ULaval:MED-2231/Études descriptives

De Wikimedica
Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-2231 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Une étude descriptive a pour objectif d’émettre des hypothèses qui devront être explorées par des études à visée étiologique. Elle n’a pas pour but de trouver le lien de cause à effet entre une exposition et une maladie. Elle Il existe trois types d'études descriptives, l'étude d'un cas, l'étude d'une série de cas et l'étude descriptive de cohorte. Les études descriptives permettent de formuler des hypothèses étiologiques qui pourront être vérifiées dans des études à visée étiologique. Leur plus grande limitation est l'absence de groupes de comparaison.

Types d’étude descriptive

On dénombre trois types d'études descriptive:

  1. l'étude d'un cas;
  2. l'étude d'une série de cas;
  3. l'étude descriptive de cohorte.

Étude descriptive de cohorte

Une cohorte correspond à un regroupement d’individus ayant vécu une situation semblable, comme l’exposition à un facteur de risque, au cours d’une période de temps. Dans une étude de cohorte, l’objectif est d’étudier un ou plusieurs facteurs pouvant être en cause dans l’apparition d’une maladie. Le plus souvent, l’étude s’effectue dans une population dynamique fermée. L’objectif n’est pas de prouver le lien entre un événement et une maladie, mais bien de décrire un phénomène. C’est une étude qui s’effectue sans groupe de comparaison et qui a pour point de départ l’exposition des individus à un facteur quelconque. (Ex : tabagisme)

Une étude de cohorte peut être de plusieurs sous-types, soit transversale, longitudinale, de tendance et écologique.

L’étude transversale

Pour l'étude transversale, les données sont recueillies à un moment précis dans le temps (population statique). Il n’y a aucun suivi des participants. L’étude transversale permet de calculer la prévalence d’un événement.

L’étude longitudinale

L'étude longitudinale se déroule sur une période de temps déterminée. Elle permet donc d’étudier l’évolution d’un phénomène ou l’apparition de nouveaux cas d’une maladie durant une période donnée (cas incidents). L’étude longitudinale permet l’étude d’un cas unique, d’une série de cas ou encore d’une population. L’étude descriptive de cohorte longitudinale est le modèle d’étude idéal en épidémiologie.

Ce type d’étude permet de déterminer le nombre de nouveaux cas d’une maladie pour un temps donné (incidence). Il est donc possible de calculer le taux d’incidence, l’incidence cumulée, le taux de mortalité, la létalité, la survie, des prévalences et des cotes.

L’étude de cohorte longitudinale est prospective si l’exposition mesurée coïncide avec le début de l’étude. Elle est rétrospective si l’étude se déroule à partir d’individus dont on connait l’exposition à un événement dans le passé et qu’il est possible d’établir une relation entre l’événement et l’état de santé de la population plus tard. (Exemple : Le développement de cancers chez les gens exposés à l’explosion de Tchernobyl)

L’étude de tendance (séries chronologiques)

L’étude de tendance se caractérise par la répétition d’études transversales à au moins trois moments espacés dans le temps auprès des mêmes populations. Elle permet d’évaluer la fréquence et la répartition d’un phénomène, la mesure de la fréquence d’un événement et d’en évaluer l’évolution dans le temps. L’étude de tendance est utile pour étudier l’évolution d’un problème de santé en lien avec des interventions comme un programme de vaccination. Une étude de tendance vise le plus souvent à mesurer un ou plusieurs des trois effets suivants :

  • Effet de l’âge : la fréquence de la maladie varie avec l’âge des individus, indépendamment de l’année de naissance et de la période étudiée.
  • Effet de période : la fréquence de la maladie varie avec le temps, indépendamment de l’âge et l’année de naissance.
  • Effet de cohorte : la fréquence de la maladie varie en fonction de l’année de naissance des participants, indépendamment de l’âge et de la période étudiée

L’étude écologique

L'étude écologique permet de recueillir des informations sur un groupe d’individus et non sur des personnes puisque l’unité d’observation est un groupe de personnes (Ex : une ville). Les données obtenues prennent la forme d’un indicateur de groupe. L’étude écologique est utile pour proposer des hypothèses concernant l’apparition d’un problème de santé. Elle ne permet en aucun cas de prouver un lien de causalité entre une exposition et une maladie, mais elle peut fournir des pistes de recherche pour les études à visée étiologiques.

Exemple : L’étude de l’impact de l’ajout de fluor dans l’eau d’une ville pour le développement des problèmes dentaires versus l’usage d’une eau non fluorée

Le piège écologique rojection d'une découverte à l’échelle écologique sur une base individuelle. L’étude écologique ne permet pas de colliger les caractéristiques individuelles des membres de la population, donc on ne peut pas prendre pour acquis qu’une découverte à l’échelle écologique serait notée à l’échelle individuelle. En plus, une étude écologique est incapable de prendre en compte les facteurs de confusion qui peuvent biaiser les résultats de la recherche.

Avantages et limites des études descriptives

Avantages

  • Une étude descriptive permet d’établir la fréquence et la répartition d’une maladie selon des caractéristiques de temps, de lieux et de personnes. Elle permet donc de connaître la prévalence ou l’incidence et la maladie et la mortalité dans une population.
  • La population étudiée se compose de sujets atteints de la maladie et de sujets sains.
  • Permet une meilleure compréhension de l’histoire naturelle d’une maladie en plus de mesurer la fréquence des facteurs de risque et des conséquences de la maladie.
  • Ce type d’étude permet aussi de déterminer l’utilité d’intervenir au moyen de programmes de prévention comme des campagnes de vaccination.  Il peut également permettre de décrire les conséquences d’une intervention comme un médicament, un programme de dépistage, etc.
  • Les résultats des études descriptives permettent de formuler des hypothèses étiologiques qui pourront être vérifiées dans des études à visée étiologique.

Limites

La plus grande limitation de ce type d’étude est l’absence de groupe de comparaison. Cela fait en sorte qu’il n’est pas possible, pour une étude descriptive, de confirmer un lien entre un facteur donné et une maladie.

Comme pour tous les autres types d’études, des biais peuvent nuire à la validité :

  • Biais de sélection : peuvent entraîner une sous-estimation ou une surestimation des mesures de fréquence. Pour les diminuer, on doit recourir à une sélection aléatoire des participants de l’étude.
  • Biais d’information : un biais de rappel peut survenir lors de l’emploi de questionnaires qui font appel à la mémoire
  • Biais de confusion : peuvent survenir lorsqu’on compare la fréquence d’un problème de santé entre plusieurs sous-groupes ayant des caractéristiques différentes (âge, ethnie, sexe, lieu de résidence…). Ce type de biais peut être contrôlé par l’emploi de méthodes d’ajustement ou de l’analyse stratifiée.

L’estimation des mesures de fréquence peut être imprécise lorsque la maladie ou le facteur étudié est rare ou lorsque l’échantillon est insuffisant.