ULaval:MED-1230/Problèmes courants en ambulatoire

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Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-1230 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Parmi les problèmes courants en pédiatrie ambulatoire, ceux impliquant le système digestif et le système urinaire sont dans les plus fréquents.

  • Douleur abdominale chronique
  • Constipation
  • Énurésie

Douleur abdominale chronique

Les douleurs abdominales chroniques ou récidivantes sont une raison de consultation fréquente en pédiatrie et constituent 2 à 5% des visites chez le pédiatre. 75% des adolescents ont eu mal au ventre dans leur vie & 15% ont des douleurs toutes les semaines, pourtant, c'est moins de 10% des enfants ayant des douleurs abdominales récidivantes qui ont une cause organique.

Plusieurs hypothèses tentent d'expliquer le mécanisme impliqué lorsque la cause semble non-organique :

  • La douleur viscérale est probablement originaire du colon ou du grêle
  • Dysmotilité intestinale
  • Hyperalgésie viscérale
  • Axe cerveau-intestin dérégulé

Le stress et anxiété sont rarement la cause primaire.

Les douleurs abdominales chroniques ou intermittentes (DACI) sont encore vues comme un diagnostic d'exclusion, mais une nouvelle approche a vu le jour dans les dernières années selon les critères de Rome. Ces critères divisent en différentes classes les douleurs abdominales chroniques ou intermittentes :

  • Vomissement & aérophagie
    • Rumination de l'adolescent
    • Vomissement cyclique
    • Aérophagie

Douleurs abdominales fonctionnelles

  1. Douleurs épisodiques ou continues
  2. Critères insuffisants pour les autres désordres fonctionnels
  3. Pas d'évidence de maladies inflammatoires, anatomiques ou néoplasiques qui expliquent les symptômes du patient.

Les critères doivent être rencontrés au moins une fois par semaine pendant plus de 2 mois avant le diagnostic.

La présentation fréquente se compose de :

  • Douleur péri-ombilicale souvent au souper
  • Pas vraiment de lien avec les repas ou l'activité
  • Courte durée; mais récurrent
  • Variable dans la semaine
  • Ne réveille pas l'enfant la nuit
  • Pas de symptômes associés (pas température ni de vomissements)
  • Pas de répercussion sur la croissance

Syndrome de douleur abdominale fonctionnelle de l'enfant

Lorsqu'on parle d'un syndrome, c'est que la situation est un peu plus sévère.

  1. Perte de fonctionnement dans la journée; absentéisme scolaire.
  2. Autres symptômes somatiques comme la céphalée, les douleurs aux membres et les troubles du sommeil.

Approche clinique

Histoire et examen physique complets et minutieux sans toutefois s'adresser à la douleur, car le patient a tendance à s'y identifier.

Noter les circonstances, la durée et les facteurs déclenchants

  • Description, fréquence, intensité
  • Horaire, soulagement
  • Fonctionnement (impact sur vie quotidienne)

Drapeaux rouges

Lorsqu'on retrouve ces symptômes, on doit se questionner sur la possibilité d'une cause organique :

  • Douleur persistante aux quadrants supérieurs ou inférieurs, douleur qui s'éloigne de l'ombilic
  • Douleurs qui réveillent l'enfant la nuit
  • Dysphagie
  • Vomissements persistants
  • Perte de sang intestinale
  • Diarrhée nocturne
  • Maladie péri-anale (important de regarder l'anus et faire un toucher rectal est souvent pertinent)
  • Histoire familiale de maladies inflammatoires intestinales
  • Arthrite
  • Retard pubertaire (rechercher maladie chronique)
  • Retard de croissance (rechercher maladie chronique)
  • Fièvre inexpliquée

Autres indices qu'il s'agit d'une maladie organique :

  • Pâleur
  • Ictère
  • Rougeur aux yeux (la conjonctivite & épisclérite sont des indices de maladie inflammatoire intestinale (MII))
  • Ulcères buccaux (indice MII)
  • Érythème noueux
  • Clubbing
  • Hépatosplénomégalie (indice de maladie chronique ou de néoplasie)
  • Masse abdominale
  • Douleur abdominale localisée à la palpation
  • Marisque / fissure/ abcès et fistules au niveau anal

Diagnostic différentiel

Causes digestives

  • Gastroentérite persistante
  • Constipation
  • Hépatite
  • Hernie
  • Intolérance au lactose
  • Lithiase biliaire
  • Maladie coeliaque (1% de la population canadienne, indices variés : perte émail, anémie ferriprive, etc.)
  • Maladie inflammatoire intestinale
  • Pancréatite chronique

Causes gynécologiques

  • Dysménorrhée
  • Endométriose
  • Infection pelvienne
  • Salpingite
  • Torsion subaiguë ou chronique des annexes
  • Anomalie obstructive du tractus génital

Causes urologiques

  • Hydronéphrose
  • Infection urinaire
  • Lithiase urinaire
  • Prostatite

Autres causes :

  • Anémie falciforme
  • Douleurs pariétales
  • Fièvre méditérranéenne
  • Pneumonie de la base

Syndrome de l'intestin irritable

C'est un diagnostic fréquent chez les enfants et les adultes et consiste en une douleur abdominale associée à 2 des 3 caractéristiques suivantes :

  • Altération de la consistance des selles (souvent de la diarrhée chez les enfants)
  • Altération de la fréquence des selles
  • Soulagement par la défécation

Migraine abdominale

Une problématique purement pédiatrique, il s'agit de douleurs abdominales paroxystiques qui sont associées aux caractéristiques de la migraine. Il a présence de pâleur, nausées, vomissement ou photophobie, mais entre les périodes de migraine abdominale, l'enfant est en bonne santé. Son traitement est le même que pour les migraines et est à base d'AINS et/ou de triptans.

Constipation (douleur abdominale)

Il peut être difficile de déterminer si la constipation est la cause, car les enfants souffrent souvent de constipation (jusqu'à 85% d'entre eux). De plus, les parents ne connaissent pas toujours bien les habitudes de selles de leurs enfants. Ainsi, une douleur abdominale peut s'avérer être une constipation. Les examens physique et rectal ne sont pas toujours révélateurs, mais parfois on peut sentir une ampoule rectale pleine de selles. La radiographie de l'abdomen peut aider, mais la constipation demeure un diagnostic clinique.

Intolérance au lactose

Il y a une prédisposition chez les asiatiques, juifs, les méditerranéens et les afro-américains, où elle touche jusqu'à 80% de ces populations. Les symptômes associés à l'intolérance au lactose sont :

  • Ballonnement
  • Selles liquides
  • Crampes abdominales

Pour faire le diagnostic clinique, on retire le lactose pendant 2 semaines et si les symptômes disparaissent, on a le diagnostic. On peut aussi faire un breath test afin de détecter l'hydrogène produit par la fermentation du lactose lors de difficulté de digestion.

Maladie inflammatoire chronique

La maladie de Crohn est souvent insidieuse et non spécifique. Elle sera encore plus difficile à détecter si elle atteint le grêle, car il n'y aura pas vraiment de sang dans les selles. La colite ulcéreuse est plus facile à reconnaitre puisqu'elle entraîne des diarrhées sanglantes. Dans les deux cas par contre, il y aura des douleurs abdominales et des diarrhées intermittentes.

Les drapeaux rouges qui doivent nous y faire penser sont :

  • Retard pubertaire
  • Retard de croissance
  • Manifestation extra-intestinale (foie, yeux, peau, articulation)
  • Maladie périanale

Investigation pour une douleur abdominale

Voici les différentes investigations que l'on fera :

  • FSC : anémie, microcytose
  • Protéine C réactive et/ou vitesse de sédimentation
  • Albumine: s'il y a hypoalbuminémie, elle pourrait être causée par une perte au niveau du grêle
  • Anticorps anti-tranglutaminases & IgA
    • Important de mesurer les 2, car l'anticorps anti-tranglutaminases est un IgA. Ainsi, s'il y a maladie avec déficience en IgA, les anticorps seront négatifs même en présence de la maladie coeliaque (faux négatif).
    • Important de gastroscopier pour confirmer le diagnostic de maladie coeliaque avant de début la diète sans gluten.
  • SMU-DCA
    • Leucocyturie, bactériurie : infection urinaire
    • Hématurie : lithiase

Selon la clinique :

  • Bilirubine, AST/ALT, LDH au besoin
  • Culture de selles au besoin (recherche parasite si diarrhée)

Du côté imagerie:

  • Échographie abdominale, pour les pathologies suivantes :
    • Lithiase
    • Anomalies hépatiques
    • Anomalies du pancréas, rate et reins
    • Épaississement de l'intestin
    • Kyste et ganglions mésentériques
  • Transit du grêle (Entéro-IRM si on ne peut pas s'y rendre avec la gastroscopie ou colonoscopie)
  • Endoscopie: pour les maladies inflammatoires intestinales ou confirmer une maladie coeliaque

Prise en charge et traitement

Si les maladies organiques ont été éliminées :

  • Confirmation de la présence de la douleur
  • Évaluer les facteurs de stress
  • Rassurer les parents en expliquant la physiopathologie de la douleur abdominale chronique ou intermittente de l'enfant
  • Retour à l'école
  • Journal des symptômes

Voici le traitement pharmacologique pouvant être utilisé : (effets limités)

  • Dyspepsie
    • Anti-H2
    • Inhibiteur de la pompe à protons
  • Syndrome de l'intestin irritable
    • Modifier la diète
    • Probiotiques
    • Modificateurs de transit
    • Calendrier des symptômes : repérer les aliments fautifs (ex : café, chocolat, repas épicés)
  • Antidépresseur: surtout quand il y a une cause anxieuse et un impact fonctionnel (pas un traitement de première ligne...)

Les visites de contrôle pour le suivi sont souvent la clé !

Constipation

Elle est très fréquente dans la population pédiatrique et représente 3 à 4% des consultations et jusqu'à 25% en gastroentérologie pédiatrique. Le pic de constipation chez les enfants est entre 2 et 4 ans et elle est plus souvent présente chez les garçons. Le plus souvent, la cause est idiopathique ou fonctionnelle, car dans 95% des cas aucune cause organique ne sera trouvée et les seuls facteurs à blâmer seront de l'ordre diététiques ou psychologiques (ex: pas suffisament de fibres végétales, routine bousculée, etc.)

Trois périodes sont critiques en ce qui a trait à la constipation :

  • Introduction des céréales et des aliments solides
  • Apprentissage de la propreté
  • Entrée à l'école ou à la garderie

Il existe 5 syndromes chez l'enfant :

  1. Constipation fonctionnelle chez l'enfant < 4 ans
  2. Dyschézie infantile
  3. Constipation fonctionnelle chez l'enfant > 4 ans
  4. Incontinence fécale sans rétention
  5. Incontinence fécale avec rétention

Constipation fonctionnelle chez l'enfant de moins de 4 ans

Pour faire le diagnostic, on doit retrouver plus de 2 critères parmi les suivants chez un enfant de moins de 4 ans (âge développemental) avec des critères insuffisants pour le syndrome de l'intestin irritable :

  • ≤ 2 défécations par semaine
  • ≥ 1 épisode d'incontinence fécale par semaine quand l'enfant a acquis la propreté
  • Histoire de rétention des selles excessives
  • Histoire de selles douloureuses ou dures
  • Présence d'une masse fécale au rectum
  • Histoire de selles tellement volumineuses qu'elles bloquent la toilette

Ces critères doivent être accompagnés de symptômes qui disparaissent quand la selle est passée (Irritabilité, diminution de l'appétit ou satiété précoce). De plus, les critères doivent être rencontrés plus d'une fois par semaine pour au moins 2 mois avant de faire le diagnostic.

Constipation fonctionnelle chez l'enfant de plus de 4 ans

Pour faire le diagnostic, on doit retrouver ≥ 2 critères parmi les suivants, chez un enfant de plus de 4 ans avec des critères insuffisants pour le syndrome de l'intestin irritable :

  • ≤ 2 défécations par semaine
  • ≥ 1 épisode d'incontinence fécale par semaine
  • Histoire de rétention de selles excessives
  • Histoire de selles douloureuses ou dures
  • Présence d'une masse fécale au rectum
  • Histoires de selles tellement volumineuses qu'elles bloquent la toilette.

Ces critères doivent être accompagnés de symptômes qui disparaissent quand la selle est passée (Irritabilité, diminution de l'appétit ou satiété précoce)

De plus, les critères doivent être rencontrés ≥ 1X par semaine pour ≥ 2 mois avant de faire le diagnostic.

Incontinence fécale sans rétention

Pour faire le diagnostic chez un enfant de plus de 4 ans, tous ces critères doivent être retrouvés :

  • Défécation dans des endroits inappropriés socialement plus d'une fois par mois (sous-vêtements inclus)
  • Pas d'évidence de maladie inflammatoire, anatomique, métabolique ni néoplasique qui explique les symptômes.
  • Pas d'évidence de rétention fécale

On préfère lorsque l'enfant souffre d'incontinence fécale avec rétention. En effet, lorsqu'il n'y a pas de rétention, le problème est davantage comportemental et donc plus difficile à corriger.

Incontinence fécale avec rétention (encoprésie)

Enfant de plus de 4 ans qui émet des selles de façon répétée dans des endroits inappropriés pendant 3 mois consécutifs. L'encoprésie est souvent associée à des douleurs abdominales récidivantes, l'énurésie et des infections urinaires. L'encoprésie est présente chez 2.5% des garçons et 1.5% des filles à 7 ans.

95% des enfants ont de la rétention et présence d'un fécalome.

  • Chez les patients avec rétention chronique, les fibres musculaires du rectum se distendent alors ceux-ci ne ressentent plus l'envie d'aller à la selle
  • On peut alors observer des diarrhées (contournant le fécalome)
  • Un traitement laxatif pourra évacuer le fécalome et permettre de retrouver la perception de l'envie de défécation

Il est possible que la rétention soit volontaire.

  • La contraction du sphincter anal par les muscles fessiers entraîne une distension de l'ampoule rectale.
  • Les selles sont alors plus dures et ensuite il se forme un fécalome.
  • Par la suite, un débordement survient.

La défécation peut être douloureuse et ainsi décourager l'enfant d'aller aux toilettes:

  • Un enfant n'aime pas les expériences douloureuses/négatives et ne réalise pas qu'il ne fait que les remettre à plus tard.
  • Selles dures → Fissure → Douleurs → Comportements de rétention → Selles dures

Quelquefois, elle peut être secondaire à des difficultés ergonomiques avec les toilettes ou être trop occupé pour prendre le temps d'y aller.

Prise en charge

Histoire

  • Passage du premier méconium
    • Maladie de Hirschsprung
      > 48 heures est un facteur de risque pour la maladie d'Hirschsprung
      • Dans cette maladie, il n'y a pas d'innervation du colon et donc pas de contraction.
      • Le lavement baryté nous permet de voir à la radiographie abdominale son étendue.
      • On voit une zone de transition avec la partie non-innervée du colon en contraction tonique permanente.
      • Lors d'un toucher rectal, tout le contenu de l'ampoule rectale sort (selles explosives)
      • Le traitement sera la résection chirurgicale de la partie non-innervée
  • Description des selles: grosseur, fréquence, douleur, consistance, sang, présence de selles explosives, etc.
  • Début du problème : âge, circonstance, comportement de rétention, débordement
  • Habitudes alimentaires

Signaux d'alarme qui nous fait suspecter quelque chose de plus important qu'une constipation fonctionnelle :

  • Passage du méconium > 48 heures de vie
  • Perte de poids
  • Perte d'appétit
  • Constipation qui a commencé très tôt (avant introduction des solides)
  • Douleur abdominale
  • Vomissements
  • Fièvre
  • Diarrhée et sang
  • Selles explosives
  • Symptômes urinaires ou extra-digestifs

Examen physique

  • État général et croissance staturo-pondérale
  • Thyroïde
  • Abdomen : masse & ballonnement (fréquemment les selles seront palpables)
  • Examen neurologique sommaire (réflexes ostéotendineux suffisent)
  • Recherche d'anomalies sacrées/colonne
  • Examen du périnée et rectal
    • Position de l'anus (anus antérieur rend difficile l'évacuation)
    • Recherche de fissure et de marisques
  • Toucher rectal
    • Tonus et sténose
    • Fécalome & selles explosives (attention)
    • Distension de l'ampoule
    • Quantité et consistance des selles

Investigations

Une radiographie abdominale n'est pas nécessaire.

Un lavement baryté peut être réalisé si on soupçonne une maladie de Hirshsprung

Étiologies

Non-organiques

  • Développement
  • Situationnel
    • Entraînement difficile (trop d'insistance de la part des parents)
    • Phobie des toilettes
    • Abus sexuels
  • Dépression
  • Constitutionnel: inertie colique, anomalie génétique

Organiques

Ne pas oublier que 95% des cas sont fonctionnels

  • Allergie aux protéines de lait de vache
  • Anomalies anales (anus antérieur, sténose anale, fissure anale douloureuse, imperforation, etc.)
  • Anomalies métaboliques (hypothyroïdie, diabète, hypercalcémie et hypokaliémie)
  • Défaut de la paroi intestinale (gastroschisis, hypotonie)
  • Fibrose kystique (iléus méconial, syndrome occlusion)
  • Insuffisance d'apports en eau ou en fibres
  • Maladie cœliaque
  • Maladie du tissu conjonctif : lupus érythémateux disséminé, sclérodermie
  • Médicaments (fer, anti-dépresseurs, anti-hypertenseurs, opiacés)
  • Maladie neuromusculaire intestinale (Hirschsprung)
  • Médulopathie (myéloméningocèle, compression médullaire, etc.)

Traitement

Le traitement de la constipation fonctionnelle comprend :

  1. Explications et éducation
  2. Vidange de l'ampoule rectale chez les enfants avec fécalome
    • Important de le faire avant le traitement d'entretien
    • La voie orale est moins invasive et les patients sont plus compliants: PEG 3350 (laxatif)
    • La voie rectale est plus rapide et invasive; surtout utilisée pour encoprésie avec rétention importante de selles
      • Suppositoires de glycérine
      • Lavement huileux
  3. Traitement d'entretien
    • On veut que les selles soient normales et que la douleur cesse.
    • Augmenter l'eau, les fibres, les fruits, les légumes et les jus sucrés
    • Limiter la quantité de lait (constipe plusieurs enfants)
    • La 1ère ligne de traitement est le PEG 3350; c'est une poudre que l'on ajoute à un liquide.
    • Les autres traitements possibles sont :
      • Huile minérale
        • On doit l'éviter avant 1 an, car entraîne des dysphagies et du RGO
        • Pas d'évidences d'interférence de l'absorption avec les vitamines liposolubles.
      • Lactulose: entraîne des gaz et des flatulences
      • Docusate sodique: on le donne chez l'enfant de moins de 6 mois
    • Stimulant : C'est une 2e ligne de traitement, car l'utilisation à long terme peut entraîner une dépendance
  4. Modification des habitudes
    • Réflexe gastro-colique à exploiter, la motilité de l'intestin est plus importante après avoir mangé, donc on doit encourager l'enfant à aller à la toilette dans un délai de 5 minutes après les repas.
    • Routine de défécation de moins de 5 minutes et ne devrait pas être plus long; ce n'est pas un moment pour jouer
    • Faire du renforcement positif, ne pas gronder l'enfant
    • Assurer un bon positionnement et utiliser un petit banc ou un pot au besoin
    • Encadrement familial

Le suivi dans la constipation est très important, car on doit poursuivre le traitement médicamenteux de la constipation jusqu'à ce que la routine des selles soit bien installée.

Il faudra aussi persévérer dans les conseils comportementaux, surtout pour l'encoprésie sans constipation. Finalement, référer en gastro-entérologie si la constipation est réfractaire ou s'il y a doute d'un problème organique sous-jacent.

Énurésie

La définition de l'énurésie est un enfant qui continue de se mouiller :

  • ≥ 1X par semaine le jour chez un enfant de plus de 4 ans
  • ≥ 1X par semaine la nuit chez un enfant de plus de 5 ans

Dans l'énurésie nocturne monosymptomatique, il n'y a pas de symptômes urinaires le jour.

  • Il existe une forte tendance familiale, 45% de chances si 1 parent a fait de l'énurésie et 75% de chances si les 2 parents ont fait de l'énurésie
  • À 5 ans, c'est 15% des enfants qui font de l'énurésie monosymptomatique, il y a une diminution de 15% par année et à 15 ans, il en reste seulement 1%.
  • Il s'agit donc d'un problème génétique bénin et fréquent, qui diminue avec le temps et pour lequel le pronostic est excellent

Dans l'énurésie nocturne polysymptomatique, il y a également des symptômes d'incontinence le jour et la présence d'autres problèmes d'élimination.

Lorsque l'énurésie survient le jour, il est plus important de se questionner sur les causes possibles.

Énurésie monosymptomatique primaire

  • Variante du développement normal.
  • Le plus souvent, ce n'est pas une maladie, mais peut avoir un impact sur la vie de l'enfant.

Histoire mictionnelle

  • Symptômes de petite capacité vésicale fonctionnelle
    • Fréquence augmentée: pollakiurie, urgence
    • Nycturie: se lever la nuit
  • Fréquence normale, mais petits volumes car l'enfant boit très peu (quasi déshydratation)
    • Enfant boit-il? Couleur de l'urine? (pâle OK)
    • Boit-il surtout en pm et en soirée?
  • Recherche de symptômes de cystite et de constipation
  • Jet urinaire anormal ou doit forcer
  • Incontinence urinaire diurne:
    • Pré-mictionnelle (urgences): vessie hyperactive
    • Post- mictionnelle: reflux vaginal?
  • Encoprésie
  • Tendance à se retenir

Examen physique

Habituellement normal

  • Abdomen: selles palpables au QI gauche?
  • Malformation du sacrum, lésion cutanée présacrée:
    • Tonus de l'anus
    • Présence du réflexe bulbo-caverneux
    • Sensibilité périnéale
  • ROT, forces et sensibilité des membres inférieurs
  • Absence de globe vésical
  • Organes génitaux externes:
    • Sténose du méat chez le garçon
    • Synéchies des petites lèvres chez la fille

Investigation

  • SMU-DCA
    • On recherche du glucose et de l'albumine (syndrome néphrotique)
    • On recherche les signes d'infection urinaire
  • Lorsque l'incontinence est diurne, on va plus loin dans l'investigation :
    • Échographie abdominale
    • +/- cystographie mictionnelle
    • IRM de la colonne lombosacrée
    • Évaluation uro-dynamique

Étiologies

Cause d'incontinence urinaire diurne primaire :

  • Vessie neurogène: Spina bifida et paralysie cérébrale
  • Anomalies congénitales:
    • Uretère ectopique chez la fille
    • Valves urétrales postérieures chez le garçon
  • Diabète sucré et insipide

Causes d'incontinence urinaire diurne secondaire :

  • Instabilité vésicale
  • Rétention de la miction
  • Infection urinaire
  • Constipation
  • Synéchies ou fusion des petites lèvres
  • Dyssynergie vésiculo-sphinctérienne
  • Incontinence du stress ou du rire

Calendrier mictionnel

C'est un outil qui permet de documenter les habitudes mictionnelles réelles (capacité, fréquence, incontinence, etc.) On le remplit pour 3 journées complètes ou on évalue les 4 informations suivantes :

  • Heure (permet de documenter la fréquence)
  • Volume de la miction (évalue la capacité fonctionnelle)
  • Degré de l'urgence
  • Incontinence avec estimation du volume de la fuite

La capacité vésicale fonctionnelle est égale à : (âge + 2) x 30 ml. Une diminution oriente vers une cystite, une constipation, problème neurologique ou une sténose urétrale.

Traitement

Il y a possibilité d'une résolution spontanée, mais même si l'énurésie est présente uniquement une fois par mois, elle est associée à une réduction de l'estime de soi. L'amorce du traitement devrait généralement être guidée par le degré d'intérêt et de motivation de l'enfant, plutôt que des parents.

Non-pharmacologique

  • Modifications comportementales
    • Bonne hydratation, mais limiter les boires après souper
    • Mictions régulières
    • Corriger la constipation
    • Support et patience parentaaux nécessaires
  • Installer une alarme nocturne en cas d'énurésie
    • Il existe des sous-vêtements ou des tapis qui sonnent lorsque mouillés
    • L'enfant doit être motivé
    • Cesser l'emploi s'il n'y a pas de réponse après 1 à 2 mois.
    • Succès de 75%
    • Rechutes fréquentes
    • À essayer avant la médication

Pharmacologique

  • 1er choix : desmopressine
    • Par voie orale; la voie intranasale est contre-indiquée
    • 30% d'efficacité à long terme
    • Utile pour de courtes périodes  (ex : l'enfant va coucher chez un ami)
  • 2e choix : imipramine
    • Antidépresseur tricyclique
    • Rarement utilisé
    • Efficacité à court terme de 80% et à long terme de 25%
  • Autres médicaments comme les anticholinergiques

L'incontinence diurne se traite selon la cause.

  • On recommande d'instaurer une routine de toilette (miction régulière aux 90 minutes)
  • Pour les vessies neurogènes, on peut donner des médicaments anticholinergiques
  • Référer en urologie si les symptômes persistent.