Dissection spontanée de l'artère coronaire (programme d'exercices)

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Dissection spontanée de l'artère coronaire (programme d'exercices)
Programme d'exercices
Programme d'exercices
Indications Dissection spontanée de l'artère coronaire (programme d'exercices)
Contre-indications absolues
Angine instable, Tachycardie (signe clinique), Tension artérielle systolique, Choc circulatoire
Informations
Spécialité Kinésiologie

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Cette page concerne la prescription d'activité physique pour les patients ayant subi une dissection spontannée de l'artère coronaire.

Contexte

La dissection de l’artère coronaire (DSAC ou SCAD) est un type d’infarctus du myocarde (IDM) de plus en plus diagnostiqué au Canada. Les femmes de 30 à 55 ans sont les plus touchées par ce type d’IDM. Les SCAD constitueraient 25 à 40% des IDM chez les femmes de moins de 50 ans[1]

Le SCAD peut être causé par deux mécanismes : soit une déchirure de l’intima, créant une fausse lumière dans l’artère et ainsi diminuant le flux sanguin ou encore par l’apparition d’un hématome entre la média et l’intima, ce qui réduit la lumière de l’artère et diminue également le flux sanguin. La réparation d’une dissection ou d’un hématome peut se faire de façon spontanée ou via une intervention chirurgicale comme la pose d’un tuteur ou, dans de rare cas, un pontage aorto-coronarien[1]. De plus, les statistiques démontrent une récurrence de 29% sur 10 ans pour les cas de SCAD[2].

La dissection de l’artère coronaire est un cas particulier d’infarctus du myocarde qui nécessite une réadaptation cardiaque spécifique à sa condition

Indications

L’activité physique est recommandée en réadaptation cardiovasculaire pour tous les patients ayant subi un tel événement[3]. Les patients SCAD n’y font pas exception. L’activité physique devrait être particulièrement recommandée s’il y a présence de comorbidité comme de l’hypertension artérielle.

Contre-indications

Il n’y a pas de contre-indication absolue ou relative à l’activité physique spécifique aux patients SCAD. Toutefois, les mêmes contre-indications que les patients atteints de maladies cardiovasculaires s’appliquent.

Comme dans toute autre maladie cardiovasculaire, il importe d’attendre que la condition du patient se stabilise avant de débuter l’activité physique. Puisque la majorité des patients SCAD ne subiront pas de chirurgie, cette condition est particulièrement importante[1].

Prescription recommandée

Il n’existe pas de lignes directrices à proprement parlé en ce qui concerne la prise en charge en activité physique des patients SCAD. Toutefois, une étude basée sur un centre de réadaptation spécialisé en SCAD recommande de ne pas dépasser une tension artérielle systolique (TAS) de 130 mmHg[4].

Une revue de littérature publiée dans le European Heart Open Journal recommande pour sa part une TAS maximum de 150 mmHg[5].

4.1 Épreuve d’effort

L’épreuve d’effort est recommandée avant de débuter l’activité physique pour les patients ayant subi un événement cardiaque[6]. Toutefois, il est possible que l’épreuve d’effort ne soit pas faite rapidement puisque, comme mentionné plus haut, la plupart des patients ne subiront pas de chirurgie. Afin de minimiser les risques de récidives, les cardiologues peuvent attendre la cicatrisation spontanée complète. Cela peut repousser le moment de l’épreuve d’effort.

D’un autre côté, l’inclusion rapide de l’activité physique dans les phases précoces de la réadaptation cardiovasculaire est favorable[7] et est de plus en plus recommandée dans les différentes lignes directrices[8][9]. Donc bien que l’épreuve d’effort est recommandée en réadaptation cardiaque, elle ne devrait pas freiner le début d’une réadaptation au minimum à faible intensité.

L’épreuve d’effort, lorsqu’elle sera réalisée, pourra servir à réajuster les cibles d’entraînement, notamment par rapport aux TAS maximales.

4.2 Recommandations FITT[10]

'Prescription d'activité physique selon le modèle FITT'
Modalité Fréquence Intensité Temps Type
Aérobie 3-5x/semaine TAS<150 mmHg

Sans épreuve d’effort : 20-30 bpm de plus que la fréquence cardiaque de repos et perception de l’effort de 12-16/20 selon l’échelle de Borg

Avec épreuve d’effort : 40-80% de la fréquence cardiaque de réserve, du VO2 peak ou de réserve

20-60 minutes Ergomètre à bras, combinaison du haut et du bas du corps, ou à jambes.


Musculation 2-3x non consécutif/semaine TAS<150 mmHg

10-15 répétitions/exercice sans fatigue significative. Perception de l’effort de 11-13/20 ou 40-60% du 1RM

1-3 séries et 8-10 exercices en ciblant les plus grandes masses musculaires Équipement sécuritaire et confortable pour le patient
Flexibilité ≥ 2-3 jours/semaine. Jusqu’à 7 jours/semaine Jusqu’à ressentir un léger inconfort ou raideur. 10-30 sec pour un étirement statique. Répéter ≥ 4x/étirement Étirements statiques et dynamiques des articulations des membres et du bas du dos. Considérer la technique PNF.


4.3 Recommandations quotidiennes

Une des conditions importantes pour la prise en charge des patients SCAD est le contrôle de la TA. Les recommandations en activité physique pour le contrôle de la TA précise l’importance de pratiquer l’activité physique à chaque jour[6].

Exécution

5.1 Aérobie

Comme mentionné plus haut, le contrôle de la TA est très important dans les cas de SCAD. Afin d’éviter les changements brusques de TA, il est important de débuter l’entraînement par un échauffement d’intensité faible. Cet échauffement devrait durer 5 à 10 minutes et devrait être réalisé à une intensité de <12/20 sur l’échelle de Borg[10]. L’échauffement permet au corps de se préparer à l’activité physique. Il permet la libération d’oxyde nitrique, ce qui réduit les résistances périphériques en permettant la vasodilatation.

La période d’effort devrait être individualisée à la condition du patient, à ses besoins et à ses objectifs. Il est recommandé de respecter les principes de progression afin d’éviter la survenue de blessures musculosquelettique ou le découragement.

L’entraînement aérobique devrait aussi terminer par une période de retour au calme. 5 à 10 minutes à intensité de <12/20 sur l’échelle de Borg devrait être réalisé afin de passer progressivement en période de repos[10]. Le retour au calme permet, entre autres, de ramener les valeurs de TA plus près du repos et ainsi de diminuer les risques d’hypotension à la suite d’exercice.

5.2 Musculation

La musculation devrait également être centrée sur les besoins et les objectifs du patient. Il peut être pertinent de débuter par un renforcement en endurance et par des mouvements fonctionnels afin d’optimiser et/ou maintenir l’autonomie des patients.

La standardisation des exercices est aussi très importante afin de minimiser les risques de blessures. De plus, les exercices en isométrie sont à proscrire afin d’éviter l’augmentation de TA[11]. Un enseignement sur la respiration devrait aussi être faite afin d’éviter la manœuvre de Valsalva. Finalement, la force maximale devrait être à éviter en réadaptation de SCAD, toujours pour limiter les augmentations trop grandes de TA[12].

Complications

Comme pour la population générale, les blessures musculosquelettiques représentent un risque important de l’activité physique. La progression est particulièrement importante dans toutes les sphères de l’activité physique afin de minimiser ce risque[13].

Le risque de récidive sur 10 ans pour les SCAD est à 40%[14]. Toutefois, le risque de récidive n’est pas associé positivement avec l’augmentation de la pratique de l’activité physique. Le haut taux de récidive réaffirme l’importance de la précaution par rapport aux recommandations de TAS.

Suivi

Premièrement, il est important d’enseigner aux patients les recommandations sécuritaires par rapport à la pratique d’activité physique afin de les rendre autonome et ainsi adopter la pratique d’activité physique dans leur quotidien sur le long terme. Les patients devraient connaître les principes d’échauffement et de retour au calme[10] et ils devraient savoir qu’il est recommandé d’éviter la manœuvre de Valsalva, la force maximale[12], la haute intensité et l’isométrie[11]. Ils devraient également être familiarisé à l’échelle de perception de l’effort de Borg modifiée[15] afin de pouvoir quantifier l’intensité de leur activité physique de façon autonome.

Avant, pendant et après l’activité physique, il est recommandé de réaliser un suivi des signes et symptômes ainsi que des signes vitaux. La tension artérielle devrait être surveillée, particulièrement lors d’une augmentation de l’intensité.

Bénéfices anticipés

Premièrement, un événement cardiaque est associé à une diminution de l’activité physique et à une diminution des capacités physiques[16]. Paradoxalement, un bon niveau d’activité physique et un bon VO2max est associé à une diminution de la mortalité[17]. Il est prouvé que la réadaptation cardiaque améliore la capacité fonctionnelle, le niveau d’activité physique et la qualité de vie des patients après un événement cardiaque.

De plus, l’activité physique est associée à une meilleure revascularisation après un événement cardiaque. Il est possible que les survivants d’une SCAD présente des signes de morts cellulaires du tissu myocardique. Le processus de guérison du cœur est plus ou moins long et il est possible d’observer une amélioration de la condition jusqu’à 1 an après l’événement. Après cette période, les gains sont largement réduits. Le temps est donc précieux pour la réadaptation cardiaque en cas de mort cellulaire. Or, l’activité physique est associée à un remodelage favorable du tissu cardiaque et à une meilleure revascularisation[18].

L’activité physique permet également d’avoir un impact positif sur plusieurs facteurs de risque de la maladie cardiovasculaire. Plus spécifiquement aux cas SCAD, l’activité physique permet d’améliorer le contrôle de l’hypertension artérielle. En effet, on peut observer une baisse de 5 à 7 mmHg à pour la TA sur une période de 22h après la pratique d’activité physique[19]. Une pratique quotidienne d’activité physique permettrait donc une réduction de la TAS quasi-permanente. Compte tenu de l’importance de la gestion de l’hypertension pour les patients atteints de SCAD, l’activité physique est une part importante de la prévention et de la réadaptation pour ces patients.

Le contrôle des autres facteurs de risque comme l’obésité, le diabète ou la prévention du diabète, la dyslipidémie et le syndrome métabolique peut aussi être améliorer via l’activité physique. Un meilleur contrôle de ces facteurs de risque réduit les chances de survenue d’un événement cardiovasculaire[20].

Finalement, l’amélioration de la condition cardiovasculaire augmente les chances de survie et diminue les risques de séquelles advenant la survenue d’une récidive[21]. Compte tenu le haut taux de récidive (40% sur 10 ans), il est primordial d’optimiser la condition physique des patients SCAD. Cela permet non seulement de limiter les effets néfastes d’un événement cardiaque sur la condition du patient, mais cela permet également de réduire le coût social lié aux récidives d’événements cardiaques.

Références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Institut de Cardiologie de l’Université d’Ottawa. La dissection spontanée de l’artère coronaire (DSAC). Guide à l’intention des patients et des familles. Université d’Ottawa.
  2. Echeverry, T., Mehan, S., & Williams, K. (2021). Recurrent Spontaneous Coronary Artery Dissection. Circulation, 144(Suppl_1), A10411-A10411.
  3. Swain, D. P., Brawner, C. A., & American College of Sports Medicine. (2022). ACSM's resource manual for guidelines for exercise testing and prescription. Wolters Kluwer Health/Lippincott Williams & Wilkins. p.226.
  4. Chou, A. Y., Prakash, R., Rajala, J., Birnie, T., Isserow, S., Taylor, C. M., ... & Saw, J. (2016). The first dedicated cardiac rehabilitation program for patients with spontaneous coronary artery dissection: description and initial results. Canadian Journal of Cardiology, 32(4), 554-560.
  5. Van Iterson, E. H., Laffin, L. J., Svensson, L. G., & Cho, L. (2022). Individualized exercise prescription and cardiac rehabilitation following a spontaneous coronary artery dissection or aortic dissection. European Heart Journal Open, 2(6), oeac075.
  6. 6,0 et 6,1 Swain, D. P., Brawner, C. A., & American College of Sports Medicine. (2022). ACSM's resource manual for guidelines for exercise testing and prescription. Wolters Kluwer Health/Lippincott Williams & Wilkins. p.288
  7. Peixoto, T. C., Begot, I., Bolzan, D. W., Machado, L., Reis, M. S., Papa, V., ... & Guizilini, S. (2015). Early exercise-based rehabilitation improves health-related quality of life and functional capacity after acute myocardial infarction: a randomized controlled trial. Canadian Journal of Cardiology, 31(3), 308-313.
  8. Arena, R., Williams, M., Forman, D. E., Cahalin, L. P., Coke, L., Myers, J., ... & American Heart Association Exercise, Cardiac Rehabilitation and Prevention Committee of the Council on Clinical Cardiology, Council on Epidemiology and Prevention, and Council on Nutrition, Physical Activity and Metabolism. (2012). Increasing referral and participation rates to outpatient cardiac rehabilitation: the valuable role of healthcare professionals in the inpatient and home health settings: a science advisory from the American Heart Association. Circulation, 125(10), 1321-1329
  9. Swain, D. P., Brawner, C. A., & American College of Sports Medicine. (2022). ACSM's resource manual for guidelines for exercise testing and prescription. Wolters Kluwer Health/Lippincott Williams & Wilkins. p.227.
  10. 10,0 10,1 10,2 et 10,3 Swain, D. P., Brawner, C. A., & American College of Sports Medicine. (2022). ACSM's resource manual for guidelines for exercise testing and prescription. Wolters Kluwer Health/Lippincott Williams & Wilkins. p.235
  11. 11,0 et 11,1 Mitchell, J. H., & Wildenthal, K. (1974). Static (isometric) exercise and the heart: physiological and clinical considerations. Annual review of medicine, 25(1), 369-381.
  12. 12,0 et 12,1 Hackett, D. A., & Chow, C. M. (2013). The Valsalva maneuver: its effect on intra-abdominal pressure and safety issues during resistance exercise. The Journal of Strength & Conditioning Research, 27(8), 2338-2345.
  13. Bjarnason-Wehrens, B., Mayer-Berger, W., Meister, E. R., Baum, K., Hambrecht, R., & Gielen, S. (2004). Recommendations for resistance exercise in cardiac rehabilitation. Recommendations of the German Federation for Cardiovascular Prevention and Rehabilitation. European Journal of Preventive Cardiology, 11(4), 352-361.Bjarnason-Wehrens.
  14. Echeverry, T., Mehan, S., & Williams, K. (2021). Recurrent Spontaneous Coronary Artery Dissection. Circulation, 144(Suppl_1), A10411-A10411.
  15. Ritchie, C. (2012). Rating of perceived exertion (RPE). Journal of physiotherapy, 58(1), 62.
  16. Prabhu, N. V., Maiya, A. G., & Prabhu, N. S. (2020). Impact of cardiac rehabilitation on functional capacity and physical activity after coronary revascularization: a scientific review. Cardiology research and practice, 2020.
  17. Strasser, B., & Burtscher, M. (2018). Survival of the fittest: VO2max, a key predictor of longevity?. Frontiers in Bioscience-Landmark, 23(8), 1505-1516.
  18. Garza, M. A., Wason, E. A., & Zhang, J. Q. (2015). Cardiac remodeling and physical training post myocardial infarction. World journal of cardiology, 7(2), 52.
  19. Swain, D. P., Brawner, C. A., & American College of Sports Medicine. (2022). ACSM's resource manual for guidelines for exercise testing and prescription. Wolters Kluwer Health/Lippincott Williams & Wilkins. p.290
  20. Swain, D. P., Brawner, C. A., & American College of Sports Medicine. (2022). ACSM's resource manual for guidelines for exercise testing and prescription. Wolters Kluwer Health/Lippincott Williams & Wilkins. p.47
  21. Kasiakogias, A., & Sharma, S. (2020). Exercise: The ultimate treatment to all ailments?. Clinical Cardiology, 43(8), 817-826.
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