Leucorrhée (signe clinique)

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Leucorrhée
Signe clinique

Leucorrhée causée par une cervicite à Chlamydia
Données
Système Reproducteur féminin
Modalité
Examen gynécologique
Informations
Terme anglais Leukorrhea, vaginal discharge
Autres noms Pertes vaginales, écoulement vaginal, pertes blanches
Spécialités Gynécologie, infectiologie

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Cette page concerne le signe clinique,
pour l'approche clinique, voir Écoulement vaginal, prurit vulvaire (approche clinique)

La leucorrhée (communément appelées « pertes vaginales » ou « pertes blanches ») sont des sécrétions non sanglantes et non fécales produites dans le vagin et émises par la vulve. Elles sont soit physiologiques, soit pathologiques.

Examen

L’examen clinique repose sur l’examen gynécologique. La mise en place d’un spéculum lubrifié à l’eau qui permet l’inspection des caractéristiques de l'écoulement vaginal et la recherche de signes associés tels qu’une cervicite, une vaginite, ou un corps étranger par exemple.

Il est nécessaire de prendre un échantillon des sécrétions vaginales afin de réaliser

  • un montage humide avec analyse microscopique au point de service (si possible) sous sérum physiologique
  • un Whiff test
  • analyse du pH vaginal
  • test d'amplification des acides nucléiques (TAAN).

Il est important de différencier la leucorrhée de l'exsudat endocervical, qui provient de l'ostium du cervix.

Physiopathologie

On distingue deux types de leucorrhées, physiologiques et pathologiques.

Physiologiques

Elles sont peu abondantes (1 à 4ml par jour), liquides, inodores, et caractérisées par un pH entre 3.8 et 4.5. Elles peuvent être soit de couleur blanches ou translucides, et proviennent de deux sources[1][2] :

  • La desquamation des cellules vaginales: responsables d’un écoulement blanchâtre peu abondant
  • La glaire cervicale sécrétée dans l’endocol: responsable d’un écoulement translucide se cristallisant en feuille de Fougère, qui est stimulé par l'oestrogène.

Elle comprennent également plusieurs bactéries aéro-anaérobies vivant à l’état commensal au niveau du vagin appelées « flore de Döderlein » qui ont pour rôle la protection de la muqueuse vaginale contre la colonisation par des germes virulents.

Les leucorrhées physiologiques permettent l'hydratation, la lubrification et le nettoyage du vagin. Ceci aide à faciliter les rapports sexuels en évitant la dyspareunie, à favoriser la fécondation en milieu du cycle menstruel ainsi qu'à prévenir les infections vaginales. Les leucorrhées physiologiques témoignent d'un bon équilibre de la flore bactérienne vaginale[3].

Leur aspect varie selon la partie du cycle menstruel. Ainsi, dans les deux jours précédant l'ovulation et en l'absence de prise de contraception orale, elles deviennent transparente et fluides, et atteignent leur maximum le jour de l'ovulation. Ce phénomène est expliqué par l'augmentation des sécrétions de la glaire cervicale sous l'effet des oestrogènes. Ceci favorise la montée des spermatozoïdes en vue d'une éventuelle fécondation[3]. Après l'ovulation, elles deviennent plus épaisses et lactescentes. Après ménopause, les leucorrhées diminuent par manque d'imprégnation oestrogénique, ce qui est responsable de sécheresse vaginale, s'inscrivant dans le cadre du syndrome génito-urinaire de la ménopause [3][4]. Au cours de la grossesse, elles augmentent naturellement à cause des hormones sécrétées par le placenta[3].

Pathologiques

La perturbation de la flore vaginale favorise la pullulation de bactéries pathogènes à l'origine du développement d'une inflammation du vagin (vaginite) pouvant s'étendre à la vulve (vulvo-vaginite). Celles-ci sont souvent accompagnées de leucorrhées anormales par leur couleur (jaunes, verdâtres, grisâtres), leur consistance (plus épaisse), leur abondance (plus abondantes) ou par leur mauvaise odeur. D'autres facteurs potentiellement perturbateurs comprennent les maladies sexuellement transmissibles, la prise d'antibiotiques, la présence d'un corps étranger, l'utilisation de produits chimiques d'hygiène intime.

Les changements hormonaux au cours de la ménopause, de l'allaitement, de la grossesse peuvent également être déclencheurs.

Les cancers de la sphère génitale à des stades avancés peuvent donner une nécrose avec surinfection bactérienne et leucorrhée. Enfin, la radiothérapie pelvienne peut avoir un effet délétère sur la peau et la muqueuse vaginale et favoriser l'ischémie et la surinfection locale.

Interprétation

Selon leur aspect, leur composition, leur abondance et leur odeur, les leucorrhées peuvent être considérées comme physiologiques ou pathologiques.

Interprétation de la leucorrhée
Interprétation Image Apparence Odeur pH
Physiologique[1] Aucune 3.8-4.5
Grossesse
  • Physiologiques augmentées
Aucune 3.8-4.5
Ruptures des membranes[note 2] Aucune > 4.5[5]
Vaginose bactérienne[6]
  • Blanches, grises
  • Abondantes
Poisson (Whiff test positif) > 4.5
Candidose vaginale[6]
  • Fromage cottage
Aucune 3.8-4.5
Trichomonase[6]
  • Jaune, verdâtres
  • Mousseuses
Aucune > 4.5
Cervicite
  • Parfois purulentes
  • Généralement normale[note 3]
Aucune 3.8-4.5

D'autres germes peuvent également être retrouvés comme le Staphylocoque, Streptocoque pyogène et Escherichia Coli[7]. L'inflammation vaginale peut aussi être causée par un corps étranger (tampon...), une irritation (produit d'hygiène intime...) ou un allergène.

Les cancers du col, du vagin et de la vulve peuvent aussi donner des leucorrhées pathologiques notamment dans les stades avancés d'évolution.

Notes

  1. Dans les 2 jours précédent l'ovulation et en l'absence de prise de COC.
  2. Ceci n'est techniquement pas une leucorrhée, mais peut être trouvé lors de l'examen gynécologique.
  3. Pourra quand même causer un exsudat endocervical purulent.

Références

  1. 1,0 et 1,1 « Les pertes blanches », sur www.cngof.fr (consulté le 4 mai 2022)
  2. « Pertes vaginales - Problèmes de santé de la femme », sur Manuels MSD pour le grand public (consulté le 6 mai 2022)
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 Doctissimo, « Pertes blanches (leucorrhées) : épaisses, abondantes...quand s'inquiéter ? », sur Doctissimo, (consulté le 5 mai 2022)
  4. C. Hocké, M. Diaz, V. Bernard et S. Frantz, « Syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGUM). RPC les femmes ménopausées du CNGOF et du GEMVi », Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie, série Les femmes ménopausées - Recommandations pour la pratique clinique du CNGOF et du GEMVI, vol. 49, no 5,‎ , p. 394–413 (ISSN 2468-7189, DOI 10.1016/j.gofs.2021.03.025, lire en ligne)
  5. F. Gary Cunningham, Williams obstetrics, (ISBN 978-0-07-179893-8, 0-07-179893-5 et 978-0-07-179894-5, OCLC 871619675, lire en ligne)
  6. 6,0 6,1 et 6,2 « Cours », sur campus.cerimes.fr (consulté le 5 mai 2022)
  7. « Leucorrhée - Autres causes de leucorrhée pathologiques », sur Figaro Santé (consulté le 5 mai 2022)
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