« Sinus pilonidal » : différence entre les versions
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| acronyme = | | acronyme = | ||
| image =Two pilonidal cysts in the natal cleft.jpg | | image =Two pilonidal cysts in the natal cleft.jpg | ||
| description_image =Deux sinus pilonidaux | | description_image =Deux orifices de sinus pilonidaux | ||
| wikidata_id = Q35040424 | | wikidata_id = Q35040424 | ||
| autres_noms =Kyste pilonidal | | autres_noms =Kyste pilonidal, maladie pilonidale | ||
| terme_anglais = | | terme_anglais =Pilonidal disease | ||
| vidéo = | | vidéo = | ||
| son = | | son = | ||
| spécialités =Chirurgie générale | | spécialités =Chirurgie générale, médecine d'urgence | ||
| version_de_classe = 3 <!-- Ne modifier que si la structure de la page et ses propriétés sont conformes à celles définies par cette version de la classe. --> | | version_de_classe = 3 <!-- Ne modifier que si la structure de la page et ses propriétés sont conformes à celles définies par cette version de la classe. --> | ||
|démo=0|révision_par_les_pairs=|révision_par_le_comité_éditorial=|littérature_à_jour_date=|révision_par_les_pairs_date=|révision_par_le_comité_éditorial_date=}} | |démo=0|révision_par_les_pairs=|révision_par_le_comité_éditorial=|littérature_à_jour_date=|révision_par_les_pairs_date=|révision_par_le_comité_éditorial_date=}} | ||
Le sinus pilonidal ou la maladie pilonidale est une cavité sous-cutanée qui s'ouvre au niveau du sillon interfessier et qui contient des poils à sa base. Il tire son nom du latin ''pilus'' qui signifie | Le sinus pilonidal ou la maladie pilonidale est une cavité sous-cutanée qui s'ouvre au niveau du sillon interfessier et qui contient des poils à sa base. Il tire son nom du latin ''pilus'' qui signifie «poils» et ''nidus'' qui signifie «nid». Le sinus peut mener à la création d'un abcès et éventuellement à une maladie fistulisante sous-cutanée extensive. | ||
== Épidémiologie == | == Épidémiologie == | ||
L'incidence de la maladie pilonidale est estimée à 26 cas par 100 000 personnes. Les hommes sont 2,2 fois plus atteints que les femmes.<ref name=":5">{{Citation d'un article|prénom1=K.|nom1=Søndenaa|prénom2=E.|nom2=Andersen|prénom3=I.|nom3=Nesvik|prénom4=J. A.|nom4=Søreide|titre=Patient characteristics and symptoms in chronic pilonidal sinus disease|périodique=International Journal of Colorectal Disease|volume=10|numéro=1|date=1995|issn=0179-1958|pmid=7745322|doi=10.1007/BF00337585|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7745322/|consulté le=2021-04-04|pages=39–42}}</ref> On estime que la maladie pilonidale affecte environ 70000 personnes aux États-Unis chaque année.<ref name=":6">{{Citation d'un article|prénom1=Eric K.|nom1=Johnson|prénom2=Jon D.|nom2=Vogel|prénom3=Michelle L.|nom3=Cowan|prénom4=Daniel L.|nom4=Feingold|titre=The American Society of Colon and Rectal Surgeons' Clinical Practice Guidelines for the Management of Pilonidal Disease|périodique=Diseases of the Colon and Rectum|volume=62|numéro=2|date=2019-02|issn=1530-0358|pmid=30640830|doi=10.1097/DCR.0000000000001237|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30640830/|consulté le=2021-04-04|pages=146–157}}</ref><ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Alexander T.|nom1=Nixon|prénom2=Robert F.|nom2=Garza|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2021|pmid=32491702|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK557770/|consulté le=2021-04-04}}</ref> | L'incidence de la maladie pilonidale est estimée à 26 cas par 100 000 personnes. Les hommes sont 2,2 fois plus atteints que les femmes.<ref name=":5">{{Citation d'un article|prénom1=K.|nom1=Søndenaa|prénom2=E.|nom2=Andersen|prénom3=I.|nom3=Nesvik|prénom4=J. A.|nom4=Søreide|titre=Patient characteristics and symptoms in chronic pilonidal sinus disease|périodique=International Journal of Colorectal Disease|volume=10|numéro=1|date=1995|issn=0179-1958|pmid=7745322|doi=10.1007/BF00337585|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7745322/|consulté le=2021-04-04|pages=39–42}}</ref> On estime que la maladie pilonidale affecte environ 70000 personnes aux États-Unis chaque année.<ref name=":6">{{Citation d'un article|prénom1=Eric K.|nom1=Johnson|prénom2=Jon D.|nom2=Vogel|prénom3=Michelle L.|nom3=Cowan|prénom4=Daniel L.|nom4=Feingold|titre=The American Society of Colon and Rectal Surgeons' Clinical Practice Guidelines for the Management of Pilonidal Disease|périodique=Diseases of the Colon and Rectum|volume=62|numéro=2|date=2019-02|issn=1530-0358|pmid=30640830|doi=10.1097/DCR.0000000000001237|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30640830/|consulté le=2021-04-04|pages=146–157}}</ref><ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Alexander T.|nom1=Nixon|prénom2=Robert F.|nom2=Garza|titre=StatPearls|éditeur=StatPearls Publishing|date=2021|pmid=32491702|lire en ligne=http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK557770/|consulté le=2021-04-04}}</ref> | ||
== Étiologies == | == Étiologies == | ||
Initialement, la maladie était considérée comme étant d'origine {{Étiologie | nom = congénitale|principale=0}}.<ref name=":1">{{Citation d'un article|prénom1=J. H.|nom1=da Silva|titre=Pilonidal cyst: cause and treatment|périodique=Diseases of the Colon and Rectum|volume=43|numéro=8|date=2000-08|issn=0012-3706|pmid=10950015|doi=10.1007/BF02236564|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10950015/|consulté le=2021-04-09|pages=1146–1156}}</ref> Actuellement, la maladie pilonidale est considérée comme une maladie acquise qui résulte de l'aspiration des poils des tissus mous environnants conduisant à une {{Étiologie | nom = réaction inflammatoire|principale=0}} et à la formation d'un granulome à corps étranger.<ref name=":2">{{Citation d'un article|prénom1=D. H.|nom1=Patey|prénom2=R. W.|nom2=Scarff|titre=Pathology of postanal pilonidal sinus; its bearing on treatment|périodique=Lancet (London, England)|volume=2|numéro=6423|date=1946-10-05|issn=0140-6736|pmid=20998923|doi=10.1016/s0140-6736(46)91756-4|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20998923/|consulté le=2021-04-04|pages=484–486}}</ref><ref name=":3">{{Citation d'un article|prénom1=E. S. J.|nom1=King|titre=The nature of the pilonidal sinus|périodique=The Australian and New Zealand Journal of Surgery|volume=16|numéro=3|date=1947-01|issn=0004-8682|pmid=20295740|doi=10.1111/j.1445-2197.1947.tb03632.x|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20295740/|consulté le=2021-04-09|pages=182–192}}</ref><ref name=":0" /> | |||
== Physiopathologie == | == Physiopathologie == | ||
La physiopathologie du sinus pilonidal n'est pas totalement comprise, mais différentes théories pourraient expliquer son origine. La théorie la plus répandue est qu'il s'agit d'une maladie acquise. Elle débute par une folliculite qui se complique en abcès aigu et qui persiste à long terme sans être traitée pour former un sinus. Au niveau du pli interfessier différents facteurs favorisent la formation d'un sinus pilonidal. L'humidité accrue, la pression et les frictions répétées sont des facteurs qui empêchent l'expulsion du poil et qui favorisent sa croissance sous-cutanée. La présence de poil dans les tissus mous environnants et la peau conduit finalement à une réaction inflammatoire et à la formation d'un granulome à corps étranger.<ref name=":2" /> Lors d'épisodes répétés d'abcédation, des sillons sous-cutanés de drainage peuvent s'étendre sur plusieurs centimètres de la zone naviculaire. Après plusieurs années d'évolution, le sinus peut dégénérer en cancer épidermoïde ou se transformer en tumeurs agressives et localement invasives. | |||
[[Fichier:Stades sinus pilonidal.jpg|vignette|Les différents stades du sinus pilonidal]] | |||
La physiopathologie du sinus pilonidal n'est pas totalement comprise, mais différentes théories pourraient expliquer son origine. La théorie la plus répandue est qu'il s'agit d'une maladie acquise. Elle débute par une folliculite qui se complique en abcès aigu et qui persiste à long terme sans être traitée pour former un sinus. Au niveau du pli interfessier différents facteurs favorisent la formation d'un sinus pilonidal. L'humidité accrue, la pression et les frictions répétées sont des facteurs qui empêchent l'expulsion du poil et qui favorisent sa croissance sous-cutanée. La présence de poil dans les tissus mous environnants et | |||
== Présentation clinique == | == Présentation clinique == | ||
=== Facteurs de risque === | === Facteurs de risque === | ||
Les facteurs de risque sont les suivants:<ref name=":0" /> | |||
* le {{Facteur de risque | nom = sexe masculin|RR=|référence_RR=|RC=}} | * le {{Facteur de risque | nom = sexe masculin|RR=|référence_RR=|RC=}} | ||
* les {{Facteur de risque | nom = antécédents familiaux|RR=|référence_RR=|RC=}} | * les {{Facteur de risque | nom = antécédents familiaux|RR=|référence_RR=|RC=}} | ||
Ligne 44 : | Ligne 37 : | ||
* la {{Facteur de risque | nom = sédentarité|RR=|référence_RR=|RC=}} | * la {{Facteur de risque | nom = sédentarité|RR=|référence_RR=|RC=}} | ||
* l'{{Facteur de risque | nom = hirsutisme|RR=|référence_RR=|RC=}} | * l'{{Facteur de risque | nom = hirsutisme|RR=|référence_RR=|RC=}} | ||
* la {{Facteur de risque|nom= | * la {{Facteur de risque|nom=hyperhidrose|RR=|référence_RR=|RC=}} | ||
* une {{Facteur de risque | nom = mauvaise hygiène|RR=|référence_RR=|RC=}}. | * une {{Facteur de risque | nom = mauvaise hygiène|RR=|référence_RR=|RC=}} | ||
* le {{Facteur de risque|nom=tabagisme}}. | |||
=== Questionnaire === | === Questionnaire === | ||
Les symptômes à rechercher au questionnaire sont: | |||
* la {{Symptôme | nom = douleur|affichage=|prévalence=}} locale | * la {{Symptôme | nom = douleur|affichage=|prévalence=}} locale | ||
* un {{Symptôme | nom = écoulement|affichage=|prévalence=}} intermittent | * un {{Symptôme | nom = écoulement|affichage=|prévalence=}} intermittent | ||
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=== Examen clinique === | === Examen clinique === | ||
[[Fichier:Physiopathologie sinus pilonidal .jpg|vignette|Présentation du sinus pilonidal]] | |||
À l'{{Examen clinique | nom = examen rectal|indication=}}, nous pouvons noter:<ref>{{Citation d'un ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Poitras|prénom2=Mickaël|nom2=Blouin|prénom3=Marc|nom3=Bilodeau|titre=L'appareil digestif : des sciences fondamentales à la clinique|date=2020|isbn=978-2-7606-4158-7|isbn2=2-7606-4158-9|oclc=1125152533|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1125152533|consulté le=2021-04-09}}</ref> | |||
* un {{Signe | nom = pertuis|affichage=|prévalence=}} au niveau du pli interfessier pouvant contenir du poil | * un ou plusieurs {{Signe | nom = pertuis|affichage=|prévalence=}} au niveau du pli interfessier pouvant contenir du poil | ||
* une {{Signe | nom = masse|affichage=|prévalence=}} ou une {{Signe clinique|nom=tuméfaction|affichage=|prévalence=}} indiquant la présence d'un abcès | * une {{Signe | nom = masse|affichage=|prévalence=}} ou une {{Signe clinique|nom=tuméfaction|affichage=|prévalence=}} indiquant la présence d'un abcès | ||
* de la rougeur et chaleur ({{Signe | nom = cellulite|affichage=|prévalence=}}) | * de la rougeur et chaleur ({{Signe | nom = cellulite|affichage=|prévalence=}}) | ||
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== Examens paracliniques == | == Examens paracliniques == | ||
Les imageries et les analyses de laboratoire ne sont habituellement pas requises pour le diagnostic du sinus pilonidal. Certains examens peuvent aider à la prise en charge:<ref name=":0" /> | Les imageries et les analyses de laboratoire ne sont habituellement pas requises pour le diagnostic du sinus pilonidal. Certains examens peuvent aider à la prise en charge:<ref name=":0" /> | ||
* l'{{Investigation | nom = échographie | indication = Indication}} permet déterminer l'étendue du sinus pilonidal | * l'{{Investigation | nom = échographie | indication = Indication}} permet déterminer l'étendue du sinus pilonidal<ref name=":17">{{Citation d'un article|prénom1=Ashraf Talaat|nom1=Youssef|titre=The value of superficial parts and endoanal ultrasonography in evaluating pilonidal disease and exclusion of perianal sepsis|périodique=Journal of Ultrasound|volume=18|numéro=3|date=2015-09|issn=1971-3495|pmid=26261474|pmcid=4529415|doi=10.1007/s40477-015-0156-3|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26261474/|consulté le=2021-04-04|pages=237–243}}</ref>, mais elle est rarement d'utilité clinique car la maladie est relativement superficielle. | ||
* l'{{Investigation | nom = imagerie par résonance magnétique | indication = Indication}} (IRM) peut aider au diagnostic en présence de maladie inflammatoire intestinale, de fistule anale, de septicémie ou de néoplasie.<ref name=":20">{{Citation d'un article|prénom1=Stuart A.|nom1=Taylor|prénom2=Steve|nom2=Halligan|prénom3=Clive I.|nom3=Bartram|titre=Pilonidal sinus disease: MR imaging distinction from fistula in ano|périodique=Radiology|volume=226|numéro=3|date=2003-03|issn=0033-8419|pmid=12601210|doi=10.1148/radiol.2263011758|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12601210/|consulté le=2021-04-04|pages=662–667}}</ref><ref name=":21">{{Citation d'un article|prénom1=Sinan|nom1=Balcı|prénom2=Mehmet Ruhi|nom2=Onur|prénom3=Ali Devrim|nom3=Karaosmanoğlu|prénom4=Muşturay|nom4=Karçaaltıncaba|titre=MRI evaluation of anal and perianal diseases|périodique=Diagnostic and Interventional Radiology (Ankara, Turkey)|volume=25|numéro=1|date=2019-01|issn=1305-3612|pmid=30582572|pmcid=6339630|doi=10.5152/dir.2018.17499|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30582572/|consulté le=2021-04-04|pages=21–27}}</ref> | * l'{{Investigation | nom = imagerie par résonance magnétique | indication = Indication}} (IRM) peut aider au diagnostic en présence de maladie inflammatoire intestinale, de fistule anale, de septicémie ou de néoplasie.<ref name=":20">{{Citation d'un article|prénom1=Stuart A.|nom1=Taylor|prénom2=Steve|nom2=Halligan|prénom3=Clive I.|nom3=Bartram|titre=Pilonidal sinus disease: MR imaging distinction from fistula in ano|périodique=Radiology|volume=226|numéro=3|date=2003-03|issn=0033-8419|pmid=12601210|doi=10.1148/radiol.2263011758|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12601210/|consulté le=2021-04-04|pages=662–667}}</ref><ref name=":21">{{Citation d'un article|prénom1=Sinan|nom1=Balcı|prénom2=Mehmet Ruhi|nom2=Onur|prénom3=Ali Devrim|nom3=Karaosmanoğlu|prénom4=Muşturay|nom4=Karçaaltıncaba|titre=MRI evaluation of anal and perianal diseases|périodique=Diagnostic and Interventional Radiology (Ankara, Turkey)|volume=25|numéro=1|date=2019-01|issn=1305-3612|pmid=30582572|pmcid=6339630|doi=10.5152/dir.2018.17499|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30582572/|consulté le=2021-04-04|pages=21–27}}</ref> | ||
* l'injection de bleu de méthylène permet de visualiser le sinus et d'orienter le traitement chirurgical.<ref name=":0" /> | * l'injection de bleu de méthylène permet de visualiser le sinus et d'orienter le traitement chirurgical.<ref name=":0" /> | ||
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== Approche clinique == | == Approche clinique == | ||
La maladie pilonidale est un diagnostic clinique basé sur l'examen physique incluant l'examen anorectal ainsi que l'évaluation des symptômes et des facteurs de risque.<ref name=":6" /> Les résultats de l'examen physique incluent un pertuis au niveau du plis interfessier supérieur qui peut être associé à des sinus suivant un trajet céphalique ou latéral. En cas de lésion suspecte, une biopsie peut être réalisée pour écarter une néoplasie. Souvent, la présence d'abcès et d'œdème peut masquer le sinus et donc retarder la prise en charge. | |||
La maladie pilonidale est un diagnostic clinique basé sur l'examen physique incluant l'examen anorectal ainsi que l'évaluation des symptômes et des facteurs de risque.<ref name=":6" /> Les résultats de l'examen physique incluent un pertuis au niveau du plis interfessier supérieur qui peut être associé à des sinus suivant un trajet céphalique ou latéral. En cas de lésion | |||
== Diagnostic == | == Diagnostic == | ||
Le diagnostic du sinus pilonidal est surtout clinique et se base sur l'histoire et la présentation clinique. Le sinus pilonidal peut être classé en cinq types:<ref>{{Citation d'un lien web|langue=en-ca|titre=Chirurgie|url=https://apps.apple.com/ca/app/chirurgie/id1066365766|site=App Store|consulté le=2021-04-09}}</ref> | |||
* Type I : Asymptomatique | * Type I : Asymptomatique | ||
* Type II : Abcès pilonidal aigu | * Type II : Abcès pilonidal aigu | ||
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== Diagnostic différentiel == | == Diagnostic différentiel == | ||
Les autres diagnostics à écarter sont les suivants:<ref name=":0" /><ref>{{Citation d'un lien web|langue=en-ca|titre=Chirurgie|url=https://apps.apple.com/ca/app/chirurgie/id1066365766|site=App Store|consulté le=2021-04-04}}</ref><ref name=":91">{{Citation d'un article|prénom1=P. J.|nom1=Gupta|titre=Pilonidal sinus disease and tuberculosis|périodique=European Review for Medical and Pharmacological Sciences|volume=16|numéro=1|date=2012-01|issn=1128-3602|pmid=22338544|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22338544/|consulté le=2021-04-04|pages=19–24}}</ref><ref name=":92">{{Citation d'un article|prénom1=Pravin Jaiprakash|nom1=Gupta|titre=Tubercular infection in the sacrococcygeal pilonidal sinus--a case report|périodique=International Wound Journal|volume=5|numéro=5|date=2008-12|issn=1742-481X|pmid=19134066|doi=10.1111/j.1742-481X.2008.00518.x|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19134066/|consulté le=2021-04-04|pages=648–650}}</ref><ref name=":93">{{Citation d'un article|prénom1=D.|nom1=Jamil|prénom2=R.|nom2=Ismail|prénom3=A.|nom3=Cherkaoui|titre=[Secondary tuberculous infection of a pilonidal sinus]|périodique=Annales De Gastroenterologie Et D'hepatologie|volume=27|numéro=5|date=1991-10|issn=0066-2070|pmid=1746872|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1746872/|consulté le=2021-04-04|pages=205–206}}</ref> | |||
* le {{Diagnostic différentiel | nom = furoncle}} | * le {{Diagnostic différentiel | nom = furoncle}} | ||
* la {{Diagnostic différentiel|nom=folliculite bactérienne}} | * la {{Diagnostic différentiel|nom=folliculite bactérienne}} | ||
Ligne 100 : | Ligne 86 : | ||
* l'{{Diagnostic différentiel|nom=ostéomyélite}} du sacrum se drainant par un sinus | * l'{{Diagnostic différentiel|nom=ostéomyélite}} du sacrum se drainant par un sinus | ||
* les {{Diagnostic différentiel|nom=maladies inflammatoires intestinales}} | * les {{Diagnostic différentiel|nom=maladies inflammatoires intestinales}} | ||
* une {{Diagnostic différentiel|nom=néoplasie}} | * une {{Diagnostic différentiel|nom=néoplasie}} (exemple : tumeur des tissus mous). | ||
== Traitement == | == Traitement == | ||
=== Abcès aigu === | === Abcès aigu === | ||
La prise en charge de l'abcès aigu est l'incision et le {{Traitement | nom = drainage|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} (réalisé en salle d’opération si volumineux): | La prise en charge de l'abcès aigu est l'incision et le {{Traitement | nom = drainage|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} (réalisé en salle d’opération si volumineux): | ||
# Faire une incision cruciforme latérale (1cm latéral à la ligne médiane) | # Faire une '''incision cruciforme latérale''' (1cm latéral à la ligne médiane) | ||
# Enlever tous les poils présents | # Enlever tous les poils présents | ||
Si le sinus est facilement visible, il est recommandé de faire une canulation et ouverture. Un traitement définitif en aigu mènerait à une résection trop importante. | Si le sinus est facilement visible, il est recommandé de faire une canulation et ouverture. Un traitement définitif en aigu mènerait à une résection trop importante. | ||
Ligne 117 : | Ligne 101 : | ||
* l'immunosuppression | * l'immunosuppression | ||
* le diabète | * le diabète | ||
* une cellulite importante | * une cellulite importante. | ||
L'{{Traitement|nom=érythromycine|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} et le {{Traitement|nom=métronidazole|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} sont les principaux antibiotiques utilisés.<ref name=":7" /> | L'{{Traitement|nom=érythromycine|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} et le {{Traitement|nom=métronidazole|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} sont les principaux antibiotiques utilisés. D'autres antibiotiques peuvent être employés pour une couverture cutanée, mais également de la flore intestinale car c'est à proximité de l'anus <ref name=":7" />. | ||
=== Maladie pilonidale chronique === | === Maladie pilonidale chronique === | ||
Chez les patients asymptomatiques ou peu symptomatiques, le traitement est conservateur et | Chez les patients asymptomatiques ou peu symptomatiques, le traitement est conservateur et inclut: | ||
* le rasage (5 cm de la ligne médiane) | * le rasage (5 cm de la ligne médiane), idéalement faite par un professionnel et non par le patient lui-même (augmente le risque de récidive) | ||
* une bonne hygiène | * une bonne hygiène | ||
* une incision limitée pour permettre le drainage | * une incision limitée pour permettre le drainage | ||
* l'application de 1 à 3 mL {{Traitement|nom=phénol cristallisé|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} (agent sclérosant) dans le sinus permettrait de prévenir les récidives et présente un taux de guérison de 65 à 100% | * d'autres techniques ont été étudiées mais ne sont pas utilisées au quotidien : | ||
* la colle de {{Traitement|nom=fibrine|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} est utilisée après l'incision du sinus | ** l'application de 1 à 3 mL {{Traitement|nom=phénol cristallisé|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} (agent sclérosant) dans le sinus permettrait de prévenir les récidives et présente un taux de guérison de 65 à 100% <ref>{{Citation d'un article|langue=en|prénom1=Eric K.|nom1=Johnson|prénom2=Jon D.|nom2=Vogel|prénom3=Michelle L.|nom3=Cowan|prénom4=Daniel L.|nom4=Feingold|titre=The American Society of Colon and Rectal Surgeons’ Clinical Practice Guidelines for the Management of Pilonidal Disease|périodique=Diseases of the Colon & Rectum|volume=62|numéro=2|date=2019-02|issn=0012-3706|doi=10.1097/DCR.0000000000001237|lire en ligne=https://journals.lww.com/00003453-201902000-00005|consulté le=2021-04-05|pages=146–157}}</ref>. | ||
* l'injection de {{Traitement|nom=plasma riche en plaquettes|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}}. | ** la colle de {{Traitement|nom=fibrine|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}} est utilisée après l'incision du sinus<ref>{{Citation d'un article|prénom1=Jon|nom1=Lund|prénom2=Samson|nom2=Tou|prénom3=Brett|nom3=Doleman|prénom4=John P|nom4=Williams|titre=Fibrin glue for pilonidal sinus disease|périodique=Cochrane Database of Systematic Reviews|date=2017-01-13|issn=1465-1858|doi=10.1002/14651858.cd011923.pub2|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1002/14651858.cd011923.pub2|consulté le=2021-04-18}}</ref> | ||
** l'injection de {{Traitement|nom=plasma riche en plaquettes|indication=|RRR=|RRA=|référence_RRR=|référence_RRA=}}. | |||
Le débridement et le curetage après l'incision et le drainage sont primordiaux pour prévenir les récidives. Les facteurs augmentant le risque de récidive sont: | Le débridement et le curetage après l'incision et le drainage sont primordiaux pour prévenir les récidives. Les facteurs augmentant le risque de récidive sont: | ||
* un infection | * un infection | ||
* la persistance poils. | * le tabagisme | ||
* l'obésité | |||
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* douleur chronique | * douleur chronique | ||
* abcès récidivant | * abcès récidivant | ||
* drainage chronique | * drainage chronique. | ||
Le choix de la technique chirurgicale dépend de l’extension de la maladie et des comorbidités du patient entre | Le choix de la technique chirurgicale dépend de l’extension de la maladie et des comorbidités du patient entre autres <ref>{{Citation d'un article|prénom1=Igors|nom1=Iesalnieks|prénom2=Andreas|nom2=Ommer|titre=The Management of Pilonidal Sinus|périodique=Deutsches Aerzteblatt Online|date=2019-01-07|issn=1866-0452|pmid=30782310|pmcid=PMC6384517|doi=10.3238/arztebl.2019.0012|lire en ligne=https://www.aerzteblatt.de/10.3238/arztebl.2019.0012|consulté le=2021-04-08}}</ref>. Le tableau ci-bas présente les principales approches chirurgicales utilisées et leurs caractéristiques. On divise en deux grandes catégories les interventions possibles<ref name=":6" /> : l'excision de la maladie avec fermeture primaire (linéaire ou lambeaux variés) versus les techniques par excision et fermeture par seconde intention (avec ou sans thérapie à pression négative adjuvante). Il n'y a pas deux sinus pareils et donc le clinicien doit adapter son choix d'intervention selon l'étendue de la maladie, la profondeur de celle-ci, l'épaisseur des tissus sous-cutanés et la proximité de l'anus. La durée du traitement aura un impact important sur la qualité de vie du patient, son arrêt de travail, l'implication infirmière en post-opératoire et le risque de récidive. Par exemple, une excision chirurgicale large avec un pansement aspiratif à pression négative (thérapie VAC) a une durée moyenne de traitement de plusieurs semaines avec des soins infirmiers requis aux 2 à 3 jours. Toutefois, le patient a moins de risque de récidive à long terme qu'une fermeture primaire qui lui aurait permis de retourner plus rapidement à l'emploi. On doit également individualiser le traitement selon les comorbidités du patient. Un patient avec facteurs de risque de déhiscence de lambeau (exemples : obésité, tabagisme, diabète) se verra offrir une excision large avec traitement à pression négative, alors qu'un patient mince et en santé pourrait avoir un lambeau extensif sans complication attendue. Il est néanmoins reconnu, revue Cochrane à l'appui, qu'une fermeture primaire a plus de risque de récidive que la fermeture par seconde intention (8,7% vs 5,3%)<ref>{{Citation d'un article|prénom1=Ahmed|nom1=AL-Khamis|prénom2=Iain|nom2=McCallum|prénom3=Peter M|nom3=King|prénom4=Julie|nom4=Bruce|titre=Healing by primary versus secondary intention after surgical treatment for pilonidal sinus|périodique=Cochrane Database of Systematic Reviews|date=2010-01-20|issn=1465-1858|doi=10.1002/14651858.cd006213.pub3|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1002/14651858.cd006213.pub3|consulté le=2021-04-18}}</ref>. En contre-partie, il a été prouvé qu'une fermeture primaire amenait une guérison plus rapide<ref name=":6" />. | ||
Finalement, des études sur des techniques novatrices minimalement invasives commencent à être publiées. La technique VAAPS ''(video-assisted ablation of pilonidal sinus'') consiste à canuler sous vision endoscopique les sinus, retirer les poils et faire une ablation du tissu de granulation par utilisation de radiofréquence <ref>{{Citation d'un article|prénom1=Marco|nom1=Milone|prénom2=Mario|nom2=Musella|prénom3=Attilio|nom3=Di Spiezio Sardo|prénom4=Giuseppe|nom4=Bifulco|titre=Video-assisted ablation of pilonidal sinus: A new minimally invasive treatment—A pilot study|périodique=Surgery|volume=155|numéro=3|date=2014-03|issn=0039-6060|doi=10.1016/j.surg.2013.08.021|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.surg.2013.08.021|consulté le=2021-04-18|pages=562–566}}</ref>. Cette technique permet un retour rapide au travail avec des soins de plaie minimaux et un taux de récidive appréciable. Elle n'est toutefois que très peu accessible. | |||
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| rowspan="2" |Récidive | | rowspan="2" |Récidive | ||
| | | | ||
# | # Sonder le sinus avec une sonde | ||
# Exciser | # Exciser la peau inflammée | ||
# Cureter le trajet | # Cureter le trajet | ||
# Laisser la plaie ouverte ou paqueter ou marsupialiser au fond du trajet. | # Laisser la plaie ouverte ou paqueter ou marsupialiser au fond du trajet. | ||
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Guérison en 6 à 8 semaines | Guérison en 6 à 8 semaines | ||
Taux de | Taux de récidive de 2 – 20% (40% fermeture primaire, 4-8% marsupialiser) | ||
|- | |- | ||
|Excision en bloc | |Excision en bloc | ||
| | | | ||
# Faire une excision large en bloc. Ne pas se rendre à fascia sacrum à moins que l’extension s’y rende | # Faire une excision large en bloc. Ne pas se rendre à fascia du sacrum à moins que l’extension ne s’y rende | ||
# Laisser la plaie ouverte, marsupialiser, fermeture assistée sous vide ou fermer primairement | # Laisser la plaie ouverte, marsupialiser, fermeture assistée sous vide (pansement VAC) ou fermer primairement | ||
|Taux de récidive de | |Taux de succès de 90% | ||
Taux de récidive de 1-20%. | |||
|- | |- | ||
| rowspan="4" |Asymétrique | | rowspan="4" |Asymétrique | ||
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Taux de récidive de 4-8% (mieux avec rhomboïde) | Taux de récidive de 4-8% (mieux avec rhomboïde) | ||
|} | |} | ||
== Suivi == | == Suivi == | ||
Après le drainage de l'abcès, il est recommandé de faire un bain de siège minimum deux fois par jour et de raser la peau au pourtour à toutes les 1 à 2 semaines pendant 3 à 6 mois.<ref name=":24">{{Citation d'un article|prénom1=J. A.|nom1=Solla|prénom2=D. A.|nom2=Rothenberger|titre=Chronic pilonidal disease. An assessment of 150 cases|périodique=Diseases of the Colon and Rectum|volume=33|numéro=9|date=1990-09|issn=0012-3706|pmid=2390911|doi=10.1007/BF02052321|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2390911/|consulté le=2021-04-04|pages=758–761}}</ref><ref>{{Citation d'un article|langue=en|prénom1=Eric K.|nom1=Johnson|prénom2=Jon D.|nom2=Vogel|prénom3=Michelle L.|nom3=Cowan|prénom4=Daniel L.|nom4=Feingold|titre=The American Society of Colon and Rectal Surgeons’ Clinical Practice Guidelines for the Management of Pilonidal Disease|périodique=Diseases of the Colon & Rectum|volume=62|numéro=2|date=2019-02|issn=0012-3706|doi=10.1097/DCR.0000000000001237|lire en ligne=https://journals.lww.com/00003453-201902000-00005|consulté le=2021-04-05|pages=146–157}}</ref> La guérison prend 4 à 10 semaines. L'épilation au laser peut également être recommandée, mais elle nécessite souvent plusieurs traitements, est couteuse et peut nécessiter une anesthésie locale ou topique. Certains produits d'épilation peuvent être irritants pour la muqueuse anale ou provoquer des éruptions cutanées.<ref name=":0" /> | |||
== Complications == | == Complications == | ||
Les complications associées à la maladie pilonidale comprennent:<ref name=":0" /> | |||
* la {{Complication|nom=détérioration|référence_RR=}} de la plaie | * la {{Complication|nom=détérioration|référence_RR=}} de la plaie | ||
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* une transformation maligne. | * une {{Complication|nom=transformation maligne}}. | ||
== Évolution == | == Évolution == | ||
Le pronostic associé au sinus pilonidal est très bon car il s'agit d'une maladie bénigne, malgré certains rapports de dégénérescence maligne ou de cancer de la peau. Toutefois, le taux de récidive est relativement élevé et peut nécessiter plusieurs procédures. Le pronostic global est très bon avec la modification des habitudes de vie et un diagnostic précis.<ref name=":0" /> | Le pronostic associé au sinus pilonidal est très bon car il s'agit d'une maladie bénigne, malgré certains rapports de dégénérescence maligne ou de cancer de la peau. Toutefois, le taux de récidive est relativement élevé et peut nécessiter plusieurs procédures. Le pronostic global est très bon avec la modification des habitudes de vie et un diagnostic précis.<ref name=":0" /> | ||
== Prévention == | == Prévention == | ||
Les mesures préventives incluent la perte de poids, l'activité physique, une bonne hygiène et l'épilation pour prévenir les récidives. | |||
Les mesures préventives | |||
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<references /> | <references /> | ||
Dernière version du 29 avril 2021 à 20:34
Maladie | |
Deux orifices de sinus pilonidaux | |
Caractéristiques | |
---|---|
Signes | Écoulement, Tuméfaction, Masse, Pertuis, Cellulite bactérienne |
Symptômes |
Douleur, Écoulement, Température corporelle élevée |
Diagnostic différentiel |
Folliculite bactérienne, Ostéomyélite, Tuberculose, Maladies inflammatoires intestinales, Néoplasie, Actinomycose, Syphilis, Fistule anale, Abcès périanal, Hydradénite suppurée, ... [+] |
Informations | |
Terme anglais | Pilonidal disease |
Autres noms | Kyste pilonidal, maladie pilonidale |
Wikidata ID | Q35040424 |
Spécialités | Chirurgie générale, médecine d'urgence |
|
Le sinus pilonidal ou la maladie pilonidale est une cavité sous-cutanée qui s'ouvre au niveau du sillon interfessier et qui contient des poils à sa base. Il tire son nom du latin pilus qui signifie «poils» et nidus qui signifie «nid». Le sinus peut mener à la création d'un abcès et éventuellement à une maladie fistulisante sous-cutanée extensive.
Épidémiologie
L'incidence de la maladie pilonidale est estimée à 26 cas par 100 000 personnes. Les hommes sont 2,2 fois plus atteints que les femmes.[1] On estime que la maladie pilonidale affecte environ 70000 personnes aux États-Unis chaque année.[2][3]
Étiologies
Initialement, la maladie était considérée comme étant d'origine congénitale.[4] Actuellement, la maladie pilonidale est considérée comme une maladie acquise qui résulte de l'aspiration des poils des tissus mous environnants conduisant à une réaction inflammatoire et à la formation d'un granulome à corps étranger.[5][6][3]
Physiopathologie
La physiopathologie du sinus pilonidal n'est pas totalement comprise, mais différentes théories pourraient expliquer son origine. La théorie la plus répandue est qu'il s'agit d'une maladie acquise. Elle débute par une folliculite qui se complique en abcès aigu et qui persiste à long terme sans être traitée pour former un sinus. Au niveau du pli interfessier différents facteurs favorisent la formation d'un sinus pilonidal. L'humidité accrue, la pression et les frictions répétées sont des facteurs qui empêchent l'expulsion du poil et qui favorisent sa croissance sous-cutanée. La présence de poil dans les tissus mous environnants et la peau conduit finalement à une réaction inflammatoire et à la formation d'un granulome à corps étranger.[5] Lors d'épisodes répétés d'abcédation, des sillons sous-cutanés de drainage peuvent s'étendre sur plusieurs centimètres de la zone naviculaire. Après plusieurs années d'évolution, le sinus peut dégénérer en cancer épidermoïde ou se transformer en tumeurs agressives et localement invasives.
Présentation clinique
Facteurs de risque
Les facteurs de risque sont les suivants:[3]
- le sexe masculin
- les antécédents familiaux
- le surpoids ou l'obésité
- une fente sacrée profonde
- une traumatisme local (ex: frottement répété)
- une irritation du pli interfessier
- la sédentarité
- l'hirsutisme
- la hyperhidrose
- une mauvaise hygiène
- le tabagisme.
Questionnaire
Les symptômes à rechercher au questionnaire sont:
- la douleur locale
- un écoulement intermittent
- la fièvre.
Examen clinique
À l'examen rectal, nous pouvons noter:[7]
- un ou plusieurs pertuis au niveau du pli interfessier pouvant contenir du poil
- une masse ou une tuméfaction indiquant la présence d'un abcès
- de la rougeur et chaleur (cellulite)
- un écoulement purulent ou séro-purulent.
Examens paracliniques
Les imageries et les analyses de laboratoire ne sont habituellement pas requises pour le diagnostic du sinus pilonidal. Certains examens peuvent aider à la prise en charge:[3]
- l'échographie permet déterminer l'étendue du sinus pilonidal[8], mais elle est rarement d'utilité clinique car la maladie est relativement superficielle.
- l'imagerie par résonance magnétique (IRM) peut aider au diagnostic en présence de maladie inflammatoire intestinale, de fistule anale, de septicémie ou de néoplasie.[9][10]
- l'injection de bleu de méthylène permet de visualiser le sinus et d'orienter le traitement chirurgical.[3]
Approche clinique
La maladie pilonidale est un diagnostic clinique basé sur l'examen physique incluant l'examen anorectal ainsi que l'évaluation des symptômes et des facteurs de risque.[2] Les résultats de l'examen physique incluent un pertuis au niveau du plis interfessier supérieur qui peut être associé à des sinus suivant un trajet céphalique ou latéral. En cas de lésion suspecte, une biopsie peut être réalisée pour écarter une néoplasie. Souvent, la présence d'abcès et d'œdème peut masquer le sinus et donc retarder la prise en charge.
Diagnostic
Le diagnostic du sinus pilonidal est surtout clinique et se base sur l'histoire et la présentation clinique. Le sinus pilonidal peut être classé en cinq types:[11]
- Type I : Asymptomatique
- Type II : Abcès pilonidal aigu
- Type III : Maladie symptomatique limitée à la zone naviculaire
- Type IV : Maladie extensive au-delà de la zone naviculaire
- Type V : Maladie récidivante après chirurgie
Diagnostic différentiel
Les autres diagnostics à écarter sont les suivants:[3][12][13][14][15]
- le furoncle
- la folliculite bactérienne
- l'abcès périanal
- l'hydradénite suppurée
- la tuberculose
- l'actinomycose
- la syphilis
- la fistule anale
- l'ostéomyélite du sacrum se drainant par un sinus
- les maladies inflammatoires intestinales
- une néoplasie (exemple : tumeur des tissus mous).
Traitement
Abcès aigu
La prise en charge de l'abcès aigu est l'incision et le drainage (réalisé en salle d’opération si volumineux):
- Faire une incision cruciforme latérale (1cm latéral à la ligne médiane)
- Enlever tous les poils présents
Si le sinus est facilement visible, il est recommandé de faire une canulation et ouverture. Un traitement définitif en aigu mènerait à une résection trop importante.
Le drainage est efficace chez 60% des patients, alors que jusqu'à 40% auront une récidive.[16]
Antibiothérapie
L'utilisation d'antibiotiques est controversée. Elle pourrait être indiquée dans certaines situations:
- l'immunosuppression
- le diabète
- une cellulite importante.
L'érythromycine et le métronidazole sont les principaux antibiotiques utilisés. D'autres antibiotiques peuvent être employés pour une couverture cutanée, mais également de la flore intestinale car c'est à proximité de l'anus [16].
Maladie pilonidale chronique
Chez les patients asymptomatiques ou peu symptomatiques, le traitement est conservateur et inclut:
- le rasage (5 cm de la ligne médiane), idéalement faite par un professionnel et non par le patient lui-même (augmente le risque de récidive)
- une bonne hygiène
- une incision limitée pour permettre le drainage
- d'autres techniques ont été étudiées mais ne sont pas utilisées au quotidien :
- l'application de 1 à 3 mL phénol cristallisé (agent sclérosant) dans le sinus permettrait de prévenir les récidives et présente un taux de guérison de 65 à 100% [17].
- la colle de fibrine est utilisée après l'incision du sinus[18]
- l'injection de plasma riche en plaquettes.
Le débridement et le curetage après l'incision et le drainage sont primordiaux pour prévenir les récidives. Les facteurs augmentant le risque de récidive sont:
- un infection
- le tabagisme
- l'obésité
- le manque d'hygiène
- la persistance poils
- à proximité de l'anus.
Traitement chirurgical
Un traitement chirurgical est indiqué en cas de:
- douleur chronique
- abcès récidivant
- drainage chronique.
Le choix de la technique chirurgicale dépend de l’extension de la maladie et des comorbidités du patient entre autres [19]. Le tableau ci-bas présente les principales approches chirurgicales utilisées et leurs caractéristiques. On divise en deux grandes catégories les interventions possibles[2] : l'excision de la maladie avec fermeture primaire (linéaire ou lambeaux variés) versus les techniques par excision et fermeture par seconde intention (avec ou sans thérapie à pression négative adjuvante). Il n'y a pas deux sinus pareils et donc le clinicien doit adapter son choix d'intervention selon l'étendue de la maladie, la profondeur de celle-ci, l'épaisseur des tissus sous-cutanés et la proximité de l'anus. La durée du traitement aura un impact important sur la qualité de vie du patient, son arrêt de travail, l'implication infirmière en post-opératoire et le risque de récidive. Par exemple, une excision chirurgicale large avec un pansement aspiratif à pression négative (thérapie VAC) a une durée moyenne de traitement de plusieurs semaines avec des soins infirmiers requis aux 2 à 3 jours. Toutefois, le patient a moins de risque de récidive à long terme qu'une fermeture primaire qui lui aurait permis de retourner plus rapidement à l'emploi. On doit également individualiser le traitement selon les comorbidités du patient. Un patient avec facteurs de risque de déhiscence de lambeau (exemples : obésité, tabagisme, diabète) se verra offrir une excision large avec traitement à pression négative, alors qu'un patient mince et en santé pourrait avoir un lambeau extensif sans complication attendue. Il est néanmoins reconnu, revue Cochrane à l'appui, qu'une fermeture primaire a plus de risque de récidive que la fermeture par seconde intention (8,7% vs 5,3%)[20]. En contre-partie, il a été prouvé qu'une fermeture primaire amenait une guérison plus rapide[2].
Finalement, des études sur des techniques novatrices minimalement invasives commencent à être publiées. La technique VAAPS (video-assisted ablation of pilonidal sinus) consiste à canuler sous vision endoscopique les sinus, retirer les poils et faire une ablation du tissu de granulation par utilisation de radiofréquence [21]. Cette technique permet un retour rapide au travail avec des soins de plaie minimaux et un taux de récidive appréciable. Elle n'est toutefois que très peu accessible.
Approche | Technique | Indication | Description | Commentaire |
---|---|---|---|---|
Médiane | Unroofing | Récidive |
|
Fermer la plaie est associée à plus de risque de récidive, mais permet un retour au travail plus rapide
Guérison en 6 à 8 semaines Taux de récidive de 2 – 20% (40% fermeture primaire, 4-8% marsupialiser) |
Excision en bloc |
|
Taux de succès de 90%
Taux de récidive de 1-20%. | ||
Asymétrique | Excision médiane du follicule et drainage latéral (Bascom) | Récidive |
|
Il faut réévaluer la plaie chaque semaine semaine et effectuer une débridement au besoin
Taux de récidive de 15% Guérison en 3 semaines |
Cleft Bascom |
|
Faible taux de récidive (0% à 9%)
Retour au travail après 2 à 3 semaines Guérison en 3 à 11 jours Associé à un taux de trouble de cicatrisation élevé (18-40%) | ||
Karydakis |
|
Taux d'infection post-opératoire environ 8.5%
Faible taux de récidive (jusqu'à 4%) Durée d'hospitalisation est moins de 4 jours Retour au travail après 2 à 3 semaines | ||
Lambeaux (rhomboïde, V-Y, plastie en Z, glutéal) |
|
|
Guérison en 4–6 semaines
Nécessite une hospitalisation Taux de complication de 2-8% (pire lorsque glutéal) Taux de récidive de 4-8% (mieux avec rhomboïde) |
Suivi
Après le drainage de l'abcès, il est recommandé de faire un bain de siège minimum deux fois par jour et de raser la peau au pourtour à toutes les 1 à 2 semaines pendant 3 à 6 mois.[22][23] La guérison prend 4 à 10 semaines. L'épilation au laser peut également être recommandée, mais elle nécessite souvent plusieurs traitements, est couteuse et peut nécessiter une anesthésie locale ou topique. Certains produits d'épilation peuvent être irritants pour la muqueuse anale ou provoquer des éruptions cutanées.[3]
Complications
Les complications associées à la maladie pilonidale comprennent:[3]
- la détérioration de la plaie
- l'infection de la plaie
- l'ostéomyélite
- une transformation maligne.
Évolution
Le pronostic associé au sinus pilonidal est très bon car il s'agit d'une maladie bénigne, malgré certains rapports de dégénérescence maligne ou de cancer de la peau. Toutefois, le taux de récidive est relativement élevé et peut nécessiter plusieurs procédures. Le pronostic global est très bon avec la modification des habitudes de vie et un diagnostic précis.[3]
Prévention
Les mesures préventives incluent la perte de poids, l'activité physique, une bonne hygiène et l'épilation pour prévenir les récidives.
Références
- Cet article a été créé en partie ou en totalité le 2021/04/03 à partir de Chirurgie (application), créée par Dre Hélène Milot, Dr Olivier Mailloux et collaborateurs et partagé sous la licence CC-BY-SA 4.0 international
- Cette page a été modifiée ou créée le 2020/11/11 à partir de Pilonidal Cyst And Sinus (StatPearls / Pilonidal Cyst And Sinus (2020/08/10)), écrite par les contributeurs de StatPearls et partagée sous la licence CC-BY 4.0 international (jusqu'au 2022-12-08). Le contenu original est disponible à https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32491702 (livre).
- ↑ K. Søndenaa, E. Andersen, I. Nesvik et J. A. Søreide, « Patient characteristics and symptoms in chronic pilonidal sinus disease », International Journal of Colorectal Disease, vol. 10, no 1, , p. 39–42 (ISSN 0179-1958, PMID 7745322, DOI 10.1007/BF00337585, lire en ligne)
- ↑ 2,0 2,1 2,2 et 2,3 Eric K. Johnson, Jon D. Vogel, Michelle L. Cowan et Daniel L. Feingold, « The American Society of Colon and Rectal Surgeons' Clinical Practice Guidelines for the Management of Pilonidal Disease », Diseases of the Colon and Rectum, vol. 62, no 2, , p. 146–157 (ISSN 1530-0358, PMID 30640830, DOI 10.1097/DCR.0000000000001237, lire en ligne)
- ↑ 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 3,7 et 3,8 Alexander T. Nixon et Robert F. Garza, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 32491702, lire en ligne)
- ↑ J. H. da Silva, « Pilonidal cyst: cause and treatment », Diseases of the Colon and Rectum, vol. 43, no 8, , p. 1146–1156 (ISSN 0012-3706, PMID 10950015, DOI 10.1007/BF02236564, lire en ligne)
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- ↑ Ashraf Talaat Youssef, « The value of superficial parts and endoanal ultrasonography in evaluating pilonidal disease and exclusion of perianal sepsis », Journal of Ultrasound, vol. 18, no 3, , p. 237–243 (ISSN 1971-3495, PMID 26261474, Central PMCID 4529415, DOI 10.1007/s40477-015-0156-3, lire en ligne)
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