Fasciite plantaire

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Fasciite plantaire
Maladie
Caractéristiques
Signes Douleur à la palpation du tubercule médial du calcanéum, Douleur reproduite par une dorsiflexion passive du pied et des orteils, Jack (test)
Symptômes
Diagnostic différentiel
Infection, Tumeurs, Fracture du calcanéum, Contusion du calcanéum, Contusions osseuses du pied, Déchirure de l'aponévrose plantaire, Fracture de stress, Défaut ostéochondral, Douleur neuropathique, Syndrome du tunnel tarsien, ... [+]
Informations
Wikidata ID Q52851

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La fasciite plantaire est le résultat d'une irritation dégénérative de l'origine du fascia plantaire situé sur le tubercule médial du calcanéum ainsi que des structures périfasciales environnantes. Le fascia plantaire joue un rôle important dans la biomécanique normale du pied et est composé de trois segments, tous issus du calcanéum. Le fascia lui-même joue un rôle important de support à l'arche médial du pied et dans l'absorption des chocs lors des déplacements. Malgré le suffixe "ite" suggérant une inflammation tissulaire, cette affection est notamment caractérisée par une absence de cellules inflammatoires. [1][2][3][4]

Épidémiologie

La fasciite plantaire est la cause la plus fréquente de douleur au talon. L'incidence et la prévalence exacte de la fasciite plantaire par tranche d'âge sont inconnues, mais, selon les données les plus probantes, on estime qu'environ un million des nouvelles consultations mondiales sont dues à la fasciite plantaire. Cette condition représente à elle seule environ 10% de toutes les blessures des coureurs et 11% à 15% de toutes les douleurs du pied nécessitant des soins médicaux professionnels. Cette pathologie se produit également chez environ 10% de la population générale, 83% des patients étant des adultes actifs travaillant entre 25 et 65 ans. Elle se présente bilatéralement dans environ un tiers des cas. Certaines publications démontrent que les taux de prévalence parmi les coureurs peuvent atteindre jusqu'à 22% .[5][6][4]

Étiologie

Le plus souvent, la fasciite plantaire s'agit d'une blessure de surutilisation principalement due à un mouvement répétitif provoquant des micro-déchirures du fascia plantaire, mais elle peut survenir à la suite d'un traumatisme ou d'autres causes multifactorielles. Certains facteurs prédisposants sont le pes planovalgus, le pes cavovarus, un équin de la cheville, une inégalité de longueur des membres inférieurs et la pronation ou la supination excessive. Le pes planovalgus peut provoquer une augmentation de la tension exercer à l'insertion calcanéenne du fascia plantaire. Le pes cavovarus peut provoquer une pression excessive sur le talon car le pied n'éverse que très peu ou n'absorbe pas efficacement les chocs. Conjointement, les muscles de la chaine postérieur de la jambe tels les gastrocnémiens ou les soléaires et / ou d'autres muscles postérieurs sont généralement tendus chez les patients atteints de cette maladie. On pense que la tension qu'exerce ces muscles peut altérer la biomécanique d'une démarche normale. Environ 50% des patients atteints de cette maladie auront également des exostoses plantaires au talon, mais les exostoses eux-mêmes n'en sont pas la cause. La fasciite plantaire est souvent associée aux coureurs et aux personnes âgées, mais d'autres facteurs prédisposants comprennent l'obésité, un travail nécessitant d'être debout de façon prolongée ou de supporter des charges lourdes. La fasciite plantaire s'est avérée être associée à diverses spondylarthropathies séronégatives, cependant, dans environ 85% des cas, il n'y a aucun facteur systémique connu.

Physiopathologie

Cette condition est principalement un processus dégénératif. Mis à part les changements dégénératifs, les résultats histologiques comprennent le tissu de granulation, les micro-déchirures, une altération des fibres de collagènes et notamment un manque d'inflammation traditionnelle. L'évaluation échographique révèle souvent des calcifications, des micro-déchirures longitudinales, un épaississement et une hétérogénéité du fascia plantaire. Ces changements, souvent observés à l'échographie, suggèrent une condition non inflammatoire et une vascularisation dysfonctionnelle.

Présentation clinique

Les patients présentent souvent une histoire de douleur croissante situé au talon inféro-médial, mais la douleur peut cependant irradier proximalement dans les cas plus graves. Les patients décrivent souvent la douleur comme aiguë, pire lors des premiers pas en sortant du lit le matin. Le fait d'être debout de façon prolongée ou, dans les cas graves, assis pendant de longues heures, exacerberont également les symptômes. La douleur diminue souvent à la marche ou lors du début d'une activité sportive, mais augmente progressivement au courant de la journée à mesure que l'activité augmente. La douleur peut généralement être reproduite en palpant le tubercule médial du calcanéum, site où s'insère le fasciale plantaire. La douleur peut également être reproduite par une dorsiflexion passive du pied et des orteils. Plus précisément, la dorsiflexion passive de la première articulation métatarso-phalangienne est connue sous le nom de test de Guindeau (ou de Jack) et considérée comme un test positif si la douleur est reproduite. D'autres constatations inclut un équin de la cheville causé par une tension du tendon du talon d'Achille, un pes planovalgus ou un pes cavovarus. Il peut également être utile d'évaluer la démarche d'un patient pour évaluer les facteurs biomécaniques ou les facteurs prédisposants mentionnés précédemment. Lors de l'examen, il convient de tenir compte d'une possible contusion ou d'une atrophie du coussinet adipeux plantaire, des fractures de stress et des pincements des structures nerveuses tels que le syndrome du tunnel tarsien dans le diagnostic différentiel.

Examens paracliniques

La fasciite plantaire est un diagnostic clinique et l'imagerie n'est pas nécessaire. Un clinicien peut envisager d'obtenir des radiographies ou une échographie si les antécédents ou l'examen physique pourrait indiquer d'autres blessures ou conditions ou si le patient ne présente pas d'amélioration après un laps de temps raisonnable. La radiographie et / ou l'échographie peut montrer des calcifications des tissus mous ou une exostose de la face plantaire du talon. De plus, l'échographie peut montrer un épaississement et un gonflement de l'aponévrose plantaire, ce qui est une caractéristique typique. Si le patient ne répond pas à une thérapie conservatrice après une longue période de temps, le clinicien peut envisager de demander une IRM pour éliminer une déchirure de l'aponévrose plantaire, une fracture de stress ou un défaut ostéochondral.

Diagnostic différentiel

  • Blessure / Fracture du calcanéum
  • Infection
  • Contusion osseuse
  • Douleur neuropathique
  • Syndrome du tunnel tarsien
  • Névrite de Baxter
  • Tendinite
  • Fibrome plantaire
  • Ostéoporose
  • Tumeurs[4]

Traitement

Un repos relatif, évitant les activités aggravantes, doit être prescrit. La glace ainsi que les AINS oraux ou topiques peuvent être utilisés pour aider à soulager la douleur. Dans la littérature, il a été démontré qu'un massage profond de l'arche plantaire aide à réduire la douleur. Des orthèses plantaires faites sur mesure, un taping de l'arche plantaire et des attelles de nuit peuvent être prescrites conjointement avec les thérapies mentionnées précédemment. Les cliniciens doivent éduquer leurs patients sur l'étirement et la rééducation appropriés du fascia plantaire, du tendon d'Achille, du gastrocnémien et du soléaire. S'il n'y a pas d'amélioration avec les traitements conservateurs, il faudra envisager des traitements plus élaborés ou invasifs tels la thérapie extracorporelle par ondes de choc radiales ou shockwave, ou diverses injections comme par exemple du plasma riche en plaquettes, de la toxine botulique A, de la prolothérapie au dextrose ou des stéroïdes. Les traitements plus élaborés et invasifs devraient être combinés avec des traitements conservateurs. La chirurgie ne devrait qu'être considérée comme la dernière option si cette pathologie est devenue chronique et que les autres alternatives de traitement, moins invasifs, ont échoué. [7][8][9][4]

Complication

  • Douleur chronique
  • Complications chirurgicales
  • Complications associées aux injections de corticostéroïdes

Concepts clés

  • Après le diagnostic, une éducation auprès du patient et une prescription des traitements conservateurs doivent être envisagées. Celles-ci peuvent toutefois effectuer un suivi dans les mois suivants, au besoin.
  • La fasciite plantaire s'agit généralement d'une affection limitée et, avec un traitement conservateur approprié, les symptômes disparaissent généralement dans les 12 mois suivant la présentation initiale.
  • Parfois, les cas plus chroniques de cette condition nécessiteront un suivi supplémentaire afin d'envisager des thérapies plus avancées et une évaluation biomécanique de la démarche. Ainsi, certains facteurs biomécaniques aggravants pouvant potentiellement être corrigés par une rééducation de cette dernière seront mis de l'avant.
  • Les injections de corticostéroïdes se sont avérées bénéfiques à court terme (moins de quatre semaines) mais inefficaces à long terme.
  • Les preuves de l'efficacité des injections de plasma riche en plaquettes, de la prolothérapie au dextrose et de la thérapie par ondes de choc extra-corporelles sont contradictoires. [4]

Amélioration des résultats de l'équipe de soins de santé

L'approche interprofessionnelle de la fasciite plantaire.[4]

La fasciite plantaire affecte de nombreuses personnes, généralement les jeunes adultes et les athlètes. La condition peut devenir invalidante si elle n'est pas gérée de manière appropriée. La clé est l'éducation auprès des patients. L'infirmière, les pharmaciens, le physiothérapeute, le podiatre et les spécialistes en réadaptation ont tous un rôle essentiel afin d'éviter la récurrence des symptômes. Les patients doivent être informés que les symptômes de la fasciite plantaire peuvent prendre des semaines jusqu'à des mois avant de s'améliorer. De plus, certains patients devront s'inscrire à un programme de physiothérapie et même porter une attelle de nuit. Afin de maximiser les résultats, les patients doivent apprendre à étirer leur fascia plantaire avec des étirements de base qu'ils devront faire à domicile. Par ailleurs, une consultation en podiatrie peut s'avérer essentielle afin d'obtenir des renseignements sur les chaussures appropriées ou une prescription pour une paire d'orthèse plantaire offrant un support maximal le long de l'arche plantaire. Les patients doivent être informés qu'il sera désormais nécessaire d'éviter de rester longtemps debout. De plus, il est primordial de s'étirer convenablement avant de commencer tout programme d'exercice et, pour les personnes concernées, de perdre du poids. Ceux présentant des symptômes aigus devront être informés d'éviter de marcher nus pieds et de limiter les exercices répétitifs qui causent un impact sur le talon. Si tous ces traitements échouent, le dernier recours est une référence vers un chirurgien orthopédiste pour une éventuelle chirurgie d'élongation du fascia plantaire. [10][11][12] (Niveau V) [4]

Résultats[4]

La fasciite plantaire semble être un trouble bénin, mais si elle n'est pas prise en charge de manière adéquate, elle peut être invalidante et associée à une douleur sévère. Environ 70 à 80% des patients atteints de cette pathologie voient une réduction des symptômes dans un délai de 9 à 12 mois, mais au moins 5 à 10% de tous les patients atteints nécessiteront une libération chirurgicale du fascia plantaire au cours de leur vie. La fasciite plantaire chez les athlètes est associée à une morbidité élevée et les récidives ne sont pas rares même lorsqu'elle est gérée de manière appropriée. Cette morbidité est due à la douleur au talon, à la difficulté à se déplacer, à la limitation de l'exercice et à l'incapacité de soulever une charge. Parfois, la démarche antalgique engendrée par la fasciite plantaire peut également entraîner une blessure aux articulations du genou et de la hanche. Chez les personnes qui doivent rester debout au travail, la fasciite plantaire est l'une des causes les plus fréquentes de demandes d'indemnisation liées aux accidents de travail.[2][13] (Niveau V) [4]

Références

  1. Blair A. Becker et Marc A. Childress, « Common Foot Problems: Over-the-Counter Treatments and Home Care », American Family Physician, vol. 98, no 5,‎ 09 01, 2018, p. 298–303 (ISSN 1532-0650, PMID 30216025, lire en ligne)
  2. 2,0 et 2,1 Yan Ling et Shu Wang, « Effects of platelet-rich plasma in the treatment of plantar fasciitis: A meta-analysis of randomized controlled trials », Medicine, vol. 97, no 37,‎ , e12110 (ISSN 1536-5964, PMID 30212938, Central PMCID 6156022, DOI 10.1097/MD.0000000000012110, lire en ligne)
  3. Young-Keun Lee et Malrey Lee, « Treatment of infected Achilles tendinitis and overlying soft tissue defect using an anterolateral thigh free flap in an elderly patient: A case report », Medicine, vol. 97, no 35,‎ , e11995 (ISSN 1536-5964, PMID 30170404, Central PMCID 6392569, DOI 10.1097/MD.0000000000011995, lire en ligne)
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 4,6 4,7 et 4,8 (en) Buchanan Bk et Kushner D, « Plantar Fasciitis », sur PubMed, 2020 jan (PMID 28613727, consulté le 27 juillet 2020)
  5. Matthew Cotchett, Angus Lennecke, Virginia G. Medica et Glen A. Whittaker, « The association between pain catastrophising and kinesiophobia with pain and function in people with plantar heel pain », Foot (Edinburgh, Scotland), vol. 32,‎ , p. 8–14 (ISSN 1532-2963, PMID 28605621, DOI 10.1016/j.foot.2017.03.003, lire en ligne)
  6. M. Tschopp et F. Brunner, « [Diseases and overuse injuries of the lower extremities in long distance runners] », Zeitschrift Fur Rheumatologie, vol. 76, no 5,‎ , p. 443–450 (ISSN 1435-1250, PMID 28236094, DOI 10.1007/s00393-017-0276-6, lire en ligne)
  7. Shane McClinton, Bryan Heiderscheit, Thomas G. McPoil et Timothy W. Flynn, « Physical therapist decision-making in managing plantar heel pain: cases from a pragmatic randomized clinical trial », Physiotherapy Theory and Practice, vol. 36, no 5,‎ , p. 638–662 (ISSN 1532-5040, PMID 29979912, DOI 10.1080/09593985.2018.1490941, lire en ligne)
  8. Tamsin L. Lee et Benjamin L. Marx, « Noninvasive, Multimodality Approach to Treating Plantar Fasciitis: A Case Study », Journal of Acupuncture and Meridian Studies, vol. 11, no 4,‎ , p. 162–164 (ISSN 2093-8152, PMID 29673797, DOI 10.1016/j.jams.2018.04.002, lire en ligne)
  9. R. L. Roerdink, M. Dietvorst, B. van der Zwaard et H. van der Worp, « Complications of extracorporeal shockwave therapy in plantar fasciitis: Systematic review », International Journal of Surgery (London, England), vol. 46,‎ , p. 133–145 (ISSN 1743-9159, PMID 28890412, DOI 10.1016/j.ijsu.2017.08.587, lire en ligne)
  10. Shane M. McClinton, Timothy W. Flynn, Bryan C. Heiderscheit et Thomas G. McPoil, « Comparison of usual podiatric care and early physical therapy intervention for plantar heel pain: study protocol for a parallel-group randomized clinical trial », Trials, vol. 14,‎ , p. 414 (ISSN 1745-6215, PMID 24299257, Central PMCID 3866618, DOI 10.1186/1745-6215-14-414, lire en ligne)
  11. Lawrence H. Wyatt, « Conservative chiropractic management of recalcitrant foot pain after fasciotomy: a retrospective case review », Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics, vol. 29, no 5,‎ , p. 398–402 (ISSN 1532-6586, PMID 16762669, DOI 10.1016/j.jmpt.2006.04.005, lire en ligne)
  12. Marisa M. Wynne, Janet M. Burns, David C. Eland et Robert R. Conatser, « Effect of counterstrain on stretch reflexes, hoffmann reflexes, and clinical outcomes in subjects with plantar fasciitis », The Journal of the American Osteopathic Association, vol. 106, no 9,‎ , p. 547–556 (ISSN 0098-6151, PMID 17079524, lire en ligne)
  13. Meriç Uğurlar, Mesut Mehmet Sönmez, Özge Yapıcı Uğurlar et Levent Adıyeke, « Effectiveness of Four Different Treatment Modalities in the Treatment of Chronic Plantar Fasciitis During a 36-Month Follow-Up Period: A Randomized Controlled Trial », The Journal of Foot and Ankle Surgery: Official Publication of the American College of Foot and Ankle Surgeons, vol. 57, no 5,‎ , p. 913–918 (ISSN 1542-2224, PMID 30149850, DOI 10.1053/j.jfas.2018.03.017, lire en ligne)
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