Écoulement vaginal, prurit vulvaire (approche clinique)
Approche clinique | |
![]() Chlamydia visible à l'examen au spéculum | |
Caractéristiques | |
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Informations | |
Spécialité | Gynécologie |
![]() |
Écoulement vaginal, prurit vulvaire (113)
L'écoulement vaginal associé ou non à un prurit est un problème courant.
1 Épidémiologie[modifier | w]
Au Québec :[1]
- 40 000 personnes reçoivent un diagnostic d’ITSS chaque année
- 20% de la population est infectée par l’herpès génital
- 80% de la population sera infectée par le VPH, à un moment ou à un autre de sa vie
- Il y a deux fois plus de cas déclarés de chlamydia qu’en 1997
- Depuis 10 ans, augmentation 200% de cas de gonorrhée
- En 15 ans, les cas de syphilis sont 10 fois plus élevés
2 Étiologies[modifier | w]
Causes non-infectieuses | |||
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Diagnostic | Facteurs déclencheurs/aggravants | Manifestations cliniques | |
Pertes physiologiques | États hyper-estrogènes |
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Vaginite atrophique (ménopause) | Ménopause |
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Lichen scléreux atrophique (LSA) |
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Corps étranger |
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Vulvovaginite non-spécifique |
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Causes infectieuses | |||
Maladie inflammatoire pelvienne | Voir Douleur pelvienne | ||
Trichomonase | Trichomonas vaginalis
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Candidose vaginale
(vaginite à Candida) |
Candida albicans (surtout)
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Vaginose bactérienne | Gardnerella vaginalis (surtout), anaérobes
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Chlamydia | Chlamydia trachomatis
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Gonorrhée | Neisseria gonorrhoea
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Herpès simplex | Virus Herpès simplex 1 ou 2
90% HSV-1 10% HSV-2 |
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Syphilis | Treponema pallidum | Primaire (3-4 sem post-exposition)
Secondaire (2-6 mois post-exposition)
Tertiaire (ad 20 ans + tard)
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Chancre mou | Haemophilus ducreyi |
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Granulome inguinal | Klebsiella granulomatis |
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Lymphogranulomatose vénérienne (LVG) | Chlamydia trachomatis L1-L2-L3 |
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3 Approche clinique[modifier | w]
3.1 Facteurs de risque[1][modifier | w]
- Contact sexuel avec une personne infectée d’une ITS
- < 25 ans et être sexuellement actif
- Nouveau(x) partenaire(s) sexuel(s)
- > 2 partenaires sexuels au cours de la dernière année
- Relations monogames en série (plusieurs partenaires, toujours un à la fois, échelonnés dans le temps)
- Absence de méthode contraceptive ou utilisation d’une seule méthode non barrière (contraceptifs oraux, Depo-Provera, stérilet)
- Utilisation de drogues injectables
- Relations sexuelles sous l’influence d’alcool ou de drogues
- Pratiques sexuelles à risque : relations oro-génitales, génitales ou anales non protégées, relations sexuelles avec échanges sanguins, sadomasochisme, partage de jouets sexuels
- Être travailleur ou client de l’industrie du sexe
- Avoir recours au sexe pour subvenir à ses besoins : troquer les relations sexuelles contre de l’argent, de la drogue, un toit ou de la nourriture
- Vivre dans la rue, être sans-abri
- Partenaires sexuels anonymes (Internet, saunas, soirées "Rave")
- Être victime de violence ou d’abus sexuels
- Antécédents d’ITSS
- Immunosuppression
3.2 Questionnaire[modifier | w]
Le questionnaire doit comprendre:[3]
- Pertes vaginales anormales
- Pertes malodorantes
- Irritation vaginale
- Dysurie, dyspareunie
- Caractère des symptômes et symptômes associés (écoulement, prurit, douleur, saignement, etc.) et leur temps d'apparition
- Présence d'épisodes précédents de symptômes similaires
- Symptômes chez le conjoint
- Pratiques d'hygiène (y compris l'utilisation de lubrifiant, de lingette humide et de douche vaginale)
- Antécédents sexuels, présence d'infections sexuellement transmissibles antérieures
- Nouvelles expositions possibles aux allergènes
- Antécédents médicaux à la recherche d'une suppression immunitaire et d'une utilisation récente de stéroïdes ou d'antibiotiques
- Date des dernières menstruations
3.3 Examen clinique[modifier | w]
- Signes vitaux
- Inspection des organes génitaux externes : rechercher d'œdème/ulcères/excoriations/condylomes/écoulement
- Evaluer les aires inguinales et/ou les ganglions lymphatiques fémoraux : recherche d'ADNP
- Examiner l'ensemble de la peau (pustules ou autres lésions)
- Examen au spéculum : écoulement/lésions caractéristiques (col framboisé = Trichomonase)
- Evaluation du col : douleur à la mobilisation/douleur aux annexes
- Examen abdominal : douleur à la palpation/présence de masses
- Inspection péri-anale
- Inspection pharyngéale et des conjonctives
3.3.1 Interprétation de la leucorrhée[modifier | w]
Selon leur aspect, leur composition, leur abondance et leur odeur, les leucorrhées peuvent être considérées comme physiologiques ou pathologiques.
Interprétation | Image | Apparence | Odeur | pH |
---|---|---|---|---|
Physiologique[2] | ![]() |
Aucune | 3.8-4.5 | |
Grossesse |
|
Aucune | 3.8-4.5 | |
Ruptures des membranes[note 2] |
|
Aucune | > 4.5[4] | |
Vaginose bactérienne[5] |
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Poisson (Whiff test positif) | > 4.5 | |
Candidose vaginale[5] | ![]() |
|
Aucune | 3.8-4.5 |
Trichomonase[5] | ![]() |
|
Aucune | > 4.5 |
Cervicite | ![]() |
|
Aucune | 3.8-4.5 |
D'autres germes peuvent également être retrouvés comme le Staphylocoque, Streptocoque pyogène et Escherichia Coli[6]. L'inflammation vaginale peut aussi être causée par un corps étranger (tampon...), une irritation (produit d'hygiène intime...) ou un allergène.
Les cancers du col, du vagin et de la vulve peuvent aussi donner des leucorrhées pathologiques notamment dans les stades avancés d'évolution.
4 Drapeaux rouges[modifier | w]
La présence de signes et symptômes de cancer du col[1] :
- Pertes vaginales initialement claires puis rosées/brunes: le plus fréquent
- Pertes purulentes
- Métrorragies non-douloureuses ou saignements post-coïtaux: classique
- Saignements chez la femme ménopausée
- Atteinte vésicale: dysurie, hématurie
- Atteinte rectale: rectorragie
- Paroi pelvienne: sciatalgie, œdème unilatéral d’un membre inférieur, hydronéphrose
- À l'examen du col : lésion ulcérée, col friable
La présence de signes et symptômes de cancer vulvaire[1] :
- Prurit
- Douleur
- Saignement
- Pertes anormales
- Masse vulvaire palpée
- Adénopathies inguinales
- Symptômes urinaires ou anaux
5 Investigation[modifier | w]
Les investigations sont principalement centrées sur la détection d'ITSS:[2]
- Test au KOH : odeur d’amines (vaginose), hyphes et spores au microscope (candidose)
- État frais : protozoaire flagellé mobile + cellules inflammatoires (trichomonase), cellules épithéliales ("club cells") + coccobacilles + peu de cellules inflammatoires (vaginose)
- Dépistage PCR endocol / urinaire (+ sensible que la culture)
- Culture vaginale
- Préciser le germe recherché, surtout si Trichomonas
- Permet d’obtenir la sensibilité aux antibiotiques
- Culture virale sur ulcère ou aspiration d’adénopathie
Interprétation du pH si symptômes de vulvo-vaginite | |
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pH < 4,5 | pH > 4,5 |
Candidose | Trichomonase, Vaginose bactérienne |
6 Prise en charge[modifier | w]
6.1 Vulvo-vaginite non-infectieuse[modifier | w]
- Vaginite atrophique: Œstrogènes locaux[2]
- Vaginite non-spécifique[2]
- Améliorer l‘hygiène
- Éviter les vêtements serrés, les irritants ou humidité prolongée (maillots)
- Éviter l’usage d’assouplisseur ou détersifs irritants
6.2 Vulvo-vaginite infectieuse[modifier | w]
- Chlamydia
- Gonorrhée
- Syphilis
- Chancre mou
- Granulome inguinal
- Lymphogranulomatose vénérienne
- VIH/SIDA (non-nominale) sauf si don de sang/tissu reçu ou donné
Le traitement d'une vulvo-vaginite infectieuse dépend de son étiologie, les conseils de base sont toujours pertinents:[2]
- Reconnaître les facteurs de risque
- Recommander l’usage du préservatif si facteurs de risques sexuels
- Dépistage régulier
- Optimiser la corticothérapie /contrôle du diabète si candidose
Candidose vaginale
- Traiter avec Clotrimazole, butoconazole, miconazole, terconazole en ovule +/- en crème pour 1, 3 ou 7 jours
- Alternativement, 150mg de fluconazole PO en dose unique peut être utilisé
6.2.1 Trichomonase[modifier | w]
- Traiter Trichomonase même si asymptomatique avec : Metronidazole 2g PO x 1 (ou 500ml PO BID x7j) puis suivi (culture de contrôle)
6.2.2 Chlamydia et gonorrhée[modifier | w]
- Traiter C. Trachomatis et N. Gonorrhea d’emblée ensemble (co-infection fréquente)
- Chlamydia trachomatis → Doxycycline 100 mg PO BID x 7 jours ou Azithromycine ou Erythromycine 1g PO x 1 (premier choix chez la femme enceinte)
- Neisseria gonorrhea → Ceftriaxone 250 mg IM + Azithromycine 1g PO x 1
- Test de contrôle nécessaire post-traitement obligatoire par PCR+/- culture pour la gonorrhée et dans les cas suivant pour l'infection à Chlamydia : Grossesse, symptômes persistants, autre schéma thérapeutique choisi, inobservance, infection rectale traitée avec l'azythromycine et l'infection au génotype L1-3 (LVG)
- Remettre une prescription anonyme pour le partenaire
6.2.3 Herpès[modifier | w]
- Herpès simplex: Aviser de la contagiosité: éviter contact jusqu'à disparition des lésions
- Acyclovir 200 mg PO 5x/jour x 7-10 jours
- Valacyclovir 1g PO BID x 7-10 jours
- Récurrence d'Herpès (>6/an ou q2mois)
- Ayclovir 400 mg PO BID x 5 jours
- Valacyclovir 500 mg 1g PO DIE x 3 jours
- Infection sévère
- Acyclovir 5-10mg/kg IV q8h x2-7 jours puis PO ad 10 jours
6.2.4 Autres[modifier | w]
- Syphilis, Chancre mou, Lymphogranulomatose vénérienne, Granulome inguinal, trichomonase
- Référence en infectiologie / médecine interne pour traitement spécifique
7 Complications[modifier | w]
En général, les complications incluent:[7]
- Maladie pelvienne inflammatoire, abcès, péritonite
- Infertilité
- Grossesse ectopique
- Douleur pelvienne chronique
- Syndrome de Fitz-Hugh-Curtis (inflammation de la capsule hépatique)
- syndrome de Reiter
- Infection périnatale: conjonctivite, pneumonie
8 Notes[modifier | w]
- ↑ Dans les 2 jours précédent l'ovulation et en l'absence de prise de COC.
- ↑ Ceci n'est techniquement pas une leucorrhée, mais peut être trouvé lors de l'examen gynécologique.
- ↑ Pourra quand même causer un exsudat endocervical purulent.
9 Références[modifier | w]
- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 Notes de Cours du Préclinique MED-1223 Système Reproducteur
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 Maxime Ouellet, Préparation à l’examen du Conseil Médical Canadien (CMC) : Résumé des objectifs et situations cliniques essentielles du CMC, , 325 p. (lire en ligne)
- ↑ Jason P. Hildebrand et Adam T. Kansagor, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 29262024, lire en ligne)
- ↑ F. Gary Cunningham, Williams obstetrics, (ISBN 978-0-07-179893-8, 0-07-179893-5 et 978-0-07-179894-5, OCLC 871619675, lire en ligne)
- ↑ 5,0 5,1 et 5,2 « Cours », sur campus.cerimes.fr (consulté le 5 mai 2022)
- ↑ « Leucorrhée - Autres causes de leucorrhée pathologiques », sur Figaro Santé (consulté le 5 mai 2022)
- ↑ Tofighi, Taraneh, et Shafarenko, Mark,, Essential med notes 2019 : comprehensive medical reference and review for United States Medical Licensing Exam (USMLE) Step 2 and the Medical Council of Canada Qualifying Exam (MCCQE) Part I (ISBN 978-1-927363-49-2 et 1-927363-49-7, OCLC 1099171169, lire en ligne)