ULaval:MED-1222/Réactions lymphoplasmocytaires bénignes et syndromes mononucléosiques
Affections bénignes des lymphocytes et plasmocytes
Rappel d’immunologie
Physiologie du thymus
Rôle dans le développement lymphoïde
Organe lymphoïde central, assure le peuplement des lymphoïdes périphériques (ganglions, rate, plaques de Peyer)
Ablation du thymus à la naissance : lymphopénie périphérique et déficits immunitaires graves
Greffe de thymus : rétablit le peuplement lymphocytaire et les fcts
Moelle osseuse : grand rôle dans le peuplement périphérique car les lymphocytes médullaires migrent dans le thymus pour obtenir leurs fcts immunocompétentes et peuplent en partie la périphérie
Lymphocytes T : immunité cellulaire
Lymphocytes B : immunité humorale (origine médullaire directe chez l’humain)
Origine, morphologie et fonctions des lymphocytes
Toutes les cellules lymphocytes viennent de la moelle
- Cellules B : vont directement en périphérie
- Cellules T : passent par le thymus
Sang normal : 80% T, 20% B
Moelle normale : plus de B que de T
Lymphocyte : petit diamètre, dense noyau nucléolé, cytoplasme peu abondant avec peu d’organites
Fonctions
Transformation lymphocytaire
- Au repos, le lymphocyte a un noyau avec sa chromatine condensée avec un cytoplasme faible
- Lorsque stimulé par Ag ou immunostimulation non spécifique, éveil de la vie interne donc transformations du noyau et cytoplasme
- Contact avec Ag : synthèse active, division cellulaire, transformation en grande cellule basophile ou immunoblaste qui donne naissance soit à un effecteur de l’immunité cellulaire (T) ou plasmocytes synthétisant des Ac (B) ET des cellules mémoire qui pourront agir plus rapidement avec un nouveau contact avec le même Ag (support de la réaction anamnestique)
Rôle dans l’immunité humorale
- Synthèse de Ac par plasmocytes mais mémoire immunitaire gardée par lymphocytes
- Pour certains Ag, besoin d’une collaboration entre les B, les T et les macrophages
Rôle dans l’immunité cellulaire (lymphocyte T)
- Hypersensibilité retardée : grand nb de réaction ou les Ac sont absents ou 2nd (rx tuberculinique)
- Immunité de greffe : lymphocytes tueurs détruisent spécifiquement les cellules cibles et sécrètent des lymphokines
- Greffon contre l’hôte : les cellules lymphoïdes se transforment en grande basophile qui attaquent les cellules de l’hôte (arrêt de croissance, perte de poids, diarrhée, atrophie des organes lymphoïdes, atteintes des téguments et de certaines viscères)
Anatomie et fonction du plasmocyte
Dérivé des lymphocytes B
Sécrète les Ac spécifiques donc rôle essentiel dans l’immunité humorale
Vie très courte (pas de mémoire)
Dans une immunisation, les follicules lymphoïdes s’hypertrophient par division active du centre germinatif riche en grandes cellules basophiles, puis les plasmocytes sortent du follicules au moment où les Ac commencent à être décelables dans le sérum
Cytoplasme des plasmocytes est abondant et basophile, synthétise des immunoglobulines et les libèrent.
Physiopathologie de l’immunisation
Immuno stimulation spécifique et non spécifique
Immunostimulation spécifique par un Ag : mieux connue et plus fréquente
- Cause des rx immunitaires spécifiques
Existence d’agents capable de provoquer une immunostimulation non spécifique
- Injection du bacille de Koch (tuberculine) et autres adjuvants provoque une stimulation générale qui n’est pas dirigée sur un Ag
- Certaines infections virales peuvent stimuler les tissus lymphoïdes et les lymphocytes (EBV)
- Autres mx amenant une augmentation importante non sélective des immunoglobulines : cirrhose du foie, certaines collagénoses
Conséquences de l'immuno stimulation
Changement quantitatif et qualitatif
Modifications anatomopathologiques
Hyperplasie et modification histologique des tissus/organes lymphoïdes
Entrée en action des lymphocytes, macrophages et plasmocytes
Apparition de follicules lymphoïdes 2nd avec une couronne lymphocytaire autour du centre germinatif clair
Modifications quantitatives
↑ nb lymphocytes et plasmocytes dans les organes lymphoïdes, la moelle et le sang (sauf pour les plasmocytes qui sont absents du sang)
Modifications qualitatives
Cytologiques
- Lymphocyte stimulé : transformation du noyau et du cytoplasme
- Noyau : synthèse d’ADN, mitose
- Cytoplasme : plus abondant, basophile, riche en organite
- Lymphocyte atypique
- Connotation bénigne et réactionnelle, constat des modifications cytoplasmiques (noyau avec chromatine condensée mais cytoplasme abondant et ± basophile)
Modifications sérologiques
Apparition d’immunoglobulines
Caractères généraux et classification
Caractères généraux
Affections réactionnelles à une immuno stimulation, transitoires, peu/pas de séquelles MAIS reste des lymphocytes mémoires
Possibles ADNP permanente (cervicale moyenne derrière les SCM, inguinales, axillaires)
Restent sous le contrôle de l’organisme (contrairement aux réactions malignes anarchiques)
Classification
Lymphocytose réactionnelle : sang et moelle osseuse
- Infection
- Néoplasie
- Immunisation
Lymphocytes atypique : sang
- Infection
- Immunisation
Syndromes mononucléosiques : lymphocytes atypiques dans le sang en grand nombre
- EBV
- CMV
- Viroses
Plasmocytoses réactionnelles : dans la moelle osseuse seulement
- PAR et auto immunité
- Néoplasie maligne
- Cirrhose
- Infections virales
Diagnostic d’une lymphocytose sanguine
Ne pas confondre une lymphocytose de lymphocytes normaux avec des lymphoblastes ou des lymphocytes atypiques, ne pas confondre lymphocytose absolue et relative
Si lymphocytes normaux, lymphocytose réactionnelle bénigne ou certaines lymphocytoses malignes
- Lymphocytose réactionnelles
- Virale : lymphocytose infectieuse aiguë de l’enfant, oreillons, varicelle, hépatite
- Bactérienne : coqueluche, brucellose
- Rarement en rx à un cancer
- Lymphocytose maligne
- Leucémie lymphoïde chronique
- Syndrome de Sézary
- Lymphomes à expression leucémique
- Leucémie à tricholeucocytes et variantes
Syndromes mononucléosiques
Définition
Réaction immunitaire importante, complexe, impliquant les ganglions et le sang, comportant principalement : lymphocytose réactionnelle à lymphocytes hyperbasophiles prenant souvent l’aspect de grands mononucléaires atypiques
Étiologie
Plus souvent par EBV
Autres agents
- CMV
- Toxoplasma gondii (parasite)
- VIH
- Hépatite
- Leptospirose (bactérie)
- Rubéole
- Parasitoses exotiques (Leishmanioses, trypanosomiase, onchorecose)
- Syphilis
- Tumeurs (lymphomes)
- Médicaments
- Vasculites (lupus, PAN)
La mononucléose est causée par l'EBV, mais les autres causes ci-haut ont des modes de présentation semblables
Parenthèse avec la fatigue chronique
- Un nombre limité de pts ont une évolution subaiguë (6-8 mois) : convalescence prolongée, fatigabilité persistante, sx grippaux, myalgies, anxiété, persistante d’ADNP et rarement de splénomégalie
- Forme chronique : plus exceptionnelle, peut durer ad 1 an
Pas de lien formel entre l’EBV et le syndrome de fatigue chronique
Immunité permanente à l’EBV DONC NON RÉCIDIVANT
Mononucléose infectieuse
Épidémiologie et formes cliniques
Par EBV
Infections cliniques manifestes surtout chez les ado, infections chez l’enfant jeune souvent asx
À 20 ans, 90% des gens ont des Ac contre l’EBV
Incubation ~ 1 mois, contagiosité faible (besoin d’un contact intime)
Manifestations cliniques
Fièvre+ADNP cervicales postérieures + Pharyngite (80% des cas chez les ado)
Sx peu spécifiques et variés
- Fièvre sans patron particulier, sueurs et frissons, souvent précédée de malaises généraux
- Mal de gorge, difficulté à avaler/parler, toux sèche
- Fatigue inexpliquée, besoin de nb croissant d’heures de sommeil, précède souvent la fièvre
- Malaises généraux : myalgies, arthralgies, faiblesse, anorexie
- Dlr abdo (foie/rate)
- Rarement, complications neuro (méningite aseptique, encéphalite, polynévrite)
E/P
Ganglions : ↑ volume, symétriques, dlr parfois, surtout cervical post et axillaires
ORL
- Amygdalite (mais pas toujours)
- Pétéchie palais mou (parfois)
Abdo
- Splénomégalie (presque tjrs présente mais peut être tardive) ⇒ prudence à la palpation, rupture spontanée possible
Éruption cutanée
- Évanescente maculopapulaire
- Si EBV+ampiciline, éruption évanescente maculopapulaire
Tests de laboratoires
Hémogramme ⇒ apparition rapide des modifications mais disparition en 2-3 semaines
- Hyperlymphocytose
- Lymphocytes et mononucléaires atypiques
Bilan hépatique
- Souvent cytolyse et cholestase légères
- Rarement, hyperbilirubinémie amène ictère visible
Sérologie
- Ac hétérophiles : 90% des pts en développent en 3 semaines (sauf les jeunes enfants) apparaissent entre le 6e et 10e jour, donc un premier test négatif doit être refait dans le mois suivant pour ne pas manquer le dx
- Ac spécifique à EBV : coûteux, utile si jeunes enfants (essentiel d’avoir un dx certain)
Diagnostic différentiel
CMV
- Svt sans dlr pharyngée et ADNP
- Tératogène
- Monopost négatif
- Dangereux chez ceux avec immunodéficience
Toxoplasmose
- Zoonose
- Contact avec un chat ou viande contaminée pas assez cuite
- Tératogène
Hépatite A ou B
- En aigu
Syphilis 2nd
Primo infection VIH (mais éruption cutanée plus fréquente)
Maladie de Hodgkin
- Fièvre persistante et ADNP cervicale
- Faire une pct/bx moelle
Complications, traitement et prévention
Complications
Rares mais peuvent être mortelles
Hématologiques
- Rupture de rate
- Pas de lien avec la sévérité de la maladie
- Attention à la pratique de sport violent
- Anémie hémolytique à Ac froids anti-i
- Thrombopénie
- Aplasie médullaire
Pneumo
- Compression respiratoire par inflammation pharyngée (rapide, peut mettre la vie en danger)
Neuro
- Méningite aseptique, encéphalite, myélite, névrite périphérique, névrite optique, Guillain-Barré
Cardio
- Myocardite ou péricardite
Aussi associé à certains cancers mais ces cancers surviennent sans lien avec la mx donc pas des complications
Traitement
Pas de tx spécifique, tx de support
- Repos physique
- ASA/acétominophène pour fièvre et myalgies
- Splénomégalie : repos relatif, mettre en garde contre les risques de trauma abdo ou d’effort physique
- Amygdalite : gargarisme, irrigation salines
Cortico : seulement pour complications ORL ou hématologiques
Pronostic
Bon px, guérison en 4-6 semaines
Complications à risque de mortalité : neuro, surinfection bactérienne, rupture de rate
Prévention
Pas de prévention, sauf éviter les contacts intimes avec la personne en aigu et se laver les mains avant/après contact avec la personne infectée