Épididymite aiguë

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Épididymite aiguë
Maladie

Inflammation dans l'épidydidyme se manifestant par un exsudat fibrinopurulent dans les tubules
Caractéristiques
Signes Hydrocèle, Érythème scrotal, Oedème scrotal, Écoulement urétral, Masse testiculaire, Douleur à la palpation du testicule, Signe de Prehn , Température corporelle élevée
Symptômes
Frissons, Hématurie macroscopique , Écoulement urétral, Pollakiurie , Dysurie , Hématospermie , Douleur testiculaire
Diagnostic différentiel
Épididymite chronique, Orchite, Tumeur testiculaire, Traumatisme testiculaire, Torsion testiculaire, Torsion de l'appendice testiculaire, Abcès testiculaire, Gangrène de Fourier
Informations
Terme anglais Epididymitis
Spécialités Infectiologie, médecine de famille, médecine d'urgence, urologie


L’épididymite aiguë est une inflammation de l’épididyme et des canaux déférents chez l'homme[1] d'une durée de < 6 semaines.[2]

Une inflammation des testicules concomitante (épididymo-orchite) est présente dans > 50 % des cas.[2]

Épidémiologie

L'épididymite aiguë est la cause la plus fréquente de douleur scrotale chez l'adulte et est fréquemment associée à une ITS.[1] Aux États-Unis, l'affection représentait 1 consultation sur 144 à l'urgence et en clinique externe chez les hommes de 18 à 50 ans.

Étiologies

L'épididymite aiguë est le plus souvent d'origine infectieuse et le types de bactéries en cause dépend des facteurs de risques et selon les pratiques sexuelles.[1] Les étiologies possibles sont[3]:

Physiopathologie

A:Tête de l'épididyme, B:Corps de l'épididyme, C:Queue de l'épididyme et D: Vas deferens

La physiopathologie de l'épididymite implique la propagation de micro-organismes à partir de l'urètre, de la prostate ou des vésicules séminales, ainsi qu'une propagation hématogène comme pour la tuberculose, provoquant un processus inflammatoire parenchymateux douloureux entraînant un oedème de l'épididyme. L'inflammation peut affecter également les testicules, ce qui est connu sous le nom d'épididymo-orchite. [9]

Présentation clinique

Facteurs de risque

Les facteurs de risque sont[1] :

Questionnaire

Les symptômes de l'épididymite sont[1] :

Examen clinique

L'examen clinique permet d'objectiver les signes suivants[1][14]:

Examens paracliniques

Flux sanguin augmenté par une épididymite dans l'image du haut de l'image comparé à un flux normal dans l'image du bas

Les examens paracliniques pertinents sont[1] :

Approche clinique

Envisager la possibilité d'une torsion du testicule dans tous les cas de douleur testiculaire aiguë et unilatérale. La torsion testiculaire est plus probable lorsque la douleur est soudaine et intense. Elle nécessite une évaluation et une prise en charge urgentes car la viabilité du testicule pourrait être compromise. La torsion testiculaire est plus fréquente chez les hommes de moins de 20 ans, mais elle peut survenir à tout âge.[1]

Chez les enfants et les jeunes adultes, il importe de déterminer si l'œdème scrotal a une cause non infectieuse, comme un traumatisme. Une douleur légère dont l'intensité augmente au fil des semaines ou des mois peut être le signe d'une tumeur.[1]

L'orchite accompagne souvent l'épididymite.

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel est[10]:

Diagnostic différentiel
Symptômes Signes
Torsion testiculaire[10]
  • Début brusque
  • Douleur sévère
  • Nausées et vomissements
  • Histoire de trauma
  • Douleur abdominale possible
  • Testicule asymétrique, plus haute que l'autre
  • Signe de Prehn négatif
  • Réflexe crémastérien absent
Épididymite[10]
  • Début progressif
  • Fièvre et frissons
  • Symptômes urinaires
  • Facteurs de risques
  • Oedème du testicule
  • Douleur au pôle supérieur
  • Signe de Prehn positif
  • Réflexe crémastérien présent
Torsion de l'appendice testiculaire
  • Début graduel
  • Moderate to severe pain
  • Nausées et vomissements

Traitement

Le traitement de support à appliquer dans tous les cas consiste en[2] :

  • de la glace
  • du repos
  • des anti-inflammatoires et de l'analgésie,
  • une élévation du scrotum et un support.

Causes infectieuses

Deux options s'offrent pour le traitement de l'épididymite d'origine infectieuse: traiter de façon empirique ou attendre les résultats des tests. Ceci dépend de plusieurs facteurs comme la gravité du tableau clinique, la présence de comportements à risque d'ITSS, ainsi que de la capacité de la personne à revenir pour faire un suivi.

Les traitements suggérés sont les suivants :

Traitement[14]
Catégorie Suspicion
ITS[1]
  • Facteurs de risques
Bactéries entériques
  • Sans facteurs de risques d'ITSS
  • Relation anales insertives non protégées
  • Manipulation urologiques
  • ciprofloxacine 500 mg PO BID x 10 -14 jours
  • Réévaluer à l'obtention de l'antibiogramme sur la culture d'urine
Co-infection[1]
  • Avec facteurs de risques d'ITSS
  • Relation anales insertives non protégées

Autres causes

Chez les enfants pré-pubères, ne traiter que si l'analyse d'urine est positive. L'épididymite guérit généralement avec de l'analgésie et sans complications.[21]

L'épididymite d'origine traumatique se traite avec du support.

Suivi

Évaluer la réponse au traitement 48 heures après le début du traitement. En l'absence d'amélioration clinique, revoir le diagnostic et le traitement.[1]

Lorsqu'un traitement pour une ITS est indiqué, il convient de notifier, d'évaluer, de dépister et de traiter (le cas échéant) les partenaires sexuels. Consulter les pages propres à l'étiologie (gonorrhée, chlamydia) pour connaître les recommandations sur la déclaration obligatoire et la notification aux partenaires.[1]

Référence en urologie

Référer les cas suivants en urologie[2] :

  • les garçons pré-pubères pour être évalués pour une malformation
  • les hommes de 15-50 ans avec des infections récurrentes ou une infection urinaire fébrile
  • les hommes de plus de 50 ans pour une HBP

Évolution

Les symptômes s'améliorent en 2-3 jours mais la douleur peut persister durant plusieurs semaines.[2]

Complications

Les complications potentielles sont[22] :

Prévention

La prévention passe par:

  • l'adoption de pratiques sexuelles sécuritaires
  • le dépistage des ITSS peut être proposé chez les personnes actives sexuellement[24]
  • la déclaration obligatoire des ITSS et le dépistage systématique des partenaires sexuels.

Notes

  1. L'INESSS considère l'épididymite à M. genitalium comme une possibilité tandis que Santé Canada indique que les preuves sont insuffisance pour considérer ce pathogène comme une étiologie de l'épididymite.
  2. Des symptômes d'urétrite peuvent être présents si l'épididymite est causée par une ITS.

Références

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  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 et 1,14 Agence de la santé publique du Canada, « Guide sur les Syndromes associés aux ITS: Épididymite », sur www.canada.ca, (consulté le 12 février 2022)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 John R. McConaghy et Bethany Panchal, « Epididymitis: An Overview », American Family Physician, vol. 94, no 9,‎ , p. 723–726 (ISSN 1532-0650, PMID 27929243, lire en ligne)
  3. Timothy J. Rupp et Stephen W. Leslie, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28613565, lire en ligne)
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Timothy J. Rupp et Stephen W. Leslie, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 28613565, lire en ligne)
  5. Hailey H. Choi, Andrew S. Taliaferro, Lori M. Strachowski et Priyanka Jha, « How common are traumatic injuries to the epididymis? A study of prevalence, imaging appearance, and management implications », Emergency Radiology, vol. 28, no 1,‎ , p. 31–36 (ISSN 1438-1435, PMID 32594280, DOI 10.1007/s10140-020-01814-0, lire en ligne)
  6. INESSS, « Guide d'usage optimal - Infection confirmée à Mycoplasma genitalium » [PDF], sur inesss.qc.ca, (consulté le 19 juillet 2023)
  7. Agence de la santé publique du Canada, « Mycoplasma Genitalium: Facteurs de risque et manifestations cliniques », sur www.canada.ca, (consulté le 13 août 2023)
  8. (en) The Royal Australian College of general Practitioners, « Acute scrotal pain », sur Australian Family Physician (consulté le 6 mars 2022)
  9. Chirag G Gordhan et Hossein Sadeghi-Nejad, « Scrotal pain: Evaluation and management », Korean Journal of Urology, vol. 56, no 1,‎ , p. 3–11 (ISSN 2005-6737, PMID 25598931, Central PMCID 4294852, DOI 10.4111/kju.2015.56.1.3, lire en ligne)
  10. 10,0 10,1 10,2 10,3 10,4 10,5 10,6 10,7 et 10,8 « Login - My Account - Essential Evidence Plus », sur www.essentialevidenceplus.com (consulté le 1er janvier 2023)
  11. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11350430/
  12. https://www.essentialevidenceplus.com/content/eee/359?section=4
  13. « Evaluation and treatment of hematospermia », American Family Physician, vol. 80, no 12,‎ , p. 1421–7 (PMID 20000304, lire en ligne)
  14. 14,0 14,1 et 14,2 « Guide d’usage optimal : Approche syndromique », sur inesss.qc.ca, (consulté le 6 mars 2022)
  15. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2332745/
  16. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15543483/
  17. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15543483/
  18. « Sexually transmitted diseases treatment guidelines 2002. Centers for Disease Control and Prevention », MMWR. Recommendations and reports: Morbidity and mortality weekly report. Recommendations and reports, vol. 51, no RR-6,‎ , p. 1–78 (ISSN 1057-5987, PMID 12184549, lire en ligne)
  19. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15543483/
  20. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15543483/
  21. (en) « EAU Guidelines on Paediatric Urology - INTRODUCTION - Uroweb », sur Uroweb - European Association of Urology (consulté le 2 janvier 2023)
  22. « épididymite », sur Santé Publique Ottawa, (consulté le 14 novembre 2022)
  23. « L’épididymite : l'inflammation de l'épididymite », sur https://www.passeportsante.net/, (consulté le 30 octobre 2022)
  24. « Autres infections », sur www.thelinkottawa.ca, (consulté le 30 octobre 2022)