Gastro-entérite virale
Maladie | |
Rotavirus à la microscopie électronique (un des pathogènes responsables de la GEV) | |
Caractéristiques | |
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Signes | Déshydratation, Tachycardie , Tachypnée , Péristaltisme augmenté, Douleur à la palpation abdominale, Hypotension artérielle , Température corporelle élevée |
Symptômes |
Myalgies, Crampes abdominales, Nausée, Céphalée , Asymptomatique , Douleurs abdominales diffuses, Diarrhée , Vomissement , Perte de poids , Malaises , ... [+] |
Diagnostic différentiel |
Appendicite, Gastrite, Maladies inflammatoires intestinales, Infection des voies respiratoires supérieures, Giardiase, Pneumonie acquise en communauté, Cholécystite aiguë, Obstruction de l'intestin grêle, Colite pseudomembraneuse, Intoxication alimentaire, ... [+] |
Informations | |
Terme anglais | Viral gastroenteritis |
Wikidata ID | Q64382127 |
Spécialités | Médecine familiale, Médecine d'urgence, Pédiatrie, Médecine interne, Gastro-entérologie, Chirurgie générale |
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La gastro-entérite virale (GEV) est une infection du système digestif causée par un virus.
Épidémiologie
La GEV est une maladie courante dans le monde. Les agents pathogènes viraux sont à l'origine de la plupart de ces cas. La maladie diarrhéeique aiguë est généralement autorésolutive dans les pays industrialisés, mais peut avoir une morbidité importante chez les patients jeunes et âgés. Dans les pays sous-développés, les diarrhées virales sont une cause importante de décès, en particulier chez les nourrissons [1][2]. Selon le Center for Disease Control, les infections de GEV sont responsables de plus de 200 000 décès d'enfants par an dans le monde. Des cas isolés peuvent survenir, mais la GEV survient plus fréquemment lors d'éclosions dans des communautés proches telles que les garderies, les établissements de santé et les croisières.
La cause la plus fréquente des diarrhées aiguës dans le monde est la GEV. Les hommes et les femmes sont également touchés. Aux États-Unis, presque tous les Américains auront au moins une GEV par année[3].
Avec la vaccination croissante contre le rotavirus, le nombre global de cas devrait continuer à diminuer. D'autres causes virales telles que l'adénovirus, le sapovirus et l'astrovirus représentent 2% à 9% des cas dans le monde, avec une prévalence plus élevée pour les enfants que pour les adultes [4][5].
Type de virus | Épidémiologie |
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Rotavirus |
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Norovirus |
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Sapovirus |
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Astrovirus |
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Adénovirus | |
Coronaviridae (SARS-CoV) et Covid-19[16] | COVID-19[16]:
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Étiologies
Plusieurs virus différents (les rotavirus, les norovirus, les adénovirus, les sapovirus, les astrovirus et les coronavirus) sont responsables de la plupart des cas de GEV aiguë[4][5]. La plupart de ces virus sont transmis par voie fécale-orale, y compris les aliments et l'eau contaminés. Il a également été démontré que la transmission se produit par contact direct et indirect, et peut-être par aérosol. Le norovirus est plus résistant à l'inactivation du chlore et de l'éthanol que les autres virus[5].
Physiopathologie
En général, les manifestations cliniques de la GEV sont dues aux effets que les virus, ainsi que des cytotoxines spécifiques, ont sur les entérocytes. Le virus se réplique dans les entérocytes, ce qui résulte en une perturbation des membranes apicales, engendrant à son tour une malabsorption. Ce phénomène explique une diarrhée osmotique et non inflammatoire [17]. De plus, les toxines virales entraînent des dommages directs et une lyse cellulaire des entérocytes et des villosités intestinales, provoquant une perte transsudative de liquide dans l'intestin [18]. Il en résulte une composante sécrétoire à la diarrhée. La perturbation de la fonction des entérocytes engendre des troubles électrolytiques et acido-basiques par la perte de différents transporteurs. Le virus est ensuite excrété par les matières fécales et parfois par les vomissements. La charge virale maximale dans les selles est atteinte entre 24 et 48 heures après le début des symptômes. Certaines études démontrent une excrétion virale au niveau des selles s'étalant sur plusieurs semaines[5] [17][18].
Pour le rotatovirus, la pathogenèse est compliquée par plusieurs mécanismes possibles, y compris la malabsorption due aux lésions des muqueuses, la sécrétion d'entérotoxines virales et la diarrhée sécrétoire secondaire. Le rotavirus augmente la sécrétion d'électrolytes au niveau de l'intestin grêle et diminue le co-transport de glucose avec ces électrolytes [17][5]. Il existe certaines particularités physiopathologiques pour le rotavirus.
- L'excrétion virale au niveau des selles peut perdurer jusqu'à 10 jours. [19]
- Les adultes sont plus susceptibles d'être des porteurs asymptomatiques.
- Les personnes immunodéficientes peuvent présenter une maladie plus prolongée et plus grave, avec une excrétion virale plus longue [20].[5]
- La réplication virale est limitée au tractus gastro-intestinal[9].
Dans le cas du norovirus, l'infection engendre un émoussement des villosités tout en épargnant les muqueuses [18]. Ces changements surviennent rapidement et disparaissent généralement deux semaines après le début de la maladie. L'absorption des graisses et du d-xylose est dimimuée, ce qui résulte en une diarrhée osmotique [18]. À la différence du rotavirus, il ne semble pas y avoir de production d'entérotoxine[5].
Le sapovirus est transmis par voie fécale-orale, soit par contact direct ou indirect, ou même par aérosol[15].
L'astrovirus est transmis par la voie fécale-orale[3][15]. Il se présente par des éclosions[14].
L'adénovirus est transmis de personne à personne, mais les adultes ne sont pas un vecteur commun[15].
Le SARS-CoV a un tropisme pour les intestins et peuvent se transmettre dans les matières fécales[3].
Le Covid-19 pourrait être transmise par la voie gastrointestinale secondaire à une liaison aux récepteurs de l'enzyme convertissant l'angiotensine de type 2, un récepteur commun dans le tractus gastrointestinal et dans les cholangiocytes[16].
Présentation clinique
Facteurs de risque
Les principaux facteurs de risque sont :
- l'âge 6 à 18 mois (rotavirus)
- l'exposition à des aliments contaminés, par exemple dans un hôtel ou dans une croisière (norovirus)
- un séjour dans une garderie, une prison ou un établissement de santé (norovirus, rotavirus)[1].
Questionnaire
Il est important de recherches des sources d'exposition, tel que des contacts ou l'ingestion d'aliments potentiellement contaminés. Il faut aussi évaluer le risque de déshydratation, qui est un facteur de risque de mortalité[1].
Le tableau clinique est caractérisé par une apparition rapide des symptômes suivant :
- diarrhée: Au moins 3 selles liquides ou semi-liquides dans une période de 24 heures OU des selles plus abondantes et plus fréquentes que d’habitude[21]
- Nausées et Vomissements
- crampes abdominales
- céphalée
- myalgies
- perte de poids
Les symptômes durent généralement moins d'une semaine, s'améliorant le plus souvent après 1 à 3 jours. Tout signe de maladie qui persiste au-delà de deux semaines est classé comme chronique et ne répond donc pas aux exigences de la gastro-entérite aiguë. Les symptômes apparaissent rapidement, possiblement en quelques heures. D'autres membres de la famille ou des contacts proches peuvent avoir des plaintes similaires. Les antécédents de voyage, l'utilisation récente d'antibiotiques, l'exposition aux maladies, les expositions professionnelles et l'état immunitaire doivent tous être pris en compte. Une attention particulière doit être accordée aux nourrissons, aux patients âgés et aux personnes immunosupprimées[5].
Pour ce qui est des temps d'incubation, il est approximativement 2,0 jours pour le rotavirus[22], et environ 1,2 jours pour le norovirus[23].
Dans le cas du rotavirus, l'infection peut être symptomatique ou asymptomatique[9]. Dans le cas d'une infection symptomatique, la triade classique est les vomissements, la diarrhée et la fièvre.
Bien que les symptômes peuvent s'apparenter à ceux de l'entérite bactérienne induite par des toxines et autres maladies, la GEV aura rarement de l'hématochésie, du mucus dans les selles ou une diarrhée qui dure plus que 6 à 7 jours[15].
Examen clinique
En l'absence de tests diagnostiques facilement accessibles, la GEV aiguë est un diagnostic clinique. Par conséquent, chez les patients qui semblent cliniquement bien hydratés et qui ne présentent pas de facteurs de risque de maladie grave, des tests supplémentaires ne seraient pas nécessairement justifiés.
- examen de l'abdomen : péristaltisme augmenté, sensibilité diffuse, sensibilité légère, possible tympanisme
- toucher rectal : S'assurer de l'absence d'hématochésies
- fièvre: typiquement de bas grade
- tachycardie
- tachypnée
- déshydratation.
Examens paracliniques
Les examens paracliniques sont utilisés pour aider à éliminer d’autres causes des symptômes du patient et de potentielles complications
- FSC: Leucocytose, hémoconcentration
- Bilan ionique : Perturbation électrolytique
- Fonction rénale : Évaluer si présence d'insuffisance rénale aiguë[5]
- Imagerie de l'abdomen
- Étude des selles : Culture de selles, dépistage de C. difficile (si présence de facteurs de risque)
L'imagerie abdominale est le plus souvent normal. La tomodensitométrie démontre des trouvailles non-spécifiques tel qu'un épaississement léger et diffus de la paroi colique ou d'autres changements inflammatoires de l'intestin. Des études des selles peuvent être obtenues, mais elles permettent généralement d'évaluer la présence ou absence d'étiologies bactériennes. Les patients présentant des selles sanglantes, une forte fièvre, des douleurs abdominales sévères ou une déshydratation sévère justifient des études de selles, ne correspondant pas à une simple GEV[5].
Diagnostic
Le diagnostic de la GEV est principalement basé sur la présentation clinique. Dans certaines situations un examen des selles peut être effectué. De nombreux virus différents peuvent se présenter avec une symptomatologie similaire, bien que dans la pratique clinique de routine, le virus responsable spécifique n'est généralement pas identifié.
Un PCR des selles peut être utilisé pour confirmer le rotavirus[3],le norovirus[18], l'astrovirus et l'adénovirus[15].
Diagnostic différentiel
Bien que la GEV aiguë soit généralement une maladie autorésolutive dans le monde industrialisé, il est essentiel pour le clinicien d'éliminer d’autres causes plus graves des symptômes du patient :
- Intoxication alimentaire
- Gastro-entérite bactérienne ou protozoaire: approche thérapeutique différente et potentiel de morbidité plus élevé.
- Appendicite
- Diverticulite
- Maladies inflammatoires intestinales
- Cholécystite aiguë
- obstruction de l'intestin grêle.
De nombreux cas de pathologies abdominales occultes sont initialement diagnostiquées comme des gastro-entérites virales. Les maladies virales des voies respiratoires supérieures et certains types de pneumonie bactérienne peuvent également présenter des symptômes similaires à ceux de la GEV[5].
Traitement
Quelle que soit la cause virale, le traitement est généralement de support et est orienté vers une amélioration symptomatique, tout particulièrement de l'état volémique [1][2]. Cependant, chez les patients vulnérables, dontles jeunes enfants, les patients âgés et les personnes immunosupprimées, une hospitalisation est à considérer vu le risque augmenté de morbidités et de mortalité [21][24][5].
- thérapie liquidienne:
- Solution de réhydratation orale à osmolarité réduite en première ligne chez les patients avec une déshydratation légère à modérée[1].
- IV pour les patients hospitalisés pour déshydratation sévère. Les solutions salines et lactées de Ringer semblent être efficaces pour le traitement de la déshydratation due à la GEV[5].
- antiémétiques : ondansétron, métoclopramide
- antidiarrhétiques : Éliminer toute étiologie bactérienne en premier lieu étant donné le risque augmenté de mortalité associée avec les antidiarrhétiques
Un débat existe sur l'utilisation de médicaments antidiarrhéiques. Les médicaments tels que le diphénoxylate / atropine ou le lopéramide ne sont pas recommandés chez les patients âgés de 65 ans ou plus. Les patients plus jeunes peuvent bénéficier de tels médicaments [24]. Cependant, certains estiment que si un patient peut maintenir un état volémique optimal, un traitement antidiarrhéique ne doit pas être instauré. Les traitements n'étant pas très efficaces, les efforts sont surtout dirigés au développement de vaccins et aux mesures de contrôle[3].
Une zone grise existe aussi sur l'utilisation des antiémétiques; ils ne sont pas jugés comme étant nécessaire par le AAP et le CDC. L'odansétron[note 2], qui semble réduire les vomissements, améliorer l'adhérence aux traitements de réhydratation et réduire les hospitalisations, est associé à un risque d'aggravation légère de diarrhées[25].
Aucune recommandation nutritionnelle spécifique est actuellement recommandée pour les patients atteints de GEV. Un régime composé de bananes, de riz, de pommes, de thé et de pain grillé est souvent conseillé, mais plusieurs études n'ont pas réussi à montrer de différence de résultat significative par rapport aux régimes réguliers [5][26].
La plupart des patients qui se présentent aux cliniques externes ou au service des urgences pour une GEV aiguë peuvent être congédiés chez eux en toute sécurité. Les adultes bénéficient souvent de médicaments antiémétiques à domicile, bien que les médicaments antiémétiques à domicile ne soient pas recommandés chez les jeunes enfants. Les patients qui peuvent bénéficier d'une observation ou d'une hospitalisation sont ceux qui présentent des signes ou symptômes de déshydratation, des vomissements incoercibles, de troubles électrolytiques sévères, une insuffisance rénale aiguë importante, de douleurs abdominales sévères ou une vulnérabilité augmentée (immunodéficience, grossesse, extrêmes d'âge)
Il est recommandé de poursuivre l'allaitement en tout temps[1][25].
Complications
Une évaluation de l'état volémique est vital, en particulier chez les patients qui présentent des extrêmes d'âge, une maladie chronique ou une immunosuppression. Ces groupes de patients courent un risque beaucoup plus élevé de complications graves dues à la déshydratation.
Complications générales[27]:
- Déshydratation (peut être sévère)
- Désiquilibre électrolytique
- Hypovolémie.
Chez les enfants[28]:
- Déshydratation
- Acidose métabolique
- Désiquilibre électrolytique
- Intolérance aux glucides (lactose, glucose) ou aux aliments (lait de vache, protéine de soya)
- Ré-infection
- Syndrome hémolytique urémique
- Complications iatrogéniques
- Décès.
Évolution
Le pronostic dans la plupart des cas est très bon, la condition étant auto-limitée. Cependant, il est essentiel que le patient continue à maintenir son hydratation orale même s'il ne cherche pas de soins médicaux. La mortalité survient à des âges extrêmes et chez les personnes immunosupprimées. Aujourd'hui, les calcivirus sont associés à plus de décès que les rotavirus. Les norovirus ont été impliqués dans de nombreuses épidémies dans les foyers de soins et la diarrhée associée est souvent grave. Les nouvelles souches de norovirus ont évolué et continuent d'être plus virulentes[5]. Aux États-Unis et dans d'autres pays industrialisés, la maladie est le plus souvent spontanément résolutive et disparaît en 1 à 3 jours.
Prévention
La vaccination est un moyen efficace de prévenir le rotavirus.
De plus, garder une bonne hygiène et se laver les mains souvent aident aussi à prévenir la maladie particulièrement dans les centres hospitaliers. L'isolement des cas et l'équipement de protection individuelle est efficace pour prévenir la transmission[3][9][18]. L'hygiène alimentaire est également vitale pour limiter la propagation virale.
Notes
Références
- Cette page a été modifiée ou créée le 2020/11/11 à partir de Viral Gastroenteritis (StatPearls / Viral Gastroenteritis (2020/06/25)), écrite par les contributeurs de StatPearls et partagée sous la licence CC-BY 4.0 international (jusqu'au 2022-12-08). Le contenu original est disponible à https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30085537 (livre).
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