Gastro-entérite virale
La gastro-entérite virale (GEV) est une infection du système digestif causée par un virus.
Épidémiologie
La GEV est une maladie courante dans le monde. Les agents pathogènes viraux sont à l'origine de la plupart des cas de GEV. La diarrhée aiguë est généralement autorésolutive dans les pays industrialisés, mais peut avoir une morbidité importante chez les patients jeunes et âgés. Dans les pays sous-développés, les diarrhées virales sont une cause importante de décès, en particulier chez les nourrissons [1][2]. Selon le Center for Disease Control, les infections de GEV sont responsables de plus de 200 000 décès d'enfants par an dans le monde. Des cas isolés peuvent survenir, mais la GEV survient plus fréquemment lors d'éclosions dans des milieux où les contacts entre personnes sont étroits, tels que les garderies, les établissements de santé et les croisières.
La cause la plus fréquente des diarrhées aiguës dans le monde est la GEV. Les hommes et les femmes sont touchés de façon égale. Aux États-Unis, presque tous les Américains auront au moins une GEV par année[3].
La vaccination croissante contre le rotavirus contribue à la diminution du nombre global de cas. D'autres causes virales, telles que l'adénovirus, le sapovirus et l'astrovirus, représentent 2 à 9 % des cas dans le monde, avec une prévalence plus élevée pour les enfants que pour les adultes [4][5].
Type de virus | Épidémiologie |
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Rotavirus |
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Norovirus |
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Sapovirus |
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Astrovirus |
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Adénovirus | |
Coronaviridae (SARS-CoV) et Covid-19[16] | COVID-19[16]:
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Étiologies
Plusieurs virus différents (les rotavirus, les norovirus, les adénovirus, les sapovirus, les astrovirus et les coronavirus) sont responsables de la plupart des cas de GEV aiguë[4][5]. La plupart de ces virus sont transmis par voie fécale-orale, y compris les aliments et l'eau contaminés. Il a également été démontré que la transmission se produit par contact direct et indirect, et peut-être par aérosol. Le norovirus est plus résistant à l'inactivation du chlore et de l'éthanol que les autres virus[5].
Physiopathologie
En général, ce sont les effets engendrés sur les entérocytes par les virus et certaines cytotoxines, qui occasionnent les manifestations cliniques de la GEV. Le virus se réplique dans les entérocytes, ce qui résulte en une perturbation des membranes apicales et une malabsorption. Ce phénomène explique le caractère osmotique de la diarrhée [17]. De plus, les toxines virales entraînent des dommages directs et une lyse cellulaire des entérocytes et des villosités intestinales, provoquant une perte transudative de liquide dans l'intestin [18]. Il est donc possible de retrouver également une composante sécrétoire à la diarrhée. La perturbation de la fonction des entérocytes engendre des troubles électrolytiques et acido-basiques par la perte de différents transporteurs. Le virus est ensuite excrété par les matières fécales et parfois par les vomissements. La charge virale maximale dans les selles est atteinte entre 24 et 48 heures après le début des symptômes. Certaines études démontrent une excrétion virale au niveau des selles s'étalant sur plusieurs semaines[5] [17][18].
Pour le rotavirus, la pathogenèse s'explique par plusieurs mécanismes possibles, dont la malabsorption due aux lésions des muqueuses, la sécrétion d'entérotoxines virales et la diarrhée sécrétoire secondaire. Le rotavirus augmente la sécrétion d'électrolytes au niveau de l'intestin grêle et diminue le co-transport de glucose avec ces électrolytes [17][5]. Il existe certaines particularités physiopathologiques pour le rotavirus :
- L'excrétion virale au niveau des selles peut perdurer jusqu'à 10 jours. [19]
- Les adultes sont plus susceptibles d'être des porteurs asymptomatiques.
- Les personnes immunodéficientes peuvent présenter une maladie plus prolongée et plus grave, avec une excrétion virale plus longue [20].[5]
- La réplication virale est limitée au tractus gastro-intestinal[9].
Dans le cas du norovirus, l'infection engendre une perte de villosités tout en épargnant les muqueuses [18]. Ces changements surviennent rapidement et disparaissent généralement deux semaines après le début de la maladie. L'absorption des graisses et du d-xylose est diminuée pendant cette période, ce qui résulte en une diarrhée osmotique [18]. À la différence du rotavirus, il ne semble pas y avoir de production d'entérotoxines[5].
Le sapovirus est transmis par voie fécale-orale, soit par contact direct ou indirect, ou même par aérosol[15].
L'astrovirus est transmis par la voie fécale-orale[3][15]. Il se présente par des éclosions[14].
L'adénovirus est transmis de personne à personne, mais les adultes ne sont pas un vecteur commun[15].
Le SARS-CoV a un tropisme pour les intestins et peut se transmettre dans les matières fécales[3].
La Covid-19 pourrait être transmise par la voie gastrointestinale secondaire à une liaison aux récepteurs de l'enzyme convertissant l'angiotensine de type 2, un récepteur commun dans le tractus gastrointestinal et dans les cholangiocytes[16].
Présentation clinique
Facteurs de risque
Les principaux facteurs de risque sont :
- l'âge (nourrisson et personne âgée)
- l'exposition à des aliments contaminés, par exemple dans un hôtel ou dans une croisière (norovirus)
- un séjour dans une garderie, une prison ou un établissement de santé (norovirus, rotavirus)[1].
- les voyages
- l'exposition à des individus présentant les mêmes symptômes (ex. exposition professionnelle)
- l'immunosuppression.
Il est important de rechercher des sources d'exposition, telles que des contacts ou l'ingestion d'aliments potentiellement contaminés. Pour ce qui est du temps d'incubation, il est approximativement 2,0 jours pour le rotavirus[21], et environ 1,2 jour pour le norovirus[22]. L'exposition à des aliments ou à des personnes contaminées se situe généralement dans cet intervalle.
Questionnaire
Le tableau clinique est caractérisé par une apparition rapide des symptômes suivants (généralement en quelques heures) [5]:
- des diarrhées non sanglantes sans mucus[23]
- des nausées et des vomissements
- des crampes abdominales et des douleurs abdominales diffuses
- des céphalées
- des myalgies
- une perte de poids
- de la fièvre
- des malaises.
Parfois, le patient peut être complètement asymptomatique. [9] Les symptômes durent généralement moins d'une semaine, s'améliorant le plus souvent après 1 à 3 jours. [5] Des diarrhées de plus de 6 ou 7 jours laissent suspecter d'autres causes[15].
Au questionnaire, il faut aussi évaluer le risque de déshydratation, qui est un facteur de risque de mortalité[1].
Examen clinique
À l'examen physique, les signes cliniques suivants peuvent être observés :
- des signes de déshydratation doivent être recherchés (temps de remplissage capillaire allongé, présence de pli cutané, muqueuse sèche, absence de larmes, etc.)
- aux signes vitaux :
- de la fièvre (typiquement de bas grade)
- de la tachycardie
- de la tachypnée
- une hypotension artérielle
- à l'examen abdominal :
- le péristaltisme augmenté
- une sensibilité diffuse et légère à la palpation
- une absence de défense
- le toucher rectal se caractérise par l'absence d'hématochésie.
Examens paracliniques
Les examens paracliniques sont utilisés pour aider à éliminer d’autres diagnostics différentiels et des complications potentielles[5] :
- la FSC :
- la leucocytoseest fréquente, typiquement avec une prédominance de neutrophiles ou de lymphocytes. Il est également possible de retrouver une lymphopénie dans certains cas
- l'hématocrite peut être augmentée s'il y a déshydratation associée
- les ions sont requis s'il y a des indices de déshydratation, permettant de démontrer et de traiter des troubles électrolytiques potentiellement sévères.
- la créatininémie permet d'évaluer la présence d'insuffisance rénale aiguë
- un gaz sanguin pourrait démontrer une alcalose métabolique ou une acidose métabolique
- les cultures de selles sont normales pour la GEV, mais sont indiquées pour les patients présentant des selles sanglantes, une forte fièvre, des douleurs abdominales sévères ou une déshydratation sévère
- la recherche de la toxine du C. difficile est normale et la recherche de parasite dans les selles est normale, mais ces tests peuvent être indiquées chez les patients à risque de telles infections.
Généralement, les imageries de l'abdomen (TDM, RX abdominal, échographie) ne sont pas nécessaires, sauf s'il s'agit d'éliminer un diagnostic alternatif. Les imageries abdominales seront le plus souvent normales. La tomodensitométrie abdominale avec contraste démontre des trouvailles non spécifiques telles qu'un épaississement léger et diffus de la paroi colique ou d'autres changements inflammatoires de l'intestin. [5]
Diagnostic
Le diagnostic de la GEV est principalement basé sur la présentation clinique, mais un PCR des selles peut être utilisé pour confirmer le rotavirus[3], le norovirus[18], l'astrovirus et l'adénovirus[15].
Diagnostic différentiel
La GEV comporte un diagnostic différentiel assez large [5]:
- l'intoxication alimentaire
- des entérites bactériennes ou protozoaires :
- l'appendicite
- la diverticulite
- les maladies inflammatoires intestinales
- la gastrite
- la cholécystite aiguë
- l'obstruction de l'intestin grêle
- les IVRS
- certains types de pneumonie bactérienne[note 2].
De nombreux cas de pathologies abdominales occultes sont initialement diagnostiquées comme des gastro-entérites virales.
Traitement
Quelle que soit la cause virale, le traitement vise l'amélioration des symptômes et le maintien de l'état volémique [1][2].
Intervention | Description |
---|---|
admission |
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Hydratation |
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Antiémétiques[25] |
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Antidiarrhéiques |
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Recommendations nutritionnelles |
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Allaitement |
Complications
Les complications de la GEV à anticiper sont[27][5][28]:
- la déshydratation (peut être sévère), l'hypovolémie et le choc hypovolémique
- les dysélectrolytémies
- l'insuffisance rénale aiguë
- l'acidose métabolique et l'alcalose métabolique
- l'aspiration.
Évolution
Le pronostic dans la plupart des cas est très bon, la condition étant autorésolutive. Cependant, il est essentiel que le patient continue à maintenir son hydratation orale même s'il ne cherche pas de soins médicaux. La mortalité survient à des âges extrêmes et chez les personnes immunosupprimées. Aujourd'hui, les calcivirus sont associés à plus de décès que les rotavirus. Les norovirus ont été impliqués dans de nombreuses épidémies dans les foyers de soins et la diarrhée associée est souvent grave. Les nouvelles souches de norovirus ont évolué et continuent d'être plus virulentes[5]. Aux États-Unis et dans d'autres pays industrialisés, la maladie est le plus souvent spontanément résolutive et disparaît en 1 à 3 jours.
Prévention
La vaccination est un moyen efficace de prévenir le rotavirus. De plus, une bonne hygiène et le lavage fréquent des mains aident aussi à prévenir la maladie particulièrement dans les centres hospitaliers. L'isolement des cas et l'équipement de protection individuelle est efficace pour prévenir la transmission[3][9][18]. L'hygiène alimentaire est également vitale pour limiter la propagation virale.
Notes
- ↑ Le norovirus est moins commun dans des situations de haute mortalité (14 %) comparativement à des situations de basse mortalité (20 %).
- ↑ Peuvent également présenter des symptômes similaires à ceux de la GEV.
- ↑ Attention aux symptômes extra-pyramidaux.
- ↑ À éviter chez la personne âgée vue les effets sédatifs.
Références
- Cette page a été modifiée ou créée le 2020/11/11 à partir de Viral Gastroenteritis (StatPearls / Viral Gastroenteritis (2020/06/25)), écrite par les contributeurs de StatPearls et partagée sous la licence CC-BY 4.0 international (jusqu'au 2022-12-08). Le contenu original est disponible à https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30085537 (livre).
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