Maladie vasculaire périphérique (programme d'exercices)

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Maladie vasculaire périphérique (programme d'exercices)
Programme d'exercices

Programme d'exercices
Système Système cardiovasculaire
Indications
Maladie artérielle périphérique infra-iliaque
Contre-indications absolues
Embolie pulmonaire, Fibrillation auriculaire, Insuffisance cardiaque, Diabète sucré, Intolérance à l'effort, Hypotension orthostatique, Dyspnée (symptôme), Sténose aortique, Syndrome coronarien aigu, Angine instable, ... [+]
Contre-indications relatives
Prise de poids, Dyspnée (symptôme), Arythmies ventriculaires, Hypotension artérielle (signe clinique), Traitement à la dobutamine
Informations
Autres noms maladie vasculaire périphérique et activité physique
Spécialités Kinésiologie, Cardiologie, Chirurgie vasculaire, Médecine vasculaire

Cette page vise à discuter de la prise en charge kinésiologique de la maladie vasculaire périphérique.

Contexte

La maladie vasculaire périphérique (MVP) est une manifestation fréquente de l’athérosclérose systémique et est associée avec un haut risque d’infarctus du myocarde, d’AVC et de mort cardiovasculaire[1]. Cette accumulation de plaque athéromateuse diminue le flux sanguin vers les membres ce qui cause un débalancement entre l’apport et la demande en oxygène qui peut causer de la douleur[2]. Environ 4% des personnes de plus de 40 ans souffrent de cette maladie et sa prévalence augmente à 14,5% chez les personnes de plus de 70 ans [3]. Un des problème majeur de la MVP est qu’elle est souvent sous-diagnostiquée et non traitée et il y a aussi un manque de connaissance de la part des patients qui souffrent de cette maladie[1]. Comme l'activité physique est le traitement le plus efficace, elle devrait être abordé en première intention. Il est à noter qu'aucun médicament n'a démontré d'effet supérieur à l'exercice[4] et certaines études ont démontré que cette dernière serait plus efficace que l'angioplastie pour le traitement de la MVP[5].

Indications

Les personnes ayant la maladie vasculaire périphérique stade 1 à 3 sur 4 devraient faire de l'activité physique selon les recommandations décrites ci-dessous. Cependant, pour les personnes ayant un stade 4, il est recommandé de privilégier la chirurgie. Il faut aussi prendre en compte les indications et les contre-indications de la réadaptation cardiaque comme les facteurs de risques de la maladie vasculaire périphériques sont similaires aux maladies vasculaires cardiaques[2].

Contre-indications

Les contre-indications à la réadaptation sont les suivantes.[2][6]

Absolues

Les contre-indications absolues sont :

Relatives

Les contre-indications relatives sont :

Prescription recommandée

Pour que la prescription d'activité physique soit la plus précise possible, elle sera séparée en plusieurs sections soit la Fréquence, l'Intensité, le Temps de l'exercice et le Type d'activité[2]. Cette prescription est un idéal, ce n'est pas tous les patients qui débuteront avec une prescription optimale, il est important d'adapter la prescription à la capacité du patient.

Prescription d'exercice selon le modèle FITT
Modalité Fréquence Intensité Temps Type d'activité
Activité cardiovasculaire Faire de l'activité aérobie un minimum de trois fois par semaine, mais il serait préférable d'en faire cinq fois. Faire l'activité à une intensité modérée, soit 3-5/10 pour le souffle. Le patient devrait toujours être capable de maintenir une conversation, mais devrait respirer par la bouche pour avoir la ventilation nécessaire. Le patient devrait atteindre une douleur dans les jambes de 10/10. L'exercice devrait durer 30-45 minutes sans compter les intervalles de repos pour les 12 premières semaines puis augmenter à 60 minutes. Le type d'exercice optimal est la marche intermittente avec arrêt assis lorsque la douleur n'est plus tolérable. La marche devrait être débuter sur le plat pour introduire la douleur. Si la douleur ne se manifeste pas, il faut favoriser l'augmentation de la pente au lieu de la vitesse. Lors des pauses, le patient doit s'assurer de ne plus avoir de douleur avant de recommencer. D'autres activités sans mise en charge peuvent être ajoutées comme échauffement ou pour améliorer le système cardiovasculaire sans être limité par la claudication, mais ne devrait pas être l'activité principale de l'entraînement cardiovasculaire.
Activité musculaire Les exercices musculaires devraient être faits un minimum de deux fois par semaine non consécutifs. La charge des exercices devrait représenter environ 60-80% d'une répétition maximale. Le patient devrait faire deux à trois séries de 8 à 12 répétitions de 6-8 exercices. Le temps va varier selon le temps de repos que prend le patient et la vitesse d'exécution de chaque exercice. Le professionnel devrait prescrire des exercices utilisant de grands groupes musculaires. Les exercices musculaires devraient inclure tout le corps mais si le temps est limité, le professionnel devrait se concentrer sur le bas du corps.  
Activité de flexibilité Les exercices de flexibilité devraient être pratiqués un minimum de deux à trois jours par semaine. Les patients devraient faire l'étirement jusqu’à sentir une raideur, mais sans douleur. La position doit être tenue 10 à 30 secondes et le patient devrait faire deux à quatre répétitions par exercice. Les étirements peuvent être statiques, dynamiques ou en facilitation neuromusculaire proprioceptive.

Exécution

Activité cardiovasculaire

Il est suggéré de débuter avec un échauffement sur vélo ou autres appareils sans mise en charge pendant 5 min en maintenant une perception d'effort d'environ 0-2/10. Le froid peut augmenter les douleurs, il est donc conseillé de faire un échauffement plus long lors de température froide.[5]

Le patient devrait marcher avec vitesse et pente pour créer de la douleur dans les jambes. Habituellement, la marche débutera sur le plat, mais si la douleur ne se manifeste pas, le protocole doit être modifié rapidement en ajoutant de la pente. Il devrait atteindre un essoufflement d'environ 3-5/10. Le patient doit essayer d'atteindre une douleur dans les jambes de 10/10 et le maintenir le plus longtemps possible. Lorsque la douleur n’est plus tolérable, le patient arrête la marche puis s’assoie jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de douleur au niveau des jambes. Il peut recommencer le processus plusieurs fois en essayant de maintenir la douleur de plus en plus longtemps. Pour débuter, il serait préférable de faire ces intervalles pour atteindre un minimum de 15 minutes de marche. Augmenter le temps de marche environ cinq minutes aux deux semaines pour atteindre 30-45 minutes de marche[5]. Cette augmentation peut être faite en ajoutant du temps à chaque intervalle de marche ou en augmentant le nombre d'intervalle. Si l'exercice est fait sur un tapis roulant, il est possible d'ajuster la vitesse de marche, mais la douleur est plus souvent provoqué par l'ajout de pente [7].[5]

Si le patient est trop limité par la douleur des jambes et n'atteint pas un essoufflement de 3-5/10 lors de la marche, il serait bénéfique d'ajouter un exercice cardiovasculaire sans mise en charge tels que le vélo ou la natation afin de solliciter le système cardiorespiratoire. Cet ajout peut être fait la même journée que les intervalles de marche ou à un autre moment dans la semaine.[5]

On termine avec un retour au calme de 5 min pour retourner à un essoufflement d'environ 0-2/10 encore une fois sur vélo ou autres appareils sans mise en charge. L'échauffement et le retour au calme peuvent être fait sur tapis roulant si la douleur dans les jambes n'est pas limitante.[5]

Activité musculaire

Même si les effets des exercices en résistances sur la distance de marche sans douleur sont mitigés [7], il est recommandé d'introduire cette modalité afin de prévenir l'atrophie musculaire associée avec le vieillissement et l'inactivité des patients MVP[4]. Il est recommandé de faire un programme d'entraînement musculaire incluant 6 à 8 exercices. Ces exercices peuvent être faits la même journée que la marche ou une autre journée dans la semaine. Comme mentionné dans la section prescription d'exercice, l'entraînement musculaire devrait cibler les grands groupes musculaires de tout le corps, mais le professionnel peut se concentrer sur des exercices du bas du corps si le temps est limité.

Suivi

Lors des entraînements avec les personnes ayant la maladie vasculaire périphérique, il est important d'utiliser une échelle de percerption de douleur ainsi qu'un échelle de perception de l'effort pour l'essoufflement. Ces deux paramètres sont les pierres angulaires quant à l'ajustement des intensités et modalité d'exercice. Aussi, comme les personnes ayant cette maladie sont plus à risque de maladie cardiaque, il faut aussi surveiller les symptômes d'angine. Lors des intervalles de marche dans la douleur, il est recommandé d'encourager et/ou distraire le patient afin qu'il tolère la douleur le plus longtemps possible. Certaines personnes vont commencer avec des entraînements de seulement 15 minutes : dans ce cas, il faudrait essayer d’augmenter le temps de marche de 5 minutes aux deux semaines[2], soit en augmentant le nombre de répétition ou le temps de chaque intervalle. Il est aussi primordial d'ajuster l'intensité de la marche, soit la pente ou la vitesse, afin d’optimiser la pratique d’activité physique et d’atteindre la douleur rapidement.

La réadaptation supervisée permet une meilleure amélioration de la distance de marche sans douleur et la distance de marche totale. Cependant, les programmes à la maison aident à avoir une meilleure compliance à long terme[8]. Ainsi, le meilleur type de réadaptation serait une combinaison de l'activité physique supervisée et à la maison[9]. Par exemple, demander au patient de se présenter 2-3 fois par semaine dans un centre de réadaptation et introduire de la marche à la maison pour atteindre les recommandations de cinq fois par semaine pourrait être un hybride intéressant pour avoir les différents avantages des deux modalités.

Complications

Les complications possibles à l'exercice lors de la réadaptation en maladie vasculaire sont rares. En fait, une intensité plus élevée de l'exercice est associée à une réduction des hospitalisations lors d'un suivi sur 25 ans [10]. Les complications qui sont associées à l'activité physique lors de la réadaptation cardiaque en maladie vasculaire périphérique sont liées aux comorbidités associées soit la maladie coronarienne athérosclérotique ou les accidents vasculaires cérébrales. Encore une fois, ces complications sont rares : il y aurait l'équivalent d'un évènement non fatale pour 34 673 heures-patients et un évènement fatal pour 116 906 heures-patients[11], quoique les risques seraient potentiellement moindres [12][13].

Bénéfices anticipés

L'activité physique est sécuritaire et présente plusieurs bénéfices chez les patients ayant la maladie vasculaire périphérique.

  • L'activité physique diminue la consommation d'oxygène pour une charge donnée, augmente l'efficacité mécanique, l'efficacité métabolique [14] et la fonction musculaire, diminue la morbidité et la mortalité cardiovasculaire et ralentirait la progression de la maladie[4].
  • Une capacité limitée de marche représente un handicap lorsque les patients ne sont plus en mesure de faire leurs activités personnelles, sociales et occupationnelles normales. L'objectif principal du traitement de la MVP est donc d'améliorer la distance de marche en diminuant la claudication, d'améliorer leur fonctionnalité dans la communauté ainsi que d'améliorer leur qualité de vie en prévenant la perte de mobilité[7]. Les intervalles de marche dans la douleur augmentent le temps et la distance de marche avant l'apparition de claudication de 106% à 177%. En d'autres termes, les patients peuvent doubler leur distance de marche avant l'apparition de la douleur. De plus, la distance absolue de marche en tolérant la douleur peut augmenter de 64 % à 85% suivant la prescription d'un programme d'activité physique [15]. Il est donc possible de constater que cette modalité d'entraînement permet de rejoindre plusieurs objectifs mentionnés précédemment afin de prévenir la diminution de la qualité de vie des patients ayant une MVP. Ces améliorations seraient attribuable à une réduction des marqueurs inflammatoires, une meilleure vasodilatation au niveau de l'endothélium, une plus grande densité capillaire et une modification du métabolisme des muscles squelettiques via une augmentation des enzymes oxydatives[7].
  • L'activité physique peut aussi diminuer la progression de la plaque athéromateuse[16]. Les entraînements en résistance ont démontré des améliorations modestes de l'augmentation de la distance de marche comparativement aux protocoles sur tapis roulant. Cependant, cette modalité d'entraînement aurait d'autres bénéfices[15]. Par exemple, comme mentionné plus tôt, l'entraînement en résistance peut prévenir l'atrophie musculaire associée au vieillissement et à la sédentarité des patients MVP et peut augmenter la force musculaire du bas de corps[4].
  • La combinaison d'entraînement cardiovasculaire et musculaire apporte une plus grande amélioration de la qualité de vie chez les patients MVP que si les deux modalités effectuée indépendamment[4]. Cette combinaison est non seulement bénéfique pour la distance de marche et la qualité de vie, mais peut aussi aider à contrôler certains facteurs de risques modifiables de la maladie cardiovasculaire, tels que l'hypertension artérielle, le diabète, la dyslipidémie, l'obésité et la sédentarité. Le tout est important car la maladie vasculaire périphérique symptomatique ou non est associée avec un haut risque d’infarctus du myocarde, d’AVC et de mort cardiovasculaire autant en contexte de prévention primaire que secondaire[17][16].

Les améliorations anticipées seraient plus prononcées lors des deux à trois premiers mois de la réadaptation[15]. Les exercices à la maison ont aussi des bénéfices, mais les preuves scientifiques sont moins grandes à ce sujet[18].

Sources

  1. 1,0 et 1,1 Marge Lovell, Kenneth Harris, Thomas Forbes et Gwen Twillman, « Peripheral arterial disease: Lack of awareness in Canada », Canadian Journal of Cardiology, vol. 25, no 1,‎ , p. 39–45 (ISSN 0828-282X, DOI 10.1016/s0828-282x(09)70021-2, lire en ligne)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 (en) Edward E.H., ACSM's Guidelines for Exercise Testing ans Prescription, Wolters Kluwer, 513 p.
  3. Thompson, Walter R, éditeur intellectuel., ACSM's clinical exercise physiology (ISBN 978-1-4963-8780-6, 1-4963-8780-5 et 2-01-804605-5, OCLC 1111640164, lire en ligne)
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 Haas, T. L., Lloyd, P. G., Yang, H.-T., & Terjung, R. L. (2012). Exercise training and peripheral arterial disease. Comprehensive Physiology, 2(4), 2933–3017. https://doi.org/10.1002/cphy.c110065
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 et 5,5 Gey, D. C., Lesho, E. P., & Manngold, J. (2004). Management of peripheral arterial disease. American Family Physician, 69(3), 525–32.
  6. Position statement AHA 2015. ACSM 2018
  7. 7,0 7,1 7,2 et 7,3 Diane Treat-Jacobson, Mary M. McDermott, Ulf G. Bronas et Umberto Campia, « Optimal Exercise Programs for Patients With Peripheral Artery Disease: A Scientific Statement From the American Heart Association », Circulation, vol. 139, no 4,‎ , e10–e33 (DOI 10.1161/CIR.0000000000000623, lire en ligne)
  8. Ashworth NL, Chad KE, Harrison EL, Reeder BA, Marshall SC. Home versus center based physical activity programs in older adults. Cochrane Database Syst Rev. Jan 25.2005 :CD004017. [PubMed: 15674925]
  9. Radack, K., & Wyderski, R. J. (1990). Conservative management of intermittent claudication. Annals of Internal Medicine, 113(2), 135–46.
  10. Yifei Lu, Shoshana H. Ballew, Lucia Kwak et Elizabeth Selvin, « Physical Activity and Subsequent Risk of Hospitalization With Peripheral Artery Disease and Critical Limb Ischemia in the ARIC Study », Journal of the American Heart Association, vol. 8, no 21,‎ , e013534 (DOI 10.1161/JAHA.119.013534, lire en ligne)
  11. (en) W L Haskell, « Cardiovascular complications during exercise training of cardiac patients. », Circulation, vol. 57, no 5,‎ , p. 920–924 (ISSN 0009-7322 et 1524-4539, DOI 10.1161/01.CIR.57.5.920, lire en ligne)
  12. Digenio AG, Sim JG, Dowdeswell RJ, Morris R. Exercise-related cardiac arrest in cardiac rehabilitation. The Johannesburg experience. S Afr Med J. 1991 Feb 16;79(4):188-91. PMID: 1996434.
  13. Vongvanich, P., Paul-Labrador, M. J., & Merz, C. N. (1996). Safety of medically supervised exercise in a cardiac rehabilitation center. The American Journal of Cardiology, 77(15), 1383–5.
  14. Stewart KJ, Hiatt WR, Regensteiner JG, et al. Exercise training for claudication. N Engl J Med 2002;347:1941-51.​
  15. 15,0 15,1 et 15,2 Bulmer AC, Coombes JS. Optimising exercise training in peripheral arterial disease. Sports Med. 2004;34(14):983-1003. doi: 10.2165/00007256-200434140-00004. PMID: 15571429.
  16. 16,0 et 16,1 Gabriele G. Schiattarella, Cinzia Perrino, Fabio Magliulo et Andreina Carbone, « Physical activity in the prevention of peripheral artery disease in the elderly », Frontiers in Physiology, vol. 5,‎ (ISSN 1664-042X, PMID 24624088, Central PMCID PMC3939939, DOI 10.3389/fphys.2014.00012, lire en ligne)
  17. Amitava Banerjee, F. Gerald Fowkes et Peter M. Rothwell, « Associations Between Peripheral Artery Disease and Ischemic Stroke », Stroke, vol. 41, no 9,‎ , p. 2102–2107 (DOI 10.1161/STROKEAHA.110.582627, lire en ligne)
  18. Gerhard-Herman, M. D., Gornik, H. L., Barrett, C., Barshes, N. R., Corriere, M. A., Drachman, D. E., Fleisher, L. A., Fowkes, F. G. R., Hamburg, N. M., Kinlay, S., Lookstein, R., Misra, S., Mureebe, L., Olin, J. W., Patel, R. A. G., Regensteiner, J. G., Schanzer, A., Shishehbor, M. H., Stewart, K. J., … Wijeysundera, D. N. (2017). 2016 aha/acc guideline on the management of patients with lower extremity peripheral artery disease: executive summary. Vascular Medicine, 22(3), 43. https://doi.org/10.1177/1358863X17701592
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