Rectite

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Rectite
Classe de maladie

Rectite à l'herpès génital
Caractéristiques
Signes Douleur à la palpation abdominale , Douleur au toucher rectal , Écoulement rectal , Sang au toucher rectal , Pus au toucher rectal
Symptômes
Crampes abdominales, Nausées, Ténesme, Sensation de défécation incomplète, Asymptomatique , Prurit anal , Diarrhée , Constipation , Hématochézie , Rectorragies , ... [+]
Étiologies
Cause idiopathique, Herpès génital, Vascularites, Traumatisme, Colite ulcéreuse, Neisseria gonorrhoeae, Chlamydia trachomatis, Amibiase, Syphilis, Giardiase, ... [+]
Informations
Terme anglais Proctitis, rectitis
Autres noms Proctite
Wikidata ID Q941770
SNOMED CT ID 3951002
Spécialités Gastro-entérologie, infectiologie, médecine familiale, santé publique, chirurgie générale, oncologie

La rectite, ou proctite, est l'inflammation de la muqueuse rectale qui ne s'étend pas à plus de 10-12 cm de la marche anale[1]. Elle peut être de nature infectieuse ou non-infectieuse et se présenter sous forme aigüe ou chronique[2].

Épidémiologie

La rectite est le plus souvent associée aux maladies inflammatoires intestinales, dont la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse. Plus de 30 % des patients atteints de colite ulcéreuse ont une rectite isolée, on parle de rectite ulcéreuse[3].

L'incidence des rectites infectieuses est en hausse, en particulier chez les HARSAH. Il s'agit le plus souvent d'une ITS[3]. Les rectites gonococcique et chlamydienne surviennent principalement chez les jeunes adultes, avec une incidence supérieure chez les hommes. Parmi les HARSAH, la prévalence de la rectite gonococcique est de 5 %, et celle de la rectite chlamydienne de 9 %[2].

La rectite radique aigüe survient chez 20 % des patients recevant un traitement de radiothérapie dans la région pelvienne, et dure jusqu'à 3 mois après l'initiation du traitement. La rectite radique chronique, quant à elle, survient chez 5 à 11 % des patients après 8 à 13 mois de radiothérapie, et peut durer plusieurs années[4][5]. La rectite par dérivation apparaît de 3 à 36 mois après la dérivation fécale et moins de 50 % des patients présentent des symptômes[5].

Étiologies

Parmi les étiologies infectieuses, on retrouve[1][6] :

Parmi les étiologies non-infectieuses, on retrouve[2] :

Présentation clinique

Facteurs de risque

Les facteurs de risque de rectite par ITS sont[6][1] :

Les facteurs de risque de colite ulcéreuse incluent[10] :

Questionnaire

Les symptômes les plus communs de la rectite sont[1] :

La symptomatologie de la rectite est variable selon le processus pathologique en cause.

Manifestations cliniques selon l'étiologie infectieuse
Étiologie Manifestations cliniques
N. Gonorrhoeae[11]
Page principale: Gonorrhée#Questionnaire
  • Souvent asymptomatique
  • Apparition des symptômes 5 à 10 jours après l'exposition
  • Prurit anal
  • Constipation
  • Écoulement rectal mucopurulent avec ou sans rectorragies
  • Parfois proctalgie et ténesme
C. trachomatis[11]
Page principale: Chlamydiose#Questionnaire
  • Souvent asymptomatique (deux tiers des patients)
  • Prurit anal
  • Écoulement muqueux
  • Analgie
Lymphogranulomatose vénérienne[12]
Page principale: LGV#Questionnaire
  • Stade 1 :
    • 3 à 30 jours après l'exposition
    • Pustule, ulcère ou érosion indolore au site d'inoculation
  • Stade 2 :
    • 3 à 6 mois après l'exposition
    • Symptômes systémiques tels que de la fièvre, de la fatigue, des arthralgies, des myalgies et de l'anorexie
    • Bubons : adénopathies inguinales ou anorectales douloureuses (75%[6]), unilatérales, pouvant suppurer et ulcérer
    • Rectite
      • Manifestation de LGV plus commune chez les femmes
      • Douleur rectale intense
      • Écoulement rectal muqueux, purulent et/ou sanguinolent
      • Ténesme rectal
      • Constipation
  • Stade 3 :
    • Formation d'une stricture ou fistule rectale
    • Lymphœdème et élephantiasis génital dans les cas sévères
    • Suppuration persistante des adénopathies inguinales
Herpès génital[11]
  • Vésicules, souvent au niveau péri-anal et anal mais parfois rectal
  • Ulcération des vésicules au bout de quelques jours
  • Parfois, présence d'une seule lésion mimant une fissure anale ou un chancre syphilitique
  • Proctalgie sévère
  • Ténesme rectal
  • Écoulement mucopurulent
  • Fièvre
  • Adénopathies inguinales
  • Dysurie
  • Paresthésie sacrale
Syphilis[13]
  • Apparition 9 à 90 jours après l'exposition
  • Chancre anorectal (lésion ulcéreuse typiquement dans la portion mi-distale du rectum)
  • Constipation
  • Écoulement muqueux et sanguinolent
  • Ténesme rectal
  • Prurit anal
Entéropathogènes[1]
  • Crampes abdominales
  • Diarrhée
  • Ballonnement
  • Nausée
  • Fièvre
  • Ténesme
  • Écoulement mucopurulent et/ou sanguinolent

Chez les personnes porteuses du VIH, il existe d'autres causes possibles de rectite et les infections sont souvent plus graves[1].

La rectite ulcéreuse se manifeste par des périodes de rémission et de rechute. Les rectites ulcéreuse et radique peuvent présenter des abcès périanaux, des fissures anales ou des fistules anorectales[2].

Examen clinique

Herpès simplex génital

L'examen clinique permet d'objectiver les signes suivants :

Examens paracliniques

Les examens paracliniques pertinents dans le diagnostic de la rectite sont[2][1] :

Maladies à déclaration obligatoire

La santé publique doit être avertie en cas de test positif à[15] (ceci est généralement fait par le laboratoire) :

  • C. trichomatis
  • N. gonorrhoeae
  • T. pallidum.

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel est[2] :

Traitement

La présente section se concentre sur le traitement de la rectite secondaire aux ITSS dans une logique de prise en charge syndromique. Le traitement des autres types de rectite se trouvent sur leurs pages respectives.

Approche syndromique

La décision de traiter de façon empirique l'infection à chlamydia ou gonocoque, ou d'attendre les résultats des tests doit être fondée sur[1] :

  • la gravité de l'état clinique
  • la probabilité qu'une infection soit présente
  • les facteurs de risque d'ITSS décelés chez la personne
  • la disposition de la personne à s'abstenir de toute activité sexuelle et à revenir pour obtenir les résultats des tests ou faire l'objet d'un suivi.

Traiter les partenaires sexuels actuels avec le même traitement empirique que le cas index[1].

Dans le cadre d'un traitement empirique, la présence d'écoulement anorectal est une indication pour le traitement des infections à chlamydia et gonocoque[1].

 Code RAMQ

  • K1: Cas index
Traitement selon l'INESSS (approche syndromique)[14]
1ère intention
  • Ceftriaxone 250 mg IM dose unique ET
  • Doxycycline 100 mg PO BID x 7 jours
    • En cas de LGV, poursuivre la doxycycline pendant 21 jours
2e intention
  • Céfixime 800 mg PO dose unique ET
  • Azithromycine 2 g PO dose unique ET
  • Doxycycline 100 mg PO BID x 7 jours
    • En cas de LGV, poursuivre la doxycycline pendant 21 jours
Traitement selon Santé Canada (approche syndromique)[1]
Traitement Remarque
  • Ceftriaxone 250 mg IM dose unique [A, I, Santé Canada]
  • OU Céfixime 800 mg PO dose unique [A, I, Santé Canada]
  • La céfixime est un traitement alternatif chez les gbHARSAH.
ET
  • Azithromycine 1 g PO dose unique [B, II, Santé Canada]
  • OU Doxycycline 100 mg PO BID x 7 à 10 jours [B, II, Santé Canada]
  • La doxycyline serait plus efficace pour les infections rectales à chlamydia[16][17].
  • Le génotype LGV de la chlamydia requiertun traitement de doxycycline pendant 21 jours.
  • L'azithromycine est préférable lors des infections à gonorrhée en raison des taux élevés de résistance aux tétracyclines.

Rectite syphillitique

Traitement de la rectite à T. pallidum[6]
1ère intention
2e intention

Rectite herpétique

Traitement de la rectite au VHS[6]
1ère intention
2e intention

Déclaration et notification aux partenaires

 Codes RAMQ

  • 1L: cas contact si prescrit par un professionnel
  • 1M: cas contact si remis par le cas index

Les indications de contacter le partenaire d'une personne atteinte d'ITS s'il y a eu contact sexuel sont[14] :

  • 60 jours ou moins avant les symptômes ou le prélèvement
  • pendant que la personne atteinte était symptomatique
  • avant la fin d'un traitement à doses multiples ou 7 jours après un traitement à dose unique.

L'intervention auprès des partenaires comprend[14] :

  • l'évaluation clinique et recherche de facteurs de risque d'ITSS
  • les dépistages appropriés
  • si le patient est asymptomatique, traitement épidémiologique sans attendre le résultat des dépistages
  • approche syndromique en présence de signes et symptômes de rectite.

Suivi

Évaluer la réponse au traitement chez toutes les personnes traitées pour une rectite[1].

Chez les patients infectés par C. trachomatis ou N. gonorrhoeae, un dépistage est recommandé 3 à 6 mois après le traitement initial[14].

Les cas réfractaires devraient être référés en gastro-entérologie ou en microbiologie-infectiologie.

Pour les autres étiologies, les tests de contrôle vont différer selon le pathogène[1].

Complications

Les complications de la rectite sont[18] :

Prévention

Les mesures préventives incluent[1] :

  • le counseling préventif sur les comportements sexuels sécuritaires
  • le port du condom
  • des dépistages ITSS réguliers
  • la déclaration et notification aux partenaires.

Notes

  1. Utilisé dans le traitement de la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn.

Références

__NOVEDELETE__
  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 et 1,13 Agence de la santé publique du Canada, « Guide sur les Syndromes associés aux ITS : Rectite », sur www.canada.ca, (consulté le 23 octobre 2023)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 Marcelle Meseeha et Maximos Attia, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28613642, lire en ligne)
  3. 3,0 3,1 et 3,2 (en) Frank Hoentjen et David T. Rubin, « Infectious Proctitis: When to Suspect It Is Not Inflammatory Bowel Disease », Digestive Diseases and Sciences, vol. 57, no 2,‎ , p. 269–273 (ISSN 0163-2116 et 1573-2568, DOI 10.1007/s10620-011-1935-0, lire en ligne)
  4. « Proctitis », sur emDOCs.net, (consulté le 23 octobre 2023)
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Xian-rui Wu, Xiu-li Liu, Seymour Katz et Bo Shen, « Pathogenesis, diagnosis, and management of ulcerative proctitis, chronic radiation proctopathy, and diversion proctitis », Inflammatory Bowel Diseases, vol. 21, no 3,‎ , p. 703–715 (ISSN 1536-4844, PMID 25687266, DOI 10.1097/MIB.0000000000000227, lire en ligne)
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 Rosa Coelho, Tiago Ribeiro, Nélia Abreu et Raquel Gonçalves, « Infectious proctitis: what every gastroenterologist needs to know », Annals of Gastroenterology, vol. 36, no 3,‎ , p. 275–286 (ISSN 1108-7471, PMID 37144018, Central PMCID PMC10152816, DOI 10.20524/aog.2023.0799, lire en ligne)
  7. (en) « Proctitis », Wikipedia,‎ (lire en ligne)
  8. Kalinsky, E., de Parades, V., Smadja, M., Bauer, P., Rakotomalala, L., Meary, N., & REZETTE, X. P. (1998). Ano-rectite aiguë après un lavement d'eau chaude. Gastroentérologie clinique et biologique, 22(4), 473-474.
  9. T. Boulain, E. D. Dorval, J. Furet et J. M. Gillion, « Réaction allergique aux lavements de mésalazine. », Gastroentérologie clinique et biologique, vol. 14, no 3,‎ , p. 288–9 (ISSN 0399-8320, lire en ligne)
  10. Lillian Du et Christina Ha, « Epidemiology and Pathogenesis of Ulcerative Colitis », Gastroenterology Clinics of North America, série Ulcerative Colitis, vol. 49, no 4,‎ , p. 643–654 (ISSN 0889-8553, DOI 10.1016/j.gtc.2020.07.005, lire en ligne)
  11. 11,0 11,1 11,2 11,3 et 11,4 E. Hamlyn et C. Taylor, « Sexually transmitted proctitis », Postgraduate Medical Journal, vol. 82, no 973,‎ , p. 733–736 (ISSN 1469-0756, PMID 17099092, Central PMCID 2660501, DOI 10.1136/pmj.2006.048488, lire en ligne)
  12. Erica Weir, « Lymphogranuloma venereum in the differential diagnosis of proctitis », CMAJ: Canadian Medical Association journal = journal de l'Association medicale canadienne, vol. 172, no 2,‎ , p. 185 (ISSN 1488-2329, PMID 15655238, Central PMCID PMC543980, DOI 10.1503/cmaj.045191, lire en ligne)
  13. Andrea Pisani Ceretti, Matteo Virdis, Nirvana Maroni et Monica Arena, « The Great Pretender: Rectal Syphilis Mimic a Cancer », Case Reports in Surgery, vol. 2015,‎ , p. 434198 (ISSN 2090-6900, PMID 26451271, Central PMCID 4586962, DOI 10.1155/2015/434198, lire en ligne)
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  16. F. Y. S. Kong, S. N. Tabrizi, M. Law et L. A. Vodstrcil, « Azithromycin versus doxycycline for the treatment of genital chlamydia infection: a meta-analysis of randomized controlled trials », Clinical Infectious Diseases: An Official Publication of the Infectious Diseases Society of America, vol. 59, no 2,‎ , p. 193–205 (ISSN 1537-6591, PMID 24729507, DOI 10.1093/cid/ciu220, lire en ligne)
  17. Emma Hathorn, Catherine Opie et Penny Goold, « What is the appropriate treatment for the management of rectal Chlamydia trachomatis in men and women? », Sexually Transmitted Infections, vol. 88, no 5,‎ , p. 352–354 (ISSN 1472-3263, PMID 22517887, DOI 10.1136/sextrans-2011-050466, lire en ligne)
  18. Erica Weir, « Lymphogranuloma venereum in the differential diagnosis of proctitis », CMAJ: Canadian Medical Association journal = journal de l'Association medicale canadienne, vol. 172, no 2,‎ , p. 185 (ISSN 1488-2329, PMID 15655238, Central PMCID PMC543980, DOI 10.1503/cmaj.045191, lire en ligne)
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