ULaval:MED-1209/Larynx

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Physiologie

Le larynx est un sphincter, sa fermeture isole les voies respiratoires inférieures des voies aéorodigestives supérieures empêchant ainsi l'aspiration lors de la déglutition. Il s'agit de la fonction principale du larynx; la voix n'est que secondaire.

Protection des voies aériennes inférieures

Lors de la déglutition

La déglutition

Il s'agit de l'action sphinctérienne du larynx qui empêche l'entrée des aliments dans la trachée pendant la déglutition. Il y a trois mécanismes qui permettent cette action:

  1. Fermeture des cordes vocales
  2. Élévation du larynx contre la base de la langue
  3. Contraction supraglottique et déplacement postérieur de l'épiglotte

Toux

Si un corps étranger pénètre dans le larynx, la trachée ou une bronche, un réflexe de toux est enclenché. Une expiration forcée est faite contre le larynx fermé qui se réouvrira subitement laissant échapper l'air sous pression, ceci délogera le plus souvent le corps étranger.

Voies aériennes

Le larynx est une portion de l'appareil respiratoire, donc il laissera passer l'air inspiré et expiré. Le larynx a un certain contrôle à ce niveau pouvant augmenter ou diminuer la résistance au passage de l'air.  

Voix

Larynx normal

La voix est le produit final d'un instrument à vent constitué d'une soufflerie, d'un générateur et de résonateurs.

  • L'étage glottique du larynx (celui des cordes vocales) est le point central de la chaîne de production vocale. Les cordes vocales sont le vibrateur ou générateur;
  • Les poumons, les muscles expiratoires : la soufflerie ou activateur
  • Le larynx supraglottique, le pharynx, la bouche, les cavités nasales : les résonateurs.

Lors de la phonation, les cordes vocales se rapprochent doucement l'une de l'autre. L'air expiré est poussé contre cet obstacle, la pression sous-glottique augmente et force l'ouverture. L'air s'échappe entre les cordes vocales qui se referment immédiatement jusqu'à ce que de nouveau la pression sous-glottique soit suffisante pour provoquer l'ouverture. La vibration laryngée sera donc constituée d'une alternance de mouvements d'ouverture et de fermeture. À chaque ouverture l'air fuit sous pression : il y a donc formation d'un train de « bouffées » d'air qui constitue l'onde sonore.

Le contrôle de la tension, de la longueur, de la masse des cordes vocales et celui de la puissance de la soufflerie amèneront les changements dans l'intensité et la hauteur du son.

Les résonateurs modifient le son laryngé. Ils peuvent l'amplifier ou l'étouffer. Ils le colorent en ajoutant voyelles et consonnes le rendant ainsi intelligible. Les résonateurs, par leurs structures mobiles, peuvent changer de forme et de taille à l'infini. Les possibilités de modifications du son laryngé seront donc elles aussi infinies.

Fixation de la cage thoracique et du tronc

L'augmentation de la pression intra-abdominale et intrathoracique sur un larynx fermé amène une fixation de la cage thoracique et du tronc. Cette fixation peut faciliter les efforts physiques importants. La fermeture glottique serrée permet la construction d'une pression intra-abdominale efficace importante par exemple lors de l'accouchement ou de la simple défécation.

Évaluation clinique

Histoire

Comme toujours l'élément le plus important de l'évaluation!

  • Depuis quand, la fréquence, les fluctuations, la sévérité, le handicap imposé
  • La profession, les loisirs "vocaux", les habitudes vocales
  • Le tabagisme, la prise d'alcool
  • Le milieu (sécheresse, air climatisé, bruit)
  • Les allergies
  • Le reflux gastro-oesophagien
  • Les médicaments habituels

On veut mettre en évidence les déficits laryngés donc les malfonctions physiologiques de cet organe. Il faut donc s'informer de la qualité de la déglutition, des difficultés respiratoires, des troubles vocaux. Les symptômes reliés aux troubles laryngés seront souvent limités à ces éléments : dysphagie, dysphonie, dyspnée.

Lors du questionnaire, le son de la voix lui-même et la façon de l'utiliser sont des indices précieux et peuvent déjà suggérer le diagnostic à l'oreille exercée du clinicien.

Laryngoscopie indirecte

Laryngoscopie indirecte

C'est l'examen laryngé de base (mais dans les faits, il est de moins en moins utilisé). Il se fait à l'aide d'une lampe frontale et d'un petit miroir angulé. Le patient est assis, le dos droit, le cou légèrement étendu, il ouvre sa bouche et sort sa langue; il respire par la bouche et essaie de se détendre. L'examinateur tient la langue « délicatement » dans une gaze, introduit le miroir dans la bouche. Il l'appuie doucement sur la luette et le palais mou. En dirigeant sa lumière frontale sur le miroir, il éclaire donc le larynx et l'hypopharynx. On demande au patient de faire des sons, le plus souvent des « é » et des « i », ce qui permet une meilleure visualisation du larynx et en même temps permet de juger de ses mouvements.

Il faudra évaluer : la base de la langue, les vallécules,  l'épiglotte, les replis aryépiglottiques, les  sinus piriformes, les bandes ventriculaires (fausses cordes), les ventricules, les cordes vocales, la région sous-glottique Il faudra noter:

  • Les changements de coloration, les changements de structure, les sécrétions (en particulier un éventuel « pooling » dans le sinus piriforme) et bien sûr, la mobilité des cordes vocales.
  • Les cordes vocales sont normalement pâles, lisses, les bords libres sont bien réguliers, le reste de la muqueuse est lisse et rosé.
  • Si l'examen est difficile à cause d'un réflexe nauséeux très important, la vapo- risation d'un anesthésique local pourra aider.
  • En clinique ORL le nasolaryngoscope flexible et l'endoscope rigide à 90° sont maintenant utilisés.
  • Si l'examen est tout à fait impossible ou qu'un doute persiste, une laryngoscopie directe sous anesthésie générale devra être faite.

Examen du cou

La palpation du cou est tout à fait indispensable lors de l'évaluation d'une pathologie laryngée. Il faudra noter tout changement de forme, tout gonflement ou autre anomalie.

S'il y a gonflement ou masse, il faudra noter :

  • La localisation
  • La grosseur
  • La sensibilité
  • La consistance
  • La mobilité ou la fixation aux structures adjacentes
  • Il faudra palper les chaînes ganglionnaires cervicales systématiquement en notant la présence d'adénopathies, leur grosseur, leur mobilité, leur sensibilité.

Investigations

Radiologie

  • IRM du larynx
    Film simple en latéral et en antéropostérieur
  • Tomodensitométrie
  • TEP CT
  • Résonance magnétique (IRM)

Laryngoscopie directe

Laryngoscope vidéo

Sans ou avec microscope (microlaryngoscopie)

Indications:

  • Si le larynx n'a pu être examiné de façon adéquate;
  • Pour évaluation et biopsie d'une lésion suspecte de malignité;
  • Pour procéder à une microchirurgie laryngée d'une lésion bénigne ou maligne.

Orthophonie

L'orthophoniste est un spécialiste du diagnostic et du traitement des troubles de la communication.

Son intervention se situe surtout au niveau de la fonction : étude de l'utilisation faite de l'appareil phonatoire, identification des mécanismes fautifs et corrections par l'éducation et la rééducation.

Pathologies

Congénitales

Le larynx du nouveau-né est petit! La dimension antéropostérieure est de 7 mm et la latérale de 4 mm. Il est peu rigide et facilement compressible.

Les symptômes peuvent concerner:

  • l'obstruction respiratoire
  • la dysphagie
  • la qualité du cri
  • la croissance insatisfaisante

Laryngomalacie

Une épiglotte en forme d'oméga, couramment rencontré dans la laryngomalacie

Physiopathologie: Le larynx du nouveau-né est trop placide. À l'inspiration, ce tissu laryngé trop mou est aspiré, le larynx se ferme et le passage est rétréci.

Clinique:

  • stridor tôt après la naissance, inspiratoire et augmenté par l'exercice
  • cyanose rare
  • la voix est normale

Diagnostic:

  • Histoire de stridor avec voix normale
  • À la laryngoscopie, on voit le larynx sus-glottique (épiglotte, repli aryépiglottique, bandes ventriculaires) se fermer à l'inspiration. La respiration est normale si le laryngoscope maintient le larynx ouvert.

Traitement:

  • Réassurance et patience
  • Rarement : trachéotomie

Évolution: Les cartilages deviennent plus rigides, les muscles plus solides. Le problème se règle avant ou vers 12 à 15 mois.   

Traumatismes

Traumatismes externes

Pathologies possibles:

  • Ecchymose cutanée
  • Emphysème sous-cutané (implique un bris des voies respiratoires avec fuite d'air dans les tissus mous)
  • Hémorragie sous-muqueuse endolaryngée
  • Fracture des cartilages laryngés
  • Sténose laryngée immédiate (s'il y a déformation importante du larynx)
  • Périchondrite (s'il y a infection)

Clinique:

  • Dyspnée (par le déplacement des tissus laryngés et l'oedème)
  • Dysphonie
  • Dysphagie
  • Hémoptysie
  • Douleur
  • Sensibilité
  • Crépitation aux sites des fractures
  • Gonflement externe (emphysème sous-cutané, hématome, oedème)
  • Ecchymose cutanée
  • Hémorragie sous-muqueuse endolaryngée

Diagnostic:

  • Histoire et signes physiques
  • Radiographies (tomodensitométrie)

Traitements:

  • Maintenir les voies aériennes ouvertes - trachéotomie au besoin
  • Prévenir l'infection - antibiotiques prophylactiques
  • Exploration chirurgicale si déplacement du cartilage ou lacération des muqueuses en vue de replacer les structures dans leur position anatomique pour redonner une fonction adéquate et prévenir les complications cicatricielles

Évolution: Si le diagnostic n'est pas fait, si le traitement est inadéquat ou si le traumatisme est trop important il peut y avoir guérison imparfaite. Les synéchies peuvent se produire si deux surfaces dénudées de leur muqueuse se touchent, une cicatrisation ou une fibrose importante peut occasionner des changements majeurs au niveau de l'architecture laryngée (ex. obstruction) ou au niveau des structures mobiles (ex. ankylose des articulations crico-aryténoïdiennes). Les séquelles peuvent être importantes et varier de la sténose à la béance.

Traumatismes d'intubation

Une intubation

On parle ici, du traumatisme pouvant être causé par un tube endotrachéal placé par exemple pour une anesthésie générale, lors d'une manoeuvre de réanimation, ou pour support ventilatoire.

Étiologies:

  • Intubation difficile
  • Intubation prolongée
  • Tube trop gros
  • Patient agité

Pathologies possibles:

  • Hématome
  • Abrasion superficielle
  • Granulome d'intubation: habituellement au tiers postérieur de la corde  vocale où la muqueuse recouvre simplement le cartilage. Si le cartilage est mis à nu, une périchondrite se développe localement, empêchant la guérison et favorisant la formation d'un granulome.
  • Ankylose crico-aryténoïdienne: immobilité de la corde vocale secondaire à la cicatrisation et à la fibrose au niveau des articulations. Cette ankylose peut être la première manifestation du traumatisme d'intubation et elle peut n'être diagnostiquée que longtemps après ce traumatisme. Il faut donc songer à cette possibilité de diagnostic lorsque l'on voit une corde vocale immobile.
  • Sténose cicatricielle

Clinique:

  • Dysphonie
  • Dyspnée

Traitements:

Pour les abrasions superficielles et le granulome d'intubation, le repos  vocal est souvent suffisant. La microchirurgie peut être faite, et le granulome réséqué au besoin.

On peut avoir à faire une chirurgie pour des sténoses cicatricielles handicapantes.

Prévention:

  • Délicatesse à l'intubation
  • Garder le patient le plus calme possible
  • Songer à la trachéotomie si l'intubation se prolonge plus de 7 jours

Sténose laryngée et trachéale

La sténose laryngée mérite sa petite section spéciale étant une complication importante des traumatismes laryngés. Elle mérite qu'on en parle parce qu'elle est difficile à traiter et souvent, pourrait être facile à prévenir.

Étiologies:

  • Séquelles de trauma laryngotrachéal non traité ou mal traité
  • Ingestion caustique
  • Causée par un tube endotrachéal ou un tube de trachéostomie
  • Rarement la séquelle d'une infection granulomateuse (ex. tuberculose)
  • Congénitale

La déformation peut être très variable selon l'étiologie.

Clinique:

  • Dysphonie
  • Dyspnée

Investigation et diagnostic:

  • Radiographie simple
  • Tomodensitométrie

Traitement:

Chirurgie: habituellement, il y a résection du tissu cicatriciel et mise en place d'un moule intralaryngé (nombreuses techniques possibles). La trachéotomie est nécessaire s'il y a obstruction respiratoire importante. Cette trachéotomie est temporaire si une correction chirurgicale peut être faite au niveau du larynx, elle peut également être permanente si cette correction est impossible.

Traumatismes vocaux

Hémorragie sous-muqueuse aiguë (coup de fouet laryngé)

Étiologie: causée par l'approximation soudaine et violente des cordes vocales (toux, cris, levée de poids...)

Pathologie: l'hémorragie sous-muqueuse peut être simple ou multiple. Le reste de la corde vocale est hyperhémié.

Clinique: dysphonie soudaine, douleur possible

Traitement: repos vocal

Nodules

Étiologies: utilisation excessive de la voix (surtout si trop haut et trop fort), techniques vocales inadéquates

Les nodules sont situés à la jonction du tiers antérieur et des deux tiers postérieurs des cordes vocales (point nodulaire). Il s'agit de la région ou l'amplitude vibratoire est maximale. Ils sont à peu près toujours bilatéraux et peuvent être minuscules. Il s'agit d'abord d'un tissu oedémateux qui s'organise et devient fibreux. On peut avoir une hyperkératose importante localisée.

Signes et symptômes: voix voilée qui peut être subite ou progressive

Diagnostic: laryngoscopie indirecte Traitements:

  • Orthophonie et rééducation pour techniques vocales adéquates;
  • Microchirurgie, si nécessaire

Évolution:

  • Si de bonnes habitudes vocales sont acquises par le patient, les chances de réversibilité sont excellentes surtout lorsque le nodule est « peu organisé ».
  • Si la microchirurgie laryngée est nécessaire, la voix est  habituellement bonne en postopératoire, mais la récidive est toujours possible si les habitudes fautives ne sont pas corrigées.

Inflammation et infections

Il est utile de séparer les inflammations et infections laryngées chez les enfants de celles chez les adultes. Les particularités du larynx de l'enfant font que chez celui-ci les pathologies de cette région revêtent une importance beaucoup plus marquée.

Laryngites de l'enfant

Particularités:

  • Les voies respiratoires sont de petit calibre.
  • Les tissus laryngés sont plus lâches, ce qui peut favoriser l'oedème.
  • Le réseau lymphatique est plus riche, la sous-muqueuse peut être plus facilement infectée.
  • Le mécanisme neuromusculaire est plus irritable et les spasmes sont plus facilement provoqués.

Les laryngites de l'enfant regroupent différentes entités: la laryngotrachéite, la laryngo-trachéo-bronchite et l'épiglottite.

Laryngotrachéite (LT) - Laryngite striduleuse

Étiologie: L'origine est habituellement virale. Le plus souvent les virus parainfluenza 1 et 2 ou influenza A sont impliqués.

Pathologie: Oedème glottique et sous-glottique

  • La région sous-glottique est la région la plus étroite des voies respiratoires supérieures chez les enfant de 6 mois à 3 ans. De plus, il s'agit du seul endroit des voies respiratoires supérieures où il y a un anneau cartilagineux complet (cricoïde), donc tout l'oedème se développe aux dépends de la lumière.
  • Le stridor se manifeste si 80% de l'espace est compromis. À ce  stage, un léger oedème supplémentaire ou un bouchon muqueux peut provoquer l'obstruction complète.

Clinique:

  • Le plus souvent au printemps et à l'automne
  • Peut survenir en épidémie
  • Chez les enfants de 6 mois à 3 ans
  • Durée: 3 à 7 jours
  • Mal de gorge
  • Fièvre modérée
  • Toux qui peut devenir aboyante
  • Dyspnée, cyanose
  • Stridor (secondaire à l'oedème et/ou aux spasmes laryngés)
  • Tirage supra ou infraclaviculaire
  • Dysphonie : voix rauque

Diagnostic: La radiographie du cou démontre un rétrécissement sous-glottique.

Traitements:

  • Humidité
  • Hospitalisation si une obstruction respiratoire semble possible (ne pas hésiter)
  • Épinéphrine en inhalation (discuté)
  • Cortisone (discuté)
  • Intubation nasotrachéale ou trachéotomie au besoin
Laryngo-trachéo-bronchite (LTB)

Le terme est parfois employé indifféremment pour la laryngotrachéite. En fait, il y a discussion à savoir si la laryngo-trachéo-bronchite est une entité différente de la laryngotrachéite ou s'il s'agit d'une laryngotrachéite surinfectée.

Étiologie: L'étiologie est bactérienne, on peut retrouver du staphylocoque aureus, du streptocoque hémolytique du groupe A, ou de l'hémophilus influenzae.

Pathologie: Ici, la trachée et les bronches sont aussi impliquées; l'obstruction respiratoire peut donc être plus sévère. Il peut y avoir atélectasie par obstruction bronchique.

Clinique: Les signes et symptômes ressemblent à ceux de la laryngotrachéite, mais sont plus sévères et ne répondent pas au traitement de la laryngotrachéite.

Traitement: À l'hôpital

  • Humidité
  • Antibiotique (à envisager)
  • Épinéphrine en inhalation (discuté)
  • Cortisone (discuté)
  • Hydratation
  • Intubation nasotrachéale ou trachéotomie au besoin
Épiglottite - Laryngite supra glottique
Épiglottite

Étiologie: L'étiologie est bactérienne. Il s'agit surtout de l'hémophilus influenzae.

Pathologie: oedème marqué de la sus-glotte (épiglotte, replis aryépiglottiques, bandes ventriculaires). L'image la plus caractéristique est celle de l'épiglotte très gonflée et rouge cerise. L'obstruction respiratoire peut être causée par l'oedème sus-glottique important et/ou par les sécrétions épaisses qui s'accumulent à cause de l'odynophagie importante et/ou par le laryngospasme causé par un examen pharyngé intempestif.

Clinique:

  • Chez les 2 à 8 ans, rare chez l'adulte
  • Sporadique surtout en hiver
  • Maladie rapidement progressive, peut évoluer en 2 à 6 heures
  • L'enfant est très malade (température très élevée, moche)
  • Odynophagie très importante (n'avale plus sa salive)
  • Dyspnée rapidement progressive
  • Patient assis penché en avant (cette position lui permet de respirer et de se débarrasser de sa salive plus facilement)

L'examen du pharynx peut précipiter un spasme et l'obstruction respiratoire. Donc, le faire seulement si les moyens de rétablir une voie aérienne sont immédiatement disponibles (intubation ou trachéotomie).

Diagnostic:

  • Radiographie du cou en latéral si on a le temps. Souvent inutile si le diagnostic clinique est fait
  • Des hémocultures démontrent l'hémophilus influenzae dans 50 à 75% des cas

Traitement: À l'hôpital

  • Humidité
  • Antibiotique
  • Cortisone
  • Intubation nasotrachéale ou trachéotomie
Comparaison de l'épiglottite et de la laryngotrachéite
Épiglottite Laryngotrachéite
Proportion 5-10% 90-95%
Présentation Sporadique Parfois en épidémie
Saison Surtout en hiver et au printemps Printemps et automne
Âge 2 à 8 ans 6 mois à 3 ans
Début Aigu Subaigu
Position du patient Assis Variable
Drooling Présent Absent
Voix ou pleurs Étouffés ou normaux Rauques
Toux Normale Aboyante
Autres pathologies importantes au diagnostic différentiel de laryngite chez l'enfant
  • Corps étranger: importance de la radiographie
  • Sténose sous-glottique
    • Malformation congénitale
    • Déformation cicatricielle (ex. post-intubation)
    • Tumeur
  • Les maladies de l'enfant: les oreillons, la rubéole et la varicelle, qui sont des maladies virales, peuvent provoquer une laryngite qui habituellement est peu sévère, mais qui a tout de même la possibilité de se surinfecter (bactéries) et d'entraîner une laryngo-trachéo-bronchite.

Laryngites de l'adulte

Laryngite aiguë simple

Étiologies:

  • Infection virale (le plus souvent) ou bactérienne qui peut être une partie d'une infection généralisée des voies respiratoires supérieures ou localisée uniquement au larynx.
  • Irritation par sécheresse, cigarette, alcool, reflux gastro- oesophagien, irritants (ex. soudure), trauma vocaux, etc. 

Pathologie:

  • Érythème
  • Oedème
  • Exsudat muqueux
  • Exsudat purulent si septique
  • Érosion superficielle rare
  • Périchondrite très rare

Clinique:

  • Dysphonie très variable
  • Malaise pharyngo-laryngé
  • Douleur rare
  • Dysphagie habituellement légère, mais peut être importante
  • Dyspnée très rare
  • Toux variable
  • Symptômes systémiques selon la cause (malaises, température, etc.)

Évolution:

  • Résolution en quelques jours
  • Dysphonie peut persister plus longtemps
  • Dépend, bien entendu, de la cause et de son contrôle

Traitement:

  • Local: repos vocal et humidité
  • Systémique: analgésique, antipyrétique, antitussif, antibiotique (tout ceci au besoin, selon la cause) 
Laryngite chronique non spécifique
Inflammation du larynx causée par un reflux gastro-oesophagien

Les laryngites chroniques spécifiques sont très rares - syphilis, tuberculose, sarcoïdose, champignons, etc. - elles ne sont pas traitées ici; par contre les laryngites moins spécifiques sont très fréquentes.

Étiologies:

  • Peut suivre une laryngite aiguë
  • Mauvaise utilisation du larynx (parler trop fort, se dérhumer constamment, etc.)
  • Trop de tabac, trop d'alcool
  • Poussière, irritants, sécheresse (milieu ambiant)
  • Infection chronique des amygdales, des sinus paranasaux
  • Allergie
  • Reflux gastro-oesophagien
  • Fonctionnelle (manifestation morbide, généralement bénigne et réversible qui ne semble pas due à une lésion actuellement décelable d'un organe, mais à une perturbation de son fonctionnement)

Pathologie:

  • Habituellement bilatérale et symétrique
  • Hyperémie variable
  • Oedème variable
  • Sécrétions visqueuses excessives (par augmentation de l'activité des glandes muqueuses)

Clinique:

  • Dysphonie intermittente qui peut devenir continue
  • Toux peut être présente, légère, sèche, irritante
  • Dérhumage
  • Embarras laryngopharyngé
  • Habituellement, pas de douleur
  • Les plaintes sont souvent vagues et peu spécifiques (« motton dans la gorge »)

Traitement:

  • Réassurance et explications
  • Repos vocal
  • Éviter les irritants
  • Orthophonie au besoin
  • Antibiotiques systémiques au besoin
  • Traitement du reflux gastro-oesophagien au besoin

Néoplasies laryngées

Néoplasies bénignes

Papillome isolé

Il s'agit d'une pathologie retrouvée chez l'adulte surtout. Elle est plus fréquente chez l'homme.

Étiologie: virus du papillome huamain (VPH)

Pathologie: il s'agit d'une lésion unique sessile ou pédiculée le plus souvent à la moitié antérieure des cordes vocales. On peut la retrouver n'importe où sur la muqueuse laryngée.

Clinique:

  • Dysphonie si le papillome est au niveau glottique.
  • Si le papillome est ailleurs, il peut demeurer silencieux.

Traitement: microchirurgie; le laser peut être le meilleur instrument

Papillomatose

Il s'agit d'une pathologie retrouvée surtout chez les nourrissons et les jeunes enfants (papillomatose juvénile). Elle est plus rare chez l'adulte.

Étiologie: virus du papillome huamain (VPH)

Pathologie: on retrouve ces papillomes sur les cordes vocales, les bandes ventriculaires; ils peuvent s'étendre au niveau de l'épiglotte, de la trachée et même des bronches. Clinique:

  • Dysphonie
  • Dyspnée

Traitements: une multitude de traitements est proposée, c'est donc qu'il n'y a pas encore de solution idéale ou parfaite

  • Microchirurgie : résection aux micro-instruments ou vaporisation au laser
  • Vaccins
  • Interféron
  • Anti-viraux

Quoique l’on fasse, il faut être prudent: il ne pas endommager la muqueuse saine ou la sous muqueuse. Il faut éviter les cicatrices chez ces patients qui auront éventuellement de nombreuses chirurgies.

Évolution: Les récidives sont fréquentes, même habituelles.

Néoplasie du tissu conjonctif

On peut retrouver au niveau du larynx, des tumeurs du tissu conjonctif (chondrome, fibrome, lipome, etc.). Ces tumeurs demeurent cependant très rares.

Néoplasies malignes

Tumeur du larynx

Les néoplasies malignes du larynx représentent 2% des cancers. Elles se développent surtout entre 50 et 70 ans et touchent 8 hommes pour 1 femme. Ce sont presque toujours des épithélioma épidermoïdes; les adénocarcinomes, les cylindromes et les sarcomes sont très rares. La topographie est très importante.

Petite note:

Il faut penser à un cancer du larynx lorsque:

  • Dysphonie qui ne rentre pas rapidement dans l'ordre
  • Otalgie

Surtout si le patient:

  • Fume
  • Boit

On peut avoir des cancers du larynx chez des gens âgés de 30 ans. Donc, ne pas l'éliminer d'emblée.

Les cancers laryngés sont divisés en:

  • Sus-glottiques (au-dessus des cordes vocales)
  • Glottiques (le plus fréquent, au niveau des cordes vocales)
  • Sous-glottiques (très rare, au-dessous des cordes vocales)

Étiologies:

  • Tabagisme
  • Alcool

Pathologie:

  • Le cancer peut être de bien à peu différencié;
  • Il peut être très superficiel ulcérant ou bourgeonnant;
  • Bien que le cancer puisse ressembler à un nodule, à un polype, à un ulcère de contact, etc., le diagnostic se fait souvent de façon presque certaine à la laryngoscopie indirecte. Bien entendu, la biopsie est nécessaire et doit être faite dès qu'il y a suspicion de malignité.

Clinique:

  • Dysphonie: elle est très précoce dans les néoplasies glottiques, mais peut être tardive dans les néoplasies sus et sous-glottiques
  • Malaises pharyngés : les plaintes peuvent être en effet très vagues (ex. « motton dans la gorge »), surtout dans les néoplasies sus-glottiques ou la lésion peut évoluer longtemps sans nuire à la voix ou à la respiration.
  • Dyspnée (si obstruction)
  • Dysphagie
  • Otalgie (douleur référée)
  • Adénopathie métastatique

Examens:

  • Laryngoscopie indirecte : évaluer soigneusement l'extension de la lésion et noter la mobilité de l'hémilarynx, une corde vocale immobile indique un envahissement important des tissus paraglottiques et est un mauvais signe pronostique
  • Palpation du cou : rechercher un envahissement direct à travers le cartilage et des adénopathies métastasiques
  • Examen ORL complet : les patients présentant une néoplasie dans la sphère ORL peuvent en présenter une deuxième dans la même région.

Investigations:

  • Laryngoscopie directe et biopsie au moindre doute
  • Radiographies
  • Tomodensitométrie
  • Radiographie des poumons (on peut y trouver un second cancer - même étiologie)

Les cancers du larynx sont longtemps limités au cou, on n'a habituellement pas besoin d'examen plus poussé à la recherche de métastases systémiques. Cette investigation sera faite seulement si celles-ci sont suspectées.

Laryngectomie

Traitements - Curatifs:

  • Radiothérapie
  • Chimiothérapie
  • Chirurgie: le but de la chirurgie est de réséquer complètement la tumeur.
    • Prothèse vocale
      La laryngectomie est partielle si possible; elle est totale si la lésion est trop extensive. Chez le « laryngectomisé total », la trachée est attachée et ouverte à la peau au-dessus du sternum (trachéostomie permanente). Les tractus respiratoires et digestifs sont donc complètement séparés. Diverses techniques seront offertes et enseignées au patient afin qu'il puisse de nouveau parler.
    • L'évidement cervical (la résection des ganglions cervicaux) est nécessaire s'il y a métastase dans les ganglions cervicaux

Traitement combiné: les associations radiothérapie et chimiothérapie (radiochimiothérapie), chirurgie et radiothérapie, chirurgie et radiochimiothérapie sont utilisées. Ces traitements augmentent les possibilités de traitement à visée curatrice, mais peuvent être très lourds pour nos patients.

Traitements - Palliatifs:

  • Radiothérapie, chimiothérapie ou chirurgie palliative
  • Abstention totale de traitement
  • Trachéotomie, au besoin
  • Gastrostomie, au besoin
  • Soins de la personne dans sa totalité (analgésie, psychologie,etc.)

Paralysie laryngée

Lésion centrale (SNC): La lésion doit être extensive pour amener une paralysie complète des cordes vocales qui sont représentées des deux côtés de l'aire motrice du cortex. 

Lésion périphérique: Il s'agit ici d'une lésion du nerf vague ou du nerf récurrent. Ces lésions sont beaucoup plus fréquentes que les lésions centrales. C'est de celles-ci qu'on parlera. La lésion peut être:

  • Intracrânienne
  • Trou jugulaire (base du crâne)
  • Cou
  • Thorax

Lésion intracrânienne

Elle peut être associée à paralysie d'autres nerfs crâniens (IX, XI et XII) qui sont tout près et à des problèmes centraux.

Étiologies:

  • Paralysie bulbaire aiguë (poliomyélite)
  • Paralysie bulbaire progressive
  • Vasculaire (ex. thrombose)
  • Tumeur

Lésion à la base du crâne

Elle peut être associée à paralysie du IX et du XI qui passent aussi dans le trou jugulaire.

Étiologies:

  • Tumeur (habituellement du nasopharynx)
  • Trauma de la base du crâne

Lésion dans le cou

La paralysie est plus souvent isolée parce que le nerf y voyage seul. Étiologies:

  • Thyroïde : maladie et chirurgie
  • Trauma
  • Tumeur de la trachée ou de l'oesophage
  • Anévrisme de l'artère sous-clavière droite
  • Tumeur cervicale

Lésion dans le thorax

La paralysie de la corde vocale gauche sera plus souvent d'origine thoracique puisque le trajet intrathoracique du nerf récurrent est plus important de ce côté.

Étiologies:

  • Carcinome bronchogénique avec envahissement médiastinal
  • Carcinome oesophagien ou trachéal
  • Lésion de l'aorte (anévrisme de l'aorte)
  • Dilatation de l'oreillette gauche (dans les cas d'insuffisance cardiaque)
  • Chirurgie thoracique

Paralysie laryngée idiopathique

On ne trouve pas la cause dans 30% des paralysies laryngées. On parlera alors souvent de névrite idiopathique. Avant de porter ce diagnostic, il faudra absolument exclure toutes les autres possibilités. L'examen unique le plus adéquat est probablement une tomographie axiale de la base du crâne jusqu'au médiastin, cet examen nous démontrera une éventuelle lésion comprimant le nerf vague ou le nerf récurrent au niveau de la base du crâne, du cou ou du médiastin.

Position de la corde vocale paralysée

En général, dans la paralysie récurrentielle, elle est paramédiane ou médiane; ceci peut évoluer dans le temps. Une position plus latérale défavorise la fonction laryngée. Il y a souvent une bonne compensation; la corde vocale intacte pouvant même apparemment dépasser la ligne médiane pour s'accoler à la corde paralysée.

Clinique:

Si une corde vocale est paralysée, qu'elle est en position médiane, la voix peut être très bonne, l'aspiration minimale et le patient très peu symptomatique

Si une corde vocale est paralysée en position plus latérale, la voix est moins efficace et l'aspiration est possible

Si les deux cordes vocales sont paralysées en position médiane, le patient peut présenter une dyspnée très importante.

Évolution de la paralysie laryngée

L'évolution  d'une paralysie récurrentielle secondaire à une lésion identifiable  du nerf vague ou du nerf récurrent dépend de la pathologie primaire, de ses possibilités de traitement et de son pronostic.

La récupération spontanée est fréquente pour les paralysies laryngées idiopathiques.

Traitement de la paralysie laryngée

Il faut chercher la cause et la traiter, si on peut en trouver une.

Paralysie unilatérale: si la voix est non-fonctionnelle et qu'il n'y a pas d'amélioration en 6 à 12 mois malgré des soins orthophoniques adéquats, on peut envisager une médialisation de la corde vocale paralysée (injection (graisse, collagéne, etc) ou implant (cartilage, silastic, etc.)). La corde vocale paralysée redevenue médiane, la corde vocale mobile pourra compenser beaucoup plus facilement.

Paralysie bilatérale: s'il y a dyspnée importante, la trachéotomie est nécessaire. De nombreuses chirurgies sont proposées pour ouvrir la glotte afin d'arriver à décanuler la trachée.

Problèmes vocaux psychogéniques

C'est un problème le plus souvent retrouvé chez les jeunes femmes. Il peut être précipités par des crises émotionnelles qui ne seront pas toujours évidentes. Le plus souvent, il s'agit d'une aphonie, la voix est chuchotée. À l'examen, les cordes vocales ne se ferment pas pour la phonation. Par contre, la fermeture est tout à fait adéquate pour la toux qui est normale. La voix peut aussi être serrée, presque sanglotée.

Il faut envisager dans un diagnostic différentiel, les maladies neurologiques ou la dysphonie spastique. La dysphonie psychogénique est en grande partie un diagnostic d'exclusion.

S'il s'agit d'une dysphonie psychogénique, lors de l'examen avec quelques exercices, on arrive fréquemment à « raccrocher » la voix. On entend alors de la voix normale (petits sons, bouts de phrase ou correction totale).

Il faut envisager le traitement orthophonique et l’évaluation psychiatrique.