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(Ajout de matière)
(Ajout matière)
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=== Définitions ===
=== Définitions ===
La '''tolérance immunitaire''' est définie comme une inhibition des réponses immunitaire face aux antigènes du soi, que l'on appelle également '''tolérogènes'''. Elle est mise sur pied dans les organes lymphoïdes primaire et secondaires. Les organes lymphoïdes primaires entraînent la '''tolérance centrale''' et les organes lymphoïdes secondaires entraînent la '''tolérance périphérique'''. L''''autoimmunité''' est plutôt définie comme une malfonction du phénomène de tolérance immunitaire.
La '''tolérance immunitaire''' est définie comme une inhibition des réponses immunitaire face aux antigènes du soi, que l'on appelle également '''tolérogènes'''. Elle est mise sur pied dans les organes lymphoïdes primaire et secondaires. Les organes lymphoïdes primaires entraînent la '''tolérance centrale''' et les organes lymphoïdes secondaires entraînent la '''tolérance périphérique'''. L''''auto-immunité''' est plutôt définie comme une malfonction du phénomène de tolérance immunitaire.


=== Tolérance des lymphocytes T ===
=== Tolérance des lymphocytes T ===
Sur le plan de la tolérance centrale, les lymphocytes T agissent par 2 méchanismes :  
Sur le plan de la tolérance centrale, les lymphocytes T agissent par 2 mécanismes :  
* Sélection négative des lymphocytes T autoréactifs
* Sélection négative des lymphocytes T autoréactifs
* Formation de lymphocytes T régulateurs
* Formation de lymphocytes T régulateurs
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Toutefois, quelques lymphocytes avec une forte affinité pour les antigènes du soi sont transformés en '''lymphocytes T régulateurs (T<small>reg</small>)''', lesquels seront utiles pour la tolérance périphérique.
Toutefois, quelques lymphocytes avec une forte affinité pour les antigènes du soi sont transformés en '''lymphocytes T régulateurs (T<small>reg</small>)''', lesquels seront utiles pour la tolérance périphérique.


Pour la tolérance périphérique, il existe 3 méchanismes principaux :
Pour la tolérance périphérique, il existe 3 mécanismes principaux :
* Anergie
* Anergie
* Suppression immune par les T<small>reg</small>
* Suppression immune par les T<small>reg</small>
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=== Tolérance des lymphocytes B ===
=== Tolérance des lymphocytes B ===
La tolérance centrale des lymphocytes B est effectuée par 3 méchanismes :  
La tolérance centrale des lymphocytes B est effectuée par 3 mécanismes :  
* Modification de la spécificité des récepteurs
* Modification de la spécificité des récepteurs
* Sélection négative
* Sélection négative
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Enfin, une anergie est causée par la diminution de l'expression des récepteurs qui reconnaissent l'auto-antigène, de sorte que la cellule ne peut pas s'activer.
Enfin, une anergie est causée par la diminution de l'expression des récepteurs qui reconnaissent l'auto-antigène, de sorte que la cellule ne peut pas s'activer.


La tolérance périphérique des lymphocytes B est aussi causée par 3 méchanismes :  
La tolérance périphérique des lymphocytes B est aussi causée par 3 mécanismes :  
* Anergie
* Anergie
* Délétion
* Délétion
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Les récepteurs de mort cellulaire Fas, exprimés en surface des lymphocytes B défectueux, sont stimulés par les ligands du Fas (FasL) présentés par les lymphocytes T normaux, ce qui induit l'apoptose chez le lymphocyte B.
Les récepteurs de mort cellulaire Fas, exprimés en surface des lymphocytes B défectueux, sont stimulés par les ligands du Fas (FasL) présentés par les lymphocytes T normaux, ce qui induit l'apoptose chez le lymphocyte B.


Les lymphocytes B qui expriment des antigènes du soi expriment des récepteurs inhibiteurs à leur surface, ce qui prévient davantage leur activation.
Les lymphocytes B qui reconnaissent des antigènes du soi expriment des récepteurs inhibiteurs à leur surface, ce qui prévient davantage leur activation.


=== Tableau résumé ===
=== Tableau résumé ===
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Noter que apoptose, sélection négative, délétion et mort cellulaire sont synonymes.
Noter que apoptose, sélection négative, délétion et mort cellulaire sont synonymes.
=== Auto-immunité ===
Il y a de l'auto-immunité lorsque les lymphocytes qui reconnaissent les antigènes du soi ne sont pas contrôlés par le phénomène de tolérance immunitaire. Le système immunitaire du corps réagit donc contre l'hôte. Les problèmes d'auto-immunité touchent environ 2 à 5 % de la population. Trois facteurs de risque prédisposent à l'auto-immunité :
* Facteurs génétiques
* Infections
* Facteurs environnementaux
===== Facteurs génétiques =====
Certaines allèles des gènes qui codent pour le complexe majeur d'histocompatibilité augmente la probabilité de maladie auto-immune. Par exemple, l'allèle HLA-B27 augmente grandement le risque de spondylite ankylosante chez les individus qui le possède. Noter que l'allèle en elle-même n'est pas ce qui cause la déficience immunitaire. Certains individus possèdent cet allèle tout en étant asymptomatique. Cela ne représente qu'un facteur de risque qui augmente la probabilité de maladie. D'autres gènes, qui ne codent pas pour le CMH, peuvent aussi accroître le risque de réponse auto-immune lorsqu'ils sont mal exprimés, comme les gènes AIRE, FOXP3 et FAS.
===== Infections =====
Nous constatons également que certaines maladies auto-immunes apparaissent à la suite d'infections diverses. En effet, une infection peut induire une dysfonction immunitaire selon 4 mécanismes :
* Rupture de la tolérance des lymphocytes T
* Mimétisme moléculaire
* Changement de la structure chimique des auto-antigènes
* Libération d'antigènes par des lésions tissulaires
Il est possible que certains APC présentent des antigènes du soi. Normalement, les lymphocytes T défectueux qui ont des récepteurs pour cet auto-antigène ne devraient pas réagir à l'auto-antigène, car il y a absence de costimulation. Cependant, si l'APC en question est infecté par un microbe par malchance, il est possible qu'il exprime des molécules de costimulation en réponse à l'infection, ce qui va permettre aux lymphocytes T reconnaissant l'antigène du soi de s'activer et causer de l'auto-immunité.
La ressemblance des antigènes de certains microbes à d'autres antigènes du soi peuvent induire une réponse auto-immune : c'est le '''mimétisme moléculaire'''. Si un antigène bactérien ressemble beaucoup structurellement à un antigène du soi, les anticorps produits pour éliminer la bactérie peuvent aussi s'attaquer aux antigènes du soi, car ils sont similaires. Par exemple, lors d'une '''pharyngite à streptocoque''', les anticorps peuvent aller s'attaquer aux valves cardiaques, causant une '''fièvre rhumatismale'''.
Une infection peut aussi altérer la structure des antigènes du soi, de sorte qu'ils ne seront plus soumis au phénomène de tolérance immunitaire. C'est le cas de la '''citrullination''', un processus affectant les antigènes dans les articulations à cause d'une infection bactérienne. La citrullination entraîne de la polyarthrite.
En cas de lésion tissulaire, il est possible que des antigènes du soi, normalement confinés dans le tissu en question, soient libérés ailleurs dans l'organisme. Ces auto-antigènes ne sont donc plus protégés et gardés à distance du système immunitaire. Ces antigènes seront reconnus comme des antigènes microbiens par les APC et une réaction auto-immune en découlera.
===== Facteurs environnementaux =====
Certaines substances présentes dans l'environnement peuvent causer de l'auto-immunité, notamment en changeant la structure conformationnelle de antigènes du soi. C'est le cas, des rayons solaires, du tabac, de certains médicaments et d'autres toxines.
== Immunodéficiences ==
L'immunodéficience correspond à un état de dysfonctionnement du système immunitaire. Elle peut se montrer de 4 manières différentes :
* Plus grande susceptibilité aux infections
* Auto-immunité
* Hypersensibilité
* Cancers
Une personne immunodéficiente va développer des infections plus fréquemment ainsi que des infections qui n'affectent généralement pas l'état d'un individu. cette personne peut subir des réactions '''auto-immunes''' et des réactions d''''hypersensibilité''', c'est-à-dire une mauvaise gestion de la réponse immunitaire aux antigènes du soi et du non-soi. De plus, leurs mécanismes de combat contre les masses néoplasiques peuvent être altérés.
=== Classification ===
Les immunodéficiences peuvent être '''congénitales (primaires)''' ou '''acquises (secondaires)'''.
Les immunodéficiences congénitales sont liées à des anomalies génétiques qui altère la fonction immunitaire. Elles se présentent souvent en bas âge, mais peuvent aussi survenir à l'âge adulte. Les immunodéficiences acquises, les plus fréquentes, sont sont pas reliées directement à l'hôte. Elles sont causées par une infection, une intoxication, une carence nutritionnelle ou alors certains traitements médicaux comme la chimiothérapie.
=== Immunodéficiences primaires ===
Les immunodéficiences primaires affectent environ 1 personne sur 500 en occident. Elles regroupent une grande quantité de conditions différentes (environ 200) plus ou moins rares et graves les unes que les autres. Certaines, comme les déficit combinés sévères, sont mortels en jeune âge alors que d'autres, comme le déficit en IgA, sont relativement asymptomatiques. C'est une maladie plutôt rare et moins bien connue, ce qui fait en sorte qu'elle est sous-diagnostiquée. Ces immunodéficiences sont classifiées selon leurs '''classifications clinique et fonctionnelle'''. La classification clinique n'est pas à retenir dans le cadre du cours. La classification fonctionnelle des immunodéficiences primaires est la suivante :
* Problèmes de maturation des lymphocytes
* Problèmes d'activation et de fonction des lymphocytes
* Problèmes de l'immunité innée
===== Problèmes de maturation des lymphocytes =====
Autant pour les lymphocytes B et T, plusieurs problèmes peuvent survenir à différents endroits dans le cycle de maturation lymphocytaire. Cela va causer des anomalies chez les lymphocytes matures.
Le '''déficit immunitaire combiné sévère (SCID)''' est un défaut de maturation des lymphocytes T et parfois des lymphocytes B qui cause un sévère manque d'activité de l'immunité cellulaire et parfois humorale selon l'atteinte des lymphocytes B. Cette condition apparaît chez les bébés dans les premiers mois de vie sous forme de retard de croissance, de diarrhée, de lymphopénie grave et de grande susceptibilité aux infections. Ces patients meurent généralement avant l'âge d'un an si une greffe de cellules souches hématopoïétiques n'est pas effectuée.
Cette condition peut être causée par un défaut lié au chromosome X. Une mutation de la '''chaîne''' '''γc (gamma commune)''' entraîne une non-reconnaissance de plusieurs molécules cytokiniques, ce qui empêche le développement lymphocytaire. Elle est aussi causée par un '''déficit enzymatique en ADA et en PNP''', enzymes que l'on retrouve dans les cellules immunitaires. Ce déficit entraîne une accumulation de toxines dans les lymphocytes, ce qui mène à leur mort. Il peut également y avoir un '''déficit enzymatique en Rag1, Rag2 et Artemis''', enzymes de recombinaison somatique. La variabilité des récepteurs des lymphocytes T sera donc très restreinte. Cette dernière cause peut engendrer le '''syndrome d'Omenn'''.
Le '''syndrôme de DiGeorge''' est un défaut prenant lieu dans l'embryon. Un défaut de la fusion des troisième et quatrième arcs branchiaux cause une '''hypoplasie du thymus'''. La gravité de la maladie varie selon le degré de l'atteinte du thymus, allant du SCID à une légère lymphopénie sans conséquence clinique. Ce syndrôme n'est pas limité au système immunitaire. Il cause également une malformation cardiaque et des traits faciaux caractéristiques.
L''''agammaglobulinémie liée à l'X''', ou '''maladie de Bruton''', est causée par la mutation d'une tyrosine kinase appelée '''Bruton tyrosine kinase''', celle-ci est essentielle pour la signalisation des récepteurs des lymphocytes B. Si elle est mutée, les pré-récepteurs des lymphocytes B ne pourront pas procéder à une signalisation efficace. Cela occasionne la mort des lymphocytes B dans la moelle, car ils ne pourront pas recevoir de signal de survie. L'individu avec cette maladie est victime d'infections fréquentes après les 3-6 premiers mois de vie, une fois que les immunoglobulines transmises par la mère sont épuisées. Puisque la maladie est liée au chromosome X, les mâles sont les plus atteints.
===== Problèmes d'activation et de fonction des lymphocytes =====
Certaines immunodéficiences sont causées par des défauts d'activation des lymphocytes naïfs et de leur fonctions immunitaires.
Le '''déficit en HLA de classe 2''', ou '''symdrôme des lymphocytes nus''' est causé par la mutation d'un gène qui code pour les facteurs de transcription des molécules du CMH de classe II. Les APC ne pourront pas présenter les antigènes aux lymphocytes T CD4, ce qui les rendra inefficaces. Leur inefficacité empêchera les lymphocytes B et T CD8 d'exercer leurs fonctions également. Le patient atteint fera beaucoup d'infection en jeune âge. Une greffe de cellule souche est inefficace pour régler le problème puisque le défaut est associé aux molécules du CMH et non aux lymphocytes en eux-mêmes.
Le '''syndrôme hyper-IgM''' est causé par une incapabilité des lymphocytes B de cesser leur production d'IgM pour produire d'autres types d'immunoglobulines, c'est-à-dire une '''absence de commutation isotypique'''. Il y a donc beaucoup d'IgM, mais très peu d'IgA et d'IgG dans le corps. Il y a différents types de syndrôme hyper-IgM. Un '''déficit en récepteur CD40 ou en ligand CD40L''' va atteindre l'immunité humorale et cellulaire en  affectant la synapse immunologique, occasionnant des infections fréquentes. Un '''déficit enzymatique des lymphocytes B en AID''' va affecter l'immunité humorale et augmenter le nombre d'infections bactériennes. Chez les patients atteints, il y a une absence des follicules lymphoïdes des ganglions.
L''''immunodéficience commune variable''' représente une multitudes de problèmes reliés à l'activation des lymphocytes B (et T à un moindre niveau). L'immunité humorale dans son ensemble est atteinte avec une baisse des IgM, IgA et IgG. C'est le type d'immunodéficience la plus fréquente et elle apparaît souvent à l'âge adulte, dans la trentaine. Selon le cas, le patient peut être victime d'infections répétées, d'auto-immunité et de prolifération lymphocytaire à différents niveaux de gravité.
===== problèmes de l'immunité innée =====
Comme son nom l'indique, les problèmes de l'immunité innée sont causées par des anomalies de tout ce qui a trait à l'immunité innée.
Les '''défauts d'adhésion leucocytaire''' sont des défauts dus à des mutations des gènes codant pour les molécules d'adhésion des leucocytes à la paroi endothéliale telles que les intégrines. En leur absence, il y a un faible taux de recrutement leucocytaire aux sites infectieux. Les infections seront donc plus graves, mais présenteront peu de symptômes inflammatoires puisque les leucocytes ne se rendent pas au tissu. En revanche, la leucocytose dans le sang est très élevée, car la production de globules blancs n'est pas freinée. Cette condition peut allonger le temps de chute du cordon ombilical.
Les '''anomalies de la phagocytose''' regroupent différentes conditions comme la '''maladie granulomateuse chronique'''. Cette dernière est occasionnée par une mutation d'une sous-unité de l''''enzyme oxydase''' présente dans les phagocytes, ce qui rend la digestion des agents infectieux dans les phagolysosomes impossible. La majorité des cas sont liés au chromosome X. La stagnation des microbes dans le phagocyte va causer un grossissement des phagocytes qui, éventuellement, exploseront, libérant leur contenu infectieux dans le tissu. Les phagocytes voisins vont venir phagocyter les déchets relâchés, perpétuant ainsi le cycle. Cette réaction en chaîne crée un '''granulome''', c'est-à-dire un amas de cellules nécrotiques qui peut mener à une pneumonie, des abcès ou encore une maladie inflammatoire intestinale.
Les '''déficits du complément''' sont des défauts de structure ou de régulation des protéines du complément. Selon la protéine affectée, ces déficits peuvent jouer sur les trois voies d'activation du complément ainsi que sur la voie commune. Selon l'anomalie, ce déficit peut causer des infections locales ou disséminées et de l'autoimmunité. Le défaut peut aussi être asymptomatique. Par exemple, le déficit d'une molécule inhibitrice du complément nommée '''C1 estérase inhibiteur''' peut causer de l'angioedème à cause de l'accumulation des bradykinines que son absence engendre.
=== Traitement des immunodéficiences primaires ===
Pour traiter les immunodéficiences primaires humorales (qui affectent les lymphocytes B), l'<nowiki/>'''antibioprophylaxie''', peut être utilisée pour prévenir de potentielles infections. il est aussi envisageable d''''injecter des immunoglobulines de remplacement''' par voie intraveineuse ou sous-cutanée.
Pour les immunodéficiences primaires cellulaires et combinés (lymphocytes T ou les deux), les traitements humoraux peuvent aussi être utilisés. De plus, il est possible de procéder à une '''greffe de cellules souches hématopoïétiques''' ou à un remplacement enzymatique selon le type d'atteinte. La maladie granulomateuse chronique peut bénéficier d'une '''stimulation du système immunitaire''' pour améliorer la fonction du système en administrant des cytokines stimulatrices comme l'IL-2 ou l'IFN-γ. Pour le syndrôme de DiGeorge, une '''greffe de thymus''' est envisageable dans les cas graves. enfin, il existe une méthode de traitement en voie de développement nommée la '''thérapie génique''' qui consiste à aller directement modifier le gène défectueux chez l'individu pour rétablir la fonction.

Version du 15 novembre 2020 à 15:23

Ce guide d’étude a été élaboré par les volontaires de Wikimedica dans le cadre du cours MED-1201 à l'Université Laval et est basé sur le travail des responsables du cours. Il est fourni comme aide à l'étude et ne constitue pas un document officiel du cours.

Introduction

L'immunité dans le corps humain est assuré par un ensemble de cellules et d'organes agissant à l'unisson dans le but de protéger l'individu des éléments de l'environnement qui pourraient lui être néfaste. L'immunité sert donc à prévenir les infections, mais aussi à éradiquer les infections déclarées au sein de l'organisme. Toutefois, il est important de savoir que le système immunitaire n'est pas uniquement efficace contre les infections, mais est aussi utile contre la prolifération excessive et pathologique des cellules. Bien que le système immunologique soit très efficace dans ses fonctions physiologiques, il arrive parfois que celui-ci réagisse de façon pathologique à des stimuli qui ne sont pas dangereux pour l'organisme. Dans ce volet, il sera alors possible d'explorer les acteurs du système et de voir comment celui-ci fonctionne à l'état physiologique, mais aussi de comprendre comment l'immunité peut devenir pathologique.

Voici un aperçu des rôles du système immunitaire :

Physiologiques Pathologiques
Défense contre les infections Réactions d'hypersensibilité
Reconnaissance du « non-soi » Maladies auto-immunes
Défense anti-tumorale Immunodéficience

Composantes du système immunitaire (La base)

On peut premièrement diviser le système immunitaire en deux types d'immunité. Cette division consiste essentiellement en la catégorisation des types d'immunité selon leurs actions et leur spécificité. On parle d'immunité innée ou naturelle et d'immunité adaptative ou acquise qui sont différentes en plusieurs points.

Immunité innée

Un premier point important concernant l'immunité innée, c'est quelle est non-spécifique et représente le première ligne de protection contre les pathogènes de notre environnement. L'avantage de cette non-spécificité est que les cellules de l'immunité innée ont un large spectre d'action et sont efficaces contre plusieurs pathogènes différents de façon rapide, c'est essentiellement un kit de base de protection pour l'individus typique. En effet, tout individu sain dispose du même système immunitaire inné.

Le premier mécanisme de défense composant l'immunité innée que les pathogènes rencontrent est la barrière épithéliale. Celle-ci consiste essentiellement en une protection physique contre les microbes possibles, étant donné que les nombreuses couches de cellules kératinisée sont difficiles à pénétrer sans bris. Ces épithéliums sécrètent aussi des substances chimiques qui participent à la neutralisation les pathogènes, le mucus en faisant partie.

Cependant, si le micro-organisme dupe cette première lignée de défense et entre dans les tissus de l'organisme ou dans le système circulatoire, ils seront alors accueillis par la seconde ligne de défense de l'immunité innée, soit les phagocytes, les lymphocytes spécialisés qui sont les cellules lymphoïdes innées, soit les cellules NK (Natural Killer cells), ou encore par le complément (protéines plasmatiques). Ces cellules reconnaissent les microbes par des structures sur ceux-ci qui sont partagées par plusieurs classes de micro-organismes, mais qui ne sont pas présentent sur les cellules saines du corps humain.

Si le pathogène subsiste assez longtemps dans l'organisme pour qu'une immunité adaptative y soit associée (on parle de quelques jours), le système inné permettra aussi l'amplification des réponses de cette dernière.

Immunité adaptative

Contrairement à l'immunité innée, l'immunité adaptative est spécialisée et faite spécifiquement pour le pathogène qu'elle doit éradiquer. Pour développer cette ligne de défense plus efficace, le corps doit y mettre plus de temps et la réponse est alors plus lente. Justement, pour stimuler l'activation de ce système de défense, le microbe doit avoir pénétré dans l'organisme et avoir résisté aux mécanismes de défense de l'immunité innée assez longtemps pour s'être rendu ou avoir été amené dans un organe lymphoïde tel la rate, où le mécanisme d'immunité acquise aurait été mis en branle.

L'immunité adaptative est la troisième ligne de défense et se compose essentiellement de lymphocytes B et T et de leurs produits, en particulier les anticorps. Ces derniers ont la capacité, via des récepteurs spécifiques, de reconnaître des substances produites par les pathogènes et par d'autres cellules appelées antigènes. Toutefois, il y a des variantes dans ce type d'immunité, dépendamment du type de réponse nécessaire :

  • Si le pathogène est extracellulaire, il sera alors question de la réponse humorale, qui consiste principalement en la production d'anticorps.
  • Si le pathogène est intracellulaire, il sera alors question de la réponse cellulaire, qui consiste essentiellement en l'activation des lymphocytes T pour permettre la destruction du microbes ayant envahit certaines cellules du corps.

Ce dont il est important de se souvenir est que l'immunité adaptative et l'immunité innée travaillent ensemble. En effet, l'immunité innée participe à l'amplification de la réponse adaptative, puis l'immunité adaptative recrute les cellules de l'immunité innée pour l'activation de ses mécanismes d'action.

L'immunité adaptative

Comme mentionné précédemment, l'immunité adaptative comprend deux formes de réponses : la réponse humorale et la réponse cellulaire.

Réponse humorale

La réponse humorale est activé lorsque le pathogènes se trouve en extracellulaire.

Signalisation et activation

Les cellules qui sont infectées par un agent pathogène envoient des signaux pour encourager l'activation des lymphocytes T. Les agents pathogènes phagocytés sont dégradés relâchent leurs peptides à l'intérieur des phagocytes. Les lymphocytes T CD4+ reconnaissent les peptides qui sont localisés dans le cytoplasme des cellules et qui sont présentés par les molécules de CMH de classe II. Les lymphocytes T CD8+ reconnaissent plutôt les peptides présentés par les molécules de CMH de classe I.

Les lymphocytes sont activés selon 5 étapes chronologiques :

  • Reconnaissance d'antigènes
  • Sécrétion de cytokines et activation des récepteurs
  • Prolifération lymphocytaire
  • Différentiation lymphocytaire
  • Exercice de fonctions effectrices

Types de signalisation

Pour s'activer, les lymphocytes ont besoin de deux types de signalisation. Le premier signal est la reconnaissance des ligands retrouvés sur les cellules présentatrices d'antigène par les récepteurs des lymphocytes T (TCR). En effet, les récepteurs des lymphocytes T doivent d'abord reconnaître les peptides exogènes qui sont présentés par les molécules du CMH. Le second signal se nomme la costimulation. La costimulation s'agit d'une série de stimulus supplémentaires qui doivent agir de pair avec la reconnaissance de peptides par les TCR pour qu'il y ait une activation lymphocytaire. La costimulation est nécessaire afin que les lymphocytes subissent une activation complète. Elle est effectuée par des molécules d'adhérence qui servent à stabiliser le lien entre le lymphocyte et son APC. Par exemple, les protéines membranaires B7-1 et B7-2 que l'on retrouve à la surface des APC interagissent avec le récepteurs CD28 retrouvés sur les lymphocytes T. Aussi, les lymphocytes T possèdent à leur surface des intégrines comme la LFA-1 qui se lient à leur ligands (ICAM-1) situés sur l'APC. De plus, le CD40, retrouvé sur les macrophages, se lie avec le CD40L, présent sur les lymphocytes CD4 TH1.

Synapse immunologique

La synapse immunologique est, de la même façon qu'une synapse du système nerveux, le mince espace situé entre la cellule présentatrice d'antigène et le lymphocyte T. C'est à cet endroit qu'a lieu la rencontre entre les peptides présentés par les molécules du CMH et les lymphocytes T ainsi que la costimulation. On y retrouve également plusieurs molécules différentes telles que des enzymes permettant de dégrader ou inhiber les molécules de signalisation, des cytokines et des molécules effectrices.

Activation et différentiation des lymphocytes T helper

Lors d'une infection, seuls les lymphocytes spécifiques à l'agent infectieux vont se multiplier et proliférer. Du fait de leur grande spécificité, les récepteurs des lymphocytes T vont reconnaître des antigènes précis associés à des agents infectieux particuliers. Par la suite, il y aura expansion clonale grâce à une cytokine nommée l'interleukine 2 (IL-2). L'interleukine 2 est le facteurs de croissance principal des lymphocytes T et favorise l'expansion clonale. Lors de la différentiation, qui prend lieu dans les organes lymphoïdes, les lymphocytes CD4 seront séparés en diverses cellules effectrices comme les TH1, TH2, TH17 et T régulateurs. La variable qui décide de la différentiation des lymphocytes CD4 est le milieu cytokinique. En effet, le futur des CD4 est déterminé par les types de cytokines qui se retrouvent dans leur environnement. Les CD4 sont différentiés en TH1 par l'interleukine 12 (IL-12) et l'interféron gamma (IFN-γ). Les CD4 deviendront des TH2 grâce à l'interleukine 4 (IL-4). Les TH17 seront créés grâce à la présence d'interleukine 1, 6 et 23 (IL-1, IL-6, IL-23) ainsi que le TGF-β.

Les CD4 différentiés ont diverses fonctions. Les TH1, en sécrétant de l'IFN-γ, participent à la défense classique contre les microbes en activant les macrophages. Ils favorisent la synthèses d'enzymes protéolytiques et d'autres molécules microbicides pour tuer l'agent infectieux.

Les TH2, elles, ont diverses fonctions. L'IL-4 qu'ils sécrètent permet la production d'anticorps de type IgE pour la dégranulation des mastocytes. Également, ces IgE se lient aux éosinophiles et opsonisent les helminthes pour les combattre. Couplé à l'IL-13, L'IL-4 va aussi induire la sécrétion de mucus et le péristaltisme dans l'intestin pour faire sortir les parasites et inhiber l'entrée de microbes dans les muqueuses. Ces interleukines vont aussi encourager la réparation tissulaire et la cicatrisation via l'activation des macrophages. L'IL-5 sécrétée va permettre l'activation des éosinophiles pour la défense contre les helminthes. Enfin, les interleukines 4, 5 et 13 inhibent l'activité des macrophages et des TH1.

Les TH17 sécrètent les interleukines 17 et 22, des chimiokines qui aident au recrutement leucocytaire. Ils auraient également un rôle à jouer dans la défense bactérienne et fongique.

Lymphocytes T mémoire

Après une infection, une partie des lymphocytes T seront transformés en lymphocytes mémoires. Ceux-ci sont des lymphocytes inactifs qui se réactivent en cas de second contact avec l'agent pathogène qui leur sont spécifique. Ils se promènent dans les organes lymphoïdes, les muqueuses et le sang en attendant un potentiel retour de l'infection afin que le système immunitaire puisse réagir efficacement. Les lymphocytes T mémoire ont besoin d'un signal de survie assuré par l'IL-7 pour rester en vie.

Il existe 2 classes de lymphocytes T mémoire :

  • Cellules mémoire centrales
  • Cellules mémoire effectrices

Les cellules mémoire centrales servent à causer une expansion clonale rapide dans les organes lymphoïdes en cas de réinfection alors que les cellules mémoire effectrices, plutôt retrouvées dans les muqueuses, vont rapidement se rendre au site de l'infection pour l'éliminer.

Migration tissulaire

La migration des lymphocytes T effecteurs vers les tissus infectés se fait selon 3 étapes :

  • Sortie du ganglion lymphatique
  • Transport dans le réseau sanguin
  • Accès au tissu infecté

Quand vient le temps de sortir du ganglion lymphatique pour aller dans la circulation sanguine, il y a une down-regulation des récepteurs sensibles aux cytokines retrouvées dans le ganglion en question ainsi qu'une up-regulation des récepteurs sensibles aux molécules retrouvées dans les vaisseaux sanguins, comme la sphingosine-1-phosphate. De cette façon, les lymphocytes T sont attirés davantage par les vaisseaux sanguins que par le ganglion et il y aura migration. Une fois les lymphocytes dans la circulation, ceux se retrouvant près du tissu infecté vont adhérer à la paroi endothéliale via des molécules d'adhérence (intégrines, sélectines P et sélectine E). Ces molécules sont exprimés davantage au site infecté grâce à l'IL-1 et au TNF, deux cytokines chimioattractives. Ainsi, les lymphocytes T migreront dans le tissu infecté par diapédèse.

Activation des lymphocytes T cytotoxiques et des cellules NK

Les lymphocytes T cytotoxiques éliminent les cellules infectées par le pathogène. Les récepteurs de ces lymphocytes (TCL) reconnaissent les antigènes des microbes exprimés par les molécules du CMH de classe I. Il vont ensuite s'ancrer à la surface des cellules infectées grâce aux molécules d'adhérence par costimulation. Une fois ancrés, les lymphocytes CD8 sécréteront des granzymes et des perforines. Les perforines pénètrent la cellule infectée et ouvrent la voie aux granzymes, lesquelles induiront l'apoptose dans la cellule en question.

Les cellules NK se lient aux cellules infectées grâce à la cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps. En effet, elles se lieront aux cellules infectées recouvertes d'anticorps grâce à leurs récepteurs FCγRIII. Ces récepteurs activent les cellules NK, lesquelles déverseront leur contenu cytotoxique dans la cellule infectée pour induire l'apoptose chez elle.

Activation des lymphocytes B et anticorps

Les lymphocytes B sont responsable de l'immunité humorale, c'est-à-dire de la défense contre les pathogènes extracellulaires. en présence d'une infection, les lymphocytes B reconnaissent les antigènes de l'agent infectieux et s'activent ainsi. Les lymphocytes B possèdent des immunoglobulines membranaires possédant une grande affinité pour des composantes protéiques spécifiques à un microbe. Une fois l'antigène lié à l'immunoglobuline, il y a endocytose du récepteur et de son antigène. L'antigène protéique peut ainsi être dégradé en petits peptides, lesquels sont présentés par des molécules de CMH de classe II. À ce moment, les lymphocytes B sont activés. Suite à leur activation, ils migreront vers le cortex parafolliculaire des organes lymphoïdes secondaires. Parallèlement, les lymphocytes T effecteurs migrent vers les follicules lymphoïdes. Donc, les lymphocytes T et B se rencontrent en bordure des follicules lymphoïdes. À cet endroit, les récepteurs des lymphocytes T se lient aux peptides présentés par les lymphocytes B. Ces derniers seront donc activés. Les lymphocytes T agiront au site de l'infection et les lymphocytes B produiront des anticorps. Les anticorps ont 4 fonctions principales :

  • Neutralisation des microbes et des toxines
  • Opsonisation et phagocytose
  • Cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps
  • Activation du complément

En se liant aux microbes, les anticorps peuvent empêcher le passage des bactéries au travers des membranes cellulaires et des barrières épithéliales. Par exemple, les anticorps IgA, sécrétés dans la lamina propria de la muqueuse gastro-intestinale par les plasmocytes, se lient à des récepteurs Poly-Ig. Le complexe anticorps-récepteur est ensuite transporté activement au travers des cellules épithéliales de la muqueuse pour se rendre dans la lumière intestinale. À cet endroit, le complexe reconnait les microbes et empêche leur entrée dans la muqueuse. Ce processus s'appelle l'immunité associée aux muqueuses. Aussi, les anticorps qui se lient aux microbes facilitent leur détection par les macrophages et cela favorise leur phagocytose. Les anticorps peuvent aussi se lier à des toxines et les empêcher d'entrer dans les cellules du corps. Les anticorps liés au bactéries vont aussi favoriser l'activation du complément via la voie classique d'activation. En retour, le complément activé exercera 3 fonctions principales :

  • Opsonisation et phagocytose
  • Cytolyse cellulaire
  • Stimulation de réactions inflammatoires.

La protéine C3b du complément se lie au microbe pour favoriser l'opsonisation de la même manière que les anticorps. Le complexe protéique du complément peut entraîner la lyse osmotique du microbe grâce au complexe d'attaque membranaire. Enfin, Les protéines C3a et C5a agissent comme chimiokines pour recruter de nouveaux leucocytes et stimuler l'inflammation.

Tolérance immunitaire et auto-immunité

Définitions

La tolérance immunitaire est définie comme une inhibition des réponses immunitaire face aux antigènes du soi, que l'on appelle également tolérogènes. Elle est mise sur pied dans les organes lymphoïdes primaire et secondaires. Les organes lymphoïdes primaires entraînent la tolérance centrale et les organes lymphoïdes secondaires entraînent la tolérance périphérique. L'auto-immunité est plutôt définie comme une malfonction du phénomène de tolérance immunitaire.

Tolérance des lymphocytes T

Sur le plan de la tolérance centrale, les lymphocytes T agissent par 2 mécanismes :

  • Sélection négative des lymphocytes T autoréactifs
  • Formation de lymphocytes T régulateurs

Cette forme de tolérance se produit dans le thymus. Dans cet organe, les cellules dendritiques et épithéliales peuvent exprimer des antigènes du soi provenant de plusieurs organes différents grâce au gène AIRE. De cette manière, les lymphocytes qui réagissent à des antigènes du soi provenant de n'importe quel endroit du corps sont éliminées directement.

Toutefois, quelques lymphocytes avec une forte affinité pour les antigènes du soi sont transformés en lymphocytes T régulateurs (Treg), lesquels seront utiles pour la tolérance périphérique.

Pour la tolérance périphérique, il existe 3 mécanismes principaux :

  • Anergie
  • Suppression immune par les Treg
  • Apoptose des lymphocytes matures

L'anergie signifie une absence de réponse immunitaire lorsqu'il y a reconnaissance d'un antigène du soi. Il existe plusieurs manières de produire l'anergie. Dans ce cas-ci, l'anergie est induite par l'absence de molécules de costimulation adéquates sur les APC ou les lymphocytes T reconnaissant un antigène du soi. En l'absence de costimulation, les lymphocytes T déficients n'induiront pas d'activité immunitaire. Au contraire, les lymphocytes T autoréactifs possèdent à leur surface des récepteurs inhibiteurs, comme le CTLA-4, qui vont bloquer leur activité immunitaire.

Les Lymphocytes T régulateurs, provenant de la tolérance centrale, sécrètent des cytokines telles que l'IL-10 et le TGF-β qui vont inhiber l'activité des lymphocytes déficients. Ils vont également exprimer des récepteurs inhibiteurs CTLA-4 qui vont épuiser les molécules de costimulation retrouvées à la surface des APC et ainsi empêcher l'autoréactivité. Les Treg vont également consommer une grande quantité d'IL-2 dans leur environnement, privant ainsi les lymphocytes T autoréactifs de leur principal facteur de croissance. Leur prolifération ne sera donc pas possible.

Enfin, les mauvais lymphocytes seront détruits par apoptose par le relâchement de protéines pro-apoptotiques par les mitochondries lors de la reconnaissance d'un antigène du soi et en l'absence de costimulation. Ils expriment également à leur surface des récepteurs de mort cellulaire (Fas) ainsi que le ligand de ces récepteurs (FasL). Cela a pour conséquence l'autodestruction de 2 lymphocytes T déficients lorsque le récepteur de mort cellulaire de l'un se lie au ligand de l'autre.

Tolérance des lymphocytes B

La tolérance centrale des lymphocytes B est effectuée par 3 mécanismes :

  • Modification de la spécificité des récepteurs
  • Sélection négative
  • Anergie

Les lymphocytes B dans les organes lymphoïdes primaires peuvent modifier la composition de leurs chaînes légères d'immunoglobulines dans l'espoir de modifier leur spécificité aux antigènes du soi. Ce phénomène s'appelle la révision.

De plus, tout comme les lymphocytes T, une apoptose peut être induite chez les lymphocytes B déficients à la reconnaissance d'un auto-antigène.

Enfin, une anergie est causée par la diminution de l'expression des récepteurs qui reconnaissent l'auto-antigène, de sorte que la cellule ne peut pas s'activer.

La tolérance périphérique des lymphocytes B est aussi causée par 3 mécanismes :

  • Anergie
  • Délétion
  • Régulation de récepteurs inhibiteurs

Une anergie est indirectement causée chez les lymphocytes B autoréactifs, car les lymphocytes T autoréactifs auxquels ils doivent se lier pour s'activer sont introuvables. En effet, ces lymphocytes T autoréactifs sont éliminés par le phénomène de tolérance des lymphocytes T avant qu'ils ne puissent se lier aux lymphocytes B. Il n'y a donc aucune stimulation possible des lymphocytes B défectueux.

Les récepteurs de mort cellulaire Fas, exprimés en surface des lymphocytes B défectueux, sont stimulés par les ligands du Fas (FasL) présentés par les lymphocytes T normaux, ce qui induit l'apoptose chez le lymphocyte B.

Les lymphocytes B qui reconnaissent des antigènes du soi expriment des récepteurs inhibiteurs à leur surface, ce qui prévient davantage leur activation.

Tableau résumé

Immunité centrale T Immunité périphérique T Immunité centrale B Immunité périphérique B
Sélection négative Délétion Délétion Délétion
Lymphocytes Treg Suppression immune par Treg Modification spécificité des récepteurs Régulation récepteurs inhibiteurs
- Anergie Anergie Anergie

Noter que apoptose, sélection négative, délétion et mort cellulaire sont synonymes.

Auto-immunité

Il y a de l'auto-immunité lorsque les lymphocytes qui reconnaissent les antigènes du soi ne sont pas contrôlés par le phénomène de tolérance immunitaire. Le système immunitaire du corps réagit donc contre l'hôte. Les problèmes d'auto-immunité touchent environ 2 à 5 % de la population. Trois facteurs de risque prédisposent à l'auto-immunité :

  • Facteurs génétiques
  • Infections
  • Facteurs environnementaux
Facteurs génétiques

Certaines allèles des gènes qui codent pour le complexe majeur d'histocompatibilité augmente la probabilité de maladie auto-immune. Par exemple, l'allèle HLA-B27 augmente grandement le risque de spondylite ankylosante chez les individus qui le possède. Noter que l'allèle en elle-même n'est pas ce qui cause la déficience immunitaire. Certains individus possèdent cet allèle tout en étant asymptomatique. Cela ne représente qu'un facteur de risque qui augmente la probabilité de maladie. D'autres gènes, qui ne codent pas pour le CMH, peuvent aussi accroître le risque de réponse auto-immune lorsqu'ils sont mal exprimés, comme les gènes AIRE, FOXP3 et FAS.

Infections

Nous constatons également que certaines maladies auto-immunes apparaissent à la suite d'infections diverses. En effet, une infection peut induire une dysfonction immunitaire selon 4 mécanismes :

  • Rupture de la tolérance des lymphocytes T
  • Mimétisme moléculaire
  • Changement de la structure chimique des auto-antigènes
  • Libération d'antigènes par des lésions tissulaires

Il est possible que certains APC présentent des antigènes du soi. Normalement, les lymphocytes T défectueux qui ont des récepteurs pour cet auto-antigène ne devraient pas réagir à l'auto-antigène, car il y a absence de costimulation. Cependant, si l'APC en question est infecté par un microbe par malchance, il est possible qu'il exprime des molécules de costimulation en réponse à l'infection, ce qui va permettre aux lymphocytes T reconnaissant l'antigène du soi de s'activer et causer de l'auto-immunité.

La ressemblance des antigènes de certains microbes à d'autres antigènes du soi peuvent induire une réponse auto-immune : c'est le mimétisme moléculaire. Si un antigène bactérien ressemble beaucoup structurellement à un antigène du soi, les anticorps produits pour éliminer la bactérie peuvent aussi s'attaquer aux antigènes du soi, car ils sont similaires. Par exemple, lors d'une pharyngite à streptocoque, les anticorps peuvent aller s'attaquer aux valves cardiaques, causant une fièvre rhumatismale.

Une infection peut aussi altérer la structure des antigènes du soi, de sorte qu'ils ne seront plus soumis au phénomène de tolérance immunitaire. C'est le cas de la citrullination, un processus affectant les antigènes dans les articulations à cause d'une infection bactérienne. La citrullination entraîne de la polyarthrite.

En cas de lésion tissulaire, il est possible que des antigènes du soi, normalement confinés dans le tissu en question, soient libérés ailleurs dans l'organisme. Ces auto-antigènes ne sont donc plus protégés et gardés à distance du système immunitaire. Ces antigènes seront reconnus comme des antigènes microbiens par les APC et une réaction auto-immune en découlera.

Facteurs environnementaux

Certaines substances présentes dans l'environnement peuvent causer de l'auto-immunité, notamment en changeant la structure conformationnelle de antigènes du soi. C'est le cas, des rayons solaires, du tabac, de certains médicaments et d'autres toxines.

Immunodéficiences

L'immunodéficience correspond à un état de dysfonctionnement du système immunitaire. Elle peut se montrer de 4 manières différentes :

  • Plus grande susceptibilité aux infections
  • Auto-immunité
  • Hypersensibilité
  • Cancers

Une personne immunodéficiente va développer des infections plus fréquemment ainsi que des infections qui n'affectent généralement pas l'état d'un individu. cette personne peut subir des réactions auto-immunes et des réactions d'hypersensibilité, c'est-à-dire une mauvaise gestion de la réponse immunitaire aux antigènes du soi et du non-soi. De plus, leurs mécanismes de combat contre les masses néoplasiques peuvent être altérés.

Classification

Les immunodéficiences peuvent être congénitales (primaires) ou acquises (secondaires).

Les immunodéficiences congénitales sont liées à des anomalies génétiques qui altère la fonction immunitaire. Elles se présentent souvent en bas âge, mais peuvent aussi survenir à l'âge adulte. Les immunodéficiences acquises, les plus fréquentes, sont sont pas reliées directement à l'hôte. Elles sont causées par une infection, une intoxication, une carence nutritionnelle ou alors certains traitements médicaux comme la chimiothérapie.

Immunodéficiences primaires

Les immunodéficiences primaires affectent environ 1 personne sur 500 en occident. Elles regroupent une grande quantité de conditions différentes (environ 200) plus ou moins rares et graves les unes que les autres. Certaines, comme les déficit combinés sévères, sont mortels en jeune âge alors que d'autres, comme le déficit en IgA, sont relativement asymptomatiques. C'est une maladie plutôt rare et moins bien connue, ce qui fait en sorte qu'elle est sous-diagnostiquée. Ces immunodéficiences sont classifiées selon leurs classifications clinique et fonctionnelle. La classification clinique n'est pas à retenir dans le cadre du cours. La classification fonctionnelle des immunodéficiences primaires est la suivante :

  • Problèmes de maturation des lymphocytes
  • Problèmes d'activation et de fonction des lymphocytes
  • Problèmes de l'immunité innée
Problèmes de maturation des lymphocytes

Autant pour les lymphocytes B et T, plusieurs problèmes peuvent survenir à différents endroits dans le cycle de maturation lymphocytaire. Cela va causer des anomalies chez les lymphocytes matures.

Le déficit immunitaire combiné sévère (SCID) est un défaut de maturation des lymphocytes T et parfois des lymphocytes B qui cause un sévère manque d'activité de l'immunité cellulaire et parfois humorale selon l'atteinte des lymphocytes B. Cette condition apparaît chez les bébés dans les premiers mois de vie sous forme de retard de croissance, de diarrhée, de lymphopénie grave et de grande susceptibilité aux infections. Ces patients meurent généralement avant l'âge d'un an si une greffe de cellules souches hématopoïétiques n'est pas effectuée.

Cette condition peut être causée par un défaut lié au chromosome X. Une mutation de la chaîne γc (gamma commune) entraîne une non-reconnaissance de plusieurs molécules cytokiniques, ce qui empêche le développement lymphocytaire. Elle est aussi causée par un déficit enzymatique en ADA et en PNP, enzymes que l'on retrouve dans les cellules immunitaires. Ce déficit entraîne une accumulation de toxines dans les lymphocytes, ce qui mène à leur mort. Il peut également y avoir un déficit enzymatique en Rag1, Rag2 et Artemis, enzymes de recombinaison somatique. La variabilité des récepteurs des lymphocytes T sera donc très restreinte. Cette dernière cause peut engendrer le syndrome d'Omenn.

Le syndrôme de DiGeorge est un défaut prenant lieu dans l'embryon. Un défaut de la fusion des troisième et quatrième arcs branchiaux cause une hypoplasie du thymus. La gravité de la maladie varie selon le degré de l'atteinte du thymus, allant du SCID à une légère lymphopénie sans conséquence clinique. Ce syndrôme n'est pas limité au système immunitaire. Il cause également une malformation cardiaque et des traits faciaux caractéristiques.

L'agammaglobulinémie liée à l'X, ou maladie de Bruton, est causée par la mutation d'une tyrosine kinase appelée Bruton tyrosine kinase, celle-ci est essentielle pour la signalisation des récepteurs des lymphocytes B. Si elle est mutée, les pré-récepteurs des lymphocytes B ne pourront pas procéder à une signalisation efficace. Cela occasionne la mort des lymphocytes B dans la moelle, car ils ne pourront pas recevoir de signal de survie. L'individu avec cette maladie est victime d'infections fréquentes après les 3-6 premiers mois de vie, une fois que les immunoglobulines transmises par la mère sont épuisées. Puisque la maladie est liée au chromosome X, les mâles sont les plus atteints.

Problèmes d'activation et de fonction des lymphocytes

Certaines immunodéficiences sont causées par des défauts d'activation des lymphocytes naïfs et de leur fonctions immunitaires.

Le déficit en HLA de classe 2, ou symdrôme des lymphocytes nus est causé par la mutation d'un gène qui code pour les facteurs de transcription des molécules du CMH de classe II. Les APC ne pourront pas présenter les antigènes aux lymphocytes T CD4, ce qui les rendra inefficaces. Leur inefficacité empêchera les lymphocytes B et T CD8 d'exercer leurs fonctions également. Le patient atteint fera beaucoup d'infection en jeune âge. Une greffe de cellule souche est inefficace pour régler le problème puisque le défaut est associé aux molécules du CMH et non aux lymphocytes en eux-mêmes.

Le syndrôme hyper-IgM est causé par une incapabilité des lymphocytes B de cesser leur production d'IgM pour produire d'autres types d'immunoglobulines, c'est-à-dire une absence de commutation isotypique. Il y a donc beaucoup d'IgM, mais très peu d'IgA et d'IgG dans le corps. Il y a différents types de syndrôme hyper-IgM. Un déficit en récepteur CD40 ou en ligand CD40L va atteindre l'immunité humorale et cellulaire en affectant la synapse immunologique, occasionnant des infections fréquentes. Un déficit enzymatique des lymphocytes B en AID va affecter l'immunité humorale et augmenter le nombre d'infections bactériennes. Chez les patients atteints, il y a une absence des follicules lymphoïdes des ganglions.

L'immunodéficience commune variable représente une multitudes de problèmes reliés à l'activation des lymphocytes B (et T à un moindre niveau). L'immunité humorale dans son ensemble est atteinte avec une baisse des IgM, IgA et IgG. C'est le type d'immunodéficience la plus fréquente et elle apparaît souvent à l'âge adulte, dans la trentaine. Selon le cas, le patient peut être victime d'infections répétées, d'auto-immunité et de prolifération lymphocytaire à différents niveaux de gravité.

problèmes de l'immunité innée

Comme son nom l'indique, les problèmes de l'immunité innée sont causées par des anomalies de tout ce qui a trait à l'immunité innée.

Les défauts d'adhésion leucocytaire sont des défauts dus à des mutations des gènes codant pour les molécules d'adhésion des leucocytes à la paroi endothéliale telles que les intégrines. En leur absence, il y a un faible taux de recrutement leucocytaire aux sites infectieux. Les infections seront donc plus graves, mais présenteront peu de symptômes inflammatoires puisque les leucocytes ne se rendent pas au tissu. En revanche, la leucocytose dans le sang est très élevée, car la production de globules blancs n'est pas freinée. Cette condition peut allonger le temps de chute du cordon ombilical.

Les anomalies de la phagocytose regroupent différentes conditions comme la maladie granulomateuse chronique. Cette dernière est occasionnée par une mutation d'une sous-unité de l'enzyme oxydase présente dans les phagocytes, ce qui rend la digestion des agents infectieux dans les phagolysosomes impossible. La majorité des cas sont liés au chromosome X. La stagnation des microbes dans le phagocyte va causer un grossissement des phagocytes qui, éventuellement, exploseront, libérant leur contenu infectieux dans le tissu. Les phagocytes voisins vont venir phagocyter les déchets relâchés, perpétuant ainsi le cycle. Cette réaction en chaîne crée un granulome, c'est-à-dire un amas de cellules nécrotiques qui peut mener à une pneumonie, des abcès ou encore une maladie inflammatoire intestinale.

Les déficits du complément sont des défauts de structure ou de régulation des protéines du complément. Selon la protéine affectée, ces déficits peuvent jouer sur les trois voies d'activation du complément ainsi que sur la voie commune. Selon l'anomalie, ce déficit peut causer des infections locales ou disséminées et de l'autoimmunité. Le défaut peut aussi être asymptomatique. Par exemple, le déficit d'une molécule inhibitrice du complément nommée C1 estérase inhibiteur peut causer de l'angioedème à cause de l'accumulation des bradykinines que son absence engendre.

Traitement des immunodéficiences primaires

Pour traiter les immunodéficiences primaires humorales (qui affectent les lymphocytes B), l'antibioprophylaxie, peut être utilisée pour prévenir de potentielles infections. il est aussi envisageable d'injecter des immunoglobulines de remplacement par voie intraveineuse ou sous-cutanée.

Pour les immunodéficiences primaires cellulaires et combinés (lymphocytes T ou les deux), les traitements humoraux peuvent aussi être utilisés. De plus, il est possible de procéder à une greffe de cellules souches hématopoïétiques ou à un remplacement enzymatique selon le type d'atteinte. La maladie granulomateuse chronique peut bénéficier d'une stimulation du système immunitaire pour améliorer la fonction du système en administrant des cytokines stimulatrices comme l'IL-2 ou l'IFN-γ. Pour le syndrôme de DiGeorge, une greffe de thymus est envisageable dans les cas graves. enfin, il existe une méthode de traitement en voie de développement nommée la thérapie génique qui consiste à aller directement modifier le gène défectueux chez l'individu pour rétablir la fonction.