ULaval:MED-1230/Infections courantes

De Wikimedica
Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-1230 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Otite moyenne aiguë

C’est la pathologie pédiatrique la plus fréquente et la plus sur-diagnostiquée.

Les otites moyennes sont essentiellement causées par un problème de dysfonction tubaire. La trompe d’Eustache relie l’oreille moyenne au naso-pharynx. Quand elle est fermée, une pression négative se développe dans l’oreille moyenne. Quand elle s’ouvre, l’air est aspiré du naso-pharynx et il y a égalisation des pressions.

On retrouve deux types d’otite moyenne :

  • Otite moyenne aiguë (OMA) : Inflammation aiguë de l'oreille moyenne liée à une infection virale ou bactérienne de la trompe d'Eustache causant une obstruction de celle-ci. On y retrouve une effusion de l'oreille moyenne purulente et symptomatique avec un gonflement.
  • Otite moyenne avec effusion (otite séreuse): Inflammation de l’oreille moyenne caractérisée par la présence d’une collection de liquide d’aspect séreux derrière le tympan. On peut voir des bulles, mais celles-ci se trouvent derrière le tympan (contraitement à la myringite bulleuse, ou elles se trouvent sur le tympan). Elle, fait souvent suite à l’otite moyenne aiguë.

Il faut différencier l’otite séreuse de la myringite.

  • La myringite est l’inflammation du tympan; habituellement on observe une myringite « bulleuse ».
  • Les bulles se trouvent alors à la surface du tympan et non derrière celui-ci.
  • La myringite bulleuse est habituellement de cause infectieuse, mais peu aussi être de cause traumatique (q-tip, barotrauma, etc.)

La mesure de la pression à l'intérieur du tympan nous permettra de distinguer une myringite d'une otite séreuse

Myringite bulleuse

Épidémiologie

L'OMA est plus fréquente entre 6 à 12 mois, secondairement à la perte récente de la protection conférée par les anti-corps maternels. Elle est aussi plus fréquente avant 4 ans.

C’est 50% des enfants qui auront fait au moins 2 épisodes d’otite moyenne aiguë avant l’âge de 3 ans (les données ont changé depuis la vaccination contre le pneumocoque...)

Les facteurs de risque non modifiables de l’otite moyenne aiguë sont :

  • Jeune âge
  • Sexe masculin
  • 1er épisode avant l’âge de 6 mois (risque de récidives)
  • Frère ou sœur ayant eu des otites moyennes récurrentes
  • Atopie
  • Trisomie 21 (trompes d’Eustache plus courtes et moins fonctionnelles)
    Fente palatine

Les facteurs de risque modifiables de l’otite moyenne aiguë sont :

  • Utilisation de lait maternisé commercial plutôt que le lait maternel dans les 6 premiers mois (L'allaitement au sein est plus difficile et renforce ainsi la musculature autour de la trompe d'eustache diminuant alors le risque de faire des otites)
  • Bouteille de lait au lit (le lait stagne dans la bouche lorsque l’enfant s’endort, ce qui irrite la trompe d’Eustache)
  • Garderie (si au moins 6 enfants, sinon le risque est équivalent à celui d'une famille avec 2-3 enfants)
  • Suce entre 6 et 12 mois
  • Tabagisme passif
  • Fente palatine

Étiologie

Environ 96% des otites moyennes aiguës seraient causées par des bactéries. Toutefois, dans 70% des cas, on trouverait également des virus. Les virus entraîneraient le « lit » de la surinfection bactérienne.

Avec l’immunisation contre Haemophilus influenzae et Streptocoque pneumoniae, on observe :

  • Augmentation de la prévalence des Haemophilus influenzae non-typables chez les enfants de 7 à 24 mois
  • Diminution des isolats de Streptocoque pneumoniae
  • Accroissement de la prévalence des souches non-vaccinales de Streptocoque pneumoniae

Les otites moyennes aiguës seraient causées par plus d’une bactérie et d’un virus pathogène en même temps :

  • Streptocoque pneumoniae
  • Haemophilus influenzae
  • Moraxella catarrhalis
  • Rhinovirus
  • Virus respiratoire syncytial
  • Enterovirus
  • Etc.

Diagnostic

Otite moyenne aiguë à l'otoscope (notez le bombement du tympan gauche)

Les cliniciens devraient poser un diagnostic d’otite moyenne aiguë en présence : (un critère suffisant)

  • Bombement modéré à sévère de la membrane tympanique
  • Apparition récente d’un écoulement de l’oreille moyenne non causé par une otite externe.

On peut également diagnostiquer une otite moyenne aiguë chez des enfants présentant : (l'un ou l'autre)

  • Bombement léger du tympan avec une douleur de l’oreille depuis moins de 48 heures
  • Bombement léger du tympan avec un érythème intense de la membrane tympanique
Signe Spécificité Sensibilité
Mobilité diminuée du tympan 85% 95%
Opacité du tympan 93% 74%
Bombement 97% 51%
Tympan rouge ou hémorragique Peu commun ou rare
Tympan modérément rouge Faibles

De plus, les cliniciens ne devraient pas poser un diagnostic d’otite moyenne aiguë chez les enfants ne présentant pas d’épanchement de l’oreille moyenne basé sur l’examen pneumotoscopique et/ou la tympanométrie.

Ainsi :

  • L'érythème du tympan n’est pas un bon critère diagnostic.
  • Si le tympan est mobile, il ne s’agit pas d’une otite moyenne aiguë
  • L'examen le plus sensible est la mobilité
  • L'examen le plus spécifique est le bombement

Particularité anatomique de l'enfant et examen à l'otoscopque

À l'otoscope, il est essentiel de bien voir l'ensemble du tympan puisque l'on pourrait se méprendre et croire à une inflammation si l'on visualise seulement le pars flaccida qui est très vascularisé et d'aspect rougeâtre en permanence. Il est donc important de bien tirer le pavillon vers l'arrière et le haut afin de dégager la vision. De plus, le marteau pointe toujours en antérieur, sur une photo, un marteau pointant à droite est donc un tympan droit. Finalement, il est a noter que la trompe d'Eustache est plus horizontale chez l'enfant, ce qui le rend plus à risque d'infection et amène une prépondérance des symptômes lorsqu'il est couché, donc la nuit.

Traitement

L’otite moyenne aiguë présente une forte tendance à la résolution spontanée, ainsi on ne donne pas des antibiotiques à tous les enfants atteints.

La prise en charge exige que le niveau de douleur de l’enfant soit évalué. Si la douleur est présente, le clinicien doit recommander un traitement de cette douleur.

  • Antipyrétique: acétaminophène et ibuprofène (la base du traitement)
  • Auralgan (antipyrine + benzocaine) : moins populaire, mais efficacité prouvée
  • Mesures de réconfort: distraction, application de chaleur ou de froid
  • Réévaluer l’enfant si les symptômes persistent plus de 48 heures.

Antibiotiques

Le clinicien devrait prescrire des antibiotiques pour une OMA sévère. Donc une OMA unilatérale ou bilatérale chez les enfants ≥ 6 mois présentant les symptômes suivants :[1]

  • Otalgie sévère ou modérée
  • Otalgie depuis ≥ 48 heures
  • Température ≥ 39°C

Chez les enfants entre 6 mois et 2 ans avec une OMA bilatérale peu sévère, le clinicien doit traiter avec antibiotiques.[1]

Chez les enfants entre 6 mois et 2 ans avec une OMA unilatérale peu sévère, le clinicien choisi avec les parents l'un de:[1]

  • Traiter avec antibiotiques
  • Observation attentive avec un suivi étroit

Chez des enfants de plus de 2 ans avec une OMA unilatérale ou bilatérale en l’absence de critères de sévérité, le clinicien choisit avec les parents l'un de:[1]

  • Traiter avec des antibiotiques
  • Observation attentive avec un suivi étroit

Dans tous les cas, si l’observation est choisie, on s’assure de faire un suivi et de débuter les antibiotiques si l’état clinique de l’enfant empire ou ne s’améliore pas en-dedans de 48 à 72 heures depuis le début des symptômes.[1]

En pratique, le suivi n'est pas très populaire auprès des médecins et des parents. Ces derniers auront tendance a immédiatement aller chercher les antibiotique prescrits "au cas où".

Critères d'antibiothérapie initiale ou d'observation pour les enfants avec OMA[1]
Âge OMA avec otorrhée OMA unilatérale ou bilatérale avec symptômes sévères OMA bilatérale sans otorrhée OMA unilatérale sans otorrhée
6 mois – 2 ans antibiotiques antibiotiques antibiotiques antibiotiques OU

observation

≥ 2 ans antibiotiques antibiotiques antibiotiques OU observation antibiotiques OU observation

L’antibiotique prescrit devrait être l’amoxicilline si :[1]

  • L’enfant n’a pas déjà reçu de l’amoxicilline dans les 30 derniers jours
  • L’enfant ne présente pas également une conjonctivite purulente (auquel cas un mycoplasme serait plus probable)
  • L’enfant n’est pas allergique à la pénicilline

On utilise l’amoxicilline à hautes doses puisque le pneumocoque peut être résistant à l’amoxicilline.

L’antibiotiques prescrit devrait plutôt être un antibiotiques résistant aux β-lactamases lorsque :[1]

  • L’enfant a déjà reçu de l’amoxicilline dans les 30 derniers jours
  • L’enfant présente une conjonctivite purulente
  • L’enfant a déjà fait une OMA résistante à l’amoxicilline.

On doit réévaluer l’état clinique de l’enfant si ses symptômes ne se sont pas améliorés, ou qu’ils ont empiré durant les 48-72 heures suivant le début du traitement.[1]

Marche à suivre lors d'échecs de traitement (récidive de l’otite moyenne aiguë moins de 7 jours après la fin des médicaments), de persistance (persistance des symptômes après 1 à 2 traitements d’antibiotiques) ou de récurrences (≥ 3 épisodes sur 6 mois ou ≥ 4 épisodes sur 1 an)

  • Utiliser d'emblée l'Amoxil à doses élevées
  • Contrôler les facteurs de risque
  • Ceftriaxone IM pour 3 jours[2]
  • Considérer la chirurgie (paracentèse[note 1] (avec ou sans pose de tube trans-tympanique)

Complications

  • Mastoïdite (bout de l'os temporal poreux)
    • Très rare, le patient sera déjà sous une surveillance médicale intensive (ABC) dans la plupart des cas.
  • Perforation du tympan
    • Moins de 10% des cas, moins de 4% si sous surveillance médicale intensive (ABC). N'entraîne pas de séquelle auditive et est auto-résolutif.

Prévention

  • Allaitement maternel
  • Tubes trans-tympaniques si récidive malgré une antibioprophylaxie ou si épanchement pour plus de 3 mois
  • Vaccin anti-grippal
  • Vaccin conjugué anti-pneumococcique Prevnar 13

Sinusite aiguë

Les sinus paranasaux: sinus frontaux (1), sinus ethmoïdes (2), sinus sphénoïdes (3), sinus maxillaires (4)

La sinusite aiguë chez l’enfant est la 2e raison de consultation la plus fréquente. La sinusite est une inflammation aiguë ou chronique de la muqueuse qui tapisse un sinus osseux paranasal, avec ou sans atteinte du périoste sous-jacent.

  • Elle peut être purulente ou non
  • Elle peut être d’origine infectieuse (bactérienne/virale) ou allergique
  • Elle peut provenir d’un abcès dentaire qui affecte un os maxillaire supérieur.

La sinusite peut être, d’après la localisation :

  • Maxillaire (le plus fréquent)
  • Ethmoïdale (fréquent)
  • Frontale (rare chez les jeunes enfant, car ces sinus ne débutent leur formation que vers 6-10 ans)
  • Sphénoïdale (rare).

On parle de pansinusite lorsque tous les sinus d’un même côté ou des deux côtés de la face sont atteints.

La définition en temps de la sinusite :

  • La sinusite aiguë : > 10 jours et < 4 semaines.
  • La sinusite sub-aiguë : 1 à 3 mois
  • La sinusite chronique : > 3 mois

Les bactéries impliquées dans la sinusite aiguë et subaiguë sont les suivantes :

  • Streptocoque pneumoniae (40%)
  • Haemophilus influenza (20%)
  • Moraxella cararrhalis (20%)
  • Adenovirus, parainfluenza, influenza, rhinovirus: 10%

Évolution des sinus

La pneumatisation, c'est à dire la formation des sinus débute au 3-4e mois de la vie fœtale et les premiers sinus à se développer sont les sinus maxillaires. Le nouveau-né aura une ébauche de sinus ethmoïdes et maxillaires et c’est à l’âge de 9 ans que les sinus frontaux et sphénoïdes débuteront leur pneumatisation. À 18 ans, tous les sinus sont matures, mais la sinusite existe à tous les âges, même < 1 an, bien que celle-ci soit moins commune et que la la rhinite purulente reste toutefois plus probable.

Quelques éléments anatomique intéressants :

  • Par sa proximité, une sinusite pourra amener une augmentation de pression à l'intérieur du sinus ethmoidal qui peut fistuler à l'intérieur de l'orbite et causer un abcès intra-orbitaire. On notera alors une proptose de l'oeil avec un oedème de la conjonctive.
  • Le sinus maxillaire se vide plus facilement en décubitus dorsal favorisant ainsi les écoulements dans cette position.

Signes et symptômes

Enfants Adultes
  • Toux grasse
  • Halitose
  • Respiration buccale
  • Rhinorrhée > 10 jours
  • Rhinorrhée purulente[note 2]
  • Conjonctivite
  • Fièvre
  • Obstruction nasale
  • Halitose
  • Rhinorrhée purulente
  • Œdème palpébral
  • Céphalées frontales
  • Douleurs dentaires
  • Fièvre

Chez l’enfant, une conjonctivite bilatérale est une sinusite ethmoïdale jusqu'à preuve du contraire.

L'apparition d'une sinusite est beaucoup plus insidieuse chez l'enfant que chez l'adulte. De plus, ces symptômes sont surtout présent la nuit.

Le critère de durée nous permet de faire la différence entre la sinusite et la rhinite simple :[3]

  • IVRS : durée maximale de 7 à 9 jours
  • Sinusite : durée ≥ 10 jours

Diagnostic

Sinusite des sinus maxillaire droit et gauche à la radiographie

Les critères de diagnostic clinique de la sinusite aiguë chez l’enfant :[4]

  • Symptômes persistants ou sévères durant depuis moins de 30 jours
  • Rhinorrhée et toux depuis plus de 10 jours
  • Considéré sévère si présence de:
    • Fièvre ≥ 39°C
    • Rhinorrhée purulente depuis ≥ 4 jours
    • Enfant qui semble malade.

Le diagnostic d'une sinusite est un diagnostic clinique. La radiographie n'est pas essentielle.

  • En effet, on observera une opacification des sinus que ce soit une sinusite ou un simple rhume.
  • Par contre, si l'on décide de prendre des radiographies des sinus chez l’enfant, on utilisera 3 incidences et on le fera après l’âge de 1 an puisqu’il n’y a pas d’utilité avant.
  • Un TDM sera effectué en présence complications orbitaires ou du SNC

Complications

Les complications de la sinusite chez l’enfant sont :

  • Complications orbitaires
    • Cellulite préseptale ou orbitale
    • Abcès sous-périosté ou abcès intra-orbitaire
    • Névrite optique
  • Ostéomyélite frontale et/ou maxillaire (rare)
  • Complications intracrâniennes
    • Abcès épidural
    • Empyème ou abcès sous-dural
    • Thrombose du sinus caverneux ou sagittal
    • Méningite
    • Abcès cérébral
Algorithme de traitement de la sinusite

Traitement

Lorsque les symptômes durent depuis moins de 7 jours, la cause est probablement virale et un traitement symptomatique sera conseillé (décongestionnants nasaux).

Lorsque les symptômes sont aiguës ou subaiguës, la cause est probablement bactérienne une antibiothérapie à base d'amoxicilline est prescrite. S’il y a absence de réponse en 3-5 jours ou récurrence de sinusite dans les 2 semaines suivantes, on doit soupçonner un organisme résistant et donner un antibiothérapie de 2e ligne ou envisager une tomodensitométrie.

Dans tous les cas, lorsque la sinusite est chronique (> 12 semaines), on doit référer en ORL.

Voici les antibiotiques qui seront utilisés :

  • 1ère ligne:
    • Amoxicilline (couvre les bactéries les plus fréquentes)
    • Clavulin (amoxixilline-clavulante): à utiliser pour 14 jours
  • 2e ligne: pour les situations un peu plus compliquées
    • Céphalosporine 2e génération ou clavulin: couvre les souches moins sensibles
    • Macrolide (si allergie : Blaxin)
  • 3e ligne: pour les situations compliquées
    • Cipro +/- clindamycine
    • Ceftriaxone, clindamycine
    • Couvre les souches résistantes et les anaérobes

Lors d’une sinusite chronique, il est très important de décongestionner le nez pour que les antibiotiques puissent entrer dans les sinus. Pour ce faire, plusieurs décongestifs nasaux existent :

  • Hydrasense
  • Otrivin (ne pas utiliser chez les enfants < 1 an)
  • Sinus Rinse (contient de la glycérine qui perment au liquide de bien pénétrer)
  • Corticostéroïdes nasaux (rarement utilisés et réservés aux patients atopiques et seulement efficaces après 2 semaines)

Ceux-ci améliorent grandement la symptomatologie et le confort.

Pharyngite

La pharyngite peut avoir plusieurs étiologies :

  • Elle est virale dans 80% des cas: adénovirus, entérovirus, EBV
  • Elle est bactérienne dans 20% des cas: Streptocoque du groupe A (SGA)
  • Autres : fongique (Candida), abcès rétropharyngé/périamygdalien (SGA) maladie de Kawasaki, épiglottite, trachéite (S. aureus)

Chez les enfants plus vieux, c’est plus souvent bactérien. Cependant, la cause ne peut pas être diagnostiquée sur la base de la clinique seule, on doit faire une culture pour le savoir.

Signes et symptômes

Les signes et symptômes de la pharyngite seront différents selon si la cause est virale ou bactérienne.

Virale Bactérienne[note 3]
Âge < 3 ans ≥ 3 ans
Début Progressif Subit
Fièvre Peu élevée > 38°C
Clinique
  • Mal de gorge
  • Rhinorrhée
  • Toux
  • Conjonctivite
  • Éruption cutanée
  • Voix rauque
  • Parfois exsudats
  • Pétéchies au palais (EBV)
  • Adénopathie occipitales (EBV)
  • Mal de gorge
  • Odynophagie[note 4]
  • Nausées
  • Douleurs abdominales
  • Adénopathies
  • Exsudats ponctiformes
  • Pétéchies au palais (SGA)

Pharyngite bactérienne à streptococcus du groupe A

Pharyngite bactérienne à streptocoque du groupe A

La pharyngite à SGA touche surtout les enfants plus vieux (4 à 13 ans); elle est rare en dessous de 3 ans.

Le score de McIsaac permet de déterminer la conduite, mais n'est pas très fiable. Chacun des éléments suivants vaut un point:

  • Absence de toux
  • Adénopathies cervicales antérieures sensibles
  • Amygdales rouges avec exsudats
  • Fièvre > 38°C
  • Âge entre 3-14 ans

Entre 0-1 on ne fait pas de cultures; entre 2 et 3 on fait une culture de gorge et l'on donne des antibiotiques si positif et à 4 et plus on donne des antibiotiques d'emblée.

La pharyngite à SGA peut entraîner une hypertrophie des amygdales avec exsudats blanchâtre ainsi que des pétéchies au niveau du palais mous. Elle peut aussi entraîner certaines complications :

  • Complications septiques :
    • Scarlatine
    • Récidives fréquentes
    • Adénite cervicale septique
    • Abcès périamygdalien
    • Abcès rétropharyngé
    • Sepsis
  • Complications auto-immunes

Mononucléose infectieuse

Adénopathies cervicales

L’infection par le virus d'Ebstein-Barr peut entraîner une pharyngite virale avec d'importantes adénopathies occipitales. On retrouvera une amygdalite flamboyante avec d’importants exsudats. On devra alors faire un monotest ainsi qu’une FSC.

Les complications de la pharyngite virale sont principalement présentes lors d’une infection à EBV :

  • Obstruction respiratoire haute ET/OU
  • Odynophagie sévère entrainant :
    • Déshydratation
    • Dyspnée inspiratoire caractéristique
    • Détresse respiratoire

Traitement

Pour la pharyngite virale, on ne donne qu’un traitement symptomatique d'analgésiques et/ou d'antipyrétiques.

Pour la pharyngite bactérienne, il ne s’agit pas d’un traitement empirique, on doit attendre le résultat d’une culture positive avant de traiter. Toutefois, on traite d’emblée si le patient présente les signes suivants :

  • Signes cliniques de scarlatine
  • Complications de la pharyngite
  • Contact prouvé avec un Streptocoque du groupe A
  • antécédents de rhumatisme articulaire aigu

S'il est avéré que la pharyngite est causé par le streptocoque du groupe A, la pénicilline est le 1er choix par son efficacité, sa sécurité et son spectre étroit.

En raison du mauvais goût de la suspension de la pénicilline V (3x/jour), l’amoxicilline peut aussi être utilisée chez le jeune enfant.

On doit réévaluer l’enfant en cas de non-réponse au traitement après 48-72 heures.

S’il s’agit de pharyngites récurrentes à streptocoque du groupe A, on donnera :

  • Clindamycine
  • Céphalosporine
  • Amoxicilline-clavulanate

Pneumonie

Pneumonie du lobe moyen droit

La pneumonie chez l'enfant constitue une raison de consultation fréquente dû à son incidence élevée de 35-40 cas par 1000 enfants. Dans les pays sous-développés, l'incidence pourra être 2 à 3 fois plus élevée. La pneumonie seule entraînera le décès de 2 000 000 d'enfants à chaque année sur la planète.

Étiologie

Groupe d'âge Étiologie
1 à 3 mois Pneumonite : Chlamydia trachomatis, VRS,

autres virus, B. pertussis

1 à 24 mois Pneumonie légère à modérée: VRS, autres

virus, S. pneumoniae, Hib, HiNT, Chlamydia

trachomatis, Mycoplasma pneumoniae

2 à 5 ans Virus, S. pneumoniae, Hib, HiNT,

M. pneumoniae, Chlamydophila pneumoniae

6 à 18 ans M. pneumoniae, S. pneumoniae,

C. pneumoniae, Influenza A ou B, Adénovirus,

autres virus

À tout âge S. pneumoniae, S. aureus, S. pyogenes, Hib,

M. pneumoniae, Adénovirus

Facteurs de risques

  • Extrêmes de l’âge
  • Non-vaccination contre le pneumocoque
  • Déficit immunitaire
  • Cardiopathie congénitale
  • Troubles de la déglutition :
    • Paralysie cérébrale
    • Incoordination oro-pharyngée
    • Maladies neuro-musculaires
  • RGO
  • Malnutrition
  • Communauté autochtone (à cause de leur vulnérabilité au SARM)
  • Anémie falciforme
  • Tabagisme

Signes et symptômes

Les symptômes de la pneumonie chez l’enfant sont :

  • fièvre
  • dyspnée
  • tachypnée
  • toux
  • mauvais état général

Le tachypnée se manifeste par :

  • > 60 respirations / minute si < 2 mois
  • > 50 respirations / minute si 2 à 12 mois
  • > 40 respirations / minute entre 1 à 5 ans
  • > 30 respirations / minute si > 5 ans[5]

À l’examen pulmonaire on peut retrouver :

  • tirage (intercostal, sous-costal ou sus-sternal)
  • Battement des ailes du nez
  • Râles crépitants
  • Souffle tubaire
  • Diminution ou asymétrie du murmure vésiculaire
  • Saturation diminuée

La tachypnée est le signe clinique qui a la meilleure valeur prédictive positive et valeur prédictive négative. On ajoute la fièvre chez l’enfant plus âgé.

En l'absence de ces signes, la pneumonie est moins probable.

Investigation

  • Saturation
  • FSC
  • PCR
  • Hémoculture (< 10% sont positives)
  • Prélèvement d’aspirations naso-pharyngées pour :
    • Recherche virale rapide (adénovirus, influenza A et B, virus respiratoire syncitial)
    • Culture virale et/ou chlamydia
    • PCR influenza A H1N1
  • Radiographie pulmonaire postéro-antérieure et latérale; au besoin on fera une radiographie pulmonaire en décubitus latéral pour voir s’il y a épanchement para-pneumonique.

Complications

  • Empyème
  • Pleurésie avec ou sans épanchement
  • Insuffisance respiratoire
  • Pneumonie nécrosante :
  • Abcès pulmonaire

Traitement

Le traitement initial de la pneumonie est toujours empirique.

Les suggestions thérapeutiques sont modulées par la probabilité d’un germe selon le contexte (ambulatoire ou hospitalier), la présence de facteurs de comorbidité ou la gravité de la pneumonie.

Le traitement de choix est l’ampicilline et des mesures générales de support qui incluent:

  • Hydratation adéquate
  • Analgésique / antipyrétique si nécessaire
  • Oxygénothérapie s’il y a hypoxémie
  • Les anti-tussifs ne sont pas recommandés de routine
Groupe d'âge Premier choix Second choix
1 - 3 mois Clarithromycine ou

Azithromycine IV

4 - 48 mois Amoxicilline (90 mg/

kg/j)

Clavulin, Clarithro,

Azithro, Ceftin

5 - 18 ans Clarithromycine ou

Azithromycine

Amoxil,Ceftin

Clavulin

À tout âge Pneumonie sévère: hospitaliser

Ampicilline ou Cefotaxime IV

± Clarithromycine si bactérie atypique

suspectée

ou ± Clindamycine si empyème

En cas de fièvre persistante après 48 à 72 heures de traitement ou de détérioration clinique, on doit réévaluer le patient et rechercher les complications (comme l'empyème).

Prévention

Pour prévenir la pneumonie chez l’enfant on devrait éradiquer le tabagisme à la maison et vacciner l’enfant contre :

  • Haemophilus influenzae de type B
  • Vaccin conjugué contre le pneumocoque

Notes

  1. La paracentrèse est la formation d’une ouverture a/n du tympan.
  2. Le signe causé par la rhinorrhée purulente et parfois appelé le "green eleven" en raison de la forme de "11" créer par les deux écoulements sortant des narines.
  3. Le plus souvent causée par le streptocoque du groupe A.
  4. Surtout avec l'EBV.
  5. Bactérie très résistante et virulente.

Références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 et 1,8 Subcommittee on Management of Acute Otitis Media. Pediatrics 2013:131; e964-e999.
  2. Leibovitz PIDJ 2000;19:1040-5
  3. Wald, 1991
  4. AAP. Clinical Practice Guideline: Management of sinusitis. Pediatrics 2001
  5. https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/CDM/UsageOptimal/Guides-serieI/INESSS-Antibio1-Pneumonie-Enfant-fr_maj-mars16.pdf