimiques et agents biologiques|url=https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2250229|site=www.irsst.qc.ca|date=juin 2012|consulté le=18-Oct-2021}}</ref> (pour une exposition à 25 ppm pendant 8 heures)
|-
!5-10
|
*Diminution de la capacité à effectuer un effort physique intense
*Possibilité d'effets neurocomportementaux
|-
|-
|Taux  supérieurs
!10-20
|Syncope
|
 
*Céphalée légère
Convulsions
*{{Symptôme|nom=Troubles visuels}}
 
*{{Symptôme|nom=Fatigue}}
Obnubilation,  trouble conscience
*{{Symptôme|nom=Étourdissement}}
|-
|-
|>60%
!20-30
|Hypotension,  défaillance respiratoire, coma, décès
|
|}
*Céphalée sévère
 
*Nausées
Si l'intoxication est sévère, des symptômes neuro-psychologique tels que l'apparition de démence, de psychose, d'un syndrome parkinsonien, de chorée, ou d'un syndrome amnésique, peuvent se développer après quelques jours et peuvent parfois être permanents.
*Étourdissements
 
*{{Symptôme|nom=Palpitation}}(tachycardie)
Présentation clinique par système
{| class="wikitable"
|'''Système'''
|'''Symptômes'''
|-
|-
|Neurologie
!30-40
|Céphalée
|
 
*Céphalée sévère
Difficulté  concentration
*Nausées et vomissements
 
*{{Symptôme|nom=Confusion}}
Coma,  convulsions
*{{Symptôme|nom=Perte de conscience}}
 
*Palpitation (Tachycardie)
Ataxie, trouble démarche
*{{Symptôme|nom=Dyspnée}}
 
Séquelles neuropsychologiques à long terme
|-
|-
|Cardiogie
!40-50
|DRS  (angine, infarctus)
|
 
*Trouble de la vision
Syncope
*{{Symptôme|nom=Trouble de l’audition}}
 
*Dysfonction intellectuelle
Tachycardie, hypotension
*{{Symptôme|nom=Faiblesse musculaire}}
 
Bloc AV, arythmies
|-
|-
|Pneumologie
!50-70
|Œdème  pulmonaire
|
 
*{{Symptôme|nom=Syncope}}
Hémorragies
*{{Symptôme|nom=Coma}}
*{{Symptôme|nom=Convulsions}}
*Détresse cardiaque et respiratoire (peut être fatale)
|-
|-
|Ophtalmologie
!> 66
|Hémorragie  rétinienne
|
*Décès
|}


Diminution  acuité visuelle
===Examen clinique===
{{Encart
| contenu = Il est important de noter que '''l'oxymétrie de pouls ne permet pas de différencier l'Hb normale de la carboxyhémoglobine''' et donne donc une lecture faussement élevée de l'oxyhémoglobinémie. Étant donné que les oxymètres de pouls périphériques standards ne peuvent pas différencier le HbCO de l'oxyhémoglobine, la saturation en oxygène (SpO2) ne montrera donc aucune anomalie sur le moniteur.
| type = erreur
}}
L'examen physique a une valeur limitée. Il faut chercher tout particulièrement une atteinte du '''système nerveux central''' ou '''cardiaque'''. À l'examen clinique, certains signes peuvent être objectivés selon le système atteint<ref name=":0" />:


Cécité  corticale, névrite optique, papilloedème
*aux {{Examen clinique|nom=signes vitaux}} :
|-
**une {{Signe clinique|nom=tachycardie}}
|Vestibulaire
**une {{Signe clinique|nom=tachypnée}}
**une {{Signe clinique|nom=hypotension artérielle}}
**une '''{{Signe clinique|nom=saturation normale}}''' (voir l'encart)
*à l'{{Examen clinique|nom=examen cardiaque}} :
**un {{Signe clinique|nom=rythme cardiaque irrégulier}} et un {{Signe clinique|nom=pouls filant}} (arythmie)
**un arrêt cardiaque et un choc cardiogénique sont à rechercher
*à l'{{Examen clinique|nom=examen pulmonaire}}, il faut rechercher une {{Signe clinique|nom=détresse respiratoire}}et une atteinte des voies aériennes<ref name=":9">{{Citation d'un lien web|langue=anglais|titre=Carbon monoxide toxicity|url=https://wikem.org/wiki/Carbon_monoxide_toxicity|site=wikem.org|date=25-sep-2021|consulté le=01-oct-2021}}</ref>
*à l'{{Examen clinique|nom=examen neurologique}}
**une {{Signe clinique|nom=ataxie}}et un {{Signe clinique|nom=nystagmus (signe clinique)}}
**une {{Signe clinique|nom=apraxie}}
**une {{Signe clinique|nom=cécité corticale}}
*à l'{{Examen clinique|nom=examen ophtalmique}}
**une {{Signe clinique|nom=hémorragie rétinienne}}
**un {{Signe clinique|nom=oedème papillaire}}
**une {{Signe clinique|nom=acuité visuelle diminuée}}
*aux examens {{Examen clinique|nom=dermatologique}} et {{Examen clinique|nom=examen ORL|affichage=ORL}}, rechercher toutes les blessures et les brûlures par inhalation.


ORL
==Examens paracliniques==
|Surdité  centrale, acouphènes
Les examens de laboratoire suggérés sont :


Nystagmus
*la {{Examen paraclinique|nom=carboxyhémoglobine}} (HbCO) mesurée par un gaz veineux, artériel ou capillaire
*un {{Examen paraclinique|nom=gaz artériel}} :
**pour déterminer la saturation réelle en O<sub>2</sub><ref group="note">Cette saturation en O<sub>2</sub> représente l'O<sub>2</sub> dissous et n'est donc pas affectée par la concentration en carboxyhémoglobine. La SpO<sub>2</sub> est normale mais la saturation de Hb est plus grande que la normale.</ref>
**pour évaluer s'il y a {{Signe paraclinique|nom=alcalose respiratoire}}ou {{Signe paraclinique|nom=acidose métabolique}}(signe de gravité)
*des {{Examen paraclinique|nom=lactates}} servant d'indicateur de sévérité
*une {{Examen paraclinique|nom=glycémie}} (l'hyperglycémie aggrave le pronostic)<ref>{{Citation d'un article|prénom1=D|nom1=PENNEY|titre=Acute carbon monoxide poisoning in an animal model: the effects of altered glucose on morbidity and mortality|périodique=Toxicology|volume=80|numéro=2-3|date=1993-06-11|issn=0300-483X|doi=10.1016/0300-483x(93)90173-p|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/0300-483x(93)90173-p|consulté le=2021-09-09|pages=85–101}}</ref>
*une {{Examen paraclinique|nom=créatininémie}} pour détecter une {{Signe paraclinique|nom=insuffisance rénale}}, car les reins sont sensibles aux lésions ischémiques dues à une intoxication au CO
*les {{Examen paraclinique|nom=CK}} pour éliminer une {{Signe paraclinique|nom=rhabdomyolyse}}
*une {{Examen paraclinique|nom=troponine}} comme marqueur de myonécrose diffuse (et non relié à un problème coronarien dans ce cas-ci)
*un électrocardiogramme ({{Examen paraclinique|nom=ECG}}) pour tout signe d'ischémie ou d'arythmie ou de bloc AV (l'ischémie à l'ECG indique une intoxication sévère au CO)
*un {{Examen paraclinique|nom=SMU}} pour détecter une [[myoglobinurie]].


Vertiges
Les examens d'imagerie suggérés sont :
|-
|GI
|Vomissements


Diarrhée, douleur abdominale
*la {{Examen paraclinique|nom=radiographie pulmonaire}} afin de rechercher des signes de surcharge pulmonaire, un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) et de pneumonie d'aspiration
*la {{Examen paraclinique|nom=tomodensitométrie cérébrale sans contraste}} :
**elle n'est pas essentielle au diagnostic, mais peut être utile pour éliminer d'autres diagnostics en cas d'atteinte du SNC
**l'intoxication au CO peut entrainer des changements visibles au ''globus'' ''pallidus''.


Nécrose  hépatique, ischémie intestinale
==Approche clinique==
|}
L'augmentation de la carboxyhémoglobinémie est caractéristique de l'intoxication au CO. Elle peut toutefois être basse, car la concentration en CO diminue rapidement lorsqu'on cesse l'exposition (surtout une fois que le traitement avec de l'oxygène est débuté, lors du transport en ambulance par exemple). En règle générale, un échantillon de gaz sanguin artériel avec une analyse de co-oxymétrie est l'étape initiale la plus utile afin de déterminer le niveau de carboxyhémoglobine. Ce nombre ne doit cependant pas être la base sur laquelle le plan de traitement est construit, car les niveaux de HbCO sont vaguement associés aux symptômes, et il n'y a pas de corrélation directe entre les niveaux de HbCO et la gravité des symptômes ou le risque de mortalité et de morbidité.


Il faut évoquer le diagnostic d'intoxication au CO en présence de symptômes non spécifiques pseudo-grippaux en hiver, ou en cas d'acidose métabolique inexpliquée.
==Diagnostic==
Le niveau d'HbCO sanguin établit le diagnostic. Il ne reflète toutefois pas la gravité de l'intoxication, sauf si le prélèvement est effectué tout de suite après l'exposition. Le niveau de HbCO n'a pas non plus de valeur pronostic. Les niveaux de HbCO supérieurs à 3 % ou 4 % chez les non-fumeurs et à 10 % chez les fumeurs sont généralement considérés en dehors des limites normales.<ref name=":0" /> 


Les manifestations cliniques de l'intoxication au CO sont non spécifiques et peuvent donc être confondues avec les symptômes d'autres maladies. Ainsi, les symptômes initiaux de céphalée, les nausées et vomissements, et la faiblesse généralisée peuvent facilement être attribués à une grippe ou une gastro-entérite.  
Il est admis que des niveaux supérieurs à 20 % chez les adultes indiquent un empoisonnement important, et des niveaux supérieurs à 15 % chez les enfants sont considérés comme significatifs<ref name=":0" />.


== Examen physique ==
==Diagnostic différentiel==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Examen physique}}
{{Encart
* {{Signe|nom=Signe 1}}
| contenu = Il faut toujours suspecter une ingestion de médicaments ou d'autres substances toxiques en cas de tentative de suicide. Ce ne sont pas des diagnostics différentiels autant que des diagnostics concomitants à considérer.
* {{Signe|nom=Signe 2}}
| type = avertissement
* {{Signe|nom=Signe 3}}
}}
* ...
Le diagnostic différentiel comprend<ref name=":0" /> :


== Démarche diagnostique ==
*l'{{Diagnostic différentiel|nom=intoxication à l'éthanol}}
* Dosage de la carboxyhémoglobine (avec un hémoxymètre), par prélèvement de sang veineux
*l'{{Diagnostic différentiel|nom=acidocétose diabétique}}
* Gaz artériel
*l'{{Diagnostic différentiel|nom=encéphalite}} et la {{Diagnostic différentiel|nom=méningite}}
** Déterminer la saturation en O2 (Cette saturation en O2 représente l'O2 dissous et n'est donc pas affectée par la concentration en carboxyhémoglobine). PO2 normale mais saturation de Hb plus grande que normalement
*l'{{Diagnostic différentiel|nom=AVC}}
** Alcalose respiratoire
*le {{Diagnostic différentiel|nom=traumatisme craniocérébral}}
** Acidose métabolique (rare) est un signe de gravité
*l'{{Diagnostic différentiel|nom=hypothyroïdie}}
*la {{Diagnostic différentiel|nom=labyrinthite}}
*la {{Diagnostic différentiel|nom=méthémoglobinémie}}
*la {{Diagnostic différentiel|nom=migraine}}
*l'{{Diagnostic différentiel|nom=intoxication aux opioïdes}}
*la {{Diagnostic différentiel|nom=gastro-entérite virale}}
*la {{Diagnostic différentiel|nom=grippe}}.


* Oxymétrie pulsée : ne permet pas de différencier l'Hb normale de la carboxyhémoglobine et donne donc une lecture faussement élevée de l'oxyhémoglobinémie
==Traitement==
Le gaz artériel et l'oxymétrie pulsée ne servent pas au diagnostic.
La prise en charge d'une intoxication au CO inclut :


* FSC : Hb, rechercher une anémie concomitante
*retirer la source de CO ou sortir la personne de l'environnement contaminé
* Ions : hypo/hyperkaliémie
*une réanimation initiale en lien avec l'évaluation primaire (''Airway, Breathing, Circulation'')
* Glycémie : hyperglycémie (rare) est signe de gravité
*l'administration d'{{Traitement|nom=Oxygénothérapie|affichage=O<sub>2</sub>}} à 100 % (sans attendre le résultat de la carboxyhémoglobinémie) pendant 4 à 6 heures ou jusqu'à l'arrêt des symptômes '''(pierre angulaire du traitement)'''<ref>{{Citation d'un lien web|langue=FR|nom1=asophie|titre=Guide d'intervention : monoxyde de carbone (CO)|url=https://www.ciusss-capitalenationale.gouv.qc.ca/centre-antipoison-du-quebec/professionnels-de-la-sante/guide-dintervention-monoxyde-de-carbone-co|site=IRDPQ|date=2020-02-24|consulté le=2021-09-09}}</ref>
* Urée/créat (détecter une insuffisance rénale)
*l'{{Traitement|nom=chambre hyperbare|affichage=O<sub>2</sub> hyperbare}} si disponible (voir ci-bas)
* SMU : rechercher une myoglobinurie
*s'il y a un contexte d'incendie, considérer le traitement concomitant d'une possible [[Intoxication au cyanure|intoxication au cyanure]] par la {{Traitement|nom=B12}}.


* RDX    pulmonaire :  signes de surcharge, SDRA (syndrome de détresse respiratoire aiguë), pneumonie d'aspiration
===Chambre hyperbare===
* Enzymes cardiaques et ECG : rechercher des signes d'infarctus, d'ischémie ou d'arythmie
Il s'agit d'une chambre à 2-3 atmosphères d'O<sub>2</sub> 100 %. L'administration d'O<sub>2</sub> à haute concentration permettra de créer un gradient de diffusion pour déloger le CO de l'Hb, de diminuer le temps de demi-vie du CO et d'augmenter l'O<sub>2</sub> dissout. Les effets de ce traitement sont optimaux lorsque le premier traitement est amorcé dans les 6 heures suivant l’empoisonnement. Les patients reçoivent généralement trois traitements dans les premières 24 heures, puis la réponse du patient est réévaluée avant de poursuivre les traitements quotidiens.
* CK/créatinine:  rhabdomyolyse (rare)
* Dosage toxicologique PRN


Augmentation de la carboxyhémoglobinémie est caractéristique de l'intoxication au CO. Elle peut toutefois être basse, car la concentration en CO diminue rapidement lorsqu'on cesse l'exposition (surtout une fois le traitement avec l'O2 est débuté).  
Malgré le traitement hyperbare, jusqu'à 40 % des patients peuvent développer une déficience neurocognitive chronique et, par conséquent, les patients doivent être suivis pour une évaluation neuropsychologique environ 1 à 2 mois après l'intoxication.


HbCO établit le diagnostic. Il ne reflète toutefois pas la gravité de l'intoxication sauf si le prélèvement est effectué tout de suite après l'exposition. Il n'a pas non plus de valeur pronostic.
L'utilisation d'une chambre hyperbare nécessite que le patient soit hospitalisé et stabilisé préalablement. Elle est indiquée pour les situations suivantes :


== Investigation ==
*tout problème neurologique persistant après plus de 4 heures de traitement à l'O<sub>2</sub> 100 % (sauf céphalée)
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Investigation}}
*l'HbCO > 25 % avec ou sans symptôme
* {{Investigation|nom=Investigation 1|indication=Indication}}
*l'HbCO > 20 % avec antécédents de maladie coronarienne athérosclérosante (ATCD MCAS)
* {{Investigation|nom=Investigation 2|indication=Indication}}
*l'HbCO > 15 % si grossesse
* ...
*la détresse fœtale
*l'acidose métabolique avec pH < 7,1
*la syncope
*une atteinte nouvelle aux tests psychométriques
*une anomalie à l'examen neurologique
*une altération de l'état de conscience : ''Glasgow Coma Scale'' (GCS) ≤ 14
*des complications cardio-respiratoires, atteinte cardiaque ischémique, changement à l'ECG, douleur rétrosternale (DRS), oedème pulmonaire ou une arythmie).


== Diagnostic ==
Quelques effets indésirables possibles en lien avec l'utilisation de la chambre hyperbare existent, dont le dysbarisme, le pneumothorax et la maladie de décompression.<ref name=":0" />
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Diagnostic}}


== Diagnostic différentiel ==
Le tableau ci-bas indique la demi-vie du CO en fonction de la concentration et de la pression d'O<sub>2</sub> administré. Le traitement optimal pour une intoxication significative au CO est l'oxygénothérapie hyperbare.  
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Diagnostic différentiel}}
* {{Diagnostic différentiel|nom=Diagnostic différentiel 1}}
* {{Diagnostic différentiel|nom=Diagnostic différentiel 2}}
* {{Diagnostic différentiel|nom=Diagnostic différentiel 3}}
* ...


== Traitement ==
* Retirer la source de CO
* ABC
* O2 à 100%
* O2 hyperbare : C'est une chambre à 2-3 atmosphères d'O2 100%.
Administration d'O2 à haute concentration permettra de créer un gradient de diffusion pour déloger le CO de l'Hb.
{| class="wikitable"
{| class="wikitable"
|'''Traitement à l'O2'''
|+Demi-vie du CO en fonction de la pression partielle de l'O<sub>2</sub>
|'''Demi-vie du CO'''
!'''Traitement à l'O<sub>2</sub>'''
!'''Demi-vie du CO'''
|-
|-
|Air ambiant (FiO2 21%)
|Air ambiant (FiO2 21 %)
|240-320 minutes
|240-320 min
|-
|-
|Oxygène pur (FiO2 100%) 1 ATM
|Oxygène pur (FiO2 100 %) 1 ATM
|60-90 min
|60-90 min
|-
|-
|O2 hyperbare (2,8 ATM)
|O2 hyperbare (2,8 ATM)
|20-30 min
|20-30 min
|}
|}
==Suivi==
Les patients asymptomatiques dont le taux d'HbCO est inférieur à 10 % peuvent sortir de l'hôpital. En cas d'intoxication accidentelle au CO, les patients doivent être suivis dans les 4 à 6 semaines pour dépister les séquelles neurocognitives. En cas d'empoisonnement intentionnel, un suivi psychiatrique est obligatoire, étant donné le taux élevé de suicides ultérieurs<ref>{{Citation d'un article|prénom1=Neil B.|nom1=Hampson|prénom2=Claude A.|nom2=Piantadosi|prénom3=Stephen R.|nom3=Thom|prénom4=Lindell K.|nom4=Weaver|titre=Practice recommendations in the diagnosis, management, and prevention of carbon monoxide poisoning|périodique=American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine|volume=186|numéro=11|date=2012-12-01|issn=1535-4970|pmid=23087025|doi=10.1164/rccm.201207-1284CI|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23087025|consulté le=2021-08-03|pages=1095–1101}}</ref>.


=== Chambre hyperbare ===
Les patients admis doivent être suivis en soins intensifs avec un suivi cardiaque et neurologique<ref>{{Citation d'un article|titre=Carbon Monoxide Toxicity Follow-up: Further Outpatient Care, Further Inpatient Care, Prognosis|date=2021-04-29|lire en ligne=https://emedicine.medscape.com/article/819987-followup#showall|consulté le=2021-08-03|langue=anglais|auteur1=Guy N Shochat|périodique=Medscape|issn=|pages=|auteur2=Michael Lucchesi}}</ref>.
Diminution des séquelles neuropsychologiques tardives. Bénéfice si traitement débuté avant les premières 6 heures suivant l'exposition.
 
Physiologie :
* Libérer la cellule du CO résiduel
* Diminution du temps de demi-vie du CO
* Augmentation de l'O2 dissout
 
'''Indications'''
* Tout problème neurologique persistant après plus de 4 heures de traitement à l'O2 100% (sauf céphalée)
* COHb > 25%, avec ou sans symptôme
* COHb > 20%, avec ATCD MCAS
* COHb > 15%, si grossesse
* Détresse fœtale
* Acidose métabolique avec pH < 7,1
* Syncope, coma
* Atteinte nouvelle aux tests psychométriques
* Anomalie à l'examen neurologique
* Altération état mental (GSC < ou = 14)
* Complications cardio-respiratoires : Atteinte cardiaque ischémique, changement à l'ECG, DRS, Œdème pulmonaire, ou Arythmie.  
 
L'utilisation d'une chambre hyperbare nécessite que le patient soit hospitalisé, et stabilisé.
 
'''Effets indésirables de la chambre hyperbare'''
* Dysbarisme
* Suppression pulmonaire
* Maladie de décompression
 
== Suivi ==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Suivi}}
 
== Complications ==
À des taux HbCO > 60% :
* Hypotension
* Défaillance respiratoire
* Coma
* Décès (une des intoxications    fatales les plus fréquentes)


== Pronostic et évolution ==
==Complications==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Pronostic et évolution}}
Les complications associés à une intoxication au CO sont<ref name=":0" />:


== Prévention et dépistage ==
*des complications neurologiques et psychiatriques (peuvent se développer après quelques jours et peuvent parfois être permanentes; la fréquence augment avec la sévérité de l'intoxication) :
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Prévention et dépistage}}
**l'{{Complication|nom=amnésie}}
**les {{Complication|nom=troubles neurocognitifs}}
**l'{{Complication|nom=irritabilité}}
**la {{Complication|nom=psychose}}
**la {{Complication|nom=perte des fonctions exécutives}}
**l'{{Complication|nom=aphasie}}
**la {{Complication|nom=dépression}}
**la {{Complication|nom=cécité corticale}}
**la {{Complication|nom=surdité centrale}}
**la {{Complication|nom=chorée}}
**le {{Complication|nom=syndrome parkinsonien}}
**la {{Complication|nom=névrite optique}}
**le {{Complication|nom=coma}}
*l'{{Complication|nom=insuffisance hépatique aiguë}} (par nécrose)
*l'{{Complication|nom=ischémie intestinale}}
*l'{{Complication|nom=infarctus du myocarde}}, les {{Complication|nom=arythmies}} et l'{{Complication|nom=oedème pulmonaire}}
*l'{{Complication|nom=embolie pulmonaire}} et la {{Complication|nom=thrombose veineuse profonde}}<ref group="note">Le risque de thromboembolie veineuse est significativement élevé au cours des 90 premiers jours suivant l'empoisonnement au CO. Le risque est particulièrement élevé au cours des 30 premiers jours pour l'embolie pulmonaire et la thrombose veineuse profonde. Il faut être attentif aux signes et symptômes de thromboembolie veineuse dans les 3 mois suivant l'intoxication au CO.</ref><ref name=":10">{{Citation d'un article|prénom1=Yongil|nom1=Cho|prénom2=Hyunggoo|nom2=Kang|prénom3=Jaehoon|nom3=Oh|prénom4=Tae Ho|nom4=Lim|titre=Risk of Venous Thromboembolism After Carbon Monoxide Poisoning: A Nationwide Population-Based Study|périodique=Annals of Emergency Medicine|volume=75|numéro=5|date=2020-05|issn=0196-0644|doi=10.1016/j.annemergmed.2019.08.454|lire en ligne=https://doi.org/10.1016/j.annemergmed.2019.08.454|consulté le=2021-08-03|pages=587–596}}</ref>
*la {{Complication|nom=détresse fœtale}}
*le {{Complication|nom=choc cardiogénique}}
*l'{{Complication|nom=insuffisance respiratoire}}
*l'{{Complication|nom=arrêt cardiaque}}
*le {{Complication|nom=décès}} (une des intoxications fatales les plus fréquentes).


== Informations à l'intention du patient ==
==Évolution==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Informations à l'intention du patient}}
Le pronostic des patients intoxiqués au CO varie en fonction de la gravité, des autres comorbidités et des valeurs de laboratoire. Les personnes qui présentent des anomalies sur un examen d'imagerie par résonance magnétique(IRM) et sur une tomodensitométrie (TDM) ont généralement un mauvais pronostic. Tout patient avec un déficit neurologique persistant ont également un pronostic réservé<ref name=":0" />.


== Guides de pratique et ressources ==
==Prévention==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Guides de pratique et ressources}}
L'installation et la maintenance de détecteurs de CO dans les maisons et les bâtiments sauvent des vies<ref name=":0" />. Les patients doivent être informés de l'importance des alarmes des détecteurs de CO à domicile<ref name=":0" />. Si le patient est fumeur, des conseils en arrêt tabagique peuvent aussi être bénéfiques. 


== Notes ==
==Notes==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Notes}}
<references group="note" />
<references group="note" />
 
==Références==
== Références ==
{{Article importé d'une source
{{Section ontologique|classe=Classification clinique|nom=Références}}
| accès = 2020/11/07
| source = StatPearls
| version_outil_d'importation = 0.2a
| révisé = 1
| révision = 2020/07/17
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| nom = Carbon Monoxide Toxicity
|url=}}
<references />
<references />

Dernière version du 19 avril 2024 à 14:33

Intoxication au monoxyde de carbone (Intox au CO)
Maladie

Caractéristiques
Signes Ataxie , Nystagmus , Détresse respiratoire, Cécité corticale, Tachycardie , Tachypnée , Rythme cardiaque irrégulier, Pouls filant, Hémorragie rétinienne, Apraxie, ... [+]
Symptômes
Coma, Confusion, Convulsions, Faiblesse musculaire, Incontinence, Nausées, Dyspnée , Vertige , Céphalée , Altération de l'état de conscience , ... [+]
Diagnostic différentiel
Encéphalite, Acidocétose diabétique, Hypothyroïdie, Méthémoglobinémie, Migraine, Accident vasculaire cérébral, Traumatisme cranio-cérébral, Grippe, Labyrinthite, Intoxication à l'éthanol, ... [+]
Informations
Terme anglais Carbon monoxide poisoning
Wikidata ID Q125367
SNOMED CT ID 230293003
Spécialités Médecine d'urgence, Médecine interne, Médecine hyperbare, Anesthésie, Soins intensifs, Toxicologie


Le monoxyde de carbone est un gaz qui, après inhalation, peut causer une intoxication. Le monoxyde de carbone (CO) est un produit de la combustion des matières organiques dans des conditions d'apport insuffisant en oxygène, empêchant l'oxydation complète en dioxyde de carbone (CO2).[1]

Épidémiologie

Aux États-Unis, de 1999 à 2004, 16 447 certificats de décès ont enregistré l'intoxication au CO comme facteur contributoire. Parmi ces décès, il y aurait une moyenne de 439 décès par année dont la cause direct serait une intoxication accidentelle au monoxyde de carbone, non liée à des incendies[2].

Selon les estimations, 40 000 personnes par an ont besoin de soins médicaux en raison d'une intoxication au CO aux États-Unis[3]. Environ 30 % à 40 % des victimes d'intoxication au CO meurent avant leur arrivée à l'hôpital. Parmi les personnes hospitalisées, environ 2 % décèdent, 10 % se rétablissent partiellement et 23 à 47 % souffrent de séquelles neurologiques retardées[4][5].

Les sources d'intoxication accidentelle au CO sont les feux ouverts (42 %), les expositions professionnelles dans l'industrie (26 %) et les fours défectueux (19 %). Seulement 4 % des cas d'intoxications au CO sont causées par des véhicules à moteur et 88 % d'entre eux sont le résultat d'une tentative de suicide[6].

Le CO peut être responsable de 50 % de toutes les intoxications mortelles. Son taux de mortalité se situe entre 0,5 et 1,0 par 1 000 000 d'habitants. Chez les victimes d'incendie, l'empoisonnement au CO est la principale cause de décès.

Selon Statistique Canada, 4 990 décès liés à une intoxication au CO ont été recensés entre 2000 et 2013 : de ce nombre, 3 865 comportaient une cause sous-jacente au décès, alors que 1 125 n'en comportaient aucune. Durant cette période, le Québec a enregistré le nombre le plus élevé de décès (n=1 445)[7]. Au Québec, en 2016, 216 cas d'intoxication au CO ont été déclarés officiellement (maladie à déclaration obligatoire), mais ce nombre est probablement sous-estimé. Dans un cas sur sept, la personne intoxiquée est décédé.[8]

Étiologies

Le CO, qui se mélange à l'air inspiré, pénètre dans le corps par les poumons. Il est alors facilement absorbé dans le sang. L'exposition aux vapeurs de chlorure de méthylène (décapant à peinture) est aussi une source de CO. Le chlorure de méthylène peut être absorbé par les poumons, par la peau ou par voie orale, puis métabolisé dans le foie, entrainant la formation de CO endogène.

Les sources d'exposition au CO le plus souvent impliquées dans les intoxications accidentelles au Québec sont[8]:

  • les appareils de chauffage
  • les véhicules à moteur
  • les incendies
  • les appareils et outils à moteur
  • les appareils de camping ou de plein air
  • le chlorure de méthylène.

Les empoisonnements ont tendance à être plus fréquents pendant les mois d'hiver lorsque des appareils de chauffage mal ventilés ou mal entretenus peuvent empoisonner des ménages entiers ou les résidents d'immeubles d'habitation à logements multiples. Les incendies domestiques et les tentatives de suicide sont également des causes courantes d'intoxication au CO. Le CO peut également empoisonner les plongeurs si les réservoirs sont remplis près d'un compresseur qui n'est pas suffisamment ventilé.

Physiopathologie

Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz incolore, insipide et inodore dont la formation est généralement causée par une combustion incomplète de composés carbonés. Les sources courantes de CO comprennent le feu, les gaz d'échappement des moteurs et les fours défectueux. Le CO est, de par sa nature, très difficile à détecter même à forte concentration, à moins d'avoir un détecteur de CO[9][10][11][5].

La toxicité du CO est principalement due à son effet sur la liaison de l'oxygène à la molécule d'hémoglobine. Le CO se lie à l'hémoglobine formant la carboxyhémoglobine (HbCO) avec une affinité 220 % plus grande pour l'hémoglobine que l'oxygène. Cela réduit la capacité de transport d'oxygène de l'hémoglobine et conduit à une hypoxie cellulaire. La carboxyhémoglobine augmente l'affinité de l'hémoglobine non liée pour l'O2, provoquant ainsi un déplacement vers la gauche de la courbe de dissociation de l'oxyhémoglobine. Ceci a pour effet de diminuer la libération de l'O2 au niveau cellulaire. De plus, le CO se lie à la fraction hème de la cytochrome c oxydase dans la chaîne de transport d'électrons et inhibe la respiration mitochondriale. Ces effets entraînent une pO2 tissulaire et intracellulaire plus faible que ce à quoi on pourrait s'attendre pour une concentration d'oxygène sanguin donnée. La concentration d'hémoglobine et la pO2 du sang peuvent être normales, mais la teneur en oxygène du sang est considérablement réduite[12][13][5].

En raison de sa très grande affinité pour l'hémoglobine, la majeure partie du CO absorbé demeure dans le sang. Cependant, une petite partie se retrouve dans les tissus, en particulier dans le cœur et dans le cerveau, ce qui expliquerait mieux certains symptômes neurologiques retardés[14]. Une théorie récente suggère que le CO entraîne la production de radicaux libres qui causeraient une peroxydation des lipides au niveau cérébral et entraîneraient les dommages neuronaux associés à l'intoxication au CO[15][16].

Présentation clinique

Facteurs de risque

Tout le monde est à risque d'intoxication au CO. Cependant, les nourrissons, les personnes âgées, les personnes souffrant de maladie cardiaque chronique, d'anémie ou de problèmes respiratoires sont plus susceptibles d'être affectée par une exposition au CO[17]. Certains facteurs de risque sont :

Questionnaire

La présentation clinique d'une intoxication au CO varie en fonction de[18]:

  • la quantité de CO dans l'air inhalé
  • la durée de l'exposition au CO
  • la sensibilité de la personne au CO
  • l'état de santé de la personne.

Les symptômes de l'intoxication au CO sont variables et non spécifiques : l'intoxication peut être insidieuse ou soudaine. Les symptômes peuvent n'être que légèrement gênants, mais peuvent aussi aller jusqu'à causer la mort du patient. Les symptômes les plus souvent retrouvés sont :

D'autres symptômes fréquents incluent la douleur abdominale, des acouphènes, de l'incontinence et des vertiges.

Symptomatologie en fonction du taux maximal de carboxyhémoglobinémie (%)[20]
Concentration sérique

de HbCO (%)

Effets probables à la suite d'une exposition aiguë

chez un adulte en bonne santé

0,3-0,7
  • Niveau normal chez une population non exposée, aucun effet attendu
3,5
  • Indice biologique d'exposition[note 1][21] (pour une exposition à 25 ppm pendant 8 heures)
5-10
  • Diminution de la capacité à effectuer un effort physique intense
  • Possibilité d'effets neurocomportementaux
10-20
20-30
  • Céphalée sévère
  • Nausées
  • Étourdissements
  • palpitation(tachycardie)
30-40
40-50
50-70
> 66
  • Décès

Examen clinique

Il est important de noter que l'oxymétrie de pouls ne permet pas de différencier l'Hb normale de la carboxyhémoglobine et donne donc une lecture faussement élevée de l'oxyhémoglobinémie. Étant donné que les oxymètres de pouls périphériques standards ne peuvent pas différencier le HbCO de l'oxyhémoglobine, la saturation en oxygène (SpO2) ne montrera donc aucune anomalie sur le moniteur.

L'examen physique a une valeur limitée. Il faut chercher tout particulièrement une atteinte du système nerveux central ou cardiaque. À l'examen clinique, certains signes peuvent être objectivés selon le système atteint[5]:

Examens paracliniques

Les examens de laboratoire suggérés sont :

Les examens d'imagerie suggérés sont :

  • la radiographie pulmonaire afin de rechercher des signes de surcharge pulmonaire, un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) et de pneumonie d'aspiration
  • la tomodensitométrie cérébrale sans contraste :
    • elle n'est pas essentielle au diagnostic, mais peut être utile pour éliminer d'autres diagnostics en cas d'atteinte du SNC
    • l'intoxication au CO peut entrainer des changements visibles au globus pallidus.

Approche clinique

L'augmentation de la carboxyhémoglobinémie est caractéristique de l'intoxication au CO. Elle peut toutefois être basse, car la concentration en CO diminue rapidement lorsqu'on cesse l'exposition (surtout une fois que le traitement avec de l'oxygène est débuté, lors du transport en ambulance par exemple). En règle générale, un échantillon de gaz sanguin artériel avec une analyse de co-oxymétrie est l'étape initiale la plus utile afin de déterminer le niveau de carboxyhémoglobine. Ce nombre ne doit cependant pas être la base sur laquelle le plan de traitement est construit, car les niveaux de HbCO sont vaguement associés aux symptômes, et il n'y a pas de corrélation directe entre les niveaux de HbCO et la gravité des symptômes ou le risque de mortalité et de morbidité.

Diagnostic

Le niveau d'HbCO sanguin établit le diagnostic. Il ne reflète toutefois pas la gravité de l'intoxication, sauf si le prélèvement est effectué tout de suite après l'exposition. Le niveau de HbCO n'a pas non plus de valeur pronostic. Les niveaux de HbCO supérieurs à 3 % ou 4 % chez les non-fumeurs et à 10 % chez les fumeurs sont généralement considérés en dehors des limites normales.[5]

Il est admis que des niveaux supérieurs à 20 % chez les adultes indiquent un empoisonnement important, et des niveaux supérieurs à 15 % chez les enfants sont considérés comme significatifs[5].

Diagnostic différentiel

Il faut toujours suspecter une ingestion de médicaments ou d'autres substances toxiques en cas de tentative de suicide. Ce ne sont pas des diagnostics différentiels autant que des diagnostics concomitants à considérer.

Le diagnostic différentiel comprend[5] :

Traitement

La prise en charge d'une intoxication au CO inclut :

  • retirer la source de CO ou sortir la personne de l'environnement contaminé
  • une réanimation initiale en lien avec l'évaluation primaire (Airway, Breathing, Circulation)
  • l'administration d'O2 à 100 % (sans attendre le résultat de la carboxyhémoglobinémie) pendant 4 à 6 heures ou jusqu'à l'arrêt des symptômes (pierre angulaire du traitement)[23]
  • l'O2 hyperbare si disponible (voir ci-bas)
  • s'il y a un contexte d'incendie, considérer le traitement concomitant d'une possible intoxication au cyanure par la B12.

Chambre hyperbare

Il s'agit d'une chambre à 2-3 atmosphères d'O2 100 %. L'administration d'O2 à haute concentration permettra de créer un gradient de diffusion pour déloger le CO de l'Hb, de diminuer le temps de demi-vie du CO et d'augmenter l'O2 dissout. Les effets de ce traitement sont optimaux lorsque le premier traitement est amorcé dans les 6 heures suivant l’empoisonnement. Les patients reçoivent généralement trois traitements dans les premières 24 heures, puis la réponse du patient est réévaluée avant de poursuivre les traitements quotidiens.

Malgré le traitement hyperbare, jusqu'à 40 % des patients peuvent développer une déficience neurocognitive chronique et, par conséquent, les patients doivent être suivis pour une évaluation neuropsychologique environ 1 à 2 mois après l'intoxication.

L'utilisation d'une chambre hyperbare nécessite que le patient soit hospitalisé et stabilisé préalablement. Elle est indiquée pour les situations suivantes :

  • tout problème neurologique persistant après plus de 4 heures de traitement à l'O2 100 % (sauf céphalée)
  • l'HbCO > 25 % avec ou sans symptôme
  • l'HbCO > 20 % avec antécédents de maladie coronarienne athérosclérosante (ATCD MCAS)
  • l'HbCO > 15 % si grossesse
  • la détresse fœtale
  • l'acidose métabolique avec pH < 7,1
  • la syncope
  • une atteinte nouvelle aux tests psychométriques
  • une anomalie à l'examen neurologique
  • une altération de l'état de conscience : Glasgow Coma Scale (GCS) ≤ 14
  • des complications cardio-respiratoires, atteinte cardiaque ischémique, changement à l'ECG, douleur rétrosternale (DRS), oedème pulmonaire ou une arythmie).

Quelques effets indésirables possibles en lien avec l'utilisation de la chambre hyperbare existent, dont le dysbarisme, le pneumothorax et la maladie de décompression.[5]

Le tableau ci-bas indique la demi-vie du CO en fonction de la concentration et de la pression d'O2 administré. Le traitement optimal pour une intoxication significative au CO est l'oxygénothérapie hyperbare.

Demi-vie du CO en fonction de la pression partielle de l'O2
Traitement à l'O2 Demi-vie du CO
Air ambiant (FiO2 21 %) 240-320 min
Oxygène pur (FiO2 100 %) 1 ATM 60-90 min
O2 hyperbare (2,8 ATM) 20-30 min

Suivi

Les patients asymptomatiques dont le taux d'HbCO est inférieur à 10 % peuvent sortir de l'hôpital. En cas d'intoxication accidentelle au CO, les patients doivent être suivis dans les 4 à 6 semaines pour dépister les séquelles neurocognitives. En cas d'empoisonnement intentionnel, un suivi psychiatrique est obligatoire, étant donné le taux élevé de suicides ultérieurs[24].

Les patients admis doivent être suivis en soins intensifs avec un suivi cardiaque et neurologique[25].

Complications

Les complications associés à une intoxication au CO sont[5]:

Évolution

Le pronostic des patients intoxiqués au CO varie en fonction de la gravité, des autres comorbidités et des valeurs de laboratoire. Les personnes qui présentent des anomalies sur un examen d'imagerie par résonance magnétique(IRM) et sur une tomodensitométrie (TDM) ont généralement un mauvais pronostic. Tout patient avec un déficit neurologique persistant ont également un pronostic réservé[5].

Prévention

L'installation et la maintenance de détecteurs de CO dans les maisons et les bâtiments sauvent des vies[5]. Les patients doivent être informés de l'importance des alarmes des détecteurs de CO à domicile[5]. Si le patient est fumeur, des conseils en arrêt tabagique peuvent aussi être bénéfiques.

Notes

  1. Les indices biologiques d’exposition (IBE) sont des valeurs de référence auxquelles un intervenant en santé se réfère afin d’évaluer le risque pour la santé après une exposition professionnelle à des composants chimiques. En général, ces valeurs correspondent à la concentration biologique moyenne obtenue dans une population de travailleurs sains, qui ont été exposés à des niveaux de contaminants équivalents aux normes (8 heures par jour, 5 jours par semaine) et en ne tenant compte que de l’absorption pulmonaire. Ces valeurs sont basées sur la connaissance de la relation dose externe/dose interne.
  2. Cette saturation en O2 représente l'O2 dissous et n'est donc pas affectée par la concentration en carboxyhémoglobine. La SpO2 est normale mais la saturation de Hb est plus grande que la normale.
  3. Le risque de thromboembolie veineuse est significativement élevé au cours des 90 premiers jours suivant l'empoisonnement au CO. Le risque est particulièrement élevé au cours des 30 premiers jours pour l'embolie pulmonaire et la thrombose veineuse profonde. Il faut être attentif aux signes et symptômes de thromboembolie veineuse dans les 3 mois suivant l'intoxication au CO.

Références

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  2. Centers for Disease Control and Prevention (CDC), « Carbon monoxide--related deaths--United States, 1999-2004 », MMWR. Morbidity and mortality weekly report, vol. 56, no 50,‎ , p. 1309–1312 (ISSN 1545-861X, PMID 18097342, lire en ligne)
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