« Colite pseudomembraneuse » : différence entre les versions

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| autres_noms = Colite à Clostridium difficile
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| terme_anglais = Pseudomembranous colitis
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{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Définition}}
La colite pseudomembraneuse est une inflammation sévère de la paroi interne du côlon.  La maladie résulte d'une infection grave à ''[[Clostridium difficile]]'', un pathogène principalement d'origine nosocomiale.<ref name=":1">{{Citation d'un article|prénom1=Claire|nom1=de Curraize|prénom2=Clotilde|nom2=Rousseau|prénom3=Stéphane|nom3=Corvec|prénom4=Najoua|nom4=El-Helali|titre=Variable spectrum of disease and risk factors of peripartum Clostridium difficile infection: report of 14 cases from French hospitals and literature review|périodique=European Journal of Clinical Microbiology & Infectious Diseases: Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology|volume=37|numéro=12|date=2018-12|issn=1435-4373|pmid=30178230|doi=10.1007/s10096-018-3372-x|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30178230/|consulté le=2020-11-17|pages=2293–2299}}</ref><ref name=":2">{{Citation d'un article|prénom1=Nagham|nom1=Khanafer|prénom2=Philippe|nom2=Vanhems|prénom3=Frédéric|nom3=Barbut|prénom4=Catherine|nom4=Eckert|titre=Outcomes of Clostridium difficile-suspected diarrhea in a French university hospital|périodique=European Journal of Clinical Microbiology & Infectious Diseases: Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology|volume=37|numéro=11|date=2018-11|issn=1435-4373|pmid=30120646|doi=10.1007/s10096-018-3348-x|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30120646/|consulté le=2020-11-17|pages=2123–2130}}</ref><ref name=":3">{{Citation d'un article|prénom1=Leon M. T.|nom1=Dicks|prénom2=Lasse S.|nom2=Mikkelsen|prénom3=Erik|nom3=Brandsborg|prénom4=Harold|nom4=Marcotte|titre=Clostridium difficile, the Difficult "Kloster" Fuelled by Antibiotics|périodique=Current Microbiology|volume=76|numéro=6|date=2019-06|issn=1432-0991|pmid=30084095|doi=10.1007/s00284-018-1543-8|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30084095/|consulté le=2020-11-17|pages=774–782}}</ref><ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Philip|nom1=Salen|prénom2=Holly A.|nom2=Stankewicz|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2020|pmid=29262007|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK470319/|consulté le=2020-11-17}}</ref>
La colite pseudomembraneuse, aussi appelée colite à ''C. Difficile'', est une inflammation sévère de la paroi interne du côlon secondaire à l'utilisation d'antibiotiques.  La maladie résulte le plus souvent d'une infection grave à ''[[Clostridium difficile]]'', un pathogène d'origine nosocomiale de plus en plus fréquent dans les deux dernières décennies.<ref name=":1">{{Citation d'un article|prénom1=Claire|nom1=de Curraize|prénom2=Clotilde|nom2=Rousseau|prénom3=Stéphane|nom3=Corvec|prénom4=Najoua|nom4=El-Helali|titre=Variable spectrum of disease and risk factors of peripartum Clostridium difficile infection: report of 14 cases from French hospitals and literature review|périodique=European Journal of Clinical Microbiology & Infectious Diseases: Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology|volume=37|numéro=12|date=2018-12|issn=1435-4373|pmid=30178230|doi=10.1007/s10096-018-3372-x|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30178230/|consulté le=2020-11-17|pages=2293–2299}}</ref><ref name=":2">{{Citation d'un article|prénom1=Nagham|nom1=Khanafer|prénom2=Philippe|nom2=Vanhems|prénom3=Frédéric|nom3=Barbut|prénom4=Catherine|nom4=Eckert|titre=Outcomes of Clostridium difficile-suspected diarrhea in a French university hospital|périodique=European Journal of Clinical Microbiology & Infectious Diseases: Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology|volume=37|numéro=11|date=2018-11|issn=1435-4373|pmid=30120646|doi=10.1007/s10096-018-3348-x|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30120646/|consulté le=2020-11-17|pages=2123–2130}}</ref><ref name=":3">{{Citation d'un article|prénom1=Leon M. T.|nom1=Dicks|prénom2=Lasse S.|nom2=Mikkelsen|prénom3=Erik|nom3=Brandsborg|prénom4=Harold|nom4=Marcotte|titre=Clostridium difficile, the Difficult "Kloster" Fuelled by Antibiotics|périodique=Current Microbiology|volume=76|numéro=6|date=2019-06|issn=1432-0991|pmid=30084095|doi=10.1007/s00284-018-1543-8|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30084095/|consulté le=2020-11-17|pages=774–782}}</ref><ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Philip|nom1=Salen|prénom2=Holly A.|nom2=Stankewicz|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2020|pmid=29262007|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK470319/|consulté le=2020-11-17}}</ref>


La colite à ''C. difficile'' survient occasionnellement chez des patients sans exposition aux antibiotiques ou aux soins de santé. Cela a conduit à la reconnaissance d'une infection à ''C. difficile'' associée à la communauté.
La colite à ''C. difficile'' survient occasionnellement chez des patients sans exposition aux antibiotiques ou aux soins de santé. Cela a conduit à la reconnaissance d'une infection à ''C. difficile'' associée à la communauté.


== Épidémiologie ==
== Épidémiologie ==
L'incidence des infections à ''C. difficile'' a augmenté au cours des 20 dernières années. Avec près de 500 000 cas et 29 000 décès associés signalés chaque année aux États-Unis, c'est l'une des infections nosocomiales les plus fréquentes. Étant la cause la plus fréquente de diarrhée infectieuse dans les établissements de soins de santé, ''C. difficile'' entraîne une morbidité importante et peut potentiellement entraîner la mort dans les populations hospitalisées vulnérables. La colonisation par ''C. difficile'' survient chez 13% des patients hospitalisés pendant 2 semaines et chez 50% des patients hospitalisés plus de 4 semaines<ref name=":0" />. Environ 8% des patients colonisés développent une diarrhée. Les patients nouvellement exposés sont plus à risque de développer l'infection clinique que les patients déjà colonisés au préalable<ref name=":13" />.


{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Épidémiologie}}
''C. difficile'' peut facilement coloniser le côlon humain. On estime que 2% à 5% de la communauté ambulatoire saine est colonisée et ne manifeste pas de signes d'infection<ref name=":5">{{Citation d'un article|prénom1=Arun|nom1=Sachu|prénom2=Kavitha|nom2=Dinesh|prénom3=Ismail|nom3=Siyad|prénom4=Anil|nom4=Kumar|titre=A prospective cross sectional study of detection of Clostridium difficile toxin in patients with antibiotic associated diarrhoea|périodique=Iranian Journal of Microbiology|volume=10|numéro=1|date=2018-02|issn=2008-3289|pmid=29922412|pmcid=6004637|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29922412/|consulté le=2020-11-17|pages=1–6}}</ref><ref name=":6">{{Citation d'un article|prénom1=Holger|nom1=Schäffler|prénom2=Anne|nom2=Breitrück|titre=Clostridium difficile - From Colonization to Infection|périodique=Frontiers in Microbiology|volume=9|date=2018|issn=1664-302X|pmid=29692762|pmcid=5902504|doi=10.3389/fmicb.2018.00646|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29692762/|consulté le=2020-11-17|pages=646}}</ref><ref name=":0" /><ref name=":14">Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Mise à jour du guide d’usage optimal pour le traitement de la diarrhée ou de la colite associée à Clostridium difficile. Rapport rédigé par Ann Lévesque. Québec, Qc : INESSS; 2017. 73 p.</ref>.
L'incidence des infections à ''C. difficile'' a augmenté au cours des 20 dernières années. Avec près de 500 000 cas et 29 000 décès associés signalés chaque année aux États-Unis, c'est l'une des infections nosocomiales les plus fréquentes. Étant la cause la plus fréquente de diarrhée infectieuse dans les établissements de soins de santé, ''C. difficile'' entraîne une morbidité importante et peut potentiellement entraîner la mortalité dans les populations hospitalisées vulnérables. La colonisation par ''C. difficile'' survient chez 13% des patients hospitalisés pendant 2 semaines et chez 50% des patients hospitalisés plus de 4 semaines<ref name=":0" />. Environ 8% des patients colonisés développent une diarrhée. Les patients nouvellement exposés sont plus à risque de développer l'infection clinique que les patients déjà colonisés au préalable<ref name=":13" />.
 
''C. difficile'' peut facilement coloniser le côlon humain. On estime que 2% à 5% de la communauté ambulatoire saine sont colonisés et ne manifestent pas de signes d'infection.<ref name=":5">{{Citation d'un article|prénom1=Arun|nom1=Sachu|prénom2=Kavitha|nom2=Dinesh|prénom3=Ismail|nom3=Siyad|prénom4=Anil|nom4=Kumar|titre=A prospective cross sectional study of detection of Clostridium difficile toxin in patients with antibiotic associated diarrhoea|périodique=Iranian Journal of Microbiology|volume=10|numéro=1|date=2018-02|issn=2008-3289|pmid=29922412|pmcid=6004637|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29922412/|consulté le=2020-11-17|pages=1–6}}</ref><ref name=":6">{{Citation d'un article|prénom1=Holger|nom1=Schäffler|prénom2=Anne|nom2=Breitrück|titre=Clostridium difficile - From Colonization to Infection|périodique=Frontiers in Microbiology|volume=9|date=2018|issn=1664-302X|pmid=29692762|pmcid=5902504|doi=10.3389/fmicb.2018.00646|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29692762/|consulté le=2020-11-17|pages=646}}</ref><ref name=":0" />


== Étiologies ==
== Étiologies ==
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Étiologies}}


*  
*  
La colite pseudomembraneuse résulte le plus souvent d'infections à ''{{Étiologie|nom=Clostridium difficile}}''; cependant, les étiologies moins courantes comprennent la {{Étiologie|nom=Colite ischémique}}, la {{Étiologie|nom=Colite collagénique}}, les {{Étiologie|nom=Maladies inflammatoires intestinales}}, la {{Étiologie|nom=Colite induite par le cytomégalovirus}}, la vascularite, les organismes bactériens et parasitaires, la {{Étiologie|nom=Maladie de Behçet}}, les médicaments chimiothérapeutiques et les toxines, telles que l'empoisonnement aux métaux lourds.
La colite pseudomembraneuse résulte d'une infection à ''{{Étiologie|nom=Clostridium difficile}}''.<ref name=":0" />  
 
Souvent considéré uniquement comme un pathogène nosocomial, le ''C. difficile'' provoque le plus souvent des maladies diarrhéiques chez les personnes âgées ayant utilisé des antimicrobiens ou ayant séjourné dans un établissement de santé. <ref name=":4">{{Citation d'un article|prénom1=F.|nom1=Prechter|prénom2=A.|nom2=Stallmach|titre=[Clostridium difficile in the intensive care unit]|périodique=Medizinische Klinik, Intensivmedizin Und Notfallmedizin|volume=115|numéro=2|date=2020-03|issn=2193-6226|pmid=29995234|doi=10.1007/s00063-018-0459-1|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29995234/|consulté le=2020-11-17|pages=81–87}}</ref><ref name=":5" /><ref name=":0" />


== Physiopathologie ==
== Physiopathologie ==
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Physiopathologie}}
L'administration d'antibiotiques, de médicaments chimiothérapeutiques ou d'un traitement immunosuppresseur perturbe le microbiote intestinal, ce qui permet la colonisation par ''C. difficile''. ''C. difficile'' est une bactérie anaérobe à Gram positif qui induit une colite via la production d'exotoxines, la toxine A et la toxine B<ref name=":13" />. Ces toxines déclenchent une inflammation, une perturbation du cytosquelette des cellules du côlon et la mort de ces cellules. Les pseudomembranes de la colite pseudomembraneuse se forment lorsque ces toxines stimulent de manière excessive le système immunitaire inné, ce qui attire des neutrophiles qui envahissent la muqueuse colique<ref name=":7">{{Citation d'un article|prénom1=Panagiotis|nom1=Papatheodorou|prénom2=Holger|nom2=Barth|prénom3=Nigel|nom3=Minton|prénom4=Klaus|nom4=Aktories|titre=Cellular Uptake and Mode-of-Action of Clostridium difficile Toxins|périodique=Advances in Experimental Medicine and Biology|volume=1050|date=2018|issn=0065-2598|pmid=29383665|doi=10.1007/978-3-319-72799-8_6|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29383665/|consulté le=2020-11-17|pages=77–96}}</ref><ref name=":0" />.
L'administration d'antibiotiques, de médicaments chimiothérapeutiques ou d'un traitement immunosuppresseur perturbe le microbiote intestinal, ce qui permet la colonisation par ''C. difficile''. ''C. difficile'' est une bactérie anaérobe à Gram positif qui induit une colite via la production d'exotoxines, la toxine A et la toxine B<ref name=":13" />. Ces toxines déclenchent une inflammation, une perturbation du cytosquelette des cellules du côlon et la mort de ces cellules. Les pseudomembranes de la colite pseudomembraneuse se forment lorsque ces toxines stimulent de manière excessive le système immunitaire inné, ce qui attire des neutrophiles qui envahissent la muqueuse colique<ref name=":7">{{Citation d'un article|prénom1=Panagiotis|nom1=Papatheodorou|prénom2=Holger|nom2=Barth|prénom3=Nigel|nom3=Minton|prénom4=Klaus|nom4=Aktories|titre=Cellular Uptake and Mode-of-Action of Clostridium difficile Toxins|périodique=Advances in Experimental Medicine and Biology|volume=1050|date=2018|issn=0065-2598|pmid=29383665|doi=10.1007/978-3-319-72799-8_6|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29383665/|consulté le=2020-11-17|pages=77–96}}</ref><ref name=":0" />.


''C. Difficile'' peut être dans sa forme active ou inactive. Les bactéries inactives produisent des spores. Les spores sont hautement résistants et persistent longtemps dans l'environnement, ce qui explique le haut degré de contagion de cette infection dans les hôpitaux. Les spores colonisent le système gastro-intestinal des humains par transmission fécale-orale. Une fois l'organisme colonisé, la bactérie devient active et produit des toxines, ce qui cause l'infection clinique<ref name=":13" />.
''C. Difficile'' peut être dans sa forme active ou inactive. Les bactéries inactives produisent des spores. Les spores sont hautement résistants et persistent longtemps dans l'environnement, ce qui explique le haut degré de contagion de cette infection dans les hôpitaux. Les spores colonisent le système gastro-intestinal des humains par transmission fécale-orale. Une fois l'organisme colonisé, la bactérie devient active et produit des toxines, causant l'infection clinique<ref name=":13" />.


Il est à noter que certaines souches de ''C. Difficile'', dites non-toxigéniques, ne produisent pas les toxines A et B. Ces souches ne peuvent pas causer d'infection clinique. Depuis les années 2000, on observe aussi une souche hypervirulente de ''C. Difficile'' (B1/NAP1/ribotype 27). Cette souche cause des infections plus fréquentes, plus sévères, réfractaires au traitement (notamment aux fluoroquinolones) et qui récidivent davantage<ref name=":13" />.
Il est à noter que certaines souches de ''C. Difficile'', dites non-toxinogènes, ne produisent pas les toxines A et B. Ces souches ne peuvent pas causer d'infection clinique. Depuis les années 2000, on observe aussi une souche hypervirulente de ''C. Difficile'' (B1/NAP1/ribotype 27). Cette souche cause des infections plus fréquentes, plus sévères, réfractaires au traitement (notamment aux fluoroquinolones) et qui récidivent davantage<ref name=":13" />.


== Présentation clinique ==
== Présentation clinique ==
 
''C. difficile'' a plusieurs présentations cliniques de gravité variable. Les patients peuvent être des porteurs asymptomatiques ou présenter une colite pseudomembraneuse fulminante avec mégacôlon toxique. Généralement, la présence de pseudomembranes indique un cas plus grave d'infection à ''C. difficile'' ou de diarrhée associée aux antibiotiques.
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Présentation clinique}}''C. difficile'' a plusieurs présentations cliniques de gravité variable. Les patients peuvent être des porteurs asymptomatiques ou présenter une colite pseudomembraneuse fulminante avec mégacôlon toxique. Généralement, la présence de pseudomembranes indique un cas plus grave d'infection à ''C. difficile'' ou de diarrhée associée aux antibiotiques.


=== Facteurs de risque ===
=== Facteurs de risque ===
 
Les facteurs de risque de la colite à ''C. Difficile'' sont :
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Facteurs de risque}}
* la prise d'{{Facteur de risque | nom = antibiotiques|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}} (le plus grand facteur de risque), particulièrement<ref name=":13" /> :  
* {{Facteur de risque | nom = Antimicrobiens|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
** la {{Facteur de risque|nom=clindamycine|RC=28|référence_RC=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37622034}}
** C'est le plus grand facteur de risque. Tous les antibiotiques peuvent être en cause, mais certains causent plus fréquemment la colite pseudomembraneuse<ref name=":13" /> :
** les {{Facteur de risque|nom=pénicillines|RC=2 - 8|référence_RC=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37622034}}
*** Clindamycine
** les {{Facteur de risque|nom=céphalosporines|RC=3 - 11|référence_RC=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37622034|affichage=céphalosporines}}
*** Pénicillines
** les {{Facteur de risque|nom=fluoroquinolones|RC=2,8 - 7|référence_RC=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37622034}}
*** Céphalosporines à large spectre
* un {{Facteur de risque | nom = séjour dans un établissement de santé|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}}
*** Fluoroquinolones
* un {{Facteur de risque | nom = colite pseudomembraneuse|affichage=antécédent d'infection à C. difficile}}
* {{Facteur de risque | nom = Séjour dans un établissement de santé|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
* l'{{Facteur de risque | nom = âge avancé|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}} (surtout pour les patients hébergés en CHSLD<ref name=":14" />)
** L'hospitalisation détermine si le patient sera colonisé. Le développement d'une infection active dépend ensuite de facteurs de l'hôte.
* les {{Facteur de risque | nom = inhibiteurs de la pompe à proton|RR=1,4 à 2,75|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=|affichage=IPP}}
* {{Facteur de risque | nom = Antécédent d'infection à C. Difficile|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
* toute {{Facteur de risque | nom = chirurgie gastro-intestinale|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}}
* {{Facteur de risque | nom = Âge avancé|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
* les {{Facteur de risque | nom = sondes d'alimentation|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}}
* {{Facteur de risque | nom = Utilisation d'IPP|RR=1,4 à 2,75|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}}
* l'{{Facteur de risque | nom = immunodéficience|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}}
* {{Facteur de risque | nom = Chirurgie gastro-intestinale|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
* la {{Facteur de risque | nom = chimiothérapie|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}}
* {{Facteur de risque | nom = Sondes d'alimentation|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
* l'{{Facteur de risque | nom = insuffisance rénale chronique|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}}
* {{Facteur de risque | nom = Immunodéficience|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
* les {{Facteur de risque | nom = maladies inflammatoires intestinales|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=|RC (OR)=}}.
* {{Facteur de risque | nom = Chimiothérapie|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
* {{Facteur de risque | nom = Insuffisance rénale chronique|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}
* {{Facteur de risque | nom = Maladies inflammatoires intestinales|RR=|référence_RR=|RC=|référence_RC=}}


=== Questionnaire ===
=== Questionnaire ===
 
Les symptômes débutent typiquement 4 à 9 jours après un traitement antibiotique, mais ils peuvent apparaitre jusqu'à 10 semaines après<ref name=":13" />. Les manifestations possibles sont :
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Questionnaire}}
* des {{Symptôme|nom=Diarrhée (signe clinique)|affichage=diarrhées aiguës non sanglantes|temps=aiguë|qualité=non sanglante}}
* Les symptômes débutent typiquement 4 à 9 jours après un traitement antibiotique, mais ils peuvent apparaitre jusqu'à 10 semaines après<ref name=":13" />.
* des {{Symptôme|nom=Nausées|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}} et des {{Symptôme|nom=vomissements|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* {{Symptôme | nom = Diarrhée aiguë|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* de la {{Symptôme | nom = Fièvre|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
** Non-sanglante
* des {{Symptôme | nom = Crampes abdominales|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* {{Symptôme|nom=Nausées et vomissements (situation clinique)|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* de la {{Symptôme | nom = Distension abdominale|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}.
* {{Symptôme | nom = Fièvre|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* {{Symptôme | nom = Crampes abdominales|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* {{Symptôme | nom = Distension abdominale|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* Présentations plus rares :
** « Protein-losing enteropathy » avec ascite
** Iléostomie de haut débit


=== Examen clinique ===
=== Examen clinique ===
À l'examen physique, on recherchera les éléments suivants :


{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Examen clinique}}
* des signes de choc septique et de déshydratation (qui sont des complications)
* {{Signe | nom = Hypotension (signe clinique)|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* à l'{{Examen clinique | nom = examen abdominal|indication=}} :
* {{Examen clinique | nom = Abdomen|indication=}}: {{Signe | nom = Sensibilité abdominale|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
** une {{Signe clinique|nom=sensibilité abdominale}}
** du {{Signe clinique|nom=tympanisme abdominale}}
** en l'absence de complication, il n'y a généralement pas de défense abdominale ou de signes d'abdomen aiguë.


== Examens paracliniques ==
== Examens paracliniques ==
{| class="wikitable"
|+
!
!
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Formule sanguine complète}}
|
* La {{Signe paraclinique|nom=leucocytose}} peut être importante, allant jusqu'à 100 000 globules blancs par mm<sup>3</sup>
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Ions}}
{{Examen paraclinique|nom=Créatininémie}}


{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Examens paracliniques}}Les investigations utiles au diagnostic de la ''C. Difficile'' sont :
{{Examen paraclinique|nom=Gaz veineux}}
* {{Investigation | nom = Formule sanguine complète | indication = }}: {{Signe paraclinique|nom=Leucocytose (situation clinique)|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
 
** La leucocytose peut être profonde, allant jusqu'à 100 000 globules blancs par mm<sup>3</sup>
{{Examen paraclinique|nom=Lactate sérique}}
* {{Investigation | nom = Recherche des toxines A et B | indication = Indication}}:
|
** Peut être faite par :  
* Rechercher les dysélectrolytémies, les signes de déshydratation et de choc.
*** PCR : très sensible et spécifique, rapide (< 1 heure)
|-
*** ELISA : très spécifique (95-100%) mais peu sensible (65-85%). Un test négatif n'exclue pas l'infection à ''C. Difficile''.
!{{Examen paraclinique|nom=Recherche des toxines A et B du Clostridium difficile}}
*** Cell culture cytotoxic assay (Stool cytotoxic assay) : c'est le test présentant la meilleure sensibilité et spécificité. Cependant, il est long à exécuter (48 heures) et coûteux.
|
* {{Investigation | nom = Culture de selles | indication = Indication}}:
* Peut être faite par :
** Test long à réaliser (72-96 heures)
** PCR : très sensible et spécifique, rapide (< 1 heure)
** Le test sera positif chez les patients colonisés asymptomatiques. Le test ne permet donc pas de différencier les souches toxigéniques des couches non-toxigéniques.
** ELISA : très spécifique (95-100%) mais peu sensible (65-85%). Un test négatif n'exclue pas l'infection à ''C. Difficile''.
* {{Investigation | nom = Test d'agglutinaton au latex | indication = Indication}}:
* ''Cell culture cytotoxic assay'' ''(Stool cytotoxic assay)'' : c'est le test présentant la meilleure sensibilité et spécificité. Cependant, il est long à exécuter (48 heures) et coûteux.
** Détecte la glutamate déshydrogénase, une enzyme exprimée par ''C. Difficile''.  
|-
** Le test ne permet pas de différencier les souches toxigéniques des couches non-toxigéniques.
!{{Examen paraclinique|nom=Culture de selles}}
*{{Investigation | nom = Plaque simple de l'abdomen | indication = Indication}}: {{Signe paraclinique | nom = iléus|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}, {{Signe paraclinique | nom = Dilatation colique|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}, {{Signe paraclinique | nom = Thumb printing|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}, {{Signe paraclinique | nom = épaississement des haustrations|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
|
*{{Investigation | nom = Tomodensitométrie abdominale | indication = Indication}}: {{Signe paraclinique | nom = Épaississement de la paroi du côlon|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}}
* Test long à réaliser (72-96 heures).
* {{Investigation | nom = Coloscopie | indication = Indication}}:  
* Le test sera positif chez les patients colonisés asymptomatiques. Le test ne permet donc pas de différencier les souches toxinogènes des couches non-toxinogènes.
** Inflammation de la muqueuse
|-
** Chez 25% des patients avec une colite légère et 85% des patients avec une colite fulminante<ref name=":13" />, on observera des nodules ou plaques jaunâtres (parfois hémorragiques) se rassemblant en pseudomembranes étendues sur la surface muqueuse du côlon. Les pseudomembranes alternent avec des zones de muqueuse saine. Dans les cas les plus sévères, les pseudomembranes recouvrent l'intégralité de la muqueuse colique. '''L'identification de pseudomembranes est pathognomonique'''.
!{{Examen paraclinique|nom=Test d'agglutinaton au latex}}
|
* Détecte la glutamate déshydrogénase, une enzyme exprimée par ''C. Difficile''.
* Le test ne permet pas de différencier les souches toxinogènes des couches non toxinogènes.
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Plaque simple de l'abdomen}}
|
* Un {{Signe paraclinique | nom = épaississement des haustrations|Se=|référence_Se=|Sp=|référence_Sp=|VPP=|référence_VPP=|VPN=|référence_VPN=|PLR=|référence_PLR=|NLR=}} peut être visible.
* Des signes de complications peuvent être présents (iléus, dilatation colique, air libre).
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Tomodensitométrie abdominale}}
|
* {{Signe paraclinique | nom = Épaississement de la paroi colique|qualité=diffuse|affichage=Épaississement diffuse de la paroi colique}}
|-
!{{Examen paraclinique|nom=Coloscopie}}
|[[Fichier:Pseudomembranoese_Colitis_Endo1.jpg|vignette|Apparence de la muqueuse colique à l'endoscopie chez un patient avec colite pseudomembraneuse|229x229px]]
 
* Chez 25% des patients avec une colite légère et 85% des patients avec une colite fulminante<ref name=":13" />, on observera des nodules ou plaques jaunâtres (parfois hémorragiques) se rassemblant en pseudomembranes étendues sur la surface muqueuse du côlon. Les pseudomembranes alternent avec des zones de muqueuse saine. Dans les cas les plus sévères, les pseudomembranes recouvrent l'intégralité de la muqueuse colique. '''L'identification de''' {{Signe paraclinique|nom=pseudomembrane|localisation=colon|affichage=pseudomembranes coliques}} '''est pathognomonique'''. Une inflammation diffuse de la muqueuse peut être observée.
|}
Ces examens ne doivent pas être faits chez les patients asymptomatiques ou chez les patients présentement sous traitement pour une colite à ''C. Difficile'', car les tests peuvent rester positifs plus de 6 semaines après la fin du traitement<ref name=":13" />.
Ces examens ne doivent pas être faits chez les patients asymptomatiques ou chez les patients présentement sous traitement pour une colite à ''C. Difficile'', car les tests peuvent rester positifs plus de 6 semaines après la fin du traitement<ref name=":13" />.


=== Histopathologie ===
=== Histopathologie ===


La biopsie par sigmoïdoscopie est un test invasif qui n'est généralement pas effectué pour le diagnostic initial de ''C. difficile'' ou de colite induite par des antibiotiques. L'endoscopie aide à confirmer le diagnostic de colite pseudomembraneuse en présence de symptômes évocateurs, de tests négatifs et de non-réponse au traitement conventionnel.<ref name=":0" /> La présence d'un portrait clinique atypique (par exemple, un iléus sans diarrhée) ou la nécessité d'un diagnostic rapide peuvent aussi justifier l'usage de la sigmoïdoscopie<ref name=":13" />.
La biopsie par sigmoïdoscopie est un test invasif qui n'est généralement pas effectué pour le diagnostic initial de ''C. difficile'' ou de colite induite par des antibiotiques. L'endoscopie peut aider à confirmer le diagnostic de colite pseudomembraneuse en présence de symptômes évocateurs, de tests négatifs et de non-réponse au traitement conventionnel.<ref name=":0" /> La présence d'un portrait clinique atypique (par exemple, un iléus sans diarrhée) ou la nécessité d'un diagnostic rapide peuvent aussi justifier l'usage de la sigmoïdoscopie<ref name=":13" />.


== Approche clinique ==
== Approche clinique ==
 
Il faut envisager une recherche de la colite à ''C. difficile'' chez les patients hospitalisés présentant plusieurs selles de consistance liquide (3 ou plus par jour). Une recherche de ''C. difficile'' comme agent causal de la colite pseudomembraneuse commence par le dépistage des toxines de ''C. difficile'' dans les selles. <ref name=":8">{{Citation d'un article|prénom1=J.|nom1=Wessling|titre=[Radiological imaging of acute infectious and non-infectious enterocolitis]|périodique=Der Radiologe|volume=58|numéro=4|date=2018-04|issn=1432-2102|pmid=29569035|doi=10.1007/s00117-018-0379-3|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29569035/|consulté le=2020-11-17|pages=302–311}}</ref><ref name=":9">{{Citation d'un article|prénom1=Jose|nom1=Jessurun|titre=The Differential Diagnosis of Acute Colitis: Clues to a Specific Diagnosis|périodique=Surgical Pathology Clinics|volume=10|numéro=4|date=2017-12|issn=1875-9157|pmid=29103537|doi=10.1016/j.path.2017.07.008|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29103537/|consulté le=2020-11-17|pages=863–885}}</ref><ref name=":0" /> Le dépistage par PCR est priorisé<ref name=":13" />. Il faut éviter d'envoyer des échantillons de selles pour confirmer la guérison de l'infection, car les tests restent positifs dans 60% des cas à la fin du traitement. Compte tenu des risques inhérents à ce test et des frais monétaires associés, l'endoscopie n'est pas recommandée à moins que la suspicion clinique ne persiste malgré les tests de diagnostic négatifs.<ref name=":0" />
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Approche clinique}}Il faut envisager une recherche de la colite à ''C. difficile'' chez les patients hospitalisés présentant plusieurs selles de consistance liquide (3 ou plus par jour). Une recherche de ''C. difficile'' comme agent causal de la colite pseudomembraneuse commence par le dépistage des toxines de ''C. difficile'' dans les selles. <ref name=":8">{{Citation d'un article|prénom1=J.|nom1=Wessling|titre=[Radiological imaging of acute infectious and non-infectious enterocolitis]|périodique=Der Radiologe|volume=58|numéro=4|date=2018-04|issn=1432-2102|pmid=29569035|doi=10.1007/s00117-018-0379-3|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29569035/|consulté le=2020-11-17|pages=302–311}}</ref><ref name=":9">{{Citation d'un article|prénom1=Jose|nom1=Jessurun|titre=The Differential Diagnosis of Acute Colitis: Clues to a Specific Diagnosis|périodique=Surgical Pathology Clinics|volume=10|numéro=4|date=2017-12|issn=1875-9157|pmid=29103537|doi=10.1016/j.path.2017.07.008|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29103537/|consulté le=2020-11-17|pages=863–885}}</ref><ref name=":0" /> Le dépistage par PCR est priorisé<ref name=":13" />. Il faut éviter d'envoyer des échantillons de selles pour confirmer la guérison de l'infection, car les tests restent positifs dans 60% des cas à la fin du traitement. Compte tenu des risques inhérents à ce test et des frais monétaires associés, l'endoscopie n'est pas recommandée à moins que la suspicion clinique ne persiste malgré les tests de diagnostic négatifs.<ref name=":0" />


== Diagnostic ==
== Diagnostic ==
 
Le diagnostic est posé en présence de diarrhées modérées à sévères (3 selles liquides ou plus par 24 heures) ou d'iléus et d'un élément parmi les suivants<ref name=":13" />:  
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Diagnostic}}Le diagnostic est posé en présence de diarrhées modérées à sévères (3 selles liquides ou plus par 24 heures) ou d'iléus et d'un élément parmi les suivants<ref name=":13" />:  
* une recherche positive pour les toxines de ''C. Difficile'' ou pour une souche toxinogène de ''C. Difficile'' dans les selles
* Recherche positive pour les toxines de ''C. Difficile'' ou pour une souche toxigénique de ''C. Difficile'' dans les selles
* des trouvailles endoscopiques ou histologiques de colite pseudomembraneuse.
* Trouvailles endoscopiques ou histologiques de colite pseudomembraneuse


== Diagnostic différentiel ==
== Diagnostic différentiel ==
 
La colite pseudomembraneuse à ''C. difficile'' doit être distinguée d'autres étiologies infectieuses et non-infectieuses, notamment<ref name=":4">{{Citation d'un article|prénom1=F.|nom1=Prechter|prénom2=A.|nom2=Stallmach|titre=[Clostridium difficile in the intensive care unit]|périodique=Medizinische Klinik, Intensivmedizin Und Notfallmedizin|volume=115|numéro=2|date=2020-03|issn=2193-6226|pmid=29995234|doi=10.1007/s00063-018-0459-1|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29995234/|consulté le=2020-11-17|pages=81–87}}</ref><ref name=":5" /><ref name=":0" />:  
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Diagnostic différentiel}}La colite pseudomembraneuse à ''C. difficile'' doit être distinguée d'autres étiologies infectieuses et non-infectieuses, notamment:  
* la {{Diagnostic différentiel | nom = diverticulite}}
* {{Diagnostic différentiel | nom = Diverticulite}}
* les {{Diagnostic différentiel | nom = maladies inflammatoires intestinales}}
* {{Diagnostic différentiel | nom = Maladies inflammatoires intestinales}}
* le {{Diagnostic différentiel | nom = syndrome de l'intestin irritable}}
* {{Diagnostic différentiel | nom = Syndrome de l'intestin irritable}}
* les {{Diagnostic différentiel | nom = diarrhées osmotiques}}
* Autres colites infectieuses
* la {{Diagnostic différentiel | nom = gastroentérite virale}}
* Diarrhées osmotiques
* les {{Diagnostic différentiel | nom = parasites intestinaux}}
* {{Diagnostic différentiel | nom = Gastroentérite viral et bactérienne}}
* la {{Diagnostic différentiel | nom = colite ischémique}}
* la {{Diagnostic différentiel | nom = colite microscopique}}
* les {{Diagnostic différentiel | nom = colites bactériennes}}
* la {{Diagnostic différentiel | nom = colite à cytomégalovirus}}
* les {{Diagnostic différentiel | nom = vascularites}}
* la {{Diagnostic différentiel | nom = maladie de Behçet}}
* les {{Diagnostic différentiel | nom = diarrhées médicamenteuses}} (notamment les chimiothérapies)
* les {{Diagnostic différentiel | nom = empoisonnements aux métaux lourds}}.
== Traitement ==
== Traitement ==
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Traitement}}


=== Traitement médical ===
=== Traitement médical ===
La prise en charge d'un patient souffrant de la ''C. Difficile'' doit inclure plusieurs éléments<ref name=":13" />:  
La prise en charge d'un patient souffrant de la ''C. Difficile'' doit inclure plusieurs éléments<ref name=":13" />:  
# Cesser l'antibiotique offenseur
# cesser l'antibiotique offenseur
# Prendre des précautions pour les contacts
# prendre des précautions pour les contacts, se laver les mains avec du savon et de l'eau<ref group="note">Les solutions hydroalcooliques n'éliminent pas les spores.</ref>
# Se laver les mains avec du savon et de l'eau, puisque les solutions hydroalcooliques n'éliminent pas les spores
# éviter les opiacés<ref group="note">Risque de perforation intestinale</ref>, les agents antimotilité (lopéramide et diphénoxylate), les laxatifs et les IPP
# Éviter les opiacés et les agents antimotilité
# favoriser l'hydratation PO ou IV
# Mesures d'hydratation
# corriger les déséquilibres électrolytiques
# Correction des déséquilibres électrolytiques
# traiter l'infection à ''C. Difficile'' (tableau suivant)
# Traitement de l'infection à ''C. Difficile''
# utiliser des probiotiques (les bénéfices cliniques démontrés sont limités<ref name=":14" />).
# Utilisation de probiotiques (aucun bénéfice clinique démontré)
{| class="wikitable"
Les principaux antibiotiques utilisés pour traiter la colite à ''C. Difficile'' sont :
|+Options de traitement initial en fonction de la forme de la maladie<ref name=":14" /><ref name=":10">{{Citation d'un article|prénom1=Laith A.|nom1=Al Momani|prénom2=Omar|nom2=Abughanimeh|prénom3=Boonphiphop|nom3=Boonpheng|prénom4=Joseph Gabriel|nom4=Gabriel|titre=Fidaxomicin vs Vancomycin for the Treatment of a First Episode of Clostridium Difficile Infection: A Meta-analysis and Systematic Review|périodique=Cureus|volume=10|numéro=6|date=2018-06-11|issn=2168-8184|pmid=30112254|pmcid=6089486|doi=10.7759/cureus.2778|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30112254/|consulté le=2020-11-17|pages=e2778}}</ref><ref name=":11">{{Citation d'un article|prénom1=A.|nom1=von Braun|prénom2=C.|nom2=Lübbert|titre=[Treatment of acute and recurrent Clostridium difficile infections : What is new?]|périodique=Der Internist|volume=59|numéro=5|date=2018-05|issn=1432-1289|pmid=29536125|doi=10.1007/s00108-018-0401-x|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29536125/|consulté le=2020-11-17|pages=505–513}}</ref><ref name=":12">{{Citation d'un article|prénom1=Nicole T.|nom1=Shen|prénom2=Anna|nom2=Maw|prénom3=Lyubov L.|nom3=Tmanova|prénom4=Alejandro|nom4=Pino|titre=Timely Use of Probiotics in Hospitalized Adults Prevents Clostridium difficile Infection: A Systematic Review With Meta-Regression Analysis|périodique=Gastroenterology|volume=152|numéro=8|date=06 2017|issn=1528-0012|pmid=28192108|doi=10.1053/j.gastro.2017.02.003|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28192108/|consulté le=2020-11-17|pages=1889–1900.e9}}</ref><ref name=":0" /><ref name=":13" />
* {{Traitement | nom = Métronidazole|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}}
!Forme
* {{Traitement | nom = Vancomycine|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}}
!Traitement initial
* {{Traitement | nom = Fidaxomicine|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}}
|-
Pour la colite non-sévère, l'efficacité du métronidazole et de la vancomycine est similaire. Les colites sévères à ''C. Difficile'' (leucocytose > 35 000 par mm<sup>3</sup>, fièvre > 38,3, présence de pseudomembranes, 10 selles ou plus par jour, hypotension, admission dans une unité de soins intensifs, élévation du taux de lactate sérique ou signes d'atteintes des organes cibles telles qu'une insuffisance rénale aigue, un délirium, une hypoalbuminémie) devront cependant être traitées par vancomycine en première ligne. On n'utilise jamais la vancomycine par voie intraveineuse, car elle n'est pas excrétée dans le côlon<ref name=":10">{{Citation d'un article|prénom1=Laith A.|nom1=Al Momani|prénom2=Omar|nom2=Abughanimeh|prénom3=Boonphiphop|nom3=Boonpheng|prénom4=Joseph Gabriel|nom4=Gabriel|titre=Fidaxomicin vs Vancomycin for the Treatment of a First Episode of Clostridium Difficile Infection: A Meta-analysis and Systematic Review|périodique=Cureus|volume=10|numéro=6|date=2018-06-11|issn=2168-8184|pmid=30112254|pmcid=6089486|doi=10.7759/cureus.2778|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30112254/|consulté le=2020-11-17|pages=e2778}}</ref><ref name=":11">{{Citation d'un article|prénom1=A.|nom1=von Braun|prénom2=C.|nom2=Lübbert|titre=[Treatment of acute and recurrent Clostridium difficile infections : What is new?]|périodique=Der Internist|volume=59|numéro=5|date=2018-05|issn=1432-1289|pmid=29536125|doi=10.1007/s00108-018-0401-x|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29536125/|consulté le=2020-11-17|pages=505–513}}</ref><ref name=":12">{{Citation d'un article|prénom1=Nicole T.|nom1=Shen|prénom2=Anna|nom2=Maw|prénom3=Lyubov L.|nom3=Tmanova|prénom4=Alejandro|nom4=Pino|titre=Timely Use of Probiotics in Hospitalized Adults Prevents Clostridium difficile Infection: A Systematic Review With Meta-Regression Analysis|périodique=Gastroenterology|volume=152|numéro=8|date=06 2017|issn=1528-0012|pmid=28192108|doi=10.1053/j.gastro.2017.02.003|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28192108/|consulté le=2020-11-17|pages=1889–1900.e9}}</ref><ref name=":0" /><ref name=":13" />.
!Non sévère<ref group="note">Ne répondant pas aux critères de la colite à C. diff sévère ou compliquée.</ref>
 
|
==== Options de traitement initial de la colite à ''C. Difficile'' non-sévère : ====
* '''1<sup>ère</sup> ligne''' : Métronidazole 500 mg PO TID ou 250 mg PO QID x 10-14 jours
* Métronidazole 500 mg PO TID ou 250 mg PO QID x 10-14 jours
** Si mal toléré : Métronidazole 500 mg IV TID
** Si mal toléré : Métronidazole 500 mg IV TID
* Vancomycine 125 mg PO QID x 10-14 jours
* '''2<sup>ième</sup> ligne''' : Vancomycine 125 mg PO QID x 10-14 jours si détérioration ou absence de réponse après 3-5 jours au métronidazole
 
|-
==== Options de traitement initial de la colite à ''C. Difficile'' sévère : ====
!Sévère<ref group="note">Associée à une leucocytose > 15 000 par mm<sup>3</sup>, une température > 38,5, une augmentation de la créatinine sérique de 50% au-dessus du niveau de base habituel ou une albuminémie < 30g/L)</ref>
* Vancomycine 125 mg PO QID x 10-14 jours
|
** Si le patient présente un iléus importante, une colite réfractaire ou une intolérance au traitement oral : Vancomycine intracolique par lavements avec métronidazole intraveineux
* Vancomycine 125 mg PO QID x 10-14 jours<ref group="note">On n'utilise jamais la vancomycine par voie intraveineuse, car elle n'est pas excrétée dans le côlon.</ref>
** Si le patient présente un iléus important, une colite fulminante ou une colite réfractaire : Ajouter métronidazole 500 mg IV TID
** Si le patient présente un iléus important, une colite réfractaire ou une intolérance au traitement oral : Vancomycine intracolique par lavements avec métronidazole intraveineux
* Fidaxomicine : À considérer pour les maladies réfractaires à la vancomycine
* Fidaxomicine : À considérer pour les maladies réfractaires à la vancomycine
|-
!Compliquée<ref group="note">Associée à une hypotension, un iléus, un mégacôlon toxique, une perforation intestinale, une septicémie, un changement de l'état mental, une leucocytose > 35 000 par mm<sup>3</sup>, une leucopénie < 2000 par mm<sup>3</sup>, une élévation des lactates sériques > 2,2 mmol/L ou une preuve de défaillance d'organe</ref>
|
* Vancomycine 125 à 500 mg PO QID ET métronidazole 500 mg IV TID
|}
=== Traitement chirurgical ===
Le traitement de choix est la colectomie abdominale totale avec iléostomie terminale par laparotomie. L'approche laparoscopique est rarement possible suite à l'état hémodynamique précaire des patients. De plus, une chirurgie expéditive est à favoriser. Les résections segmentaires ne sont pas indiquées. Une alternative prometteuse présentement à l'étude est l'iléostomie de dérivation avec lavage colique par vancomycine<ref name=":13" />.


=== Traitement chirurgical<ref name=":13" /> ===
'''Les indications absolues de chirurgie sont la perforation du côlon et le mégacôlon toxique'''. Le traitement chirurgical est à considérer dans les situations suivantes<ref name=":13" /> :
Les indications absolues de chirurgie sont la perforation du côlon et le mégacôlon toxique. Le traitement chirurgical est à considérer dans les situations suivantes  :
* une défaillance d'organe
* Insuffisance d'organe
* un état de choc
* État de choc
* une administration d'amines
* Administration d'amines
* du péritonisme.
* Péritonisme
Cependant, en utilisant seulement ces indications pour guider la prise en charge, le traitement chirurgical est souvent instauré trop tardivement. Or, plusieurs études ont démontré qu'un délai trop long avant le début des interventions chirurgicales est le principal facteur associé à la mortalité. Il est donc primordial de recourir au traitement chirurgical au moment opportun. Dans la littérature, ce moment est très mal défini, ce qui rend la prise en charge d'autant plus complexe<ref name=":13" />. Les facteurs suivants sont des prédicteurs de mortalité augmentée à 30 jours et pourraient donc indiquer qu'une chirurgie serait bénéfique<ref>{{Citation d'un article|prénom1=Massimo|nom1=Sartelli|prénom2=Stefano|nom2=Di Bella|prénom3=Lynne V.|nom3=McFarland|prénom4=Sahil|nom4=Khanna|titre=2019 update of the WSES guidelines for management of Clostridioides (Clostridium) difficile infection in surgical patients|périodique=World Journal of Emergency Surgery|volume=14|numéro=1|date=2019-02-28|issn=1749-7922|pmid=30858872|pmcid=PMC6394026|doi=10.1186/s13017-019-0228-3|lire en ligne=https://doi.org/10.1186/s13017-019-0228-3|consulté le=2020-12-15|pages=8}}</ref>:
Le traitement de choix est la colectomie abdominale totale avec iléostomie terminale par laparotomie. Les résections segmentaires ne sont pas indiquées. Une alternative très prometteuse présentement à l'étude est l'iléostomie de dérivation avec lavage colique par vancomycine.
* une leucocytose > 50 x 10<sup>9</sup> L
* les lactates > 5 mmol/L
* les patients de 75 ans et plus
* une immunosuppression
* un choc nécessitant l'usage de vasopresseurs.
Il avait également été établi dans cette étude que les patients présentant les caractéristiques suivantes bénéficiaient le plus de la colectomie :
* les patients de 65 ans et plus
* une immunosuppression
* la leucocytose > 20 x 10<sup>9</sup> L
* les lactates entre 2,2 et 4,9 mmol/L.


=== Récidives ===
=== Récidives ===
L'infection récidive très souvent. Pour un premier épisode de récidive, le traitement est le même que pour l'épisode initial, à moins qu'il n'existe de preuves d'aggravation de la gravité de la maladie. Lors des récidives subséquentes, on considèrera l'utilisation de vancomycine intermittente avec protocole de sevrage ou l'administration de fidaxomicine ou de rifaximine<ref name=":13" />. Avec trois récidives ou plus de la maladie malgré un traitement par vancomycine par voie orale, la greffe de microbiote fécal a montré un bénéfice dans de petits essais cliniques<ref name=":0" />.
Une récidive est définie comme étant une réapparition des symptômes de la colite à ''C. Difficile'' dans les 8 semaines suivant la résolution des symptômes de l'épisode initial<ref name=":14" />.  
* '''Pour un premier épisode de récidive''', le traitement est le même que pour l'épisode initial, à moins qu'il n'existe de preuves d'aggravation de la gravité de la maladie.  
* '''Lors des récidives subséquentes''', on considérera les options suivantes<ref name=":13" /> :
** la vancomycine 125 mg PO QID X 7 jours, puis 125 mg PO BID X 7 jours, puis 125 mg PO die X 7 jours, puis 125 mg PO q 2 jours X 7 jours, puis 125 mg PO q 3 jours X 14 jours puis cesser<ref name=":14" />
** l'administration de fidaxomicine ou de rifaximine.
* '''Avec trois récidives ou plus''' de la maladie malgré un traitement de vancomycine par voie orale, la greffe de microbiote fécal a montré un bénéfice dans de petits essais cliniques<ref name=":0" />. L'un des défis de la prise en charge de la colite pseudomembraneuse récidivante consiste à distinguer les échecs d'élimination du ''C. difficile'' des nouvelles infections coliques.<ref name=":0" />


== Suivi ==
== Suivi ==
 
Il n'est pas indiqué de répéter les examens paracliniques pour établir la guérison de la colite à ''C. difficile''<ref name=":13" />.
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== Complications ==
== Complications ==
 
Les complications possibles de la colite pseudomembraneuse sont : <ref name=":0" />
{{Section ontologique | classe = Maladie | nom = Complications}}Les complications possibles de la colite pseudomembraneuse sont : <ref name=":0" />
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** Le mégacôlon toxique est défini par une dilatation colique à plus de 7 cm et une toxicité systémique sévère. Cette complication est à suspecter en présence de distension abdominale avec diminution de l'intensité des diarrhées (secondaire à une iléus paralytique).
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** Le diagnostic est posé par sigmoïdoscopie au chevet. Le traitement est chirurgical<ref name=":13">{{Citation d'un lien web|langue=en-ca|titre=‎Chirurgie|url=https://apps.apple.com/ca/app/chirurgie/id1066365766|site=App Store|consulté le=2020-11-17}}</ref>.
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* la {{Complication | nom = colite fulminante|RR=|référence_RR=|RC=}} <ref group="note">Environ 3% à 8% des patients atteints d'une colite pseudomembraneuse développeront une infection fulminante entrainant un iléus sévère, un mégacôlon toxique, une hypovolémie, une hypotension, un dysfonctionnement rénal, une perforation du côlon accompagnée d'une péritonite et un choc septique. Les diarrhées peuvent être moins importantes chez les patients avec un iléus secondaire à l'accumulation de sécrétions dans le côlon dilaté, atone. La mortalité est alors supérieure à 50%.</ref><ref name=":0" /><ref name=":13" />.
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** Environ 3% à 8% des patients atteints d'une colite pseudomembraneuse développeront une infection fulminante entrainant un iléus sévère, un mégacôlon toxique, une hypovolémie, une hypotension, un dysfonctionnement rénal, une perforation du côlon accompagnée d'une péritonite et un choc septique.<ref name=":0" />
*** Les diarrhées peuvent être moins importantes chez les patients avec un iléus secondaire à l'accumulation de sécrétions dans le côlon dilaté, atone<ref name=":13" />.
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== Évolution ==
== Évolution ==
 
Une minorité de patients atteints de la colite à ''C. difficile'' traités avec succès auront des altérations post-infectieuses persistantes de leur transit intestinal similaires au syndrome de l'intestin irritable et à d'autres troubles gastro-intestinaux fonctionnels<ref name=":0" />. Le taux de récidive de la colite à ''C. Difficile'' est de 25%<ref name=":13" />.
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== Prévention ==
== Prévention ==
Pour prévenir l'infection à ''C. Difficile'', il faut éviter les traitements antibiotiques non-essentiels<ref name=":13" />. Une fois qu'un patient est infecté, des mesures préventives sont à prendre pour éviter la propagation de l'infection<ref name=":14" />:
* Isolement du patient et mesures de prévention des infections
* Lavage des mains avec de l'eau et du savon
* Aseptiser l'environnement du patient avec de l'eau de javel


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== Notes ==
 
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== Concepts clés ==
 
Une minorité de patients atteints de la colite à ''C. difficile'' traités avec succès auront des altérations post-infectieuses persistantes de leurs habitudes intestinales, similaires au syndrome du côlon irritable et à d'autres troubles gastro-intestinaux fonctionnels. La colite recrudescente peut survenir dans jusqu'à 30% des cas. L'un des défis de la prise en charge de la colite pseudomembraneuse recrudescente consiste à distinguer les échecs d'élimination du ''C. difficile'' des nouvelles infections coliques.<ref name=":0" />


== Références ==
== Références ==
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Dernière version du 17 avril 2024 à 20:33

Colite pseudomembraneuse
Maladie

Colite pseudomembraneuse à la pathologie
Caractéristiques
Signes Sensibilité abdominale, Tympanisme abdominale
Symptômes
Crampes abdominales, Nausées, Distension abdominale , Diarrhée , Vomissement , Température corporelle élevée
Diagnostic différentiel
Maladies inflammatoires intestinales, Vascularites, Maladie de Behçet, Colite microscopique, Syndrome de l'intestin irritable, Parasites intestinaux, Colite ischémique, Diarrhées osmotiques, Colites bactériennes, Colite à cytomégalovirus, ... [+]
Informations
Terme anglais Pseudomembranous colitis
Autres noms Colite à Clostridium difficile
Wikidata ID Q574905
SNOMED CT ID 423590009
Spécialités Gastro-entérologie, Médecine d'urgence, Chirurgie générale, Médecine familiale, Soins intensifs, Médecine interne

La colite pseudomembraneuse est une inflammation sévère de la paroi interne du côlon. La maladie résulte d'une infection grave à Clostridium difficile, un pathogène principalement d'origine nosocomiale.[1][2][3][4]

La colite à C. difficile survient occasionnellement chez des patients sans exposition aux antibiotiques ou aux soins de santé. Cela a conduit à la reconnaissance d'une infection à C. difficile associée à la communauté.

Épidémiologie

L'incidence des infections à C. difficile a augmenté au cours des 20 dernières années. Avec près de 500 000 cas et 29 000 décès associés signalés chaque année aux États-Unis, c'est l'une des infections nosocomiales les plus fréquentes. Étant la cause la plus fréquente de diarrhée infectieuse dans les établissements de soins de santé, C. difficile entraîne une morbidité importante et peut potentiellement entraîner la mort dans les populations hospitalisées vulnérables. La colonisation par C. difficile survient chez 13% des patients hospitalisés pendant 2 semaines et chez 50% des patients hospitalisés plus de 4 semaines[4]. Environ 8% des patients colonisés développent une diarrhée. Les patients nouvellement exposés sont plus à risque de développer l'infection clinique que les patients déjà colonisés au préalable[5].

C. difficile peut facilement coloniser le côlon humain. On estime que 2% à 5% de la communauté ambulatoire saine est colonisée et ne manifeste pas de signes d'infection[6][7][4][8].

Étiologies

La colite pseudomembraneuse résulte d'une infection à clostridium difficile.[4]

Physiopathologie

L'administration d'antibiotiques, de médicaments chimiothérapeutiques ou d'un traitement immunosuppresseur perturbe le microbiote intestinal, ce qui permet la colonisation par C. difficile. C. difficile est une bactérie anaérobe à Gram positif qui induit une colite via la production d'exotoxines, la toxine A et la toxine B[5]. Ces toxines déclenchent une inflammation, une perturbation du cytosquelette des cellules du côlon et la mort de ces cellules. Les pseudomembranes de la colite pseudomembraneuse se forment lorsque ces toxines stimulent de manière excessive le système immunitaire inné, ce qui attire des neutrophiles qui envahissent la muqueuse colique[9][4].

C. Difficile peut être dans sa forme active ou inactive. Les bactéries inactives produisent des spores. Les spores sont hautement résistants et persistent longtemps dans l'environnement, ce qui explique le haut degré de contagion de cette infection dans les hôpitaux. Les spores colonisent le système gastro-intestinal des humains par transmission fécale-orale. Une fois l'organisme colonisé, la bactérie devient active et produit des toxines, causant l'infection clinique[5].

Il est à noter que certaines souches de C. Difficile, dites non-toxinogènes, ne produisent pas les toxines A et B. Ces souches ne peuvent pas causer d'infection clinique. Depuis les années 2000, on observe aussi une souche hypervirulente de C. Difficile (B1/NAP1/ribotype 27). Cette souche cause des infections plus fréquentes, plus sévères, réfractaires au traitement (notamment aux fluoroquinolones) et qui récidivent davantage[5].

Présentation clinique

C. difficile a plusieurs présentations cliniques de gravité variable. Les patients peuvent être des porteurs asymptomatiques ou présenter une colite pseudomembraneuse fulminante avec mégacôlon toxique. Généralement, la présence de pseudomembranes indique un cas plus grave d'infection à C. difficile ou de diarrhée associée aux antibiotiques.

Facteurs de risque

Les facteurs de risque de la colite à C. Difficile sont :

Questionnaire

Les symptômes débutent typiquement 4 à 9 jours après un traitement antibiotique, mais ils peuvent apparaitre jusqu'à 10 semaines après[5]. Les manifestations possibles sont :

Examen clinique

À l'examen physique, on recherchera les éléments suivants :

Examens paracliniques

Formule sanguine complète
  • La leucocytose peut être importante, allant jusqu'à 100 000 globules blancs par mm3
Ions

Créatininémie

Gaz veineux

Lactate sérique

  • Rechercher les dysélectrolytémies, les signes de déshydratation et de choc.
Recherche des toxines A et B du Clostridium difficile
  • Peut être faite par :
    • PCR : très sensible et spécifique, rapide (< 1 heure)
    • ELISA : très spécifique (95-100%) mais peu sensible (65-85%). Un test négatif n'exclue pas l'infection à C. Difficile.
  • Cell culture cytotoxic assay (Stool cytotoxic assay) : c'est le test présentant la meilleure sensibilité et spécificité. Cependant, il est long à exécuter (48 heures) et coûteux.
Culture de selles
  • Test long à réaliser (72-96 heures).
  • Le test sera positif chez les patients colonisés asymptomatiques. Le test ne permet donc pas de différencier les souches toxinogènes des couches non-toxinogènes.
Test d'agglutinaton au latex
  • Détecte la glutamate déshydrogénase, une enzyme exprimée par C. Difficile.
  • Le test ne permet pas de différencier les souches toxinogènes des couches non toxinogènes.
Plaque simple de l'abdomen
Tomodensitométrie abdominale
Coloscopie
Apparence de la muqueuse colique à l'endoscopie chez un patient avec colite pseudomembraneuse
  • Chez 25% des patients avec une colite légère et 85% des patients avec une colite fulminante[5], on observera des nodules ou plaques jaunâtres (parfois hémorragiques) se rassemblant en pseudomembranes étendues sur la surface muqueuse du côlon. Les pseudomembranes alternent avec des zones de muqueuse saine. Dans les cas les plus sévères, les pseudomembranes recouvrent l'intégralité de la muqueuse colique. L'identification de pseudomembranes coliques est pathognomonique. Une inflammation diffuse de la muqueuse peut être observée.

Ces examens ne doivent pas être faits chez les patients asymptomatiques ou chez les patients présentement sous traitement pour une colite à C. Difficile, car les tests peuvent rester positifs plus de 6 semaines après la fin du traitement[5].

Histopathologie

La biopsie par sigmoïdoscopie est un test invasif qui n'est généralement pas effectué pour le diagnostic initial de C. difficile ou de colite induite par des antibiotiques. L'endoscopie peut aider à confirmer le diagnostic de colite pseudomembraneuse en présence de symptômes évocateurs, de tests négatifs et de non-réponse au traitement conventionnel.[4] La présence d'un portrait clinique atypique (par exemple, un iléus sans diarrhée) ou la nécessité d'un diagnostic rapide peuvent aussi justifier l'usage de la sigmoïdoscopie[5].

Approche clinique

Il faut envisager une recherche de la colite à C. difficile chez les patients hospitalisés présentant plusieurs selles de consistance liquide (3 ou plus par jour). Une recherche de C. difficile comme agent causal de la colite pseudomembraneuse commence par le dépistage des toxines de C. difficile dans les selles. [14][15][4] Le dépistage par PCR est priorisé[5]. Il faut éviter d'envoyer des échantillons de selles pour confirmer la guérison de l'infection, car les tests restent positifs dans 60% des cas à la fin du traitement. Compte tenu des risques inhérents à ce test et des frais monétaires associés, l'endoscopie n'est pas recommandée à moins que la suspicion clinique ne persiste malgré les tests de diagnostic négatifs.[4]

Diagnostic

Le diagnostic est posé en présence de diarrhées modérées à sévères (3 selles liquides ou plus par 24 heures) ou d'iléus et d'un élément parmi les suivants[5]:

  • une recherche positive pour les toxines de C. Difficile ou pour une souche toxinogène de C. Difficile dans les selles
  • des trouvailles endoscopiques ou histologiques de colite pseudomembraneuse.

Diagnostic différentiel

La colite pseudomembraneuse à C. difficile doit être distinguée d'autres étiologies infectieuses et non-infectieuses, notamment[16][6][4]:

Traitement

Traitement médical

La prise en charge d'un patient souffrant de la C. Difficile doit inclure plusieurs éléments[5]:

  1. cesser l'antibiotique offenseur
  2. prendre des précautions pour les contacts, se laver les mains avec du savon et de l'eau[note 1]
  3. éviter les opiacés[note 2], les agents antimotilité (lopéramide et diphénoxylate), les laxatifs et les IPP
  4. favoriser l'hydratation PO ou IV
  5. corriger les déséquilibres électrolytiques
  6. traiter l'infection à C. Difficile (tableau suivant)
  7. utiliser des probiotiques (les bénéfices cliniques démontrés sont limités[8]).
Options de traitement initial en fonction de la forme de la maladie[8][17][18][19][4][5]
Forme Traitement initial
Non sévère[note 3]
  • 1ère ligne : Métronidazole 500 mg PO TID ou 250 mg PO QID x 10-14 jours
    • Si mal toléré : Métronidazole 500 mg IV TID
  • 2ième ligne : Vancomycine 125 mg PO QID x 10-14 jours si détérioration ou absence de réponse après 3-5 jours au métronidazole
Sévère[note 4]
  • Vancomycine 125 mg PO QID x 10-14 jours[note 5]
    • Si le patient présente un iléus important, une colite réfractaire ou une intolérance au traitement oral : Vancomycine intracolique par lavements avec métronidazole intraveineux
  • Fidaxomicine : À considérer pour les maladies réfractaires à la vancomycine
Compliquée[note 6]
  • Vancomycine 125 à 500 mg PO QID ET métronidazole 500 mg IV TID

Traitement chirurgical

Le traitement de choix est la colectomie abdominale totale avec iléostomie terminale par laparotomie. L'approche laparoscopique est rarement possible suite à l'état hémodynamique précaire des patients. De plus, une chirurgie expéditive est à favoriser. Les résections segmentaires ne sont pas indiquées. Une alternative prometteuse présentement à l'étude est l'iléostomie de dérivation avec lavage colique par vancomycine[5].

Les indications absolues de chirurgie sont la perforation du côlon et le mégacôlon toxique. Le traitement chirurgical est à considérer dans les situations suivantes[5]  :

  • une défaillance d'organe
  • un état de choc
  • une administration d'amines
  • du péritonisme.

Cependant, en utilisant seulement ces indications pour guider la prise en charge, le traitement chirurgical est souvent instauré trop tardivement. Or, plusieurs études ont démontré qu'un délai trop long avant le début des interventions chirurgicales est le principal facteur associé à la mortalité. Il est donc primordial de recourir au traitement chirurgical au moment opportun. Dans la littérature, ce moment est très mal défini, ce qui rend la prise en charge d'autant plus complexe[5]. Les facteurs suivants sont des prédicteurs de mortalité augmentée à 30 jours et pourraient donc indiquer qu'une chirurgie serait bénéfique[20]:

  • une leucocytose > 50 x 109 L
  • les lactates > 5 mmol/L
  • les patients de 75 ans et plus
  • une immunosuppression
  • un choc nécessitant l'usage de vasopresseurs.

Il avait également été établi dans cette étude que les patients présentant les caractéristiques suivantes bénéficiaient le plus de la colectomie :

  • les patients de 65 ans et plus
  • une immunosuppression
  • la leucocytose > 20 x 109 L
  • les lactates entre 2,2 et 4,9 mmol/L.

Récidives

Une récidive est définie comme étant une réapparition des symptômes de la colite à C. Difficile dans les 8 semaines suivant la résolution des symptômes de l'épisode initial[8].

  • Pour un premier épisode de récidive, le traitement est le même que pour l'épisode initial, à moins qu'il n'existe de preuves d'aggravation de la gravité de la maladie.
  • Lors des récidives subséquentes, on considérera les options suivantes[5] :
    • la vancomycine 125 mg PO QID X 7 jours, puis 125 mg PO BID X 7 jours, puis 125 mg PO die X 7 jours, puis 125 mg PO q 2 jours X 7 jours, puis 125 mg PO q 3 jours X 14 jours puis cesser[8]
    • l'administration de fidaxomicine ou de rifaximine.
  • Avec trois récidives ou plus de la maladie malgré un traitement de vancomycine par voie orale, la greffe de microbiote fécal a montré un bénéfice dans de petits essais cliniques[4]. L'un des défis de la prise en charge de la colite pseudomembraneuse récidivante consiste à distinguer les échecs d'élimination du C. difficile des nouvelles infections coliques.[4]

Suivi

Il n'est pas indiqué de répéter les examens paracliniques pour établir la guérison de la colite à C. difficile[5].

Complications

Les complications possibles de la colite pseudomembraneuse sont : [4]

Évolution

Une minorité de patients atteints de la colite à C. difficile traités avec succès auront des altérations post-infectieuses persistantes de leur transit intestinal similaires au syndrome de l'intestin irritable et à d'autres troubles gastro-intestinaux fonctionnels[4]. Le taux de récidive de la colite à C. Difficile est de 25%[5].

Prévention

Pour prévenir l'infection à C. Difficile, il faut éviter les traitements antibiotiques non-essentiels[5]. Une fois qu'un patient est infecté, des mesures préventives sont à prendre pour éviter la propagation de l'infection[8]:

  • Isolement du patient et mesures de prévention des infections
  • Lavage des mains avec de l'eau et du savon
  • Aseptiser l'environnement du patient avec de l'eau de javel

Notes

  1. Les solutions hydroalcooliques n'éliminent pas les spores.
  2. Risque de perforation intestinale
  3. Ne répondant pas aux critères de la colite à C. diff sévère ou compliquée.
  4. Associée à une leucocytose > 15 000 par mm3, une température > 38,5, une augmentation de la créatinine sérique de 50% au-dessus du niveau de base habituel ou une albuminémie < 30g/L)
  5. On n'utilise jamais la vancomycine par voie intraveineuse, car elle n'est pas excrétée dans le côlon.
  6. Associée à une hypotension, un iléus, un mégacôlon toxique, une perforation intestinale, une septicémie, un changement de l'état mental, une leucocytose > 35 000 par mm3, une leucopénie < 2000 par mm3, une élévation des lactates sériques > 2,2 mmol/L ou une preuve de défaillance d'organe
  7. Le mégacôlon toxique est défini par une dilatation colique à plus de 7 cm à la radiographie simple et une toxicité systémique sévère. Cette complication est à suspecter en présence de distension abdominale avec diminution de l'intensité des diarrhées (secondaire à un iléus paralytique). Pour obtenir un diagnostic rapide, une sigmoïdoscopie au chevet peut être utilisée pour confirmer la présence de pseudomembrane et éliminer le temps d'attente des autres tests. Le traitement est chirurgical et se doit d'être fait rapidement.
  8. Environ 3% à 8% des patients atteints d'une colite pseudomembraneuse développeront une infection fulminante entrainant un iléus sévère, un mégacôlon toxique, une hypovolémie, une hypotension, un dysfonctionnement rénal, une perforation du côlon accompagnée d'une péritonite et un choc septique. Les diarrhées peuvent être moins importantes chez les patients avec un iléus secondaire à l'accumulation de sécrétions dans le côlon dilaté, atone. La mortalité est alors supérieure à 50%.

Références

__NOVEDELETE__
  1. Claire de Curraize, Clotilde Rousseau, Stéphane Corvec et Najoua El-Helali, « Variable spectrum of disease and risk factors of peripartum Clostridium difficile infection: report of 14 cases from French hospitals and literature review », European Journal of Clinical Microbiology & Infectious Diseases: Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology, vol. 37, no 12,‎ , p. 2293–2299 (ISSN 1435-4373, PMID 30178230, DOI 10.1007/s10096-018-3372-x, lire en ligne)
  2. Nagham Khanafer, Philippe Vanhems, Frédéric Barbut et Catherine Eckert, « Outcomes of Clostridium difficile-suspected diarrhea in a French university hospital », European Journal of Clinical Microbiology & Infectious Diseases: Official Publication of the European Society of Clinical Microbiology, vol. 37, no 11,‎ , p. 2123–2130 (ISSN 1435-4373, PMID 30120646, DOI 10.1007/s10096-018-3348-x, lire en ligne)
  3. Leon M. T. Dicks, Lasse S. Mikkelsen, Erik Brandsborg et Harold Marcotte, « Clostridium difficile, the Difficult "Kloster" Fuelled by Antibiotics », Current Microbiology, vol. 76, no 6,‎ , p. 774–782 (ISSN 1432-0991, PMID 30084095, DOI 10.1007/s00284-018-1543-8, lire en ligne)
  4. 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10 4,11 4,12 4,13 et 4,14 Philip Salen et Holly A. Stankewicz, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 29262007, lire en ligne)
  5. 5,00 5,01 5,02 5,03 5,04 5,05 5,06 5,07 5,08 5,09 5,10 5,11 5,12 5,13 5,14 5,15 5,16 5,17 5,18 5,19 5,20 et 5,21 (en) « ‎Chirurgie », sur App Store (consulté le 17 novembre 2020)
  6. 6,0 et 6,1 Arun Sachu, Kavitha Dinesh, Ismail Siyad et Anil Kumar, « A prospective cross sectional study of detection of Clostridium difficile toxin in patients with antibiotic associated diarrhoea », Iranian Journal of Microbiology, vol. 10, no 1,‎ , p. 1–6 (ISSN 2008-3289, PMID 29922412, Central PMCID 6004637, lire en ligne)
  7. Holger Schäffler et Anne Breitrück, « Clostridium difficile - From Colonization to Infection », Frontiers in Microbiology, vol. 9,‎ , p. 646 (ISSN 1664-302X, PMID 29692762, Central PMCID 5902504, DOI 10.3389/fmicb.2018.00646, lire en ligne)
  8. 8,0 8,1 8,2 8,3 8,4 8,5 et 8,6 Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Mise à jour du guide d’usage optimal pour le traitement de la diarrhée ou de la colite associée à Clostridium difficile. Rapport rédigé par Ann Lévesque. Québec, Qc : INESSS; 2017. 73 p.
  9. Panagiotis Papatheodorou, Holger Barth, Nigel Minton et Klaus Aktories, « Cellular Uptake and Mode-of-Action of Clostridium difficile Toxins », Advances in Experimental Medicine and Biology, vol. 1050,‎ , p. 77–96 (ISSN 0065-2598, PMID 29383665, DOI 10.1007/978-3-319-72799-8_6, lire en ligne)
  10. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37622034
  11. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37622034
  12. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37622034
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  14. J. Wessling, « [Radiological imaging of acute infectious and non-infectious enterocolitis] », Der Radiologe, vol. 58, no 4,‎ , p. 302–311 (ISSN 1432-2102, PMID 29569035, DOI 10.1007/s00117-018-0379-3, lire en ligne)
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