Drainage d'abcès cutané

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Drainage d'abcès cutané
Procédure

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Informations
Spécialité chirurgie générale

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Le drainage d'abcès cutané permet l'évacuation du pus qu'il contient afin d'en faciliter la guérison.

Les patients se plaignent généralement d'une douleur, d'une tuméfaction, d'un érythème cutané d'apparition récente.

Le diagnostic différentiel inclut:

Le diagnostic de l'abcès cutané est habituellement évident lors de l'examen clinique. Le traitement consiste à inciser et à drainer.[1][2]

Indications

Certains petits abcès guérissent sans traitement en se drainant spontanément. L'application de compresses chaudes peuvent accélérer le processus.[1]

L'indication de drainage se résume à[2]:

  • un abcès cutané ou des tissus mous superficiels avec douleur, rougeur et oedème important.

Contre-indications

Il n'y a pas de contre-indications absolues.

Les abcès qui peuvent nécessiter une prise en charge par un spécialiste ou une consultation en spécialité sont[2]:

  • les abcès volumineux ou profonds difficiles d'accès ou difficiles à anesthésier localement;
  • les abcès des paumes, de la plante des pieds ou des plis nasogéniens;
  • les abcès dans les zones où l'esthétisme est important (visage, sein).

Évaluation

L'abcès cutané est un diagnostic clinique.

L'abcès sous-cutané est douloureux, induré et la peau en regard est érythémateuse. Sa taille est souvent autour de 1 à 3 cm, mais peut parfois être beaucoup plus grande. Plus tard, lorsque l'abcès mûrit, la peau en regard s'affine et une collection devient palpable; plus tard, la peau qui le recouvre devient mince et la tumeur est fluctuante. L'abcès peut alors s'évacuer spontanément (fistulisation). S'il y a présence de cellulite, de lymphangite, d'adénopathies locales, de fièvre, d'hyperleucocytose importante, une complication doit être considérée[1].

Il peut être pertinent de faire une culture pour identifier le SARM[1].

S'il s'agit d'un abcès périnéal, il est pertinent de faire une anamnèse et un examen physique (avec toucher rectal), car il pourrait s'agir d'une manifestation d'une maladie inflammatoire intestinale (maladie de Crohn)[1].

Préparation

Équipement nécessaire

  • Équipement de protection personnel (gants, jaquette, masque...)
  • Anesthésiant local
  • Plateau chirurgical d'incision et de drainage:
    • Bistouri
    • « Gauze » et/ou pansement hémostatique
    • Forceps
    • Pince hémostatique
    • Champ stérile
    • Écouvillons d'iode[2]

Doses maximales des agents anesthésiants

Doses maximales des agents utilisés en anesthésie selon leur composition et leur durée d'action[2]
Agents Sans épinéphrine Avec épinéphrine Durée d'action Notes
Lidocaïne 5 mg/kg (max 300 mg) 7 mg/kg (max 500 mg) 30-90 min
  • 1% de solution contient 10 mg/ml
  • 2% de solution contient 20 mg/ml
Mepivicaïne 7 mg/kg 8 mg/kg
Bupivicaïne 2,5 mg/kg (max 175 mg) 3 mg/kg (max 225 mg) 6-8h
  • 0,5% de solution contient 5 mg/ml
  • Peut provoquer un arrêt cardiaque si injecté en intravasculaire
  • Ne pas tamponner avec du bicarbonate
Ropivacaïne 3 mg/kg
Prilocaïne 6 mg/kg
Tetracaïne 1 mg/kg 1,5 mg/kg 3h (10h avec épinéphrine)
Procaïne 7 mg/kg 10 mg/kg 30 min (90 min avec épinéhprine)

Technique

Technique standard

Technique stérile recommandée, mais non requise

  • Nettoyer la peau recouvrant le site d'abcès environnant avec de la chlorhexidine ou de l'iode
  • Anesthésier la peau au niveau du site d'incision prévu
  • Faire l'anesthésie locale
  • Option de faire un bloc de champ
  • Option de faire un bloc régional
  • Dans certains cas, une sédation procédurale peut être indiquée
  • Faire une incision linéaire (le long des lignes de tension cutanée) au-dessus du centre (sommet) de la cavité de l'abcès
  • Aller en profondeur jusqu'à ce que la cavité d'abcès soit pénétrée
  • Assurez-vous que l'incision est suffisamment large pour permettre le drainage et l'introduction de pinces et des pansements hémostatiques
  • Évacuer manuellement le contenu de l'abcès
  • Introduire une pince hémostatique et disséquer la paroi de la capsule abcédée en s'assurant d'effondrer d'éventuelles logettes
  • Une mèche avec de la gaze iodoforme peut être mise en place (l'objectif est d'empêcher la fermeture prématurée de la plaie), mais les preuves indiquent que l'emballage n'est pas nécessaire.[2]

Notes: Il peut s'avérer non nécessaire d'installer une mèche une fois le drainage effectué.[2] [3][4] De plus, il n'y a aucun avantage à irriguer la cavité de l'abcès.[2][5]

Technique LOOP

Contenu TopMédecine
  • Le drainage «en boucle» des abcès cutanés (MU) (MF) (SI)

Technique stérile recommandée, mais non requise

  • Nettoyer la peau recouvrant le site d'abcès environnant avec de la chlorhexidine ou de l'iode
  • Anesthésier la peau au niveau du site d'incision prévu
  • Faire l'anesthésie locale
  • Option de faire un bloc de champ
  • Option de faire un bloc régional
  • Dans certains cas, une sédation procédurale peut être indiquée
  • Inciser dans la zone d'abcès la plus fluctuante
  • Faire une deuxième incision à <4 cm de la première incision
  • Pour les abcès plus importants, vous pouvez répéter cette étape, créant ainsi plusieurs boucles (« loops »).
  • Disséquer la capsule de l'abcès avec la pince hémostatique en s'assurant d'effondrer d'éventuelles logettes
  • Irriguer la plaie
  • Passez la pince hémostatique à travers les deux incisions et tirez un drain Penrose en passant dans les 2 incisions
  • Attachez le drain de Penrose sans serrer sur une seringue de 30 cc pour former une boucle
  • Le patient peut faire un suivi auprès du centre de soins pour couper le drain dans les 5 à 7 jours suivant le drainage[2]

Note: Une étude rétrospective a montré une diminution du taux d'échec dans la technique LOOP en comparaison avec la technique standard.[2][6]

Complications

  • Dommages aux structures avoisinantes
  • Progression de l'infection
  • Sérome
  • Bactériémie transitoire[2]

Suivi

Mèche

La mèche a pour but de réduire l'espace mort et, ainsi, empêcher la formation d'un sérome. Si une mèche a été laissé en place, elle est généralement retirée 24 à 48 heures après le drainage. La situation est alors réévaluée ; à savoir s'il est nécessaire d'insérer une autre mèche.[1]

Suivi habituel

Contenu TopMédecine
  • Un antibiotique après un drainage d’abcès? (MU) (MF)
  • Vérification de la plaie dans les 24-48 h suivant le drainage.
  • Il peut être indiqué de débuté des antibiotiques en cas de cellulite associée ou s'il y a des signes d'infection systémique[7], ou pour les patients immunosupprimés ou les abcès qui ne répondent pas au traitement standard[8]
  • Le triméthoprime-sulfaméthoxazole[9], la doxycycline, la minocycline et la clindamycine sont des médicaments fréquemment prescrits lorsque ceux-ci sont indiqués. Ce sont des médicaments qui ont une bonne activité contre le SARM.


Références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 « Abcès cutané - Troubles dermatologiques », sur Édition professionnelle du Manuel MSD (consulté le 9 avril 2020)
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 et 2,10 (en) « Abscess - WikEM », sur www.wikem.org (consulté le 9 avril 2020)
  3. David O. Kessler, Amanda Krantz et Michael Mojica, « Randomized Trial Comparing Wound Packing to No Wound Packing Following Incision and Drainage of Superficial Skin Abscesses in the Pediatric Emergency Department », Pediatric Emergency Care, vol. 28, no 6,‎ , p. 514–517 (ISSN 0749-5161, DOI 10.1097/pec.0b013e3182587b20, lire en ligne)
  4. Gerald F. O’Malley, Paul Dominici, Patricia Giraldo et Elizabeth Aguilera, « Routine Packing of Simple Cutaneous Abscesses Is Painful and Probably Unnecessary », Academic Emergency Medicine, vol. 16, no 5,‎ , p. 470–473 (ISSN 1069-6563 et 1553-2712, DOI 10.1111/j.1553-2712.2009.00409.x, lire en ligne)
  5. « EBQ:Irrigation of Cutaneous Abscesses Does Not Improve Treatment Success - WikEM », sur www.wikem.org (consulté le 9 avril 2020)
  6. Jay G. Ladde, Sara Baker, C. Neil Rodgers et Linda Papa, « The loop technique: a novel incision and drainage technique in the treatment of skin abscesses in a pediatric ED », The American Journal of Emergency Medicine, vol. 33, no 2,‎ , p. 271–276 (ISSN 0735-6757, DOI 10.1016/j.ajem.2014.10.014, lire en ligne)
  7. Jahan Fahimi, Amandeep Singh et Bradley W. Frazee, « The role of adjunctive antibiotics in the treatment of skin and soft tissue abscesses: a systematic review and meta-analysis », CJEM, vol. 17, no 4,‎ , p. 420–432 (ISSN 1481-8035 et 1481-8043, DOI 10.1017/cem.2014.52, lire en ligne)
  8. Adam J. Singer et David A. Talan, « Management of Skin Abscesses in the Era of Methicillin-Resistant Staphylococcus aureus », New England Journal of Medicine, vol. 370, no 11,‎ , p. 1039–1047 (ISSN 0028-4793 et 1533-4406, DOI 10.1056/nejmra1212788, lire en ligne)
  9. David A. Talan, William R. Mower, Anusha Krishnadasan et Fredrick M. Abrahamian, « Trimethoprim–Sulfamethoxazole versus Placebo for Uncomplicated Skin Abscess », New England Journal of Medicine, vol. 374, no 9,‎ , p. 823–832 (ISSN 0028-4793 et 1533-4406, DOI 10.1056/nejmoa1507476, lire en ligne)
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