Trichomonase
Maladie | |||
![]() Trichomona vaginalis à l'état frais | |||
Caractéristiques | |||
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Signes | Vaginite, Écoulement urétral, Colpitis macularis , Leucorrhée , Vulvite, PH vaginal, Douleur à la mobilisation du col , Sensibilité de la prostate | ||
Symptômes |
Fièvre , Écoulement urétral, Dyspareunie , Dysurie , Asymptomatique , Leucorrhée , Prurit de l'appareil génital féminin | ||
Diagnostic différentiel |
Gonorrhée, Candidose vaginale, Vaginose bactérienne, Corps étranger intravaginal, Irritation vaginale, Chlamydiose | ||
Informations | |||
Terme anglais | Trichomoniasis | ||
Autres noms | infection à Trichomonas vaginalis, infection à TV, trichomoniase | ||
Wikidata ID | Q745865 | ||
Spécialités | infectiologie, gynécologie, obstétrique, urologie | ||
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La trichomonase désigne l'infection génito-urinaire à Trichomonas vaginalis, qui est un protozoaire flagellé transmis par voie sexuelle.
1 Épidémiologie[modifier | w]
La trichomonase est la cause la plus fréquente de vaginite associée à une infection transmissible sexuellement[1]. Le nombre de cas annuels est estimé à 170 millions[1]. Il n'y a pas de variation saisonnière[1]. L'infection survient le plus souvent chez les femmes en période d'activité génitale[2]. Au Canada, l'incidence de la trichomonase est difficile à déterminer car sa déclaration n'est pas obligatoire[3]. En Amérique du Nord, la prévalence est estimée à 2,8 %–3,1 % chez les femmes et à 0,2 %–0,5 % chez les hommes[4].
2 Étiologies[modifier | w]
Le protozoaire trichomonas vaginalis est responsable de l'infection.
La transmission de l'infection se fait par l'exposition aux sécrétions génitales contaminées par[5]:
- contact sexuel (le plus souvent)
- insémination artificielle de sperme
- embouts de douche vaginale
- lingettes humides
- spéculums
- sièges de toilette
La transmission materno-foetale est possible mais rare[5].
3 Physiopathologie[modifier | w]
Le Trichomonas vaginalis est un protozoaire flagellé de forme grossièrement ovale ou amiboíde, et mesurant environ 10 μm de longueur et 7 μm de largeur[5]. Son seul réservoir est l'humain (surtout la femme asymptomatique) et il est transmis par voie sexuelle. Après la colonisation, il reste généralement confiné au tractus génito-urinaire par les défenses immunitaires. Son incubation dure en moyenne 7 jours, avec des extrêmes de 3 à 27 jours. Les hôtes asymptomatiques peuvent transporter le germe pendant des années[5]. L'inflammation rend plus facile la co-infection avec le virus HIV chez les deux sexes[1]. La néoplasie du col a également été associée à la trichomonase[1][5].
4 Présentation clinique[modifier | w]
4.1 Facteurs de risque[modifier | w]
Les facteurs de risque sont [6]:
4.2 Questionnaire[modifier | w]
La trichomonase est souvent asymptomatique[3]. Le questionnaire vise à rechercher la présence des symptômes suivants[1]:
- incubation de 3 à 27 jours avec une moyenne à 7 jours
- chez la femme:
- chez l'homme:
- l'identification des partenaires sexuels pour un éventuel dépistage.
4.3 Examen clinique[modifier | w]
L'examen clinique aura pour but de rechercher :
- aux signes vitaux: fièvre
- à l'examen gynécologique:
- vulvite
- vaginite
- colpitis macularis (Strawberry cervix)
- leucorrhée
- toucher bimanuel: à la recherche de douleur à la mobilisation du col
- à l'examen de l'appareil génital masculin
- écoulement urétral
- toucher rectal: à la recherche de d'une sensibilité de la prostate
- whiff test : peut être positif en cas de trichomonase
- mesure du pH vaginal: un pH > 4,5 est en faveur d'une trichomonase.
5 Examens paracliniques[modifier | w]
Chez les femmes[5] :
- test d'amplification des acides nucléiques (TAAN) : très spécifique, il permet la détection de l'ARN ribosomal (ARNr) de Trichomonas vaginalis
- sur sécrétions vaginales
- sur écouvillonage vaginal ou urines du premier jet[5]
- montage humide: peut parfois mettre en évidence le protozoaire flagellé
Chez les hommes[7]:
- la mise en culture est le seul moyen de diagnostic de trichomonase
- sur prélèvement d'urine
- ou sur prélèvements urétraux.
6 Approche clinique[modifier | w]
La découverte d'une trichomonase fait généralement suite à une vaginite chez la femme, ou à une uréthrite chez l'homme. Elle est également suspectée chez les partenaires sexuels, qu'ils soient symptomatiques ou pas.
7 Diagnostic différentiel[modifier | w]
Le diagnostic différentiel de la trichomonase se fait :
- en cas de vaginite, avec:
- en cas de cervicite ou d'urétrite, avec :
8 Traitement[modifier | w]
La décision de traiter de façon empirique ou d'attendre les résultats des tests doit être fondée sur[1]:
- la gravité de l'état clinique
- la probabilité qu'une infection soit présente
- les facteurs de risque d'infections transmissibles sexuellement et par le sang décelés chez la personne
- la disposition de la personne à s'abstenir de toute activité sexuelle et à revenir pour obtenir les résultats des tests ou faire l'objet d'un suivi.
Personnes non-enceintes | Métronidazole 2 g PO en dose unique [A, 1, Santé Canada]
ou Métronidazole 500 mg PO BID pendant 7 jours [A, 1, Santé Canada] Remarques :
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Personnes enceintes | Métronidazole 2 g PO en dose unique, pour soulager les symptômes [A, 1, Santé Canada].
Remarques :
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Traiter les partenaires sexuels actuels avec le même traitement empirique que le cas index.
9 Suivi[modifier | w]
L'identification, le dépistage et le traitement des partenaires sexuels est recommandé.
Il est conseillé d'éviter les rapports sexuels chez les deux partenaires durant toute la durée du traitement qui dure généralement 1 semaine.
Aucun suivi n'est nécessaire en cas d'infection à Trichomonas vaginalis seul, à moins que les symptômes persistent ou réapparaissent (en général à cause d'une réinfection)[1]. La tenue d'un test de guérison n'est pas recommandée[13].
10 Complications[modifier | w]
Les complications de cette maladie sont :
11 Évolution[modifier | w]
La résolution des symptômes est généralement rapide après traitement.
La persistance des signes cliniques peut être dûe à[16]:
- une non observance du traitement
- une réinfection
- une résistance[4].
12 Prévention[modifier | w]
La prévention de la trichomonase se fait par[16]:
- l'abstinence sexuelle[7]
- l'utilisation de méthodes contraceptives barrière
- l'identification et traitement des partenaires sexuels.
Il n'est pas recommandé de faire un dépistage systématique des personnes asymptomatiques[16].
13 Références[modifier | w]
- Cette page a été modifiée ou créée le 2022-01-20 à partir de Guide sur les Syndromes associés aux ITS: Vaginite (2021-12-09), écrite par les contributeurs de Santé Canada et partagée sous la licence Gouvernement ouvert. Le contenu original est disponible à https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes/syndromes-associes-its/vaginite.html.
- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 et 1,9 Agence de la santé publique du Canada, « Guide sur les Syndromes associés aux ITS : Vaginite », sur www.canada.ca, (consulté le 16 mai 2022)
- ↑ Jennifer Gratrix, Sabrina Plitt, LeeAnn Turnbull et Petra Smyczek, « Trichomonas vaginalis Prevalence and Correlates in Women and Men Attending STI Clinics in Western Canada », Sexually Transmitted Diseases, vol. 44, no 10, , p. 627–629 (ISSN 1537-4521, PMID 28876319, DOI 10.1097/OLQ.0000000000000650, lire en ligne)
- ↑ 3,0 et 3,1 Société canadienne de pédiatrie, « Le diagnostic et la prise en charge des infections transmises sexuellement chez les adolescents | Société canadienne de pédiatrie », sur cps.ca (consulté le 17 mai 2022)
- ↑ 4,0 et 4,1 (en) Monica Cenkowski, Beverly Wudel et Vanessa Poliquin, « Trichomonase vaginale », Canadian Medical Association Journal, vol. 194, no 13, , E509–E510 (ISSN 0820-3946 et 1488-2329, PMID 35379669, Central PMCID PMC8985901, DOI 10.1503/cmaj.211088-f, lire en ligne)
- ↑ 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 et 5,6 Agence de la santé publique du Canada, « Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Trichomonas vaginalis », sur www.canada.ca, (consulté le 16 mai 2022)
- ↑ (en-US) « CDC - Trichomoniasis Statistics », sur www.cdc.gov, (consulté le 17 mai 2022)
- ↑ 7,0 7,1 et 7,2 « Trichomonase - Maladies infectieuses », sur Édition professionnelle du Manuel MSD (consulté le 19 mai 2022)
- ↑ (en) Fatu Forna et A Metin Gülmezoglu, « Interventions for treating trichomoniasis in women », Cochrane Database of Systematic Reviews, (Central PMCID PMC6532670, DOI 10.1002/14651858.CD000218, lire en ligne)
- ↑ G. Schmid, E. Narcisi, D. Mosure et W. E. Secor, « Prevalence of metronidazole-resistant Trichomonas vaginalis in a gynecology clinic », The Journal of Reproductive Medicine, vol. 46, no 6, , p. 545–549 (ISSN 0024-7758, PMID 11441678, lire en ligne)
- ↑ (en) Mark A. Klebanoff, J. Christopher Carey, John C. Hauth et Sharon L. Hillier, « Failure of Metronidazole to Prevent Preterm Delivery among Pregnant Women with Asymptomatic Trichomonas vaginalis Infection », New England Journal of Medicine, vol. 345, no 7, , p. 487–493 (ISSN 0028-4793 et 1533-4406, DOI 10.1056/NEJMoa003329, lire en ligne)
- ↑ (en) Godfrey G Kigozi, Heena Brahmbhatt, Fred Wabwire-Mangen et Maria J Wawer, « Treatment of Trichomonas in pregnancy and adverse outcomes of pregnancy: A subanalysis of a randomized trial in Rakai, Uganda », American Journal of Obstetrics and Gynecology, vol. 189, no 5, , p. 1398–1400 (DOI 10.1067/S0002-9378(03)00777-4, lire en ligne)
- ↑ (en) A Metin Gülmezoglu, The Cochrane Database of Systematic Reviews, John Wiley & Sons, Ltd, (DOI 10.1002/14651858.cd000220, lire en ligne), p. CD000220
- ↑ (en) Julie van Schalkwyk et Mark H. Yudin, « Vulvovaginite : Dépistage et prise en charge de la trichomonase, de la candidose vulvovaginale et de la vaginose bactérienne », Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada, vol. 38, no 12, , S587–S596 (ISSN 1701-2163, PMID 28063567, DOI 10.1016/j.jogc.2016.09.065, lire en ligne)
- ↑ « Trichomonase : symptômes et transmission »
- ↑ (en) « T vaginalis Infection Linked to Risk for Aggressive Prostate Cancer », sur Medscape (consulté le 20 mai 2022)
- ↑ 16,0 16,1 et 16,2 MSSS, GUIDE QUÉBÉCOIS DE DÉPISTAGE, Québec, Gouvernement du Québec, (ISBN 978-2-550-85400-5, lire en ligne)