« Électrisation (approche clinique) » : différence entre les versions

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# '''Les blessures par flash''' : Elles sont causées par un ''arc flash'' et sont généralement associées à des brûlures superficielles, car aucun courant électrique ne traverse la peau.  
# '''Les blessures par flash''' : Elles sont causées par un ''arc flash'' et sont généralement associées à des brûlures superficielles, car aucun courant électrique ne traverse la peau.  
# '''Les blessures causées par flamme''' : Elles se produisent lorsqu'un ''arc flash'' enflamme les vêtements d'un individu. Un courant électrique peut ou non passer la peau dans ces cas.  
# '''Les blessures causées par flamme''' : Elles se produisent lorsqu'un ''arc flash'' enflamme les vêtements d'un individu. Un courant électrique peut ou non passer la peau dans ces cas.  
# '''Les blessures causées par la foudre''' : Elles impliquent une énergie électrique extrêmement courte, mais à très haut voltage. Elles sont associées à un courant électrique traversant tout le corps de l’individu touché.  Elles représentent environ 100 décès par année aux États-Unis.<ref name=":7" />  
# '''Les blessures causées par la foudre''' : Elles impliquent une énergie électrique extrêmement courte, mais à très haut voltage. Elles sont associées à un courant électrique traversant tout le corps de l’individu touché. Elles peuvent être responsables de dommage neurocognitif à long terme avec douleur chronique appelé le syndrome post-choc électrique.<ref>{{Citation d'un ouvrage|nom1=Sinz, Elizabeth,|nom2=Navarro, Kenneth,|nom3=American Heart Association,|titre=ACLS for experienced providers : manual and resource text|isbn=978-1-61669-313-8|isbn2=1-61669-313-4|oclc=856653014|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/856653014|consulté le=2020-12-29}}</ref> Elles représentent environ 50 à 100 décès par année aux États-Unis.<ref name=":7" />  
# '''Les blessures électriques vraies''' : Elles impliquent qu'une personne fasse partie d'un circuit électrique. Dans ces cas, un site d'entrée et de sortie est généralement trouvé.<ref name=":0" />  
# '''Les blessures électriques vraies''' : Elles impliquent qu'une personne fasse partie d'un circuit électrique. Dans ces cas, un site d'entrée et de sortie est généralement trouvé.<ref name=":0" />  
== Approche clinique ==
== Approche clinique ==


=== Atteintes possibles ===
=== Atteintes possibles ===
En général, la morbidité a tendance à être plus élevée lors les blessures à basse tension que lors les blessures à haute tension.<ref name=":0" />
En général, la morbidité a tendance à être plus élevée lors des blessures à basse tension, alors que les blessures à haute tension ont tendance à causer une mortalité rapide ou immédiate.<ref name=":0" />
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L'électrisation peut atteindre les muscles fléchisseurs et extenseurs par tétanisation. Cela peut entrainer des contractures, des projections ou des chutes ainsi que des traumatismes musculaires directs ayant pour conséquences des fractures ou des luxations. <ref name=":5" />
L'électrisation peut atteindre les muscles fléchisseurs et extenseurs par tétanisation. Cela peut entrainer des contractures, des projections ou des chutes ainsi que des traumatismes musculaires directs ayant pour conséquences des fractures ou des luxations. <ref name=":5" />


==== Atteinte des vaisseaux sanguins ====
==== Atteinte vasculaire ====
Le courant électrique peut causer des dommages directs ou indirects, puisqu'ils ont un contenue hydrique élevé et sont d'excellents conducteurs.<ref name=":7" />  Les hautes températures peuvent causer de la nécrose de coagulation et l'occlusion des petits vaisseaux.  Dans les grands vaisseaux, le flot rapide dissipe la chaleur, mais la nécrose médiale peut provoquer des thromboses à retardement.  Les dommages vasculaires aux extrémités peuvent mener à un syndrome de compartiment.  <ref name=":7" />
Le courant électrique peut causer des dommages directs ou indirects, puisqu'ils ont un contenue hydrique élevé et sont d'excellents conducteurs.<ref name=":7" />  Les hautes températures peuvent causer de la nécrose de coagulation et l'occlusion des petits vaisseaux.  Dans les grands vaisseaux, le flot rapide dissipe la chaleur, mais la nécrose médiale peut provoquer des thromboses à retardement.  Les dommages vasculaires aux extrémités peuvent mener à un syndrome de compartiment.  <ref name=":7" />


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== Investigation ==
== Investigation ==
Les victimes de blessures électriques doivent être considérées à la fois comme des polytraumatisés et des patients cardiaques.
Les victimes de blessures électriques doivent être considérées à la fois comme des polytraumatisés et des patients avec atteintes cardiaques.
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La gravité d’une blessure électrique n’est pas liée à l’étendue des brûlures externes, de sorte que l’absence de brûlure externe ne prédit pas l’absence de dommage interne.  Certains patients peuvent nécessiter une tomodensitométrie ou une échographie supplémentaire en fonction du trajet du courant électrique à travers le corps pour évaluer la présence de lésions tissulaires internes (modalité d'imagerie de choix en fonction du tissu examiné).
La gravité d’une blessure électrique n’est pas liée à l’étendue des brûlures externes, de sorte que l’absence de brûlure externe ne prédit pas l’absence de dommage interne.  Certains patients peuvent nécessiter une tomodensitométrie ou une échographie supplémentaire en fonction du trajet du courant électrique à travers le corps pour évaluer la présence de lésions tissulaires internes (modalité d'imagerie de choix en fonction du tissu examiné).
== Prise en charge ==
== Prise en charge ==
Le diagnostic et la gestion des blessures électriques sont idéalement effectués avec une équipe interprofessionnelle qui comprend un médecin du service des urgences, un radiologue, un chirurgien, un traumatologue, un anesthésiste et un spécialiste des brûlures.
Le diagnostic et la gestion des blessures électriques sont idéalement effectués avec une équipe interprofessionnelle qui comprend un médecin du service des urgences, un chirurgien, un traumatologue, un anesthésiste et un spécialiste des brûlures.


À leur arrivée à l’urgence les patients ayant subis une blessure électrique devraient être stabilisés et devraient recevoir un support respiratoire et circulatoire au besoin (selon les protocoles ACLS et ATLS).
À leur arrivée à l’urgence, les patients ayant subi une blessure électrique devraient être stabilisés et recevoir un support respiratoire et circulatoire au besoin (selon les protocoles ACLS et ATLS).


Un monitoring cardiaque doit être instauré chez tous les patients qui ont présenté une blessure plus importante qu’une brûlure mineure à basse tension.  Des accès intraveineux (IV) doivent être obtenus chez tous les patients adultes qui ont subi une blessure électrique. Un accès IV central doit être envisagé lors de trauma significatif associé, d’un arrêt cardiorespiratoire ou d’une perte de conscience.
Un monitoring cardiaque doit être instauré chez tous les patients qui présentent une blessure plus importante qu’une brûlure mineure à basse tension.  Des accès intraveineux (IV) doivent être obtenus chez tous les patients adultes qui ont subi une blessure électrique. Un accès IV central doit être envisagé lors de trauma significatif associé, d’un arrêt cardiorespiratoire ou d’une perte de conscience.


Tout patient présentant des brûlures au visage ou à la bouche, une hypoxie, une détresse respiratoire, une perte de conscience ou d'autres problèmes entraînant des difficultés à protéger les voies respiratoires doit recevoir de l'oxygène et une protection des voies respiratoires (p. ex. ventilation, intubation, cricothyroïdotomie). Tous les patients ayant développé un arrêt respiratoire ou cardiaque doivent être admis à l'USI.
Tout patient présentant des brûlures au visage ou à la bouche, une hypoxie, une détresse respiratoire, une perte de conscience ou d'autres problèmes entraînant des difficultés à protéger les voies respiratoires doit recevoir de l'oxygène et une protection des voies respiratoires (p. ex. ventilation, intubation, cricothyroïdotomie).  


Selon le type de traumatisme ou de blessure subi, le patient peut nécessiter une immobilisation cervicale. Une évaluation primaire évaluant les blessures traumatiques (exemple : pneumothorax, fractures) doit être effectuée dès que possible. Après l'évaluation primaire, tout patient présentant des brûlures importantes ou une suspicion de rhabdomyolyse (myoglobinurie) doit recevoir une réanimation liquidienne (avec un débit urinaire cible de 1,5 mL / kg / h à 2 mL / kg / h)<ref name=":8" />. Un diurétique osmotique (mannitol), un diurétique de l'anse (furosémide) ou une alcalinisation de l'urine (avec titration de bicarbonate de sodium) peuvent également être utilisés si une diurèse supplémentaire est nécessaire.
Selon le type de traumatisme ou de blessure subi, le patient peut nécessiter une immobilisation cervicale. Une évaluation primaire évaluant les blessures traumatiques (exemple : pneumothorax, fractures) doit être effectuée dès que possible. Après l'évaluation primaire, tout patient présentant des brûlures importantes ou une suspicion de rhabdomyolyse (myoglobinurie) doit recevoir une réanimation liquidienne (avec un débit urinaire cible de 1,5 mL / kg / h à 2 mL / kg / h)<ref name=":8" />. Un diurétique osmotique (mannitol), un diurétique de l'anse (furosémide) ou une alcalinisation de l'urine (avec titration de bicarbonate de sodium) peuvent également être utilisés si une diurèse supplémentaire est nécessaire.
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== Complications ==
== Complications ==
* {{Complication | nom = Complication 1}}
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* ...
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* Décès


== Pédiatrie ==
== Pédiatrie ==
Environ 20% de toutes les blessures électriques surviennent chez les enfants. Ces accidents se produisent surtout au domicile. L'incidence est la plus élevée chez les tout-petits et les adolescents.<ref name=":0" />
Environ 20% de toutes les blessures électriques surviennent chez les enfants. Ces accidents se produisent surtout à domicile. L'incidence est la plus élevée chez les tout-petits et les adolescents.<ref name=":0" />


Les enfants peuvent subir des blessures électriques à basse tension en mordant ou en mâchant un fil électrique.<ref name=":1" /><ref name=":2" /><ref name=":3" /><ref name=":4" />
Les enfants peuvent subir des blessures électriques à basse tension en mordant ou en mâchant un fil électrique.<ref name=":1" /><ref name=":2" /><ref name=":3" /><ref name=":4" />
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Les patients pédiatriques peuvent présenter des brûlures buccales dues à la morsure ou à la succion d'un fil électrique ou d'un appareil.<ref name=":0" />
Les patients pédiatriques peuvent présenter des brûlures buccales dues à la morsure ou à la succion d'un fil électrique ou d'un appareil.<ref name=":0" />


Un arc électrique se forme souvent d'un côté à l'autre de la bouche, ce qui peut entraîner une atteinte du muscle orbiculaire ou une déformation potentielle de la lèvre si la brûlure traverse la commissure buccale.  Il peut y avoir une quantité importante d'œdème associé, ainsi qu'une formation d'escarres dans les deux à trois jours. Si l'escarre touche l'artère labiale, il peut y avoir des saignements sévères lorsque l'escarre tombe après deux à trois semaines. Ces patients doivent donc être étroitement surveillés et bénéficier d'un suivi adéquat avec des spécialistes des brûlures et des chirurgiens bucco-dentaires ou plasticiens.
Un arc électrique se forme souvent d'un côté à l'autre de la bouche, ce qui peut entraîner une atteinte du muscle orbiculaire ou une déformation potentielle de la lèvre si la brûlure traverse la commissure buccale.  Il peut y avoir une quantité importante d'œdème associé, ainsi qu'une formation d'escarres deux à trois jours suivant la blessure. Si l'escarre touche l'artère labiale, il peut y avoir des saignements sévères lorsque l'escarre tombe après deux à trois semaines. Ces patients doivent donc être étroitement surveillés et bénéficier d'un suivi adéquat avec des spécialistes des brûlures et des chirurgiens bucco-dentaires ou plasticiens.
== Références ==
== Références ==
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Version du 29 décembre 2020 à 13:07

Électrisation
Approche clinique
Caractéristiques
Examens paracliniques Formule sanguine complète, Radiographie pulmonaire, ECG, Créatininémie, Gaz capillaire, Troponines, CK, Tomodensitométrie cérébrale, Tomodensitométrie thoracique, Électrolytes sanguins, ... [+]
Drapeaux rouges
Grossesse, Coma, Méléna, Dyspnée (symptôme), Convulsion, Syncope (symptôme), Douleur thoracique (symptôme), Douleur pleurétique (symptôme), Arrêt cardiaque, Douleur abdominale, ... [+]
Informations
Terme anglais Blessures électriques
Spécialités orthopédie, médecine d'urgence, chirurgie plastique, cardiologie, soins intensifs, chirurgie générale

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Objectif du CMC
Nom de l'objectif du CMC (Numéro)

Les blessures électriques représentent une forme relativement courante de traumatisme mécanique. En outre, le terme électrisation signifie qu'il y a passage d'un courant électrique à travers le corps alors que le terme électrocution rapporte plutôt à une mort par électrisation.

Points-clés[1]

  • Des manoeuvres de réanimation agressives et prolongées devraient être effectuées chez tous les patients avec blessures électriques dans les premières heures.
  • Tous les patients devraient être considérés comme ayant des dommages multisystémiques, incluant des fractures du rachis cervical, jusqu'à preuve du contraire.
  • La réplétion volémique ne doit pas être sous-estimée.
  • La plupart des patients devraient être surveillés pour des arythmies cardiaques pour 24-48 heures après l'évènement, en particulier si des anomalies électrocardiographiques étaient présentes ou persistent.
  • La protection de la fonction rénale dépend largement de la réplétion liquidienne. Si l'urine est visiblement colorée par la myogobine (urine couleur "coca"), la fonction rénale peut requérir une supplémentation rénale de type hémofiltration.
  • L'examen neurologique doit être répété régulièrement afin de détecté de l'activité convulsive, et si présente, doit être traitée comme telle.
  • La reconnaissance et le traitement précoce des syndrome de compartiment sont critique pour maximiser la préservation des extrémités et la fonction à long terme.
  • La prise en charge adéquate des plaies nécessite un débridement complet des tissus non-viables et une fermeture aussi précoce que possible.

Épidémiologie

Aux États-Unis, environ 1 000 décès par an sont rapportés à la suite de blessures électriques. Parmi ceux-ci, environ 400 décès sont dûs à des blessures électriques à haute tension, tandis que la foudre en cause entre 50 et 300. De plus, plus de 30 000 accidents par électrisation annuellement ne mèneront pas au décès. Chaque année, environ 5% des admissions dans les unités de grands brûlés aux États-Unis sont reliées à des blessures électriques. Chez les adultes, ces blessures surviennent principalement en milieu de travail et constituent la quatrième cause professionnelle de décès traumatique. Pratiquement toutes les blessures électriques sont accidentelles et donc, évitables.[2]

Étiologies

Une personne peut subir une blessure électrique (par exemple, un simple choc électrique) via un contact avec un appareil ménager, une rallonge, une prise murale via des circuits domestiques ou industriels. Plus de 50% des électrocutions se produisant dans un milieu professionnel sont secondaires à un contact avec des lignes électriques, alors qu’environ un quart se produisent à la suite d’un contact avec des machines ou des outils électriques. Un courant électrique à basse tension, tout comme le courant à haute tension, peut entraîner des blessures graves. Les conséquences d'un tel choc dépendent de la durée d'exposition (par exemple, s'il y a tétanie musculaire prolongée), de la taille de l'individu et de l’aire en contact avec la source électrique.[3][4][5][6]

Pour donner une idée d'ordre de grandeur, un téléphone possède un courant AC de 12 volts, le courant au domicile est 120 volts à l'exception de certains appareils (cuisinières, sécheuses et plinthes électriques, etc qui sont à 240 volts AC). Quant à elles, les lignes de distribution d'Hydro-Québec varient entre 2400 à 40 000 volts AC selon leur situation dans le réseau de distribution. [7]

Physiopathologie

Notions de base en électricité

Le flux d'électrons à travers un matériau conducteur se dirige de la plus haute concentration vers la plus faible concentration. Ainsi, le flux suit son gradient de potentiel, le tout générant l'électricité.[2]

Le degré de blessure électrique subie par un individu peut être prédit par les facteurs de Kouwenhoven tels que le type de courant, l'intensité du courant, la durée de l'exposition, la résistance corporelle et la voie empruntée par le courant dans le corps et l'intensité du champ électrique.[2]

La réprésentation mathématique suivante permet l'évaluation de la chaleur produite par une électrisation : J (chaleur en joules) = I2 x R x T où I est le courant, R la résistance et T le temps en secondes[8]

Concept Notion théorique Corrélation clinique
Tension Le gradient de potentiel ou différence de potentiel est défini par la différence entre la plus haute et la plus basse concentration d’électrons ce qui représente le voltage (tension). Cette tension varie selon la source électrique et est exprimée en volts (V).[2] Les blessures électriques peuvent être divisés en deux catégories : bas voltage et haut voltage. Le seuil pour être considéré haut voltage est variable et se situe entre 500 à 100V. À titre de référence, l’électricité domestique aux États-Unis est à 110 V avec certains appareils à haute puissance qui peuvent être réglés jusqu'à 240 V. En comparaison, les lignes électriques industrielles et à haute tension peuvent être réglées à plus de 100 000 V.[2]
Courant Décrit la quantité d'énergie (volume d'électrons) circulant le long d'un gradient de potentiel et est mesuré en ampères (A).[2] Cela décrit la quantité d’énergie qui traverse le corps de l’individu affecté par une blessure électrique.[2]
Résistance La résistance (R), mesurée en ohms, est une mesure de la capacité d’un matériau à réduire la quantité de flux électrique qui le traverse.[2] Dans le corps, la résistance varie entre les tissus, en fonction du contenu en eau et en électrolytes.

Un contenu plus élevé en électrolytes et en eau (et une plus faible résistance) se trouve dans les vaisseaux sanguins, les neurones et les muscles. Ce sont donc d’excellents conducteurs d’électricité.

Les os, la graisse et la peau sont, en revanche, de mauvais conducteurs d'électricité (avec une résistance élevée).

La résistance cutanée augmente également avec l'épaisseur, la sécheresse et la kératinisation.

Les muqueuses humides et les points d’entrée au niveau de la peau (perforations, lacérations ou abrasions) ont une résistance plus faible.

Les tissus avec résistance la plus élevée ont tendance à subir plus de dommage à la suite d'une blessure électrique. En effet, une résistance cutanée élevée entraîne une plus grande dissipation d'énergie, causant des brûlures cutanées, et par le fait même, réduisant les dommages internes lié au peu de conduction s'ensuivant.

En comparaison, une faible résistance cutanée peut entraîner des lésions cutanées plus subtiles ou non apparentes et des dommages internes plus étendus dûs à l'énergie électrique transférée aux organes internes.

Pour cette raison, l'étendue des brûlures cutanées ne permet pas de prédire le niveau de dommages internes, pas plus que l'absence de brûlures externes ne permet de prédire l'absence de blessures électriques internes.

Dans le même ordre d’idées, la résistance des tissus internes détermine le niveau de dommage produit.[2]

Densité de courant Un facteur supplémentaire à considérer est la densité de courant qui est déterminée par l’aire d’une coupe transversale d'un tissu[2] Par exemple, lorsque l'énergie électrique se déplace le long d'un bras qui est principalement composé de tissus à faible résistance comme les muscles, les nerfs, les vaisseaux sanguins, la densité de courant est relativement faible et constante partout.

Cela est vrai jusqu'à ce que l'énergie électrique atteigne les articulations (par exemple, le coude, le poignet, les doigts) où une plus grande proportion de l’aire transversale est composée de tissus avec une résistance plus élevée (par exemple, les os, les tendons) et de moins de tissus à faible résistance.

Par conséquent, au niveau des articulations, l'énergie électrique se concentre dans le peu de tissus à faible résistance présent.

Pour cette raison, c’est au niveau des articulations que les tissus à faible résistance subissent le plus de dommages.[2]

Mise à la terre D'autres déterminants de la gravité des blessures électriques sont la source (le point d'entrée) et la mise à la terre (le point de sortie) du courant.[2] La source la plus courante est une main, suivie de la tête, tandis que la mise à la terre (le ground) la plus courante est généralement un pied.

Tout courant traversant la tête peut endommager le système nerveux central (SNC).

Le cœur est le plus souvent affecté si le courant se déplace d'une main à une jambe ou d'une main à l'autre à travers le torse, le tout pouvant entraîner une arythmie potentiellement mortelle.[2]

Type de courant Le type de courant fait référence au courant alternatif (AC) ou au courant continu (DC). AC, le courant dans les prises électriques domestiques (généralement de 50 Hz à 60 Hz; basse fréquence), change de direction de façon rythmée, tandis que DC, le courant que dans la plupart des piles, circule constamment dans une direction.[2]
Fréquence du courant Seul le courant AC possède une fréquence puisqu’il change de direction de façon rythmée. La notion de fréquence ne s’applique pas au courant DC puisque celui-ci est constant.[2] Le courant alternatif est trois plus dévastateur que le courant continu de même tension.[9] C'est principalement la fréquence du courant alternatif qui détermine l'effet qu'il aura sur le corps. Le courant alternatif à basse fréquence a tendance à provoquer une tétanie (contraction musculaire prolongée), rendant difficile de lâcher la prise à la source de courant et prolongeant ainsi la durée de l'exposition. Pour cette raison, le courant alternatif à basse fréquence provoque souvent plus de dommage que le courant alternatif haute fréquence.[2]
Intensité du champ électrique L'intensité du champ est déterminée en fonction de la quantité de tension rencontrée, en plus de la taille de la zone avec laquelle il entre en contact. Par exemple, une tension très élevée entrant en contact avec une grande surface peut avoir une intensité de champ égale ou peut-être même inférieure à une tension beaucoup plus petite entrant en contact avec une surface beaucoup plus petite. Pour cette raison, les blessures à basse tension (réparties sur une zone plus petite) peuvent souvent entraîner la même quantité de dommages que les blessures à haute tension (réparties sur une plus grande surface).[2] L'intensité du champ électrique doit être prise en compte lors de la détermination du niveau de lésion tissulaire.

Un champ électrique de faible intensité est associé à une sensation immédiate et inconfortable («choc») qui n'entraînera aucune blessure significative.

Un champ électrique d'intensité élevée, en revanche, a tendance à entraîner des dommages électrochimiques ou thermiques aux tissus affectés avec un risque de provoquer la coagulation des protéines et la nécrose secondaire, l'hémolyse, la thrombose, l'avulsion musculaire ou tendineuse ou la déshydratation.

En plus de la blessure électrique elle-même, une électrisation dans un champ électrique à haute intensité peut entraîner un œdème tissulaire massif (secondaire à une thrombose, une congestion vasculaire et un œdème musculaire suite aux dommages), conduisant potentiellement à un syndrome du compartiment. Une déshydratation (associée à l'hypovolémie et l'hypotension) peut également survenir à la suite de cet œdème tissulaire. Des lésions musculaires graves peuvent entraîner la rhabdomyolyse, la myoglobinurie, l'insuffisance rénale aigue et des troubles électrolytiques supplémentaires. [2]

Arc électrique Un arc électrique est une forme de décharge électrique qui se produit entre deux électrodes lorsque le courant électrique ionise les gaz présents dans l'air. Ce type de courant, également appelé plasma, le courant qui traverse un milieu qui est normalement non conducteur, a la densité de courant la plus élevée et est souvent lumineux.

Bien que dans la nature, les arcs électriques se présentent sous forme d'éclair, il s'agit également d'un type de courant électrique qui peut être utilisé industriellement (par exemple, soudage, coupage au plasma, éclairage fluorescent).

Des arcs indésirables peuvent également se produire en raison de disjoncteurs, interrupteurs ou points de contact électrique mal installés. Si une personne subit une brûlure par arc électrique, des lésions cutanées seront visisbles au point de source et au(x) point(s) de contact avec le sol. [3]

Les blessures par arc électrique sont moins communes, mais sont dévastatrices. L'électricité peut traverse 2- cm par 10 000V et voyager 10 pieds ou plus vers sa cible. Les températures aux points de contact peuvent atteindre 2000-4000°C, menant à des dommages tissulaires sévères.[8]

Ces lésions présentent un centre sec caractéristique semblable à du papier parchemin entouré d'un rebord de congestion.

En fonction de l'emplacement de ces blessures, on peut déterminer le chemin probable de l'arc à travers le corps. Les arcs peuvent également provoquer des brûlures électrothermiques, par flash ou par flamme en plus des brûlures électriques; par conséquent, une variété de plaies peuvent être observées chez les personnes touchées.[3]

Phénomènes cliniques

Tétanie musculaire

Le courant à haute tension (supérieur [2]à 500 V à 1000 V) entraînera généralement des brûlures profondes, tandis que le courant à basse tension (110 V à 120 V) est plus susceptible d'entraîner de la tétanie. La tétanie musculaire se produit généralement en réponse à une stimulation électrique à une fréquence de 40 Hz à 110 Hz (plage dans laquelle se trouve la plupart des courants domestiques). Si cette contraction musculaire se produit dans la main, la contraction des fléchisseurs amènera l'individu affecté à saisir la source et à prolonger le contact avec la source électrique.[2]

Courant de relâchement

La plupart des humains peuvent percevoir l'énergie électrique, au toucher, à un courant de 1 miliamp (mA). Le courant de relâchement fait référence à la quantité de courant (ampérage) qui permettra encore à un individu de lâcher la source, même si une contraction musculaire est induite. La quantité d'ampérage tolérée par individu (courant de relâchement) varie en fonction de sa taille (c'est-à-dire de sa masse musculaire et de son poids). Un homme moyen de 70 kg, par exemple, aura un courant de relâchement d'environ 75 mA pour du courant continu et 15 mA pour du courant alternatif.

La plupart des enfants peuvent tolérer un courant de relâchement de 3 mA à 5 mA, ce qui est beaucoup plus faible que le courant généré par la plupart des disjoncteurs (l'interrupteur électrique conçu pour interrompre un flux électrique lorsqu'il y a un excès de courant électrique dans la maison).[2]

Classification

Il existe quatre principaux types de blessures électriques :

  1. Les blessures par flash : Elles sont causées par un arc flash et sont généralement associées à des brûlures superficielles, car aucun courant électrique ne traverse la peau.
  2. Les blessures causées par flamme : Elles se produisent lorsqu'un arc flash enflamme les vêtements d'un individu. Un courant électrique peut ou non passer la peau dans ces cas.
  3. Les blessures causées par la foudre : Elles impliquent une énergie électrique extrêmement courte, mais à très haut voltage. Elles sont associées à un courant électrique traversant tout le corps de l’individu touché. Elles peuvent être responsables de dommage neurocognitif à long terme avec douleur chronique appelé le syndrome post-choc électrique.[10] Elles représentent environ 50 à 100 décès par année aux États-Unis.[9]
  4. Les blessures électriques vraies : Elles impliquent qu'une personne fasse partie d'un circuit électrique. Dans ces cas, un site d'entrée et de sortie est généralement trouvé.[2]

Approche clinique

Atteintes possibles

En général, la morbidité a tendance à être plus élevée lors des blessures à basse tension, alors que les blessures à haute tension ont tendance à causer une mortalité rapide ou immédiate.[2]

Présentation clinique selon le type de courant[2]
Courant alternatif à basse tension Courant alternatif à haute tension[8]
  • Brulures superficielles (peuvent être la seule conséquence)
  • Blessures importantes si contact prolongé/ tétanie musculaire
  • Arythmies (exemple : fibrillation ventriculaire)
  • Arrêt cardio-respiratoire
  • Convulsions
  • Brûlures thermiques graves
  • Perte tissulaire massive
  • Brûlures par allumage des vêtements
  • Mort subite

Atteinte musculosquelettique

L'électrisation peut atteindre les muscles fléchisseurs et extenseurs par tétanisation. Cela peut entrainer des contractures, des projections ou des chutes ainsi que des traumatismes musculaires directs ayant pour conséquences des fractures ou des luxations. [7]

Atteinte vasculaire

Le courant électrique peut causer des dommages directs ou indirects, puisqu'ils ont un contenue hydrique élevé et sont d'excellents conducteurs.[9] Les hautes températures peuvent causer de la nécrose de coagulation et l'occlusion des petits vaisseaux. Dans les grands vaisseaux, le flot rapide dissipe la chaleur, mais la nécrose médiale peut provoquer des thromboses à retardement. Les dommages vasculaires aux extrémités peuvent mener à un syndrome de compartiment. [9]

Atteinte du sinus carotidien

Cette atteinte peut mener à une chute de la pression artérielle, une diminution de la circulation cérébrale et une syncope.

Atteinte cardiaque

Le coeur peut être atteint de différentes façons, incluant une asystolie ventriculaire, des troubles du rythme ou de la conduction (fibrillation auriculaire, fibrillation ventriculaire, extrasystoles, arythmie focale ectopique, tachycardie supraventriculaire, bloc de branche droit, anomalies non-spécifiques du segment ST-T[8]), une aggravation d'une cardiopathie pré-existante ou des dommages directs au myocarde, un vasospasme coronarien ou une endartérite coronarienne, pouvant potentiellement mener à un arrêt cardiaque.[7] Notamment, la fibrillation ventriculaire peut se produire ors d'une exposition à une tension aussi basse que 50 à 120 mA (c'est-à-dire inférieure au courant accessible le plus élevé dans la plupart des ménages). Les dommages directs aux myocytes cardiaques peuvent être responsables d'arythmies retardées (par exemple, tachycardie sinusale ou contractions ventriculaires prématurées). Les blessures électriques entraînant des séquelles cardiaques à long terme demeurent rares.[2]

Atteinte neurologique

Le cerveau peut subir une inhibition des centres corticaux, une désynchronisation ainsi qu'un œdème cérébral et mener à une commotion, une obnubilation, une perte de conscience ou encore une crise épileptiforme. Les nerfs périphériques peuvent aussi être atteints directement. [7] La complication la plus sérieuse au niveau du système nerveux central est un arrêt respiratoire causé par la dépression du centre de la respiration pouvant mener à l'arrêt cardiaque et au décès.[9]

Atteinte cutanée

Les lésions cutanées secondaires aux blessures électriques sont souvent les plus dévastatrices après les complications cardiaques.

Les brûlures externes peuvent sembler mineures malgré des blessures internes importantes (par exemple avec les brûlures électrothermiques à haute tension) et peuvent nécessiter des interventions chirurgicales (amputation, fasciotomie, débridement, greffes, etc). Les brûlures sont généralement plus graves au point de contact de la source (entrée) et à la mise à la terre (sortie). La gravité des autres dommages dépend fortement de l'intensité et de la durée du contact avec la source.[2]

Atteinte pulmonaire

Si le courant électrique traverse le thorax, il existe un risque de paralysie des muscles respiratoires et d'arrêt respiratoire concomitant. Contrairement aux myocytes cardiaques, le tissu pulmonaire est un mauvais conducteur, et subit donc rarement des blessures électriques directes. [2] La tétanisation de l'appareil respiratoire peut augmenter la pression dans les voies respiratoires et causer une rupture alvéolaire et un pneumothorax. [7]

Traumatisme contondant

Un traumatisme contondant secondaire à une blessure électrique (soit par chute ou projection) peut entraîner des blessures musculosquelettiques, un TCC, une atteinte de la colonne cervicale, des blessures au visage et des dommages neurologiques.[2]

Séquelles à long terme

Les séquelles potentielles à long terme des blessures électriques peuvent être d’ordre neurologiques (p.ex., neuropathie, convulsions, syncope, acouphènes, paresthésies, faiblesse, perte d'équilibre, mauvaise coordination ou ataxie de la marche), psychologiques (p.ex., troubles de la mémoire ou de l'attention, irritabilité, dépression ou stress post-traumatique), oculaires (p. ex. cataractes) ou physiques (p. ex., douleur, fatigue, contractures, spasmes musculaires, prurit, maux de tête, fièvre ou sueurs nocturnes et réduction de l'amplitude des mouvements ou raideur des articulations).[2]

Présentation clinique

La présentation clinique des blessures électriques est extrêmement variable et inclut des arythmies cardiaques, un arrêt respiratoire, un coma, un traumatisme contondant et diverses brûlures. En effet, certains patients peuvent se plaindre de sensations désagréables sans aucun dommage physique évident, tandis que d'autres peuvent présenter une douleur intense et des lésions tissulaires manifestes. Indépendamment de la présentation clinique du patient, il est essentiel de déterminer, à l’entrevue,

  • la source de la blessure électrique (par exemple, haute ou basse tension ou AC par rapport à DC),
  • la durée du contact et
  • tout traumatisme résultant qui pourrait s'être produit.

De plus, il est important d'obtenir autant d'informations que possible concernant la blessure électrique en questionnant les témoins potentiels qui jouent un rôle extrêmement important afin de réaliser une histoire complète.[2]

Examen clinique

  • Indépendamment des plaintes à la présentation ou de l'étendue de la blessure électrique, tous les patients doivent subir un examen physique approfondi pour évaluer toute l'étendue des dommages. En outre, les patients doivent être soigneusement examinés pour tout signe de syndrome du compartiment imminent (par exemple, brûlures circonférentielles, anomalies vasculaires et tout dysfonctionnement neurologique ou moteur).[2]

Drapeaux rouges

Investigation

Les victimes de blessures électriques doivent être considérées à la fois comme des polytraumatisés et des patients avec atteintes cardiaques.

Tests Indications
ECG + monitoring cardiaque Tous les patients adultes qui ont subi une blessure électrique
Monitoring cardiaque prolongé Pour tous les patients qui présentent:
  • des douleur thoracique
  • des anomalies à l'ECG
  • un passage probable transthoracique du courant
  • un arrêt cardiaque
  • une perte de conscience
  • des antécédents cardiaques connus

La plupart des patients qui ne présentent aucune lésion ou anomalie cardiaque significative lors de l'évaluation initiale sont peu susceptibles de développer des anomalies cardiaques après 24 à 48 heures.[11][12][13][14]

En général, les patients avec ECG normal ayant subit une blessure électrique à basse tension, sans aucun problème cardiaque ou antécédent cardiaque, peuvent être retournés chez eux en toute sécurité après un examen physique approfondi. De même, les enfants subissant une exposition électrique à un courant domestique à basse tension sans blessure significative ni antécédent cardiaque préexistant peuvent aussi être retournés à la maison après un examen physique approfondi.[2]

Dans les urgences du Québec, la prise en charge est basée sur un algorithme de traitement. En effet, certaines présentations cliniques orientent vers l'obtention d'un ECG ainsi qu'une surveillance par télémétrie pour 24 heures, soit : une arythmie en période préhospitalière, une perte de conscience, un voltage à plus de 750 volts ou une brûlure du troisième degré au point d'entrée. Pour les autres, si l'ECG à l'arrivée démontre des anomalies, une surveillance prolongée pourrait être demandée. Avec un ECG normal et si le patient ne remplit aucun des critères dictant la nécessité d'une surveillance prolongée, le patient pourra être congédié. Les femmes enceintes représentent une population particulière, ainsi même avec un ECG normal, il est indiqué d'évaluer l'activité utérine et foetale par un profil biophysique.[7]

Des tests de laboratoire devraient être envisagées chez tout patient subissant une lésion électrique et comprennent :

  • une formule sanguine complète (FSC)
  • un panel métabolique complet comprenant les électrolytes, une créatinine, une analyse d'urine
  • la myoglobine sérique (si l'analyse d'urine révèle une myoglobinurie)
  • un gaz artériel si le patient présente une rhabdomyolyse ou nécessite une assistance respiratoire
  • les taux de créatine kinase (CK) (en particulier si une rhabdomyolyse est suspectée)
  • les taux de créatine kinase-MB (CK-MB) et de troponine doivent également être évalués si le trajet du courant électrique est suspecté d'avoir traversé la poitrine, si le patient se plaint de douleurs thoraciques ou s'il y a une anomalie notée sur l'ECG telle qu’une arythmie ou des signes d'ischémie.[2]

Des imageries peuvent également être envisagées, selon le type de blessure et les plaintes associées.

  • Une radiographie thoracique est justifiée pour tout patient qui présente un arrêt cardiaque ou respiratoire, une douleur thoracique, une dyspnée, une hypoxie, une chute ou un traumatisme contondant ou qui a nécessité d’une réanimation cardio-pulmonaire.
  • Une tomodensitométrie cérébrale (TDM) est justifiée pour tout patient présentant un état de conscience altéré, un traumatisme crânien à l’histoire, une perte de conscience, une convulsion ou tout déficit neurologique focal. De plus, ces patients doivent être immobilisés au niveau du rachis cervical, et une imagerie du rachis cervical devrait également être envisagée (pourrait ne pas être justifiée chez un patient sans déficit neurologique focal, sans changement d'état mental ou sans blessure significative).[2]

La gravité d’une blessure électrique n’est pas liée à l’étendue des brûlures externes, de sorte que l’absence de brûlure externe ne prédit pas l’absence de dommage interne. Certains patients peuvent nécessiter une tomodensitométrie ou une échographie supplémentaire en fonction du trajet du courant électrique à travers le corps pour évaluer la présence de lésions tissulaires internes (modalité d'imagerie de choix en fonction du tissu examiné).

Prise en charge

Le diagnostic et la gestion des blessures électriques sont idéalement effectués avec une équipe interprofessionnelle qui comprend un médecin du service des urgences, un chirurgien, un traumatologue, un anesthésiste et un spécialiste des brûlures.

À leur arrivée à l’urgence, les patients ayant subi une blessure électrique devraient être stabilisés et recevoir un support respiratoire et circulatoire au besoin (selon les protocoles ACLS et ATLS).

Un monitoring cardiaque doit être instauré chez tous les patients qui présentent une blessure plus importante qu’une brûlure mineure à basse tension. Des accès intraveineux (IV) doivent être obtenus chez tous les patients adultes qui ont subi une blessure électrique. Un accès IV central doit être envisagé lors de trauma significatif associé, d’un arrêt cardiorespiratoire ou d’une perte de conscience.

Tout patient présentant des brûlures au visage ou à la bouche, une hypoxie, une détresse respiratoire, une perte de conscience ou d'autres problèmes entraînant des difficultés à protéger les voies respiratoires doit recevoir de l'oxygène et une protection des voies respiratoires (p. ex. ventilation, intubation, cricothyroïdotomie).

Selon le type de traumatisme ou de blessure subi, le patient peut nécessiter une immobilisation cervicale. Une évaluation primaire évaluant les blessures traumatiques (exemple : pneumothorax, fractures) doit être effectuée dès que possible. Après l'évaluation primaire, tout patient présentant des brûlures importantes ou une suspicion de rhabdomyolyse (myoglobinurie) doit recevoir une réanimation liquidienne (avec un débit urinaire cible de 1,5 mL / kg / h à 2 mL / kg / h)[1]. Un diurétique osmotique (mannitol), un diurétique de l'anse (furosémide) ou une alcalinisation de l'urine (avec titration de bicarbonate de sodium) peuvent également être utilisés si une diurèse supplémentaire est nécessaire.

Les soins appropriés pour les brûlures doivent être instaurés, y compris une vaccination antitétanique, si nécessaire, et une attelle et / ou un bandage appropriés après une évaluation neurovasculaire approfondie.

Tout patient ayant subi un arrêt cardiaque ou respiratoire, une perte de conscience, des douleurs thoraciques, une hypoxie, une arythmie, un traumatisme ou des brûlures importantes, ou qui présente des anomalies à l'ECG doit être admis pour des soins hospitaliers supplémentaires. Cela peut nécessiter un transfert vers un centre de soins prenant en charge des grands brûlés ou la réadaptation, si nécessaire.

Finalement, des consultations avec des spécialistes de la traumatologie et / ou des soins intensifs, des chirurgiens spécialistes et des orthopédistes doivent être envisagées dès que possible pour éviter toute complication ou dommage irréversible.

Avant le congé, les patients doivent être informés des sources potentielles d'exposition à la maison et au travail, en plus de tout effet potentiel à long terme de leurs blessures électriques (par exemple, neurologiques, psychologiques ou physiques). Un suivi doit être organisé en cas de besoin.[2]

Suivi

Complications

Pédiatrie

Environ 20% de toutes les blessures électriques surviennent chez les enfants. Ces accidents se produisent surtout à domicile. L'incidence est la plus élevée chez les tout-petits et les adolescents.[2]

Les enfants peuvent subir des blessures électriques à basse tension en mordant ou en mâchant un fil électrique.[3][4][5][6]

Les patients pédiatriques peuvent présenter des brûlures buccales dues à la morsure ou à la succion d'un fil électrique ou d'un appareil.[2]

Un arc électrique se forme souvent d'un côté à l'autre de la bouche, ce qui peut entraîner une atteinte du muscle orbiculaire ou une déformation potentielle de la lèvre si la brûlure traverse la commissure buccale. Il peut y avoir une quantité importante d'œdème associé, ainsi qu'une formation d'escarres deux à trois jours suivant la blessure. Si l'escarre touche l'artère labiale, il peut y avoir des saignements sévères lorsque l'escarre tombe après deux à trois semaines. Ces patients doivent donc être étroitement surveillés et bénéficier d'un suivi adéquat avec des spécialistes des brûlures et des chirurgiens bucco-dentaires ou plasticiens.

Références

__NOVEDELETE__
  1. 1,0 et 1,1 Hall, Jesse B., Schmidt, Gregory A., Wood, Lawrence D. H. et Abella, Benjamin S., Principles of critical care (ISBN 0-07-147947-3, 978-0-07-147947-9 et 1-280-45709-0, OCLC 313470822, lire en ligne)
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 2,12 2,13 2,14 2,15 2,16 2,17 2,18 2,19 2,20 2,21 2,22 2,23 2,24 2,25 2,26 2,27 2,28 2,29 2,30 2,31 2,32 2,33 2,34 2,35 et 2,36 Michael R. Zemaitis, Lisa A. Foris, Richard A. Lopez et Martin R. Huecker, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28846317, lire en ligne)
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  10. Sinz, Elizabeth,, Navarro, Kenneth, et American Heart Association,, ACLS for experienced providers : manual and resource text (ISBN 978-1-61669-313-8 et 1-61669-313-4, OCLC 856653014, lire en ligne)
  11. Andrea M. Pawlik, Alina Lampart, Frank P. Stephan et Roland Bingisser, « Outcomes of electrical injuries in the emergency department: a 10-year retrospective study », European Journal of Emergency Medicine: Official Journal of the European Society for Emergency Medicine, vol. 23, no 6,‎ , p. 448–454 (ISSN 1473-5695, PMID 25969345, DOI 10.1097/MEJ.0000000000000283, lire en ligne)
  12. Chris Davis, Anna Engeln, Eric L. Johnson et Scott E. McIntosh, « Wilderness Medical Society practice guidelines for the prevention and treatment of lightning injuries: 2014 update », Wilderness & Environmental Medicine, vol. 25, no 4 Suppl,‎ , S86–95 (ISSN 1545-1534, PMID 25498265, DOI 10.1016/j.wem.2014.08.011, lire en ligne)
  13. Joshua Gentges et Christoph Schieche, « Electrical injuries in the emergency department: an evidence-based review », Emergency Medicine Practice, vol. 20, no 11,‎ , p. 1–20 (ISSN 1559-3908, PMID 30358379, lire en ligne)
  14. Donald H. Lee, Mihir J. Desai et Erich M. Gauger, « Electrical Injuries of the Hand and Upper Extremity », The Journal of the American Academy of Orthopaedic Surgeons, vol. 27, no 1,‎ , e1–e8 (ISSN 1940-5480, PMID 30278017, DOI 10.5435/JAAOS-D-17-00833, lire en ligne)
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