Maladie cœliaque

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Maladie cœliaque
Maladie
Caractéristiques
Signes Oedème des membres inférieurs, Hypoplasie de l'émail dentaire, Stomatite aphteuse, Délais dans l'éruption des dents, Distension abdominale
Symptômes
Syndrome du tunnel carpien, Convulsions, Faiblesse musculaire, Paresthésies, Dermatite herpétiforme, Épilepsie, Ataxie , Retard staturo-pondéral, Migraine, Ballonnement, ... [+]
Diagnostic différentiel
Syndrome du côlon irritable, Malabsorption, Sprue tropicale, Pullulation bactérienne, Gastro-entérite bactérienne, Infection à Giardia, Duodénite peptidique, Lymphome intestinal, Gastro-entérite virale, Maladie de Crohn, ... [+]
Informations
Terme anglais Celiac disease
Wikidata ID Q11088
Spécialités Gastro-entérologie, Chirurgie générale, Gastro-pédiatrie

Page non révisée

La maladie cœliaque est une entéropathie chronique de l'intestin grêle. Elle est déclenchée par l'exposition au gluten dans l'alimentation des personnes sensibles. La sensibilité est déterminée génétiquement. [1][2][3][4]

Épidémiologie

La prévalence de la maladie cœliaque dans la population générale est d'environ 0,5% à 1%. La prévalence réelle, ainsi que la détection et le diagnostic, ont augmenté au cours des 10 à 20 dernières années. L'incidence est plus élevée chez les personnes atteintes de maladies auto-immunes comme le diabète de type 1. Il y a aussi une histoire familiale de la maladie chez 10% et 15% des parents du premier degré. La maladie est surtout présente en Europe, mais a aussi une incidence mondiale. [4][5]

Étiologies

La maladie coeliaque est le résultat d'une réaction défavorable du système immunitaire au gluten. Le gluten est un résidu protéique de l'extraction de certaines céréales (blé, orge, seigle, avoine[note 1]). Le gluten se transforme en gliadine pendant la digestion et la pénétration de la gliadine dans la paroi intestinale entraine une réaction immunitaire. Cette réaction implique des anticorps contre la transglutaminase tissulaire, soit les anticorps anti-transglutaminases, qui sont des IgA. Il y a des facteurs génétiques prédisposants à développer la maladie coeliaque, soit les gènes HLA-DQ2 et HLA-DQ8. [5]

Il existe cependant d'autres voies proposées qui contribuent à la maladie, comme la glycoprotéine gliadine. Cette protéine a un effet toxique direct sur les entérocytes en régulant à la hausse la production d'IL-15. Les infections gastro-intestinales de la petite enfance sont aussi pertinentes pour le développement de la maladie cœliaque plus tard dans la vie. Toutefois, il est probable que cela soit également directement lié au fait que la maladie cœliaque est causée par un trouble de la fonction immunitaire.[4][5]

Physiopathologie

Un peptide dérivé du gluten, la gliadine, cause des dommages à l'intestin grêle. Il y a une inflammation locale, qui conduit à la destruction des petites villosités intestinales. Cette destruction, à son tour, entraîne une diminution de la fonctionnalité de la surface intestinale et une malabsorption. Le manque d'absorption des nutriments a un impact direct sur le système digestif, mais aussi indirectement sur tous les systèmes de l'organisme. Cet impact se traduit généralement par une mauvaise santé et c'est la raison pour laquelle la maladie cœliaque peut avoir des signes et des symptômes provenant de presque tous les systèmes du corps, pas seulement du système gastro-intestinal. Les symptômes de la maladie cœliaque sont dus aux lésions des entérocytes dans l'intestin grêle. Dans le tableau clinique complet, les caractéristiques typiques de l'intestin grêle sont l'inflammation chronique et l'atrophie des villosités. Les anticorps IgA contre l'endomysium du muscle lisse et la transglutaminase tissulaire sont souvent utilisés pour poser le diagnostic de la maladie cœliaque. Cependant, environ 5% des patients atteints de la maladie cœliaque présentent une carence en cette immunoglobuline.[4][6][7]

Présentation clinique

Facteurs de risque

Voici certains facteurs de risque de la maladie coeliaque : [5][8]

Questionnaire

Plusieurs symptômes gastro-intestinaux orientent vers une maladie coeliaque et sont à rechercher au questionnaire : [4][5]

Toutefois, certains patients sont asymptomatiques.

Les symptômes extra-intestinaux sont aussi à rechercher et peuvent inclure : [4][5]

Certains conditions sont associées à la maladie coeliaque et peuvent être questionnés avec les antécédents du patient : [5]

  • hémosidérose pulmonaire
  • reflux gastro-oesophagien
  • infertilité et avortement spontané
  • glossite atrophique
  • pancréatite
  • myocardite, cardiomyopathie
  • maladie inflammatoire intestinale

Examen clinique

Si on suspecte une maladie coeliaque chez un patient, l'examen physique devrait inclure les éléments suivants :

Examens paracliniques

Il est très important que les tests diagnostics soient effectués pendant que le patient consomme une diète avec du gluten.[4][9][10] Le bilan diagnostique commence généralement par des tests sérologiques : [4][5]

Le diagnostic définitif nécessite presque toujours une oesophago-gastro-duodénoscopie : [4]

  • biopsie de la muqueuse duodénale en D2 et D3
    • pathologie : prolifération des lymphocytes et des plasmocytes dans la lamina propria
  • visualisation d'une atrophie ou absence villositaire et d'une hypertrophique des cryptes

Les bilans paracliniques servent aussi à identifier les complications de la maladie coeliaque : [4]

Les imageries radiologiques ne sont généralement pas nécessaire pour mener au diagnostic, mais si elles sont faites, on pourrait voir un oblitération de la muqueuse intestinale, une dilatation de l'intestin ou une floculation au baryum. [4]

Approche clinique

Plusieurs présentations cliniques peuvent nous amener à rechercher une maladie coeliaque chez un patient. Par exemple, un patient qui présente un tableau digestif typique (diarrhée chronique, malabsorption, perte de poids et distension abdominale) est un patient qu'on voudrait investiguer. Face à une anémie ferriprive ou des taux sériques de folates ou de B12 diminués de façon inexpliqués, une maladie coeliaque peut aussi être recherchée. [5] On peut aussi chercher la maladie chez les patients qui ont des facteurs de risque. Il est important de ne pas débuter une diète sans gluten avant la fin des investigations et le diagnostic final, car cela pourrait fausser l'interprétation des tests.[8]

La première étape de l'approche clinique est le dosage sérique des anti-transglutamiase et des anti-endomysiaux. On ne dose pas d'emblée les anti-gliadines. Deux scénarios peuvent alors être possibles : [5]

  • si les anticorps sont positifs, notre suspicion augmente fortement et on procède ensuite à l'oesophago-gastro-duodénoscopie (OGD) pour prélever des biopsies intestinales et ainsi confirmer le diagnostic.
    • si la suspicion clinique est forte dès la présentation clinique ou avec les facteurs de risque, on procède à l'OGD d'emblée.
  • si les anticorps sont négatifs, il faut éliminer un déficit en IgA et doser les anti-gliadines. En présence d'IgA normaux et d'anti-gliadine normaux, il faut alors penser à d'autres causes d'atrophie des villosités intestinales

Si on obtient des résultats qui discordants, d'autres tests supplémentaires peuvent être faits : [5]

  • Anticorps positifs, mais biopsie négative : vérifier que le patient consommait du gluten au moment de l'OGD et répéter les biopsies au besoin
  • Biopsie positive, mais anticorps négatifs : doser les IgA pour éliminer un déficit et tester pour la présence du HLA-DQ2 et DQ8. Si les IgA sont normaux et les HLA sont absents, le diagnostic de maladie coeliaque est exclu.

Après le diagnostic de maladie coeliaque, le patient doit débuter une diète sans gluten. Une biopsie intestinale est refaite 4 mois après le début du traitement afin de confirmer la bonne évolution. S'il n'y a pas d'amélioration, la compliance du patient à sa diète et l'ingestion involontaire de gluten doivent être vérifiés. Si les deux sont adéquats, il faut envisager un diagnostic alternatif. [5]

Diagnostic

Afin de poser le diagnostic de maladie coeliaque classique, les 3 éléments suivants doivent être présents : [5]

  • atrophie villeuse
  • symptômes de malabsorption : stéatorrhée, perte de poids, déficit nutritionnel
  • résolution de l'atteinte de la muqueuse et des symptômes avec une diète sans gluten

On parle de maladie atypique si les dommages de la muqueuse sont présents, mais que la présentation classique de malabsorption n'est pas présente. Il peut toutefois y avoir des éléments de présentation clinique extra-digestifs, comme l'ostéoporose, l'anémie, l'arthrite, des AST augmentées ou de l'infertilité.

La maladie sera classifiée de silencieuse ou asymptomatique si c'est une découverte fortuite d'IgA anti-gliadine ou anti-transglutaminase, avec un léger changement de la muqueuse.

Finalement, la maladie est dite latente s'il y a peu d'atteinte muqueuse malgré une diète avec gluten. [5]

Diagnostic différentiel

Voici le diagnostic différentiel de la maladie coeliaque : [4]

Traitement

Le traitement de la maladie coeliaque consiste en un régime strict sans gluten, à vie. Le patient doit donc exclure le blé, l'orge, l'avoine et le seigle de sa diète. Cela a un impact significatif sur la vie des personnes touchées et peut être difficile à maintenir. Une consultation en en nutrition peut aider à prévenir d'éventuelles carences nutritionnelles. L'éducation du patient est aussi au coeur du traitement, afin d'aider à sa compréhension de la maladie et au respect d'une alimentation sans gluten. Il existe aussi des groupes de soutien pour les patients. [5] Bien que plusieurs autres modalités de traitement, comme les modulateurs immunitaires, font présentement l'objet de recherches, aucune thérapie non-diététique n'a pour l'instant été prouvée efficace. [4] Les corticostéroïdes ne profitent qu'à un petit pourcentage de patients atteints de la maladie cœliaque.[4]

En général, les symptômes s'améliorent avec le régime sans gluten en quelques jours à quelques semaines. Les patients qui ne répondent pas ont besoin d'un examen plus approfondi, mais également d'une évaluation de l'observance du régime. Les tests sérologiques peuvent évaluer la compliance au régime. La non-compliance peut être involontaire chez une personne qui peut encore ingérer du gluten sans s'en rendre compte, d'où l'importance de faire l'éducation du patient et d'impliquer un spécialiste de la nutrition.[11][12][4] Une biopsie duodénale de 4 mois après le début de la diète sans gluten permet de confirmer la bonne évolution de la maladie coeliaque. En l'absence d'amélioration, il faut alors penser à un diagnostic alternatif : mauvaise compliance, ingestion accidentelle de gluten, sprue réfractaire, jéjunite ulcéreuse, lymphome intestinal, autre maladie concomitante ... [5]

L'identification des déficits nutritionnels secondaires à la malabsorption et leur correction fait aussi partie de la prise en charge globale de la maladie coeliaque. Les éléments suivants peuvent être surveillés : formule sanguine complète, réserves de fer, acide folique, ferritine, taux de vitamine D et d'autres vitamines liposolubles et densité minérale osseuse.[4][5] La prise en charge des patients ayant une sérologie positive mais pas de résultats anormaux à la biopsie duodénale est controversée. Il existe de nombreuses situations où le diagnostic n'est pas clair. Certains patients présentent des symptômes pertinents malgré l'absence de changements identifiés sur la petite biopsie intestinale. Il existe également une maladie cœliaque séronégative. Ce terme décrit la situation inverse lorsque, malgré les symptômes typiques, il n'y a pas de preuve sérologique de la maladie, mais il y a une atrophie villositaire significative de la biopsie duodénale.[4]

Suivi

Les symptômes s'améliorent en quelques semaines avec l'adoption de la diète sans gluten. Les patients diagnostiqués avec la maladie coeliaque ont besoin d'un suivi à vie par une équipe médicale afin d'identifier les complications de la maladie et s'assurer du respect de la diète sans gluten.[4][5]

Complications

La maladie coeliaque peut entrainer plusieurs complications à cause de la malabsorption : [4][5]

Il existe aussi un risque néoplasique à long terme associé à la maladie coeliaque : [4]

Évolution

Le pronostic pour les patients avec un diagnostic et un traitement corrects est bon. Malheureusement, l'observance d'un régime sans gluten est très difficile et les rechutes sont fréquentes. Certains patients ne répondent pas à un régime sans gluten ou aux corticostéroïdes; ils ont une qualité de vie médiocre.[4]

Prévention

Il n'y a pas de prévention possible pour la maladie coeliaque. Toutefois, l'adhésion à un régime sans gluten strict chez les patients atteints prévient les complications liées à la malabsorption.

Il est aussi possible de procéder au dépistage de la maladie coeliaque chez les patients asymptomatiques, mais qui ont des facteurs de risque, comme c'est le cas pour les diabétiques de type 1 ou les patients avec un syndrome de Down.

Notes

  1. Il existe depuis longtemps des doutes quant à la toxicité de l'avoine pour un patient atteint de la maladie cœliaque. Récemment, des études ont montré que l'avoine n'est pas nocive et que des doutes étaient probables car elle est couramment transformée avec du blé et, par conséquent, la contamination croisée était très élevée.

Références

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  1. Xuechen B. Yu, Melanie Uhde, Peter H. Green et Armin Alaedini, « Autoantibodies in the Extraintestinal Manifestations of Celiac Disease », Nutrients, vol. 10, no 8,‎ (ISSN 2072-6643, PMID 30127251, Central PMCID 6115844, DOI 10.3390/nu10081123, lire en ligne)
  2. Ricketta Clark et Ragan Johnson, « Malabsorption Syndromes », The Nursing Clinics of North America, vol. 53, no 3,‎ , p. 361–374 (ISSN 1558-1357, PMID 30100002, DOI 10.1016/j.cnur.2018.05.001, lire en ligne)
  3. Pragya Sharma, Vandana Baloda, Gaurav Ps Gahlot et Alka Singh, « Clinical, endoscopic, and histological differentiation between celiac disease and tropical sprue: A systematic review », Journal of Gastroenterology and Hepatology, vol. 34, no 1,‎ , p. 74–83 (ISSN 1440-1746, PMID 30069926, DOI 10.1111/jgh.14403, lire en ligne)
  4. 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10 4,11 4,12 4,13 4,14 4,15 4,16 4,17 4,18 4,19 et 4,20 Ewa B. Posner et Muhammad Haseeb, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28722929, lire en ligne)
  5. 5,00 5,01 5,02 5,03 5,04 5,05 5,06 5,07 5,08 5,09 5,10 5,11 5,12 5,13 5,14 5,15 5,16 5,17 et 5,18 « Application de chirurgie » (consulté le 13 novembre 2020)
  6. Lyudmila V. Savvateeva, Svetlana I. Erdes, Anton S. Antishin et Andrey A. Zamyatnin, « Current Paediatric Coeliac Disease Screening Strategies and Relevance of Questionnaire Survey », International Archives of Allergy and Immunology, vol. 177, no 4,‎ , p. 370–380 (ISSN 1423-0097, PMID 30056445, DOI 10.1159/000491496, lire en ligne)
  7. Brian P. McAllister, Emmanuelle Williams et Kofi Clarke, « A Comprehensive Review of Celiac Disease/Gluten-Sensitive Enteropathies », Clinical Reviews in Allergy & Immunology, vol. 57, no 2,‎ , p. 226–243 (ISSN 1559-0267, PMID 29858750, DOI 10.1007/s12016-018-8691-2, lire en ligne)
  8. 8,0 et 8,1 (en) S. Husby, S. Koletzko, I.R. Korponay-Szabó et M.L. Mearin, « European Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition Guidelines for the Diagnosis of Coeliac Disease: », Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition, vol. 54, no 1,‎ , p. 136–160 (ISSN 0277-2116, DOI 10.1097/MPG.0b013e31821a23d0, lire en ligne)
  9. Jeremy R. Glissen Brown et Prashant Singh, « Coeliac disease », Paediatrics and International Child Health, vol. 39, no 1,‎ , p. 23–31 (ISSN 2046-9055, PMID 30099930, DOI 10.1080/20469047.2018.1504431, lire en ligne)
  10. Julio C. Bai et Carolina Ciacci, « World Gastroenterology Organisation Global Guidelines: Celiac Disease February 2017 », Journal of Clinical Gastroenterology, vol. 51, no 9,‎ , p. 755–768 (ISSN 1539-2031, PMID 28877080, DOI 10.1097/MCG.0000000000000919, lire en ligne)
  11. Marjorie M. Walker, Jonas F. Ludvigsson et David S. Sanders, « Coeliac disease: review of diagnosis and management », The Medical Journal of Australia, vol. 207, no 4,‎ , p. 173–178 (ISSN 1326-5377, PMID 28814219, DOI 10.5694/mja16.00788, lire en ligne)
  12. Katharina Julia Werkstetter, Ilma Rita Korponay-Szabó, Alina Popp et Vincenzo Villanacci, « Accuracy in Diagnosis of Celiac Disease Without Biopsies in Clinical Practice », Gastroenterology, vol. 153, no 4,‎ , p. 924–935 (ISSN 1528-0012, PMID 28624578, DOI 10.1053/j.gastro.2017.06.002, lire en ligne)
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