ULaval:MED-2231/Mesures de fréquence

De Wikimedica
Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-2231 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Rapport

  • Expression de la relation entre 2 quantités qui peuvent ou non appartenir au même ensemble.
  • Un rapport peut être une proportion, un taux, un ratio ou un indice.

Proportion

  • Le numérateur et le dénominateur viennent du même ensemble.
  • Le numérateur est inclus dans le dénominateur
  • Compris entre 0 et 1, ou 0 et 100%

Taux

  • Mesure la vitesse ou l’intensité de survenue d’un événement.
  • C’est une mesure instantanée de densité.
  • Numérateur : nombre d’événements qui sont survenus
  • Dénominateur : cumul de temps d’observation de toutes les personnes analysées qui sont à risque de présenter l’événement étudié (toujours en unité de temps)

Exemple :

Suivi de 5 personnes durant 10 jours. Apparition de 3 cas de la maladie. Le premier cas est survenu au jour 2, le deuxième au jour 5 et le troisième au jour 9. Le taux d'apparition de la maladie dans cette population est donc de 3 cas / (5 personnes x 10 jours) = 3 cas / 50 personnes-jours = 0.06 cas / personne-jours.

Ratio

  • Numérateur et dénominateur viennent du même ensemble.
  • Numérateur n'est pas compris dans le dénominateur.
  • Il n’a aucune unité et peut prendre n’importe quelle valeur.

Exemple : Ratio hommes/femmes

Indice

  • Numérateur et Dénominateur renvoient à deux événements distincts.
  • Utile lorsque l’on ne connait pas le dénominateur et qu’on utilise un dénominateur de remplacement qui est près de la vraie valeur.

Exemple : Mortalité maternelle = Nb décès maternel lié à l’accouchement/Nb de naissances vivantes

Les mesures en épidémiologie

Prévalence

Page principale: Prévalence

En épidémiologie, la prévalence se définit comme le nombre total de cas d'une maladie dans une population donnée à un moment précis dans le temps.[1] La prévalence est une proportion.[2]

Prévalence:
P = m / N

  • m: le nombre de personnes malades
  • N: le nombre de personnes constituant la population

Même si la prévalence est une mesure instantanée, la collecte des données pour calculer la prévalence d’une maladie s’échelonne nécessairement sur un certain laps de temps. Ce temps est normalement négligeable par rapport à la durée de la maladie étudiée.

Il est pertinent de noter qu'en donnant le nombre de malades, la prévalence dépend de deux autre facteurs, soient le taux d'incidence et la létalité. Ainsi,

Prévalence:
P ≈ I x d

  • I : taux d'incidence
  • d : durée de la maladie

Le taux d’incidence (densité d’incidence)

Page principale: Taux d'incidence

Le taux d'incidence mesure la vitesse, la force ou l’intensité de la propagation d’une maladie dans une population déterminée.

Taux d'incidence:
I= n / T

  • I: taux d'incidence exprimé en temps-1
  • n: le nombre de nouveaux cas de la maladie survenus depuis le début de l’étude
  • T: cumul du temps écoulé entre le début et la fin de l’observation de chaque participant à risque de contracter la maladie.

Le temps pour chaque personne correspond au temps écoulé entre le début de l’étude et l’apparition de la maladie ou le temps entre le début et la fin de l’étude si le participant ne contracte pas la maladie.[3]

L’incidence cumulée

Page principale: Incidence cumulée

L'incidence cumulée est une proportion qui mesure le risque de survenue d’un événement.

Incidence cumulée:
IC = n / R

  • n: nombre de nouveaux cas apparus durant la période d’observation
  • R: est le nombre de personnes observées au début de l’étude

Le calcul de l'incidence cumulée n'est possible que lorsqu’il n’y a aucune perte au suivi lors de l’étude. Il est important de toujours préciser le temps de suivi, même si celui-ci n’est pas directement pris en compte dans le calcul.[4]

La cote

Page principale: Cote

La cote divise une population en deux groupes et établit un ratio. Par exemple, pour une maladie, on peut définir les cotes exposés / non-exposés ou malades / non-malades.[5]

Population

Page principale: Population

En épidémiologie, la population est un ensemble d'individus dotés de caractéristiques communes. On peut parler aussi de population cible, soit la population à laquelle on veut généraliser les résultats d'une étude (par exemple, les 15-24 ans). Dans cette population cible, on en choisira un sous-ensemble représentatif pour constituer notre échantillon. On dénombre deux types de population, statique et dynamique. La population dynamique est elle constituée de deux sous-type, ouverte et fermée.[6]

Population statique

La population statique est observée à un seul moment dans le temps. Son usage permet de calculer des proportions, des ratios et des indices. Avec ce type de population, il est impossible de calculer des taux ou des mesures d’incidence (taux d’incidence, incidence cumulée).[6]

Population dynamique

La population dynamique est observée sur une période de temps définie. La population change donc avec le temps. Elle permet de calculer des taux d’incidence et des incidences cumulées. On peut aussi mesurer des prévalences si l’on pend des mesures à des moments précis durant la période d’observation. Une population dynamique peut être ouverte ou fermée.[6]

Population dynamique ouverte

Dans une population dynamique ouverte, le chercheur n'a pas de contrôle sur l'entrée et la sortie des individus de la population. Par exemple, si notre population est constitué d'une ville entière, le nombre de personnes à risque de contracter la maladie varie tout au long de l’étude, car aucun contrôle ne peut être exercé sur qui rentre et sort de la ville. Une population dynamique ouverte peut être qualifiée de stable lorsque la prévalence de la maladie est faible (10%). Dans une population dynamique ouverte stable, il y a une relation entre la prévalence (P), le taux d’incidence (I) et la durée moyenne de la maladie (D).[6]

Population dynamique fermée

Avec une population dynamique fermée. tous les membres de la population sont identifiés au début de l’étude. Il n’y a aucune personne qui s’ajoute durant la période d’observation et il n’y a aucune perte au suivi. Tous les individus sont suivis jusqu’à ce qu’ils contractent la maladie ou jusqu’à la fin de la période d’observation. Elle permet de calculer facilement une incidence cumulée.[6]

Mesure de la mortalité

Durant les épidémies européennes de peste noire, la mortalité était très élevée, allant jusqu'au tiers de la population
Page principale: Mortalité

En épidémiologie, la mortalité est indiquée comme un taux d'incidence des décès parmi une population.[7] Selon si la population est dynamique fermée ou dynamique ouverte, le calcul se fera d'une manière différente.

Dans une population dynamique fermée

Dans une population dynamique fermée, le taux de mortalité se calcule comme le taux d’incidence. Cependant, c’est le nombre de décès qui constitue le numérateur.

Taux de mortalité = nombre de décès / temps écoulé

Il est aussi possible, dans une population dynamique fermée, de calculer la probabilité de décès (incidence cumulée). C’est ce qui est employé pour calculer l’espérance de vie.

Probabilité de décès = nombre de décès / taille de la population

Dans une population dynamique ouverte

Le taux annuel de mortalité dans de grandes populations est obtenu souvent en divisant le nombre de décès survenus au cours de l’année par la population au 1er juillet.

Sinon, on considère que les personnes décédées ou nées dans l’année ont vécu 6 mois et que les émigrants et immigrants sont considérés comme ayant vécu 6 mois également.

Exemple :

  • Population = 500 000 personnes au 1er janvier<
  • Décès = 10 000 et Émigrants = 4000
  • Naissances = 5000 et Immigrants = 6000
  • Taux de mortalité =  0,0195 an-1 = 1,95% par année

Létalité

Page principale: Létalité

La létalité (ou taux de létalité) est la proportion des personnes atteintes d’une maladie qui décèdent après un temps d’observation défini. Elle correspond au risque, pour une personne nouvellement atteinte de la maladie, de décéder durant une période de temps déterminée. C'est donc une incidence cumulée.[8] Son inverse est la survie.

Létalité:
L = d/m

  • d: nombre de décès correspondant à la somme de tous les décès survenus durant la période de suivi (décès secondaires à la maladie + décès d’autres causes)
  • m: nombre de personnes atteintes d'une maladie au début du suivi

Ce concept s'applique bien à des maladies de type infectieux, mais peut présenter des problèmes lorsque l'on parle de maladies chroniques, qui peuvent rester en rémission un certain temps pour ensuite être mortels. Dans ce cas , il est préférable d'utiliser le taux de mortalité ou la survie.[9]

Taux d'attaque

Page principale: Taux d'attaque

Le taux d’attaque est la proportion de personnes malade sur la proportion de personnes exposées à un risque reconnu. Le taux d’attaque est utile, par exemple, pour déterminer la dangerosité (ou virulence) d'une condition (comme l'obésité). Cela correspond à une incidence cumulée.[10] Le terme morbidité est souvent utilisé à tort comme synonyme.

L’espérance de vie

Estimation de l'espérance de vie dans le monde en 2011
Page principale: Espérance de vie

L’espérance de vie à la naissance (espérance de vie pour la strate d’âge 0) est très utilisée en épidémiologie puisqu’elle sert d’indicateur pour évaluer la santé d’une population. Elle équivaut donc à l’âge moyen de décès dans la population. Comme c’est une moyenne, les valeurs extrêmes ont une influence très importante sur la valeur de l’espérance de vie. Elle se calcule à l’aide de la table de mortalité pour une population.

L’espérance de vie peut se calculer pour n’importe quel âge. Dans ce cas, l’espérance de vie correspond au nombre de personnes vivantes à l’âge considéré et dans tous les intervalles d’âge subséquents divisé par le nombre de vivants à cet âge.

Il est aussi possible de calculer l’espérance de vie en bonne santé ou sans incapacité avec des tables contenant les valeurs appropriées.[11]

L’ajustement des mesures

Lorsqu’on compare le taux de mortalité entre deux populations, les différences dans la structure d’âge des populations (ex : une population plus jeune et l’autre plus vieille) peut causer une distorsion dans la mesure. Donc pour comparer le taux de mortalité de deux populations convenablement, il faut observer la mortalité spécifique, c’est-à-dire la mortalité dans chaque tranche d’âge.

L’ajustement direct

Il faut rapporter les mortalités par tranche d’âge des deux populations à une même population fictive (ex : 100 000 habitants). On applique le taux de décès pour chaque tranche d’âge de la population 1 à la population fictive. On trouve ainsi le nombre de décès attendus pour chaque tranche d’âge. Par la suite on additionne les décès pour trouver le nombre total de décès attendus dans la population fictive. Enfin, on peut calculer le taux de décès ajusté pour la population 1. On effectue la même démarche pour la deuxième population qui nous intéresse.

L’ajustement indirect

On applique des taux de mortalité identiques et fictifs aux distributions des deux populations que l’on veut comparer. On calcule pour chaque tranche d’âge le nombre de décès en fonction du taux fictif. Par la suite, il faut additionner le nombre de décès dans chaque tranche d’âge puis calculer le taux de mortalité ajusté pour chaque population.

Références

  1. Louis Samson, David Turgeon et al., Système cardiovasculaire, t. I, Québec, Canada, Université Laval, , p. 158
  2. André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 42
  3. André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 47
  4. André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 43
  5. André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 44
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 45
  7. André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 313
  8. André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 47
  9. « Épidémiologie descriptive : taux, rapports, etc. », sur Faculté de Médecine de l'Université d'Ottawa (consulté le 20 août 2018)
  10. André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 47
  11. André Simpson, Clément Beaucage et Yv Bonnier Viger, Épidémiologie appliquée : Une initiation à la lecture critique de la littérature en sciences de la santé, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, , 2e éd., 318 p. (ISBN 978-2-89105-993-0), p. 48