ULaval:MED-1217/Troubles habituellement diagnostiqués en bas âge
Éléments développementaux
Enfants
Caractère
Les différents enfants peuvent avoir des caractères différents
Il y a 9 dimensions au caractère
- Niveau d’activité
- Distractibilité
- Adaptabilité
- Attention span
- Intensité
- Rythme
- Approche/retrait (réponse à des situations nouvelles)
- Qualité de l’humeur (proportion d’émotions positives et négatives)
- Niveau de réponse (intensité nécessaire pour obtenir une réponse)
Le caractère reste assez fixe jusqu’à 25 ans, mais certains traits de caractère ne persistent pas
La génétique et l'environnement ont un impact sur la construction du caractère
Attachement
Bonding VS attachement
Le terme bonding fait référence au lien entre le parent et son enfant, donc le lien du parent vers l'enfant. Le terme attachement fait plutôt référence à l'attachement de l'enfant vers son parent
Types d'attachement
Sécure : quand le milieu est adapté et équilibré pour l'enfant. Les parents répondent rapidement aux besoin de l'enfant et sont même capables de les anticiper
Insécure-évitant : quand le milieu est moins adapté, les parents répondent moins efficacement aux besoins. L'enfant semble très autonome, mais il porte une grande détresse qu'il cache sous son détachement
Insécure-ambivalent : quand le milieu est désorganisé et négligent, quand les parents sont incapables de répondre aux besoins de l'enfant parce qu'ils ne sont pas attentifs. L'enfant cherche le contact et l'attention de ses parents, mais leur présence ne le réconforte pas.
Adaptation parentale
Un enfant calme et souriant amène la tendresse et la gentillesse de son parent. Au contraire, un enfant agité et irritable teste la patience de son parent. Si ce dernier est déjà limité dans son affection et ses ressources, il peut se détourner de son enfant.
De plus, l'association du caractère du parent et de l'enfant est importante. Par exemple, un parent patient sera plus apte à faire face à un enfant agité qu'un parent agité, qui sera plus à risque de perdre patience. Une mauvaise association entre les caractères augmente le risque de troubles de comportement et de fonctionnement mal adapté.
Il est important de reconnaître les enfants dits difficiles (qui dorment peu, qui pleurent souvent, qui sont difficiles à réconforter et qui mangent irrégulièrement) car ils peuvent donner un sentiment d'incompétence à leurs parents, qui peuvent alors se détacher de leurs enfants. Il est donc essentiel de faire comprendre aux parents le principe du good-enough mothering : le rôle du parent est important dans le développement de l'enfant, mais un parent n'a pas besoin d'être parfait, seulement de répondre aux besoins de son enfant et dans la limite du possible, de les anticiper.
Stades de séparation et d'individualisation de Mahler
0-2 mois : autisme normal
- Plus de sommeil que d'éveil
- Le cycle de vie de l'enfant ressemble à celui de la vie intra-utérine
2-5 mois : symbiose
- Le complexe parent-enfant est perçu comme une seule entité
- Le développement graduel des aptitudes du nouveau-né lui permet de commencer à distinguer l'intérieur et l'extérieur
5-10 mois : différenciation
- Un développement neurologique progressif et un niveau d’attention plus élevé amène l’enfant à regarder le monde extérieur.
- Les différences entre lui et le parent sont graduellement comprises
10-18 mois : pratique
- La capacité grandissante de l’enfant à se déplacer l’amène à explorer le monde extérieur
18-24 mois : rapprochement
- L’enfant alterne entre le désir d’indépendance et le besoin de réassurance. Il s’éloigne puis se rapproche du parent
2-5 ans : persistance de l'objet
- L'enfant est graduellement rassuré car il comprend que son parent et les autres personnes importantes existent même quand il ne les voit pas
Stades de développement et jalons
Bambins
Langage et développement cognitif
- Commence à écouter les explications et à accepter le retard
- Début d’utilisation de symbolisation
- Commence à dire non avant de dire oui
Émotions et développement social
- Différenciation de plaisir et déplaisir
- Référencement social présent, l’enfant regarde le parent pour obtenir des indices sur la manière de répondre à des situations nouvelles
- Plaisir de la découverte
- Démonstration d’affection organisée
Développement sexuel
- Curiosité par rapport au sexe anatomique (si le sujet du sexe est tabou et rejeté, l’enfant peut en développer de la honte)
- Identité : conviction d’être un homme ou une femme (se fixe vers 24-30 mois)
- Rôle : déterminé par la société en fct de notre sexe, influencé par la culture
Propreté
- Début de l’apprentissage du pot et de la propreté
- Contrôle urinaire diurne : maîtrisé vers 2 ½
- Contrôle urinaire nocturne : maîtrisé vers 4 ans
Défis parentaux
- Mettre des barrières fermes liées au comportement acceptable
- Encourager l’émancipation
- Ne pas être trop autoritaire
Préscolaire
Langage et développement cognitif
- Utilisation grandissante du vocabulaire, usage de phrases
- Début de la pensée symbolique
- Souvent, pensée égocentrique : incapable de ne pas se placer au centre
- Pas de compréhension des relations causales, pensées intuitives
Émotions et développement social
- Expression verbale et non verbale de l’amour, de la joie, tristesse, jalousie et envie
- Émotions encore influencées par les événements somatiques (fatigue, faim)
- Capacité d’empathie et d’amour présente mais fragile, peut disparaître par la jalousie et la colère
- À la fin de la période préscolaire, les émotions sont relativement stables
Développement sexuel
- L’enfant a conscience de son corps et de ses différences avec l’autre sexe
Âge moyen
Langage et développement cognitif
- Expression d’idées complexes, liées à plusieurs éléments
- Capacité de conceptualisation en développement
- Capacité de concentration assez fixée vers 9-10 ans
- Début de pensée abstraite
Développement sexuel
- Biologiquement, les garçons sont plus agressifs que les filles
- Rôle sexuel en fonction de la société (mais de plus en plus les rôles sont moins définis)
Facteurs familiaux
Stabilité familiale : une famille moins stable a des enfants plus problématiques
Événements négatifs : la présence d’événements négatifs dans l’enfance influence le fonctionnement et le développement de l’enfant
Style parental
- Autoritaire (règles strictes, inflexibles) : peut mener à une basse estime de soi, un retrait social et de l’absence de joie
- Indulgent-permissif (peu de règles et de balises, autorité imprévisible) : peu de fiabilité, impulsivité et agressivité
- Indulgent-négligent (pas d’implication dans la vie de l’enfant) : basse estime de soi, mauvais contrôle de soi, agressivité
- Autoritaire-réciproque (autorité, prise de décision partagée, environnement chaleureux et aimant) : fiabilité, estime de soi et responsabilité sociale
Adolescents
Adolescence normale
Concept de normalité dans l’adolescence : liée au degré d’adaptation psychologique obtenu à travers les années et les jalons
Dans 75% des cas, l’adolescence est une période d’adaptation positive
L'adolescence est une continuité de l’enfance, donc les adolescents qui étaient des enfants troublés ont plus de risque de développer des troubles psychiatriques
La plupart des adolescents sortent de l’adolescence avec une bonne estime de soi, des bonnes relations sociales et familiales
Stades
Précoce (12-14 ans): changements physiques et comportementaux
Intermédiaire (14-16 ans): quête d’indépendance, développement du jugement social
Tardive (17-19 ans): quête d’identité
Composantes
Développement physique
Maturation cognitive
Socialisation
Développement moral
Estime de soi
Pathologies
Handicap intellectuel
Épidémiologie
1-3%
1.5G:1F
Étiologies
Plusieurs étiologies possibles, peuvent être séparées en trois catégories : innés, acquis, environnemental
Innées
- Trisomie 21
- Plus fréquent quand la mère est plus âgée (>32 ans)
- Généralement une déficience moyenne
- X fragile
- Plus chez les hommes que chez les filles
- Prader Willi
Acquis
- Prématurité
- Faibles poids
- Hémorragie intracrânienne
- Infection prénatale
- Syndrome alcoolo-foetal
- Drogues
- Complications pendant la grossesse (diabète, malnutrition, complications obstétricales)
Environnementaux et socioculturels
- Malnutrition
- Négligence
- Manque de soins médicaux
- Substances toxiques
- Trauma physiques
Manifestations cliniques
Un handicap intellectuel se manifeste par un déficit des fonctions intellectuelles et des fonctions adaptatives qui débute pendant la période de développement. Par conséquent, pour diagnostiquer un handicap intellectuel, le déficit doit être apparu à l'enfance
On peut classer la sévérité en fonction du niveau scolaire atteint par l'enfant
- Léger : fin primaire, représente 85% des handicaps
- Moyen : milieu primaire, représente 10% des handicaps
- Grave : préscolaire, représente 4% des handicaps
- Profond : demande une supervision constante, représente 1% des handicaps
Investigations
Examen psychiatrique : est essentiel pour poser le diagnostic
- Langage : réceptif au langage, expressif, gestuelle
- Stades de développement
- Comportement : tolérance à la frustration, impulsivité, agressivité, comportement sexuel
Examen physique non neurologique : fait en fonction des étiologies soupçonnées
- Périmètre crânien
- Caractéristiques faciales
- Arche palatine
- Peau
- Thyroïde
- Proportions du tronc et des extrémités
- Pli palmaire
Examen neurologique :
- Pour éviter de confondre un trouble neurologique qui peut retarder le développement avec une déficience : audition, vision, convulsions
- Chez les déficients plus sévères parce qu'il y a souvent présence d'anomalie neurologique en comorbidité de l'handicap : tonus musculaire, hyperréflexie, mouvements involontaires, coordination
Tests de laboratoire : pas systématiquement, cibler en fonction du patient
- Génétique : caryotype, X fragile, CHG
- EEG si soupçon de convulsions
- Bilan métabolique
- Imagerie si : convulsion, micro/macrocéphalie, pertes d’habiletés, signes neurologiques
Évolution et pronostic
Dépend de plusieurs facteurs
Meilleur pronostic si atteinte légère/modérée
Amélioration du niveau d‘adaptation si stimulation et environnement supportant
Moins bon pronostic si présence de comorbidité psychiatrique
Moins bonne réponse et tolérance à la médication psychiatrique
⅔ de diagnostic comorbide psychiatrique → plus la déficience est sévère plus il y a de risques de comorbidité
Plus d’épilepsie que dans la population générale
Souvent, les déficients légers/moyens ont conscience de leur manque, ce qui cause une mauvaise estime et une image de soi négative
Traitement
Éducation adaptée et sociale
Prévention
Primaire : réduire l’apparition des nouveaux cas
- Dépistage phénylcétonurie
- Abstinence d’alcool
- Soins de santé (mère et enfant)
- Conselling génétique
Secondaire : pour dépister et traiter les premières atteintes
- Traiter les maladies métaboliques et endocriniennes
Tertiaire : pour minimiser les séquelles et l'invalidité
- Programme scolaire adapté
- Interventions cognitivo-comportementales
- Éducation de la famille (attentes irréalistes)
- Habiletés sociales
- Pharmacothérapie si comorbidité → mais souvent moins efficace
Trouble du spectre de l'autisme
Épidémiologie
1%, prévalence en augmentation
4G:1F (les filles sont souvent très sévèrement atteintes, mais on soupçonne que les filles atteintes le sont pas assez pour être diagnostiquées)
Étiologie
Facteurs génétiques : l’hérédité joue un rôle mais pas totalement pénétrant
Biomarqueurs : plusieurs biomarqueurs présents, probablement liés à l’interaction entre les gènes et l’environnement, ces biomarqueurs pourraient causer des effets neurologiques qui seraient à la base de l’autisme
Facteurs immunologiques : une incompatibilité génétique (par exemple entre les anticorps de la mère et du foetus) contribuerait à l’autisme
Facteurs prénataux-périnataux : il y aurait un plus haut taux de complications pré-natales et péri-natales chez les enfants diagnostiqués d’autisme (parents plus vieux, saignement gestationnel, diabète de grossesse, premier-né, complications du cordon ombilical, trauma à la naissance, détresse foetale, malformations congénitales)
Troubles neurologiques comorbides : des EEG anormaux et des crises d’épilepsie sont plus fréquents chez les enfants autistes
Manifestations cliniques
Critères du DSM-5
- Déficits persistants de la communication et des interactions sociales observés dans des contextes variés
- Déficit de la réciprocité sociale ou émotionnelle (anomalies à l’approche sociale, incapacité à la conversation bidirectionnelle normale, difficulté à partager les intérêts/émotions/affects, incapacité à initier/répondre aux interactions sociales)
- Déficit des comportements de communication non verbale (intégration défectueuse de la communication verbale/non verbale, anomalies du contact visuel et du langage du corps, déficit dans la compréhension/utilisation des gestes, absence d’expressions faciales et de communication non verbale)
- Déficit du développement, du maintien et de la compréhension des relations (difficultés à ajuster le comportement à des contextes sociaux, difficulté à partager des jeux imaginaires et à se faire des amis, absence d’intérêts pour les pairs)
- Caractère restreint et répétitif des comportements/intérêts/activités dans au moins 2 éléments suivants
- Caractère stéréotypé ou répétitif des mouvements, de l’utilisation des objets/langage
- Intolérance au changement, adhésion inflexible à des routines, modes comportementaux ritualisés
- Intérêts restreints et fixes, anormaux dans leur intensité/but
- Hyper/hyporéactivité aux stimulations sensorielles ou intérêt inhabituel dans les aspects sensoriels de l’environnement
- symptômes présents dès les étapes précoces du développement
- symptômes causent une modification significative du comportement et du fonctionnement
- Le trouble n’est pas mieux expliqué par un autre trouble (handicap intellectuel, retard de développement)
Spécifier la sévérité
- Niveau 3 : nécessitant une aide très importante (déficits graves de compétences de communication et comportements inflexibles)
- Niveau 2 : nécessitant une aide importante (déficits marqués des compétences de communication et manque de flexibilité du comportement)
- Niveau 1 : nécessitant de l’aide (déficits de compétences de communication et ralentissement significatif causé par le manque de flexibilité)
Évolution et pronostic
Comorbidités fréquentes
Trouble du langage
Handicap intellectuel
Irritabilité
Humeur instable
TDAH
Insomnie
Évolution
Chronique
Certaines personnes ne rencontrent plus les critères plus tard dans leur vie mais c’est une minorité
Malgré les thérapies, le comportement répétitif/ritualisé disparaît rarement
Pronostic
Facteurs de bon pronostic
- QI >70
- Compétences d’adaptation dans la moyenne
- Développement de communication vers 5-7 ans
- Environnement social supportant
Traitement
Pharmacothérapie
Pour traiter les symptômes associés (irritabilité avec antipsychotique atypique, mouvements répétitifs avec ISRS, TDAH avec psychostimulant) → mais la médication est souvent moins efficace que sur l’enfant non autiste
Thérapie
Le but du traitement est d’améliorer les interactions et relations sociales, de donner des stratégies pour s’intégrer à l’école et d’améliorer la possibilité de vivre seul.
Trouble déficitaire de l'attention
Épidémiologie
Chez les enfants au primaire : 7-8%
Chez les adolescents : 5%
Chez les adultes : 2,5%
Plus chez les garçons que les filles
Étiologie
Facteurs génétiques : très importants (risque de 2 à 8 fois plus grand)
Neurotransmetteur : la dopamine jouerait un rôle important
EEG : il y aurait plus d’activité thêta (particulièrement au lobe frontal) et bêta
Neuroanatomie : il y aurait un volume et une activité diminuée à certaines places (lobe pré-frontal, lobe caudé, thalamus…)
Facteurs développementaux : il y aurait plus de TDAH chez les prématurés, ceux dont la mère a eut une infection durant la grossesse, ceux qui ont une une infection/inflammation ou un trauma en très jeune âge
Facteurs psychosociaux : négligence, abus chronique et maltraitance
Manifestations cliniques
Critères du DSM-5
Critères du DSM-5
1.Mode persistant d’inattention/hyperactivité-impulsivité qui interfère avec le fonctionnement/développement caractérisé par A et/ou B
- A) Inattention : au moins 6 symptômes pendant plus de 6 mois (chez les adolescents/adultes, 5 critères au moins
- Difficulté à prêter attention aux détails
- Difficulté à soutenir son attention
- Difficulté à écouter en conversation 1-1
- Difficulté à se conformer aux consignes, à mener à terme des tâches
- Difficulté à organiser travaux/activités
- Évitement des tâches demandant un effort mental soutenu
- Perte régulière d’objets nécessaire au travail
- Facilité à se laisser distraire par des stimuli externes
- Fréquent oublis dans la vie quotidienne
- B) Hyperactivité-impulsivité : au moins 6 symptômes pendant plus de 6 mois (chez les adolescents/adultes, 5 critères au moins)
- Remue souvent les pieds/mains, se tortille sur le siège
- Se lève dans les situations qui demandent de rester assis
- Court/grimpe dans des situations inappropriées → chez les adolescents/adultes, peut être juste un sentiment d’impatience motrice
- Incapacité à se tenir tranquille dans les jeux/loisirs
- N’aime pas rester tranquille dans des situations prolongées
- Parle trop souvent
- Laisse échapper la réponse à une question qui n’est pas terminée
- Difficulté à attendre son tour
- Interrompt souvent les autres ou impose sa présence
2. Plusieurs symptômes étaient présents avant l’âge de 12 ans
3. Plusieurs symptômes sont présents dans au moins deux contextes différents
4. Mettre clairement en évidence que les symptômes interfèrent/réduisent la qualité du fctment
5. Les symptômes ne sont pas expliqués par un autre trouble
Spécifier si
- Présentation combinée (inattention+hyperactivité)
- Inattention dominante
- Hyperactivité-impulsivité dominante
- Rémission partielle (perte de symptômes mais fonctionnement altéré quand même)
Sévérité
- Léger : minimum requis pour le dx
- Modéré
- Grave : plusieurs symptômes en plus de ceux requis pour le dx
Évolution et pronostic
Évolution
Persiste chez 60-85% des adolescents et 60% des adultes
Dans certains cas, l’hyperactivité va disparaître mais pas l’impulsivité/inattention
La persistance est prédite par l’histoire familiale
Les troubles d’apprentissage qui coexistent continuent généralement toute la vie
La rémission se fait généralement entre 12 et 20 ans
Pronostic
Chez les personnes chez qui le trouble subsiste, plus de vulnérabilité à la personnalité antisociale/trouble de l’humeur/abus de substance/trouble de conduite
Facteurs de mauvais pronostic
- Événements négatifs dans la vie
- Trouble de conduite
- Histoire familiale positive
- Dépression
- Trouble anxieux
Traitement
Pharmacothérapie
Traitement pharmacologique : première ligne
Traitement de choix : psychostimulant
- Contre-indications : troubles cardiaques
Effets secondaires
- Inappétence
- Insomnie
- Diminution de la croissance (2,5cm)
Thérapie
Vise à limiter les comportements perturbants de l’enfant et à faciliter son intégration
TCC, entraînement social
Trouble oppositionnel
Épidémiologie
2 à 16%, plus chez les garçons
(Normal chez 22% des enfants)
Étiologie
L’opposition est normale chez les enfants (particulièrement chez les enfants de deux ans) → devient pathologique quand elle dépasse la phase développementale normale
Prédispositions du caractère : forte volonté, fortes préférences, forte affirmation de soi
Parent qui pousse l’enfant à développer sa résistance (le désir de détermination devient pathologique éventuellement)
Manifestations cliniques
L’enfant argumente souvent, perd son calme, est colérique, rancunier et est souvent dérangé par les autres d’une manière excessive
Souvent, les jeunes défient les règles et les demandes des adultes et dérangent volontairement les autres
Tendance à blâmer les autres pour ses propres erreurs
Un enfant avec trouble oppositionnel peut paraître normal dans le bureau du médecin car le trouble ne se manifeste pas nécessairement dans tous les environnements
Le trouble presque toujours de l’effet sur les relations sociales et les performances scolaires
Évolution et pronostic
Peut évoluer vers un trouble de conduite → plus souvent, un enfant dont l’agression est le caractère prédominant de son trouble
L’évolution et le pronostic dépendent de la capacité de l’enfant à développer des réponses adaptées à l’autorité et de la sévérité du trouble
La stabilité est variable, chez environ 25% des enfants le trouble disparaît
Un trouble persistant amène plus de risque de trouble de l’humeur, d’abus de substance et de trouble de conduite
Traitement
Traitement principal : intervention familiale avec entraînement des parents et de l’enfant → encourager les comportements positifs en les récompensant et diminuer les comportements négatifs en les ignorant
Thérapie individuelle avec l’enfant : permet de pratiquer des réponses adaptées aux relations sociales, développer des stratégies d’adaptation sociale et relationnelle
Trouble de conduite
Épidémiologie
6-16% chez les hommes, 2-9% chez les femmes
Plus fréquents chez les enfants d’antisociaux et d’alcoolique
Étiologie
Impulsivité, abus physique/sexuel, négligence, discipline parentale dure et punitive, faible QI
Manifestations cliniques
Comportement agressif, cruel, hostile
Critères du DSM-5
- Ensemble de conduites répétitives et persistantes, dans lequel sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui ou les normes/règles sociales correspondant à l’âge du sujet, au moins 3 critères dans les 12 derniers mois et au moins 1 critère dans les 6 derniers mois
- Agression envers des personnes ou des animaux
- Brutaliser/intimide/menace souvent d’autres personnes
- Commence souvent les bagarres
- Utilisation d’une arme pouvant blesser sérieusement autrui
- Faire preuve de cruauté physique envers des personnes
- Faire preuve de cruauté physique envers des animaux
- A commis un vol en affrontant la victime
- A contraint quelqu’un à avoir des relations sexuelles
- Destruction de biens matériels
- Délibérément mettre le feu avec l’intention de provoquer des dégâts importants
- Délibérément détruire le bien d’autrui
- Fraude ou vol
- Commettre une entrée par effraction
- Mentir souvent pour obtenir des biens/faveurs ou éviter des responsabilités
- Voler des objets d’une certaine valeur sans affronter la victime
- Violation grave de faits établis
- Reste dehors tard la nuit en dépit des interdictions (ayant débuté avant l’âge de 13 ans)
- Fuguer/passer la nuit dehors au moins à deux reprises alors qu’il vivait avec ses parents/tuteurs OU fuguer une seule fois sans rentrer à la maison pendant une longue période
- Faire souvent l’école buissonnière (ayant commencé avant l’âge de 13 ans)
- Agression envers des personnes ou des animaux
- Perturbation significative du fonctionnement
- Si le trouble débute après 18 ans, les critères ne correspondent pas à la personnalité antisociale
Évolution et pronostic
Débute de manière lente, insidieuse
Début plus jeune chez les garçons que chez les filles
Mauvais pronostic : début en jeune âge, beaucoup de symptômes, expression des symptômes plus fréquente
La criminalité du parent prédit le risque d’incarcération de l’enfant
Des interventions précoces et soutenues améliorent le diagnostic
Traitement
Pharmacothérapie
Antipsychotique (risperidone, quetiapine, halopéridol): réduirait l’agressivité
Thérapie
TCC → réduit significativement le trouble de conduite chez les enfants/adolescents
Les thérapies réduisent plus efficacement l'agression que les mensonges et les vols
Trouble dépressif et suicide
Trouble dépressif
Épidémiologie
2-3% des enfants en âge scolaire
Étiologie
Même étiologie que chez les adultes
Facteurs génétiques : hérédité est importante mais pas totalement pénétrante
Stresseurs chez les enfants étant déjà prédisposés
Manifestations cliniques
Se diagnostique plus facilement si la présentation est aiguë
Mêmes critères que pour le trouble dépressif caractérisé chez l'adulte
Évolution et pronostic
⇒ Un enfant ayant fait une dépression est beaucoup plus vulnérable que les autres personnes à d’autres dépressions
Les troubles de l’humeur ont tendance à se chroniciser quand ils apparaissent en bas âge
L’évolution est compliquée quand il y a abus de substances
Pronostic : dépend de la sévérité du trouble, de la rapidité d’intervention et de l’intensité d’intervention
Les enfants de parents avec une dépression chronique sont plus à risque de refaire une dépression
Le plus grand risque de rechute est dans les 6-12 mois après l’arrêt des traitements
Les jeunes avec des troubles dépressifs majeurs sont plus à risque de faire de la bipolarité plus tard
Difficultés scolaires et sociales à court et long terme
Traitement
Pharmacothérapie
Fluoxetine : serait efficace
Effets secondaires : céphalées, insomnie, sédation, troubles gastro-intestinaux
Maintenir la médication pendant 1 an et l’enlever quand l’enfant n’a pas trop de stresseurs
Thérapie
TCC
But : contredire les croyances mal-adaptées et améliorer les habiletés de résolution de problèmes et les aptitudes sociales
Suicide
Épidémiologie
Chez les 9-16 ans
- Pensées suicidaires : 1%
- Idées suicidaires avec plan : 0,3%
- Tentatives de suicides : 0,25%
Chez les 14-18 ans
- Pensées suicidaires : 2,7%
- → Plus de suicides chez les filles de cette tranche d’âge que chez les garçons
Étiologie
Incapacité de penser à des solutions viables pour des problèmes et manque de mécanismes d’adaptation pour passer les crises immédiates
Facteurs génétiques : plus de risque si les membres de la famille proche ont eut des comportements semblables
Facteurs biologiques : problème avec la sérotonine (densité des récepteurs de sérotonine plus faible)
Facteurs psychosociaux : désespoir, impulsivité, utilisation récurrente de substance, agressivité, exposition à la violence dans la maison, vie familiale stressante de manière chronique, abus sexuel (très important)
Manifestations cliniques
Important de poser des questions directes sur la pensée suicidaire, et de les poser aux enfants, pas aux parents
Les pensées suicidaires et les menaces de suicide sont plus fréquentes que les tentatives de suicide
Anxiété et impulsivité augmentent le risque de suicide
Identifier le risque de suicide
Évolution et pronostic
Souvent besoin d'une hospitalisation et d'antidépresseurs
Phobie sociale et anxiété de séparation
Épidémiologie
Les troubles anxieux touchent 10 à 27% des enfants/adolescents
Chez 9,5% des enfants en âge préscolaire
Étiologie
Présence de psychopathologie chez les parents
Parents trop protecteurs
Dépression et anxiété chez la mère
Timidité et retrait social dans les situations nouvelles → anxiété de séparation
Parents très inquiets : l’enfant aura plus de difficultés à s’adapter aux situations nouvelles et inquiétantes
Hérédité
Manifestations cliniques
Critères du DSM-5 pour l'anxiété de séparation
- Peur/anxiété excessive, au moins 3 symptômes
- Détresse excessive et récurrente dans les situations de séparation de la maison ou des principales figures d’attachement ou en anticipation de situations de séparation
- Soucis excessifs et persistants concernant la disparition des principales figures d’attachement ou un malheur pouvant leur arriver
- Soucis excessifs et persistants qu’un événement malheureux viennent séparer le sujet des figures d’attachement
- Réticence persistante ou refus de sortir de la maison
- Appréhension/réticence excessive et persistante à rester seul/sans les figures d’attachement
- Réticence persistante/refus de dormir en dehors de la maison
- Cauchemars répétés à thèmes de séparation
- Plaintes somatiques répétées lors des séparations
- La peur/anxiété persistent au moins 4 semaines chez les enfants/adolescents ou 6 mois ou plus chez les adultes
- Détresse et altération du fonctionnement cliniquement significative
- Trouble pas mieux expliqué par un autre trouble mental ou un abus de substance
Évolution et pronostic
En fonction de l’âge de début, des comorbidités et de présence/absence de trouble dépressifs
Facteurs de bon pronostic
- Bon maintien de résultats scolaires
- Bon maintien de relations sociales
Traitement
Thérapie familiale et TCC
Antidépresseurs
Idéalement : TCC+ISRS
Troubles des conduites alimentaires
Anorexie
Épidémiologie
Incidence en augmentation à travers les années
0,5-1% des adolescentes
Beaucoup plus fréquent chez les filles que les garçons
Débute généralement entre 10 et 30 ans
Étiologie
Facteurs biologiques : moins de noradrénaline
Facteurs génétiques : il y aurait une prévalence un peu plus élevée dans les histoires familiales positives
Facteurs sociaux : chez les hommes, les homosexuels auraient une prévalence plus élevée, personne étant des over-achievers, qui répondent à la pression sociale d’être mince
Facteurs psychologiques : manque de sens de l’autonomie et de soi
Manifestations cliniques
La perte de poids se fait souvent en secret
Les patients peuvent refuser de manger devant leur famille ou dans des lieux publics
Utilisation excessive de l’entraînement physique pour perdre du poids, combinée à une diète trop faible
Le patient a tendance à nier ses symptômes et à résister au traitement
Manifestations comportementales possibles
- Obsession-compulsion
- Dépression
- Anxiété
Souvent ralentissement du développement sexuel
Critères du DSM-5
- Restriction des apports énergétiques par rapport aux besoin, conduisant à un poids significativement pas (inférieur au poids minimal attendu)
- Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, ou comportement persistant interférant avec la prise de poids alors que le poids est significativement bas
- Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi, manque de reconnaissance persistant de la sévérité de la maigreur
Spécifier
- Type restrictif : pas de phase d’hyperphagie, de vomissements, de purgatifs dans les 3 derniers mois
- Type accès hyperphagique/purgatif : présence d’accès récurrent de gloutonnerie/vomissements dans les 3 derniers mois
Sévérité
- Léger : IMC>17
- Moyen 16<IMC<16,99
- Grave : 15<IMC<15,99
- Extrême : IMC<15
Évolution et pronostic
Variable : peut aller de la rémission spontanée complète sans traitement à l’hospitalisation pour maigreur extrême
Pronostic assez mauvais en général, avec un taux de mortalité de 5-18%
Les résultats à court terme en hospitalisation sont assez bons, mais ceux qui réussissent à gagner du poids restent souvent préoccupés par le poids et l’apport calorique, avec de mauvaises relations sociales et de la dépression
Facteurs de bon pronostic
- Admission de la faim
- Diminution du déni
- Estime de soi augmentée
Facteurs de mauvais pronostic
- Début à l’enfance
- Conflits parentaux
- Boulimie
- Vomissements
- Abus de laxatif
- Manifestations comportementales
Traitement
Hospitalisation → première chose à faire, pour restaurer l’état nutritionnel du patient (déshydratation, famine, électrolytes)
⇒ La décision d’hospitaliser est basée sur l’état du patient et le niveau de structure nécessaire pour s’assurer de la coopération du patient
⇒ Plusieurs patients résistent au traitement, ne veulent pas s’améliorer et nient leurs symptômes et leur maigreur
Thérapie : TCC, thérapie familiale
Pharmacothérapie : rien d’efficace pour l’instant
Boulimie
Épidémiologie
Plus prévalente que l’anorexie, 1-4% des jeunes femmes
Débute plus tard que l’anorexie, plus vers la fin de l’adolescence
Se présente parfois chez des femmes dans leur poids santé, mais avec une histoire d’obésité
Touche plus les femmes que les hommes
Étiologie
Facteurs biologiques : implication de la sérotonine et de la noradrénaline, augmentation des endorphines après les vomissements
Facteurs sociaux : personne étant des over-achievers, qui répondent à la pression sociale d’être mince
Facteurs psychologiques : les patients seraient plus extravertis, colériques et impulsifs que les anorexiques, association avec l’alcoolisme, le vol à l’étalage et la labilité émotionnelle → plus égo-dystone que les anorexiques donc demandent de l’aide plus rapidement
Manifestations cliniques
Les patients sont souvent dans leur poids santé
Critères du DSM-5
- Survenue récurrente d’accès d’hyperphagie répondant aux deux critères suivants
- Absorption, en un période de temps limitée (<2h) d’une quantité de nourriture largement supérieure à ce que la plupart des gens mangeraient dans cette période
- Sentiment de perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise
- Comportements compensatoires récurrents et inappropriés visant à prévenir la prise de poids (vomissement provoqués, abus de laxatif, jeûne, exercice physique excessif)
- Les accès d’hyperphagie et les comportements compensatoires surviennent en moyenne (tous les deux) au moins une fois par semaine pendant 3 mois
- Estime de soi influencée de manière excessive par le poids et la forme corporelle
- Le trouble n’est pas expliqué par de l’anorexie mentale
Spécifier la sévérité
- Léger : 1-3 épisodes par semaine
- Moyen : 4-7 épisodes par semaine
- Grave : 8-13 épisodes par semaine
- Extrême : au moins 14 épisodes par semaine
Évolution et pronostic
Meilleur pronostic que l’anorexie, mais les patients non traités n’ont pour ainsi dire pas d’améliorations avec le temps
Facteurs de mauvais pronostic
- Longue histoire de boulimie
- Abus de substances
Taux de mortalité à 2% environ
Traitement
La plupart des patients avec une boulimie simple ne nécessitent pas d’hospitalisation car ils ne sont pas déshydratés et n'ont pas de débalancement électrolytiques
Les patients sont moins secrets par rapport à leurs symptômes que les anorexiques
Hospitalisation : quand la psychothérapie à long terme ne fonctionne pas, quand il y a des problèmes psychiatriques en plus (pensées suicidaires, abus de substance) et quand les accès d’hyperphagie sont hors de contrôle
Le traitement n’est généralement pas trop difficile
Pharmacothérapie
ISRS et autres antidépresseurs → réduisent les accès d’hyperphagie, peu importe la présence/absence de trouble de l’humeur associé
Thérapie
TCC → première ligne de traitement, 18-20 sessions sur 5-6 mois
But : arrêter les accès d’hyperphagie/comportements compensatoires et améliorer les fausses croyances du patient