ULaval:MED-1219/Immigration et santé

De Wikimedica
Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-1219 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Le Canada est traditionnellement un pays d’accueil. Il est l’un des pays signataire de la Convention du 8 juillet 1951 (Convention de Genève) relative au statut des réfugiés.

Quelques chiffres

Plus d’un million de réfugiés sont arrivés au Canada depuis la 2e GM

En 2011, le Canada a accepté ~13 000 réfugiés via le Programme de réinstallation du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies

C’est le 2e plus grand nombre après les É-U

Catégories d’immigrants

  • Résident permanent
    • Immigrants économiques: personnes qui font le choix du déplacement pour de meilleures perspectives de vie pour eux et pour leur famille
    • Regroupement familial: faciliter la réunion des citoyens canadiens ou des résidents permanents avec leur famille
    • Réfugiés
  • Résident temporaire (Ressortissant étranger autorisé à être présent sur le territoire pour un temps limité)
    • Travailleur temporaire/saisonnier
    • Étudiant étranger
    • Touriste
  • Demandeur d’asile
    • Demande faite une fois arrivée une fois arrivée au Canada
    • Originaire de pays où sévit une crise politique ou autre
    • 40% d’acceptation vers un statut de réfugié. Délai mois-années
  • Sans statut: personnes entrées illégalement, Touristes n’ayant pas quitté, Demandeurs d’asile refusés

Les réfugiés

Toute personne :

  • Craignant d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques
  • Se trouve hors du pays dont elle a la nationalité
  • Ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays

Parrainés par le gouvernement ou le secteur privé

Langue étrangère la plus parlée dans les foyers canadiens

Pendjabi (Inde et Pakistan)

Quelle est la religion la plus présente au Canada

Catholicisme

Quel est le groupe le plus représenté dans toutes les provinces et territoires canadiens, à l’exception du Québec

Écossais

L’immigration au Québec

2 919 réfugiés ont été admis au Québec en 2012

En 2013, au Québec

  • 69% < 35 ans
  • 50% H = 50% F
  • 67% immigrants économiques, 8% réfugiés
  • 20-40% ne parlent ni français, ni anglais
  • Destinations : 70% Montréal, 5% Québec
  • Principales origines : Maghreb (Région de l’Afrique du nord englobant plusieurs pays), France, Chine
  • 60% ont ≥ 14 ans de scolarité

L’immigration dans la ville de Québec

En 2011, 27 230 immigrants résident de façon permanente dont :

  • 8940 à Ste-Foy-Sillery-Cap-Rouge
  • 8285 dans la Cité-Limoilou

La ville de Québec reçoit le plus grand nombre de réfugiés au Québec en nombre absolu et en % total de son immigration totale à chaque années (40=50% vs 20% à Montréal)

Composition:

  • Nouveaux arrivants
  • 40-50% réfugiés
  • Origines principales des réfugiés : Bhoutan, Grands lacs d’Afrique de l’ouest, Colombie, Iraq, Afghanistan
  • Origines principales des immigrants économiques : France, Magreb
  • Demandeurs d’asile : Redirigés vers Montréal

État de santé et statut migratoire

  • Immigrants économiques
    • Sélection tient compte de :
      • État de santé
      • Scolarité
      • Employabilité
      • Âge
    • Personnes provenant de pays industrialisés ayant accès aux soins de santé
    • Problèmes de santé similaires à ceux de notre population locale
    • Déterminants à la santé positifs
  • Réfugiés
    • Conditions de santé souvent précaire
    • Peu scolarisés pour plusieurs d’entre eux
    • Environ 80% d’entre eux ne parlent ni français ni anglais : Difficulté d’accès aux soins de santé
    • Population plutôt jeune mais gens de tous âges
    • Population en situation d’aide sociale dans les premières années après l’arrivée : Déterminants à la santé négatifs après leur installation ici
    • Originaires de pays pauvres et/ou tropicaux souvent : Maladies infectieuses, maladies tropicales, malnutrition, analphabétisme…
  • Demandeurs d’asile
    • Similaire aux réfugiés mais en plus l’absence de statut et le long délai pour l’étude de leurs dossiers génèrent une dose importante de stress et la crainte d’être retournés dans leur pays d’origine
    • Seuls certains soins de santé urgents ou ayant un impact sur la santé publique sont couverts par le Programme fédéral de soins intérimaires

Bilan de santé pour les réfugiés et demandeurs d’asile

  • Réseau de centres d’expertise avec cliniques satellites dans les villes recevant des réfugiés au Québec et ce, depuis 2012
  • Bilan de santé initial et suivi dans la première année par une équipe multidisciplinaire
  • Rapport médical remis au patient qui pourra le présenter aux professionnels consultés dans le réseau de la santé par la suite
  • Tous les demandeurs d’asile sont vus au centre de Montréal
  • À Québec, la clinique santé des réfugiés, fondée le 3 juin 2007, est située au CLSC Ste-Foy-Sillery (CSSS de la Vieille-Capitale)

Un programme adapté aux populations réfugiées et leur famille est mis sur pied comportant une implication interprofessionnelle (Médecin, pharmacien, dentiste, optométriste, psychologue…)

Problèmes de santé les plus courants chez les réfugiés dans la ville de québec

  1. Caries dentaires
  2. Problèmes visuels
  3. Anémie ferriprive
  4. Troubles GI

Problèmes de santé jugés prioritaire

  1. Violence conjugale et familiale
  2. Anxiété et trouble d’adaptation
  3. Cancer du col de l’utérus
  4. Contraception
  5. Caries dentaires et maladies des gencives

Les barrières à l’accès aux soins de santé

  • La langue
  • La méconnaissance du système de santé
  • La culture
  • Le coût
  • Le vécu

Les risques d’une mauvaise communication en matière de santé

Il est important de faire appel à des interprètes dûment formés :
  • Confidentialité, Neutralité, Qualité de l’interprétariat, Meilleure compréhension des référents culturels
  • Difficulté à créer une relation de confiance
  • Erreur diagnostique
  • Problème de fidélité au traitement
  • Incompréhension des explications
  • Absence de consentement éclairé
  • Examens, médicaments et hospitalisations inutiles ou moins ciblés
  • Sous-utilisation du système de santé
  • Consultations multiples pour un même problème de santé
  • Gestion inadéquate des maladies chroniques
  • Risque de bris de confidentialité
  • Problèmes de santé mentale chez les immigrants

    Parmi les immigrants, la prévalence des principaux problèmes de santé mentale est initialement plus faible que la population générale, mais avec le temps elle augmente et devient similaire.

    10x le taux de TSPT, taux élevés de dépression, douleur chronique et plaintes somatiques.

    • L’exposition à la torture est le prédicteur le plus fort du développement d’un TSPT
    • Les femmes immigrantes ont 2-3x plus de risque d’avoir une dépression postpartum

    Beaucoup de patient avec des problèmes de santé mentale se présente avec une plainte physique qui peut mener à une diminution de la reconnaissance et du traitement des désordres mentaux communs.

    La trajectoire de la migration peut être subdivisé en trois éléments où chacun est associé à des expositions et à des risques particuliers. La nature de l’expérience de la migration sur les plans de l’adversité vécue avant, pendant et après la réinstallation affecte la prévalence des différentes maladies psychiatriques.

    1. Pré-migration :
      • Dérangement du rôle social et des réseaux sociaux habituels
    2. Migration :
      • Incertitudes prolongées sur leur statut de citoyenneté et sur les situations qui les exposent à la violence
      • Enfants et Adolescents : Séparation d’avec leurs parents et perte du support émotionnel, physique et financier de leur famille
    3. Réinstallation
      • Stress d’une nouvelle culture et pauvreté
      • Les facteurs de réinstallation sont d’importants prédicteurs de l’issue à long terme

    Défis particulier des immigrants en santé mentale

    • Problèmes de communication à cause des différences linguistique et culturelles
    • Effet de la culture sur la manifestation des symptômes et le comportement morbide
      • Affecte le diagnostic, l’adaptation et le traitement
    • Différences au niveau de la structure familiale et des processus ayant une incidence sur l’adaptation
    • Acculturation et le conflit entre les générations
    • Aspects de l’acceptation par la société d’accueil qui se répercutent sur l’emploi, la situation sociale et l’intégration

    Ces défis peuvent être adressés à travers l’investigations sociale et culturelle, l’utilisation d’interprète et d’intermédiaires culturels (« culture brokers ») dûment formés, les rencontres avec la famille et la consultation d’organismes communautaires.

    Collaboration avec un interprète

    Devrait être considéré dans toutes les situations ou la maîtrise d’une langue commune entre le médecin et le patient est limitée. L’utilisation d’un interprète professionnel plutôt qu’un traducteur (membre de la famille, amis, membre du professionnel) améliore la communication substantiellement et aide à réduire les disparités dans l’utilisation des services médicaux. Les situations d’urgences sont les seuls moments où l’utilisation d’un membre de la famille et d’une tierce personne non entrainée peut être considéré acceptable. Il est peut recommander d’avoir recours à un autre professionnel de la santé qui connaît la langue puisque ces derniers sont plus près de la position du cliniciens et pourrait omettre de communiquer certains doutes et préoccupations du patient.

    À retenir

    La culture intervient à la fois sur les états et les expériences de santé et de maladie. Elle est de plus déterminante dans les relations soignant-soigné

    La connaissance approfondie des différences entre les communautés culturelles n’est pas essentielle pour une bonne pratique médicale. Les médecins doivent plutôt développer une compétence qui leur permet d’être ouverts à la différence. Comprendre l’expérience des patientes et patients dans ses dimensions culturelles est une condition permettant l’exercice d’un bon jugement clinique

    Des ressources existent et peuvent être utilisées pour soutenir la prise en charge de patientes et patients dont l’appartenance culturelle pose des défis particuliers (langues, pratiques sanitaires, alimentaires…)

    Ce qu’il faut retenir c’est l’importance de demander fréquemment à nos patients qu’est-ce qui a le plus d’importance pour eux dans leur expérience de la maladie et du traitement, vraiment mettre le patient au centre des soins, et s’assurer de le comprendre dans sa globalité.