ULaval:MED-1206/Microbiologie et infectiologie/Pathogenèse et virulence

De Wikimedica
Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-1206 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Microbiologie – Pathogenèse et virulence

MIC-061. Un équilibre fragile

  • Tension entre sensibilité/résistance de l’organisme et le pouvoir pathogène des microorganismes
  • Postulats de Koch (étiologie des maladies infectieuses)
    • On doit retrouver le même agent pathogène chez tous les maladies.
    • Cet agent doit pouvoir être isolé en une culture pure.
    • L’agent pathogène extrait de la culture pure doit provoquer la maladie si inoculé dans un animal sain.
    • L’animal inoculé doit présenter le même agent pathogène qu’au départ.
Relation d’équilibre Théorie germinale
  • Microorganismes omniprésents : air, eau, sol, végétaux, animaux.
  • Homme : environnement privilégié pour microorganismes --> favorise l’équilibre entre microorganismes et humains.
  • Tout le monde gagne à la collaboration harmonieuse vs le désordre.
  • Mais l’équilibre est dynamique, donc fragile : la santé n’est pas un état permanent.
Pasteur et les levures dans la fermentation du vin --> lien microorganismes et changements dans la matière organique --> théorie germinale des Mx (les microorganismes peuvent causer maladies)
Défenses du corps humain Pouvoir pathogène
Peau et muqueuses

Cellules immunitaires et Ig

Pénétrer tissus

Se protéger de l’immunité par capsules ou enzymes de dégradation

Libérer toxines

MIC-062. Manifestations d’une infection

MIC-063. Modes transmission des infections

  • Virus endogènes : microbes présents dans l’organisme, normalement inoffensifs, agressent le corps.
    • Vaginite
  • Virus exogènes : microbes viennent de l’extérieur (malades, porteurs sains ou asymptomatiques, environnement)
    • Grippe
    • ITSS
    • Infections nosocomiales
Par contact Par un véhicule Par vecteurs
Direct Indirect Gouttelettes Mécanique Biologique
Contact physique entre source et hôte (aucun objet intermédiaire), p. ex. toucher, relations sexuelles Propagation du pathogène par objet inanimé contaminé (ex : serviette, literie, jouet, pièce de monnaie) Tousser, éternuer, rire, parler

< 1 m

Eau

Nourriture

Air

Soluté

Pattes ou corps de l’insecte (transport passif) Arthropode : pique animal infecté puis pique un autre animal, transmettant le pathogène

--> processus actif et complexe

Portes d’entrée
Muqueuses
  • voies respiratoires
  • tube digestif
  • voies urogénitales
  • conjonctive
Peau
  • protection importante contre la maladie (impénétrable lorsque qu’intacte)
    • larves des ankylostomes peuvent creuser un chemin
    • mycètes vivent de la kératine dans l’épiderme
  • microbes s’introduisent dans les ouvertures naturelles
    • follicules pileux, conduits des glandes sudoripares/sébacées
Voie parentérale
  • déposition directe sous la peau/dans les muqueuses
  • piqûres, morsures, coupures, crevasses (tuméfactions, assèchement de la peau) --> bactéries des sillons épidermiques/orifices glandulaires se retrouvent dans milieu chaud et humide de la plaie (favorise l’infection)
Portes de sortie
Voies respiratoires ·       gouttelettes de mucus

·       expulsés par toux/éternuement

Voies gastro-intestinales ·       fèces/salive (lors de vomissements)
Voies urogénitales ·       sécrétions provenant pénis/vagin
Voie sanguine ·       insectes (piqûre, morsure)

·       aiguilles, seringues contaminées

Peau ·       pellicules de la peau (squames), écoulement liquide séreux/purulent

Infections nosocomiales :

  • Infections acquises en milieu hospitalier
  • 5-10% des patients hospitalisés en développent.
  • Conditions nécessaires à acquisition d'une infection nosocomiale (3 nécessaires)
    • Réservoir hospitalier
    • Affaiblissement de l’hôte
    • Présence de chaîne de transmission.

MIC-064, 65. Virulence et pathogénicité

Virulence Pathogénicité
  • Degré de pathogénicité (dépend de potentiel d’agression + sensibilité/défense de l’hôte)
  • Quantitatif et mesurable (taux de morbidité/mortalité ou nombre de microorganismes nécessaires pour causer infection – DL50)
  • Variable pour un même pathogène :
    • Exaltation : accroitre virulence (transferts successifs du pathogène dans plusieurs hôtes sensibles --> expression maximale des gènes de virulence, ex. la capsule du S. pneumoniae)
    • Atténuation : pression sélective, perte d’information génétique, vieillissement des cultures, T°, composés chimiques
  • Vaccins avec organismes atténués: peu de pouvoir pathogène mais pouvoir immunogène + fort que vaccins avec organismes morts (anti-tuberculose, variole, poliomyélite, rougeole, choléra de Pasteur)
Aussi nommé pouvoir pathogène

Moyens d’agression du microbe (ne prend pas en compte l'hôte)

Qualitatif

En résumé

Virulence Pathogénicité
quantitatif qualitatif
tient compte de...

·       potentiel d’agression du microbe

·       sensibilité de l’hôte

·       moyens de défense de l’hôte

tient compte de...

·       moyens d’agression du microbe

MIC-066 à 70. Les étapes du processus infectieux

  1. Pénétrer dans l’organisme hôte par une porte d’entrée
  2. Adhérer aux cellules hôte de façon à ne pas être expulsé
  3. Invasion : franchir les défenses de l’hôte et y résister.
  4. Atteindre tissus cibles et provoquer dysfonctions physiologiques.
Pénétrer dans l’hôte Adhérence aux cellules hôtes Processus d’invasion Induction de dysfonctions physiologiques
Muqueuses :
  • Voies respiratoires
  • Tractus GI
  • Voies urogénitale
  • Conjonctive

(le plus souvent voies respiratoires et GI)

Adhésines : ligands pour récepteurs sur cellules

Composées de glycoprotéines ou lipoprotéines

Compétition pour le fer :
  • Fer essentiel (oxydoréduction --> transport d’électrons, activation de l’oxygène, réduction du peroxyde, synthèse de l’ADN, des AA, des nucléotides, photosynthèse) mais peu disponible car séquestré dans lactoferrine, transferrine et ferritine
  • Bactéries produisant sidérophores (catécholes et hydroxamates) s’approprient le fer : création de complexes avec Fe3+
Exotoxines : Gram +
  • Protéines libérées quand bactérie croît
  • Deux sous-unités (AB ou AB5)
    • A : enzyme --> toxicité
    • B : transférer enzyme dans cellule
  • Action triple :
    • Hausse AMPc (ex : choléra)
    • Inhibition synthèse protéique (diphtérie, E. coli, P. aeruginosa)
    • Inhibition neurotransmetteurs (ex : tétanos, botulisme)
  • Très toxiques à petites doses
  • Protéines donc dénaturées à 60°C pour 1 h (thermolabiles) à deviennent anatoxines (toujours immunogènes : vaccins)
  • Souvent, bactéries ne se multiplient pas.
  • Clostridium tetani, Clostridium botulinum
  • Endotoxines sont très spécifiques (cytotoxines/neurotoxines/entérotoxines)
Peau :

Si intacte, impénétrables sauf pour larves des ankylostomes et mycètes

Microbes entrent par follicules pileux, glandes sudoripares et sébacées

Récepteurs : résidus d’hydrate de carbone ou protéines Défenses
  • Capsule protège contre complément et phagocytose
  • Endotoxines
  • C5a peptidase : inhibe complément
  • Leucocidines : détruit neutrophiles/macrophages
  • Modifier antigénicité des pilis ou autres protéines de surface
  • Staph et Strep : protéines A et G réduisent efficacité des Ig
  • Interférence avec phagocytose (inhibe fusion phagosome/lysosome, survie à l’intérieur du phagolysosome, échappe au phagosome)
Voie parentérale :

piqures, morsures, coupures, crevasses par tuméfactions ou assèchement de la peau.

Bactéries prolifèrent dans milieu chaud et humide de la plaie.

Liaison non spécifique : réversible

Interactions hydrophobiques, électrostatiques, de van der Waals, browniennes

Enzymes extracellulaires (exoenzymes) --> spécificité d’action
  • Cytolysines : favorisent dispersion. Certaines hydrolysent liens intercellulaires (collagénase, hyaluronidase) --> dispersion tissus profonds
  • Hémolysines : forment complexes avec cholestérol à pores dans membrane à cytolyse.
    • Surtout coques Gram +
    • Bêta-hémolysine : destruction complète ; zone claire sur gélose sang
    • Alpha-hémolysine : destruction partielle ; cerne verdâtre sur gélose sang
  • Coagulases : Staph. Aureus ; forment caillot (pas de phagocytes)
  • Fibrinolysines : sang plus fluide à meilleure propagation des bactéries
  • Leucocidines : bactéries pyogènes (attirent et tuent leucocytes --> forme du pus ; inhibent chimiotactisme des leucocytes)

Clostridium perfrigens : exotoxine aux effets multiples

Endotoxines : Gram –
  • Lipopolysaccharides (LPS) libérés quand bactérie meurt et paroi se lyse
    • Lipide A (toxique)
    • Polysaccharide : antigène O
  • Toutes les Gram – en produisent, même si non pathogènes
    • Thermostables (pas d’antitoxines)
  • Actives à doses élevées
  • Toujours mêmes effets, seule l’intensité varie.
  • Pyrogènes (fièvre) : phagocytes répondent à endotoxines par IL-1 --> hypothalamus --> fièvre
  • Hémostase : endotoxines forment petits caillots dans capillaires --> nécrose tissulaire (coagulation intravasculaire disséminée)
  • Choc : chute de TA causée par libération de TNF (augmente perméabilité capillaire) par les macrophages
  • Libération substances vasoactives : prostaglandines, hausse pouls et FR, arrêt fonctionnement reins, confusion
  • Frissons, affaiblissement, hypoglycémie
Liaison spécifique : irréversible à permet présentation efficace des toxines.

Adhésines et récepteurs : plusieurs liens àdevient irréversible.

Avantage : pathogène délivre toxines directement aux récepteurs de l’hôte

Flore indigène peut influencer adhérence :

Modifier récepteurs d’adhésines en dégradant glycoprotéines

Constituer elle-même un récepteur

Inhiber multiplication des pathogènes (inhibiteurs ou compétition pour nutriments)

Compétition pour sites d’adhésion

MIC-071. Comparaison exotoxines et endotoxines

Propriétés Exotoxines Endotoxines
Origine Gram + Gram –
Fonction dans le microorganisme Produit par métabolisme de bactérie en croissance LPS à libérées lors de destruction de la cellule
Nature chimique Protéine ou petit peptide

AB ou AB5, avec A la partie toxique et B pour faire entrer A

Lipide A du LPS

Ag O immunogène

Physiopathologie Action spécifique sur récepteur Non spécifique : fièvre, faiblesse, choc
Stabilité thermique Instable ; 60-80°C àdénaturation (anatoxine) Stable
Toxicité Élevée (1 microgramme) Faible (> 100 microgrammes requis)
Immunologie Dénaturation à anatoxine (vaccins)

Neutralisée par antitoxine

Pas d’anatoxine

Difficile à neutraliser par antitoxine

Pyrogène Non Oui
Dose létale Faible Élevée
Maladies représentatives Gangrène gazeuse, tétanos, botulisme, diphtérie, scarlatine, choléra Fièvre typhoïde, infections du système urinaire, méningite à méningocoques