Épilepsie (programme d'exercices)

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Épilepsie (programme d'exercices)
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Cette page traite des bénéfices de la pratique d'activité physique chez les personnes souffrant d'épilepsie ainsi que des particularités en lien avec cette clientèle.

Contexte

Page principale: Épilepsie

L'épilepsie est un trouble du système nerveux central (SNC) qui se caractérise par une activité cérébrale anormale, pouvant provoquer des crises épileptiques, des comportements anormaux et parfois des pertes de conscience[1]. Il existe deux grandes classes de crises épileptiques: les crises généralisées et les crises focales[2]. Il y a plus de 15 000 nouveaux diagnostics d'épilepsie au Canada à chaque année, et la grande majorité de ceux-ci (80%) sont chez des personnes de moins de 18 ans. Chez les adultes, les nouveaux diagnostics (20%) sont observés chez les personnes de 60 ans et plus[3].

Les personnes souffrant d'épilepsie ont longtemps été restreintes dans leur pratique d'activité physique (AP) en raison de la croyance que l'AP pouvait déclencher des crises épileptiques. Ces personnes peuvent également exprimer une peur de se blesser en raison d'une crise, et sont parfois mal conseillées en termes d'AP par les professionnels de la santé[4].

En raison des restrictions et des fausses croyances véhiculées, 65% des gens souffrant d'épilepsie ne sont pas suffisamment actifs (c'est-à-dire, n'atteignent pas la recommandation de 150 min d'AP d'intensité modérée par semaine)[5]. On remarque également une prévalence plus élevée de maladie coronarienne, de diabète, d'hypertension artérielle, et d'accident vasculaire cérébral (AVC) chez les personnes atteintes d'épilepsie[6].

Indications

Les crises épileptiques sont rarement causées par l'AP[7]. Il est donc généralement sécuritaire pour les personnes souffrant d'épilepsie de prendre part à de l'AP. Toutes les personnes atteintes d'épilepsie devraient suivre les recommandations de pratique d'AP de la population générale (voir la section Prescription recommandée).

Contre-indications

Les personnes atteintes d'épilepsie ne devraient pas être restreintes dans leur pratique d'AP. Certains sports extrêmes, tels que la plongée sous-marine, le parachutisme et autres sports en hauteur, ne sont pas généralement recommandés chez cette population en raison du niveau de risque de blessure élevé. Chez les personnes avec épilepsie non-contrôlée, la pratique d'AP doit être individualisée selon la fréquence, le type et les déclencheurs de crises épileptiques[8].

Il n'est pas démontré que les traumatismes crâniens mineurs nuisent à la fréquence et/ou à la sévérité de l'épilepsie[9]. Il n'est donc pas contre-indiqué de participer à des sports collectifs de contact, tels que le football, le soccer, le basketball, etc. Le risque de blessure ne devrait pas être une contre-indication à l'AP[8].

Absolues

Il n'y pas de contre-indications absolues à la pratique d'AP chez les personnes souffrant d'épilepsie.

Relatives

  1. Épilepsie réfractaire (non-contrôlée) avec crises généralisées et/ou fréquence élevée de crises[8]
  2. Crises tonico-cloniques et atoniques en raison du risque de chute et de blessure[8]
  3. Crises avec perte de conscience[8].

Prescription recommandée

Évaluation du niveau de risque

Le choix d'AP ou de sport doit être fait de manière individualisée. Ce choix doit prendre en compte le type et la sévérité des crises épileptiques, la manifestation d'une phase prodromique (c'est-à-dire, les symptômes avant-coureurs des crises), l'historique de crises épileptiques et leurs facteurs précipitants, la supervision durant l'activité et la volonté de la personne et/ou du parent/gardien à prendre un risque raisonnable[7].

Certaines activités ne sont pas recommandées en raison du risque élevé de blessure/décès en cas de crise:

  • Nage en eau libre ou sans supervision[7].
  • Plongée sous-marine (si incidence de crises dans les 4 dernières années)[7].

L'International League Against Epilepsy (ILAE) Task Force In Sports and Epilepsy suggère une classification de différents sports en trois catégories selon le niveau de risque que ces sports présentent pour la personne en cas de crise épileptique et pour les témoins.

Catégorisation des sports à risque de l'ILAE Task Forse in Sports and Epilepsy[7]
Groupe 1 (pas de risque additionnel) Groupe 2 (risque modéré) Groupe 3 (risque élevé)
Athlétisme (sauf saut à la perche) Ski alpin Aviation
Majorité des sports collectifs avec contact (judo, lutte, etc.) Tir à l'arc Escalade
Sports collectifs au sol (basketball, rugby, volleyball, hockey sur gazon, soccer, baseball, etc.) Athlétisme (saut à la perche) Plongeon (plateforme, tremplin)
Ski de fond Biathlon, triathlon, pentathlon Équitation (courses)
Curling Canoe Sports motorisés
Danse Sports collectifs de contact comportant un risque de blessure (karaté, boxe, etc.) Parachutisme
Golf Cyclisme Rodéo
Sports de raquette (squash, tennis de table, tennis, badminton, etc.) Escrime Plongée sous-marine
Gymnastique Saut à ski
Équitation Voilier (seul)
Hockey sur glace Surf, planche à voile
Tir (avec fusil)
Planche à roulettes
Planche à neige
Natation
Ski nautique
Haltérophilie

L'ILAE émet également les recommandations suivantes quant à la pratique d'AP selon le niveau de risque individuel de la personne[7]:

  • Les personnes ayant subi une ou plusieurs crises symptomatiques en lien avec un facteur diminuant temporairement le seuil épileptogène devraient pouvoir pratiquer les sports du groupe 1 sans restriction à la résolution du facteur causal. Ils peuvent participer aux sports des groupes 2 et 3 selon l'avis du neurologue.
  • Les personnes ayant subi une seule crise non provoquée devraient pouvoir participer aux sports du groupe 1 suite à une évaluation médicale.
    • Après 12 mois sans récidive de crise épileptique (ou plus tôt), ces personnes devraient pouvoir participer aux sports des groupes 2 et 3 après évaluation médicale.
  • Après 12 mois sans incidence de crise, les personnes atteintes d'épilepsie peuvent pratiquer tous les sports.
  • Les personnes avec résolution de leur épilepsie (c'est-à-dire aucune crise dans les 10 dernières années et arrêt de la prise d'antiépileptiques depuis 5 ans) devraient pouvoir pratiquer tous les sports.

Lignes directrices de pratique d'activité physique

Recommandations d'activité physique aérobie

Il n'existe pas de lignes directrices spécifiques pour la pratique d'AP en contexte d'épilepsie. Les recommandations suivantes pour l'AP de type aérobie ont été émises par Epilepsy Ontario[10]:

Recommandations d'activité physique aérobie d'Epilepsy Ontario
Fréquence 3 à 5 fois par semaine
Intensité Modérée à élevée:
  • Modérée: 64-76% fréquence cardiaque maximale (FCmax) ou 3-5/10 échelle de perception de l'effort (EPE)[11]
  • Élevée: 77-95% FCmax ou 7-9/10 EPE[11]
Temps 20 à 40 minutes
Type Exercice aérobie utilisant des grandes masses musculaires (ex: marche, jogging, ski de fond, etc.)

Epilepsy Ontario recommande également de:

  • Remplir un Q-AAP et le remettre au médecin avant le début de la pratique d'AP
  • Pratiquer des AP de mise en charge (comme la marche) en raison de la perte de masse osseuse possible avec la médication[10].

Recommandations d'activité physique chez les enfants et les adolescents

Selon l'American College of Sports Medicine (ACSM), les enfants et les adolescents devraient faire 60 minutes d'AP par jour[11]. Le tableau ci-dessous présente les différentes modalités d'AP recommandées pour cette population.

Recommandations générales d'AP pour les enfants et les adolescents[11]
Aérobie Musculation Renforcement osseux
Fréquence 1 fois par jour

Inclure des AP d'intensité élevée 3 fois par semaine

≥ 3 fois par semaine ≥ 3 fois par semaine
Intensité Modérée (augmentation de la FC et apparition d'un léger essoufflement) à élevée (grande augmentation de FC et d'essoufflement) Poids du corps ou 8-15 répétitions sous-maximales afin d'avoir une fatigue modérée avec bonne qualité de mouvement Variable, mettant l'emphase sur les activités qui produisent de la mise en charge modérée à élevée sur les os (par impact ou par production de force musculaire)
Temps Faisant partie du ≥ 60 min par jour Faisant partie du ≥ 60 min par jour Faisant partie du ≥ 60 min par jour
Type Activités plaisantes et appropriées pour le développement moteur (courir, sauter, corde à danser, soccer, basketball, bicyclette, jeux, etc.) Peut faire partie d'activités non-structurées (ex: jouer dans des modules au parc, grimper, etc.) ou d'activités structurées bien supervisées (ex: exercices musculaires avec poids du corps, soulever des poids, utilisation d'élastiques, etc.) Courir, sauter, corde à danser, jouer à la marelle, basketball, tennis, soccer, etc.)

Recommandations d'activité physique chez les adultes

Selon l'ACSM, les adultes devraient effectuer 150 min d'AP d'intensité modérée ou 75 min d'AP d'intensité élevée par semaine. Les séances d'AP de type aérobie (ex: marche, course, bicyclette) doivent durer minimalement 10 min. Les adultes devraient également inclure des séances de renforcement musculaire minimalement 2 fois par semaine[11]. Le tableau ci-dessous présente en détail la prescription d'AP recommandée chez cette population.

Recommandations générales d'AP pour les adultes[11]
Aérobie Musculation Flexibilité
Fréquence ≥ 3 fois par semaine ≥ 2 fois par semaine ≥ 2 à 3 fois par semaine, 1 fois par jour étant plus efficace
Intensité Modérée (40-59% FC de réserve ou EPE 3-5/10) à élevée (60-89% FC de réserve ou EPE 7-9/10) 60-70% du 1 RM[note 1]

Variable selon l'expérience d'entraînement et les objectifs

Sensation d'étirement ou léger inconfort
Temps 20-60 min 1 à 3 séries de 8 à 12 répétitions 10 à 30 secondes par étirement
Type Exercice continu qui implique de grandes masses musculaires (ex: marche, course, bicyclette, etc.) Appareils, poids libres, élastiques, etc. Statique, actif, facilitation neuromusculaire proprioceptive (FNP), etc.

Exécution

Chaque séance d'entraînement doit débuter par une période d'échauffement de 5 à 10 minutes d'intensité faible, c'est-à-dire sans aucun essoufflement (EPE 1-2/10). L'échauffement permet de stimuler la vasodilatation et d'augmenter la perfusion sanguine dans les muscles actifs. À la fin de chaque séance, un retour au calme de 5 à 10 minutes d'intensité faible doit également être effectué. Celui-ci permet de diminuer la FC et la tension artérielle, réduisant les risques d'hypotension post-exercice. Le retour au calme permet également de faire diminuer les catécholamines circulantes[12].

Ci-dessous sont énumérés les conseils sécuritaires émis par Epilepsy Ontario à remettre aux personnes atteintes d'épilepsie lorsqu'ils débutent une pratique d'AP[10]:

  • Arrêter l'exercice en cas de sensation de faiblesse, de nausées ou de chaleur extrême
  • Bien s'hydrater avant, pendant et après l'exercice
  • Prendre un repas nutritif avant l'exercice
  • Prendre minimalement deux jours de repos par semaine
  • Informer l'entourage du protocole de premiers soins en cas de crise
  • En cas d'activité à l'extérieur (ex: marche, jogging), informer l'entourage de l'itinéraire et du temps de la sortie
  • Transporter un objet qui identifie l'épilepsie et le protocole de premiers soins associé
  • Prendre les médicaments selon les directives
  • Porter un équipement de protection selon l'activité (ex: vélo, patin à roulettes, etc.)

Complications

Les risques principaux à l'exercice sont le déclenchement de crises épileptiques et le risque de blessure associé à celles-ci[8]. Le risque de blessure est d'ailleurs plus élevé chez les personnes souffrant d'épilepsie que la population générale[7][8].

Blessures les plus fréquentes chez cette clientèle[8]:

  • Traumatisme crânien mineur
  • Blessures des tissus mous
  • Blessures par immersion
  • Brûlures
  • Fractures (possiblement en raison de la perte minérale osseuse associée à la prise de certains médicaments antiépileptiques).

Les personnes atteintes d'épilepsie peuvent présenter certains facteurs précipitants de crises épileptiques. Dans les facteurs précipitants les plus communs, on note:

  1. Hypoxie: s'applique aux sports tels que l'alpinisme et le ski alpin pratiqués à haute altitude (2000 m)[9]
  2. Hyperhydratation: ingestion excessive d'eau ou perte extrême de sodium[9]
    • Ce phénomène peut se produire lors de la pratique de sports tels que la natation ou les sports d'endurance de longue durée (marathon, triathlon, etc.)
    • L'ingestion d'une quantité excessive de boisson isotonique ou hypotonique peut mener à une hyponatrémie.
  3. Hypoglycémie[9]
    • Peut survenir lors d'épreuves de longue durée de course à pied, de vélo ou de nage, surtout lorsque la prise d'aliments et/ou de liquide est diminuée.
  4. Hyperthermie[9]
    • Peut survenir lors d'épreuves de longue durée (marathon, triathlon) effectuées lors de journées chaudes et/ou humides.
  5. Stress et fatigue[8][9]
    • Le stress induit par une compétition sportive pourrait déclencher une crise chez une personne épileptique sensible au stress
    • Une mauvaise qualité de sommeil peut rendre la personne plus à risque de crise épileptique.
  6. AP aérobie excessive[8].
  7. Changement dans le métabolisme des médicaments antiépileptiques[8].
  8. Traumatismes crâniens répétés[8].

Suivi

Avant, pendant et après la séance d'AP, il est pertinent de surveiller les signes avant-coureurs d'une crise épileptique. Ils peuvent être différents d'une personne à l'autre, c'est pourquoi l'individu doit connaître ses signes avant-coureurs et en aviser son entourage. Voici quelques exemples courants:

  • Une accélération rapide de la FC[13]
    • Pendant un test à l'effort avec électrocardiogramme (ECG), surveiller toute anomalie à l'ECG
  • Sensation de boule dans l'estomac (souvent décrite comme étant des papillons dans l'estomac)[14]
  • Sentiment de peur[14]
  • Son ou tonalité ressemblant à de la musique similaire à chaque instance de crise[14]
  • Difficulté à trouver les mots ou sensation de brouillard mental[14]
  • Trouble auditif qui donne l'impression d'être sous l'eau[14]
  • Sensation de déjà vu, ou au contraire, sentiment que l'environnement est méconnaissable[14]
  • « Syndrome d'Alice au pays des merveilles »: Sensation que l'environnement est déformé ou que la personne se sent petite et que l'environnement paraît grand ou vice-versa.

Bénéfice anticipé

Les personnes atteintes d'épilepsie peuvent retirer plusieurs bénéfices d'une pratique régulière d'AP, entre autres sur la fréquence des crises, sur la santé mentale et sur la fonction cognitive.

D'abord, la prise de certains médicaments antiépileptiques (carbamazépine, phénobarbital, phénytoïne, oxcarbazépine, primidone, topiramate, valproate) peut causer une perte de masse minérale osseuse[15]. La pratique d'AP avec mise en charge (ex: musculation, sports qui impliquent des sauts et/ou de la course, etc.) permet d'augmenter la masse minérale osseuse chez l'enfant et l'adolescent, et de la maintenir chez les adultes[16]. Les personnes atteintes d'épilepsie prenant des antiépileptiques devraient donc pratiquer des AP avec mise en charge afin de diminuer leur risque de développer de l'ostéopénie et/ou de l'ostéoporose.

Une revue systématique faite en 2020[4] démontre plusieurs bénéfices d'une pratique régulière d'AP sur la santé mentale des personnes atteintes d'épilepsie. D'abord, on note une amélioration de la qualité de vie reliée à la santé, c'est-à-dire que la personne perçoit sa santé physique et/ou mentale comme étant meilleure. Également, on remarque que les personnes atteintes d'épilepsie pratiquant peu d'AP présentent davantage de symptômes dépressifs et anxieux. Chez les enfants, on remarque que la participation aux sports scolaires permet d'améliorer l'estime de soi.

L'essai clinique randomisé de Häfele et ses collaborateurs[17] démontre que la pratique d'AP serait reliée à un meilleur contrôle des crises épileptiques. Plusieurs mécanismes pourraient expliquer ceci. D'abord, l'AP pourrait normaliser le système GABA (acide γ-aminobutyrique) et la plasticité synaptique, qui semblent être perturbés par la récurrence de crises épileptiques. Le GABA est un neurotransmetteur inhibiteur du SNC. Sa normalisation permettrait de diminuer l'hyperexcitabilité des neurones, permettant une diminution des crises épileptiques[17].

Il a été démontré dans la littérature que la pratique aiguë et régulière d'AP d'intensité modérée est associée avec une augmentation du flot sanguin cérébral[18], et que la capacité cardiorespiratoire semble proportionnellement liée à l'augmentation du flot sanguin cérébral[19]. Häfele et ses collaborateurs ont constaté qu'en contexte d'épilepsie, une capacité cardiorespiratoire plus élevée serait inversement reliée à la fréquence des crises. En plus de l'augmentation du flot sanguin cérébral, elle permettrait un meilleur fonctionnement du système GABA et de la libération de neurotransmetteurs[17]. La plasticité cérébrale serait donc améliorée, ce qui pourrait permettre une meilleure protection cérébrale face aux crises épileptiques.

Une mauvaise qualité de sommeil ainsi que le stress sont des facteurs précipitants de crises épileptiques[17]. Une pratique régulière d'AP d'intensité modérée semble améliorer la qualité du sommeil chez la population générale[20]. Également, la pratique d'AP est inversement associée au stress perçu, signifiant qu'une plus grande quantité d'AP pratiquée permet de diminuer davantage le stress ressenti par un individu[21]. Alors que l'essai clinique randomisé de Häfele ne démontre pas d'effet significatif de la pratique d'AP sur la qualité de sommeil chez les personne atteintes d'épilepsie, les auteurs ont constaté une diminution significative du niveau de stress des participants, ce qui pourrait permettre un meilleur contrôle des crises[17].

Les crises épileptiques semblent être associées à une augmentation du stress oxydatif. L'excitation prolongée des neurones lors d'une crise augmenterait la production de radicaux libres, ce qui peut induire des dommages des neurones et du cerveau. Ces dommages peuvent se traduire par une hyperexcitabilité des neurones, et donc augmenter la fréquence des crises[22]. On remarque également que le stress oxydatif peut nuire à la libération de neurotransmetteurs, créer un dysfonctionnement mitochondrial et de canaux ioniques dans le cerveau[17][22]. L'essai clinique de Häfele soulignque que l'AP d'intensité modérée pourrait réduire le stress oxydatif par la libération d'antioxydants[17]. De plus, les crises épileptiques augmentent l'inflammation au niveau du cerveau, ce qui peut également causer une hyperexcitabilité des neurones[23]. Il a été démontré que l'AP d'intensité modérée diminue les niveaux de marqueurs inflammatoires.[24] La pratique d'AP d'intensité modérée pourrait donc permettre un meilleur contrôle des crises par la diminution du stress oxydatif et de l'état inflammatoire au niveau du cerveau.

Pour continuer d'expliquer la diminution de la fréquence des crises épileptiques observée avec la pratique d'AP, Häfele et ses collaborateurs sont également penchés sur le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF)[17]. Des études animales démontrent que les niveaux de BDNF et de son récepteur (tyrosine kinase) sont augmentés dans l'hippocampe avec la pratique d'AP. Une augmentation des concentrations de BDNF ont également été trouvées chez l'adulte en aigu suite à une séance d'AP aérobie d'intensité élevée et de manière chronique suite à un programme d'AP aérobie de 5 semaines[25]. La méta-analyse basée sur le modèle animal de Aparecido de Almeida[26] suppose à ce sujet que l'exercice aérobie permet d'augmenter le volume de l'hippocampe, et que cette augmentation serait due à l'augmentation de BDNF secondaire à l'AP. Ce phénomène permettrait une neuroprotection, une meilleure plasticité cérébrale et de la neurogenèse, et donc pourrait contribuer à la diminution de la fréquence des crises[17]. Ces résultats sont contradictoires avec plusieurs études sur le lien entre l'épilepsie et le BDNF. En effet, il a été démontré que le BDNF peut avoir un effet pro-excitateur des neurones, et donc qui possède des propriétés pro-épileptogènes[27]. Il est donc difficile de conclure sur le rôle du BDNF chez les personnes épileptiques pratiquant de l'AP régulière.

Les personnes atteintes d'épilepsie présentent parfois des troubles au niveau de leur fonction cognitive. En effet, ces personnes peuvent avoir des problèmes d'apprentissage, de mémoire, d'attention et de fonction exécutive, ce qui peut diminuer leur qualité de vie[28]. La pratique d'AP aurait des bénéfices sur la fonction cognitive des personnes atteintes d'épilepsie. Entres autres, il serait possible d'améliorer la fonction exécutive, l'attention, la fluidité verbale et la mémoire[29][30]. Il est démontré également qu'une capacité cardiorespiratoire plus élevée est associée avec une augmentation du volume de l'hippocampe, ce qui améliore la fonction cognitive globale[29]. L'amélioration de la mémoire via la pratique d'AP serait en lien avec un meilleur encodage d'information. Il y aurait également une association entre l'amélioration de la mémoire et de l'humeur en raison des chevauchements de circuits cérébraux impliqués dans la mémoire et l'humeur[30].Finalement, la pratique d'AP pourrait atténuer les effets secondaires des médicaments antiépileptiques, tel que la Carbamazépine, qui peuvent causer des déficits d'attention et une diminution de la fluidité verbale[29].

Notes

  1. RM: Répétition maximale

Références

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