Douleur scrotale (approche clinique)
Approche clinique | |
![]() Échographie doppler d'une épididymite. L'image de gauche est un testicule normal alors qu'à droite, le débit sanguin est augmenté en raison de l'infection. | |
Caractéristiques | |
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Examens paracliniques | Analyse d'urine, Échographie doppler, Décompte, culture et antibiogramme, Dépistage de gonorrhée-chlamydia |
Drapeaux rouges |
Douleur soudaine, sensibilité et testicule déplacé, Masse inguinale ou scrotale non réductible avec douleur intense, vomissements et constipation, Érythème scrotal ou périnéale, lésions nécrotiques ou bulleuses et sepsis, Douleur soudaine, hypotension, pouls faible, lipothymie et confusion, masse scrotale de longue date auparavant insensible, un hydrocèle associé, des adénopathies inguinales, de la gynécomastie et des symptômes de métastases |
Informations | |
Terme anglais | Scrotal pain |
Autres noms | Douleur aux testicules |
Spécialité | Urologie |
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Douleur scrotale (91)
La douleur scrotale à proprement dit possède un nombre restreint d'étiologies dont la plus redoutable reste la torsion testiculaire, une urgence urologique. Cependant, d'autres étiologies peuvent entraîner une douleur référée au scrotum, notamment la colique néphritique. À l'histoire, il incombera de rechercher les éléments orientant le diagnostic vers la torsion ou la douleur référée. Autrement, un contexte infectieux ou des pratiques sexuelles à risque laisseront présager une orchite/épididymite. À l'examen physique, l'approche tentera d'éliminer les douleurs référées et les processus aigus. L'examen visuel sera clé pour objectiver une asymétrie dans le scrotum.
Plusieurs étiologies de la douleur scrotale pourront être diagnostiquées cliniquement. En terme d'investigations, le SMU-DCA pourra mettre en évidence un processus infectieux (orchite/épididymite) ou une hématurie (colique). La torsion testiculaire sera visible à l'échographie Doppler par une diminution du flot alors que les causes inflammatoires l'augmenteront. Alors que la torsion demandera une référence d'urgence en urologie, l'épididymite sera traitée par antibiotiques et l'orchite, généralement virale, sera prise en charge par un support. Les complications de la douleur scrotale à proprement dit dont la perte d'un testicule ou l'infertilité. Concernant les drapeaux rouges, il faudra surveiller les signes de torsion, d'hernie inguinale incarcérée, de la gangrène de Fournier et de la rupture d'anévrysme de l'aorte abdominale.
Généralement, la torsion testiculaire sera moins présente dans la population gériatrique alors que les infections et douleurs scrotales référées sont plus fréquentes. Pour la pédiatrie, la torsion est fréquente. Les épididymites chez les adolescent actifs sexuellement seront courantes, mais chez un enfant, elle seront possiblement un signe de présomption d'une malformation de l'arbre urinaire.
1 Étiologies et physiopathologie[modifier | w]
Les étiologies de la douleur scrotales ne sont pas très nombreuses. Parmi les plus importantes l'on compte:[1][Référence à actualiser]
- torsion testiculaire
- Torsion d'un appendice testiculaire[note 1]
- Inflammation
- Épididymite aiguë ou chronique
- orchite (l'orchite et l'épididymite peuvent parfois venir en association)
- trauma testiculaire
- Hémorragie dans une tumeur testiculaire
- hernie inguinale incarcérée
- gangrène de Fournier
- Par douleur référée: colique néphritique, rupture d'anévrysme de l'aorte abdominale
1.1 Physiopathologie[modifier | w]
La douleur scrotale est le plus souvent produite par l'inflammation causée par le processus pathologique sous-jacent. Le plus généralement, elle se localisera précisément au niveau du testicule même, de l'épididyme ou d'un appendice testiculaire. L'exception concerne la colique néphitique, pour qui la douleur scrotale sera généralement référée. Une lithiase située dans l'uretère proximal entraînera de la douleur au flanc et au quadrant inférieur tandis qu'une lithiase dans l'uretère moyen irradira dans la région inguinale et/ou au testicule[Référence nécessaire].
La torsion testiculaire est quant à elle causée par un défaut de fixation présent chez 10% des hommes. Le facteur précipitant sera souvent une contraction crémastérienne intense suite à un trauma, un exercice à haute intensité, une érection ou une chute de température.[2]
2 Histoire[modifier | w]
Une douleur scrotale devrait être évaluée rapidement afin d'éliminer la torsion. Dans l'histoire de la maladie, il sera important de questionner les événements précédent la douleur afin de mettre en lumière le mécanisme causal.
Trouvaille | Penser à ... | Précision |
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Personnels | ||
Lithiases urinaires | Douleur référée | |
Anévrysme de l'aorte abdominale | Rupture d'anévrysme | Le patient sera probablement en choc |
Diabète et MVAS | Grangrène de fourier | |
ITS | Orchite ou épididymite | Spécialement la gonorrhée et la chlamydia |
Fièvre et oedème de la glande parotide | Le virus des oreillons peut causer une orchite. Parfois, ce sera la seule manifestation de l'infection virale.[3] | |
Chirurgicaux | ||
Chirurgie inguinale | Hernie inguinale incarcérée | Le patient aura probablement remarqué un renflement intermittent du scrotum |
Trouvaille | Penser à ... | Précision |
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Début brutal |
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Début lors d'un effort | ||
Début progressif | Orchite/épididymite | |
Fièvre, dysurie, écoulements | ||
Masse auparavant non-douloureuse |
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Nausées/vômissements |
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Douleur intense | La douleur dans la colique néphritique sera largement plus importante que dans l'orchite/épididymite | |
Dysurie |
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3 Examen physique[modifier | w]
L'examen physique se concentrera sur l'abdomen, la région inguinale et le pénis/scrotum de manière à ne pas passer à côté d'une douleur référée. Au niveau de l'abdomen, le punch rénal permettra d'évaluer la colique néphritique tandis qu'une sensibilité abdominale voir du péritonisme orientera vers une cause abdominale. L'examen inguinal et génital devra se faire debout. Il ne faut préalablement pas oublier d'inspecter le pénis afin de déceler des signes d'ITS. Concernant le scrotum, il pourra être oedématié, asymétrique ou décoloré, laissant présager que la source du problème s'y trouve. Un testicule horizontal et en hauteur est une forte probabilité de torsion testiculaire. À la palpation, si le testicule lui-même est douloureux, il faut envisager l'orchite ou la torsion testiculaire. Une épididymite ou torsion de l'appendice produira un nodule sensible en périphérie. Dans la torsion testiculaire, le réflexe crémastérien sera aboli. Dans l'épididymite, le signe de Prehn sera présent.[1]
Test | Trouvaille | Penser à... | Précisions |
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Abdomen | |||
Punch rénal | Positif |
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Palpation de l'aorte abdominale | Masse pulsatile |
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Aire inguinale | |||
Inspection et palpation | Voussure |
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La palpation fera la différence entre une anse intestinale et une adénopathie. |
Parties génitales | |||
Inspection | Écoulement uréthral |
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D'autres signes d'ITS, comme les ulcérations ou papules pourraient être mis en évidence. |
Décoloration, oedème |
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L'orchite et l'épididymite peuvent parfois venir en association.[3] | |
Blue dot sign |
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Seulement présent dans un tiers des cas.[4] | |
Asymétrie |
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Dans le cas de la torsion testiculaire, le testicule sera horizontal et haut. | |
Palpation | Nodule douloureux |
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Le nodule douloureux dans la torsion d'appendice sera situé au pôle supérieur.[3] |
Réflexe crémastérien | Aboli |
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Le réflexe peut être partiel dans une torsion incomplète[2] |
Signe de Prehn | Présent |
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Transillumination | Transparent |
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L'hydrocèle n'est pas douloureux et soit. |
Solide |
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4 Investigation[modifier | w]
L'important dans l'investigation de la douleur scrotale est d'éliminer la torsion testiculaire, car celle-ci met le pronostic du testicule en jeux (au delà de 6 heures, les chances que le testicule puisse être rescapé diminuent drastiquement).[5]
Test | Quand l'utilisation de ce test est-elle justifiée | Résultats évocateurs | Penser à ... | Diminue les chances de ... |
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Sommaire microscopique des urines | Toujours | Hématurie microscopique | Colique néphritique | Processus infectieux (épididimyte, orchite) |
Bactéries |
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Torsion testiculaire, néoplasie, hernie inguinale incarcérée, torsion d'un appendice testiculaire | ||
DCA | Toujours | Gonorrhée / Chalmydia |
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Vu le délai d'obtention des résultats de ce test, il n'affectera pas la conduite clinique immédiate. |
Échographie doppler | Si suspicion de torsion testiculaire | Aucun flot sanguin dans le testicule | Torsion testiculaire | Processus infectieux |
Flot sanguin augmenté | Orchite[3] | |||
Dépistage de gonorrhée-chlamydia | Si suspicion d'infection et comportements sexuels à risque | Cultures positives |
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- Images échographiques
5 Prise en charge[modifier | w]
Une suspicion de torsion testiculaire devra être référée d'urgence en urologie.[5] Le taux de survie du testicule frôle les 100% si dans le cas d'une torsion complète la référence en chirurgie se fait dans les 6 heures suite à l'apparition de la douleur. Dans les 6 à 12 heures, elle tombe à 70%.[2]
Dans tous les cas d'atteintes du scrotum à proprement dit, il faudra considérer une analgésie à base d'opioïdes.[1] Concernant les cas de douleurs référée au scrotum, la conduite dépendra du processus pathologique en cause. Le trauma testiculaire sera quant à lui traité en support.
5.1 Épididymite[modifier | w]
Une antibiothérapie est généralement prescrite. Dans le cas des enfants, elle sera ciblée vers les bactéries généralement responsables des infections urinaires. De plus, il faudra investiguer la possibilité d'une malformation de l'arbre uriniare et faire une culture d'urine. Chez l'adolescent et l'adulte, celles responsables de ITSS et potentiellement les bactéries à Gram négatif s'il y a relations anales insertives non protégées. [Référence nécessaire]
- Facteurs de risque d'ITSS et sans risques d'infection par des bactéries Gram -: Ceftriaxone 250 mg IM en dose unique puis Doxycycline 100mg PO BID x 10 à 14 jours.[6][Référence à actualiser]
- Sans facteurs de risque d'ITSS mais avec risques d'infection par des bactéries Gram -: Ciprofloxacine 500mg PO BID x 10 à 14 jours (réévaluer dès la réception du résultat d'antibiogramme sur la culture d'urine).[6]
- Les deux risques: Ceftriaxone 250 mg IM en dose unique puis Lévofloxacine 500mg PO DIE x 10 jours.[6]
Le traitement de support suggéré est le repos au lit et le support scrotal afin de relâcher la tension sur le testicule. La glace est aussi indiquée.[1]
5.2 Orchite[modifier | w]
Vu la nature généralement virale de l'orchite, le traitement sera le plus souvent symptomatique, soit de l'analgésie et du froid ou de la chaleur.[3] Si une infection bactérienne est suspectée, le traitement inclura des antibiotique dans un régime identique à celui de l'épididymite.[6]
6 Complications[modifier | w]
Les complications possibles d'une douleur scrotale se rapportent principalement à la possibilité d'une torsion testiculaire, soit:
Autrement, l'orchite et l'épididymite peuvent aussi entraîner des séquelles, soit l'infertilité (dans 30% des cas), mais aussi l'atrophie du testicule.[5] En ce qui concerne d'autres diagnostiques n'ayant pas directement rapport aux testicules, les complications peuvent être redoutables, surtout pour la gangrène de Fournier, l'hernie inguinale et la rupture d'anévrysme. [Référence nécessaire]
7 Drapeaux rouges[modifier | w]
Ces tableaux cliniques sont particulièrement alarmants:[1]
- douleur soudaine, sensibilité et testicule déplacé: torsion testiculaire
- masse inguinale ou scrotale non réductible avec douleur intense, vomissements et constipation: hernie inguinale incarcérée
- Érythème scrotal ou périnéale, lésions nécrotiques ou bulleuses et sepsis: gangrène de Fourier
- douleur soudaine, hypotension, pouls faible, lipothymie et confusion: rupture d’anévrisme de l'aorte abdominale
À ceci il incombe d'ajouter les signes d'une possible néoplasie du testicule, soit une masse scrotale de longue date auparavant insensible, un hydrocèle associé, des adénopathies inguinales, de la gynécomastie et des symptômes de métastases.
8 Particularités[modifier | w]
8.1 Gériatrie[modifier | w]
Bien que la torsion testiculaire soit moins fréquente chez les hommes âgés, elle reste possible et aura tendance à se présenter de manière atypique. L'épididymite et l'orchite seront quant à elles plus communes dans cette population. Parfois, une hernie inguinale ou une colique néphritique sera la cause de la douleur scrotale.[1]
8.2 Pédiatrie[modifier | w]
Pour l'épididymite, le signe de Prehn est peu sensible avec la clientèle pédiatrique[5]. Chez l'enfant, elle sera le plus souvent d'origine virale et plus rarement d'origine bactérienne, qui peut être associée à une anomalie de l'arbre urinaire ou une infection urinaire concomitante. Chez l'adolescent actif sexuellement, l'épididymite sera bien souvent entraînée par une ghonorrée ou une chlamydia.[7]
L'orchite est souvent causée par le virus des oreillons (la vaccination l'a rendu beaucoup moins fréquente) auquel cas elle surviendra de 4 à 6 jours après la parotidite. Le virus d'Epstein-Barr, Coxsackie et l'échovirus pourront aussi entraîner une orchite.[3]
Lors d'une torsion testiculaire complète, le réflexe crémastérien sera presque toujours aboli. 65% des torsions testiculaires surviendront à l'adolescence tandis qu'en second c'est lors de la première année de vie qu'elles seront plus fréquentes.[2]
9 Notes[modifier | w]
- ↑ L'appendice testiculaire est aussi nommé hydatide de Morgagni.
10 Références[modifier | w]
- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 (en) « Scrotal Pain - Genitourinary Disorders - Merck Manuals Professional Edition », Merck Manuals Professional Edition, (lire en ligne)
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 Dictionnaire de pédiatrie Weber, , 3e éd., p. 1029
- ↑ 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 et 3,5 Dictionnaire de pédiatrie Weber, , 3e éd., p. 1031
- ↑ (en) « Appendix of testis », Wikipedia, (lire en ligne)
- ↑ 5,0 5,1 5,2 et 5,3 (en) Tina Binesh Marvasti et Sydney McQueen, Toronto Notes 2018, 34e éd., U16
- ↑ 6,0 6,1 6,2 et 6,3 « ITSS - APPROCHE SYNDROMIQUE », sur INESS, (consulté le 18 septembre 2018)
- ↑ Dictionnaire de pédiatrie Weber, , 3e éd., p. 1030