Péricardite aiguë
Maladie | |||
Péricardite à l'ECG | |||
Caractéristiques | |||
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Signes | Tachycardie , Tamponnade cardiaque, Frottement péricardique , Température corporelle élevée | ||
Symptômes |
Douleur thoracique , Douleur pleurétique | ||
Diagnostic différentiel |
Embolie pulmonaire, Oesophagite, Myocardite, Pleurésie, Costochondrite, Sténose aortique, Cardiomyopathie hypertrophique, Syndrome coronarien aigu, Angine stable, Pneumonie acquise en communauté, ... [+] | ||
Informations | |||
Terme anglais | Pericarditis | ||
Wikidata ID | Q501561 | ||
Spécialités | Cardiologie, Médecine interne, Médecine d'urgence, Chirurgie thoracique, Chirurgie cardiaque | ||
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La péricardite est une inflammation du péricarde et représente le processus pathologique le plus courant impliquant le péricarde. [1] Elle peut être classée en quatre catégories[1]:
- la péricardite aiguë (4-6 semaines)
- la péricardite subaiguë (4-6 semaines à 3 mois)
- la péricardite chronique (> 3 mois)
- la péricardite récurrente (récidive après 4-6 semaines), qui se produit dans 30 % des cas.
Épidémiologie
La péricardite aiguë est l'une des formes les plus courantes de maladie péricardique et une cause fréquente de douleur thoracique. La péricardite peut aussi être associée à des traumas, à l'urémie, à des maladies systémiques et à des maladies malignes. Elle est plus fréquente chez les hommes. [2][3] La péricardite aiguë représente environ 5 % des présentations de douleurs thoraciques non ischémiques aux urgences et 0,1 % des hospitalisations. [4]
Étiologies
Les étiologies de la péricardite aiguë peuvent être divisées en deux groupes principaux : les causes infectieuses et les causes non infectieuses. [5][3] Jusqu'à 90 % des cas sont d'étiologie indéterminée et mènent à un diagnostic de péricardite aiguë idiopathique.[3].
Catégorie | Étiologie |
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Non infectieux |
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Virus |
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Bactérie |
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Mycose |
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Parasite |
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Physiopathologie
Le péricarde est un sac fibro-élastique à deux couches entourant le cœur. Il se compose d'une couche viscérale recouvrant l'épicarde et d'une couche pariétale richement innervée, séparée par un espace potentiel qui contient normalement de 15 à 50 ml de liquide séreux. [16][11] La péricardite survient lors de l'inflammation de ce liquide.
Présentation clinique
Facteurs de risque
Certains facteurs de risque sont à rechercher :
- un épisode viral récent (dans les semaines précédentes) [note 6]
- un antécédent d'infarctus du myocarde dans les dernières semaines
- un antécédent de cancer, de polyarthrite rhumatoïde ou de lupus érythémateux disséminé [17][18]
- l'insuffisance rénale chronique.
Questionnaire
Au questionnaire, le patient pourrait rapporter les symptômes suivants :
- une douleur thoracique centrale, sévère et d'installation rapide
- une douleur pleurétique augmentée par la toux
- une douleur fréquemment comparée à celle causée par une aiguille ou un coup de couteau (objet pointu)
- une douleur thoracique positionnelle, typiquement aggravée en décubitus dorsal et améliorée en position assise ou en se penchant vers l'avant
- une douleur pouvant également irradiée au muscle trapèze.[4][19]
Si une myocardite est également présente, des symptômes d'insuffisance cardiaque doivent être recherchés. [20][3]
Examen clinique
À l'examen clinique, on pourrait objectiver [3][21]:
- aux signes vitaux :
- une tachycardie et une fièvre légère
- à l'examen cardiaque :
- un frottement péricardique [Pr: 35-85 %] en parasternal gauche[22][note 7]
- la présence ou l'absence de signes de tamponnade cardiaque.
Le reste de l'examen est normal : il faut plutôt chercher des éléments en faveur d'une étiologie spécifique (ex. signes de traumatisme thoracique récent ou sternotomie récente).
Examens paracliniques
Bilan initial
Les examens paracliniques suivants sont requis dans la majorité des cas suspectés de péricardite aiguë [23] :
- une FSC
- une protéine C réactive
- une troponine
- en présence de troponines positives (30 %), il faut d'abord envisager des diagnostics alternatifs, mais également envisager la présence d'une myopéricardite pour laquelle une échographie cardiaque est nécessaire afin d'évaluer la fraction d'éjection du ventricule gauche (FEVG).
- un ECG :
- l'échographie cardiaque transthoracique à la recherche d'un épanchement péricardique (anormale dans 60 % des cas)
- une radiographie pulmonaire pour évaluer la présence de diagnostics alternatifs.
Stade | Changement à l'ECG | Image |
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Stade I | ||
Stade II |
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Stade III | ||
stade IV |
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Bilan complémentaire
Si une cause spécifique est suspectée, des tests supplémentaires peuvent être justifiés, et seront adaptés à cette étiologie spécifique. [3]
Examens paracliniques complémentaires | Explications |
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Laboratoires | Chez certains patients, ces tests peuvent également être effectués en fonction de l'état clinique et des antécédents du patient :
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Imagerie | Les lignes directrices de l'ESC 2015 soutiennent l'obtention d'une tomodensitométrie (TDM) ou d'une imagerie par résonance magnétique (IRM) en tant que recommandations de classe I lorsque des tests de deuxième intention sont requis. [26][27]
|
Péricardiocentèse | Des analyses sur le liquide péricardique peuvent également être effectuées pour orienter vers une cause sous-jacente (cytologie, gram, culture et décompte cellulaire). Une péricardiocentèse est surtout effectuée lorsque la quantité de liquide est significative ou lorsque le patient présente des symptômes d'instabilité hémodynamique ou de tamponnade cardiaque. |
Approche clinique
Dans le contexte aigu, il est essentiel d'éliminer les causes potentiellement mortelles avant de poser le diagnostic de péricardite aiguë. [29][3] Puisque la péricardite se présente sous forme de douleur thoracique, l'approche clinique est donc celle de la douleur thoracique.
Diagnostic
Deux des quatre critères suivants doivent être présents pour diagnostiquer une péricardite aiguë[23] :
- une douleur thoracique compatible
- un frottement péricardique à l'auscultation
- des changements suggestifs à l'ECG
- un épanchement péricardique (nouveau ou aggravé).
Dans les présentations atypiques, l'ajout de trouvailles aux analyses de laboratoires, tels que des biomarqueurs inflammatoires élevés (VS, CRP, leucocytose) et des signes d'inflammation péricardique sur l'imagerie avancée, peuvent confirmer le diagnostic. Bien que souvent présent, l'épanchement péricardique n'est pas nécessaire pour poser un diagnostic définitif de péricardite aiguë. [30][3]
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel de la péricardite sont [3][29] :
- au niveau cardiaque :
- un syndrome coronarien aigu[note 9][31]
- une ischémie sous-endocardique associée à une sténose aortique
- une ischémie sous-endocardique associée à une cardiomyopathie hypertrophique
- une angine stable
- une myocardite
- une dissection aortique
- une tamponnade cardiaque
- au niveau pulmonaire [note 10] :
- une pleurésie
- une pneumonie bactérienne
- une embolie pulmonaire
- au niveau musculosquelettique :
- une douleur osseuse
- une costochondrite
- au niveau digestif[note 11] :
- un spasme œsophagien
- une oesophagite
- une pancréatite aigue.
- autre :
- une douleur référée (ex: cholécystite aiguë).
Traitement
Intervention | Description |
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Mesures générales |
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Péricardite aiguë |
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Péricardite persistante ou récurrente non infectieuse |
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Tamponnade associée | |
Péricardite constrictive |
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Anticoagulation |
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Associée à l'urémie |
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La réponse au traitement est évaluée cliniquement en fonction du soulagement des symptômes et de la CRP.
Complications
Les complications comprennent :
- la péricardite récurrente
- la péricardite constrictive
- l'épanchement péricardique
- la tamponnade cardiaque.
Évolution
Le pronostic global de la péricardite aiguë est excellent: la plupart des patients se rétablissant complètement. À ce jour, jusqu'à 30 % des patients non traités par la colchicine pourront présenter une péricardite récurrente. La péricardite constrictive est extrêmement rare après une péricardite aiguë idiopathique, survenant dans moins de 1 % des cas. Cependant, le risque de constriction augmente avec des étiologies spécifiques, en particulier la péricardite purulente bactérienne ou tuberculeuse, et peut atteindre 30 %. [36][37] La tamponnade cardiaque en tant que complication aiguë la plus redoutée survient rarement après une péricardite idiopathique, mais est plus fréquemment associée à une malignité et à des causes infectieuses de péricardite. [38][3]
Les patients qui présentent des marqueurs de mauvais pronostic ou qui ne répondent pas au traitement dans un délai d'une semaine doivent être admis et examinés plus avant. Ces marqueurs comprennent la fièvre (> 38 °C), la présentation subaiguë ou récurrente, la présence d'un épanchement péricardique important (> 20 mm d'épaisseur) ou la physiologie de la tamponnade cardiaque à l'échocardiogramme (comme un collapsus diastolique ventriculaire droit, une variation respirophasique de plus de 25 % du flux transmetteur tout au long du cycle respiratoire et une veine cave inférieure dilatée avec collapsus inspiratoire < 50 % indiquant des pressions de remplissage auriculaires droites élevées). [39][40] Les marqueurs mineurs de risque comprennent l'immunosuppression, les traumatismes ou la myopéricardite chez les patients présentant une élévation de la troponine associée à une élévation des marqueurs inflammatoires.[3]
Notes
- ↑ Peut également provoquer une péricardite avec un début précoce après une blessure, ou, plus fréquemment, entraîner une réaction inflammatoire retardée.
- ↑ Il s'agit d'un syndrome bien connu où la péricardite est précédée d'un syndrome coronarien aigu avec une réponse inflammatoire retardée, généralement quelques semaines après l'événement initial.
- ↑ Rares dans les pays développés
- ↑ Cela est particulièrement vrai chez les patients séropositifs pour le VIH, où le taux d'infection est signalé comme étant en augmentation.
- ↑ Cas de tamponnade cardiaque purulente mettant la vie en danger, rapportés dans la littérature.
- ↑ Infections des voies respiratoires inférieures (IVRS), symptômes grippaux, gastro-entérite
- ↑ Il consiste en un son triphasique râpeux et rugueux, souvent décrit comme un frottement de papier de soie, mais il est parfois uni ou biphasique. Lorsqu'il est absent, le diagnostic de péricardite aiguë ne peut être éliminé si une suspicion clinique suffisante est présente. Ce son correspond au frottement entre les couches péricardiques enflammées pendant la systole auriculaire, la systole ventriculaire et la diastole ventriculaire précoce. Habituellement, le frottement peut être retrouvé en appliquant une pression ferme avec le diaphragme en parasternal gauche pendant que le patient suspend sa respiration et alors qu'il est penché vers l'avant. Cependant, le médecin doit aussi écouter à plusieurs emplacements précordiaux et dans plusieurs positions, y compris le décubitus latéral à la fin de l'expiration en utilisant le diaphragme pour augmenter la probabilité de le détecter. Le frottement péricardique tend à varier en intensité et peut apparaître et disparaître sur quelques heures. Il peut être discernable uniquement lors de la présentation initiale, ou peut devenir plus bruyant à mesure qu'un épanchement péricardique existant se résorbe, facilitant la friction entre les couches viscérales et pariétales. Il ne faut pas non plus le confondre avec un frottement pleural lié à la respiration, qui peut produire un son similaire. Demander au patient de retenir sa respiration pendant l'auscultation peut aider à différencier un frottement péricardique d'un frottement pleural.
- ↑ Il existe une forte corrélation entre un état immunodéprimé et une infection fongique ou tuberculeuse.
- ↑ La douleur péricardique peut être différenciée de la douleur ischémique, qui est aggravée par l'effort et les émotions, et améliorée par le repos ou la nitroglycérine. Ce dernier est également généralement non positionnel, non pleurétique et non reproductible à la palpation. Cependant, les présentations atypiques de douleur ischémique sont nombreuses et une distinction clinique est souvent difficile.
- ↑ Si la douleur thoracique est pleurétique, mais ne s'améliore pas en s'asseyant et est associée à des symptômes respiratoires tels que la toux ou la production d'expectorations, elle est plus probablement secondaire à une maladie pulmonaire.
- ↑ D'autre part, la douleur thoracique inférieure qui peut s'améliorer en se penchant en avant, est non pleurétique et associée à la prise de nourriture devrait inciter à envisager une cause abdominale.
Pharmaco
- ↑ La colchicine est contre-indiquée pour les patients présentant une insuffisance rénale sévère et chez les femme enceintes ou qui allaitent.
- ↑ Effet secondaire fréquent = diarrhée. Effet secondaire rare = myélosuppression, anémie aplasique, toxicité neuromusculaire.
Références
- Cette page a été modifiée ou créée le 2021/01/30 à partir de Pericarditis (StatPearls / Pericarditis (2020/08/10)), écrite par les contributeurs de StatPearls et partagée sous la licence CC-BY 4.0 international (jusqu'au 2022-12-08). Le contenu original est disponible à https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28613734 (livre).
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