« Trouble lié à l'usage de l'alcool » : différence entre les versions

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==Épidémiologie==
==Épidémiologie==
Selon l’enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues (ECTAD) de 2019, effectuée auprès de plus de 10 000 Canadiens de 15 ans et plus, 76% des répondants ont déclaré avoir consommé de l'alcool au cours de la dernière année, avec une prévalence légèrement supérieure auprès des hommes. Cette prévalence se décline de la façon suivante selon les groupes d'âge : 49% chez les 15-19 ans, 84% chez les 20-24 ans et 78% chez les plus de 25 ans. C'est toutefois au Québec que la prévalence de consommation est la plus élevée, atteignant 81% des répondants, en légère baisse par rapport à la dernière enquête de 2017.<ref name=":2">{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Enquête canadienne sur l’alcool et les drogues (ECAD) : sommaire des résultats pour 2019|url=https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/enquete-canadienne-alcool-drogues/sommaire-2019.html|site=Gouvernement du Canada|date=20 décembre 2021|consulté le=20 décembre 2021}}</ref>  
Selon l’enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues (ECTAD) de 2019, effectuée auprès de plus de 10 000 Canadiens de 15 ans et plus, 76% des répondants ont déclaré avoir consommé de l'alcool au cours de la dernière année, avec une prévalence légèrement supérieure auprès des hommes. Elle se décline de la façon suivante selon les groupes d'âge : 49% chez les 15-19 ans, 84% chez les 20-24 ans et 78% chez les plus de 25 ans. C'est toutefois au Québec que la prévalence de consommation est la plus élevée, atteignant 81% des répondants, en légère baisse par rapport à la dernière enquête de 2017.<ref name=":2">{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Enquête canadienne sur l’alcool et les drogues (ECAD) : sommaire des résultats pour 2019|url=https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/enquete-canadienne-alcool-drogues/sommaire-2019.html|site=Gouvernement du Canada|date=20 décembre 2021|consulté le=20 décembre 2021}}</ref>  


Des individus ayant consommé de l'alcool, c'est près du quart d'entre-eux (23%) qui ont dépassé les directives de consommation afin de prévenir les effets aigus et/ou chroniques de la consommation d'alcool. Ce sont finalement 21% des consommateurs d'alcool qui ont déclaré l'un des 5 méfaits liés à leur consommation (incapacité d'arrêter de boire après avoir initié la consommation, incapacité d'effectuer ce qui est normalement attendu de la personne, besoin de boire de l'alcool dès le réveil, ne pas être en mesure de se souvenir des évènements de la veille, ressentir un sentiment de regret ou de culpabilité en lien avec sa consommation d'alcool).<ref name=":2" />
Des individus ayant consommé de l'alcool, c'est près du quart d'entre-eux (23%) qui ont dépassé les directives de consommation afin de prévenir les effets aigus et/ou chroniques de la consommation d'alcool. Ce sont finalement 21% des consommateurs d'alcool qui ont déclaré l'un des 5 méfaits liés à leur consommation (incapacité d'arrêter de boire après avoir initié la consommation, incapacité d'effectuer ce qui est normalement attendu de la personne, besoin de boire de l'alcool dès le réveil, incapacité de se souvenir des évènements de la veille, ressentir un sentiment de regret ou de culpabilité en lien avec sa consommation d'alcool).<ref name=":2" />


Par ailleurs, seulement 2% des personnes ayant consommé de l'alcool ou des drogues ont déclaré avoir déjà eu recours à l'aide de professionnels en lien avec leur consommation (médecin, travailleurs sociaux, conseillers, professionnels de la santé). Les hommes seraient d'ailleurs légèrement plus enclins à recourir à une telle aide.<ref name=":2" />
Par ailleurs, seulement 2% des personnes ayant consommé de l'alcool ou des drogues ont déclaré avoir déjà eu recours à l'aide de professionnels en lien avec leur consommation (médecin, travailleurs sociaux, conseillers, professionnels de la santé). Les hommes seraient d'ailleurs légèrement plus enclins à recourir à une telle aide.<ref name=":2" />
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À l'histoire, on retrouvera des épisodes rapportés de consommation excessive d'alcool de plus de quatre ou cinq verres à la fois. Un score de 2 ou plus au questionnaire [[Cut-Annoy-Guilt-Eye-opener (questionnaire)|CAGE]] est suggestif d'un TUS sous-jacent. Ce test est facile et rapide à administrer en clinique.
À l'histoire, on retrouvera des épisodes rapportés de consommation excessive d'alcool de plus de quatre ou cinq verres à la fois. Un score de 2 ou plus au questionnaire [[Cut-Annoy-Guilt-Eye-opener (questionnaire)|CAGE]] est suggestif d'un TUS sous-jacent. Ce test est facile et rapide à administrer en clinique.


Plusieurs conséquences découlent d'une consommation chronique et abusive d'alcool. Elles prennent différentes formes, soit comportementales, psychiatriques et médicales. En plus des différents critères diagnostics du DSM V, il est possible de rechercher les éléments suivants au questionnaire <ref name=":14" /><ref name=":13" />:
Plusieurs conséquences découlent d'une consommation chronique et abusive d'alcool. Elles prennent différentes formes, soient comportementales, psychiatriques et médicales. En plus des différents critères diagnostiques du DSM V, il est possible de rechercher les éléments suivants au questionnaire <ref name=":14" /><ref name=":13" />:


*l'{{Élément d'histoire|nom=histoire détaillée de consommation d'alcool}}, la présence de {{Élément d'histoire|nom=co-consommation}}, ainsi que les {{Élément d'histoire|nom=antécédents médicaux}} et {{Élément d'histoire|nom=antécédents psychiatriques|affichage=psychiatriques}}
*l'{{Élément d'histoire|nom=histoire détaillée de consommation d'alcool}}, la présence de {{Élément d'histoire|nom=co-consommation}}, ainsi que les {{Élément d'histoire|nom=antécédents médicaux}} et {{Élément d'histoire|nom=antécédents psychiatriques|affichage=psychiatriques}}
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*la {{Symptôme|nom=dyspepsie}}
*la {{Symptôme|nom=dyspepsie}}
*les {{Symptôme|nom=nausées}}, les {{Symptôme|nom=vomissements}} et l'{{Symptôme|nom=hématémèse}}, pouvant être signe d'un syndrome de boerhaave ou encore de varices oesophagiennes
*les {{Symptôme|nom=nausées}}, les {{Symptôme|nom=vomissements}} et l'{{Symptôme|nom=hématémèse}}, pouvant être signes d'un syndrome de Boerhaave ou encore de varices œsophagiennes
*la {{Symptôme|nom=perte de poids}}
*la {{Symptôme|nom=perte de poids}}
*les {{Symptôme|nom=tremblements}}, les {{Symptôme|nom=paresthésies}}, la {{Symptôme|nom=diminution de l'équilibre}}, la {{Symptôme|nom=diminution de la motricité fine}}
*les {{Symptôme|nom=tremblements}}, les {{Symptôme|nom=paresthésies}}, la {{Symptôme|nom=diminution de l'équilibre}}, et la {{Symptôme|nom=diminution de la motricité fine}}
**Pouvant être liés à une atteinte cérébelleuse ou une atteinte nerveuse périphérique.
**Pouvant être liés à une atteinte cérébelleuse ou une atteinte nerveuse périphérique.
*la {{Symptôme|nom=dysfonction érectile}}.
*la {{Symptôme|nom=dysfonction érectile}}.


Les symptômes comportementaux et psychiatriques sont également à rechercher et peuvent découler du TUA ou encore être associés à des comorbidités <ref name=":14" /><ref name=":13" />:
Les symptômes comportementaux et psychiatriques sont également à rechercher et peuvent découler du TUA ou encore être associés à ses comorbidités <ref name=":14" /><ref name=":13" />:


*l'{{Symptôme|nom=altération du sommeil}}
*l'{{Symptôme|nom=altération du sommeil}}
*l'{{Symptôme|nom=anxiété (symptôme)}}
*l'{{Symptôme|nom=anxiété (symptôme)}}
*l'{{Symptôme|nom=humeur dépressive}}
*l'{{Symptôme|nom=humeur dépressive}}
*l'{{Symptôme|nom=atteinte mnésique}}, incluant l'atteinte de la mémoire au long cours et l'{{Symptôme|nom=amnésie}} lors des épisodes d'intoxication
*l'atteinte mnésique, incluant l'atteinte de la mémoire au long cours et l'{{Symptôme|nom=amnésie}} lors des épisodes d'intoxication
*les {{Symptôme|nom=difficultés interpersonnelles}}
*les difficultés dans les relations interpersonnelles
*les {{Symptôme|nom=symptômes psychotiques}}, tels les hallucinations et les idées délirantes
*les symptômes psychotiques, tels les hallucinations et les idées délirantes
*les {{Symptôme|nom=idéations suicidaires}} et les {{Élément d'histoire|nom=tentatives de suicide}} antérieures, ainsi que la présence d'un plan.
*les {{Symptôme|nom=idéations suicidaires}} et les {{Élément d'histoire|nom=tentatives de suicide}} antérieures, ainsi que la présence d'un plan.


===Examen clinique===
===Examen clinique===
 
L'examen clinique est le plus souvent normal, mais permet parfois d'objectiver les signes suivants, le plus couramment en cas d'atteinte neurologique ou de cirrhose hépatique. Finalement, en contexte de consommation importante et chronique, l'examen de l'apparence générale du patient peut montrer des {{Signe clinique|nom=signes de dénutrition}}.<ref name=":13" />
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Examen clinique}}
L'examen clinique est le plus souvent normal, mais permet parfois d'objectiver les signes suivants, le plus couramment en cas d'atteinte neurologique ou de cirrhose hépatique. Finalement, en contexte de consommation importante et chronique, l'examen de l'apparence générale du patient peut montrer des {{Signe clinique|nom=signes de dénutrition}}<ref name=":13" />.


*L'{{Examen clinique|nom=examen mental}}, pouvant être perturbé en contexte d'intoxication aiguë, en présence de comorbidités psychiatriques, ou encore lors de la phase de sevrage :
*L'{{Examen clinique|nom=examen mental}}, pouvant être perturbé en contexte d'intoxication aiguë, en présence de comorbidités psychiatriques, ou encore lors de la phase de sevrage :
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==Examens paracliniques==
==Examens paracliniques==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Examens paracliniques}}
Les examens paracliniques pertinents en présence d'un TUA sont les suivants <ref name=":14" /><ref name=":0" /><ref name=":13" />:
Les examens paracliniques pertinents en présence d'un TUA sont les suivants <ref name=":14" /><ref name=":0" /><ref name=":13" />:


*la {{Examen paraclinique|nom=formule sanguine complète}}   
*la {{Examen paraclinique|nom=formule sanguine complète}}   
**la {{Signe paraclinique|nom=diminution de l'hémoglobine sérique (Hb)}}
**la {{Signe paraclinique|nom=diminution de l'hémoglobine sérique (Hb)}}
**l'{{Signe paraclinique|nom=augmentation du volume glomérulaire moyen (VGM)}}
**l'{{Signe paraclinique|nom=augmentation du volume globulaire moyen (VGM)}}
**la {{Signe paraclinique|nom=pancytopénie}}
**la {{Signe paraclinique|nom=pancytopénie}}
***Apparaissant généralement après une consommation importante et prolongée. La cirrhose peut également entraîner une {{Signe paraclinique|nom=thrombocytopénie}}.
***Apparaissant généralement après une consommation importante et prolongée. La cirrhose peut également entraîner une {{Signe paraclinique|nom=thrombocytopénie}}.
*les tests de {{Examen paraclinique|nom=test de la fonction hépatique}} :
*les {{Examen paraclinique|nom=tests de la fonction hépatique}} :
**l'{{Signe paraclinique|nom=augmentation de l'ALT}} et de l'{{Signe paraclinique|nom=augmentation de l'AST|affichage=AST}}, un ratio AST:ALT d'au moins 2:1 suggère une atteinte hépatique secondaire à l'alcool
**l'{{Signe paraclinique|nom=augmentation de l'ALT}} et de l'{{Signe paraclinique|nom=augmentation de l'AST|affichage=AST}} ; un ratio AST:ALT d'au moins 2:1 suggère une atteinte hépatique secondaire à l'alcool
**l'{{Signe paraclinique|nom=hypoalbuminémie}}, signant un état de dénutrition ou une insuffisance hépatique
**l'{{Signe paraclinique|nom=hypoalbuminémie}}, signifiant un état de dénutrition ou une insuffisance hépatique
**l'{{Signe paraclinique|nom=augmentation de la GGT}}
**l'{{Signe paraclinique|nom=augmentation de la GGT}}
***Étant un indicateur sensible. Une élévation indique généralement une importante consommation chronique d'alcool.
***Étant un indicateur sensible. Une élévation indique généralement une importante consommation chronique d'alcool.
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==Approche clinique==
==Approche clinique==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Approche clinique}}


==Diagnostic==
==Diagnostic==


{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Diagnostic}}
===Critères diagnostiques du DSM V===
 
Voici les critères énoncés dans le DSM V <ref name=":14" />:
===Critères diagnostics du DSM V===
Voici les critères énoncés dans le DSM V :<ref name=":14" />


A . Mode d’usage problématique de l’alcool conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative, caractérisé par la présence d’au moins deux des manifestations suivantes, au cours d’une période de 12 mois :
A . Mode d’usage problématique de l’alcool conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative, caractérisé par la présence d’au moins deux des manifestations suivantes, au cours d’une période de 12 mois :
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#Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler la consommation d’alcool.
#Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler la consommation d’alcool.
#Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir de l’alcool, à utiliser de l’alcool ou à récupérer de ses effets.
#Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir de l’alcool, à utiliser de l’alcool ou à récupérer de ses effets.
# Envie impérieuse (''craving''), fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool.
#Envie impérieuse (''craving''), fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool.
#Consommation répétée d’alcool conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.
#Consommation répétée d’alcool conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.
#Consommation continue d’alcool malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de l’alcool.
#Consommation continue d’alcool malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de l’alcool.
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''<u>Spécifier si :</u>''
''<u>Spécifier si :</u>''


'''En rémission précoce :''' Après que tous les critères du trouble de l’usage de l’alcool aient été préalablement remplis, plus aucun ne l’a été pendant au moins 3 mois mais pendant moins de 12 mois (à l’exception du critère A4, « Envie impérieuse [''craving''], fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool », qui peut être rempli) .
'''En rémission précoce :''' Après que tous les critères du trouble de l’usage de l’alcool aient été préalablement remplis, plus aucun ne l’a été pendant au moins 3 mois mais pendant moins de 12 mois (à l’exception du critère A4, « Envie impérieuse [''craving''], fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool », qui peut être rempli).


'''En rémission prolongée :''' Après que tous les critères du trouble de l’usage de l’alcool aient été préalablement remplis, plus aucun ne l’a été à aucun moment pendant au moins 12 mois (à l’exception du critère A4, « Envie impérieuse [''craving''], fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool », qui peut être rempli) .
'''En rémission prolongée :''' Après que tous les critères du trouble de l’usage de l’alcool aient été préalablement remplis, plus aucun ne l’a été à aucun moment pendant au moins 12 mois (à l’exception du critère A4, « Envie impérieuse [''craving''], fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool », qui peut être rempli).


<u>''Spécifier'' si :</u>
<u>''Spécifier'' si :</u>


'''En environnement protégé :''' Cette spécification supplémentaire est utilisée si le sujet est dans un environnement où l’accès à l’alcool est limité .
'''En environnement protégé :''' Cette spécification supplémentaire est utilisée si le sujet est dans un environnement où l’accès à l’alcool est limité.


<u>''Spécifier'' la sévérité actuelle :</u>
<u>''Spécifier'' la sévérité actuelle :</u>
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*10 questions avec réponses comprises entre 0 et 4 points
*10 questions avec réponses comprises entre 0 et 4 points
**Un score < 8 est peu suggestif d'un TUA.
**Un score < 8 est peu suggestif d'un TUA.
**Un score compris entre 8 et 15, il est conseillé de réitérer les recommandations de consommation sécuritaire de l'alcool.
**Un score compris entre 8 et 15, requiert d'aborder les recommandations sur la consommation sécuritaire de l'alcool.
**Un score compris entre 16 et 19 nécessite un counselling et d'explorer la consommation d'alcool lors de visites subséquentes.
**Un score compris entre 16 et 19 nécessite un counseling et d'explorer la consommation d'alcool lors de visites subséquentes.
**Un score plus grand que 20 est fortement suggestif d'un TUA et nécessite une prise en charge appropriée selon le stade de changement du patient.
**Un score > 20 est fortement suggestif d'un TUA et nécessite une prise en charge appropriée selon le stade de changement du patient.


==Diagnostic différentiel==
==Diagnostic différentiel==
 
Le diagnostic différentiel est le suivant <ref name=":14" /><ref name=":0" />:
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Diagnostic différentiel}}
Le diagnostic différentiel est le suivant :<ref name=":14" /><ref name=":0" />


*la {{Diagnostic différentiel|nom=consommation non pathologique d'alcool}}
*la {{Diagnostic différentiel|nom=consommation non pathologique d'alcool}}
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==Traitement==
==Traitement==
Dans une visée de continuum des soins et selon une approche de réduction des méfaits, la décision de traiter un TUA repose sur une décision partagée avec le patient et comprendra la planification du sevrage de la substance ainsi que la prévention des rechutes. La prise en charge par une équipe multidisciplinaire permettra finalement de favoriser les chances de succès de l'abandon de la substance. Au final, un patient dont l'auto-critique face à son TUA est faible, ou qui n'est pas ouvert au changement, sera peu investi dans sa thérapie. Une approche de réduction des méfaits est donc souvent à favoriser, avec un suivi médical et psycho-social approprié.


{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Traitement}}
La section qui suit est en grande partie basées sur le [https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Usage_optimal/INESSS_GUO_Sevrage_rechute_FR.pdf Guide d'usage optimal - Sevrage d'alcool et prévention des rechutes]<ref name=":5">Institut  national  d’excellence  en  santé  et  en  services  sociaux  (INESSS).  Sevrage  d’alcool et  prévention  des  rechutes  –  Guide  d’usage  optimal.  Rédigé  par  Caroline  Poisson  et Catherine  Awad.  Québec,  Qc  :  INESSS;  2021.  12  p. ([[International Standard Book Number|ISBN]]&nbsp;[[Sp%C3%A9cial:Ouvrages%20de%20r%C3%A9f%C3%A9rence/9782550898597|9782550898597]], [https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Usage_optimal/INESSS_GUO_Sevrage_rechute_FR.pdf lire en ligne])</ref> publié par l'INESSS en aout 2021. Ces recommandations s'appliquent pour les individus âgés de plus de 18 ans, et excluent les femmes enceintes ou qui allaitent.   
Dans une visée de continuum des soins et selon une approche de réduction des méfaits, la décision de traiter un TUA repose sur une décision partagée avec le patient et comprendra la planification du sevrage de la substance ainsi que la prévention des rechutes. La prise en charge par une équipe multidisciplinaire permettra finalement de favoriser les chances de succès de l'abandon de la substances. Au final, un patient dont l'auto-critique face à son TUA est faible, ou qui n'est pas ouvert au changement sera peu investi dans sa thérapie. Une approche de réduction des méfaits est donc souvent à favoriser, avec un suivi médical et psycho-social approprié.
 
La section qui suit est en grandes partie basées sur le [https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Usage_optimal/INESSS_GUO_Sevrage_rechute_FR.pdf Guide d'usage optimal - Sevrage d'alcool et prévention des rechutes]<ref name=":5">Institut  national  d’excellence  en  santé  et  en  services  sociaux  (INESSS).  Sevrage  d’alcool et  prévention  des  rechutes  –  Guide  d’usage  optimal.  Rédigé  par  Caroline  Poisson  et Catherine  Awad.  Québec,  Qc  :  INESSS;  2021.  12  p. ([[International Standard Book Number|ISBN]]&nbsp;[[Sp%C3%A9cial:Ouvrages%20de%20r%C3%A9f%C3%A9rence/9782550898597|9782550898597]], [https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Usage_optimal/INESSS_GUO_Sevrage_rechute_FR.pdf lire en ligne])</ref> publié par l'INESSS en aout 2021. Ces recommandations s'appliquent pour les individus âgés de plus de 18 ans, et excluent les femmes enceintes ou qui allaitent.   


===Prévention des rechutes===
===Prévention des rechutes===
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Bien que les traitements pharmacologiques devraient être offerts à tous les patients, l'approche non-pharmacologique demeure essentielle. Elle n'est par ailleurs '''pas coercitive''' et ne devrait pas limiter l'accès aux agents pharmacologiques.
Bien que les traitements pharmacologiques devraient être offerts à tous les patients, l'approche non-pharmacologique demeure essentielle. Elle n'est par ailleurs '''pas coercitive''' et ne devrait pas limiter l'accès aux agents pharmacologiques.


Avenues à explorer :<ref name=":0" />'''<ref name=":5" />'''<ref name=":11">{{Citation d'un article|prénom1=Lode|nom1=Godderis|prénom2=Emma|nom2=Boonen|prénom3=Ana L.|nom3=Cabrera Martimbianco|prénom4=Ellen|nom4=Delvaux|titre=WHO/ILO work-related burden of disease and injury: Protocol for systematic reviews of exposure to long working hours and of the effect of exposure to long working hours on alcohol consumption and alcohol use disorders|périodique=Environment International|volume=120|date=2018-11|issn=1873-6750|pmid=30055358|doi=10.1016/j.envint.2018.07.025|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30055358/|consulté le=2021-11-05|pages=22–33}}</ref>
Avenues à explorer <ref name=":0" />'''<ref name=":5" />'''<ref name=":11">{{Citation d'un article|prénom1=Lode|nom1=Godderis|prénom2=Emma|nom2=Boonen|prénom3=Ana L.|nom3=Cabrera Martimbianco|prénom4=Ellen|nom4=Delvaux|titre=WHO/ILO work-related burden of disease and injury: Protocol for systematic reviews of exposure to long working hours and of the effect of exposure to long working hours on alcohol consumption and alcohol use disorders|périodique=Environment International|volume=120|date=2018-11|issn=1873-6750|pmid=30055358|doi=10.1016/j.envint.2018.07.025|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30055358/|consulté le=2021-11-05|pages=22–33}}</ref>:


*Renseigner les patients sur les méfaits de l'alcool.
*Renseigner les patients sur les méfaits de l'alcool.
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*Offrir un {{Traitement|nom=soutien psychosocial}}.
*Offrir un {{Traitement|nom=soutien psychosocial}}.
*Envisager les approches {{Traitement|nom=psychoéducation|affichage=psychoéducative}} et de {{Traitement|nom=thérapie cognitivo-comportementale (TCC)}}
*Envisager les approches {{Traitement|nom=psychoéducation|affichage=psychoéducative}} et de {{Traitement|nom=thérapie cognitivo-comportementale (TCC)}}
*Recommander les {{Traitement|nom=groupes de soutien}}, tels les Alcooliques anonymes (AA), et encourager les membres de la famille à assister à certaines rencontres.
*Recommander les {{Traitement|nom=groupes de soutien}}, tels les Alcooliques Anonymes (AA), et encourager les membres de la famille à assister à certaines rencontres.
*Orienter le patient à un {{Traitement|nom=centre de thérapie fermée}}.
*Orienter le patient à un {{Traitement|nom=centre de thérapie fermée}}.
*Impliquer les organismes communautaires locaux, qui peuvent offrir de nombreux services, tout en participant à briser l'isolement.
*Impliquer les organismes communautaires locaux, qui peuvent offrir de nombreux services, tout en participant à briser l'isolement.
*Recourir aux [https://www.msss.gouv.qc.ca/repertoires/dependances/ Centre de réadaptation en dépendances] des régions spécifiques, ou leur équivalent.
*Recourir au [https://www.msss.gouv.qc.ca/repertoires/dependances/ Centre de réadaptation en dépendances] des régions spécifiques, ou leur équivalent.


====Traitement pharmacologique d'aide au maintien de l'abstinence====
====Traitement pharmacologique d'aide au maintien de l'abstinence====
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=====Principes du traitement =====
=====Principes du traitement =====
{{Contenu TopMédecine|formation1_nom=Les interventions pour le maintien de l’abstinence de l’alcool en externe|url_topmf1=tu-05-03-les-interventions-pour-le-maintien-de-labstinence-de-lalcool-en-externe}}
{{Contenu TopMédecine|formation1_nom=Les interventions pour le maintien de l’abstinence de l’alcool en externe|url_topmf1=tu-05-03-les-interventions-pour-le-maintien-de-labstinence-de-lalcool-en-externe}}
'''Tout patient atteint d'un TUA et voulant cesser sa consommation d'alcool devrait se voir offrir une aide pharmacologique au maintien de l'abstinence''' en raison du haut taux d'échec en l'absence de pharmacothérapie. L'approche sera individualisée selon les objectifs de traitement (ex. l'abstinence, la réduction de la consommation), et le choix des modalités reposera notamment sur la présence de comorbidités (ex. trouble anxieux, troubles du sommeil)'''<ref name=":5" />'''<ref>{{Citation d'un article|langue=anglais|auteur1=Henry R. Kranzler|titre=Diagnosis and Pharmacotherapy of Alcohol Use Disorder, A Review|périodique=Journal of the American Medical Association (JAMA)|date=2018|issn=|lire en ligne=doi:10.1001/jama.2018.11406|pages=815-825}}</ref><ref name=":15">{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Initier un traitement pharmacologique pour la prévention des rechutes chez une personne avec un trouble lié à l’usage d’alcool|url=https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Ordonnances_collectives/Sevrage/INESSS_Rechutes_alcool_PMN.pdf|site=Iness.qc.ca|date=|consulté le=12 novembre 2021}}</ref>.
'''Tout patient atteint d'un TUA et voulant cesser sa consommation d'alcool devrait se voir offrir une aide pharmacologique au maintien de l'abstinence''' en raison du haut taux d'échec en l'absence de pharmacothérapie. L'approche sera individualisée selon les objectifs de traitement (ex. l'abstinence, la réduction de la consommation), et le choix des modalités reposera notamment sur la présence de comorbidités (ex. trouble anxieux, troubles du sommeil).'''<ref name=":5" />'''<ref>{{Citation d'un article|langue=anglais|auteur1=Henry R. Kranzler|titre=Diagnosis and Pharmacotherapy of Alcohol Use Disorder, A Review|périodique=Journal of the American Medical Association (JAMA)|date=2018|issn=|lire en ligne=doi:10.1001/jama.2018.11406|pages=815-825}}</ref><ref name=":15">{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Initier un traitement pharmacologique pour la prévention des rechutes chez une personne avec un trouble lié à l’usage d’alcool|url=https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Ordonnances_collectives/Sevrage/INESSS_Rechutes_alcool_PMN.pdf|site=Iness.qc.ca|date=|consulté le=12 novembre 2021}}</ref>


Les médicaments sélectionnés devraient être servis à la pharmacie de façon fractionnée afin de limiter le potentiel d'abus (notamment pour le gabapentin et le topiramate). Au besoin, le recours au programme Alerte (pour le Québec) peut être envisagé. La fréquence des services sera ajustée selon l'alliance thérapeutique avec le patient et son observance.
Les médicaments sélectionnés devraient être servis à la pharmacie de façon fractionnée afin de limiter le potentiel d'abus (notamment pour le gabapentin et le topiramate). Au besoin, le recours au programme Alerte (pour le Québec) peut être envisagé. La fréquence des services sera ajustée selon l'alliance thérapeutique avec le patient et son observance.
Ligne 264 : Ligne 252 :
*ALT, AST, GGT, phosphatase alcaline, bilirubine totale, albumine, INR
*ALT, AST, GGT, phosphatase alcaline, bilirubine totale, albumine, INR
*Glucose
*Glucose
*Selon le contexte clinique et les facteurs de risque, rechercher:
*Selon le contexte clinique et les facteurs de risque :
**b-HCG chez les femmes en âge de procréer
**β-hCG chez les femmes en âge de procréer
**Dépistage ITSS selon les facteurs de risque
**Dépistage ITSS selon les facteurs de risque.


=====Choix de l'agent et ajustements posologiques=====
=====Choix de l'agent et ajustement posologique=====
{| class="wikitable"
{| class="wikitable"
|+
|+
Ligne 284 : Ligne 272 :
!'''Dosage'''
!'''Dosage'''
|'''25 mg PO DIE pendant 2 à 4 jours,'''
|'''25 mg PO DIE pendant 2 à 4 jours,'''
'''puis augmentation à 50 mg PO DIE.'''
'''puis augmentation à 50 mg PO DIE'''
|Débuter et limiter à 666 mg PO TID
|Débuter et limiter à 666 mg PO TID


Ligne 295 : Ligne 283 :
Autorisation x 3 mois (puis ad 12 mois consécutifs).
Autorisation x 3 mois (puis ad 12 mois consécutifs).
|100-300 mg PO TID, augmenter graduellement ad 1200 - 1800 mg PO par jour selon la tolérance.
|100-300 mg PO TID, augmenter graduellement ad 1200 - 1800 mg PO par jour selon la tolérance.
(ex. ↑ tous les 3 jours sur +/- 5 palliers)
(ex. ↑ tous les 3 jours sur +/- 5 paliers)


*ClCr 30-59 ml/min : limiter à 300 mg PO BID
*ClCr 30-59 ml/min : limiter à 300 mg PO BID
Ligne 311 : Ligne 299 :
|-
|-
!'''Effets secondaires'''
!'''Effets secondaires'''
|GI: No/Vo, crampes abdominales
|No/Vo
Crampes abdominales
 
Anxiété


Anxiété, insomnie
Insomnie


Céphalées
Céphalées
Ligne 319 : Ligne 310 :
'''Risque d'idées suicidaires'''
'''Risque d'idées suicidaires'''
|Diarrhée
|Diarrhée
Somnolence, étourdissements,
Somnolence  
 
Étourdissements
 
Insomnie


insomnie, fatigue inhabituelle
Fatigue inhabituelle  


'''Risque d'idées suicidaires'''
'''Risque d'idées suicidaires'''
|Somnolence, étourdissements, fatigue
|Somnolence
Étourdissements
 
Fatigue


Tremblements, ataxie, nystagmus
Tremblements
 
Ataxie
 
Nystagmus


Diarrhée
Diarrhée


Oedème périphérique
Œdème périphérique


'''Risque d'idées suicidaires'''
'''Risque d'idées suicidaires'''
|Paresthésie
|Paresthésies
Somnolence, étourdissements, nervosité,
Somnolence


troubles cognitifs, fatigue
Étourdissements


Myopie aigüe, glaucome à angle étroit, anomalies des champs visuels
Nervosité


Perte de poids, diminution de l'appétit
Troubles cognitifs


Néphrolithiases
Fatigue
 
Visuel : myopie aigüe, glaucome à angle étroit, anomalies des champs visuels
 
Perte de poids
 
Diminution de l'appétit
 
Néphrolithiase


Acidose métabolique
Acidose métabolique
Ligne 350 : Ligne 360 :
! rowspan="2" |'''Suivi'''
! rowspan="2" |'''Suivi'''
| colspan="4" |'''Suivi clinique :''' initialement de façon hebdomadaire, puis 1 fois par mois pendant 6 mois lorsque la condition est jugée stable. Si le traitement est poursuivi pour plus de 6 mois, alors le suivi peut avoir lieu à un intervalle plus éloigné, ex. aux 3 mois.
| colspan="4" |'''Suivi clinique :''' initialement de façon hebdomadaire, puis 1 fois par mois pendant 6 mois lorsque la condition est jugée stable. Si le traitement est poursuivi pour plus de 6 mois, alors le suivi peut avoir lieu à un intervalle plus éloigné, ex. aux 3 mois.
'''Éléments à évaluer :'''


*Sx de sevrage
*Symptômes de sevrage
*Tolérance et observance à la médication
*Tolérance et observance à la médication
*Tb du sommeil, Sx anxio-dépressifs, idéations suicidaires
*Trouble du sommeil, symptômes anxio-dépressifs, idéations suicidaires
*Envie de consommer de l'alcool et consommation d'autres substances
*Envie de consommer de l'alcool et consommation d'autres substances
*Possibilité de grossesse.
*Possibilité de grossesse.
Ligne 361 : Ligne 372 :


début du traitement, puis q6 mois
début du traitement, puis q6 mois
|Pas de bilans
|Pas de bilan
|Pas de bilans
|Pas de bilan
 
   
   


Risques lors d'interruption brusque du


traitement : agitation, confusion, diaphorèse, symptômes GI, tremblements, tachycardie, hypertension, insomnie, crises convulsives.
'''Risques lors d'interruption brusque du'''
|Pas de bilans
 
'''traitement :''' agitation, confusion, diaphorèse, symptômes GI, tremblements, tachycardie, hypertension, insomnie, crises convulsives.
|Pas de bilan
Surveiller signes d'acidose métabolique
Surveiller signes d'acidose métabolique




Risque lors d'interruption brusque du


traitement: crises convulsives.
'''Risque lors d'interruption brusque du'''
 
'''traitement :''' crises convulsives.
|-
|-
!'''Mécanisme d'action'''
!'''Mécanisme d'action'''
Ligne 380 : Ligne 394 :
opioïdes δ, κ et μ.
opioïdes δ, κ et μ.


Diminue l'activité opioïdes dans la région
Diminue l'activité opioïdergique dans la région


mésolimbique, ce qui module l'effet de  
mésolimbique, ce qui module l'effet de  
Ligne 401 : Ligne 415 :
|
|
*Allergie
*Allergie
*Usage d'opioïdes dans les 10 derniers jours ou usage attendu (ex. Chx)
*Usage d'opioïdes dans les 10 derniers jours ou usage attendu (ex. chirurgie)
*Trouble de l'usage des opioïdes
*Trouble de l'usage des opioïdes
*Insuffisance hépatique, cirrhose
*Insuffisance hépatique, cirrhose
Ligne 412 : Ligne 426 :
|
|
*Allergie
*Allergie
*Insuffisance rénale avec Clcr < 30 ml/min
*Insuffisance rénale avec ClCr < 30 ml/min




Ligne 426 : Ligne 440 :




Précautions chez les > 65 ans et en cas d'insuffisance rénale (<60 ml/min), de grosesse ou d'allaitement.
Précautions chez les > 65 ans et en cas d'insuffisance rénale (<60 ml/min), de grossesse ou d'allaitement.
|
|
*Allergie
*Allergie
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de sevrage aux opioïdes
de sevrage aux opioïdes
|Aucune.
|Aucune
|Opioïdes et dépresseurs SNC : ↑ du risque de sédation et de dépression respiratoire.
|Opioïdes et dépresseurs SNC : ↑ du risque de sédation et de dépression respiratoire.
Antiacides à base d'aluminium ou de  
Antiacides à base d'aluminium ou de  
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==Suivi==
==Suivi==
 
Le suivi peut être effectué par tous les membres de l'équipe multidisciplinaire s'occupant du patient.
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Suivi}}Le suivi peut être effectué par tous les membres de l'équipe multidisciplinaire s'occupant du patient.


On peut généralement s'attendre à une amélioration après 3 mois de traitement avec l'acamprosate et 6 mois avec les autres molécules. L'absence des critères du TUA pendant une période de 3 à 12 mois est considéré comme une '''rémission précoce''', tandis l'absence de ces mêmes critères pendant une période de '''plus de 12 mois est considéré comme une rémission du TUA'''.
On peut généralement s'attendre à une amélioration après 3 mois de traitement avec l'acamprosate et 6 mois avec les autres molécules. L'absence des critères du TUA pendant une période de 3 à 12 mois est considéré comme une '''rémission précoce''', tandis l'absence de ces mêmes critères pendant une période de '''plus de 12 mois est considéré comme une rémission du TUA'''.


En cas d'échec au maintien de l'abstinence, ou en cas de ré-augmentation des quantités d'alcool consommées si la réduction de la consommation était l'objectif, il est possible de tenter une '''intensification du suivi en ambulatoire''', ou encore de référer le patient vers un '''milieu spécialisé d'accompagnement des patients aux prises à une dépendance'''.'''<ref name=":5" />'''<ref name=":15" />
En cas d'échec au maintien de l'abstinence, ou en cas de ré-augmentation des quantités d'alcool consommées si la réduction de la consommation était l'objectif, il est possible de tenter une '''intensification du suivi en ambulatoire''', ou encore de référer le patient vers un '''milieu spécialisé d'accompagnement des patients aux prises à une dépendance.<ref name=":5" />'''<ref name=":15" />


==Complications==
==Complications==
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Complications}}
Le trouble lié à l'usage de l'alcool entraîne de nombreuses conséquences sur la santé et le contexte de vie du patient, mais aussi de son entourage. Ce sont jusqu'à 40% des personnes aux troubles avec un TUA qui en subiront les conséquences. D'après les rapports de l'OMS, il est associé à au moins 3 millions de décès chaque année, la plupart d'entre eux survenant chez les hommes. Outre la mort, les troubles liés à la consommation d'alcool sont associés à <ref name=":0" />:
Le trouble lié à l'usage de l'alcool entraîne de nombreuses conséquences sur la santé et le contexte de vie du patient, mais aussi de son entourage. Ce sont jusqu'à 40% des personnes aux troubles avec un TUA qui en subiront les conséquences. D'après les rapports de l'OMS, il est associé à au moins 3 millions de décès chaque année, la plupart d'entre eux survenant chez les hommes. Outre la mort, les troubles liés à la consommation d'alcool sont associés à <ref name=":0" />:


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==Évolution==
==Évolution==
 
La sévérité de la consommation d'alcool ne semble pas avoir de franche corrélation avec le cours naturel de la maladie. Selon une étude longitudinale faites chez des consommateurs hommes, la sévérité de la consommation initiale d'alcool n'était pas associée à l'évolution clinique du patient 4 ans plus tard.<ref name=":13" />
{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Évolution}}La sévérité de la consommation d'alcool ne semble pas avoir de franche corrélation avec le cours naturel de la maladie. Selon une étude longitudinale faites chez des consommateurs hommes, la sévérité de la consommation initiale d'alcool n'était pas associée à l'évolution clinique du patient 4 ans plus tard.<ref name=":13" />


==Prévention==
==Prévention==
Bien qu'il n'existe pas de lignes directrices claires à ce sujet, il est recommandé de dépister périodiquement la consommation d'alcool chez les patients d'offrir un support psycho-social et de référer ces patients vers les ressources appropriées permettant de prendre en charge la cessation tabagique si le clinicien n'est pas en mesure de le faire lui-même.<ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Fiche de prévention clinique|url=http://www.cmq.org/publications-pdf/p-1-2020-05-29-fr-fiche-de-prevention-clinique-adultes.pdf|site=Collège des médecins du Québec|date=29 mai 2020|consulté le=12 février 2021}}</ref>


{{Section ontologique|classe=Maladie|nom=Prévention}}Bien qu'il n'existe pas de lignes directrices claires à ce sujet, il est recommandé de dépister périodiquement la consommation d'alcool chez les patients d'offrir un support psycho-social et de référer ces patients vers les ressources appropriées permettant de prendre en charge la cessation tabagique si le clinicien n'est pas en mesure de le faire lui-même<ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Fiche de prévention clinique|url=http://www.cmq.org/publications-pdf/p-1-2020-05-29-fr-fiche-de-prevention-clinique-adultes.pdf|site=Collège des médecins du Québec|date=29 mai 2020|consulté le=12 février 2021}}</ref>.
De façon similaire, le dépistage universel des complications chez les patients atteints d'un TUA n'est pas clairement défini, mais il peut être justifié de dépister l'atteinte hépatique dans le cadre d'un bilan de dépistage au moyen de la mesure de l'ALT. En cas de perturbation de celle-ci, plusieurs cliniciens complètent ensuite un bilan hépatique plus élargis et envisagent une imagerie abdominale selon les trouvailles. Cette approche, en s'assurant d'informer le patient avant d'inclure la mesure de l'ALT au bilan, peut ensuite être utilisé comme un levier de changement auprès des patients.<ref>{{Opinion d'expert|nom=N/A|date=2022-01-07|explication=Conduite ayant été fréquemment mentionnée dans le cadre de la discussion de médecins de première ligne sur un forum en ligne.}}</ref><ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Screening for unhealthy use of alcohol and other drugs in primary care|url=https://www.uptodate.com/contents/screening-for-unhealthy-use-of-alcohol-and-other-drugs-in-primary-care?search=alcohol%20use%20disorder&topicRef=7809&source=see_link|site=UpToDate|date=|consulté le=12 février 2022}}</ref>
 
De façon similaire, le dépistage universel des complications chez les patients atteints d'un TUA n'est pas clairement défini, mais il peut être justifié de dépister l'atteinte hépatique dans le cadre d'un bilan de dépistage au moyen de la mesure de l'ALT. En cas de perturbation de celle-ci, plusieurs cliniciens complètent ensuite un bilan hépatique plus élargis et envisagent une imagerie abdominale selon les trouvailles. Cette approche, en s'assurant d'informer le patient avant d'inclure la mesure de l'ALT au bilan, peut ensuite être utilisé comme un levier de changement auprès des patients<ref>{{Opinion d'expert|nom=N/A|date=2022-01-07|explication=Conduite ayant été fréquemment mentionnée dans le cadre de la discussion de médecins de première ligne sur un forum en ligne.}}</ref><ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Screening for unhealthy use of alcohol and other drugs in primary care|url=https://www.uptodate.com/contents/screening-for-unhealthy-use-of-alcohol-and-other-drugs-in-primary-care?search=alcohol%20use%20disorder&topicRef=7809&source=see_link|site=UpToDate|date=|consulté le=12 février 2022}}</ref>.


==Références==
==Références==

Version du 13 février 2022 à 09:27

Trouble lié à l'usage de l'alcool (TUA)
Maladie
Caractéristiques
Signes
Symptômes
Paresthésies, Humeur dépressive, Dysfonction érectile, Nausées, Tentative de suicide, Perte d'emploi, Amnésie, Hématémèse, Antécédents, Sevrage à l'alcool, ... [+]
Diagnostic différentiel
Troubles de l'humeur, Troubles anxieux, Consommation non pathologique d'alcool, Trouble de l'usage des sédatifs, Trouble de l'usage des hypnotiques, Trouble de l'usage des anxiolytiques, Auto-médication
Informations
Autres noms Alcoolisme
Wikidata ID Q15326

Page non révisée

Le trouble lié à l'usage de l'alcool (TUA) se définit comme un mode de consommation problématique de l'alcool et qui est associé à des symptômes cognitifs, comportementaux et physiologiques entraînant la perte de contrôle de l'individu sur sa consommation d'alcool. Enfin, une souffrance et/ou un dysfonctionnement social découle de la consommation de l'alcool.[1][2]

Épidémiologie

Selon l’enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues (ECTAD) de 2019, effectuée auprès de plus de 10 000 Canadiens de 15 ans et plus, 76% des répondants ont déclaré avoir consommé de l'alcool au cours de la dernière année, avec une prévalence légèrement supérieure auprès des hommes. Elle se décline de la façon suivante selon les groupes d'âge : 49% chez les 15-19 ans, 84% chez les 20-24 ans et 78% chez les plus de 25 ans. C'est toutefois au Québec que la prévalence de consommation est la plus élevée, atteignant 81% des répondants, en légère baisse par rapport à la dernière enquête de 2017.[3]

Des individus ayant consommé de l'alcool, c'est près du quart d'entre-eux (23%) qui ont dépassé les directives de consommation afin de prévenir les effets aigus et/ou chroniques de la consommation d'alcool. Ce sont finalement 21% des consommateurs d'alcool qui ont déclaré l'un des 5 méfaits liés à leur consommation (incapacité d'arrêter de boire après avoir initié la consommation, incapacité d'effectuer ce qui est normalement attendu de la personne, besoin de boire de l'alcool dès le réveil, incapacité de se souvenir des évènements de la veille, ressentir un sentiment de regret ou de culpabilité en lien avec sa consommation d'alcool).[3]

Par ailleurs, seulement 2% des personnes ayant consommé de l'alcool ou des drogues ont déclaré avoir déjà eu recours à l'aide de professionnels en lien avec leur consommation (médecin, travailleurs sociaux, conseillers, professionnels de la santé). Les hommes seraient d'ailleurs légèrement plus enclins à recourir à une telle aide.[3]

Étiologies

Le développement d'un TUA est le plus souvent multifactoriel et découle des l'interaction gène-environnement. Il est estimé que jusqu'à 40-60% de la variance du risque pourrait être lié à des facteurs génétiques et héréditaires.[2] Parmi les facteurs qui entretiennent le TUA, on retrouve la modulation neuronale découlant de l'exposition chronique à l'alcool, notamment la modification de l'expression des récepteurs NMDA.[4]

Physiopathologie

De nombreuses hypothèses ont été suggérées pour expliquer la propension de certains patients à développer un TUA. Certaines des théories les mieux étayées incluent la régulation à effet positif, la régulation à effet négatif, la vulnérabilité pharmacologique et la propension à la déviance. La régulation à effet positif conduit à boire par recherche d'un sentiment de récompense (tel le sentiment d'euphorie). La régulation à effet négatif est observée lorsque l'on boit pour faire face à des sentiments de nature négative (tels la dépression, l'anxiété ou la dévalorisation). La vulnérabilité pharmacologique repose sur la variabilité interindividuelle aux effets aigus et chroniques de la consommation d'alcool, ainsi qu'à la capacité à métaboliser l'alcool. Enfin, la prédisposition à la déviance consiste en la tendance d'un individu à adopter un comportement déviant établi pendant l'enfance, souvent en raison d'un déficit de socialisation à un âge précoce.[5]

Sur une base neurobiologique, l'alcool, comme plusieurs substances addictives, produit son effet de renforcement via la libération de dopamine au niveau de l'aire tegmentale ventrale via la voie dopaminergique mésolimbique. Celle-ci est responsable du sentiment de désir et de récompense. Elle possède des projections allant au cortex préfrontal et aux noyeaux accumbens. Ce sont ces projections qui engendrent le désir de consommer à nouveau la substance. Son effet sur les neurones dopaminergiques passe d'abord par la libération d'autres neurotransmetteurs (glutamate, GABA, corticolibérine et sérotonine). Le système cannabinoïde endogène est finalement aussi impliqué dans le développement d'une dépendance à l'alcool.[6]

À plus long terme, l'exposition chronique à l'alcool engendre une modification de la transmission synaptiques de façon durable, voire permanente. Plusieurs facteurs sont impliqués, tels que la modification des récepteurs NMDA et de la transmission glutamatergique, la diminution de la sensibilité des neurones dopaminergiques et l’augmentation de l’activité de la corticolibérine. Globalement, l'effet net de cette neuroplasticité modifie l'équilibre entre l'effet inhibiteur GABA et l'effet excitateur du glutamate, au profit de ce dernier. Il en résulte une hyperactivité neuronale. C'est cet effet hyperexcitable qui déclenche plusieurs symptômes de sevrage, tels l'anxiété et la diminution du seuil convulsif, et qui sont à la base du renforcement négatif entretenant l'usage compulsif chronique de cette substance.[4][6][7]

Ce sont donc ces deux grands principes qui sont adressés par les diverses avenues pharmacologiques employées pour le traitement du TUA : (1) la libération dopaminergique liée à la récompense, (2) l'effet net excitateur lié à l'évitement des effets négatifs.

Présentation clinique

Facteurs de risque

Les principaux facteurs de risque se divisent ainsi [4][8]:

Biologiques :

  • l'âge compris entre 18 à 29 ans
  • le sexe masculin
    • Le trouble de l'usage de l'alcool est plus rarement cliniquement manifeste chez la femme. Toutefois, les femmes sont plus susceptibles aux effets physiologiques néfastes de l'alcool, tels que la neurotocité et le développement d'une cirrhose.
  • l'expression anormale des gènes : GABRG2, GABRA2, COMT Val 158Met, DRD2, taq1A et KIAA0040[5][7], pouvant influencer :
    • le métabolisme de l'alcool
    • l'effet de la substance sur le système nerveux central (SNC)
    • les traits de personnalité sous-jacents
    • la comorbidité avec d'autres troubles psychiatriques.

Psychologiques :

Sociaux :

Questionnaire

À l'histoire, on retrouvera des épisodes rapportés de consommation excessive d'alcool de plus de quatre ou cinq verres à la fois. Un score de 2 ou plus au questionnaire CAGE est suggestif d'un TUS sous-jacent. Ce test est facile et rapide à administrer en clinique.

Plusieurs conséquences découlent d'une consommation chronique et abusive d'alcool. Elles prennent différentes formes, soient comportementales, psychiatriques et médicales. En plus des différents critères diagnostiques du DSM V, il est possible de rechercher les éléments suivants au questionnaire [2][8]:

Dans un contexte de visite médicale routinière, les patients se présentent généralement asymptomatiques. Il est tout de même possible que ceux-ci présentent des symptômes liés à leur consommation ou à des complications découlant de celle-ci. Ces symptômes sont les suivants [2][5][8]:

Les symptômes comportementaux et psychiatriques sont également à rechercher et peuvent découler du TUA ou encore être associés à ses comorbidités [2][8]:

Examen clinique

L'examen clinique est le plus souvent normal, mais permet parfois d'objectiver les signes suivants, le plus couramment en cas d'atteinte neurologique ou de cirrhose hépatique. Finalement, en contexte de consommation importante et chronique, l'examen de l'apparence générale du patient peut montrer des signes de dénutrition.[8]

Examens paracliniques

Les examens paracliniques pertinents en présence d'un TUA sont les suivants [2][5][8]:

En contexte de perturbation du bilan hépatique, et surtout en présence de stigmates d'hépatopathie, une échographie abdominale est généralement le premier test d'imagerie à demander.

Approche clinique

Diagnostic

Critères diagnostiques du DSM V

Voici les critères énoncés dans le DSM V [2]:

A . Mode d’usage problématique de l’alcool conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative, caractérisé par la présence d’au moins deux des manifestations suivantes, au cours d’une période de 12 mois :

  1. L’alcool est souvent consommé en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu.
  2. Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler la consommation d’alcool.
  3. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir de l’alcool, à utiliser de l’alcool ou à récupérer de ses effets.
  4. Envie impérieuse (craving), fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool.
  5. Consommation répétée d’alcool conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.
  6. Consommation continue d’alcool malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de l’alcool.
  7. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’usage de l’alcool.
  8. Consommation répétée d’alcool dans des situations où cela peut être physiquement dangereux.
  9. L’usage de l’alcool est poursuivi bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par l’alcool.
  10. Tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
    1. Besoin de quantités notablement plus fortes d’alcool pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré;
    2. Effet notablement diminué en cas de l’usage continu de la même quantité d’alcool.
  11. Sevrage caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
    1. Syndrome de sevrage caractéristique de l’alcool;
    2. L’alcool (ou une substance très proche, telle qu’une benzodiazépine) est pris pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.

Spécifier si :

En rémission précoce : Après que tous les critères du trouble de l’usage de l’alcool aient été préalablement remplis, plus aucun ne l’a été pendant au moins 3 mois mais pendant moins de 12 mois (à l’exception du critère A4, « Envie impérieuse [craving], fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool », qui peut être rempli).

En rémission prolongée : Après que tous les critères du trouble de l’usage de l’alcool aient été préalablement remplis, plus aucun ne l’a été à aucun moment pendant au moins 12 mois (à l’exception du critère A4, « Envie impérieuse [craving], fort désir ou besoin pressant de consommer de l’alcool », qui peut être rempli).

Spécifier si :

En environnement protégé : Cette spécification supplémentaire est utilisée si le sujet est dans un environnement où l’accès à l’alcool est limité.

Spécifier la sévérité actuelle :

Léger : Présence de 2-3 symptômes

Moyen : Présence de 4-5 symptômes

Grave : Présence de 6 symptômes ou plus

Outils cliniques

Plusieurs outils cliniques existent et peuvent aider le clinicien à évaluer objectivement le risque que son patient soit atteint d'un TUA. En voici quelques-uns :

Questionnaire CAGE[9]

Questionnaire AUDIT-10 : un questionnaire de dépistage, et sa version abrégée de 3 questions (AUDIT-C)

  • 10 questions avec réponses comprises entre 0 et 4 points
    • Un score < 8 est peu suggestif d'un TUA.
    • Un score compris entre 8 et 15, requiert d'aborder les recommandations sur la consommation sécuritaire de l'alcool.
    • Un score compris entre 16 et 19 nécessite un counseling et d'explorer la consommation d'alcool lors de visites subséquentes.
    • Un score > 20 est fortement suggestif d'un TUA et nécessite une prise en charge appropriée selon le stade de changement du patient.

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel est le suivant [2][5]:

Traitement

Dans une visée de continuum des soins et selon une approche de réduction des méfaits, la décision de traiter un TUA repose sur une décision partagée avec le patient et comprendra la planification du sevrage de la substance ainsi que la prévention des rechutes. La prise en charge par une équipe multidisciplinaire permettra finalement de favoriser les chances de succès de l'abandon de la substance. Au final, un patient dont l'auto-critique face à son TUA est faible, ou qui n'est pas ouvert au changement, sera peu investi dans sa thérapie. Une approche de réduction des méfaits est donc souvent à favoriser, avec un suivi médical et psycho-social approprié.

La section qui suit est en grande partie basées sur le Guide d'usage optimal - Sevrage d'alcool et prévention des rechutes[10] publié par l'INESSS en aout 2021. Ces recommandations s'appliquent pour les individus âgés de plus de 18 ans, et excluent les femmes enceintes ou qui allaitent.

Prévention des rechutes

Traitement non pharmacologique

Bien que les traitements pharmacologiques devraient être offerts à tous les patients, l'approche non-pharmacologique demeure essentielle. Elle n'est par ailleurs pas coercitive et ne devrait pas limiter l'accès aux agents pharmacologiques.

Avenues à explorer [5][10][11]:

Traitement pharmacologique d'aide au maintien de l'abstinence

Principes du traitement
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  • Les interventions pour le maintien de l’abstinence de l’alcool en externe (MF)

Tout patient atteint d'un TUA et voulant cesser sa consommation d'alcool devrait se voir offrir une aide pharmacologique au maintien de l'abstinence en raison du haut taux d'échec en l'absence de pharmacothérapie. L'approche sera individualisée selon les objectifs de traitement (ex. l'abstinence, la réduction de la consommation), et le choix des modalités reposera notamment sur la présence de comorbidités (ex. trouble anxieux, troubles du sommeil).[10][12][13]

Les médicaments sélectionnés devraient être servis à la pharmacie de façon fractionnée afin de limiter le potentiel d'abus (notamment pour le gabapentin et le topiramate). Au besoin, le recours au programme Alerte (pour le Québec) peut être envisagé. La fréquence des services sera ajustée selon l'alliance thérapeutique avec le patient et son observance.

Contre-indications
  • Être âgé de moins de 18 ans
  • Être enceinte ou allaiter
  • Présenter des signes ou de symptômes de sevrage
    • Il peut être acceptable de débuter un traitement d'aide au maintien de l'abstinence en fin de sevrage, mais cette approche n'est pas recommandée puisqu'elle ne permet pas de distinguer les symptômes du sevrage des effets secondaires de la médication.[10]
Avant de débuter le traitement

En plus d'une anamnèse complète et des bilans pouvant déjà avoir été demandés pour évaluer les complications du TUA, voici le bilan de base à demander avant d’initier un traitement, certains résultats pouvant influencer le choix et le dosage de la médication :

  • FSC
  • Électrolytes, magnésium, créatinine
  • ALT, AST, GGT, phosphatase alcaline, bilirubine totale, albumine, INR
  • Glucose
  • Selon le contexte clinique et les facteurs de risque :
    • β-hCG chez les femmes en âge de procréer
    • Dépistage ITSS selon les facteurs de risque.
Choix de l'agent et ajustement posologique
Tableau des options pharmacologiques recommandées pour la prévention des rechute à la suite de la résolution d'un TUA[10]
Naltrexone

(1ere intention)

Acamprosate

(2e intention)

Gabapentine

(2e intention)

Topiramate

(2e intention)

Dosage 25 mg PO DIE pendant 2 à 4 jours,

puis augmentation à 50 mg PO DIE

Débuter et limiter à 666 mg PO TID
  • < 60 kg : 666 mg AM, 333 mg PM, 333 mg HS
  • ClCr 30-49 : 333 mg PO TID


Médicament d'exception : Formulaire 8004

Autorisation x 3 mois (puis ad 12 mois consécutifs).

100-300 mg PO TID, augmenter graduellement ad 1200 - 1800 mg PO par jour selon la tolérance.

(ex. ↑ tous les 3 jours sur +/- 5 paliers)

  • ClCr 30-59 ml/min : limiter à 300 mg PO BID
  • ClCr 15-29 ml/min : limiter à 300 mg PO DIE
  • ClCr <15 ml/min : débuter et limiter à 100 mg PO DIE


25 mg PO DIE, augmenter graduellement ad 100 - 150 mg PO BID selon la tolérance

(ex. par paliers de 25 mg par semaine)

  • ClCr < 70 ml/min : dose visée de 50-75 mg PO BID
Effets secondaires No/Vo

Crampes abdominales

Anxiété

Insomnie

Céphalées

Risque d'idées suicidaires

Diarrhée

Somnolence

Étourdissements

Insomnie

Fatigue inhabituelle

Risque d'idées suicidaires

Somnolence

Étourdissements

Fatigue

Tremblements

Ataxie

Nystagmus

Diarrhée

Œdème périphérique

Risque d'idées suicidaires

Paresthésies

Somnolence

Étourdissements

Nervosité

Troubles cognitifs

Fatigue

Visuel : myopie aigüe, glaucome à angle étroit, anomalies des champs visuels

Perte de poids

Diminution de l'appétit

Néphrolithiase

Acidose métabolique

Risque d'idées suicidaires

Suivi Suivi clinique : initialement de façon hebdomadaire, puis 1 fois par mois pendant 6 mois lorsque la condition est jugée stable. Si le traitement est poursuivi pour plus de 6 mois, alors le suivi peut avoir lieu à un intervalle plus éloigné, ex. aux 3 mois.

Éléments à évaluer :

  • Symptômes de sevrage
  • Tolérance et observance à la médication
  • Trouble du sommeil, symptômes anxio-dépressifs, idéations suicidaires
  • Envie de consommer de l'alcool et consommation d'autres substances
  • Possibilité de grossesse.
Bilan : ALT, AST, albumine, bilirubine

totale et INR 4-6 semaines après le

début du traitement, puis q6 mois

Pas de bilan Pas de bilan



Risques lors d'interruption brusque du

traitement : agitation, confusion, diaphorèse, symptômes GI, tremblements, tachycardie, hypertension, insomnie, crises convulsives.

Pas de bilan

Surveiller signes d'acidose métabolique


Risque lors d'interruption brusque du

traitement : crises convulsives.

Mécanisme d'action Agoniste non sélectif des récepteurs

opioïdes δ, κ et μ.

Diminue l'activité opioïdergique dans la région

mésolimbique, ce qui module l'effet de

récompense médié par la dopamine

associé à la prise d'alcool.

Module la neurotransmission

glutamatergique.

Analogue GABA.

Mécanisme peu compris.

Mécanisme inconnu. Pourrait augmenter

l'activité inhibitrice GABAergique et

inhiber les canaux sodiques voltage-

dépendant au niveau du cerveau.

Contre-indications
  • Allergie
  • Usage d'opioïdes dans les 10 derniers jours ou usage attendu (ex. chirurgie)
  • Trouble de l'usage des opioïdes
  • Insuffisance hépatique, cirrhose
  • Hépatite aigüe ou augmentation des enzymes hépatiques à plus de 2.5x la limite supérieure de la normale


Précaution en cas de grossesse ou

d'allaitement.

  • Allergie
  • Insuffisance rénale avec ClCr < 30 ml/min


Précaution en cas d'insuffisance

rénale modérée (30-49 ml/min),

d'insuffisance hépatique sévère

(CHILD C), de grossesse ou d'allaitement.

  • Allergie


Précautions chez les > 65 ans et en cas d'insuffisance rénale (<60 ml/min), de grossesse ou d'allaitement.

  • Allergie
  • Grossesse
  • Femme en âge de procréer n'utilisant pas de méthode contraceptive ou utilisant des COC (efficacité diminuée par le topiramate)


Précautions en cas d'insuffisance hépatique sévère à modérée, d'insuffisance rénale (<70 ml/min), d'antécédents de néphrolithiase ou d'allaitement.

Interactions

médicamenteuses

Utilisation simultanée d'autres molécules hépatotoxiques

Opioïdes: peut précipiter un syndrome

de sevrage aux opioïdes

Aucune Opioïdes et dépresseurs SNC : ↑ du risque de sédation et de dépression respiratoire.

Antiacides à base d'aluminium ou de

magnésium.

↓ de la concentration et de l'efficacité des contraceptifs oraux.

Multiples autres interactions.

Suivi

Le suivi peut être effectué par tous les membres de l'équipe multidisciplinaire s'occupant du patient.

On peut généralement s'attendre à une amélioration après 3 mois de traitement avec l'acamprosate et 6 mois avec les autres molécules. L'absence des critères du TUA pendant une période de 3 à 12 mois est considéré comme une rémission précoce, tandis l'absence de ces mêmes critères pendant une période de plus de 12 mois est considéré comme une rémission du TUA.

En cas d'échec au maintien de l'abstinence, ou en cas de ré-augmentation des quantités d'alcool consommées si la réduction de la consommation était l'objectif, il est possible de tenter une intensification du suivi en ambulatoire, ou encore de référer le patient vers un milieu spécialisé d'accompagnement des patients aux prises à une dépendance.[10][13]

Complications

Le trouble lié à l'usage de l'alcool entraîne de nombreuses conséquences sur la santé et le contexte de vie du patient, mais aussi de son entourage. Ce sont jusqu'à 40% des personnes aux troubles avec un TUA qui en subiront les conséquences. D'après les rapports de l'OMS, il est associé à au moins 3 millions de décès chaque année, la plupart d'entre eux survenant chez les hommes. Outre la mort, les troubles liés à la consommation d'alcool sont associés à [5]:

Évolution

La sévérité de la consommation d'alcool ne semble pas avoir de franche corrélation avec le cours naturel de la maladie. Selon une étude longitudinale faites chez des consommateurs hommes, la sévérité de la consommation initiale d'alcool n'était pas associée à l'évolution clinique du patient 4 ans plus tard.[8]

Prévention

Bien qu'il n'existe pas de lignes directrices claires à ce sujet, il est recommandé de dépister périodiquement la consommation d'alcool chez les patients d'offrir un support psycho-social et de référer ces patients vers les ressources appropriées permettant de prendre en charge la cessation tabagique si le clinicien n'est pas en mesure de le faire lui-même.[14]

De façon similaire, le dépistage universel des complications chez les patients atteints d'un TUA n'est pas clairement défini, mais il peut être justifié de dépister l'atteinte hépatique dans le cadre d'un bilan de dépistage au moyen de la mesure de l'ALT. En cas de perturbation de celle-ci, plusieurs cliniciens complètent ensuite un bilan hépatique plus élargis et envisagent une imagerie abdominale selon les trouvailles. Cette approche, en s'assurant d'informer le patient avant d'inclure la mesure de l'ALT au bilan, peut ensuite être utilisé comme un levier de changement auprès des patients.[15][16]

Références

__NOVEDELETE__
  1. Pierre Patigny, Nicolas Zdanowicz et Brice Lepiece, « How should psychiatrists and general physician communicate to increase patients' perception of continuity of care after their hospitalization for alcohol withdrawal? », Psychiatria Danubina, vol. 30, no Suppl 7,‎ , p. 409–411 (ISSN 0353-5053, PMID 30439814, lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 et 2,7 American Psychiatric Association, DSM-5 - Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, États-Unis, Elsevier Health Sciences France, , p. 632-658
  3. 3,0 3,1 et 3,2 « Enquête canadienne sur l’alcool et les drogues (ECAD) : sommaire des résultats pour 2019 », sur Gouvernement du Canada, (consulté le 20 décembre 2021)
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Pierre Lalonde, Psychiatrie Clinique, Montréal, Chenelière éducation, , 1081 p., p. 849-872
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 et 5,6 Sara M. Nehring et Andrew M. Freeman, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28613774, lire en ligne)
  6. 6,0 et 6,1 Robin C. Wackernah, Matthew J. Minnick et Peter Clapp, « Alcohol use disorder: pathophysiology, effects, and pharmacologic options for treatment », Substance Abuse and Rehabilitation, vol. 5,‎ , p. 1–12 (ISSN 1179-8467, PMID 24648792, Central PMCID 3931699, DOI 10.2147/SAR.S37907, lire en ligne)
  7. 7,0 et 7,1 Francisco J. Pavón, Antonia Serrano, David G. Stouffer et Ilham Polis, « Ethanol-induced alterations in endocannabinoids and relevant neurotransmitters in the nucleus accumbens of fatty acid amide hydrolase knockout mice », Addiction Biology, vol. 24, no 6,‎ , p. 1204–1215 (ISSN 1369-1600, PMID 30421483, Central PMCID 6551299, DOI 10.1111/adb.12695, lire en ligne)
  8. 8,0 8,1 8,2 8,3 8,4 8,5 et 8,6 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 21 novembre 2021)
  9. J. A. Ewing, « Detecting alcoholism. The CAGE questionnaire », JAMA: The Journal of the American Medical Association, vol. 252, no 14,‎ , p. 1905–1907 (DOI 10.1001/jama.252.14.1905, lire en ligne)
  10. 10,0 10,1 10,2 10,3 10,4 et 10,5 Institut  national  d’excellence  en  santé  et  en  services  sociaux  (INESSS).  Sevrage  d’alcool et  prévention  des  rechutes  –  Guide  d’usage  optimal.  Rédigé  par  Caroline  Poisson  et Catherine  Awad.  Québec,  Qc  :  INESSS;  2021.  12  p. (ISBN 9782550898597, lire en ligne)
  11. Lode Godderis, Emma Boonen, Ana L. Cabrera Martimbianco et Ellen Delvaux, « WHO/ILO work-related burden of disease and injury: Protocol for systematic reviews of exposure to long working hours and of the effect of exposure to long working hours on alcohol consumption and alcohol use disorders », Environment International, vol. 120,‎ , p. 22–33 (ISSN 1873-6750, PMID 30055358, DOI 10.1016/j.envint.2018.07.025, lire en ligne)
  12. (en) Henry R. Kranzler, « Diagnosis and Pharmacotherapy of Alcohol Use Disorder, A Review », Journal of the American Medical Association (JAMA),‎ , p. 815-825 ([doi:10.1001/jama.2018.11406 lire en ligne])
  13. 13,0 et 13,1 « Initier un traitement pharmacologique pour la prévention des rechutes chez une personne avec un trouble lié à l’usage d’alcool », sur Iness.qc.ca (consulté le 12 novembre 2021)
  14. « Fiche de prévention clinique », sur Collège des médecins du Québec, (consulté le 12 février 2021)
  15. Opinion d'expert (N/A) [2022-01-07] Conduite ayant été fréquemment mentionnée dans le cadre de la discussion de médecins de première ligne sur un forum en ligne.
  16. « Screening for unhealthy use of alcohol and other drugs in primary care », sur UpToDate (consulté le 12 février 2022)
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