ULaval:Médecine/Ressources/Santé autochtone/Médecine traditionnelle et moderne au Nunavik

De Wikimedica

Voici deux articles scientifiques abordant la médecine traditionnelle et la médecine moderne au Nunavik. Ces articles ont été recensés dans le cadre d'un projet de transfert de connaissances de la Chaire de recherche Nasivvik[1]. Une synthèse des articles est retranscrite ci-bas avec l'autorisation des auteurs du texte (Vincent Paquin, Gentiane Perrault-Sullivan et l'équipe de la chaire Nasivvik).

Propriétés des plantes médicinales

Characterization of the anxiolytic activity of Nunavik Rhodiola rosea

  • Auteurs: Cayer C, Ahmed F, Filion V, Saleem A, Cuerrier A, Allard M, Rochefort G, Merali Z, Arnason JT.
  • Journal: Planta medica, 2013   

Rhodiola rosea (images) est une plante que l’on retrouve dans les régions subarctiques et les régions à haute altitude de l’Eurasie. Sa variété eurasienne est connue pour des propriétés anxiolytiques et antidépressives. La variété du Nunavik est traditionnellement utilisée par les Inuit pour ses bénéfices sur la santé mentale et physique.

Cette étude de Cayer et al. avait pour objectif d’évaluer les effets anxiolytiques du R. rosea du Nunavik chez des rats. Des groupes de rats (n = 7 à 17 par groupe) recevaient soit 8 mg/kg, 25 mg/kg ou 75 mg/kg d’extrait de la plante, ou ils recevaient seulement le véhicule de lait (contrôle négatif), ou encore du diazépam 2 mg/kg (contrôle positif). Les extraits de plante et le véhicule de lait étaient administrés par voie orale, tandis que le diazépam était injecté.

Les rats ont été soumis à trois paradigmes comportementaux de l’anxiété : le labyrinthe en croix surélevé, un test d’interaction sociale et des tests de réponse émotionnelle contextuelle conditionnée.

Des effets significatifs liés à la dose de R. rosea ont été observés dans tous les tests, avec une exception : dans le test d’interaction sociale, l’effet anxiolytique était seulement présent avec la dose moyenne d’extrait de plante (25 mg/kg). Les auteurs ont aussi fait un essai in vitro de liaison à des récepteurs cellulaires. L’extrait de R. rosea a montré une faible affinité pour les récepteurs GABAA (associés aux benzodiazépines). Ce résultat concorde avec d’autres études, qui suggèrent plutôt un mécanisme d’action principalement sérotoninergique de la plante.

Ceci est la première étude sur les effets de la variété du Nunavik de R. rosea. Les résultats montrent des effets anxiolytiques possibles. Les ainés de Kangiqsualujjuaq furent consultés pour leurs connaissances et l’Institut culturel Avataq a fourni du soutien logistique au cours de l’étude. Les extraits de plante ont été collectés près de Kuujjuaq.

Rôle des sage-femmes

Remote midwifery in Nunavik, Québec, Canada: outcomes of perinatal care for the Inuulitsivik health centre, 2000-2007

  • Auteurs: Van Wagner V, Osepchook C, Harney E, Crosbie C, Tulugak M.
  • Journal: Birth, 2012

Depuis 1986, le Centre de santé Inuulitsivik opère des centres de naissance sous les soins des sages-femmes. Grâce à cette initiative inuite, la plupart des femmes accouchent maintenant au Nunavik plutôt que d’être évacuées à Montréal.

Dans une étude rétrospective conduite par des sages-femmes inuites et allochtones, les données périnatales des centres de naissance de la côte de la Baie d’Hudson furent compilées pour la période de 2000 à 2007. Des formulaires d’archivage ont permis la collecte des données pendant cette période, toutefois certaines données étaient manquantes pour les naissances à Montréal. Les issues de 1 372 accouchements ont été examinées. La plupart (86,3%) ont eu lieu au Nunavik et 49% dans le village de résidence de la femme. Parmi les accouchements au Nunavik, 926 (72,8%) étaient en présence de sages-femmes inuites. La plupart des accouchements étaient des accouchements vaginaux spontanés (97,1%).

Les complications les plus fréquentes étaient les naissances prématurées (n = 139; 10,6 %) et les hémorragies du post-partum (n = 211; 15,4%). Au total, il y a eu 4 morts fœtales (0,29% ou 2,9 pour 1 000 accouchements) et 5 morts néonatales (0,36% ou 3,6 pour 1 000 naissances vivantes). En général, un transfert urgent à Puvirnituq, Montreal, Iqaluit ou ailleurs au Québec a été documenté dans 9% des cas. Le travail préterme et la naissance prématurée étaient les raisons les plus fréquentes pour un transfert.

La comparaison des statistiques des mort fœtales et des morts néonatales au Canada et au Nunavik est limitée, toutefois les nombres sont similaires : en 2005, les taux combinés de morts fœtales et néonatales étaient de 9,7 pour 1 000 naissances vivantes au Canada (mortalité fœtale de 6,0 et néonatale de 3,7 par 1 000). Ainsi, la présente étude de Van Wagner et al. appuie le succès clinique des sages-femmes au Nunavik.

Références

  1. « Articles incontournables sur la santé des Inuits », sur Chaire de recherche Nasivvik (consulté le 7 novembre 2018)