Bronchite aiguë
Maladie | |
Caractéristiques | |
---|---|
Signes | Ronchi , Aucun signe clinique , Sibilances , Température corporelle élevée |
Symptômes |
Dyspnée , Infection des voies respiratoires supérieures, Expectorations, Douleur thoracique , Toux , Malaises , Température corporelle élevée |
Diagnostic différentiel |
Embolie pulmonaire, Insuffisance cardiaque, Maladie pulmonaire obstructive chronique, Asthme, Bronchiectasies, Bronchiolite, Coqueluche, Infection des voies respiratoires supérieures, COVID-19, Pneumonie acquise en communauté, ... [+] |
Informations | |
Terme anglais | Acute bronchitis |
Spécialités | Pneumologie, médecine familiale |
|
La bronchite aiguë est une maladie caractérisée par une inflammation aiguë des bronches et des bronchioles.[1]
Épidémiologie
Aux États-Unis, on estime que chaque année, 5 % de la population générale signale un épisode de bronchite aiguë, ce qui représente plus de 10 millions de visites par an.[2]
Comme la plupart des maladies virales des voies respiratoires, la bronchite aiguë est fréquente pendant la saison grippale, soit en automne et en hiver.[3]
Étiologies
Catégorie | Pathogène |
---|---|
Virale (> 90 %) | |
Bactérienne (< 10 %) | |
Autre[3] |
Physiopathologie
La bronchite aiguë est le résultat d'une inflammation aiguë des bronches secondaire à divers déclencheurs, le plus souvent une infection virale. L'inflammation de la paroi bronchique entraîne un épaississement de la muqueuse, une desquamation des cellules épithéliales et une dénudation de la membrane basale[5].
Présentation clinique
Facteurs de risque
Les facteurs de risque sont[3]:
- le tabagisme
- l'asthme
- la pollution atmosphérique
- vivre dans un endroit surpeuplé.
Questionnaire
Les symptômes de la bronchite aiguë sont[4] :
- un malaise[3]
- un prodrome d'IVRS[3]
- la toux sèche ou grasse (symptôme majeur) :
- dure en général 2 à 3 semaines, mais peut aller jusqu’à 6 semaines
- de la dyspnée[6]
- une douleur thoracique centrale lors de la toux et un inconfort thoracique persistant entre les épisodes de toux[note 1]
- la présence d’expectorations purulentes ou colorées est fréquente, mais n’est pas un bon indicateur d’infection bactérienne chez l’individu en santé[note 2]
- une légère fièvre peut être présente, mais le patient est le plus souvent afébrile
- la présence de fièvre suggère la possibilité d’une autre pathologie (p. ex. pneumonie, grippe).
Envisager une infection à B. pertussis (coqueluche) si plus d’un de ces facteurs sont présents[4] :
- une toux coqueluchoïde (aboyante, chant de coq)
- une toux durant > 3 semaines
- des vomissements (causés par la toux)
- une exposition à la coqueluche
- un patient non vacciné contre la coqueluche.
Examen clinique
L'examen clinique permet d'objectiver les signes suivants[4][6]:
- les signes vitaux sont habituellement normaux, mais le patient est parfois subfébrile [Pr: 33 %]
- l'examen pulmonaire :
- l’auscultation des poumons est généralement normale
- la présence de ronchi (améliorés par la toux) ou de sibilances est possible
- une hypoxie, fièvre élevée, une diminution du murmure vésiculaire, un souffle tubaire, des crépitants ou une égophonie indiquent une potentielle pneumonie.
Examens paracliniques
Aucun examen paraclinique n'est généralement recommandée pour diagnostiquer la bronchite aiguë[4]:
- FSC : leucocytose [Pr: 20 %][6]
- Culture d'expectorations, PCR influenza, PCR COVID-19:
- L’identification de l’agent infectieux n’est pas recommandée d'emblée[4].
- Ne faire que si celle-ci changera la conduite.
- Radiographie pulmonaire:
- n’est pas recommandée pour le diagnostic de la bronchite
- à faire dans les cas suivants pour éliminer la pneumonie ou une autre pathologie[7] :
- dyspnée
- expectorations sanguinolentes ou crachats rouille
- tachycardie
- tachypnée
- fièvre
- anomalies à l'examen pulmonaire
- âge > 75 ans[note 3]
- pourra démontrer de l'épaississement péribronchique.
-
Épaississement péribronchique autour des hiles
-
Épaississement péribronchique
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel de la maladie est[6] :
- la MPOC
- une IVRS avec une toux sur un jetage postérieur[3]
- la coqueluche (chez les non vaccinés)
- la bronchiolite
- l'influenza
- la pneumonie acquise en communauté
- la COVID-19
- du RGO
- l'exacerbation aiguë de la MPOC
- l'asthme et exacerbation de l'asthme[note 4][3]
- l'insuffisance cardiaque
- une embolie pulmonaire[3].
Traitement
Traitement symptomatique
Médicament | Description | |
---|---|---|
Analgésique / antipyrétique |
| |
Antitussifs | dextrométhorphane (DM) |
|
chlophédianol |
| |
Codéine, morphine, norméthadone, hydrocodone |
| |
expectorant |
| |
bronchodilatateur |
| |
Corticostéroïdes (inhalés ou oraux) |
|
Antibiothérapie
L’efficacité des antibiotiques est très modeste. Lorsque le traitement antibiotique est comparé au traitement placebo, il est observé [4]:
- une diminution moyenne de :
- 0,5 jour de la durée de la toux
- 0,5 jour d’activité perdu
- une augmentation de 20 % des effets indésirables.
En présence de:
- comorbidités majeures
- persistance de la toux (> 3 semaines)
- âge ≥ 75 ans
Un antibiotique pourrait être suggéré selon le jugement clinique et en considérant les risques d’effets indésirables et d’interactions médicamenteuses[4].
Antibiotique | Posologie |
---|---|
clarithromycine | 500 mg PO BID x 5 jours |
clarithromycine XL | 1000 mg PO DIE x 5 jours |
azithromycine[note 5][8] | 500 mg PO DIE le 1er jour puis 250 mg PO DIE du 2e au 5e jour |
doxycycline | 100 mg PO BID x 7 jours |
Consultation en pneumologie
Diriger le patient vers le pneumologue s’il y a [4]:
- persistance de la toux au-delà de 6 semaines et après l'essai d'au moins une thérapie
- plus de 3 bronchites aiguës dans l’année.
Complications
Les complications potentielles sont :
- la pneumonie acquise en communauté[3]
- des fractures costales secondaires à la toux chez les patients ostéoporotiques[9]
- une surutilisation des antibiotiques
- un ARDS (très rare)[10].
Suivi
Réévaluer s'il y a persistance de la toux après 3 semaines ou aggravation[4].
Évolution
La bronchite aiguë guérit généralement en moins de 4 semaines[4]. La durée médiane des symptômes est de 18 jours.[6]
Prévention
La prévention se fait comme suit[4] :
- hygiène régulière des mains et étiquette respiratoire
- vaccination annuelle contre l’influenza.
Notes
- ↑ Une toux répétitive peut occasionner des douleurs thoraciques.
- ↑ Leur présence chez des individus atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique pourrait nécessiter un traitement pour une EAMPOC.
- ↑ La présentation des pneumonies peut être plus frustre dans cette population.
- ↑ 33% des patients avec une exacerbation d'asthme vont avoir comme diagnostic un bronchite aiguë
- ↑ Un risque significativement plus bas d’émergences de résistance aux macrolides lors de l’usage de la clarithromycine en comparaison avec l’azithromycine.
Références
- ↑ « Bronchite aiguë », Wikipédia, (lire en ligne)
- ↑ 2,0 et 2,1 Sidney S. Braman, « Chronic cough due to acute bronchitis: ACCP evidence-based clinical practice guidelines », Chest, vol. 129, no 1 Suppl, , p. 95S–103S (ISSN 0012-3692, PMID 16428698, Central PMCID 7094612, DOI 10.1378/chest.129.1_suppl.95S, lire en ligne)
- ↑ 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 3,7 et 3,8 Anumeha Singh, Akshay Avula et Elise Zahn, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28846312, lire en ligne)
- ↑ 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10 4,11 et 4,12 « Bronchite aiguë », sur INESSS, (consulté le 6 juin 2022)
- ↑ Richard P. Wenzel et Alpha A. Fowler, « Clinical practice. Acute bronchitis », The New England Journal of Medicine, vol. 355, no 20, , p. 2125–2130 (ISSN 1533-4406, PMID 17108344, DOI 10.1056/NEJMcp061493, lire en ligne)
- ↑ 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 (en-US) Scott Kinkade et Natalie A. Long, « Acute Bronchitis », American Family Physician, vol. 94, no 7, , p. 560–565 (lire en ligne)
- ↑ Sidney S. Braman, « Chronic cough due to acute bronchitis: ACCP evidence-based clinical practice guidelines », Chest, vol. 129, no 1 Suppl, , p. 95S–103S (ISSN 0012-3692, PMID 16428698, Central PMCID 7094612, DOI 10.1378/chest.129.1_suppl.95S, lire en ligne)
- ↑ Otto G. Vanderkooi, Donald E. Low, Karen Green et Jeff E. Powis, « Predicting antimicrobial resistance in invasive pneumococcal infections », Clinical Infectious Diseases: An Official Publication of the Infectious Diseases Society of America, vol. 40, no 9, , p. 1288–1297 (ISSN 1537-6591, PMID 15825031, DOI 10.1086/429242, lire en ligne)
- ↑ Opinion d'expert (Utilisateur:Antoine Mercier-Linteau) [2022-12-26] Basé sur mon expérience clinique
- ↑ Parita Soni, Anand Rai, Nidhi Aggarwal et Stephan Kamholz, « Enterovirus-Human Rhinovirus: A Rare Cause of Acute Respiratory Distress Syndrome », Journal of Investigative Medicine High Impact Case Reports, vol. 5, no 3, , p. 2324709617728526 (ISSN 2324-7096, PMID 28904980, Central PMCID 5588805, DOI 10.1177/2324709617728526, lire en ligne)