Grossesse (programme d'exercices)

De Wikimedica
Grossesse (programme d'exercices)
Programme d'exercices

Programme d'exercices
Indications Grossesse
Contre-indications absolues
Embolie pulmonaire, Maladies cardiovasculaires, Épilepsie, Retard de croissance intra-utérin, Diabète de type 1, Maladie thyroïdienne, Hypertension gestationnelle, Pré-éclampsie, Anémie sévère, Fausses couches, ... [+]
Contre-indications relatives
Maladie pulmonaire obstructive chronique, Anémie, Sédentarité, Antoine Mercier-Linteau/Brouillons/Arythmies cardiaques, Trouble alimentaire, Maladie respiratoire, Malnutrition maternelle, Faible poids maternel, Col de l'utérus dilaté
Complications
Hypoglycémie, Décollement placentaire, Traumatisme, Rupture prématurée des membranes, Coup de chaleur, Crise hypertensive, Entorse, Bradycardie foetale, Rupture placentaire, Entorses, ... [+]
Informations
Spécialités Obstétrique, Médecine familiale, Kinésiologie


La pratique d'activités physiques chez les femmes enceintes comporte de nombreux bénéfices. Cette page traite des particularités en lien avec cette clientèle.

Contexte

L’activité physique (AP) apporte plusieurs bienfaits chez les femmes enceintes lorsqu'elle est pratiquée de façon sécuritaire. Elle apporte un minimum de risques autant pour le bébé à venir que pour la mère[1]. Il existe encore des mythes concernant la grossesse et le risque de faire une fausse couche. Une grossesse peut être une incitation chez les femmes de développer de saines habitudes de vie, par contre, pour d’autres, cela pourrait représenter une occasion d’arrêter de bouger par peur et manque de connaissances[2]. Malgré les différentes lignes directrices en lien avec la grossesse et l'AP, seulement 15% des femmes vont atteindre la recommandation minimale de 150 minutes d'AP d'intensité modérée par semaine[3]. L'objectif est d'expliquer les bienfaits de l'AP et la façon de faire de l'AP durant la grossesse.

Indications

L'AP est indiquée chez les femmes enceintes n'ayant pas de contre-indications.

Des sous-groupes ont été étudiés: les femmes qui étaient inactives avant la grossesse, les femmes atteintes de diabète gestationnel et les femmes obèses ou en surpoids (indice de masse corporelle (IMC) avant la grossesse > 25kg/m2)[2][3][4]. Il est sécuritaire pour ces femmes de faire de l'exercice.

Avant la participation à l'exercice, un questionnaire d'évaluation de l'état de santé peut être rempli par les femmes enceintes. La Société Canadienne de physiologie de l'exercice (SCPE) propose le questionnaire « X-APP pour femmes enceintes »[4][2]. Il s'agit d'un questionnaire médical sur l'aptitude à l'AP pour les femmes enceintes. Il comprend une liste de vérification avant l'exercice, la vérification de contre-indications à l'exercice, des exemples d'exercice de renforcement musculaire et des précautions à prendre pendant l'entraînement musculaire durant la grossesse.

Contre-indications

Les femmes enceintes en santé et sans contre-indications sont encouragées à pratiquer l'AP durant leur grossesse [4]. Les femmes enceintes ayant une obésité sévère, un diabète gestationnel ou de l'hypertension devraient consulter leur médecin avant de débuter un programme d'exercice. Les contre-indications à l'exercice chez la femme enceinte sont les suivantes.[4]

Absolues

Les contre-indications absolues spécifiques en lien avec la grossesse sont :

Relatives

Les contre-indications relatives spécifiques en lien avec la grossesse sont :

Situations où il faut interrompre l'AP

En présence des symptômes suivants, une réévaluation médicale est nécessaire : [4]

  • des saignements vaginaux ou fuite de liquide amniotique
  • une dyspnée au repos
  • des étourdissements, de la faiblesse ou des céphalées
  • une douleur thoracique
  • une faiblesse musculaire
  • un douleur ou un mollet enflé
  • une diminution des mouvements foetaux.

Prescription recommandée

Contenu TopMédecine
  • Grossesse et exercice: à prescrire! (MF) (SI)

En assumant l'absence de complications durant la grossesse, l'AP devrait être faite de façon régulière durant la semaine et ajustée selon le volume total effectué, c'est-à-dire que le nombre de jours peut varier selon l'intensité et la durée de l'exercice. Il est suggéré d'accumuler au moins 150 minutes d'intensité modérée par semaine. La fréquence recommandée est un minimum de 3 jours par semaine, peut aller jusqu'à être active tous les jours[2][4]. Le volume total d'exercice devrait être réparti équitablement tout au long de la semaine afin de permettre une bonne récupération entre les entraînements. C'est pourquoi il est préférable de viser des séances de 20 à 30 minutes presque tous les jours de la semaine.

La durée totale d'exercice devrait être séparée dans la semaine (ex. sessions de 20-30 minutes), malgré que les séances sont toutes bénéfiques peu importe leur durée[5]. Pour les femmes inactives avant la grossesse, une intensité et/ou durée plus faible est recommandée plutôt que de réduire la fréquence[4]. Pour ces femmes, il est possible de débuter avec 10 minutes par jour et de progresser vers un total de 150 minutes d'activité aérobie par semaine[2].

Le test de la parole devrait être utilisé pour valider l'intensité de l'exercice : la femme devrait être capable de maintenir une conversation durant l'exercice. Si ce n'est pas le cas, l'intensité devrait être réduite[3]. La perception de l'effort (EPE) peut aussi être quantifiée à l'aide de l'échelle de Borg modifié (0-10). Il est recommandé de cibler une perception de l'effort modérée c'est-à-dire de 3-5/10. Une intensité plus grande ou une AP de longue durée peut nécessiter une prise alimentaire au préalable[4].

L'entraînement en résistance est également recommandé 2 à 3 jours non consécutifs par semaine. L'intensité doit être modérée et sous-maximale. Deux à trois séries de 8 à 10 ou 12 à 15 répétitions non maximales d'exercices touchant les groupes musculaires principaux sont recommandées. Il est possible d'utiliser le poids du corps (celui-ci peut être plus que suffisant avec l'avancement de la grossesse), les poids libres, les appareils de musculations, tant que cela est bien toléré durant la grossesse [6].La durée de repos entre les séries devrait être d'approximativement 2 minutes afin de laisser le temps à la fréquence cardiaque et respiratoire de diminuer[7].

L'entraînement en flexibilité est recommandé > 2 à 3x par semaine, mais si cela est plus efficace si c'est pratiqué chaque jour. L'intensité recommandée est d'étirer jusqu'à une sensation d'étirement ou léger inconfort et de maintenir 10 à 30 secondes. Les étirements peuvent être des étirements statiques ou dynamiques[6].

Exécution

Un échauffement au début de la séance de 10 à 15 minutes et un retour au calme à la fin de la séance de 10 à 15 minutes devrait être effectué à une intensité faible, donc aucun essoufflement et un EPE de 1-2/10 afin de réduire les risques de blessures[4].

Pour les femmes inactive avant la grossesse, il est préférable de débuter par de courtes séances de 10-15 minutes, 3x/semaine. Par la suite, augmenter la fréquence jusqu'à ce qu'elle atteigne 5-7x/semaine. Une fois la fréquence désirée atteinte, allonger les séances jusqu'à 20-30 minutes avant d'augmenter l'intensité.

Pour les femmes actives avant la grossesse, elles devront peut-être modifier leur niveau d'AP en cours de grossesse. Il peut avoir des périodes où il n'est pas possible d'atteindre les recommandations dues à la fatigue ou aux inconforts en lien avec la grossesse. Les femmes sont encouragées à faire ce qu'elles peuvent et retourner progressivement vers les recommandations, si cela est possible.

Les exercices de renforcement du plancher pelvien (par exemple, les exercices de Kegel) peuvent être effectués tous les jours[8].

Les exercices de renforcement musculaire peuvent être effectués. Toutefois, les femmes qui effectuaient des exercices de renforcement avant la grossesse devraient discuter avec un professionnel de la santé afin d'ajuster l'entraînement[2].

Hydratation

Même si l'entraînement est fait dans des environnements contrôlés, les femmes enceintes devraient boire de l'eau avant, pendant et après l'AP afin de rester hydrater[4]. Avant l'entraînement, 250 ml d'eau devrait être consommée et par la suite, 250 ml d'eau par 15 minutes d'AP devrait être également consommée afin de maintenir un équilibre au niveau des liquides. S'il y a perte de poids après l'exercice dû à une perte d'eau, l'eau perdue devra être remplacée après l'entraînement. 1 L d'eau par kilo perdues devrait être consommée [7].

Activités physiques à considérer

Au niveau des exercices aérobies, les exercices comme la marche, la nage, le vélo stationnaire, les exercices aérobies avec faible impact et la course seraient à prioriser[2][4]. Pour retirer le maximum de bienfaits de l'AP, une variété d'exercices aérobie et musculaire devraient être effectués. Le yoga et les étirements peuvent également apporter des bienfaits[2].

Activités physiques à éviter

  • Les sports de contacts ainsi que les sports qui pourraient augmenter les risques de chute et de traumatisme pour la mère et le foetus devraient être évités[2][4][9].
  • Les activités qui demandent des sauts et des changements de direction rapides ne sont pas recommandées également dues à l'hyperlaxité au niveau des articulations et des ligaments durant la grossesse, ce qui augmente le risque d'entorse.
  • Les exercices en environnement chaud et humide devraient être évités. [4] Le yoga et le Pilates en environnement chaud doivent être également évités[4].
  • La plongée sous-marine devrait également être évitée à cause du risque d'accident de décompression[4][9].
  • Les exercices en décubitus dorsal devraient être évités après le premier trimestre. Des périodes d'effort ou des périodes prolongées en décubitus dorsal peuvent diminuer le retour veineux et conséquemment le débit cardiaque, réduisant ainsi le débit sanguin au niveau de l'utérus et du foetus [4]. Les femmes ayant des nausées, étourdissements ou malaise lorsqu'elles font des exercices en décubitus dorsal devraient également éviter cette position[2].
  • La manoeuvre de Valsalva, les exercices isométriques et les exercices statiques debout devraient être évités puisqu'ils peuvent diminuer le retour veineux et mener à l'hypotension[4][10].
  • Durant la grossesse, certaines femmes développent une diastase des grands droits[note 6]. Ces femmes devraient demander des conseils à un professionnel et éviter les étirements des muscles abdominaux puisqu'ils peuvent accentuer le problème[4].
  • Éviter les exercices à une fréquence cardiaque (FC) >90% de la fréquence cardiaque maximale (FCmax)[11] [12]. En effet, on suggère que le bien-être du foetus peut être compromis (bradycardie foetale) lors des exercices intenses chez la femme enceinte. Lorsque l'intensité dépasse 90% de la FCmax, il y a une réduction simultanée du débit sanguin de l'utérus <50%. Bien que l'échantillon de l'étude rapportant cette possible complication soit modeste, il faut tout de même faire preuve prudence puisqu'il existe peu de littérature à ce sujet[12]. Une des craintes est la redistribution du flot sanguin à l'exercice vers les muscles actifs. La redistribution se fait selon un effet dose-réponse à l'exercice. Le débit sanguin au niveau du placenta est important puisque la livraison d'oxygène au niveau de l'utérus et du placenta est directement proportionnelle au débit sanguin du placenta. Par contre, durant l'exercice à intensité modérée, le foetus serait d'une certaine façon protégé puisque le sang du foetus a une plus grande affinité pour l'oxygène ce qui augmenterait le transfert d'oxygène à travers le placenta [13].
  • Dû à la production de relaxine, la femme enceinte devrait s'abstenir de lever des poids trop lourds et/ou dans des amplitudes extrêmes[1].

Exercices de plancher pelvien

À l'expiration, la patiente doit s'imaginer vouloir rapprocher les crêtes iliaques (contraction du transverse de l'abdomen) et contracter le plancher pelvien : la patiente devrait avoir la sensation de retenir l'urine ou les gaz. Il est important de vérifier la capacité à contracter le transverse et les muscles du plancher pelvien, car 30% des femmes sont incapables de contracter leur plancher pelvien lors d'une première consultation[11].

Complications

Les complications de l'activité physique durant la grossesse sont :

Suivi

Compte tenu du fait qu'une bradycardie foetale a été observée chez certaines femmes à une intensité >90% de la FCmax, la fréquence cardiaque devrait être monitorée pendant l'exercice.

La perception de l'effort devrait être monitorée également puisque l'on veut que les femmes soient à une intensité où elles sont encore capables d'avoir une conversation.

Pendant la grossesse, la perception de l'effort n'est pas fortement corrélée avec les fréquences cardiaques. Une femme qui utilise l'EPE s'exercerait à une FC beaucoup plus élevée que son EPE pourrait laisser croire. Si une femme veut maintenir sa FC dans des valeurs sécuritaires, l'EPE ne devrait pas être la seule mesure d'intensité de l'exercice, surtout à partir du deuxième trimestre[11].

La grossesse est associée avec un risque de pré-éclampsie et d'hypertension gestationnelle : la tension artérielle doit être mesurée régulièrement chez les femmes enceintes.

Un suivi au niveau du gain de poids devrait également être fait. La demande calorique augmente d'environ 300 kcal/jour durant la grossesse. Les femmes devraient augmenter leur prise alimentaire afin de combler la demande supplémentaire due à la grossesse et due à l'AP[4]. Une prise alimentaire au-dessus ou en deçà des recommandations avec des changements au niveau de la prise de poids peut être associée à des événements indésirables durant la grossesse[14]. Malgré que l'AP aide à réguler le gain de poids durant la grossesse, les femmes qui s'entraînent au-dessus du niveau recommandé d'AP devraient surveiller leur poids afin d'assurer une prise calorique et une prise de poids adéquate[4][14].

Durant le premier trimestre, la femme subit plusieurs changements, malgré le fait que la prise de poids est minimale : une baisse du niveau d'énergie, une lombalgie et une mastalgie peuvent se développer de manière physiologique. Durant cette période, la femme enceinte devrait essayer de maintenir un équilibre et pratiquer l'AP de façon régulière (entraînement en résistance et entraînement aérobie).

Durant le deuxième trimestre, la prise de poids sera plus grande, le centre de gravité va commencer à changer et à se déplacer vers l'avant au fur et à mesure que le ventre va grossir. Durant cette période, des petites modifications devraient être faites, dont diminuer la charge et le nombre de répétitions[1]. Après le premier trimestre, les exercices demandant une flexion des hanches ou du tronc devraient être évités. Cela ajoute du stress à la région lombaire et ils peuvent provoquer des étourdissements et/ou des brûlures d'estomac[7]. Également, après le deuxième trimestre, les exercices qui demandent de lever des poids au-dessus de la tête devraient être évités puisqu'ils ajoutent également un stress au niveau du bas du dos[7].

Durant le troisième trimestre, malgré le fait que le ventre grossit encore, la femme enceinte devrait être capable de faire des entraînements de base et rester active jusqu'à l'accouchement[1]. Plus la grossesse avance, plus le poids du corps risque d'être suffisant pour certains exercices tel que le squat.

Bénéfice anticipé

L'AP durant le premier trimestre de la grossesse n'augmente pas les risques de fausse couche ou d'anomalies congénitales. Il a été démontré que de ne pas débuter l'AP dès le premier trimestre, augmente les risques de complications (l'hypertension gestationnelle, la pré-éclampsie, le gain de poids excessif, le diabète gestationnel et la sévérité des symptômes de dépression)[3].

Chez les patientes sans contre-indication, les bénéfices surpassent de loin les risques en ce qui a trait à la pratique de l'AP pendant la grossesse. Combiner l'exercice aérobie et l'entraînement en résistance est plus efficace pour améliorer la santé que l'exercice aérobie seul. Les femmes enceintes devraient être encouragées à être actives, même si elles n'atteignent pas les recommandations puisque l'AP à faible intensité apporte également des bénéfices[3].

Hypertension gestationnelle

Les femmes débutant l'exercice structuré tôt dans leur grossesse ont trois fois moins de risque de développer de l'hypertension gestationnelle[note 7], 1,5 fois moins à risque d'une prise de poids excessive et 2,5 fois moins à risque d'avoir un bébé macrosome[11].

Pré-éclampsie

La pré-éclampsie affecte entre 2 et 7% des femmes lors de leur première grossesse. L'exercice réduit le taux de pré-éclampsie en améliorant la croissance placentaire et la vascularisation, en réduisant le stress oxydatif, l'inflammation et la dysfonction endothéliale. Afin d'avoir un effet maximal, l'exercice devrait débuter lors du premier trimestre[11]. Le risque de pré-éclampsie serait réduit de 40% chez les femmes ayant fait de l'AP intense avant la grossesse, mais sans amélioration supplémentaire lorsque pratiqué plus de 5 à 6 heures par semaine. Lorsqu'effectuée avant 24 semaines, l'AP apporte une réduction de 21% des risques de pré-éclampsie, avec une diminution du risque plus grand chez les femmes faisant de l'intensité élevée (diminution de 45%). Au final, comparativement aux femmes qui ne font pas d'exercices, les femmes faisant de l'exercice avant et pendant la grossesse ont une diminution du risque de développer de la pré-éclampsie de 36%[11].

Santé mentale

Dans la population générale, 6,7% des gens souffrent de dépression sur une période de 12 mois. Durant la grossesse, la prévalence de symptômes dépressifs est de 22,6%. L'AP est généralement associée avec un risque plus faible de symptômes dépressifs. La dépression durant la grossesse est associée avec un risque augmenté d'accouchement prématuré, de croissance anormale du foetus, de faible poids à la naissance et de pré-éclampsie[11].

L'anxiété est rapportée chez environ le quart des femmes durant le premier et deuxième trimestre. Les femmes enceintes souffrent d'anxiété spécifique à la grossesse, par exemple, la peur d'avoir un enfant handicapé, la peur de l'accouchement et de l'anxiété face à leur corps qui change et leur apparence. Ces anxiétés rattachées à la grossesse ne sont pas associées avec l'anxiété générale ou les symptômes dépressifs et sont rapportées par 14,4% des femmes[11]. Les études montrent une relation inverse entre l'activité physique et l'incidence et la sévérité des symptômes de dépression. Les femmes pratiquant de l'activité physique modérée auraient un score plus faible au questionnaire mesurant les symptômes de dépression que les femmes qui ne sont pas actives.[7].

Gain de poids excessif

La prise de poids durant la grossesse est un déterminant important de la croissance du foetus. Les femmes qui prennent peu de poids ont plus de risque de donner naissance à un enfant en sous-poids. Chez les femmes qui prennent trop de poids durant la grossesse, les risques de diabète gestationnel, d'hypertension gestationnelle, d'avoir un travail plus long lors de l'accouchement, d'avoir une césarienne, d'avoir un bébé macrosome ainsi que de garder le poids gagné durant la grossesse augmentent. Chez ces femmes, le risque de développer un surpoids/obésité plus tard augmente également[3]. Une diminution du niveau d'AP entre la période prégrossesse et la grossesse est fortement associée avec une prise de poids. Les femmes suivant les recommandations en AP (>30min par jour) ont 29% moins de risque de prendre du poids de façon excessive durant la grossesse[3].

Diabète gestationnel

Le diabète gestationnel affecte près de 10% des grossesses. Les femmes diagnostiquées avec le diabète de grossesse ont 50% plus de chance de développer le diabète de type 2 dans les 5 ans suivant l'accouchement. Durant la grossesse, la résistance à l'insuline augmente et de façon compensatoire la sécrétion d'insuline augmente également. Parmi les effets indésirables chez l'enfant à naître, il y a la macrosomie, l'hypoglycémie, hypocalcémie, etc. Ces enfants ont également plus de risque de devenir obèse, d'avoir une intolérance au glucose et de développer un diabète lors de l'adolescence ou en étant jeune adulte. Les femmes enceintes ont un risque augmenté de pré-éclampsie, d'infection et d'hémorragie post-partum[11]. La pratique d'AP diminue de 38% les risques de développer un diabète gestationnel[3].

L'AP serait également utile chez les femmes ayant développé un diabète gestationnel[note 8][9][note 9][15].

Douleurs musculosquelettiques

La douleurs au niveau des articulations sacro-iliaques est présente chez 50% des femmes durant la grossesse. 20-25% des femmes auront besoin de services médicaux en lien avec ces douleurs. Plusieurs facteurs peuvent causer des douleurs pelviennes. Entre autres, une surcharge au niveau des ligaments du pelvis durant les activités, des ligaments sacro-iliaques et longs dorsaux du sacrum. Les changements au niveau de la colonne vertébrale lors de la grossesse et de la posture peuvent causer de la douleur[11] . Les femmes faisant de l'AP 3-5x par semaine avant leur grossesse ont 14% moins de risque de développer des douleurs pelviennes durant la grossesse[11]. Les douleurs lombaires sont également très présentes chez les femmes enceintes. 60% des femmes rapportent des douleurs au niveau du bas du dos [16]. Les femmes ayant une faiblesse au niveau du moyen fessier ont 6 à 8x plus de risque d'avoir des douleurs lombaires comparativement aux femmes n'ayant pas de faiblesse du moyen fessier[17].

Dysfonction du plancher pelvien

Chez les femmes enceintes, l'incontinence urinaire se produit le plus souvent à l'effort, en éternuant ou en toussant[11]. Les exercices de renforcement du plancher pelvien périnatal sont associés à une diminution du risque de souffrir d'incontinence urinaire de 50% durant la grossesse et de 35% durant la période post-partum[3]. Les femmes effectuant des exercices du plancher pelvien durant la grossesse ont 30% moins de risques de souffrir d'incontinence urinaire 6 mois post-partum.

Yoga

La pratique du yoga est bénéfique durant la grossesse : il y aurait une réduction de travail prématuré, une réduction de retard de croissance intra-utérin, une réduction de bas poids à la naissance, une diminution des troubles du sommeil et des inconforts liés à la grossesse [18]. Le yoga aurait également des bienfaits significatifs au niveau de l'humeur.[19]

Notes

  1. Les lignes directrices de l'American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) considère le retard de croissance intra-utérin comme une contre-indication relative.
  2. Les lignes directrices Canadiennes spécifient une grossesse de triplets ou plus comme une contre-indication absolue et la grossesse de jumeaux une contre-indication relative après la 28e semaine de grossesse.
  3. Les lignes directrices Canadiennes considère l'hypertension gestationnelle comme une contre-indication relative.
  4. Les lignes directrices de l'ACOG considère l'hypertension non contrôlée comme une contre-indication relative.
  5. Les lignes directrices de l'ACOG considèrent l'hyperthyroïdie comme une contre-indication relative.
  6. Séparation visible des muscles abdominaux         
  7. L'hypertension gestationnelle est une hypertension apparue après 20 semaines de gestation, sans protéinurie. Environ 6% des femmes vont développer de l'hypertension gestationnelle et 25% d'entre elles vont évoluer vers la pré-éclampsie.
  8. En effet, dans une étude randomisée utilisant un ergomètre pour les bras, 3x par semaine pendant 20 minutes à 50% du VO2max, ils ont observé une normalisation du contrôle glycémique après 4 semaines, comparativement à la diète seule
  9. Selon une autre étude, chez les femmes ayant un IMC >25 kg/m2 et un diabète gestationnel, le groupe «entraînement en résistance avec une diète» était associé avec une incidence plus faible d'utilisation de l'insuline comparativement au groupe diète seulement. Également, le groupe «entraînement en résistance et diète» avait un délai plus long entre le diagnostic de diabète gestationnel et le début du traitement à l'insuline, comparativement au groupe diète seulement

Références

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 (en) Ajibua, A. M., Bewaji, O. B. et Olatunde, A. B, « Exercise Prescription for Stages of Pregnancy and Postpartum Period. », Journal of Education and Recreation Patterns, vol. 2,‎ , p. 40-50 (ISSN 2757-9344, lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 2,8 et 2,9 SCPE, La santé par la pratique d'activité physique-SCPE (SPAP-SCPE), Canada,
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 3,7 et 3,8 (en) Michelle F Mottola, Margie H Davenport, Stephanie-May Ruchat et Gregory A Davies, « 2019 Canadian guideline for physical activity throughout pregnancy », British Journal of Sports Medicine, vol. 52, no 21,‎ , p. 1339–1346 (ISSN 0306-3674 et 1473-0480, DOI 10.1136/bjsports-2018-100056, lire en ligne)
  4. 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10 4,11 4,12 4,13 4,14 4,15 4,16 4,17 4,18 et 4,19 (en) American College of Sports Medicine, ACSM's Guidelines for Exercise Testing and Prescription, Lippincott Williams & Williams, , 513 p.
  5. (en) U.S. Department of Health and Human Services., Physical Activity Guidelines for Americans, 2nd edition., Washington, DC: U.S., Department of Health and Human Services, , 118 p. (lire en ligne)
  6. 6,0 et 6,1 (en) ACSM's, ACSM's Guidelines for Exercise Testing and Prescription, Philadelphia, Wolter Kluwer,
  7. 7,0 7,1 7,2 7,3 et 7,4 Brad Schoenfeld, « Resistance Training During Pregnancy: Safe and Effective Program Design », Strength & Conditioning Journal, vol. 33, no 5,‎ , p. 67–75 (ISSN 1524-1602, DOI 10.1519/ssc.0b013e31822ec2d8, lire en ligne)
  8. Siv Mørkved et Kari , « Effect of pelvic floor muscle training during pregnancy and after childbirth on prevention and treatment of urinary incontinence: a systematic review », British Journal of Sports Medicine, vol. 48, no 4,‎ , p. 299–310 (ISSN 0306-3674 et 1473-0480, DOI 10.1136/bjsports-2012-091758, lire en ligne)
  9. 9,0 9,1 et 9,2 R Artal, « Guidelines of the American College of Obstetricians and Gynecologists for exercise during pregnancy and the postpartum period », British Journal of Sports Medicine, vol. 37, no 1,‎ , p. 6–12 (ISSN 0306-3674, DOI 10.1136/bjsm.37.1.6, lire en ligne)
  10. MICHELLE F. MOTTOLA, « Components of Exercise Prescription and Pregnancy », Clinical Obstetrics & Gynecology, vol. 59, no 3,‎ , p. 552–558 (ISSN 0009-9201, DOI 10.1097/grf.0000000000000207, lire en ligne)
  11. 11,00 11,01 11,02 11,03 11,04 11,05 11,06 11,07 11,08 11,09 11,10 et 11,11 (en) Kari , Raul Artal, Ruben Barakat et Wendy Brown, « Exercise and pregnancy in recreational and elite athletes: 2016 evidence summary from the IOC expert group meeting, Lausanne. Part 1—exercise in women planning pregnancy and those who are pregnant », British Journal of Sports Medicine, vol. 50, no 10,‎ , p. 571–589 (ISSN 0306-3674 et 1473-0480, DOI 10.1136/bjsports-2016-096218, lire en ligne)
  12. 12,0 et 12,1 (en) Kjell Å Salvesen, Erlend Hem et Jorunn Sundgot-Borgen, « Fetal wellbeing may be compromised during strenuous exercise among pregnant elite athletes », British Journal of Sports Medicine, vol. 46, no 4,‎ , p. 279–283 (ISSN 0306-3674 et 1473-0480, DOI 10.1136/bjsm.2010.080259, lire en ligne)
  13. Michelle F. Mottola et Larry A. Wolfe, Women in Sport, Blackwell Science Ltd (lire en ligne), p. 194–307
  14. 14,0 et 14,1 « Weight Gain During Pregnancy », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant,‎ (DOI 10.17226/12584, lire en ligne)
  15. Gabrielle N Brankston, B.F Mitchell, Edmond A Ryan et Nanette B Okun, « Resistance exercise decreases the need for insulin in overweight women with gestational diabetes mellitus », American Journal of Obstetrics and Gynecology, vol. 190, no 1,‎ , p. 188–193 (ISSN 0002-9378, DOI 10.1016/s0002-9378(03)00951-7, lire en ligne)
  16. (en) Walter R. Thompson, ACSM's Clinical Exercice Physiology, Philadelphia, Wolters Kluwer Health,
  17. Nicholas A. Cooper, Kelsey M. Scavo, Kyle J. Strickland et Natti Tipayamongkol, « Prevalence of gluteus medius weakness in people with chronic low back pain compared to healthy controls », European Spine Journal, vol. 25, no 4,‎ , p. 1258–1265 (ISSN 0940-6719 et 1432-0932, DOI 10.1007/s00586-015-4027-6, lire en ligne)
  18. Shilpa Babbar, Agatha Parks-Savage et Suneet Chauhan, « Yoga during Pregnancy: A Review », American Journal of Perinatology, vol. 29, no 06,‎ , p. 459–464 (ISSN 0735-1631 et 1098-8785, DOI 10.1055/s-0032-1304828, lire en ligne)
  19. Qin Xiang Ng, Nandini Venkatanarayanan, Wayren Loke et Wee-Song Yeo, « A meta-analysis of the effectiveness of yoga-based interventions for maternal depression during pregnancy », Complementary Therapies in Clinical Practice, vol. 34,‎ , p. 8–12 (ISSN 1744-3881, DOI 10.1016/j.ctcp.2018.10.016, lire en ligne)