ULaval:MED-1208/Hématurie urologique

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Rappel sur l’hématurie

Hématurie

  • L’hématurie est la présence d’hématies dans l’urine.
  • Elle peut être microscopique ou macroscopique.
  • Elle représente parfois la seule manifestation d’une maladie urologique.
  • Au plan diagnostique et étiologique, il n'y a pas de différence entre l'hématurie macroscopique et l'hématurie microscopique.

Hématurie microscopique

  • Non visible à l’oeil nu, seulement en microscopie
  • Significatif si ≥ 3 hématies/champ en microscopie, sur au moins 2 échantillons urinaires
  • < 5 % de ces patients auront une maladie urologique significative

Hématurie macroscopique

  • Présence de sang dans les urines en quantité suffisante pour être visible à l’oeil nu
  • Avec ou sans caillots
  • Continue ou intermittente
  • Symptômes accompagnateurs ou non
  • Risque plus élevé de retrouver une maladie urologique significative

Classification urocentrique des hématuries

Rappelons d’abord qu’il existe trois types d’hématuries vraies : les hématuries gynécologiques, glomérulaires et urologiques. Nous ne verrons pas les hématuries gynécologiques, puisque cela est en dehors des objectifs du cours. Vous aurez plus de détail sur ce sujet en gynécologie. Nous avons étudié une classification de l’hématurie dans le thème 3. Cette classification était le reflet d'une vision néphrologique. La classification que nous verrons dans la présente section est centrée sur le système urologique afin d'en préciser le contenu et d'en faciliter la compréhension.

Classification urocentrique des hématuries
Pseudohématurie Non urologique Urologique
  • Urines colorées
  • Pigments d'hème
  • Gynécologique
  • Glomérulaire
  • Rein
  • Uretère
  • Vessie
  • Prostate
  • Urètre

Voici maintenant une description de quelques points nous aidant à différencier les différents types d'hématuries abordés précédemment.

Hématurie glomérulaire

Certains indices nous orientent vers une origine glomérulaire :

  • des hématies dysmorphiques ;
  • des cylindres granuleux ou hématiques associés ;
  • de la protéinurie ;
  • l’hypertension artérielle ;
  • l’insuffisance rénale.

Un patient avec de telles trouvailles devrait être

orienté vers un spécialiste en néphrologie.

Hématurie urologique

Certains indices cliniques nous orientent vers une origine urologique :

  • signes d’infection urinaire (brûlure mictionnelle, mictions fréquentes, fièvre) ;
  • une histoire de colique néphrétique ;
  • des antécédents d’urolithiase ;
  • des facteurs de risque de néoplasie urologique ;
  • des symptômes systémiques orientant vers une néoplasie ;
  • un traumatisme lombaire ou pelvien ;
  • l’immunosuppression.

Pseudohématurie

  • Urines colorées
    • Betteraves
    • Médicaments
  • Pigments d’hème
    • Myoglobinurie
    • Hémoglobinurie

Étiologies des hématuries urologiques

Étiologies des hématuries urologiques
Causes fréquentes Causes plus rares
  • Tumeur urothéliale
  • Tumeur rénale
  • Lithiase urinaire
  • Infection urinaire bactérienne
  • Hypertrophie prostatique
  • Trauma urologique
  • Malformation artério-veineuse
  • Maladie rénale polykystique
  • Nécrose papillaire
  • Infection urinaire
    • Tuberculose
    • Parasite (schistosomiase)
    • Virale (adénovirus, BK)

Investigation d’une hématurie urologique

Qui doit-on investiguer ?

  • Les patients avec une hématurie macroscopique, sauf si d’origine infectieuse ;
  • Les patients avec une hématurie microscopique :
    • il faut d'abord éliminer la possibilité qu'il s'agisse d'une fausse hématurie (pseudohématurie) ;
    • il faut aussi s’assurer que le problème est persistant : il nous faut donc deux analyses d'urine positives.

Pourquoi investiguer l’hématurie urologique ?

  • D'abord et avant tout pour éliminer une maladie urologique, en particulier un cancer des voies urinaires.

Que doit-on chercher à l’histoire ?

  • Signes d’infection urinaire (brûlure mictionnelle, mictions fréquentes, fièvre) ;
  • Colique néphrétique ;
  • Antécédent d’urolithiase ;
  • Facteurs de risque de néoplasie urologique ;
  • Symptômes systémiques orientant vers néoplasie ;
  • Traumatisme lombaire ou pelvien ;
  • Immunosuppression.

Comment doit-on investiguer ?

  • SMU-DCA ;
  • Cytologie urinaire ;
  • Cystoscopie ;
  • Imagerie de l’appareil urinaire supérieur :
    • Échographie,
    • Urographie intraveineuse,
    • TDM abdominale et pelvienne 3 phases.

Les trois étapes de prise en charge de l'hématurie

  1. Éliminer la pseudohématurie
  2. Éliminer l'hématurie d'origine glomérulaire
  3. Si l'origine urologique est suspectée, procéder à l'investigation susmentionnée