ULaval:MED-1219/Diversité sexuelle et santé

Définitions en lien avec la diversité sexuelle

Sexe : Le sexe est assigné à la naissance comme masculin ou féminin, généralement basé sur l’apparence des organes génitaux externes. En cas d’ambiguïté, d’autres composantes du sexe (organes génitaux internes, sexe chromosomique et hormonal) sont étudiées pour donner un sexe. Pour la plupart des gens, l’identité et l’expression de genre sont congruentes avec le sexe assigné à la naissance ; pour les personnes transsexuelles, transgenres ou de genre non-conforme, l’identité et l’expression de genre diffèrent du sexe assigné à la naissance.

Identité de Genre : sentiment intrinsèque d’être un homme, une femme ou d’un genre alternatif (garçon- fille, fille-garçon, transgenre, queer, eunuque).

Rôle ou Expression de Genre : Caractéristiques dans la personnalité, l’apparence et le comportement qui dans une culture donnée à un moment historique donné sont désignées comme masculines ou féminines (ce qui est plus typique d’un rôle social masculin ou féminin). Alors que la plupart des individus se présentent socialement comme clairement masculin ou féminin dans leur rôle de genre, certains présentent un genre alternatif, comme queer, ou plus spécifiquement transgenre. Tous les individus tendent à incorporer des caractéristiques masculines et féminines dans leur expression de genre de différentes façons et à différents degrés.

Dysphorie de Genre : détresse causée par la discordance entre l’identité de genre d’une personne et son sexe d’assignation à la naissance (et les rôles de genre et/ou caractères sexuels primaires ou secondaires associés).

Genre non-conforme : groupe nominal qualifiant des individus dont l’identité, le rôle et/ou l’expression de genre diffère(nt) de ce qui est normatif par rapport au sexe d’assignation (donné à la naissance) dans une culture donnée à une période donnée.

De genre atypique / Genderqueer : label identitaire pouvant être utilisé par des individus dont le rôle de genre et/ou l’identité de genre n’est/ne sont pas conforme(s) à la représentation binaire du genre selon les catégories homme/femme ou masculin/féminin.

Chirurgie de réassignation sexuelle (chirurgie d’affirmation de genre) : chirurgie changeant les caractères sexuels primaires et/ou secondaires pour affirmer l’identité de genre d’une personne. La chirurgie de réassignation sexuelle peut être une part importante du traitement médical nécessaire pour soulager la dysphorie de genre.

Femme-vers-homme (FtM) : adjectif décrivant des individus assignés en tant que femme à la naissance qui changent ou ont changé leur corps et/ou leur rôle de genre vers un corps et/ou un rôle plus masculin.

Homme-vers-femme (MtF) : adjectif décrivant des individus assignés en tant qu’homme à la naissance qui changent ou ont changé leur corps et/ou leur rôle de genre vers un corps ou un rôle plus féminin.

Hormones Bioéquivalentes : hormones structurellement identiques à celles trouvées dans le corps humain. Les hormones utilisées dans l’hormonothérapie à forme bioéquivalente sont généralement des dérivées de plantes sources et sont structurellement semblables aux hormones humaines endogènes, mais il faut qu’elles soient à des fins commerciales pour être dites bioéquivalentes.

Hormones Naturelles : Hormones dérivées de sources naturelles comme les plantes ou les animaux. Les hormones naturelles peuvent ou non être bioéquivalentes.

Thérapie Hormonale à forme Bioéquivalente : utilisation d’hormones préparées mixées assemblées comme médicaments par un pharmacien, préparation sur mesure en fonction des spécifications du médecin pour un patient donné. L’approbation de l’agence gouvernementale des médicaments (Ministère de la Santé et autorisation de mise sur le marché (AMM) en France) n’est pas possible puisque chaque thérapie est unique.

Transsexuel(le) : adjectif (souvent utilisé par le corps médical) décrivant un individu qui cherche à changer ou qui a changé ses caractères sexuels primaires et/ou secondaires à travers des interventions médicales de féminisation ou masculinisation (hormonothérapie et/ou chirurgie), typiquement accompagné par un changement permanent dans les rôles de genre.

Transgenre : adjectif désignant un groupe varié d’individus qui occultent ou transcendent les catégories culturellement définies du genre. L’identité de genre des personnes transgenres peut varier à différents degrés du sexe d’assignation à la naissance.

Transition : Période pendant laquelle les individus passent du rôle de genre associé à leur sexe d’assignation à un autre rôle de genre. Pour la plupart des personnes, cela implique d’apprendre comment vivre socialement dans un autre rôle de genre ; pour d’autres cela veut dire trouver un rôle ou une expression de genre qui leur soit plus confortable. La transition peut, ou pas, inclure la masculinisation ou la féminisation du corps par une hormonothérapie ou d’autres procédures médicales. La nature et la durée de la transition est variable et individualisée.

Transphobie Internalisée : Inconfort d’un individu face à ses propres sentiments ou identité transgenres comme résultat de l’internalisation des attentes sociétales de genre normées.

Travestisme (transvestisme) : porter des vêtements et adopter la présentation de rôle de genre qui, dans une culture donnée, est plus typique de l’autre sexe.

Trouble du développement sexuel (TDS) : Condition congénitale dans laquelle le développement du sexe chromosomique, gonadique ou anatomique est atypique. Certaines personnes sont fortement opposées au mot trouble et préfèrent y voir une expression de la diversité, préférant les termes d’intersexué et d’intersexualité.

Trouble de l’identité de Genre : Diagnostic formel du DSM IV-TR (American Psychiatric Association, 2000). Le trouble de l’identité de genre est caractérisé par une identification forte et persistante au sexe opposé et un inconfort persistant envers son propre sexe ou un sentiment d’inadéquation dans le rôle de genre de ce sexe, causant une souffrance cliniquement significative et une altération du fonctionnement social, professionnel (ou autres sphères importantes) du sujet.

Diversité sexuelle et société

Être transgenre, transexuel ou de genre non-conforme n’est pas une pathologie

En mai 2010, le WPATH déclarait que « l’expression des caractéristiques de genre, identités incluses, qui ne sont pas stéréotypiquement associées au sexe d’assignation de naissance, est un phénomène humain commun et culturellement diversifié qui ne doit pas être considéré comme intrinsèquement pathologique ou négatif. »

La population transgenre (entre autres) est souvent stigmatisée, ce qui peut entraîner un stress de minorité, causant chez eux une vulnérabilité qui peut produire des symptômes anxieux ou dépressifs. En plus des préjugés et de la discrimination sociale, la stigmatisation peut causer de la détresse psychologique en contribuant aux abus et à de la négligence par les pairs et la famille.

La non-conformité du genre et la dysphorie de genre

Ces deux concepts sont différents. La non-conformité du genre est quand le rôle, l’expression ou l’identité du genre diffèrent des normes culturelles misent en place pour des personnes d’un sexe déterminé.

Dysphorie de genre désigne un individu vivant un inconfort ou une souffrance par la différence entre le genre auquel la personne s’identifie et son sexe d’assignation à la naissance. Ce ne sont pas toutes les personnes de genre non-conforme qui souffrent de dysphorie de genre.

Un traitement est possible pour aider les personnes vivant une souffrance afin d’explorer leur identité de genre et trouver un rôle de genre au sein duquel ils se sentent à l’aise. Le traitement varie d’une personne à l’autre selon ce qui l’aide et peut ne pas inclure de modifications personnelles. Les traitements peuvent être le traitement hormonal, chirurgical, etc. L'objectif de ces traitements est d'atténuer en partie la dysphorie du genre.

Les diagnostiques associés à la dysphorie du genre

Pour certaines personnes, la souffrance peut rejoindre des critères diagnostiques formels la classifiant parmi les troubles mentaux. Ces systèmes de classification (DSM et CIM) tentent de classer des entités symptomatiques et des états cliniques mais pas les individus.

Ce n’est pas la personne transexuelle, transgenre ou de genre non-conforme qui est pathologique mais bien la détresse liée à la dysphorie de genre. Un diasgnotique facilite souvent l’accès au système de soins. Ceci affecte malheureusement les personnes qui ne souffrent pas de dysphorie du genre, mais souhaitent tout de même avoir recours à des soins de santé pour effectuer des modifications personnelles.

Macro	La personne
Exo	Milieu de vie (entourage, travail, loisirs, école)
Méso	interrelations entre les microsystèmes
Micro	Organisation des soins et des services (qualité des soins et services, disponibilités des soins et services, types de services, modèles d’intervention, accessibilités des soins et services, continuité des soins et services)
Onto	Communauté (idéologies, normes, organisation de la communauté, politiques gouvernementales, culture sociale, valeurs sociétales)

Exemples d’interrelations entre les systèmes

→Onto : Développement des compétences spécifiques selon le sexe biologiqueàMacro : «Hommes viennent de mars, femmes de vénus»àExo: M ou F à la RAMQàMéso: Sexe assigné à la naissanceàMicro : genrification des objets pour les enfants et des attentes envers eux

04. Comprendre l'impact de la diversité sexuelle dans une perspective des déterminants de la santé

Macro

Bureaucratisation de la santé

Dépathologisation de la condition trans

Exo

CIUSSS incapable de fournir des évaluations WPATH

Plus besoin de lettres pour changer le nom et mention du sexe à l’État civil

Méso

Recours au privé $$

Changement facilité

Micro

Pression $$$+ augmentation du temps d’attente avant d’obtenir des soins urgents

Travail, école et entourage s’adapte plus vite à la nouvelle identité

Onto

Augmentation de la détresse : automutilation, suicide, anxiété et dépression

Augmentation du bien-être et diminution du besoin de médicaments

On observe donc des effets très positifs a/n du bien-être lors de la dépathologisation de la condition trans.

Prendre connaissance de façon globale de la diversité sexuelle

Sexe biologique

-       Détermine le mâle, la femelle ou l’intersexué

-       Déterminé par : génétique, hormone et anatomie

Identité sexuelle

-       Expérience intime, fixée dès l’enfance

-       Expérience d’être homme ou femme → peut être en harmonie avec le sexe biologique ou non

Orientation sexuelle

-       Orientation affective et érotique → envers le sexe opposé, le même sexe ou les deux sexes → homo, hétéro ou bi

-       En trois dimensions

-       Intra-psychique : dans la tête, pas obligé d’être transposé dans la réalité

-       Comportementale : attitude sexuelle

-       Identitaire : comment on s’identifie, dépend des deux premières dimensions

→ pour plusieurs raisons (injustice sociale, interdiction, crainte), les trois dimensions ne sont pas nécessairement congruentes!

Préférence sexuelle

-       Préférence dans les pratiques sexuelles et érotiques, variable pour chaque individu, indépendant de l’orientation/identité sexuelles

Identification sexuelle

-       Terme choisi pour se représenter à soi-même ou aux autres son identité et son orientation sexuelle → homosexuel, bisexuel, hétérosexuel, transgenre (sans chirurgie), transexuel (avec chirurgie), queer

Il existe des traits communs entre les différentes minorités sexuelles : elles sont socialement stigmatisées, elles peuvent afficher leur différence selon leur volonté et elles transgressent la norme sociale hétéro-binaire (selon laquelle il n’y a que 2 sexes)

Approfondir les connaissances à propos de l’interaction entre la diversité sexuelle et la santé & Identifier les enjeux de santé pour ces populations en particulier

La santé mentale et physique des minorités sexuelles est menacée par :

-       Injures et menaces

-       Crainte de l’hostilité et stratégies d’évitement

-       Intériorisation des attitudes sociales négatives

Facteurs de vulnérabilité des minorités sexuelles

-       Honte

-       Peur

-       Isolement

-       Comportement à risque

-       Accès aux services sociaux et de santé

Les minorités sexuelles sont plus à risque de :

-       Abus (tabac, alcool, drogues)

-       Conduite sexuelle à risque élevé

-       Auto-traitements

-       Évitement des services de santé

-       Troubles affectifs

-       Suicide et para-suicide

Attitude du médecin

Pour faciliter l’inclusion des minorités sexuelles dans le système de santé et les inviter à consulter prn, les médecins doivent

-       Reconnaître la norme hétéro et la diversité

-       Ne pas présumer de l’identité et de l’orientation

-       Utiliser un langage neutre ou inclusif

-       Ne pas faire de jugement

-       Se concentrer sur le vécu du patient plutôt que sur son identité sexuelle