Utilisateur:Alexandre St-Martin/Brouillons/Tuméfaction thyroïdienne (approche clinique)
Une tuméfaction thyroïdienne est une augmentation du volume ou du gonflement de la thyroïde. Il peut s'agir d'un nodule, d'une masse ou d'une hypertrophie diffuse (goitre).
Un nodule thyroïdien est une masse de petite taille, résultant d'une hypertrophie localisée de la glande thyroïde[1]. Les nodules peuvent être solitaires, multiples, kystiques ou solides[2].
Le goitre correspond a une hypertrophie de la glande thyroïde. On parle de goitre , cliniquement, lorsqu’à la palpation la surface de chacun des lobes excède celle de la dernière phalange du pouce du sujet examiné et échographiquement lorsque le volume thyroïdien excède 16 ml chez l’adolescent, 18 ml chez la femme adulte et 20 ml chez l’homme.[3]
Cette page vise à aborder l'approche clinique générale d'une augmentation de taille de la glande thyroïde.
Épidémiologie
La cause la plus fréquente de goitre dans le monde est la carence en iode, affectant environ 2,2 milliards de personnes. La prévalence et l'incidence du goitre sont basées sur le degré de carence en iode. Avec une légère carence en iode, l'incidence du goitre est de 5 % à 20 %. Avec une carence modérée, la prévalence augmente de 20% à 30%, et avec une carence en iode sévère, l'incidence augmente à plus de 30%.[4]
4 à 7 % des adultes ont des nodules thyroïdiens palpables[5]. Avec l'usage d'échographie, on estime toutefois leur incidence entre 60 et 70 %. Malgré l'usage d'iode, elle semble augmenter avec les années. Il est possible que cela soit lié aux performances de l'imagerie moderne et au dépistage plus fréquent. On pense également que l'obésité, la résistance à l'insuline et le syndrome métabolique pourraient être des facteurs qui entraîneraient une augmentation de l'incidence du goitre.[4]
Les tuméfactions thyroïdiennes sont environ 4 fois plus fréquents chez les femmes que chez les hommes[4][6][7] : la prévalence des nodules thyroïdiens palpables est estimée à 5 % chez les femmes et 1 % chez les hommes dans les régions du monde suffisamment iodées[8]. Dans les zones carencées en iode, la prévalence est de 6 % chez les femmes et de 2 % chez les hommes[9]. L'incidence des nodules thyroïdiens pourrait être plus élevé chez les femmes enceintes[5]. Il n'y a cependant pas de différence raciale dans la prévalence du goitre[4].
La prévalence des nodules thyroïdiens augmente avec l'âge : chez les hommes et les femmes âgés entre 26 et 30 ans, la prévalence est respectivement de 2,0 % et de 2,7 %. Après l'âge de 55 ans, elle passe à 14,5 % et à 18,0 % respectivement[10]. Les nodules thyroidiens sont présents chez 1-2 % des enfants[5].
La majorité des nodules thyroïdiens sont bénins[7]. Un cancer de la thyroïde est présent dans 5 à 15 % des nodules, la majorité (90 %) étant des cancers différenciés de la thyroïde[11][12].
Le risque de retrouver une tumeur maligne est plus élevé chez les jeunes patients[13], chez les hommes, chez les patients irradiés, chez les enfants et les adolescents ainsi que chez les patients avec des antécédents personnels et familiaux de cancer de la thyroïde (e.g. néoplasie endocrinienne multiple type 2, polypose adénomateuse familiale, Syndrome de Cowden)[14].
Étiologies
Les étiologies des tuméfactions thyroïdiennes sont[7][10][15][16][17][18] :
- la carence ou l'excès en iode
- l'adénome thyroïdien[note 1]
- les cancers thyroïdiens primaires (papillaire, anaplasique, folliculaire, médullaire)
- la métastase thyroïdienne (rein, sein, mélanome, poumon)[11]
- une néoplasie lymphoïde
- le goitre ovarien (struma ovarii)[19]
- l'effet de l'HCG par une môle hydatiforme, une tumeur testiculaire ou un choriocarcinome[20]
- le kyste thyroïdien[10][21] :
- les kystes simples (remplis de liquide, bénins)
- les kystes complexes (partiellement solides, hémorragiques, nécrotiques, potentiellement malins)
- le kyste colloïde
- la thyroïdite aigüe
- la thyroïdite subaiguë (de De Quervain)
- la thyroïdite d'Hashimoto
- la thyroidite lymphocytaire silencieuse
- la thyroïdite infectieuse
- la thyroïdite de Rieldel
- la maladie de Graves
- la carence en sélénium, en fer ou en vitamine A
- les aliments goitrigènes (manioc, sorgho, soja, patates douces, algue marines, légumes crucifères)[22]
- les polluants industriels (nitrates, perchlorates)
- les médicaments, dont [22][4][23]:
- le lithium[note 2]
- l'amiodarone
- l'interferon alpha
- l'interleukine-2
- les inhibiteurs de la tyrosine kinase (sunitinib, sorafenib, ipilimumab, pembrolizumab, nivolumab)
- les antithyroïdien (propylthiouracile et le methimazole)
- l'iode radioactive et le contraste iodé
- l'acromégalie
- les maladies infiltratives (sarcoïdose, amyloïdose, cystinose, histiocytose)
- le syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes, comprenant la tumeur à TSH
- des anomalies génétiques causant un trouble de synthèse des hormones thyroïdiennes, dont le syndrome de Pendred
- l'hémorragie thyroïdienne.
Physiopathologie
Au sein de la glande thyroïde, il y a deux types de cellules [24]:
- Les cellules folliculaires (épithéliales) sont impliquées dans la sécrétion d'hormones thyroïdiennes (T3 et T4). Elles sécrètent aussi la thyroglobuline, une protéine qui permet de mettre l'iode en réserve. À noter qu'un amalgame de thyroglobuline est appellé colloïde.[note 3]
- Les cellules C (cellules parafolliculaires) sont impliquées dans la sécrétion de la calcitonine et sont disposées entre les follicules de la thyroïde.
Le développement des nodules thyroïdiens peut être associé à une hyperplasie des cellules thyroïdiennes induites par différents mécanismes. Notamment, la TSH stimule la production d'AMPc, permettant l'expression du facteur de croissance IGF I. Une mutation et prolifération anormale de ces cellules mènent à la formation des nodules thyroïdiens. Les nodules capables de synthèse hormonale autonome sont appelés nodules chauds et sont le résultat de mutations somatiques régulant la croissance et la formation d'hormones thyroïdiennes. Les nodules froids sont moins bien différenciés et ne sécrètent pas d'hormones.[15][24]
Plusieurs facteurs endogènes et exogènes de nature physique et chimique affectent la thyroïde. Ces perturbations importantes peuvent s'accompagner d'une agression du tissu thyroïdien. L'environnement implique une altération de la fonction thyroïdienne, ce qui peut mener à des dysfonctionnements, des manifestations auto-immunes, une destruction glandulaire, un cancer et plus encore.[25][26]
Lésions | Physiopathologie simplifiée | |
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Goitre diffus et nodulaire non toxique[22] |
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Goitre multinodulaire toxique (maladie de Plummer)[4] |
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Thyroïdites | Thyroïdite aigue (thyroïdite suppurative ou abcès thyroïdien)[23][30] |
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Thyroïdite subaigue (de De Quervain)[31][32] |
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Maladie de Graves-Basedow (goitre diffus toxique)[33][4] |
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Thyroïdite lymphocytaire chronique (d'Hashimoto)[4][34][35] |
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Thyroïdite silencieuse lymphocytique[36] |
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Radiation |
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Thyroïdite médicamenteuse | Les médicaments altèrent différentes étapes de la fonction thyroïdienne. Plusieurs sont associés à une thyroïdite ou une destruction directe des cellules thyroïdiennes[23] :
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Thyroidite iatrogénique |
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Thyroïdite de palpation[23] |
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Thyroïdite de Rieldel[39] |
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Néoplasies | Adénome[40] |
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Cancers bien différenciés (papillaire et folliculaire) |
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Carcinome médullaire |
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Carcinome anaplasique |
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Autres | Acromégalie[41] |
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Concentration élevée de hCG |
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Goitre ovarien |
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Hémorragie[42] |
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Kyste |
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Maladies infiltratives[43][44] |
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Syndrome de sécrétion inapproprié de la TSH[45][46] |
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Trouble de synthèse des hormones thyroïdiennes[47] |
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Évaluation clinique
Le goitre peut être découvert à l'inspection ou la palpation cervicale par le patient lui même, son entourage ou son médecin (40 à 50 % des cas). Cependant, de plus en plus souvent (30 à 40 % des cas), il s'agit d'une découverte fortuite lors d'un examen d'imagerie (échographie, scanner, scintigraphie, TEP) et cette proportion est en constante augmentation.
Facteurs de risque
Les facteurs de risques à rechercher lors d'un nodule thyroïdien sont[6][7][10][14][21][48] :
- des antécédents personnels et familiaux de maladie thyroïdienne
- des antécédents familiaux de cancer de la thyroïde
- l'âge (les enfants et les jeunes adultes sont plus à risque de malignité)
- le sexe féminin
- les rayonnements ionisants (imagerie, radiothérapie, traitement ionisant, évènement ou arme nucléaire)
- le tabagisme
- l'obésité, le syndrome métabolique et l'hyperinsulinémie[note 4][49]
- la déficience en iode
- la consommation d'alcool
- l'IGF-1 augmenté
- les fibromes utérins.
Par ailleurs, les facteurs associés à une possible diminution du risque de nodule thyroïdien sont l'utilisation de contraceptifs oraux et de statines[7][50].
Questionnaire
Des informations doivent être obtenues à l'interrogatoire et peuvent orienter le diagnostic[4] :
- Les antécédents personnels de chirurgie ou de maladies
- Les antécédents familiaux de maladies thyroïdiennes
- les antécédents médicamenteux (en particulier l'utilisation de lithium et d'amiodarone)
- la région d'origine pour évaluer l'apport en iode
- l'irradiation de la tête ou du cou ou l'exposition accidentelle à de l’iode radioactif.
Les symptômes à rechercher sont [6][11][12][28][50][51][52][53] :
- une tuméfaction en regard de la thyroïde douloureuse ou non douloureuse
- les caractéristiques orientant vers un diagnostic malin[54] :
- la dysphagie
- la dysphonie
- une croissance rapide
- une sensation d'étouffement
- l'odynophagie
- la dyspnée
- la toux
- les caractéristiques orientant vers un diagnostic bénin :
- les patients asymptomatiques
- la découverte fortuite
- une croissance lente
- de la fièvre
- les symptômes d'hyperthyroïdie ou d'hypothyroïdie.
La fonction hormonale thyroïdienne et le taux de croissance de la glande thyroïde reflètent la présentation clinique d'un goitre. La majorité demeurent euthyroïdiens. La croissance est généralement lente et les patients s'adaptent très bien à l'élargissement de la thyroïde à un endroit anatomique habituel sans aucun signe ni symptôme, sauf pour des problèmes esthétiques ou si la thyroïde se développe en dessous de la cavité thoracique. Une croissance rapide peut être due à une hémorragie dans un nodule, à des troubles inflammatoires de la thyroïde ou à une tumeur maligne.[4]
Type de symptômes | Signes cliniques retrouvés chez le patient |
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Hyperthyroïdie |
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Hypothyroïdie |
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Compression |
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Examen clinique
À l'examen clinique, les signes cliniques suivants sont importants à rechercher [7][11][16][50][56][57][4] :
- à l'apparence générale, rechercher des signes de détresse respiratoire et d'obstruction des voies respiratoires supérieures (compression de la thyroïde sur la trachée)
- des adénopathies cervicales à l'examen des aires ganglionnaires
- à l'examen cutané, rechercher toute lésion cutanée en regard de la thyroïde
- à l'examen oculaire, rechercher les signes de la maladie de Graves comme l'exophtalmie, le asynergie oculopalpébrale et la rétraction palpébrale
- à l'examen vasculaire périphérique, rechercher un syndrome de la veine cave supérieur exacerbée ou déclenchée lorsque le patient lève les bras au dessus et derrière la tête (signe de Pemberton)
- à l'examen de la thyroïde :
- à l'inspection de la région thyroïdienne, noter l'absence ou la présence d'une hypertrophie localisée ou diffuse de la thyroïde
- à l'auscultation de la thyroïde, rechercher un souffle thyroïdien (goitre hypervascularisé pouvant indiquer une hyperthyroïdie)
- à la palpation de la région thyroïdienne, il faut noter :
Examens paracliniques
Examen paraclinique | Explication |
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TSH |
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Échographie thyroidienne |
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Scintigraphie thyroïdienne |
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Biopsie par aspiration à l’aiguille fine |
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Autres investigations[59][50] |
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Critères échographiques d'une ponction à l'aiguille fine
Degré de suspicion | Caractéristiques échographiques | Risque de malignité | Indication de PAF selon la taille du nodule |
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Forte suspicion |
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> 70-90 % | ≥ 1 cm |
Suspicion intermédiaire |
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10-20 % | ≥ 1 cm |
Faible suspicion |
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5-10 % | ≥ 1,5 cm |
Très faible suspicion |
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< 3 % | ≥ 2 cm |
Bénin |
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< 1 % | Pas de PAF |
Catégorie | Risque | Caractéristiques échographiques | Risques de malignité | Cytoponction[note 5] |
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TIRADS 1 | Normal |
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Aucun | Aucune |
TIRADS 2 | Bénin |
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0 % | Aucune |
TIRADS 3 | Faible |
|
2-4 % | > 20 mm |
TIRADS 4 | Intermédiaire |
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6-17 % | > 15 mm |
TIRADS 5 | Haut | Au moins 1 des critères de forte suspicion suivants :
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26-87 % | > 10 mm |
Approche clinique
Drapeaux rouges
Les drapeaux rouges aux différentes étapes de l'évaluation sont [65][66][67][68][69] :
- le sexe masculin
- l'âge < 16 ans ou > 65 ans
- des antécédents familiaux de cancer de la thyroïde
- des antécédents d’irradiation cervicale
- un nodule d'apparition récente ou d'évolution rapide
- un nodule avec une consistance dure
- des adénopathies proximales[6]
- les symptômes B tel la fièvre, les sueurs nocturnes et la perte de poids non désirée
- le flushes et diarrhées en rapport avec un cancer médullaire[70][71]
- certaines caractéristiques préoccupantes à l'échographie (hypoéchogène, bordure irrégulière, halo incomplet, hypervasculaire, microcalcifications, extension extra-thyroïdienne) et à la ponction à l'aiguille fine (une cellules abondantes, des anomalies cytonucléaires, des inclusions nucléaires)
- les signes de compression, tel qu'un stridor de la dysphagie ou de la dysphonie.
Traitement
Le traitement optimal pour les patients atteints de tuméfactions thyroïdiennes varie en fonction de la lésion détectée [72]:
- la malignité ou la bénignité
- le stade d'évolution
- le type de nodule.
Il faut traiter le trouble thyroïdien sous-jacent. La thyroïdectomie et l'ablation par radiofréquence sont souvent indiquées dans la prise en charge des nodules comprimant les structures avoisinantes. Les lésions non cancéreuses qui ne provoquent pas d'hypo/hyperthyroïdie ou de symptômes peuvent être suivis de manière sécuritaire avec des examens périodiques (palpation du cou et échographie thyroïdienne au besoin).[52]
Tuméfactions non-néoplasiques
L'objectif principal de la prise en charge est de[73] :
- Soulager le patient en fonction de ses symptômes
- De restaurer un climat d'euthyroïdie, si le goitre croît ou provoque des symptômes obstructifs,
- De diminuer sa taille, s'il est à l'origine d'une hypo/hyperthyroïdie.
La chirurgie des goitres est particulièrement indiquée pour les goitres symptomatiques, hyperfonctionnels ou morphologiquement suspects. L'iode 131 constitue une alternative thérapeutique pour les goitres compressifs, hyperfonctionnels des sujets âgés et fragiles.
Situation clinique | Prise en charge |
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Goitre asymtomatique | Abstention thérapeutique et surveillance ( en dehors de toute suspicion de malignité) |
Goitre multinodulaire non toxique | les principales options de traitement comprennent la surveillance sans traitement et la thyroïdectomie.
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Thyroïdite aigüe[74][75] | Dans le cas d'une thyroïdite, un traitement n'est pas nécessaire si les symptômes sont légers ou s’atténuent au moment où ils consultent un médecin et où le diagnostic est établi. Par contre, si la nodule est douloureux et les symptômes systémiques sont légers ou modérés, l'aspirine 650 mg PO QID ou les AINS (naproxène 250-500 mg PO BID ou Ibuprofène 200-600 mg PO TID) peuvent être prescrits. En l’absence d’amélioration ou en présence des symptômes sévères, la prednisone 50 mg PO DIE peut être indiquée. Le traitement de l'hyperthyroïdie n'est pas fréquemment nécessaire : les symptômes, s'ils sont présents, sont légers et de courte durée. En présence des symptômes gênants d'hyperthyroïdie, les bêta-bloquants sont indiqués. |
Thyroïdite subaigüe[32] | Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens, l'aspirine et, dans les cas plus graves, les corticostéroides sont utilisés. Les bêta-bloqueurs et l'hormone thyroïdienne peuvent être requis en cas d'hyperthyroïdie et d'hypothyroïdie respectivement. |
Goitre avec hypothyroïdie | L'hypothyroïdie est traitée par substitution de l’hormone thyroïdienne (thyroxine, T4). Le traitement a principalement pour but de diminuer les symptômes d’hypothyroïdie, de normaliser le taux sanguin de TSH et de réduire la taille du goitre. Avec le temps, le traitement par l’hormone thyroïdienne peut réduire la taille du goitre, en particulier chez les patients avec une hypothyroïdie auto-immune (maladie de Hashimoto) avec des taux sériques de TSH élevés. |
Hyperthyroïdie et goitre multinodulaire toxique[4] | 3 options sont possibles : les médicaments antithyroïdiens, la chirurgie et le traitement par iode radioactif. L'iode radioactif est fortement recommandé chez les sujets âgés.
Les médicaments antithyroïdiens diminuent la production d'hormones thyroïdiennes, mais l'arrêt du traitement entraîne généralement une récidive de l'hyperthyroïdie. Par conséquent, ils doivent principalement être utilisés chez les patients se préparant à un traitement définitif par chirurgie ou thérapie à l'iode radioactif. La posologie initiale des médicaments antithyroïdiens est basée sur l'étendue de la maladie, la dose de méthimazole allant de 5 mg à 60 mg par jour. Le propylthiouracile n'est généralement pas utilisé en raison du risque d'hépatotoxicité. En cas d'utilisation, la dose de propylthiouracile varie de 50 mg à 600 mg par jour, les doses supérieures à 50 mg doivent être administrées en deux à trois doses fractionnées.[76] La TSH et la T4 libre doivent être mesurées toutes les une à six semaines et la dose d'antithyroïdien peut être diminuée dans le but de maintenir l'euthyroïdie. Une fois l'euthyroïdie atteinte, des tests de la fonction thyroïdienne peuvent être effectués tous les 3 à 6 mois. Les femmes souhaitant une grossesse doivent également être conscientes des effets tératogènes des antithyroïdiens. En plus des options décrites plus haut pour un goitre avec hyperthyroïdie :
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Goitre compressif | La chirurgie est indiquée. En cas de goitre substernal, le diamètre trachéal peut être évalué par tomodensitométrie et doit être inférieur à 10 mm afin de considérer l'approche chirurgicale[77]. |
Thyroïdite de Rieldel[39] |
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Autres |
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Tuméfactions néoplasiques
Concernant les tuméfactions thyroïdiennes néoplasiques, le traitement dépend du cancer sous-jacent. En cas de haute suspicion de cancer, la chirurgie devrait être envisagée. Le tableau ci-dessous résume les traitements possibles.[4]
Type | Traitement |
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Carcinome papillaire ou folliculaire |
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Carcinome médullaire[83] |
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Carcinome anaplasique[84] |
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Lymphome |
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Particularités
Patients avec plusieurs nodules
Chaque nodule thyroïdien comporte un risque indépendant de malignité. De ce fait, les patients avec plusieurs nodules peuvent avoir besoin de biopsie à l'aiguille fine pour plus d'un nodule. Les nodules avec des caractéristiques échographiques suspectes doivent être biopsiés en priorité.[7][12]
Femmes enceintes
Une augmentation physiologique et réversible du volume de la thyroïde est commun. Ceci s'explique par une diminution des réserves d'iode, causant une baisse de la production de T4 et une augmentation compensatoire de TSH. L'élévation du taux d'hCG stimule également la croissance de la glande thyroïde par le récepteur à TSH. Néanmoins, il est important d'évaluer la fonction thyroïdienne lors de la grossesse en présence d'un goitre. Bien que le foetus produise des hormones thyroïdiennes à partir du début du 2ème trimestre de grossesse, la glande thyroïdienne ne devient mature qu'après la naissance. Les hormones thyroïdiennes maternelles sont donc essentielles à croissance et le développement normaux du système nerveux central du fœtus. Une fois une substitution en lévothyroxine introduite chez une femme enceinte, elle doit être poursuivie au moins jusqu’à l’accouchement. Le dépistage systématique de la dysthyroïdie reste débattu.[15]
Les femmes enceintes présentant des nodules thyroïdiens hyperfonctionnels peuvent être traitées avec des médicaments antithyroïdiens, mais les scintigraphies de captation thyroïdienne des radionucléides doivent être reportées après la grossesse et l'allaitement. Un nodule avec cytologie maligne découvert au début de la grossesse doit être surveillé par échographie. S'il se développe considérablement à 24 semaines de gestation, la chirurgie doit être effectuée pour minimiser le risque de fausse couche lié aux chirurgies plus précoces. Cependant, si l'état de la femme enceinte reste stable à la mi-gestation ou si elle est diagnostiquée dans la seconde moitié de la grossesse, une intervention chirurgicale peut être pratiquée après l'accouchement.[12][65]
Pédiatrie
Le goitre du nouveau-né est généralement diffus, mais peut être nodulaire. Il peut être présent à la naissance ou se présenter plus tardivement. Une déviation ou une compression de la trachée est possible. La plupart des goitres sont euthyroïdiens. Un dosage de la TSH, du taux de thyroxine libre et une échographie sont indiqués. L'hormonothérapie et la chirurgie peuvent être indiqués.[47]
Les goitres néonataux ont plusieurs causes[47] :
- les troubles de l'hormonosynthèse
- Plusieurs anomalies génétiques peuvent causer un défaut de la synthèse. Les étapes impliquées incluent la concentration de l'iode, l'organification de l'iodure, la synthèse ou le transport de la thyroglobuline et la désiodation.
- Le syndrome de Pendred est une maladie génétique se présentant jusqu'à 3 ans après la naissance par une surdité neurosensorielle bilatérale, un goitre et une hypothyroïdie modérée ou une fonction thyroïdienne normale. Le syndrome est associé à une anomalie de la protéine pendrine, impliquée dans le transport de l'iode et la fonction cochléaire.[85]
- le passage d’anticorps maternels antithyroïdiens à travers la membrane placentaire
- Au cours du troisième trimestre de grossesse, des anticorps antithyroïdiens de la femme enceinte peuvent bloquer les récepteurs de la TSH et entraîner une hypothyroïdie transitoire chez le nouveau-né ou plutôt les stimuler et entraîner une hyperthyroïdie. Les perturbation hormonales et le goitre disparaissent en 3 à 6 mois.
- L'hyperthyroïdie néonatale peut se produire chez les enfants de femmes atteintes de la maladie Graves-Basedow. Le passage transplacentaire d'anticorps peut entraîner une mort foetale ou une naissance prématurée. Les anticorps sont éliminés à la naissance et la maladie est habituellement transitoire.[86]
- les goitrogènes
- Les médicaments tels que l'amiodarone et les antithyroïdiens pris par la mère peuvent traverser le placenta. Une hypothyroïdie transitoire et un goitre peuvent être observés chez le nouveau-né.
Plus tard dans l'enfance, la maladie de Graves-Basedow est associée à plus de 90% des cas d'hyperthyroïdie[86]. La carence en iode est la cause la plus répandue d'hypothyroïdie, tandis que la thyroïdite auto-immune est la cause acquise la plus commune aux États-Unis[87]. Elle se présente le plus souvent à l'adolescence[87].
Les nodules thyroïdiens chez les enfants sont rares, mais ils comportent un plus grand risque de malignité que chez les adultes (22% à 26%). L'évaluation et le traitement sont similaires à ceux des adultes. Cependant, il faut prendre en compte que le volume de la glande thyroïde augmente physiologiquement avec l'âge.[12]
Gériatrie
Les maladies thyroïdiennes peuvent être difficiles à diagnostiquer chez la personne âgée. Le dosage de la TSH, dont la valeur tend physiologiquement à augmenter avec l'âge, est recommandé en dépistage d'une dysfonction thyroïdienne. Les anticorps antiperoxydase et antithyroglobuline peuvent être présent en l'absence de pathologie et leur recherche ne doit être effectuée qu'en seconde intention. Une hypothyroïdie s'observe généralement à une valeur de TSH supérieure à 10 μUI/l. Le traitement par thyroxine doit être introduit progressivement en visant une valeur entre 4 et 7 μUI/l. Les doses de thyroxine utilisées sont moins grandes que chez l'adulte. Le traitement de l'hypothyroïdie infraclinique n'est généralement pas recommandé dû à l'absence d'amélioration de la qualité et de l'absence de vie. Le syndrome de T3, retrouvé fréquemment chez la personne âgée en cas de maladie systémique non thyroïdienne, ne demande que de traiter la cause sous-jacente.[88][89]
Le goitre multinodulaire toxique est la cause la plus commune d'hyperthyroïdie chez le patient âgé. Elle se présente fréquemment lors de l'ingestion d'iode en excès. Ceci est observé lors du traitement par l'amiodarone ou de l'utilisation d'agents de contraste iodés. Chez la population gériatrique, l'exophtalmie et les tremblements sont rares en cas d'hyperthyroïdie. Les patients se présentent avec des symptômes de dépression ou de démence, une faiblesse, une pertes de connaissance, une altérations de conscience, une fibrillation auriculaire ou une insuffisance cardiaque.[90][91]
Complications
Les complications les plus courantes sont[4][65][92] :
- un trouble de la déglutition ou une obstruction des voies respiratoires supérieures[note 7]
- L'hyperthyroïdie peut mener vers une crise thyrotoxique. Des complications cardiaques, dont la fibrillation auriculaire sont possibles. Les risques d'ostéoporose et de décès sont accrus.[90][91][93]
- les hémorragies, l'infarctus intra-nodulaire[note 8], la nécrose et les macrocalcifications[94].
Prévention
Un apport quotidien suffisant en iode est nécessaire pour éviter le goitre. L'apport journalier recommandé (AJR) d'iode est de 90 µg / jour pour les enfants âgés de 2 à 5 ans, 120 µg / jour pour les enfants âgés de 6 à 9 ans et 150 µg / jour pour les enfants à partir de 10 ans, les adolescents et adultes. Pendant la grossesse, l'AJR est de 250 µg / jour et pour les femmes qui allaitent, un supplément de 50 µg / jour est recommandé pour apporter suffisamment d'iode dans le lait maternel. Éviter les goitrigènes et l'exposition aux radiations sont d'autres moyens de prévenir le goitre.[4]
Notes
- ↑ Ils représentent 95% des masses découvertes au niveau de la thyroïde. Les principaux types sont :
- les adénomes folliculaires (70 % des nodules bénins)
- les adénomes à cellules de Hürthle
- les adénomes papillaires (rares).
- ↑ Jusqu'à 40% des patients bipolaires traités au lithium développent un goitre. 20% développent une hypothyroïdie.
- ↑ La thyroglobuline est un marqueur de cancer.
- ↑ L'obésité est associée à un état proinflammatoire et à l'expression aberrante de leptine, contribuant à la croissance tumorale. La leptine contribue également à augmenter la TSH, favorisant l'apparition d'une tuméfaction thyroïdienne. L'insuline a une action mitogène et son nombre de récepteur peut être élevé en cas de cancer thyroïdien.
- ↑ La cytoponction est classée selon le Système de Bethesda.
- ↑ Extension extra-thyroïdienne, histologie aggressive, adénopathie cervicale clinique
- ↑ Conséquence d'une compression exercée par la glande thyroïde hypertrophiée sur les organes adjacents comme la trachée et l'oesophage.
- ↑ Se traduit par des douleur cervicales importantes.
Références
- Cette page a été modifiée ou créée le 2021/01/03 à partir de Goiter (StatPearls / Goiter (2020/11/29)), écrite par les contributeurs de StatPearls et partagée sous la licence CC-BY 4.0 international (jusqu'au 2022-12-08). Le contenu original est disponible à https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32965832 (livre).
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