ULaval:MED-1219/Épidémiologie nutritionnelle et santé des populations

De Wikimedica
Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-1219 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Principale cause de décès précoce à travers le monde = Mauvaise alimentation - 36,6%

(Plus que la tabac – 19,9%, ROH – 9,0% et l’inactivité physique – 7,1%, combinés)

73% des Mx coronariennes et 91% des cas de DB pourraient être évitées par 5 facteurs de risque modifiables :

  • Tabagisme
  • Activité physique
  • AHEI-2010 score (Qualité alimentaire globale)
  • IMC
  • ROH

On estime qu’entre 2010 et 2030, le % d’augmentation du DB sera de 54,1%; surtout p/r aux pays asiatiques.

Définitions

  • Cause contributrice : Joue un rôle dans certaines circonstances, mais n’est pas suffisante (ex. immunité)
  • Cause nécessaire: Est indispensable sans être obligatoirement suffisante (ex. virus grippe)
  • Cause suffisante (rare): Sa présence entraîne automatiquement l’apparition de la Mx (ex. trisomie 21)

Embonpoint

Prévalence d’embonpoint/obésité : Canada < USA < Polynésie < Cris; tendance aussi présente chez les enfants.

La génétique prédispose, mais c’est l’environnement qui déclenche (ce n’est pas seulement à cause de la génétique).

L’obésité infantile ne découle pas de choix de vie effectués par les enfants. Il découle des environnements créés par la société et soutenus par les politiques gouvernementales.

À quoi correspond l’excès de sucres libres?

(Sucre qui n’est plus dans son état d’origine naturelle et peut-être consommé tel quel ou incorporé dans d’autres aliments; sucre de table, sirop, miel, jus de fruits, nectar; Sucre ajouté : sucre libre qui a été ajouté aux aliments, les définitions réglementaires varient considérablement selon différentes juridictions.)

  • Limiter à < 10%E ou 12 c. à table
  • Idéalement : <5%E ou 6 c. à table

Sucre des fruits : fructose pris « dans une prison des fibres » → Limite l’absorption rapide du fructose (Bon)

152 termes sont utilisés dans l’industrie pour décrire le « sucre libre »

Les aliments préparés (même la viande), contiennent en moyenne 64% de sucres libres

Étude : 75% des aliments analysés contiennent des agents sucrants (sweeteners)

OMS : La haute consommation de sucre est la pointe de l’iceberg derrière une hausse de l’obésité, des coûts dans les soins de santé et dans la pauvreté des ménages et sociétés

Lobbying : The Sugar Association/ American Beverage Association → « Nous allons exercer tous les moyens disponibles pour exposer la nature douteuse du rapport, y compris demander aux gestionnaires du congrès de contester les contributions futures de 406 millions $ en financement des États-Unis à l'OMS »; mettre la quantité de sucre ajoutés sur les emballages « causerait une confusion et pourrait engendrer une connotation négative injuste qui mine la nature des faits de l'information nutritionnelle »

Aux USA : Président du Comité d’évaluation FDA de 1976 était aussi membre du Conseil consultatif scientifique de l’ISRF (International Sugar Research Foundation Scientific Advisory Board)

Les lobbyistes veulent convaincre la population et les gouvernements que le sucre est « bon ».

Le goût sucré intense dépasserait la récompense associée à la cocaïne et à l’héroïne (serait une question d’évolution).

4 grand joueurs commandent l’alimentation et les systèmes agricoles

  1. Fabricants de produits alimentaires
  2. Grandes chaînes de restaurants
  3. Détaillants
  4. Industrie agroalimentaire mondiale

Transition nutritionnelle et incompatibilité

(Choc entre notre biologie et la technologie moderne)

Biologie Technologie
Préférence pour le sucré Des sucres bon marché, transformation alimentaire crée l’habitude aux produits sucrés
Soif et faim, mécanismes de satiété non liées Révolution des boissons caloriques
Préférence pour aliments gras Révolution des aliments comestibles – graines oléagineuses à rendement élevé et bon marché, secteur des aliments transformés/resto
Désir d’éliminer l’effort Technologies dans toutes les phases du travail et du mvt (diminution des dépenses et augmentation de la sédentarité)

Les modifications du système alimentaire vont de pair avec les changements récents et futurs, et ceux-ci s’accélèrent.

Le tabagisme diminue, mais la consommation de boissons sucrées augmente.

« La motivation principale des systèmes alimentaires n’est pas de dispenser une alimentation optimale aux humains, mais de maximiser leurs profits. »  Pour les pauvres : exclusion du développement, insécurité alimentaire ou manger à faible coûts des produits ultra-transformés riches en sucre, sel, gras saturés donc augmentation de l'obésité

L’industrie essaie de nous convaincre que la pratique quotidienne de la cuisine à la maison est trop compliquée. Les industries ont des ingrédients que l’on n’a pas à la maison et aussi, ajoutent du sucre/gras/sel… pour ajouter de la saveur à faible coûts.

Règle simple : « Vous pouvez manger tout ce que vous voulez à la condition que vous préparez tout vous-même. »

Selon des études sur des oiseaux, l’attraction vers les choses plus « parfaites » est plus forte que les choses naturelles (« Stimuli supranormaux » : Dans le contexte, ces stimuli pourraient être notre alimentation transformée)

Idéologie/paradigme du Nutritionnisme - Réductionnisme Nutritionnel : les aliments ne sont rien d’autres que la somme de leurs nutriments (ex. décomposer une banane selon ce qu’elle contient)  Fournirait la justification ultime de la transformation des aliments en laissant entendre qu’avec une application judicieuse de la science alimentaire, les faux aliments peuvent être encore plus nutritifs que les vrais aliments !

« Allégations de santé » sur les aliments [exemple des Lucky Charms « source de fibres »] ; conclusion d’une étude à ce sujet : les aliments portant des allégations santé ont des profits nutritionnels légèrement meilleurs. Ce n’est pas clair si ces faibles différences peuvent avoir des répercussions importantes sur la santé . Les allégations santé sur les emballages ne concernent que le marketing (et non la santé !)

L’alimentation autour du monde: La qualité, pas la quantité !

  • Ce qui n’est pas mangé est très pertinent à la santé (Peu de fruits, légumes, noix, grains entiers, fruits de mer, huiles végétales…)
  • Ces déficits, combinés à l’abondance mondiale de grains raffinés, viandes transformées, Na+, sucres et gras trans ont créé une recette parfaite pour notre pandémie contemporaine de Mx chroniques
Alimentation faible en
  1. fruits (3.4M, 11%)
  2. grains entiers (2M, 6.6%)
  3. légumes (1.8M, 5.8%)
  4. noix/graines (1.2M, 3.9%)
  5. fibres (1M, 3.3%)
  6. poisson (n-3) (1M, 3.3%)
  7. AGPIs (0.1M, 0.4%)
  8. lait (0.1M, 0.3%)

Alimentation sous-optimale en Ca (0.1M, 0.5%)

Alimentation riche en
  1. sodium (3.7M, 12%)
  2. charcuteries (0.6M, 2.1%)
  3. AG trans (0.4M, 1.3%)
  4. boissons sucrées (0.1M, 0.4%)
  5. viandes rouges (0.1M, 0.3%)

La qualité de l’alimentation aux USA tend à s’améliorer, mais elle demeure globalement faible. Présence de disparités dans la qualité de l’alimentation (entre les groupes ethniques et sociaux). Globalement, les habitudes alimentaires sont moins bonnes chez les plus pauvres

Selon une étude prospective chez des hommes et femmes américains sans Mx, pour vérifier les impacts de la diète et du style de vie dans le gain de poids à long terme (12-20 ans) :

Aliments bénéfiques :

  • Noix
  • Grains entiers
  • Fruits, légumes
  • Yogourt

Aliments nocifs :

  • Croustilles
  • Frites
  • Desserts et sucreries
  • Grains rafinés

Les indicateurs traditionnels (matières grasses, densité énergétique) ne permettent pas d’identifier les facteurs alimentaires associés à la prise de poids à long terme. Les efforts de recherche visant à prévenir l’obésité doivent examiner davantage la structure et la transformation alimentaire comme mesure pertinente. 1 Calorie de pomme n'égale pas 1 Calorie de chocolat

Indice glycémique (mesure de la qualité des glucides → +insuline sécrétée si +indice glycémique), ça peut varier pour un même aliment : (exemple, du meilleur au pire) → Blé entier < Blé concassé < Semoule < Farine blanche

(et plus encore s’il y a pré-cuisson): Effet sur la composition graisseuse à long terme

Charge glycémique : considère aussi la quantité réelle de ces glucides dans une portion normale

→ Apport calorique – Dépense calorique = Calories stockées (t. adipeux)

Il y a maintenant une vision alternative de l’obésité : Alimentation de mauvaise qualité → Le stockage des graisses (a. gras, protéines, micronutriments, microbiote ) avec la sécrétion insuline à cause des glucides alimentaires et une association du sommeil/stress/activité physique perturbés causerait une augmentation de la circulation de carburants métaboliques et inciterait à augmenter nos apports en énergie et à diminuer nos dépenses

Est-ce que le gras est mieux?

Pas tellement. La question est vers quoi on se tourne pour substituer. Si l’on se tourne vers les glucides, ces dernières ne sont pas meilleures, mais si l’on se tourne vers les grains entiers, alors ce serait bon!

Les conflits d’intérêt

Une méta-analyse de méta-analyses a montré que si l’étude analysée avait été subventionnée par le marketing du sucre, alors elle allait probablement dire que le sucre n’était pas mauvais, alors que pour les études n’ayant pas cette subvention, le sucre ressortait comme mauvais.

Autre exemple : Coca-cola qui subventionne de l’activité physique → Ça donne l’impression au monde que c’est une entreprise santé.

En acceptant le financement des compagnies, les organismes de santé participent par inadvertance à leurs plans marketing.

Les compagnies ont plus facilement un accès direct aux dirigeants prenant les décisions que l’ONU même!

Les compagnies ont bcp $$$ à mettre dans leur marketing (beaucoup plus que ce que le gouvernement est capable d’investir dans la recherche en santé, ex. du Cancer MoonShot aux USA)

Les 4 D des lobbyistes

  • Décident (d’un produit)
  • Sèment le Doute
  • Désinforment
  • Diffèrent le processus

« Notre industrie est celle du doute, parce que le doute est la meilleure façon de faire concurrence aux faits qui existent dans l'esprit du public. C'est aussi le meilleur moyen de créer une controverse » (Lobbyiste du tabac,1969).

ONU : Les études montrent qu’une taxe de 20% sur les breuvages sucrés peut mener à une réduction de la consommation d’environ 20%.

Les guides alimentaires nationaux sont en quelques sortes un compromis politique nécessaire entre la science et ce qui est bon pour l’industrie.

Les guides recommandent des aliments précis lorsqu’il faut en manger plus, mais recommande des nutriments lorsqu’il faut en manger moins : Ex. Manger moins de gras saturé (à la place de moins de viandes); manger moins de sucres ajoutés (à la place de brevages sucrés); manger moins de Na+ (à la place d’aliments transformés)

Les stratégies d’éducation nutritionnelle via les guides alimentaires et l’étiquetage nutritionnel sont des approches qui mettent la responsabilité sur la capacité des individus à faire des choix éclairés plutôt que de traiter les puissants déterminants des habitudes alimentaires.

« Stratégie de responsabilité personnelle – libre choix » → Selon cette théorie, les consommateurs qui ont de la difficulté à choisir les bonnes options ont seulement besoin d’une meilleure éducation, éducation à laquelle les gens du marketing alimentaire sont heureux de contribuer, mais seulement dans le plus cordial respect des valeurs corporatives !

Entretenir la confusion (le doute) sur les « bon » et « mauvais » aliments → Tous les aliments peuvent être incorporés dans un régime alimentaire sain et équilibré (oui ! même le chocolat et la poutine !) ; l’équilibre, la variété et la modération sont les clés d’un régime sain.

Il est dans l’intérêt des compagnies alimentaires que les gens croient qu’il n’y a pas de « bon » aliments (sauf les leurs !), ni de « mauvais » aliments (surtout pas les leurs !), que tous les aliments (surtout les leurs !) peuvent être incorporés dans un régime alimentaire sain et équilibré, ce qui signifie, selon eux, qu’aucun conseil pour limiter l’apport de leurs produits n’est approprié.

La problématique dans notre société est que les aliments d’occasion sont devenu des aliments quotidiens et les aliments d’exception sont devenu des aliments d’occasion.

Transformer nos environnements et améliorer nos pratiques : Environnement favorables à un mode de vie sain ; s’appuie sur la reconnaissance d’une responsabilité collective qui va au-delà des interventions visant le seul changement des comportements individuels

« Voter avec sa fourchette »

Bien manger en 3 règles simples et 8 mots :

  • Manger des aliments (des vrais)
  • Pas trop
  • Principalement des plantes