Coloscopie

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Coloscopie
Procédure

Muqueuse rectale en coloscopie
Procédure
Système Gastro-intestinal
Informations
Terme anglais Colonoscopy
Autres noms Coloscopie longue, Coloscopie totale, Colonoscopie
Wikidata ID Q840387
Spécialités Chirurgie générale, Gastroentérologie

La coloscopie est une procédure diagnostique et/ou thérapeutique utilisée pour évaluer le gros intestin (allant du canal anal jusqu'au caecum) et parfois l'iléon terminal. On l'appelle coloscopie courte (sigmoïdoscopie) si l'examen s'arrête au niveau du sigmoïde.[1]

Indications

Il existe différents types d'indications pour la coloscopie[1][2].

Les indications diagnostiques sont :

Les indications de dépistage ou de surveillance sont :

Les indications thérapeutiques sont :

Contre-indications

Les contre-indications de la coloscopie sont [1][2][3]:

S'il y a présence d'un événement aigu qui rend la procédure contre-indiquée, une attente de 6 semaines après celui-ci est indiquée avant de passer à la coloscopie.

Évaluation

Avant de passer à la coloscopie, il est important de s'assurer que le patient a bien pris la préparation intestinale requise avant la procédure. Il faut aussi évaluer s'il y a présence de contre-indication à la procédure. Dans le cas des coloscopies longues, il faut procéder à l'évaluation du risque anesthésique avec le score ASA et le score de Mallampati.[1][4]

Anatomie

Anatomie du côlon (anglais)

Le côlon commence à partir de la valve iléo-caecale. La première partie s'appelle le caecum et mesure environ 5 cm de longueur et 9 cm de diamètre. Cette région est suivie par le côlon ascendant (10 cm de longueur), le côlon transverse (50 cm de longueur, 6 cm de diamètre), le côlon descendant (10 cm de longueur, 3 cm de diamètre) et le côlon sigmoïde (50 cm de longueur). Finalement, le tractus gastro-intestinal se termine avec le rectum (15 cm) et le canal anal (4 cm). Ceci donne une distance allant de l'anus jusqu'à la fin du côlon de 120 à 160 cm, dépendemment de chaque individu.[1][5]

La transition entre le côlon ascendant et le côlon transverse s'appelle l'angle hépatique, tandis que celle entre le côlon transverse et le côlon descendant est l'angle splénique. Ce sont des repères anatomiques importants, car le passage du coloscope d'une région à l'autre peut être plus difficile et inconfortable pour le patient dans ces régions.[1][5]

Au niveau vasculaire, le caecum, le côlon ascendant et le 2/3 proximal du côlon transverse sont irrigués par l'artère mésentérique supérieure et ses différentes branches, soit l'iléo-colique, la colique droite et la colique moyenne. À partir du 1/3 distal du côlon transverse jusqu'au rectum proximal, c'est l'artère mésentérique inférieure et ses branches (la colique gauche, les sigmoïdiennes et la rectale supérieure) qui vascularisent ces sections. L'arcade de Drummond assure une communication entre les 2 principaux réseaux par une communication continue à proximité du colon. Le réseau veineux longe les artères du même noms. Il se draine dans le réseau porte, à l'exception du rectum distal. Celui-ci se draine dans le réseau systémique via la vascularisation hémorroïdaire moyenne et inférieure.[1][5]

Anatomiquement, il y a 3 principales différences entre le grêle et le côlon. Le côlon contient des haustrations, trois taenia coli et des appendices épiploiques, ce que le grêle n'a pas. Durant la colonoscopie, les haustrations sont visibles au niveau du côlon, tandis que si le scope traverse la valve iléo-caecale vers le grêle, ce seront plutôt les villosités qui vont marquer l'aspect de la muqueuse.[1][5]

Le côlon est divisé en 4 couche histologiques. En commençant de l'intra-luminale vers l'extra-luminale, il y a la muqueuse, la sous-muqueuse, la musculeuse et la séreuse. La muqueuse est divisée en épithélium (la couche où l'absorption a lieu), lamina propria et musculaire muqueuse. La sous-muqueuse est composée de tissu conjonctif avec des glandes, des vaisseaux sanguins, des vaisseaux lymphatiques et des nerfs. La musculeuse est composée d'un anneau de fibres internes circulaires et de fibres externes longitudinales appelées taenia coli qui contribuent à la propulsion du contenu colique. La séreuse est une fine membrane de tissu conjonctif qui entoure le côlon. On retrouve les plexus de Meissner au niveau de la sous-muquese, et celui d'Auerbach dans la musculeuse, soit les 2 plexus qui forment le système nerveux entérique.[1][5]

Préparation

Une préparation intestinale adéquate est essentielle pour cette procédure. Son but est de rendre le côlon assez propre pour la visualisation de la muqueuse lors de la coloscopie. C’est pour cela qu’il est primordial de s’assurer de donner des instructions verbales ou écrites claires aux patients par rapport à la préparation pour la coloscopie. Les recommandations récentes suggèrent les éléments suivants. [1][2]

Préparations intestinales

  • Un ou une combinaison de laxatifs oraux tels que le polyéthylèneglycol (PEG), le citrate de magnésium, l'hydroxyde de magnésium ou le bisacodyle. [6]
  • Un régime de liquide clair débuté la veille de la procédure. [6]
  • Le sulfate de sodium n'est pas recommandé. [6]
  • Il n’est pas recommandé d’utiliser des agents prokinétiques ni des lavements pour les préparations intestinales. [6]
Endoscope

Diète

Il est recommandé d’avoir une diète faible en fibres le jour précédant la coloscopie et d'éviter les aliments avec graines ou pépins dans la semaine précédente.[6]

Prise de la préparation intestinale

Il est aussi recommandé de diviser la préparation intestinale en plusieurs doses, en s’assurant de prendre la dernière dose 2 à 5 heures avant la procédure.[6]

Chez ceux dont la coloscopie est prévue en après-midi, prendre toute la préparation le jour-même est aussi un choix acceptable.[6]

Catégories spécifiques de patients

  • Chez les patients connus pour constipation, aucune mesure supplémentaire n'est requise.[6]
  • Chez ceux atteints d’une maladie inflammatoire de l’intestin ou ceux nécessitant une coloscopie urgente pour saignement digestif bas, les préparations à base de PEG sont à favoriser.[6]
  • Chez la femme enceinte ou qui allaite, il n’y a pas assez de preuves pour déterminer la meilleure préparation intestinale; le PEG peut être considéré, ainsi que les lavement pour le coloscopies courtes.[6]
  • Chez les patients à risque de désordres électrolytiques, le choix de la préparation intestinale est individualisée.[6]

Équipement

Voici une liste non exhaustive du matériel requis:

  • l'endoscope qui contient :
    • une caméra à fibre optique
    • des ports accéssoires qui permettent l'inflation, l'irrigation et le passage d'instruments
  • un moniteur pour visualiser
  • le dispositif d'insufflation
  • le dispositif d'aspiration
  • le dispositif d'irrigation.
  • divers instruments pour réaliser les techniques endoscopiques (pince, serre-noeuds, panier, aiguilles, etc.).

Technique

Coloscopie (anglais)

Les étapes de la technique sont les suivantes.[1][4][2]

  1. Administrer une sédation adéquate au patient. Celle-ci inclut le plus souvent un opiacé (Fentanyl) et un benzodiazépine (Midazolam), mais le choix de sédation varie en fonction des antécédents et du score ASA de la personne, ainsi qu'en fonction du type de colonoscopie (longue vs courte). Un anticholinergique (butylscopolamine) peut être également utilisé, avec précaution (glaucome) pour faciliter l'examen.
  2. Demander au patient de se placer en décubitus latéral gauche, avec une flexion à 90 degrés au niveau des hanches et des genoux.
  3. Effectuer un toucher rectal et une inspection de la région anale à la recherche de masse, de saignement ou d'hémorroïdes. Ceci permet aussi d'évaluer le tonus anal.
  4. Débuter la coloscopie en applicant du lubrifiant sur la région distale du tube flexible de l'endoscope.
  5. Tenir la poignée de l'endoscope dans la main gauche, et le tube flexible dans la main droite.
    1. Il s'agit de la description de la technique solo ou dite "à 2 mains". Il existe une technique en duo ou "à 4 mains" où un assistant manipule le tube coloscope et le médecin manipule les contrôles de l'endoscope. Cette technique nécessite une grande communication puisque le médecin n'a pas le retour tactile de la poussée. Ceci peut mener à certaines complications. Plusieurs endroits, notamment au Québec, ne permettent plus la technique en duo.
  6. Insérer le coloscope dans le canal anal du patient et insuffler de l'air.
    1. L'injection d'eau d'irrigation peut faciliter le passage au lieu d'insuffler de l'air, particulièrement au niveau du sigmoïde.
  7. En avançant l'appareil, utiliser différents mouvements (haut, bas, gauche, droite, torsion) grâce aux roulettes de l'endoscope et à la manipulation du tube flexible afin de franchir les différentes sections du colon.
    • Demander à l'assistant de faire une pression sur l'abdomen si les virages sont difficiles, notamment au niveau des angles spléniques et hépatiques.
    • La mobilisation du patient en décubitus dorsal ou latéral droit peut également faciliter grandement le passage des régions difficiles.
  8. Arrêter l'examen au sigmoïde s'il s'agit d'une colonoscopie courte.
  9. Continuer vers le côlon ascendant, transverse, descendant et le caecum s'il s'agit d'une colonoscopie longue. Quelques points de repère qui peuvent être utiles sont:
    • En passant du côlon descendant vers le côlon transverse, le diamètre augmente progressivement et la forme de la muqueuse devient plus triangulaire
    • La teinte bleutée de la muqueuse au niveau de l'angle hépatique est due au reflet du foie. Elle peut, plus difficilement, être vue également à l'angle splénique.
    • La convergence des taenia coli en un seul point (signe de Mercedes), la présence de l'orifice de l'appendice et de la valve iléo-caecale au pôle du caecum sont les signes recherchés pour témoigner de la complétion de l'examen. Une photographie doit être documentée au dossier pour témoigner de la complétion de la coloscopie.
    • La valve iléo-cæcale peut être intubée lors de certaines indications. La position anatomique ne rend pas toujours cette manœuvre possible.
    • Inspecter la muqueuse tout au long de l'examen à la recherche de lésion ou d'autre type d'anomalie, mais se fait principalement lors du retrait du coloscope. Voici quelques conseils:
      • Irriguer avec de l'eau s'il reste des selles ou si la caméra ne donne plus d'image claire.
      • Éviter d'avancer si la vue n'est pas claire, car cela augmente le risque de blessure.
      • S'il devient difficile d'avancer, c'est possible que la tige flexible ait formé une boucle sur elle-même. Pour défaire celle-ci, il faut appliquer une aspiration et retirer doucement la tige flexible en faisant une rotation dans le sens horaire en même temps.
        Polypectomie
  10. Débuter tranquillement le retrait de l'endoscope en inspectant toujours la muqueuse à la recherche de lésions ou d'autres anomalies.
    1. Un temps de retrait de plus de 6 minutes est recommandé pour une meilleure détection des lésions (polypes).
  11. Aspirer une partie de l'air insufflé tout au long du retrait de l'endoscope afin de diminuer l'inconfort pour le patient.
    1. Il faut cependant avoir une bonne distension afin de visualiser l'entièreté de la surface muqueuse.
    2. L'utilisation de CO2 peut également améliorer le confort du patient.
  12. Faire une rétroflexion de l'endoscope une fois rendu dans le rectum.
  13. Visualiser le canal anal en retirant le reste de l'endoscope ou en combinant avec une anuscopie.
  14. Amener le patient dans la salle de réveil pour une surveillance.

Tous les polypes et les tissus biopsiés doivent être envoyés en pathologie avec le nom, date de la procédure, type de procédure et leur distance à partir de l'anus.

Complications

Les complications d'une colonoscopie incluent, mais ne se limitent pas aux suivantes [1][2][7]:

Suivi

Après une coloscopie, le suivi se fait en fonction des découvertes lors de cette dernière et, si applicable, selon l'information apportée par le rapport de pathologie.

Notes

  1. Survient le plus souvent au niveau du sigmoïde.

Références

__NOVEDELETE__
  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 et 1,11 Clyde M. Stauffer et Christopher Pfeifer, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 32644700, lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 « Overview of colonoscopy in adults », sur UptoDate, (consulté le 15 mai 2021)
  3. Jennifer J. Telford, « Inappropriate uses of colonoscopy », Gastroenterology & Hepatology, vol. 8, no 5,‎ , p. 342–344 (ISSN 1554-7914, PMID 22933868, Central PMCID 3424432, lire en ligne)
  4. 4,0 et 4,1 « Gastrointestinal endoscopy in adults: Procedural sedation administered by endoscopists », sur UptoDate, (consulté le 10 mai 2021)
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 « Colon », sur Kenhub, (consulté le 14 mai 2021)
  6. 6,00 6,01 6,02 6,03 6,04 6,05 6,06 6,07 6,08 6,09 et 6,10 « Bowel preparation for colonoscopy: European Society of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE) Guideline – Update 2019 », sur esge.com (consulté le 20 juin 2021)
  7. Audrius Dulskas, Edgaras Smolskas, Inga Kildusiene et Romualdas Maskelis, « Outcomes of surgical management of iatrogenic colonic perforation by colonoscopy and risk factors for worse outcome », Journal of B.U.ON.: official journal of the Balkan Union of Oncology, vol. 24, no 2,‎ , p. 431–435 (ISSN 2241-6293, PMID 31127987, lire en ligne)
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