ULaval:MED-1216/Anatomie de la moelle épinière, racines et voies sensitives

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Sciences fondamentales des troubles des voies sensitives

Dermatomes
Voie spinothalamique
Voies sensitives ascendantes
Exemple du réflexe d'extension du genou

Dermatomes et myotomes

On peut identifier les différents territoires innervés par les racines nerveuses (dermatomes) afin de faciliter la réflexion clinique lors d'une suspicion de neuropathie. Il demeure que les territoires réels ne sont pas "coupés au couteau" et qu'il existe un certain chevauchement.

En clinique, une bonne connaissance des principaux myotomes est primordiale afin de reconnaitre les différentes présentations cliniques lors d'une atteinte d'une racine nerveuse. Ainsi, la racine C5 innerve le deltoïde, le supra-épineux, l'infra-épineux et le biceps brachial. C6 innerve le biceps brachial et le muscle brachoradial, alors que le triceps et le muscle extenseur commun des doigts sont reliés à la racine C7. La dernière racine cervicale à connaitre est C8 : elle innerve les muscles intrinsèques de la main, le long palmaire et le rond pronateur. Pour ce qui est des racines lombaires, les racines importantes sont L4, qui innerve les quadriceps et les adducteurs, et L5, innervant le tibial antérieur et le long extenseur des orteils. Finalement, S1 est la racine innervant le gastrocnémiens, le biceps fémoral et le muscle grand fessier.

Tout comme le chevauchement des dermatomes, la plupart des muscles sont innervés par plus qu'une racine. Notamment, on retrouve le deltoïde, innervé par C5 et C6, duo qui innerve également le biceps. Le triceps, quant à lui, est innervé par les racines C6, C7 et C8. Pour les muscles interosseux de la main, ce sont les racines C8 et T1 qui les innervent. Pour ce qui est des jambes, il est important de savoir que le quadriceps est innervé par les racines L2, L3 et L4, le jambier antérieur, par L4 et L5, et le gastrocnemius, par S1 et S2.

Voies sensitives afférentes

Il y a deux voies sensitives afférentes distinctes : la voie spinothalamique, soit la voie du tact léger grossier, de température et de la douleur, et la voie lemniscale, dans les cordons postérieurs, dans laquelle sont transmises les innervations du tact léger fin, de la vibration et de la proprioception.

Deux synapses se font dans la voie spinothalamique. D'abord, le premier neurone entre via la racine dorsale et fait une synapse immédiatement, dans la substance grise de la corne dorsale. Le second neurone monte dans la substance blanche antérolatérale, en ispilatéral, pendant 2 à 3 segments, et décusse à la commissure antérieure. Il continue ensuite en controlatéral jusque dans la protubérance, et se dirige médialement pour finalement faire synapse dans le thalamus. Il y a alors division, résultant en trois voies : la voie spinothalamique, la voie spinoréticulaire et la voie spinomésencéphalique. Le dernier neurone transmet finalement l’information au cortex somatosensoriel primaire (dans le gyrus post-central du lobe pariétal).

Il y a également trois neurones dans la voie spinothalamique. D'abord, le premier neurone entre par la racine dorsale et monte le long des cordons postérieurs jusqu’au bulbe. Il fait alors synapse avec le deuxième neurone dans le bulbe (au noyau gracile ou cunéiforme). Ce dernier décusse ensuite via les fibres arquées internes puis fait synapse avec le troisième neurone dans le thalamus. Ce neurone va par la suite transmettre l'information au cortex somatosensitif primaire.

Moelle épinière

Anatomie

Pour bien comprendre les présentations cliniques des lésions médullaires, il faut bien connaitre les différents trajets nerveux traversant la moelle épinière. D'abord, pour ce qui est des voies afférentes, on retrouve les faisceaux graciles et cunéiformes en postérieur (ou dorsal), où passe la voie lemniscale. En antéro-latéral se trouve la voie spinothalamique. Pour ce qui est des voies descendantes (ou efférentes), on retrouve le faisceau cortico-spinal dans lequel passe la voie pyramidale ; en postérieur pour la voie croisée et en ventral pour la voie directe. La voie extra-pyramidale, quant à elle, traverse divers faisceaux en antéro-latéral.

Arc réflexe

Lorsque les récepteurs perçoivent un stimulus, ils le transfèrent aux terminaisons nerveuses des neurones sensitifs de 1e ordre. L'influx est ensuite transmis à la substance grise via la racine dorsale, pour ensuite atteindre les interneurones et faire synapse avec le motoneurone inférieur dans la corne antérieure, provoquant la contraction musculaires. L'influx ne passe donc pas par le système nerveux central, mais il y a quand même des voies descendantes qui modulent l’activité des réflexes.

En résumé, il existe des circuits locaux ; c'est pourquoi dans le cas d'une atteinte du motoneurone supérieur, les réflexes sont préservés, et même augmenté car il y a une perte de l’inhibition. Le tout en raison de l'utilisation de l'information des neurones sensitifs périphériques par le motoneurone inférieur.

Nerf trijumeau

Territoires des différentes branches

Le Ve nerf crânien a pour fonctions la sensibilité générale du visage (les 5 modalités), ainsi que la motricité des muscles de la mastication et du tenseur du tympan. Trois branches le composent : la branche opthalmique (V1), la maxillaire (V2) et la mandibulaire (V3).

Pour ce qui est de la fonction sensitive du nerf trijumeau, les terminaisons nerveuses de la peau du visage sont le point de départ. La branche ophtalmique se trouve dans la partie inférieure du sinus caverneux, et entre via la fissure orbitale supérieure dans le crâne. La branche maxillaire, quant à elle, entre dans le crâne via le foramen rond. Finalement, la branche mandibulaire passe via le foramen ovale. Les trois branches se rejoignent au « cavum de Meckel », en postérieur du sinus caverneux, et entrent dans le tronc cérébral au niveau de la protubérance (en ventro-latéral) pour faire synapse avec le ganglion sensitif.

La voie motrice du nerf crânien V origine du noyau moteur trijumeau, dans la protubérance, et rejoint la branche V3 pour sortir par le foramen ovale. S'en suit l'innervation motrice des muscles de la mastication et du muscle tenseur du tympan.

Le fonctionnement de l'innervation du nerf trijumeau est analogue au système lemniscal et spinothalamique.

L'organisation est somatotopique ; la branche mandibulaire se trouve en dorsal, la branche ophtalmique, en ventral, et la branche maxillaire en médial.

Cliniquement, s'il y a une lésion du nerf trijumeau, on retrouvera une perte de sensibilité ipsilatérale des territoires sensitifs correspondant, une perte du réflexe cornéen ipsilatéral ainsi qu'une faiblesse des 4 muscles de la mastication ipsilatéraux (atrophie et fasciculations possibles).

Sciences cliniques des troubles des voies sensitives