ULaval:MED-1219/Déterminants de la santé et imputabilité sociale

De Wikimedica
Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-1219 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Les déterminants de la santé

Quels sont les déterminants de la santé

Les déterminants de la santé sont un ensemble de facteurs (positifs ou négatifs) qui influencent l’état de santé de l’individu et des communautés. Parmi les plus importants, on compte :

  • Les facteurs génétiques;
  • L'environnement social & économique;
  • L'environnement physique;
  • L'accès aux services de santé.

Les déterminants sociaux de la santé sont quant à eux les déterminants produits par l’action humaine. Si les déterminants de la santé sont à l’origine d’une maladie ou de problèmes de santé, ils sont considérés comme des facteurs de risque ; s’ils sont bénéfiques, ce sont des facteurs de protection.

Les déterminants sociaux de la santé

Les déterminants sociaux de la santé sont étudiés dans un cadre théorique organisé en quatre champs: les caractéristiques individuelles, les milieux de vie, les systèmes et le contexte global.

Le premier champ constitue les caractéristiques individuelles de la personne dont on souhaite la santé physique, psychologique et le bien-être global. Les caractéristiques individuelles d'un individu sont parfois modifiables, parfois immuables et elles sont influencées par les autres champs.

Modèle conceptuel des déterminants de la santé
Premier champ Caractéristiques individuelles affectant la santé
  • Caractéristiques biologiques et génétiques
  • Caractéristiques personnelles et sociales (se développant tout au long de la vie)
  • Habitudes de vie (et comportements de santé)
  • Caractéristiques socioéconomiques
Second champ Milieux de vie
  • Familial
  • De travail
  • Garderies et écoles
  • Hébergement
  • Communauté locale et voisinage
Troisième champ Systèmes déployés au sein d'une société affectant la santé
  • Système de santé et de services sociaux
  • Système d'éducation et services de garde à l'enfance
  • Aménagement du territoire
  • Soutien à l'emploi et solidarité sociale
  • Autres systèmes et programmes.
Quatrième champ Contexte global:
  • Contexte législatif et politique
  • Contexte économique
  • Contexte démographique
  • Contexte social et culturel
  • Contexte technologique et scientifique
  • Environnement naturel et écosystèmes
Déterminants sociaux de la santé
Le niveau de revenu et le statut social Ces déterminants comprennent notamment le niveau de revenu et le statut social qui affectent par la suite le mode de vie des individus. Le statut social d'un individu est relatif à la société dans laquelle il évolue et n'est pas nécessairement transposable d'un contexte à l'autre. Afin de faire valoir cette idée, on définit la pauvreté absolue comme étant le manque de ressources permettant de combler les besoins fondamentaux d'un individu. La pauvreté absolue est le principal déterminant de la santé dans les pays à faible revenu. La pauvreté relative quant à elle est basée sur la comparaison entre les groupes d'une même société. On utilise cette notion en étudiant les pays riches dans lesquels le gradient de santé devient un déterminant de la santé important.
Le réseau de soutien social La qualité du réseau de soutien social constitue un important déterminant social de la santé. Ce réseau comprend non seulement les membres de la famille d'un individu, son entourage social, mais aussi les organismes communautaires lui permettant d'obtenir du soutien au besoin. On définit le capital social comme étant la volonté des gens de s'unir et de s'engager dans des actions collectives.
L'éducation et l'alphabétisation Le niveau d'éducation et d'alphabétisation influencent la capacité d'un individu à prendre des décisions par rapport à sa santé. On nomme littératie en santé l'aptitude d'un patient à comprendre les renseignements médicaux et à suivre les consignes thérapeutiques qui lui sont données. Les conséquences d'un faible niveau de littératie en santé sont multiples. Par exemple, un manque d’instruction peut mener un travailleur à s’exposer à des substances toxiques. Au contraire, un niveau d'études supérieures et un emploi stimulant contribuent à ralentir le vieillissement du cerveau.
L'emploi et les conditions de travail L'emploi d'un individu influence son niveau de revenu et affecte indirectement sa santé. La nature de l'emploi peut quant à elle affecter la santé d'un individu de par son niveau de dangerosité inhérent. Au-delà du type d'emploi, les conditions de travail ont une influence considérable sur la santé des individus. En effet, les exigences psychologiques du milieu de travail, le manque de liberté et de pouvoir décisionnel, le harcèlement au travail, et d'autres facteurs affectent la santé psychologique des travailleurs. L'exposition professionnelle à des substances dangereuses et les accidents de travail font aussi partie des conditions de travail pouvant affecter la santé. On définit les affections aggravées par le travail comme étant causées par différents aspects de la vie du patient, mais exacerbées par les conditions de travail.
L'environnement social et physique L'environnement physique dans lequel une personne évolue affecte considérablement sa santé. Le niveau de pollution, la qualité des bâtiments, l'aménagement de parcs en milieu urbain et autres affectent la qualité de vie globale des individus ainsi que leur santé. On note des différences significatives entre les régions rurales et les milieux urbains, par exemple une plus grande prévalence de l'obésité et des accidents de la route en milieu urbain.
Les habitudes de santé et la capacité personnelle d'adaptation Les habitudes de santé sont grandement influencées par la milieu social dans lequel l'individu évolue. Malheureusement, il est moins probable que l’on construise des établissements qui jouent un rôle dans la promotion de la santé (ex. gym) dans les quartiers où habitent des personnes à faible revenu ou des immigrants. La capacité personnelle d'adaptation repose sur différents facteurs, dont les expériences de la petite enfance, les différentes prédispositions génétiques, le support familial et social, et bien d'autres.
Le développement de la petite enfance Les expériences précoces ont un impact significatif sur le développement de l'enfant. L'alimentation, la croissance, la forme physique et le développement affectif auront un impact à long-terme sur la capacité d'adaptation de l'adulte.
Le sexe et le genre Le genre en tant que construction sociale influence la santé de différentes manières. En effet, les inégalités salariales affectent le niveau de revenu de l'individu et inévitablement le milieu de vie qu'ils peuvent s'offrir et offrir à leurs enfants. Les disparités dans l'assignation des tâches familiales, dans l'accès aux services de santé et au niveau de la nutrition affectent aussi la santé des hommes, des femmes et des personnes ne s'identifiant à ni l'un ni l'autre des genres différemment.
La culture Les interventions qui visent à appuyer les comportements sains sont plus efficaces lorsqu’elles tiennent compte de la culture de la population cible et que la communauté contribue activement à la conception et à la mise en œuvre de l’intervention. En ne prenant pas en compte la culture des individus, l'écart dans l'accès aux services de santé se creuse entre les nouveaux arrivants et les individus natifs de la région concernée.

L'organisation mondiale de la santé se base sur ces différents déterminants de la santé afin d'établir les objectifs spécifiques visant à réduire leur impact sur la santé. Ces objectifs incluent les suivants:

Développement du jeune enfant
Planification urbaine
Pratiques équitables en matière d’emploi et travail décent
Protection sociale
Soins de santé universels
Lutter contre les inégalités dans la répartition du pouvoir, de l’argent et des ressources
Inclusion de l’équité en santé dans les critères de performance du gouvernement
Affectation de ressources à la santé
Réglementation internationale
Équité entre les sexes
Bonne gouvernance à l’échelle du monde
Mesurer le problème, l’analyser et évaluer l’efficacité de l’action
Observation, recherche et formation

Les comportements liés à la maladie consistent en les actions d’une personne en réponse à une morbidité ressentie, y compris le fait de chercher ou non à recevoir des soins de santé et de suivre ou non les recommandations du médecin. Ces comportements varient entre les individus en fonction de plusieurs facteurs notamment les déterminants sociaux sus-mentionnés ainsi que leur bagage génétique, leur personnalité etc. Les éléments suivants sont d'importants indices à savoir si le patient risque de suivre les recommandations du médecin traitant:

  • Ressent-elle le besoin d’agir ? [Influencé par le risque que le patient se croit atteint ou la gravité perçue]
  • Croit-elle que l’action sera efficace ?
  • Ressent-elle un signal venant déclencher un véritable changement dans le comportement tel que l'apparition de symptômes (signal interne) ou un ami qui tombe malade (signal externe).

La théorie du comportement planifié se fonde sur la perspective cognitive et prend pour acquis que les comportements liés à la santé peuvent être analysés en fonction d’une planification rationnelle. Selon cette théorie, les croyances normatives (normes subjectives, pressions sociales etc.), face à l'efficacité des comportements recommandés ainsi que les croyances de contrôle (d'auto-efficacité) déterminent l'intention d'agir du patient et ultimement l'implantation d'un changement de comportement.

Diversité : « Le concept de diversité réfère à l’existence de différences entre les personnes, les communautés et les cultures qui doivent être prises en compte pour éviter qu’elles ne soient sources d’inégalités. » Les différences auxquelles fait référence cette définition comprennent l'origine géographique, le statut socio-économique, la culture, le sexe, l'orientation sexuelle, la présence d’un handicap etc.

Il est essentiel de considérer la diversité comme une force plutôt qu’une faiblesse. On évalue la diversité de différentes manières. Il est possible d'évaluer la diversité socio-économique au sein d'une population, la diversité culturelle, la diversité sexuelle etc. Différentes indices nous permettent d'évaluer la diversité socio-économique au sein d'une population:

  • L'indice de milieu socio-économique (MSE), soit le pourcentage des familles avec enfants dont la mère n’a pas de diplôme, de certificat ou de grade ainsi que le pourcentage des ménages dont les parents sont sans emploi.
  • L'indice du seuil de faible revenu (SFR), soit le pourcentage des familles avec enfants dont le revenu est situé sous le seuil de faible revenu.
  • Les indices de défavorisation matérielle, soit le pourcentage de personnes de plus de quinze ans sans certificat ou diplôme d’études secondaires, le pourcentage de personnes de plus de quinze ans occupant un emploi ainsi que le revenu moyen des personnes de plus de quinze ans.
  • Les indices de défavorisation sociale: le pourcentage de personnes de plus de quinze ans vivant seules; le pourcentage de personnes de plus de quinze ans séparés, divorcés ou veufs; le pourcentage de familles monoparentales.

La diversité de la population admise en médecine, kinésiologie et science biomédicale à l'université Laval en 2015: Faits saillants

  • Surreprésentation de la région métropolitaine de Montréal et sous-représentation des villes de moins de 10 000 personnes;
  • Une diversité socio-culturelle adéquate chez les étudiants en médecine, mais une sous-représentation des peuples autochtones;
  • Importante favorisation matérielle parentale chez les étudiants médecine;
  • Niveau de scolarisation des parents plus importante chez étudiants médecine que dans la population générale;
  • Haut taux de fréquentation d'institutions privées d'enseignement chez les étudiants en médecine;
  • Moins grande défavorisation sociale et matérielle chez étudiants médecine que dans la population générale.

Barrières aux interventions

Barrières aux interventions Pistes de solutions
Distance sociale, attitude de jugement, manque de connaissance sur les enjeux culturels Formations et ateliers destinés aux intervenants
Incapacité de reconnaître les forces des familles Prise de décisions partagées, dialogue
Manque de temps/ stress élevé Aller vers elles selon leur horaire
Langue Traduction du contenu, interprètes, jumelage
Manque d’information sur les services offerts Saisir les moments clés pour informer, regrouper les informations en un seul lieu
Peur d’être jugée Faire appel à des parents comme formateurs, utiliser des champions
Attentes et intérêts variable dans le temps Consulter souvent pour connaître les besoins, les forces les ressources; rappel et suivi; travailler au maintien de la relation
Places limitées Lieu satellite
Coût Proportionnel au revenu
Lieu inaccessible Transport fourni
Horaire Diversifier les moments, aller dans les lieux où se trouvent les personnes visées
Incapacité de répondre aux besoins Aide concrète en premier
Manque de coordination entre les services Partenariat solide, cohérence dans l’offre de service

Ce qu’on peut faire en tant que médecin :

  • Analyser l’accessibilité de notre pratique (barrière d’accès aux services, celles propres à la personne et les nôtres)
  • Encourager la fréquentation d’un service de garde éducatif de qualité
  • Connaître les programmes sociaux disponibles et y diriger les personnes qui vous consultent

Contribution relative des déterminants sociaux de la santé

Le système de santé en soi ne contribue qu'à 25% des états mesurables (alors que le système de santé représente 50% du budget !). La prévention et la promotion de la santé ont beaucoup d'impact sur les états de santé mesurables. La répartition des déterminants de la santé va comme suit:

  • Environnement physique: 25%
  • Environnement social : 25 à 40%
  • Système de soins : 25%
  • Habitudes de vie: 10 à 15%
  • Caractéristiques individuelles: 10 à 15%

D'après cette répartition des déterminants sociaux de la santé, il vaudrait la peine d’investir davantage dans les autres aspects que le système de santé directement. Modifier les inégalités plus tôt permettrait d’Influencer la santé de ces personnes à très long terme. De plus, les médecins peuvent contribuer à réduire la pression financière sur le système de santé de différentes manières, soit en prescrivant les médicaments éprouvés, mais moins dispendieux, en utilisant de façon judicieuse les technologies de l’information et en évitant le surdiagnostic.

La petite enfance comme déterminant de la santé

Le bébé nait avec des milliards de cellules cérébrales (potentiel pour le reste de sa vie) qui doivent établir des liens entre elles pour se développer. Le processus de la petite enfance peut être positif ou négatif. Un environnement chaleureux est associé au développement de connexions positives en favorisant une grande activité neuronale. Il en résulte un bon développement de l’enfant dans tous les aspects de sa vie. À l’inverse, si les conditions dans lesquelles grandit l’enfant favorisent l’établissement de connexions négatives, il est très difficile de modifier cet aspect plus tard. La présence d’un stress toxique (ex : pauvreté, négligence, parent dépressif /toxicomane etc.) limite l’activité neuronale et mène à un développement sous optimal. Lorsqu'un enfant grandit dans un environnement de crainte/survie et présente constamment un niveau de cortisol élevé, celui-ci influence négativement le développement.

La petite enfance est associée au développement de nombreuses compétences essentielles.

Il est important de prolonger les interventions après l’entrée à l’école afin de solidifier les acquis, particulièrement lors de périodes de transition du milieu familial au milieu de garde, du milieu de garde à maternelle, de la maternelle à première année.

Selon les chercheurs, la qualité de transition vers la première année prédit aussi les succès scolaires présents et futurs.

Les facteurs de protection dans le développement de l'enfant

L'enfant et la femme enceinte

Santé intra-utérine :

  • Apport adéquat d’acide folique
  • Nutrition adéquate
  • Prévention des infections prénatales (ex. : toxoplasmose)
  • Exposition à des niveaux inférieurs au seuil de toxicité environnementale (ex. : mercure)
  • Aucune consommation d’alcool, de drogues ou de tabac
  • Exposition limitée au stress chronique.

Santé physique de l’enfant :

  • Naissance sans complication
  • Poids normal à la naissance
  • Absence d'handicap physique ou de retard de développement
  • Allaitement
  • Bonne santé physique générale

Habiletés cognitives de l’enfant :

  • Utilisation des jeux d’éveil aux mathématiques
  • Développement d’une capacité d’attention soutenue et une bonne mémoire
  • Développement de ses connaissances générales (ex. : activités appropriées)
  • Développement des stratégies de résolution de problèmes

Habiletés langagières de l’enfant :

  • Langage oral exprimé et compréhensible
  • Usage d’activités d’éveil à la lecture et à l’écriture
La famille

Environnement émotionnel et physique favorable

  • Disponibilité et utilisation des ressources matérielles et informationnelles nécessaires pour prendre soin de l’enfant
  • Climat favorable et harmonieux (ex. : absence de violence ou de négligence)
  • Revenu familial suffisant et avoir complété une scolarité de niveau secondaire
  • Maintien d’un niveau de stress faible
  • Bonne santé mentale et physique
  • Usage du soutien social disponible (ex. : famille, amis)

Attitudes parentales favorables :

  • Sentiment de compétence parentale
  • Sensibilité aux besoins de l’enfant, une attitude favorable à l’école et de fortes aspirations pour la scolarité de

l’enfant.

Pratiques parentales favorables

  • Lien affectif avec l’enfant, soins affectueux et un encadrement clair et constant
  • Opportunités d’explorer par le jeune
  • Variété d’expériences éducatives, un soutien dans les jeux ou les activités
  • Opportunités de jouer avec des enfants du même âge
  • Dès la naissance de l’enfant, lui parler ou lire des histoires
  • Interactions sociales fréquentes en présence de l’enfant.

Habiletés physiques de l’enfant :

  • Développement des habiletés motrices et psychomotrices
  • Saines habitudes de vie: activités physiques soutenues et adaptées, hygiène du sommeil adéquate; alimentation saine et variée
  • Limite de temps d’exposition aux écrans (ordinateur, télévision)

Habiletés sociales de l’enfant :

  • Développement des relations harmonieuses avec des adultes significatifs (parents, éducatrices, enseignantes) et avec des pairs
  • Développement d’une capacité de résoudre des conflits interpersonnels

Habiletés affectives de l’enfant :

  • Développement d’une capacité de régulation des émotions, une bonne estime de soi, une autonomie, et un attachement sécurisant.
La communauté

Services éducatifs de qualité accessibles aux familles

  • Services de garde éducatifs à la petite enfance
  • Espace, équipement et jeux suffisants, diversifiés et stimulants
  • Climat positif, pratiques disciplinaires, qualité lien éducatrice/enfant, taille groupe et ratio éducatrice-enfant approprié
  • Formation spécialisée et formation de perfectionnement pour l’éducatrice
  • Collaboration avec les parents.
  • Activités éducatives (ex. : parent-enfant, prêt de jouets) et récréatives (ex. : loisirs, bibliothèque).

Environnement de résidence favorable :

  • Espaces verts sécuritaires et adaptés aux enfants (ex. : parcs, terrains de jeux)
  • Rues sécuritaires
  • Moyens de transport collectif ou individuel
  • Logements abordables

Capital social significatif, c’est-à-dire des programmes, activités ou personnes disponibles en cas de besoin :

  • Services de soutien pour développer des compétences parentales
  • Soutien aux enfants ayant des besoins spéciaux par des mesures de répit
  • Respect et sensibilité à la culture;
  • Activités qui aident à créer des liens significatifs entre adultes (ex. : pairs, éducateurs, voisins)
  • Lieux et réseaux d’échange entre les familles (ex. : fête de quartier)

Forte cohésion sociale : c’est-à-dire la qualité et l’intensité des liens entre membres de la communauté) centrée sur l’enfant avec des relations de qualité, de confiance et de respect mutuel

  • Collaboration, entraide entre voisins
  • Adultes servant de modèles aux enfants ou veillant à leur sécurité ou animant des activités de loisirs

Mobilisation de la communauté à l’égard de la petite enfance :

  • Encouragement d’une collaboration entre la famille et les intervenants, avec l’école (ou service de garde);
  • Valorisation de la langue maternelle;
  • Reconnaissance et valorisation du rôle du parent dans la communauté;
  • Appui du travail des intervenants sur des connaissances valides et partagées;
  • Fort engagement et une concertation des membres de la communauté.
La société

Services sociaux et de santé universels, accessibles et de qualité par des politiques, des programmes et des services:

  • Accès à des soins préventifs (ex. : vaccination), de soutien (ex. : suivi médical et dentaire périodique) et de dépistage;
  • Accès à des soins et services pour des problèmes de santé mentale (ex. : dépression) ou physique
  • Protection des familles vulnérables contre la discrimination et l’isolement

Éducation universelle et accessible

  • Politiques de services de garde et de maternelle de bonne qualité adaptés à l’âge développemental et aux besoins des familles
  • Programmes et mesures pour faciliter la scolarisation des mères au-delà du diplôme d’études secondaires
  • Programmes et mesures pour favoriser l’alphabétisation des adultes

Lutte contre la pauvreté et soutien de l’emploi pour les parents

  • Stratégie complète de lutte contre la pauvreté (ex. : aide financière complémentaire pour les familles avec de jeunes enfants lorsque requis)
  • Politiques familiales (ex. : conciliation travail-famille qui visent entre autres à réduire le stress parental);
  • Politiques d’accès à l’emploi pour femmes et les congés parentaux.

Environnement sain

  • Mesures et réglementations pour réduire les polluants et les neurotoxines;
  • Politiques, programmes et services permettant l’accès à des logements de bonne qualité (salubres et

abordables);

  • Politiques et programmes de soutien et accès au transport collectif

Rôles du médecin auprès des enfants

Il importe pour les médecins travaillant avec les enfants de procéder au dépistage des retards de développement de manière régulière (saisir les fenêtres d’opportunité qui s’offrent à nous) et de porter une attention particulière à la santé mentale des parents.

Pourquoi prioriser la petite-enfance

Le gradient socioéconomique est présent dès la grossesse, la naissance ou lors des premières années.

  • Le niveau d’éducation de la mère est associé au risque de prématurité et au fait d’être petit pour l’âge gestationnel.
  • Les parents d’enfants défavorisés tendent à moins utiliser une grande variété de mots avec leurs enfants. Ainsi, les enfants défavorisés utiliseront moins de mots différents et en entendront également beaucoup moins que les enfants issus de familles plus favorisées.

Les inégalités de santé durant l’enfance ont un impact tout au long de la vie

  • Un faible poids à la naissance est associé à une plus grande mortalité à l’âge adulte toutes causes confondues (surtout pour les maladies cardiovasculaires). Chez les hommes, un poids élevé à la naissance est associé fortement à un risque plus élevé de mort à la suite d’un cancer.
  • Une étude effectuée sur une cohorte britannique démontre qu’un enfant ayant 90% de potentiel cognitif vivant dans un milieu socioéconomique bas aura un développement cognitif inférieur à l’âge de 10 ans qu’un enfant ayant un potentiel cognitif de 10% vivant dans un milieu socioéconomique haut.
  • De plus, les enfants qui ont grandi dans une famille à faible revenu tendent à avoir une moins bonne santé à l’âge adulte, indépendamment de leur niveau socioéconomique à l’âge adulte. (mieux vaut être riche à l’enfance qu’adulte).

Les interventions lors de la petite enfance sont reconnus comme un investissement rentable pour l’avenir d’une société.

  • Les investissements dans le développement du jeune enfant sont les investissements les plus efficaces que les pays peuvent faire en termes de
  • Réduction du fardeau des maladies chroniques chez les adultes.
  • Réduction des coûts des systèmes judiciaires et carcéraux.
  • Permettre à un plus grand nombre d’enfants de grandir et de devenir des adultes en bonne santé pouvant apporter une contribution positive à la société, socialement et économiquement.

La trajectoire de vie et la santé

«La recherche démontre que de nombreux défis de la société adulte (notamment les problèmes de santé) remontent à la petite enfance»

L’approche basée sur le parcours de vie (ou trajectoire de vie) est un modèle conceptuel permettant de comprendre comment, tout au long de la vie, de nombreux facteurs (de risque/de protection) influencent les trajectoires de vie d’une personne/d’un groupe/d’une cohorte pour en déterminer son état de santé.

Le développement de la santé suit 4 grandes phases :

  1. Construction (Generativity) – Petite enfance
  2. Acquisition des capacités
  3. Maintien des capacités
  4. Contrôle du déclin

Les déterminants de la santé se retrouvent tout au long du parcours de vie et ont différents effets sur l’état de santé des individus.

L’effet latent: Cette exposition à des stresseurs durant des périodes clés vient altérer de manière permanente le cerveau, les organes ou les fonctions métaboliques plus tard dans la vie de la personne. Par exemple, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, les infarctus et l’hypertension artérielle seraient en lien avec une malnutrition fœtale durant l’enfance.

L’effet cumulatif : Une exposition s’accumule graduellement au cours de la vie et ce, peu importe à quel moment survient l’adversité. Par exemple : les effets négatifs d’un faible SSE[1] durant l’enfance vont s’accumuler aux effets d’un faible SSE à la retraite, même si la période de vie ‘adulte’ s’est déroulée dans un contexte de bon SSE.

L'effet de trajectoire : L’environnement dans lequel se trouve un enfant au début de sa vie peut tracer sa trajectoire de vie par une série de chaines de probabilités. Par exemple : un enfant naissant dans des conditions difficiles a plus de chance de fréquenter une école défavorisée qui augmente à son tour le risque de présenter des difficultés à l’école qui peuvent aussi influencer négativement l’avenir professionnel de la personne.

La vie est constituée de trajectoires multidimensionnelles (famille, emploi, résidence, santé psychologique et physiologique) interagissant entre elles par des phénomènes de compétition, de complémentarité et de compensation. Les trajectoires sont ponctuées de transitions (évènements de vie) qui peuvent faire bifurquer une ou plusieurs trajectoires (ex : divorce, échec scolaire etc.). Les transitions ont un impact différent selon des caractéristiques du timing auquel elles surviennent :

  • Aspect de nouveauté
  • Période critique dans le développement
  • À temps décalés, tardifs, précoces

Agir sur la trajectoire de vie en tant que médecin

  • Connaître les parcours et contextes de vie de nos patients
  • Considérer la personne dans sa globalité
  • Agir sur les déterminants précoces en portant une attention particulière aux femmes enceintes
  • Rendre disponible des services et du soutien aux périodes critiques du parcours de vie

Imputabilité sociale

Faculté de médecine & imputabilité sociale: « l’obligation pour la Faculté de médecine de répondre aux besoins des communautés qu’elle dessert et de le faire en collaboration avec l’ensemble des acteurs concernés. Elle signifie aussi que la Faculté doit veiller à ce que toutes ses activités soient menées dans une perspective de maintien et d’amélioration de la santé individuelle et de la santé des populations »[2]

Professionnalisme au sein de la faculté de médecine de l'université Laval
Valeur phare Savoir être et savoir faire Champs de compétence
Professionnalisme
  • Sens du devoir et des responsabilités
  • Respect de l'autre et altruisme
  • Souci de justice
Expertise médicale
Érudition
Communication
Collaboration
Gestion
Promotion de la santé

Le contrat social du médecin

Objectif: Saisir les zones d'influence offertes aux médecins dans l'action sur les déterminants de santé.

Enjeux actuels

Les médecins de famille évoquent des contraintes relatives à la prise en charge de patient pour améliorer leurs déterminants sociaux de la santé:

  • La rémunération à l’acte dissuade les médecins à agir sur les DSS[3]
  • La formation pré et post doctoral ne les prépare pas à agir sur les DSS
  • Les médecins n'ont pas toujours l’option de transférer les cas lourds en terme de déterminants de la santé à un(e) travailleur(e) sociale
  • Problème d’attitude : stigmatisation par d’autres prestataires
  • Préjugés sur la pauvreté
  • Sentiment d’impuissance

Actions possibles des médecins de famille

Les médecins de famille devraient inclure systématiquement dans leur pratique le dépistage des troubles liés aux déterminants sociaux de la santé. Voici sommairement les étapes afin de réaliser ce processus

En clinique:
  1. Procéder au dépistage régulier de la pauvreté et intervenir au besoin
  2. Veiller à rendre la pratique plus accessible à tous les patients
    • Veiller à pouvoir offrir des services aux groupes plus marginalisés : demandeurs d’asile, les patients à faible revenu, les personnes LGBTQI, personnes avec une déficience intellectuelle ou retard de développement.
    • Incorporer les principes de soin et de compassion au centre de chaque pratique
  3. Offrir des rendez-vous accélérés et des rendez-vous le jour même ★
  4. Constituer une équipe anti-pauvreté modelée sur les besoins de la collectivité
  5. Comprendre les programmes d’aide sociale provinciaux/territoriaux et fournir des formulaires appropriés
Dans la collectivité :
  1. Recueillir et utiliser les données sur la santé et le bien-être de la population locale
  2. Fournir un apprentissage par expérience de travail sur les déterminants sociaux de la santé aux étudiants de niveau pré et post-doctoral.
  3. Agir comme promoteur de la santé et utiliser le cadre CanMEDS-MF comme guide
  4. Dispenser des soins à domicile aux patients qui ne consultent pas en clinique
Niveau global :
  1. Joindre ou créer une organisation de promotion de la santé avec la collectivité en son nom.
    • Les efforts de promotion de la santé doivent cibler les gouvernements municipaux, provinciaux, territoriaux et fédéral afin d’établir des politiques publiques qui favorisent la prévention.
    • Des domaines clés sont notés : exclusion sociale au Canada, les conditions de travail des travailleurs temporaires étrangers, les conditions de vie des migrants actuellement détenus au Canada, l’effet de la colonisation sur les Premières Nations et les politiques de taxation progressive.
  2. S’engager auprès d’organisations médicales, de soins de santé et de services sociaux pour fournir une action organisationnelle en vue d’améliorer les DSS.
  3. Promouvoir les dispositions en matière de rémunération/financement qui encourage les soins axés sur les DSS. Promouvoir un modèle de soin axé prise en charge en équipe permettant de libérer du temps pour des cas plus complexes. Le modèle de rémunération de chaque GMF[4] variera suivant les besoins locaux, mais ces établissements doivent avoir un financement stable et durable.
  4. Collaborer avec d’autres organisations pour établir un vaste soutien intersectoriel pour des politiques publiques visant à traiter les déterminant de la santé en amont. S’allier à des voix autres que celles du milieu de la santé pour s’assurer que d’autres experts et collectivités puissent guider les efforts de représentation.
  5. Mettre davantage l’accent sur les DSS en éducation médicale pré et post-doctorale
  1. Statut socio-économique
  2. « Accueil », sur http://www.fmed.ulaval.ca (consulté le 21 août 2018)
  3. Déterminants sociaux de la santé
  4. Groupe de médecine de famille