Utilisateur:David Garant/Brouillons/Dystrophie musculaire oculo-pharyngée

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Dystrophie musculaire oculo-pharyngée (DMOP)
Maladie
Caractéristiques
Signes Dysphonie, Ptose, Faiblesse des muscles faciaux, Ophtalmoplégie, Atrophie et faiblesse de la langue, Faiblesse des cuisses , Faiblesse des bras
Symptômes
Ptose palpébrale, Fatigue , Dysphagie (approche clinique), Atteinte cognitive
Diagnostic différentiel
Sclérose latérale amyotrophique, Myasthénie grave, Maladie de Charcot-Marie-Tooth, Dystrophie myotonique type 1, Dystrophie myotonique type 2, Syndrome de blepharophimosis, ptose et inversion de l'épicanthus, Fibrose congénitale des muscles extraoculaires, Myopathie oculopharyngodistale, ... [+]
Informations
Spécialités Ophtalmologie, ORL, médecine génétique

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La dystrophie musculaire oculo-pharyngée (DMOP) est une myopathie d’apparition tardive caractérisée par la progression lente de ptose bilatérale et de dysphagie.

Épidémiologie

La DMOP est plus prévalente en Israel (1 :600) et au Québec (1 :1000), où elle fut découverte par Taylor en 1915. En Europe, la maladie a une prévalence de 1 :100 000 à 1 :1 000 000[1].

Physiopathologie

La maladie est héritée de manière autosomique dominante. Le gène impliqué est le PABPN1, dans lequel on retrouve une expansion de triplets GCN répétés. Le N dans le GCN représente un des quatres nucléotides (A/C/G/T). Celle-ci peut être[1]:

  • Une expansion GCN hétérozygote de 11 à 18 triplets dans le premier exon du gène PABPN1 (90% des individus)
  • Des expansions GCN bialléliques qui sont soit hétérozygotes composite (GCN[11] avec une second allèle étendue) ou homozygote (GCN[11]+[11], GCN[12]+[12], ou GCN[13]+[13]) (10% des individus)

Les 4 séquences possibles ont été observées[1].

  • Les allèles normales ont dix répétitions GCN: GCN[10].
  • Les allèles pathologiques ont 11 à 18 répétitions GCN: GCN[11_18].

Les symptômes sont causés par une dégénérescence graisseuse des muscles des paupières et du pharynx.

Présentation clinique

Facteurs de risque

Les facteurs de risques sont[1]:

Questionnaire

Les symptômes de la DMOP sont[1]:

  • Une ptose palpébrale [Pr: 100 %] : Elle est toujours bilatérale, mais peut être asymétrique, surtout au début de la maladie. Les patients avec une ptose sévère adoptent une position avec le cou en extension et le muscle frontalis contracté.
  • Une dysphagie [Pr: 96-100 %]: Les manifestations précoces de la dysphagie incluent une augmentation du temps pour consommer les repas et un évitement acquis des aliments secs.
  • De la fatigue [Pr: 88 %].
  • Une atteinte cognitive (rare).

Examen clinique

Lors de l'examen ophtalmologique, on peut noter la sévérité de la ptose [Pr: 100 %] en fonction des mesures suivantes:

  • La fente palpébrale.
  • La Margin to Reflex Distance 1 (MRD1)[note 1].
  • La ptose peut aussi être mesurée en fonction de la position normale de la paupière supérieure, soit 1mm sous le limbe supérieur. [note 2]
  • Le pli palpébral supérieur.
  • L'évaluation de la fonction du muscle releveur [note 3].
  • D'autres paramètres peuvent être notés pour faciliter la prise en charge et le suivi, tels la fonction du muscle releveur, la présence de lagophtalmos, la préservation du réflexe de Bell et la fonction du muscle orbiculaire.

Le reste de l'examen physique peut démontrer les signes suivant[1]:

Examens paracliniques

Les examens paracliniques pertinents sont :

Diagnostic

Le diagnostic est basé sur:

  • la présentation clinique
  • l'histoire familiale positive
  • un test génétique moléculaire qui rapporte une expansion de triplets répétés dans le gène PABPN1.

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel de la maladie est :

Traitement

Ptose

La ptose est traitée chirurgicalement lorsque la paupière supérieure obstrue la pupille et par le fait même l'axe visuel. Les techniques chirurgicales les plus couramment utilisées sont les suivantes:

Pour le choix de la technique chirurgicale, les lignes directrices de Beard ont été démontrées comme étant applicables en DMOP malgré leur conception pour les ptoses congénitales. [5]

Lignes directrices de Beard pour la cure de ptose chirurgicale [5]
Degré de ptose[note 4] Fonction du releveur Procédure
Légère (1 à 2 mm) Bonne (> 7mm) Fasanella-Servat ou résection du releveur (10 à 13mm)
Modérée (3mm) Bonne (> 7mm) Résection du releveur (14 à 17 mm)
Modérée (5-7mm) Résection du releveur (18 à 22 mm)
Pauvre (≤ 4mm) Résection du releveur maximale (23 à 25mm) ou suspension frontale
Sévère (>3mm) Modérée (5-7mm) Résection du releveur maximale (23 à 25mm) ou suspension frontale
Pauvre (≤ 4mm) Résection du releveur supra-maximale (≥25mm) ou suspension frontale

Dysphagie

Le patient doit recevoir une diète dysphagique pour minimiser les risques d'aspiration. Lorsque la dysphagie a un impact significatif sur la qualité de vie du patient, plusieurs options chirurgicales s'offrent à lui[1]:

Complications

Les complications de la DMOP sont :

Évolution

La dystrophie musculaire oculo-pharyngée ne réduit pas l'espérance de vie. Par contre, chez les individus avec une expansion GCN hétérozygote, la qualité de vie en fin de vie est grandement diminuée. La pneumonie d'aspiration est la principale cause de décès.[1]

Notes

  1. Distance entre le reflet cornéen et la paupière supérieure. Normale = 4 à 5 mm
  2. * Légère: 1 à 2mm sous normale
    • Modérée: 3mm sous normale
    • Sévère > 3mm sous normale.
  3. Mesure du mouvement de la paupière supérieure qui passe du regard inférieur maximal au regard supérieur maximal alors que le muscle frontal est immobilisé avec le pouce:
    • bonne: > 8mm
    • modérée: 5 à 7mm
    • pauvre: 3 à 4mm
    • absente < 3mm.
  4. Par rapport à la position normale de la paupière supérieure, soit 1mm sous le limbe supérieur.

Références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 et 1,11 Capucine Trollet, Alexis Boulinguiez, Fanny Roth et Tanya Stojkovic, GeneReviews®, University of Washington, Seattle, (PMID 20301305, lire en ligne)
  2. F. M. Tomé, D. Chateau, A. Helbling-Leclerc et M. Fardeau, « Morphological changes in muscle fibers in oculopharyngeal muscular dystrophy », Neuromuscular disorders: NMD, vol. 7 Suppl 1,‎ , S63–69 (ISSN 0960-8966, PMID 9392019, DOI 10.1016/s0960-8966(97)00085-0, lire en ligne)
  3. Teresa Gidaro, Elisa Negroni, Sophie Perié et Massimiliano Mirabella, « Atrophy, fibrosis, and increased PAX7-positive cells in pharyngeal muscles of oculopharyngeal muscular dystrophy patients », Journal of Neuropathology and Experimental Neurology, vol. 72, no 3,‎ , p. 234–243 (ISSN 1554-6578, PMID 23399899, DOI 10.1097/NEN.0b013e3182854c07, lire en ligne)
  4. N. Fukuhara, T. Kumamoto et T. Tsubaki, « Rimmed vacuoles », Acta Neuropathologica, vol. 51, no 3,‎ , p. 229–235 (ISSN 0001-6322, PMID 7445977, DOI 10.1007/BF00687390, lire en ligne)
  5. 5,0 et 5,1 Y. M. Molgat et D. Rodrigue, « Correction of blepharoptosis in oculopharyngeal muscular dystrophy: review of 91 cases », Canadian Journal of Ophthalmology. Journal Canadien D'ophtalmologie, vol. 28, no 1,‎ , p. 11–14 (ISSN 0008-4182, PMID 8439857, lire en ligne)