ULaval:MED-1208/Masses rénales
Définition
Une masse rénale est une augmentation, en partie ou dans son ensemble, du volume d'un rein, aux dépens du parenchyme ou du système excréteur (calices et bassinet). Une masse rénale peut apparaître de façon aiguë ou chronique, congénitale ou acquise, unilatérale ou bilatérale.
Schéma de classification
Voici un échantillon d’étiologies pouvant expliquer une masse rénale. C’est d’abord le schéma de classification qui nous intéresse.
Liquidienne | Solide | |
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Parenchyme |
|
|
Système excréteur | Hydronéphrose | Tumeur urothéliale du bassinet ou des calices |
Présentation clinique
Les masses rénales sont habituellement découvertes par une des manifestations suivantes.
- Douleur en raison d’une
- Hémorragie
- Ischémie
- Obstruction (coliques néphrétiques)
- Hématurie (totale)
- Fièvre, en raison
- d’une infection
- d’une nécrose
- d'un syndrome paranéoplasique
- Masse palpable
- Perte de poids, en raison d’une
- Infection chronique
- Néoplasie
- Histoire familiale (maladie héréditaire)
- Découverte fortuite
Méthodes d'imagerie
Échographie rénale
- Absence d’irradiation
- Qualité de l’examen peut être influencée par la morphométrie du patient (obésité)
- Excellent examen de dépistage
- Distinction masse liquide vs. solide
Urographie intraveineuse
- Imagerie qui offre à la fois des informations:
- Anatomiques (visualisation de tout l'intérieur des vois excrétrices)
- Fonctionnelles (degré d'excrétion du produit de contraste informe sur la fonction de ce rein
- Imagerie graduellement remplacée par la TDM avec phase tardive
- Nécessite l'utilisation de produits de contraste iodés (risque allergique et risque de néphropathie de contraste)
- Irradiation +
-
-
-
Tomodensitométrie (TDM ou TACO)
- Parenchyme homogène, en forme de C en son centre
- Rapports anatomiques évidents
- Le produit de contraste (à base d’iode) permet de visualiser les cavités
- Irradiation ++
-
TDM sans contraste
-
TDM avec contraste (phase précoce)
-
TDM avec contraste (phase tardive). Les uretères sont opacifiés.
-
TDM avec contraste (phase tardive). Le calice et le bassinet sont opacifiés.
Résonance magnétique
- Imagerie transversale similaire à la TDM
- Pas d’irradiation
- Utile dans la caractérisation de certaines masses rénales dont la nature demeure indéterminée après une TDM et échographie
- Utile pour l’étude de la vascularisation
- Utile chez patients présentant une allergie à l'iode
Scintigraphie rénale
- Examen diagnostique dynamique
- Peu de détails anatomiques
- Quantification de la fonction de chaque rein
- Irradiation +
-
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Kyste simple du rein
- Représente plus de 70 % de toutes les masses rénales asymptomatiques
- Plus fréquent chez les hommes (2:1)
- Retrouvé chez plus de 50 % des hommes > 50 ans
- Inhabituel chez l’enfant
- Anomalie acquise d’origine indéterminée
- Le type d’anomalie kystique le plus fréquent
- Peut être unique ou multiple
- Peut être unilatéral ou bilatéral
Manifestations cliniques
- Habituellement asymptomatique
- Masse abdominale souvent découverte fortuitement à l'échographie ou à la TDM
- Sensibilité ou lourdeur abdominale
- Masse palpable
- Douleur si saignement
- Infection secondaire
Évaluation radiologique
On fait l’évaluation à l’échographie et à la TDM généralement
- Il n’y a pas d’autre évaluation nécessaire si l’image radiologique est typique d’un kyste simple
- Paroi mince
- Pas de débris interne
- Absence de septation ou nodularité interne
- Par contre, si ces anomalies sont présentes :
- kyste complexe ;
- risque de cancer associé ;
...alors on fait une TDM sans et avec contraste afin d’en faire l’évaluation plus approfondie.
-
-
Images radiologiques de kystes rénaux complexes
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Traitement
- Conservateur
- Asymptomatique
- Aucune suspicion de malignité
- Chirurgical ou drainage et injection d’agents sclérosants
- Si symptomatique (rare)
- Généralement kystes très volumineux
- Le volume du kyste en soi n’a aucune valeur dans la prise en charge thérapeutique.
Classification de Bosniak des kystes rénaux
La classification de Bosniak nous permet d’évaluer le risque de cancer au sein d’un kyste complexe. Elle est basée sur des critères objectifs à la tomodensitométrie.
- Bosniak 1 : kyste simple à Risque de cancer 0 %
- Bosniak 2 : kyste avec 1 ou 2 fines septations à Risque de cancer ≤ 5 %
- Bosniak 3 : kyste avec parois ou septations épaissies, présentant rehaussement à la TDM à Risque de cancer 50 %
- Bosniak 4 : kyste avec nodule interne qui rehausse à la TDM à Risque de cancer 85 %
Règle générale :
- Bosniak 1 ou 2 ne nécessite pas d’intervention ou de suivi.
- Bosniak 3 ou 4 nécessite l’exérèse du kyste en chirurgie car risque de néoplasie important.
Hydronéphrose
Définition
- Dilatation du système pyélocaliciel (bassinet et calices).
- On doit considérer qu'il existe une obstruction plus distalement jusqu’à preuve du contraire.
- Cependant, une hydronéphrose peut parfois être non obstructive.
- L’hydronéphrose engendre une insuffisance rénale post-rénale si la cause est obstructive :
- L’atrophie du néphron distal débute le 7e jour.
- L’atrophie des régions corticales s’amorce à partir du 14e jour.
- Les glomérules sont touchés en dernier.
- À noter : chez une personne avec deux reins normaux, l’obstruction complète d’un rein peut passer inaperçue.
Manifestations cliniques
- Masse au flanc ou à l’abdomen
- Infection urinaire
- Douleur aiguë ou chronique
- Hématurie
- Insuffisance rénale
- Hypertension
Investigation
Échographie
- Bassinet distendu
- Communication avec des calices dilatés
Scintigraphie rénale avec diurétique
- Pour différencier l’obstruction d'une stase non obstructive
Pyélographie rétrograde
- Pour mieux visualiser l’uretère
- Pour préciser davantage le site de l’obstruction
Procédure : Un cytoscope est introduit dans l’urètre jusque dans la vessie ; un cathéter urétral, inséré dans l’instrument, est dirigé vers un orifice urétéral ; de la substance de contraste radioopaque est injectée à travers le cathéter afin de visualiser le système collecteur.
Voici l’image radiologique après injection de produit de contraste radio-opaque.
Tomodensitométrie
- Visualisation du parenchyme rénal et des cavités
- Localiser le niveau d’obstruction et l’étiologie
Cystographie mictionnelle
- Pour éliminer un reflux vésico-urétéral
- Nous n’avons pas de clichés de cet examen… Désolé !
Étiologies
Causes obstructives fréquentes
- Bassinet ou uretère
- Tumeur urothéliale
- Calcul
- Jonction pyélo-urétérale
- Obstruction primaire (syndrome de la jonction)
- Compression extrinsèque
- Tout phénomène comprimant la paroi urétérale (ex. utérus gravide)
- Cancer
- Rectum et sigmoïde
- Col de l’utérus
- Ovaire
- Prostate
- Métastases ganglionnaires
Causes non obstructives possibles
- Obstruction antérieure résolue (bassinet reste flasque)
- Reflux vésico-urétéral
- États de polyurie
Traitement
But : Soulager l’obstruction !!!
- Temporaire afin de lever l’obstruction
- Double J
- Néphrostomie percutanée
- Chirurgies
- Traitement de la cause
- Reconstruction des voies urinaires hautes
- Néphrectomie si le rein n’est plus fonctionnel
Le carcinome rénal
- Synonymes
- Carcinome rénal à cellules claires
- Tumeur de Grawitz
- Hypernéphrome
- La tumeur rénale la plus fréquente
- Âge : 5e et 6e décades
- 3H : 1F
- 6e cancer en importance chez l’homme
- 10e cancer en importance chez la femme
- Étiologie inconnue
- Tabac 1.5-2 fois le risque
- Forme héréditaire (rare)
Métastases
- Par voie lymphatique
- Par voie sanguine
- Veine rénale/veine cave inférieure
- Sites
- Poumons 55 %
- Ganglions 34 %
- Foie 33 %
- Os 32 %
Symptômes
- Le plus souvent asymptomatique
- Triade classique
- Douleur au flanc
- Hématurie
- Masse abdominale
- Syndromes paranéoplasiques
- Érythrocytose
- Anémie
- Hypercalcémie
- Dysfonction hépatique
- Fièvre
- Perte de poids
Investigation
- Prise de sang
- Créatinine pour fonction rénale
- Formule sanguine pour vérifier hémoglobine
- Bilan hépatique
- Calcémie
- Bilan d’extension
- RX poumons
- TDM abdomen
- Scintigraphie osseuse
- Si douleur osseuse suspecte
- Si hypercalcémie ou élévation des phosphatases alcalines
Traitement
- Le traitement du cancer du rein est chirurgical.
- Néphrectomie radicale (tout le rein !)
- Néphrectomie partielle si petite tumeur (< 4cm).
À titre indicatif
Le cancer du rein est résistant à la chimiothérapie et à la radiothérapie. Les patients avec métastases sont traités habituellement avec des thérapies (orales ou IV) qui ciblent des protéines nécessaires à la croissance de la tumeur (mTOR, tyrosines kinases). Certains patients jeunes et en bonne forme peuvent être traités par immunothérapie sous forme d’IL-2 à haute dose afin de stimuler leur système immunitaire. Ce traitement est toutefois très toxique.
Maladie rénale polykystique (type adulte)
- Cause importante de maladie rénale terminale
- Incidence 1 : 500 à 1000.
- Caractérisée par :
- Transmission génétique autosomale dominante
- Déformation kystique progressive (foie et reins)
- Hypertension et hématurie
- Décès à la 6e ou 7e décade (mortalité rénale de 100 % si non dialysé ou greffé).
Manifestations cliniques
- Hypertension
- Hématurie
- Douleur
- Masses abdominales
Complications
- Ruptures kystes
- Hématurie et douleur
- Infection de kyste
- Insuffisance rénale progressive
Histoire naturelle de la maladie (idée générale)
- 30 ans = présence de kystes chez 100 % des patients porteur de la mutation
- 40 ans = hématurie
- 50 ans = hypertension
- 60 ans = insuffisance rénale progressive
- Mortalité par insuffisance rénale si pas de suppléance rénale
La pénétrance de la maladie est variable. Ceci explique que certains individus développe une maladie plus lentement évolutive et que d’autre, à l’inverse, se ramasse en dialyse à 40 ans.
La maladie rénale polykystique de type infantile est une maladie distincte avec transmission autosomale récessive.
Pathologie
- Reins augmentés de volume, réniformes
- Surface déformée par d'innombrables kystes
- Atteinte diffuse et bilatérale
- Entre les kystes, résidus de tubules et glomérules
Traitement
- Aucun traitement spécifique
- Contrôle de la TA
- Traitement symptomatique des complications
- Suppléance rénale lorsque l’IR terminale survient