Troubles du langage et de la parole chez l'adulte (approche clinique)

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Troubles du langage et de la parole chez l'adulte
Approche clinique
Caractéristiques
Drapeaux rouges Aphasie (signe clinique), Dysarthrie (signe clinique)
Informations
Autres noms aphasie, dysarthrie
Spécialités Neurologie, ORL, psychiatrie

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Le trouble du langage (aphasie) correspond à une difficulté de compréhension ou d'expression des mots écrits ou parlés dû à une lésion au niveau de l'hémisphère dominant du langage. Le trouble de la parole (dysarthrie) correspond à une difficulté à produire des sons ou des mots fluidement en dépit d'une compréhension préservée.[1]

Les étiologies du trouble du langage chez l'enfant sont différentes de celles de l'adulte (voir page Troubles du langage et de la parole en pédiatrie (approche clinique)).

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Objectif du CMC
Troubles du langage et de la parole (44)

Étiologies

Aphasie

Étiologies du trouble du langage (aphasie)[2]
Étiologies
Contusion cérébrale (hématome sous-dural ou épidural)
Accident cérébrovasculaire (ischémique ou hémorragique)
Épilepsie
Lésion occupant l'espace (tumeur, abcès, toxoplasmose)
Sclérose en plaque
Trouble du développement (autisme, retard de langage)
Troubles dégénératifs (Alzheimer avancé, démence fronto-temporale, Huntington)

Dysarthrie

Étiologies du trouble de la parole (dysarthrie)[2][3]
Structure atteinte Étiologies
Cortex cérébral moteur
  • Vasculaire (ischémique ou hémorragique)
  • Inflammatoire (Sclérose en plaques)
  • Infection (abcès, encéphalite)
  • Tumeur
  • Trauma
  • Métabolique (alcool, toxines)
Ganglions de la base
Cervelet
Tronc cérébral
Nerfs crâniens (VII, IX, X, XII)
  • Paralysie de Bell
  • Compression structurelle
  • Trauma
Motoneurone Sclérose latérale amyotrophique (ALS)
Jonction neuromusculaire Myasthenia Gravis
Muscles de l'articulation
  • Inflammatoire
  • Metabolique
  • Médicamenteux/toxique
  • Génétique
Larynx/système respiratoire Étiologies multiples ORL/Pulmonaire

Physiopathologie

Lorsqu'on veut s'exprimer, une série de régions dans le cerveau communique entre elles puis aux muscles de l'articulation et de la phonation afin de produire des mots.

Si quelqu'un vous salue par exemple, le stimulus auditif sera analysé au niveau de l'aire auditive, puis l'aire de Wernicke qui lui est tout juste adjacente va aider à comprendre ce qui a été dit.

L'aire de Wernicke va ensuite communiquer avec l'aire de Broca via le faisceau arqué. L'aire de Broca est juste adjacente au cortex moteur et va permettre de formuler la séquence de mouvements nécessaire à la production de mots et de phrases.

  • Une atteinte de l'aire de Wernicke va donc produire une aphasie dite réceptive (Wordy Wernicke) où le patient aura de la difficulté à comprendre et parler de manière cohérente mais aucun problème de fluidité.
  • Une atteinte de l'aire de Broca va produire une aphasie dite expressive (Broken Boca) où le patient aura tendance à chercher ses mots et sera incapable de parler fluidement sans problème de compréhension.
  • Une atteinte du faisceau arqué va produire une aphasie dite de conduction marquée surtout par des problèmes de répétition, car pour répéter il faut que les zones de Broca et de Wernicke puissent communiquer entre elles.Le cortex moteur, plus spécifiquement la portion qui se charge du contrôle du visage reçoit la commande du langage depuis l'aire de Broca et l'envoie aux muscles de l'articulation et de la respiration via les nerfs crâniens VII, IX, X et XII afin de produire la parole. Les ganglions de la base et le cervelet vont aider à initier la parole et assurer sa fluidité respectivement. Une atteinte n'importe où dans ce circuit moteur va causer de la dysarthrie.

Approche clinique

L'approche clinique consiste à vérifier si :

  • le patient est stable? (l'AVC est une étiologie très fréquente de trouble du langage pour lequel la prise en charge devra être rapide)
  • aphasie vs dysarthrie?
  • Déterminer l'étiologie exacte

Questionnaire

Au questionnaire:

  • Dominance[note 1]
  • Niveau de communication usuel
    • Scolarité
    • Langue maternelle vs seconde
  • ATCD médicaux: facteurs de risques vasculaire comme HTA, DB
  • Habitus
    • consommation d'alcool pour atteinte cérébelleuse
    • tabac pour facteur de risque vasculaire
  • Début des symptômes, subit fait plus penser à une atteinte vasculaire par exemple, tandis qu'un problème évolutif fait penser à un trouble dégénératif ou une tumeur
  • Difficulté à articuler (dysarthrie) versus difficulté à trouver ses mots (aphasie)
  • Déficit de compréhension, d'expression ou les 2
  • Autres symptômes neurologiques associés
    • Faiblesse d'un membre/asymétrie faciale, symptômes sensitifs si AVC sylvien
    • Ataxie, dysmétrie et vertige si atteinte cérébelleuse
    • Dysphagie si atteinte du tronc cérébral
  • Revue des systèmes
    • Fatigabilité pour myasthénie grave
    • Symptômes respiratoires
    • Dysphonie si atteinte laryngée

Examen clinique

L'examen clinique:

  • apparence générale
  • examen neurologique
    • Fonctions cérébrales supérieures
    • Paires crâniennes
    • Motricité
    • Tonus
    • Réflexes
    • Sensibilités
    • Épreuves cérébelleuses
    • Démarche
  • Examen spécifique du langage[2]
    1. Discours spontané: fluidité, prosodie, paraphasie, articulation
    2. Nomination: nommer un objet ou une partie du corps par exemple
    3. Compréhension
      • Commandes simples (ex : soulever la main gauche)
      • Commandes complexes (toucher le menton avec l'index droit)
    4. Répétition: mots simples, phrases simples et phrases complexes
    5. Lecture
    6. Écriture

Drapeaux rouges

Les drapeaux rouges:

Un trouble de langage de novo accompagné ou non d'autres symptômes neurologiques doit toujours faire suspecter un AVC. Une prise en charge rapide doit être faite afin de s'assurer que le patient est stable et si un AVC est suspecté qu'il puisse être évalué en vue d'une thrombolyse/thrombectomie.

Examens paraclinique

L'investigation d'un trouble de la parole va dépendre de la structure atteinte et de l'étiologie suspectée. Elle pourrait comprendre :

  • Une imagerie cérébrale
    • Un TDM sans contraste lorsque suspicion d'AVC pour s'assurer qu'il n'y a pas de saignement
    • Un IRM si on suspecte une atteinte au niveau du cervelet, une tumeur, une sclérose en plaque, etc.
  • Ponction lombaire si on pense à une étiologie infectieuse
  • Référence en ORL en vue d'une laryngoscopie si atteinte du larynx

Traitement

La prise en charge va dépendre encore une fois de l'étiologie.

  • Traiter toute cause identifiable
    • Ex : thrombolyse/thrombectomie pour un AVC, glucocorticoïdes pour une paralysie de Bell, inhibiteur de l'acétylcholinestérase pour la myasthénie grave.
  • Réadaptation en orthophonie pour tous les patients avec des déficits récurrents

Notes

  1. L'hémisphère gauche est dominant pour le langage chez >95% des droitiers et >60-70% des gauchers

Références

  1. « Le Conseil Médical du Canada », sur mcc.ca
  2. 2,0 2,1 et 2,2 (en) Blumenfeld : Neuroanatomy Through Clinical Cases
  3. Essentials for the Canadian Medical Licensing Exam: Review and Prep for MCCQE Part I
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