Vertige positionnel paroxystique bénin

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Vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB)
Maladie

Oreille interne et ses canaux semi-circulaires
Caractéristiques
Signes Nystagmus , Manœuvre de Pagnini-McClure, Manœuvre de Fukuda, Manoeuvre de Dix-Hallpike , Nystagmus unilatéral, Nystagmus horizonto-rotatoire, Démarche normale, Examen des nerfs crâniens normal, Forces segmentaires normales, Doigt-nez normal, ... [+]
Symptômes
Nausées, Vertige , Trouble de l'équilibre, Sensation de tête légère, Vomissement
Diagnostic différentiel
Hypovolémie, Hypotension orthostatique, AVC du tronc cérébral, Neurinome acoustique, Arythmies, Ototoxicité, Neuronite vestibulaire, Polyneuropathie diabétique, Labyrinthite, AVC cérébelleux, ... [+]
Informations
Terme anglais Peripheral paroxysmal positional vertigo, Benign paroxysmal positional nystagmus
Wikidata ID Q817310
Spécialités ORL, Médecine familiale, Neurologie, Médecine d'urgence


Le vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB) est un vertige d'origine périphérique causé par le déplacement d'otolithes libres dans les canaux semi-circulaires. Les vertiges sont brefs et provoqués par les changements de positions.

Épidémiologie

La prévalence du VPPB est de l'ordre de 2.4% : il est le vertige périphérique le plus fréquent.[1] Il représente environ 30% des vertiges retrouvés chez l'adulte.

Il est plus fréquent chez les femmes (environ 60% des cas) avec un ratio de 2:1 à 3:1, avec un âge moyen de 50 ans[2][3][4]

Les formes bilatérales représentent 12 à 15% des VPPB.

Il s'agit d'un problème de santé majeur en gériatrie : un tiers des patients souffrant de vertiges ont déjà reçu un diagnostic de VPPB, qui a la particularité de moins bien répondre au traitement avec une tendance à la récidive.[5]

Le VPPB est le vertige périphérique le plus fréquent.

Étiologies

Le VPPB est fréquemment idiopathique (80 %), mais les traumatismes crâniens (15-78 %), les vibrations intenses du crâne qui inclus la chirurgie de l’oreille[6][7][8]sont des étiologies possibles.

Le canal semi-circulaire postérieur est le plus fréquemment atteint (60-90%), suivi du canal semi-circulaire horizontal (5-30%) et du canal semi-circulaire supérieur (1-5%)[6].

Une atteinte simultanée de plusieurs canaux est possible (1%). Occasionnellement, les otolithes libres peuvent migrer d’un canal à l’autre[6].

Physiopathologie

Le VPPB serait liée à la présence d’otolithes libres (débris de cristaux de carbonate de calcium dans l’oreille) dans le labyrinthe membraneux des canaux semi-circulaires (CSC). Les otolithes sont normalement présentes et fixées aux niveaux du saccule et de l’utricule[9].

Dans le VPPB, les otolithes se détachent de la macule utriculaire et se logent dans un canal semi-circulaire différent. Ainsi, lors des changements de position de la tête, ils se déplacent dans le sens de la gravité, entrainant un mouvement endolymphatique accompagnée d'une déflexion de la cupule et une stimulation du nerf innervant le canal correspondant. La réponse engendrée par cette stimulation diffère alors selon le canal atteint.

Ce détachement peut être idiopathique ou d’origine traumatique, virale, infectieuse, dégénérative ou suite à une manipulation cervicale.

Présentation clinique

Contenu TopMédecine
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Facteurs de risque

Les facteurs de risque du VPPB sont[10][11]:

Questionnaire

Les symptômes du VPPB sont[14] :

D'autres éléments sont à rechercher pour éliminer d'autres causes de vertiges, notamment[15]:

  • l'absence de céphalées, de perte auditive, de surdité, de trouble visuel, d'acouphène, de symptômes sensitifs ou moteurs
  • l'absence de symptômes cardiaques.
Le test de DIX-Hallpike représente l'examen de référence pour le diagnostic du VPPB du canal postérieur.

Examen clinique

Attention ! Le test de HINTS n'est pas indiqué pour le diagnostic du VPPB. Pour effectuer le HINTS, il faut un vertige continu, et non un vertige intermittent.

L'examen physique dans le VPPB permettra de révéler les informations suivantes [16]:

Examens paracliniques

Aucun examen paraclinique n'est nécessaire pour confirmer ce diagnostic.

En cas de doute diagnostic et dans l'optique d'éliminer d'autres diagnostics différentiels, il est possible de demander une TDM cérébrale sans contraste ou une IRM cérébrale, en fonction du contexte et des diagnostics envisagés.

Si le patient ne répond pas au traitement standard, il convient d'effectuer certains examens de base et de demander une consultation en ORL :

Approche clinique

Caractéristiques clés des différentes causes de vertiges[17]
Type de vertige Pathologie Symptomatologie clinique Examen clinique
Vertige central AVC
  • Signes neurologiques focaux
  • Vertige constant avec début brutal
  • Nystagmus vertical non épuisable
  • Anomalie des paires crâniennes ou des épreuves cérébelleuses
Sclérose en plaque
  • Symptômes neurologiques évoluant par poussées-rémissions
  • Intolérance à la chaleur
  • Signe de Lhermitte
  • Signes neurologiques focaux
  • Spasticité, faiblesse, hyperréflexie, Babinski positif
Vertige périphérique Maladie de Ménière
  • Vertiges récurrents qui durent plusieurs minutes a quelques heures
  • Hypoacousie avec sensation d'oreille pleine et acouphènes persistants
  • Baisse de l'audition neurosensorielle uni ou bilatérale
Labyrinthite
  • Vertige très sévère durent quelques heures à quelques jours avec nausées et vomissements
  • Surdité du côté atteint
  • Faisant suite à une infection des voies respiratoires supérieures ou à une OMA (labyrinthite)
  • Baisse de l'audition neurosensorielle unilatérale
  • Présence de vésicules si Ramsay Hunt
Médicaments ototoxiques (par exemple les aminoglycosides)
  • Lien chronologique entre la prise du médicament
  • Hypoacousie bilatérale possible
  • Possible perte de l'audition bilatérale
Neurinome acoustique
  • Atteinte de l'audition, acouphène dominante
  • Apparition progressive
  • Baisse de l'audition neurosensorielle unilatérale
  • Paralysie des paires crâniennes V et VII
Vertige non vestibulaire Lipothymie : choc vagal, arythmie
  • Patient âgé, cardiopathie
  • Signe d'hypotension orthostatique
  • Bradycardie
  • Rythme cardiaque irrégulier et hypotension orthostatique
  • Différence TA position couchée/debout
Perte d'équilibre à la marche (polyneuropathie diabétique)
  • Diabète de longue date
  • Démarche instable, chute
  • Atteinte sensitive en gant et chaussette
  • Romberg positif
Étourdissement non spécifique (multifactorielle, souvent lié a un état dépressif ou anxieux)
  • Les 4 S : symptômes nombreux (plus de 6), stress, sévérité, faible autocritique (ou en anglais, self-rated health)
  • Pas de particularités

Diagnostic

Le diagnostic se base sur l'histoire et l'examen physique. Les examens paracliniques ne sont pas nécessaires.

Le test de Dix-Hallpike positif en l'absence de signes ou de symptômes neurologiques centraux confirment le diagnostic du VPPB du canal semi-circulaire postérieur. Cette manoeuvre provoquera un nystagmus battant vers le haut et rotatoire vers l'oreille atteinte (géotropique).[4]

Le test de roulis de la tête en décubitus dorsal (manœuvre de Pagnini-McClure) est la manœuvre préférée pour diagnostiquer le VPPB du canal semi-circulaire horizontal. Ce test provoquera un nystagmus horizontal.[4]

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel contient les pathologies suivantes :

Traitement

On dispose de trois options thérapeutiques :

  • les manoeuvres vestibulaires
  • le traitement pharmacologique
  • le traitement chirurgical.

Manoeuvres vestibulaires

L’objectif de ces manœuvres est de déplacer les otolithes dans le vestibule afin qu’elles n’aient plus d’effet sur les canaux semi-circulaires. Le succès des manœuvres dépend de l’identification du canal atteint puisque une ou plusieurs manœuvres existes pour chaque canal.

Les résultats sont généralement excellents, les vertiges disparaissent dans les trois à quatre semaines qui suivent dans la majorité des cas.

Pour toutes les manoeuvres, il est important de rester dans chaque position pendant 30 secondes ou jusqu'à temps que les symptômes se résolvent. Les manoeuvres doivent être réalisées aussi souvent que nécessaire jusqu'à résolution des symptômes (au minimum 3X/jour).

Les manœuvres vestibulaires peuvent être précédées par des sédatifs vestibulaires.[18]

Manoeuvres spécifiques en fonction du canal atteint
Canal atteint Manoeuvre
CSC postérieur manœuvre d'Epley (VPPB du CSC postérieur)
manœuvre de Semont (VPPB du CSC postérieur)
CSC horizontal manœuvre de Barbecue (VPPB du CSC horizontal)
manœuvre de Gufoni (VPPB du CSC horizontal)
CSC supérieur manœuvre inverse d’Epley (VPPB du CSC supérieur)

Les exercices de Brandt-Daroff (VPPB) peuvent être enseignés au patient.

Traitement pharmacologique

Les traitements pharmacologiques sont utilisés comme adjuvant aux manoeuvres vestibulaires. Ils permettent de soulager les vertiges et les nausées associées au VPPB.

Parmi les sédatifs les plus utilisés[19][20], on retrouve :

Un supplément de vitamine D et de calcium peuvent aider à prévenir les épisodes de VPPB dans les cas sévère et réfractaires.[21]

Traitement chirurgical

Le VPPB résiste rarement aux multiples manœuvres vestibulaires et aux traitements pharmacologiques. Dans cette situation, un traitement chirurgical peut être proposé. Le bilan clinique doit être complété par une IRM cérébrale afin d’exclure une atteinte du système nerveux central mimant un VPPB. Lorsque le VPPB persiste plus de six mois malgré de multiples manœuvres de repositionnement adaptées et que le patient est invalidé, deux options chirurgicales sont alors envisageables.

  • La première option est la neurectomie singulaire. Elle consiste à sectionner sélectivement le nerf ampullaire postérieur pour libérer complètement le CSC postérieur qui ne sera plus stimulable par le biais de ce canal. Son avantage est lié au fait de pas ouvrir l'oreille interne et donne de bons résultats dans plus de 80% des cas. Cependant, dans 2 à 20% des cas, il sera difficile d'accéder au nerf et demande par conséquent un chirurgien expérimenté. La complication principale est l’atteinte auditive et il s'agit d'une technique qui ne s'applique qu'au CSC postérieur.
  • La seconde option est l’occlusion du canal semi-circulaire postérieur. Il s'agit d'une technique qui consiste à ouvrir le labyrinthe osseux et à fermer le labyrinthe membraneux, empêchant tout mouvement endolymphatique dans ce canal, une déflexion de la cupule ou une stimulation du nerf. Le canal en cause sera fermé avec de la cire à os, de la pâte d’os ou de la colle biologique.[22][23]

Évolution

L’évolution spontanée du VPPB est généralement excellente et améliorée par des manœuvres vestibulaires spécifiques au canal concerné.

Dans 30% des cas, il disparait spontanément en 7 jours. Dans le reste des cas, les vertiges se répètent durant 3 semaines à un mois, puis s’estompent, pour laisser finalement qu’une sensation d’inconfort ou d’appréhension lorsqu’il reprend la position déclenchante.

Un diagnostic précoce et les manoeuvres vestibulaires accélèrent la guérison du VPPB.

Prévention

Le VPPB ne peut être prévenu.

Notes

  1. La manœuvre de Fukuda peut être fait en position debout ou assise. Sujet debout: yeux fermés, marche sur place. Le test est positif si on observe une déviation latéralisée ou une chute. Sujet assis: bras tendus. Le test est positif si on observe une déviation latéralisée des index. Un test positif indique une atteinte vestibulaire du côté de la déviation.
  2. La manœuvre de Hallpike permet de poser le diagnostic et d’identifier le côté atteint. Le patient est assis en travers du lit et on le fait passer rapidement de la position assise à la position décubitus latéral du côté qui déclenche le vertige, tête dans le vide et tournée à 45°, après une latence de quelques secondes, un nystagmus et un vertige rotatoire sont déclenchés. Lorsque la manœuvre de Dix-Hallpike déclenche un vertige subjectif, mais sans nystagmus objectivable et que le bilan neurologique est normal, le VPPB du CSC postérieur est alors probable. Il faut cependant exclure un VPPB du CSC horizontal et remettre en cause le diagnostic si les symptômes ne disparaissent pas en deux ou trois semaines.
  3. La manœuvre déclenchante consiste à tourner rapidement la tête d’un côté, puis de l’autre chez un patient couché sur le dos avec sa tête surélevée de 30° (manœuvre de Pagnini-McClure). Ceci déclenche, après une brève période de latence, un nystagmus purement horizontal battant vers le sol (géotrope) ou vers le plafond (agéotrope) qui disparaît généralement en moins d’une minute.
  4. Elle est contre-indiquée en cas d'ulcère gastroduodénal actif ou de phéochromocytome. Attention chez les patients asthmatiques (car risque de bronchoconstriction).

Références

  1. Netgen, « Traitement chirurgical du vertige positionnel paroxystique bénin », sur Revue Médicale Suisse (consulté le 25 janvier 2021)
  2. « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 25 janvier 2021)
  3. Netgen, « Traitement chirurgical du vertige positionnel paroxystique bénin », sur Revue Médicale Suisse (consulté le 25 janvier 2021)
  4. 4,0 4,1 et 4,2 (en) M. von Brevern, A. Radtke, F. Lezius et M. Feldmann, « Epidemiology of benign paroxysmal positional vertigo: a population based study », Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry, vol. 78, no 7,‎ , p. 710–715 (ISSN 0022-3050 et 1468-330X, PMID 17135456, DOI 10.1136/jnnp.2006.100420, lire en ligne)
  5. D. G. Balatsouras, G. Koukoutsis, A. Fassolis et A. Moukos, « Benign paroxysmal positional vertigo in the elderly: current insights », Clinical Interventions in Aging, vol. 13,‎ , p. 2251–2266 (ISSN 1178-1998, PMID 30464434, Central PMCID 6223343, DOI 10.2147/CIA.S144134, lire en ligne)
  6. 6,0 6,1 et 6,2 Netgen, « Traitement chirurgical du vertige positionnel paroxystique bénin », sur Revue Médicale Suisse (consulté le 26 janvier 2021)
  7. « Vertiges et physiothérapie: comprends les causes et les traitements », sur OPPQ (consulté le 26 janvier 2021)
  8. Magdalena Józefowicz-Korczyńska, Anna Pajor et Wojciech Skóra, « Benign paroxysmal positional vertigo in patients after mild traumatic brain injury », Advances in Clinical and Experimental Medicine: Official Organ Wroclaw Medical University, vol. 27, no 10,‎ , p. 1355–1359 (ISSN 1899-5276, PMID 30058780, DOI 10.17219/acem/69708, lire en ligne)
  9. « Les vertiges positionnels : VPPB (vertige paroxystique positionnel bénin) », sur www.lesvertiges.com (consulté le 25 janvier 2021)
  10. « Vertiges positionnels paroxystiques bénins : manœuvres diagnostiques et thérapeutiques », sur HAS.FR, (consulté le 2 février 2022)
  11. « VPPB »
  12. https://www.orlfrance.org/wp-content/uploads/2017/06/Vertige-Positionnel-Paroxystique-Benin-2012-Janvier.pdf
  13. https://www.orlfrance.org/wp-content/uploads/2017/06/Vertige-Positionnel-Paroxystique-Benin-2012-Janvier.pdf
  14. « Vertiges positionnels paroxystiques bénins : Manoeuvres diagnostiques et thérapeutiques », sur Haute Autorité de Santé (consulté le 25 janvier 2021)
  15. « Vertige positionnel paroxystique bénin » (consulté le 19 mars 2022)
  16. Netgen, « Traitement chirurgical du vertige positionnel paroxystique bénin », sur Revue Médicale Suisse (consulté le 25 janvier 2021)
  17. Guide des habilités cliniques
  18. « Vertiges positionnels paroxystiques bénins - Affections de l'oreille, du nez et de la gorge », sur Édition professionnelle du Manuel MSD (consulté le 26 janvier 2021)
  19. « Traitement médicamenteux actuel dans les vertiges », sur vestibulaire.com, (consulté le 16 décembre 2021)
  20. RxVigilance
  21. (en) Hyo-Jung Kim, JaeHan Park et Ji-Soo Kim, « Update on benign paroxysmal positional vertigo », Journal of Neurology, vol. 268, no 5,‎ , p. 1995–2000 (ISSN 0340-5354 et 1432-1459, DOI 10.1007/s00415-020-10314-7, lire en ligne)
  22. Netgen, « Traitement chirurgical du vertige positionnel paroxystique bénin », sur Revue Médicale Suisse (consulté le 25 janvier 2021)
  23. (en) Terry D. Fife et Michael von Brevern, « Benign Paroxysmal Positional Vertigo in the Acute Care Setting », Neurologic Clinics, série Emergency Neuro-Otology: Diagnosis and Management of Acute Dizziness and Vertigo, vol. 33, no 3,‎ , p. 601–617 (ISSN 0733-8619, DOI 10.1016/j.ncl.2015.04.003, lire en ligne)
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