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|littérature_à_jour_date=|révision_par_les_pairs_date=|révision_par_le_comité_éditorial_date=}}{{Page objectif du CMC|identificateur=26|nom=Dysphagie}}La dysphagie est définie comme une sensation de blocage ou de délai anormal dans le transit de liquides ou de solides à la déglutition. Elle peut être une sensation [[Dysphagie (maladie)|objective]] ou [[Dysphagie (symptôme)|subjective]]. Elle se distingue aussi de l'[[odynophagie]] qui réfère à de la douleur lors de la déglutition mais peut souvent l'accompagner.
 
La dysphagie est un symptôme d'alarme qui nécessite une évaluation pour déterminer la cause exacte. Elle peut être dû à un problème structurel ou à un trouble de motricité affectant le passage du bolus alimentaire.   
 
Elle est distincte du globus hystericus qui réfère à une sensation de boule dans la gorge qui est soulagée par la déglutition. Elle se distingue aussi de l'odynophagie qui réfère à de la douleur lors de la déglutition.


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== Épidémiologie ==
== Épidémiologie ==
La dysphagie peut survenir dans tous les groupes d'âges et résulte d'anomalies congénitales, de dommages structurels ou de conditions comorbides sous-jacentes. Elle est particulièrement commune en population gériatrique et chez les patients avec séquelles d'AVC.  
La dysphagie peut survenir dans tous les groupes d'âges et résulte d'anomalies congénitales, de dommages structurels ou de conditions comorbides sous-jacentes. Elle est particulièrement commune en population gériatrique et chez les patients avec séquelles d'AVC. On estime que 3% de la population générale est atteinte de dysphagie <ref>{{Citation d'un article|langue=en|prénom1=Jooho P.|nom1=Kim|prénom2=Peter J.|nom2=Kahrilas|titre=How I Approach Dysphagia|périodique=Current Gastroenterology Reports|volume=21|numéro=10|date=2019-10|issn=1522-8037|issn2=1534-312X|doi=10.1007/s11894-019-0718-1|lire en ligne=http://link.springer.com/10.1007/s11894-019-0718-1|consulté le=2020-06-03|pages=49}}</ref>.  
 
On estime que 3% de la population générale est atteinte de dysphagie <ref>{{Citation d'un article|langue=en|prénom1=Jooho P.|nom1=Kim|prénom2=Peter J.|nom2=Kahrilas|titre=How I Approach Dysphagia|périodique=Current Gastroenterology Reports|volume=21|numéro=10|date=2019-10|issn=1522-8037|issn2=1534-312X|doi=10.1007/s11894-019-0718-1|lire en ligne=http://link.springer.com/10.1007/s11894-019-0718-1|consulté le=2020-06-03|pages=49}}</ref>.  


== Étiologies <ref name=":1">{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Approach to the evaluation of dysphagia in adults|url=https://www.uptodate.com/contents/approach-to-the-evaluation-of-dysphagia-in-adults?search=dysphagie%20etiologie&source=search_result&selectedTitle=1~150&usage_type=default&display_rank=1#H12|site=uptodate.com|date=29 mai 2019|consulté le=3 juin 2020}}</ref> ==
== Étiologies <ref name=":1">{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Approach to the evaluation of dysphagia in adults|url=https://www.uptodate.com/contents/approach-to-the-evaluation-of-dysphagia-in-adults?search=dysphagie%20etiologie&source=search_result&selectedTitle=1~150&usage_type=default&display_rank=1#H12|site=uptodate.com|date=29 mai 2019|consulté le=3 juin 2020}}</ref> ==
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** Incluant le transport et le transfert du bolus à travers l'oesophage (propulsé par les muscles lisses oesophagiens)   
** Incluant le transport et le transfert du bolus à travers l'oesophage (propulsé par les muscles lisses oesophagiens)   
== Approche clinique ==
== Approche clinique ==
La dysphagie est un symptôme d'alarme qui nécessite une évaluation pour déterminer la cause exacte. Elle peut être dû à un problème structurel ou à un trouble de motricité affectant le passage du bolus alimentaire.
La dysphagie oropharyngée consiste en une difficulté à amorcer la déglutition. Elle peut être associé : à de la toux, de l'aspiration, de l'étouffement, de la régurgitation nasopharyngée et une sensation de nourriture résiduelle dans le pharynx. Les patients peuvent rapporter une difficulté à avaler et pointer à la région cervicale lorsqu'on demande la localisation de la dysphagie.
La dysphagie oropharyngée consiste en une difficulté à amorcer la déglutition. Elle peut être associé : à de la toux, de l'aspiration, de l'étouffement, de la régurgitation nasopharyngée et une sensation de nourriture résiduelle dans le pharynx. Les patients peuvent rapporter une difficulté à avaler et pointer à la région cervicale lorsqu'on demande la localisation de la dysphagie.


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===Questionnaire===
===Questionnaire===
Pour caractériser la dysphagie, il importe de déterminer le type de nourriture produisant le symptôme (ex. aliments solides, liquides, les deux), l'apparition de la dysphagie (ex. progressive, soudaine), la fréquence des symptômes (ex. intermittents, constants) et les autres symptômes associés (ex. perte de poids, RGO, hématémèse, anémie, régurgitation d'aliments non digérés, symptômes respiratoires). Rechercher un RGO chronique chez un patient avec dysphagie peut être un signe d'une complication à long terme d'oesophagite erosive ou même d'un adénocarcinome oesophagien.
Pour caractériser la dysphagie, il importe de déterminer le type de nourriture produisant le symptôme (ex. aliments solides, liquides, les deux), l'apparition de la dysphagie (ex. progressive, soudaine), la fréquence des symptômes (ex. intermittents, constants) et les autres symptômes associés (ex. perte de poids, RGO, hématémèse, anémie, régurgitation d'aliments non digérés, symptômes respiratoires).  
 
Rechercher un RGO chronique chez un patient avec dysphagie peut être un signe d'une complication à long terme d'oesophagite erosive ou même d'un adénocarcinome oesophagien.
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La localisation subjective de la dysphagie par le patient est non fiable. En effet, la perception de la localisation de la dysphagie au site supérieur peut être erronée puisqu'elle peut référer à une lésion haute ou à une obstruction basse. Tandis qu'une perception de dysphagie au site inférieur est valable <ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|titre=L'appareil digestif|éditeur=Les Presses de l'Université de Montréal|date=2016-01-01|isbn=978-2-7606-3627-9|isbn2=978-2-7606-3624-8|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.2307/j.ctv69tdtm|consulté le=2020-04-30}}</ref>.
La localisation subjective de la dysphagie par le patient est non fiable. En effet, la perception de la localisation de la dysphagie au site supérieur peut être erronée puisqu'elle peut référer à une lésion haute ou à une obstruction basse. Tandis qu'une perception de dysphagie au site inférieur est valable <ref name=":0">{{Citation d'un ouvrage|titre=L'appareil digestif|éditeur=Les Presses de l'Université de Montréal|date=2016-01-01|isbn=978-2-7606-3627-9|isbn2=978-2-7606-3624-8|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.2307/j.ctv69tdtm|consulté le=2020-04-30}}</ref>.


Pour questionner une localisation oropharyngée de la dysphagie, il est possible de questionner l'atteinte des nerfs crâniens en recherchant :
Pour questionner une localisation oropharyngée de la dysphagie, il est possible de questionner l'atteinte des nerfs crâniens en recherchant :
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L'examen physique doit comporter :
L'examen physique doit comporter :
* Un examen neurologique des nerfs crâniens et un dépistage neurologiques (rechercher faiblesse, tremblements, fasciculations).
* [[Examen des paires crâniennes]]: rechercher faiblesse, tremblements, fasciculations.
* Un examen buccal (rechercher neurologiques, lésions orales comme un lichen planus).
* [[Examen buccal]]: rechercher des signes neurologiques, lésions orales comme un lichen planus  
* Un examen des adénopathies cervicales et de la thyroide (rechercher une compression extrinsèque cervicale)
* [[Examen des ganglions cervicaux|Examen des aires ganglionnaires]] et [[Examen de la thyroïde|de la thyroïde]]: rechercher une compression extrinsèque cervicale


== Drapeaux rouges ==
== Drapeaux rouges ==
* {{Drapeau rouge|nom=dysphagie progressive}}
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* {{Drapeau rouge|nom=Odynophagie}}
* {{Drapeau rouge|nom=Odynophagie}}
* {{Drapeau rouge|nom=Perte de poids non intentionnelle}}
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== Investigation ==
== Investigation ==
L'investigation de la dysphagie se fait selon la cause suspectée <ref name=":0" /> <ref name=":1" />.
L'investigation de la dysphagie se fait selon la cause suspectée <ref name=":0" /><ref name=":1" />:
 
* Si on soupçonne une dysphagie haute, l'examen de choix sera par étude radiologique afin de révéler des troubles neuromusculaires pharyngés ou des troubles mécaniques empêchant le passage du bolus (ex. diverticule de Zenker). L'endoscopie (OGD) pourra être effectuée de façon complémentaire pour éliminer une lésion obstructive. Il importe aussi de faire l'imagerie de déglutition (ex. gorgée barytée) avant d'effectuer une endoscopie si le diagnostic s'oriente vers une lésion oesophagienne proximale incluant un diverticule ou s'il y a présence de sténose connue post-caustique ou post-radique. Ceci permet d'éviter de perforer aveuglément l'oesophage proximal lors de l'OGD.
Si on soupçonne une dysphagie haute, l'examen de choix sera par étude radiologique afin de révéler des troubles neuromusculaires pharyngés ou des troubles mécaniques empêchant le passage du bolus (ex. diverticule de Zenker). L'endoscopie (OGD) pourra être effectuée de façon complémentaire pour éliminer une lésion obstructive. Il importe aussi de faire l'imagerie de déglutition (ex. gorgée barytée) avant d'effectuer une endoscopie si le diagnostic s'oriente vers une lésion oesophagienne proximale incluant un diverticule ou s'il y a présence de striture connue post-caustique ou post-radique. Ceci permet d'éviter de perforer aveuglement l'oesophage proximal lors de l'OGD.
* Si on soupçonne une dysphagie moyenne ou basse, on débute généralement l'investigation par une endoscopie afin de pouvoir caractériser toute lésion obstructive intraluminale (ex. néoplasie oesophagienne, sténose, etc.). Une gorgée barytée pourrait aider si on soupçonne une lésion extrinsèque comprimant l'oesophage.  
 
* En dernier recours, l'usage de la manométrie peut être effectuer pour rechercher des troubles moteurs oesophagiens (ex. achalasie, sclérodermie...).   
Si on soupçonne une dysphagie moyenne ou basse, on débute généralement l'investigation par une endoscopie afin de pouvoir caractériser toute lésion obstructive intraluminale (ex. néoplasie oesophagienne, striture, etc.). Une gorgée barytée pourrait aider si on soupçonne une lésion extrinsèque comprimant l'oesophage.  
 
En dernier recours, l'usage de la manométrie peut être effectuer pour rechercher des troubles moteurs oesophagiens (ex. achalasie, sclérodermie...).   
 
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|Agent de contraste avalé sous fluoroscopie, images captées
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|Test initial si:
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- Histoire clinique orientant vers lésion proximale de l'oesophage (ex. diverticule de Zenker, hernie)
* Histoire clinique orientant vers lésion proximale de l'oesophage (ex. diverticule de Zenker, hernie)
 
* Sténose connue complexe (ex. post-caustique ou post-radique)
- Striture connue complexe (ex. post-caustique ou post-radique)


|Permet de visualiser la forme, la fonction de l’œsophage, de l’estomac et du début de l’intestin grêle.
|Permet de visualiser la forme, la fonction de l’œsophage, de l’estomac et du début de l’intestin grêle.
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|Oesophage, estomac, duodénum proximal
|Oesophage, estomac, duodénum proximal
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== Prise en charge ==
== Prise en charge ==
La dysphagie est traitée par plusieurs spécialités et nécessite une collaboration multidisciplinaire pouvant inclure des ORL, orthophonistes, gastroentérologues, neurologues et radiologistes, selon la cause sous-jacente.
La dysphagie est traitée par plusieurs spécialités et nécessite une collaboration multidisciplinaire pouvant inclure des ORL, orthophonistes, gastroentérologues, neurologues et radiologistes, selon la cause sous-jacente. Une fois le diagnostic établi, le traitement dépend de la cause  <ref>{{Citation d'un ouvrage|langue=|auteur1=A.B.R. Thomson and E. A. Shaffer|titre=Principes fondamentaux de gastro-entérologie: États pathologiques et démarches thérapeutiques. 5e ed.|passage=p.6-8|lieu=|éditeur=Janssen-ortho|date=|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref> :
 
* Si une sténose bénigne a été trouvée, on peut opter pour une dilatation par endoscopie ou par l'insertion d'une endoprothèse. Si la sténose est secondaire à du RGO, la prise d'[[Inhibiteurs de la pompe à protons|inhibiteurs de la pompe à protons]] (IPP) à long terme est requise.   
Une fois le diagnostic établi, le traitement dépend de la cause  <ref>{{Citation d'un ouvrage|langue=|auteur1=A.B.R. Thomson and E. A. Shaffer|titre=Principes fondamentaux de gastro-entérologie: États pathologiques et démarches thérapeutiques. 5e ed.|passage=p.6-8|lieu=|éditeur=Janssen-ortho|date=|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref> :  
* Si une néoplasie est trouvée, il importe de la traiter par chirurgie, radiothérapie ou par insertion palliative d'une endoprothèse.   
 
* Si une oesophagite éosinophilique est en cause, le traitement consiste en la prise d'IPP, de fluticasone ou par une diète d'exclusion.   
Si une striture ou une sténose bénigne a été trouvée, on peut opter pour une dilatation par endoscopie ou par l'insertion d'une endoprothèse. Si la sténose est secondaire à du RGO, la prise d'inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) à long terme est requise.   
* Si une achalasie est en cause, on peut opter pour une dilatation pneumatique, une myotomie ou pour une injection de toxine botulinique.   
 
* Finalement, les troubles moteurs de l'oesophage (ex. spasmes) peuvent être traités par la prise de nitrates (ex. nitroglycérine) ou de bloqueurs des canaux calciques.   
Si une néoplasie est trouvée, il importe de la traiter par chirurgie, radiothérapie ou par insertion palliative d'une endoprothèse.   
 
Si une oesophagite éosinophilique est en cause, le traitement consiste en la prise d'IPP, de fluticasone ou par une diète d'exclusion.   
 
Si une achalasie est en cause, on peut opter pour une dilatation pneumatique, une myotomie ou pour une injection de toxine botulinique.   
 
Finalement, les troubles moteurs de l'oesophage (ex. spasmes) peuvent être traités par la prise de nitrates (ex. nitroglycérine) ou de bloqueurs des canaux calciques.   
 
== Suivi ==
Le suivi est individualisé selon l'étiologie de la dysphagie.


== Complications ==
== Complications ==
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== Particularités ==
== Particularités ==
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Particularités}}
=== Gériatrie ===
=== Gériatrie ===
{{Section ontologique|classe=Situation clinique|nom=Gériatrie}}
La dysphagie est fréquente dans la population âgée. La dysphagie oropharyngée peut fréquemment se compliquer de pneumonies d'aspiration.
 
=== Pédiatrie <ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Evaluation of dysphagia in children|url=https://www.uptodate.com/contents/evaluation-of-dysphagia-in-children?search=dysphagie&source=search_result&selectedTitle=1~150&usage_type=default&display_rank=1#H33|site=uptodate.com|date=14 août 2019|consulté le=03 juin 2020}}</ref>===
Certaines étiologies potentiellement mortelles de dysphagie en pédiatrie peuvent compromettre le passage du flux aérien. Ces étiologies incluent:
* Pneumonie d'aspiration
* Infection locale ou systémique
* Maladie inflammatoire
 
Il est important de considérer d'autres étiologies dans le diagnostic différentiel de la dysphagie :
 
Chez les enfants de 6 mois à 3 ans, on doit suspecter un corps étranger logé dans l'oesophage. Ces enfants se présentent alors avec une dysphagie (aux liquides ou aux solides), de la bave (drooling), des Sx respiratoires (incluant du wheezing et un stridor). La suspicion de corps étranger doit être investiguée avec une radiographie thoracique antéro-postérieure et latérale.
 
Une autre urgence à reconnaitre rapidement est l'épiglottite, qui se caractérise par un début et une progression rapide des «3 D» : dysphagie, drooling (bave) et détresse respiratoire. L'épiglottite peut aussi s'accompagner de fièvre, de maux de gorge et d'odynophagie.


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=== Pédiatrie ===
Il est important de considérer d'autres étiologies dans le diagnostic différentiel de la dysphagie<ref>{{Citation d'un lien web|langue=|titre=Evaluation of dysphagia in children|url=https://www.uptodate.com/contents/evaluation-of-dysphagia-in-children?search=dysphagie&source=search_result&selectedTitle=1~150&usage_type=default&display_rank=1#H33|site=uptodate.com|date=14 août 2019|consulté le=03 juin 2020}}</ref> :
* Chez les enfants de 6 mois à 3 ans, on doit suspecter un corps étranger logé dans l'oesophage. Ces enfants se présentent alors avec une dysphagie (aux liquides ou aux solides), de la bave (drooling), des symptômes respiratoires (incluant du wheezing et un stridor). La suspicion de corps étranger doit être investiguée avec une radiographie thoracique antéro-postérieure et latérale.
* Une autre urgence à reconnaitre rapidement est l'[[épiglottite]], qui se caractérise par un début et une progression rapide des «3 D» : dysphagie, drooling (bave) et détresse respiratoire. L'épiglottite peut aussi s'accompagner de fièvre, de maux de gorge et d'odynophagie. 


== Notes <ref name=":1" /> ==
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Version du 4 septembre 2020 à 16:04

Dysphagie
Approche clinique

Achalasie de l'oesophage démontrant l'apparence classique en bec d'oiseau à la gorgée barytée
Caractéristiques
Drapeaux rouges Odynophagie, Dysphagie progressive, Perte de poids non intentionnelle
Informations
Spécialités ORL, gastroentérologie, orthophonie

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Objectif du CMC
Dysphagie (26)

La dysphagie est définie comme une sensation de blocage ou de délai anormal dans le transit de liquides ou de solides à la déglutition. Elle peut être une sensation objective ou subjective. Elle se distingue aussi de l'odynophagie qui réfère à de la douleur lors de la déglutition mais peut souvent l'accompagner.


Épidémiologie

La dysphagie peut survenir dans tous les groupes d'âges et résulte d'anomalies congénitales, de dommages structurels ou de conditions comorbides sous-jacentes. Elle est particulièrement commune en population gériatrique et chez les patients avec séquelles d'AVC. On estime que 3% de la population générale est atteinte de dysphagie [1].

Étiologies [2]

La dysphagie peut être séparée de façon anatomique (dysphagie oropharyngée et dysphagie oesophagienne), mais également en origine motrice ou mécanique.

Étiologies
Localisation Trouble motrice/neuromusculaire Obstruction mécanique/structurale autre
Oropharyngée
  • SNC (AVC)
  • Parkinson
  • Sclérose en plaque
  • Dystrophie musculaire
  • Myasthénie grave
  • Polymyosite
  • Syndrome oculo-pharyngé
  • Diverticule de Zenker
  • Abcès périamygdalien
  • Pharyngite
  • Hypertonie crico-pharyngée
  • Néoplasie ORL
  • Xérostomie
Oesophagienne
  • Trouble intermittent
    • Spasme oesophagien diffus
  • Trouble progressif
    • Achalasie
    • Sclérodermie
    • Maladie de Chagas
  • Intrinsèque
    • Trouble intermittent
      • Anneau de Schatzki
      • Oesophagite éosinophilique
    • Trouble lentement progressif
      • Diaphragme muqueux
      • sténose oesophagienne due à:
        • RGO (+ fréquent)
        • radique (rare)
        • caustique (rare)
        • MII (Crohn) (rare)
    • Trouble rapidement progressif
      • Néoplasie oesophagienne (adénocarcinome)
    • Corps étranger
  • Extrinsèque
    • masse médiastinale

Physiopathologie

La déglutition est séparée en deux phases:

  • Phase oropharyngée
    • incluant la formation du bolus alimentaire et son transfert vers la cavité oesophagienne
  • Phase oesophagienne
    • Incluant le transport et le transfert du bolus à travers l'oesophage (propulsé par les muscles lisses oesophagiens)

Approche clinique

La dysphagie est un symptôme d'alarme qui nécessite une évaluation pour déterminer la cause exacte. Elle peut être dû à un problème structurel ou à un trouble de motricité affectant le passage du bolus alimentaire.

La dysphagie oropharyngée consiste en une difficulté à amorcer la déglutition. Elle peut être associé : à de la toux, de l'aspiration, de l'étouffement, de la régurgitation nasopharyngée et une sensation de nourriture résiduelle dans le pharynx. Les patients peuvent rapporter une difficulté à avaler et pointer à la région cervicale lorsqu'on demande la localisation de la dysphagie.

La dysphagie oesophagienne consiste en un blocage du bolus alimentaire lors du passage dans l'oesophage. Ainsi, le patient peut rapporter une sensation de blocage débutant quelques secondes après avoir avalé et peut pointer à une localisation allant de la fourchette sternale à toute région rétrosternale.

Questionnaire

Pour caractériser la dysphagie, il importe de déterminer le type de nourriture produisant le symptôme (ex. aliments solides, liquides, les deux), l'apparition de la dysphagie (ex. progressive, soudaine), la fréquence des symptômes (ex. intermittents, constants) et les autres symptômes associés (ex. perte de poids, RGO, hématémèse, anémie, régurgitation d'aliments non digérés, symptômes respiratoires).

Rechercher un RGO chronique chez un patient avec dysphagie peut être un signe d'une complication à long terme d'oesophagite erosive ou même d'un adénocarcinome oesophagien.

Trouble de moticité Obstruction mécanique
Dysphagie à l'ingestion de liquides ET de solides Dysphagie à l'ingestion de solides seulement
Au début non présente à l'ingestion de liquides
Intensité de la dysphagie augmente plus la taille et la densité de l'aliment augmente

La localisation subjective de la dysphagie par le patient est non fiable. En effet, la perception de la localisation de la dysphagie au site supérieur peut être erronée puisqu'elle peut référer à une lésion haute ou à une obstruction basse. Tandis qu'une perception de dysphagie au site inférieur est valable [3].

Pour questionner une localisation oropharyngée de la dysphagie, il est possible de questionner l'atteinte des nerfs crâniens en recherchant :

  • Une toux prandiale (incapacité de protéger les voies aériennes menant à de l'aspiration)
  • Une régurgitation nasale (incapacité de protéger le nasopharynx)
  • Une dysphonie (par atteinte du nerf vague)

On peut également questionner les stratégies d'adaptation du patient. En effet il n'est pas rare qu'un patient minimise l'impact de la maladie en mangeant plus lentement et en évitant certains aliments plus difficiles à avaler (ex. pain, viande, noix)

Examen clinique

L'examen physique doit comporter :

Drapeaux rouges

Investigation

L'investigation de la dysphagie se fait selon la cause suspectée [3][2]:

  • Si on soupçonne une dysphagie haute, l'examen de choix sera par étude radiologique afin de révéler des troubles neuromusculaires pharyngés ou des troubles mécaniques empêchant le passage du bolus (ex. diverticule de Zenker). L'endoscopie (OGD) pourra être effectuée de façon complémentaire pour éliminer une lésion obstructive. Il importe aussi de faire l'imagerie de déglutition (ex. gorgée barytée) avant d'effectuer une endoscopie si le diagnostic s'oriente vers une lésion oesophagienne proximale incluant un diverticule ou s'il y a présence de sténose connue post-caustique ou post-radique. Ceci permet d'éviter de perforer aveuglément l'oesophage proximal lors de l'OGD.
  • Si on soupçonne une dysphagie moyenne ou basse, on débute généralement l'investigation par une endoscopie afin de pouvoir caractériser toute lésion obstructive intraluminale (ex. néoplasie oesophagienne, sténose, etc.). Une gorgée barytée pourrait aider si on soupçonne une lésion extrinsèque comprimant l'oesophage.
  • En dernier recours, l'usage de la manométrie peut être effectuer pour rechercher des troubles moteurs oesophagiens (ex. achalasie, sclérodermie...).
Test Organe ciblé Procédure Quand effectuer ce test? Commentaire
Gorgée Barytée Oesophage, estomac, duodenum proximal Agent de contraste avalé sous fluoroscopie, images captées Test initial si:
  • Histoire clinique orientant vers lésion proximale de l'oesophage (ex. diverticule de Zenker, hernie)
  • Sténose connue complexe (ex. post-caustique ou post-radique)
Permet de visualiser la forme, la fonction de l’œsophage, de l’estomac et du début de l’intestin grêle.
OGD Oesophage, estomac, duodénum proximal Pour déterminer la cause sous-jacente, afin d'exclure une néoplasie.

Permet de traiter directement si nécessaire.

Permet un diagnostic optique (visualisation de la muqueuse) et de poser des gestes thérapeutiques (ex. ligature de varices, «clip» d'ulcères, dilatation de striture).
Manométrie Oesophage Tige insérée à travers l'oesophage contenant de multiples capteurs de pressions sur sa longueur. Permet l'obtention d'un tracé de pressions À effectuer chez les patients avec dysphagie ayant eu un résultat négatif à l'endoscopie et à la gorgée barytée, chez qui on suspecte un trouble de motilité. Certains troubles de motilité avancés, tel que l'achalasie peuvent être fortement suspectés par l'apparence radiologique.

Renseigne sur le péristaltisme oesophagien et sur la fonction du SOS et SOI.

Ciné-déglutition Oesophage cervical Aliments ou liguides contenant un agent de contraste sont avalés. Vidéos enregistrées durant la déglutition. À effectuer lorsqu'on recherche un phénomène d'aspiration, d'occlusion partielle, un diverticule de Zenker ou une tumeur laryngée. Permet d'observer le fonctionnement de la déglutition et des structures oropharyngées.

Prise en charge

La dysphagie est traitée par plusieurs spécialités et nécessite une collaboration multidisciplinaire pouvant inclure des ORL, orthophonistes, gastroentérologues, neurologues et radiologistes, selon la cause sous-jacente. Une fois le diagnostic établi, le traitement dépend de la cause [4] :

  • Si une sténose bénigne a été trouvée, on peut opter pour une dilatation par endoscopie ou par l'insertion d'une endoprothèse. Si la sténose est secondaire à du RGO, la prise d'inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) à long terme est requise.
  • Si une néoplasie est trouvée, il importe de la traiter par chirurgie, radiothérapie ou par insertion palliative d'une endoprothèse.
  • Si une oesophagite éosinophilique est en cause, le traitement consiste en la prise d'IPP, de fluticasone ou par une diète d'exclusion.
  • Si une achalasie est en cause, on peut opter pour une dilatation pneumatique, une myotomie ou pour une injection de toxine botulinique.
  • Finalement, les troubles moteurs de l'oesophage (ex. spasmes) peuvent être traités par la prise de nitrates (ex. nitroglycérine) ou de bloqueurs des canaux calciques.

Complications

Les complications de la dysphagie peuvent inclure:

Particularités

Gériatrie

La dysphagie est fréquente dans la population âgée. La dysphagie oropharyngée peut fréquemment se compliquer de pneumonies d'aspiration.

Pédiatrie

Il est important de considérer d'autres étiologies dans le diagnostic différentiel de la dysphagie[5] :

  • Chez les enfants de 6 mois à 3 ans, on doit suspecter un corps étranger logé dans l'oesophage. Ces enfants se présentent alors avec une dysphagie (aux liquides ou aux solides), de la bave (drooling), des symptômes respiratoires (incluant du wheezing et un stridor). La suspicion de corps étranger doit être investiguée avec une radiographie thoracique antéro-postérieure et latérale.
  • Une autre urgence à reconnaitre rapidement est l'épiglottite, qui se caractérise par un début et une progression rapide des «3 D» : dysphagie, drooling (bave) et détresse respiratoire. L'épiglottite peut aussi s'accompagner de fièvre, de maux de gorge et d'odynophagie.

Notes [2]

Achalasie:

  • réfère à l'absence de péristaltisme oesophagien et à une relaxation incomplète du SOI +/- hypertonie du SOI.
  • Généralement touche les personnes entre 25-60 ans. H = F
  • Dysphagie solides ET liquides
  • accompagné de régurgitation d'aliments non digérés

Adénocarcinome oesophagien (néoplasie):

  • Sx constitutionnels
  • Dysphagie initialement aux solides PUIS aux liquides
  • Traitement: chirurgie, radiothérapie, insertion palliative d'une endoprothèse.

Oesophagite éosinophilique:

  • Inflammation chronique oesophagien avec infiltrat limité d'éosinophiles à la muqueuse
  • jeûne âge, surtout chez hommes
  • 30-80% ont des sténoses
  • Rechercher atopie (allergie saisonnière, dermatite atopique...)
  • À l'OGD: exsudat blanchâtre, sillons longitudinaux, anneaux (trachéisation), sténose
  • Biopsie: ≥ 15 éosinophiles par champ
  • traitement : IPP, de fluticasone ou par une diète d'exclusion.


Références

  1. (en) Jooho P. Kim et Peter J. Kahrilas, « How I Approach Dysphagia », Current Gastroenterology Reports, vol. 21, no 10,‎ , p. 49 (ISSN 1522-8037 et 1534-312X, DOI 10.1007/s11894-019-0718-1, lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 et 2,2 « Approach to the evaluation of dysphagia in adults », sur uptodate.com, (consulté le 3 juin 2020)
  3. 3,0 et 3,1 L'appareil digestif, Les Presses de l'Université de Montréal, (ISBN 978-2-7606-3627-9 et 978-2-7606-3624-8, lire en ligne)
  4. A.B.R. Thomson and E. A. Shaffer, Principes fondamentaux de gastro-entérologie: États pathologiques et démarches thérapeutiques. 5e ed., Janssen-ortho, p.6-8
  5. « Evaluation of dysphagia in children », sur uptodate.com, (consulté le 3 juin 2020)
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