Symptômes du bas appareil urinaire (approche clinique)
Symptômes du bas appareil urinaire (111-1)
Les symptômes du bas appareil urinaire (SBAU) sont ensemble de symptômes qui affecte l’appareil génito-urinaire dans son plein fonctionnement. Cela implique toutes les combinaisons de symptômes urinaires principalement associés à une vessie hyperactive et des troubles obstructifs urinaires. Ces symptômes liés au stockage, aux troubles mictionnels courants ou ils sont liés au vieillissement[1].
Épidémiologie
La prévalence des SBAU est élevée chez les hommes autant que chez les femmes de tous âges. Ils constituent un des motifs de consultation le plus fréquent en soins primaire. Ils peuvent avoir un impact direct sur le bien-être et la qualité de vie de la personne[2]. Également, Il s’agit l’une des causes des affections graves de l’appareil urogénital. Sa prévalence augmente avec l'âge[3].
Les principales cause des SBAU (liste non exhaustive)
- Infections et inflammations (p. ex. cystite, prostatite)
- Affection d'origine structurale (p. ex. calculs, prolapsus, hypertrophie bénigne de la prostate, altérations du plancher pelvien en postpartum)
- Problème médical (p. ex. diabète sucré, sclérose en plaques)
- Usage de médicaments (p. ex. anticholinergiques, opioïdes)[4]
Physiopathologie
Pour mieux comprendre les SBAU ainsi que la sévérité de cette problématique de santé, la physiopathologie d’une miction normale est nécessaire. En effet, la miction se produit de façon méthodique et continue par la contraction vésicale qui est coordonnée par la relaxation du sphincter urétral. Également, la miction normale nécessite une relaxation musculaire de l'urètre et du plancher pelvien, suivie d'une contraction de la vessie[5]. De plus, le réflexe mictionnel est un processus complexe érigé par différents mécanismes. Le tout est sous le contrôle du centre de miction pontique qui conduit à la relaxation du sphincter urétral. La vessie est innervée par le sympathique du nerf hypogastrique. Les muscles du plancher pelvien découlent de l'innervation somatique du nerf pudendal. Par conséquence, une baisse de la pression de l'urètre sous l'influence de ces différentes innervations entraine automatiquement une contraction du muscle détrusor de la vessie, qui est médiée par une innervation parasympathique du plexus pelvien, entrainant à la miction normale. Tout obstacle perturbant ce mécanisme peut entraîner les SBAU.[6]
Étiologies
Les causes des SBAU sont multiples. Ceux-ci peuvent être dû aux infections et inflammations de l’appareil génito-urinaire comme dans le cas d'une cystite ou d'une prostatite; ils peuvent être causés par des affections d'origine structurale (p. ex. calculs, prolapsus, hypertrophie bénigne de la prostate, altérations du plancher pelvien en postpartum); ou des problèmes d’ordre médicale (p. ex. diabète sucré, sclérose en plaques). Également, l’usage de certaines médications pourrait être la cause des SBAU[2][7]. Dans ce tableau ci-dessous, on retrouvera les principaux médicaments qui peuvent entrainer des SBAU.
Classe du médicament | Exemples de médicaments | Mécanisme d'action sur la vessie |
---|---|---|
Allergie | ||
antihistaminiques | Antagonistes des récepteurs H 1 de première génération comme chlorphéniramine, clémastine, cyproheptadine, dimenhydrinate | Diminution de la contractilité par effet anticholinergique |
Décongestionnants | Pseudoéphédrine, phényléphrine | Augmentation du tonus du sphincter urétral |
Analgésique et sédatif | ||
benzodiazépines | Chlordiazépoxide, clonazépam, témazépam, triazolam, | Miction altérée par effet relaxant musculaire |
opioïdes | Codéine, mépéridine, morphine, oxycodone, autres | Diminution de la sensation de plénitude et augmentation du tonus du sphincter urétral |
Anticholinergique | ||
Antimuscariniques[note 1] | Darifénacine, fésotérodine, oxybutynine, solifénacine, | Diminution de la contractilité par effet anticholinergique |
Spasmolytique | Dicyclomine, hyoscyamine, glycopyrrolate, méthscopolamine, | Diminution de la contractilité par effet anticholinergique |
Antiparkinsoniens | benztropine, trihexyphénidyle | Diminution de la contractilité par effet anticholinergique |
Cardiologie | ||
Inhibiteurs de l'ECA | Énalapril, lisinopril, ramipril, autres | Diminution de la contractilité; toux chronique |
alpha-agonistes | Midodrine, phényléphrine, vasopresseurs (divers) | Augmentation du tonus du sphincter urétral |
Bloqueurs Alpha 1 | Alfuzosine, doxazosine, prazosine, silodosine, tamsulosine, térazosine | Diminution du tonus du sphincter urétral |
Antiarythmique | Disopyramide, flécaïnide | Diminution de la contractilité par effet anesthésique local sur la muqueuse vésicale ou effet anticholinergique |
diurétiques | Divers | Augmentation de la production d'urine, de la contractilité ou du taux de vidange |
Psychotrope | ||
alpha-agonistes | IRSN: duloxétine, réboxétine | Augmentation du tonus du sphincter urétral |
Antidépresseurs tricycliques | Diminution de la contractilité par effet anticholinergique | |
Antipsychotiques | Première génération chlorpromazine; deuxième génération comme clozapine, olanzapine, rispéridone | Effets mixtes décrits; diminution de la contractilité par effet anticholinergique; augmentation de la miction et de l'incontinence à l'effort via la stimulation des récepteurs alpha 1 et / ou des récepteurs dopaminergiques centraux |
Autres | ||
Relaxants musculaires | Orphénadrine, tizanidine cyclobenzaprine, baclofène | Diminution de la contractilité par effet anticholinergique |
les œstrogènes | Œstrogènes oraux | Incontinence urinaire accrue |
Bêta 3 -agoniste | Mirabegron | Diminution de la contractilité par effet bêta 3 -adrénergique |
De l'alcool | Diminution de la contractilité | |
Caféine | Augmentation de la contractilité ou du taux de vidange |
Les SBAU présentent une panoplie des symptômes entrainant des répercussions sur les patients. Il sont classés par des symptômes irritatifs et obstructifs. Ces symptômes sont mieux détaillés dans le tableau ci-dessous.[10]
Symptômes | Diagnostic | |
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Homme | Femme | |
syndrome irritatif
Pollakiurie, nycturie, Infection, éventuellement incontinence urgenturie, impériosité, brûlures mictionnelles. |
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syndrome obstructif
Jet faible, miction assise, sensation de vidange incomplète retard au démarrage, dysurie, gouttes retardataires |
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Approche clinique
Questionnaire
Lorsqu’il s’agit de (SBAU), l'anamnèse a une importance capitale afin déceler en majeur partie la nature, la localisation et la sévérité de cette problématique de santé. De plus, elle permet de mieux structurer un plan d’intervention. L'approche clinique en cas de SBAU peut être basée sur plusieurs facteurs dont le sexe, l'âge et l'histoire clinique, les facteurs de risque et antécédents des patients. Par exemple, une des composantes des SBAU est l'incontinence urinaire, qui est très fréquente dans la populations gériatrique. Ainsi, le mnémotechnique DIAPERS permet d'élucider les principales causes d'incontinence chez les aînés:[13]
DIAPERS (Principales causes d'incontinence chez les aînés[13])
- Delirium
- Inf/inflam
- Atrophie
- Pharmacologie
- Excès
- Restriction fonctionnelle
- Stool impaction (constipation/fécalome)
Le clinicien doit questionner les patients sur:
- la durée des symptômes
- Il faut explorer d'autres symptômes significatifs comme de la fièvre, des douleurs de l’hypochondre, ou un écoulement vaginal ou urétral.
- Il faut rechercher des symptômes d’irritation vésicale ou d’obstruction.
- il faut rechercher l'hématurie, des urines troubles ou malodorantes et la nature de toute perte.
- Il faut questionner les patients sur des rapports sexuels non protégés récents; s'ils ont appliqué des substances potentiellement irritantes sur le périnée; s'ils ont eu des manœuvres endo-urétrales (p. ex. cystoscopie, sondage urinaire, chirurgie) ou si elles peuvent être enceintes.
- Dans le cas de SBAU, il faut faire une revue systématique des autres appareils dans l’optique de retrouver les symptômes associés comme des douleurs dorsales ou des arthralgies et une irritation oculaire (trouble du tissu conjonctif) et des symptômes gastro-intestinaux, tels qu'une diarrhée (arthrite réactionnelle).
- La recherche des antécédents médicaux doit permettre de rechercher des infections urinaires antérieures et toute anomalie connue des voies urinaires, dont des antécédents de calcul urinaire. Également, il faut explorer toutes pathologies potentiellement infectieuses, des antécédents d'immunodépression ou une hospitalisation récente.[14]
Mnémoniques | Composantes |
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OPQRSTU | Début, position/lieu, qualité , irradiation, sévérité/intensité, temps, déjà vu |
SHED |
Masse, infertilité
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FUN | Fréquence, Urgence, Nycturie |
Examen clinique
Dans le cas SBAU, l'examen clinique doit tenir compte de symptômes afin de déceler toutes anomalies auprès des patients. Ainsi, dans le tableau qui nous expliquons les principaux trouvailles en cas de SBAU chez l'homme et chez la femme.
Chez la femme | Chez l'homme |
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Drapeaux rouges
Il en existe plusieurs symptômes qui traduisent des complications imminentes dans le cas des SBAU. Ils représentent des drapeaux rouges. Les cliniciens devraient être a l'affût de ces symptômes dans le but de faire une référence auprès des spécialistes. Pour faciliter la compréhension des lecteurs nous divisons les drapeaux rouges selon le sexe (chez l'homme et chez la femme). [9]
situations auxquelles une consultation auprès d’un spécialiste est primordiale |
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Chez la femme |
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Chez l'homme |
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Examens paracliniques
Le choix des examens paracliniques en cas de SBAU dépend généralement du résultat de l’anamnèse et l’examen physique. Il s’est orienté par les impressions clinques obtenues après une évaluation physique complète. Chez les patients qui présentent de SBAU, une analyse d'urine ainsi qu'une culture d'urine doit être effectuée s'il y a une suspicion d'infection urinaire ou une hématurie [9]. Il est suggéré de ne pas faire d’emblée une étude de la fonction rénale, sauf s'il existe une préoccupation concernant une rétention urinaire sévère. Les autres tests de laboratoire sont déterminés par des signes ou des symptômes évoqués lors de l'anamnèse et de l'examen physique. Dans le tableau qui suit nous expliquons les principaux examens en cas de SBAU.[17]
Seuls quelques tests cliniques sont nécessaires pour l'évaluation initiale des symptômes irritatifs. L’obtention d’imagerie radiographique n’est pas recommandée pour l'évaluation initiale chez les patients avec un examen physique normal et en absence de troubles neurologiques complexes. Un test d'effort de la vessie est recommandé dans le cadre du bilan initial de l'incontinence à l'effort. Les tests urodynamiques ne sont pas non plus systématiquement effectués au départ, mais ils peuvent être effectués avant d'envisager des thérapies chirurgicales[18].
Les tests | Explications de leurs pertinences |
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Analyse et culture d'urine |
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Résidu post-mictionnel (RVP) |
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Test urodynamique |
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Évaluation de la mobilité urétrale |
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Prise en charge
Le traitement des SBAU dépend de l'étiologie. Chez l'homme et chez la femme, la sélection d'un schéma antimicrobien pour la cystite aiguë simple dépend du risque d'infection par un organisme gram négatif multi résistant. Ce tableau explique le choix des traitements empiriques de la cystite chez l'homme et chez la femme. [21]
Pathologies | Noms des molécules et leurs posologies |
---|---|
Traitement de cystite chez la femme et chez la femme |
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Notes
- ↑ Les bronchodilatateurs anti muscariniques inhalés et les gouttes ophtalmiques peuvent être absorbés par voie systémique à des degrés divers.
Références
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 2,0 2,1 et 2,2 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « StackPath », sur mcc.ca (consulté le 3 mars 2021)
- ↑ « Revue générale de la miction - Troubles génito-urinaires », sur Édition professionnelle du Manuel MSD (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « Revue générale de la miction - Troubles génito-urinaires », sur Édition professionnelle du Manuel MSD (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 7,0 et 7,1 « Infections bactériennes des voies urinaires - Troubles génito-urinaires », sur Édition professionnelle du Manuel MSD (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 9,0 9,1 9,2 9,3 9,4 et 9,5 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 10,0 et 10,1 Netgen, « Symptômes urinaires bas et bandelette normale : à quoi penser ? », sur Revue Médicale Suisse (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 13,0 et 13,1 « Urinary Incontinence in the Aging Female », sur Medscape (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 15,0 et 15,1 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 16,0 et 16,1 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 18,0 et 18,1 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 19,0 et 19,1 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ 21,0 et 21,1 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)
- ↑ « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 27 février 2021)