Sexualité et genre (approche clinique)

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Sexualité et genre
Approche clinique
Caractéristiques

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Objectif du CMC
Genre et sexualité (94-1)

Les consultations liées au genre ou à la sexualité peuvent notamment porter sur la fonction sexuelle, le cheminement personnel en matière de sexualité, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre et l’accès aux soins.[1]

Les populations touchées sont diverses[1]:

  1. Enfants et adolescents
  2. Adultes
  3. Personnes âgées
  4. Personnes handicapées
  5. Personnes hétérosexuelles
  6. Personnes homosexuelles, bisexuelles et/ou allosexuelles
  7. Personnes cisgenres
  8. Personnes transgenres, bispirituelles et/ou non binaires

Épidémiologie

Il est difficile de dresser un portrait statistique exact de la population LGBTQ2+. Selon l'Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés réalisée par Statistique Canada, en 2018, on estime qu'environ 1 million, ou 4 %, de Canadiens de 15 ans et plus ont déclaré être de minorité sexuelle (personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles ou ayant une orientation sexuelle autre que l'hétérosexualité)[2]. Toutefois, d'autres études revoient ce chiffre à la hausse, révélant qu'environ 5 % des Canadien(ne)s s’identifieraient comme LGBTQ2+.[3] De plus, environ 75 000, ou 0,24 %, Canadiens de 15 ans et plus ont déclaré être transgenres, y compris les personnes non binaires.[2]

Définitions[4]

Sexe

Sexe : Caractéristiques ou attributs anatomiques et physiologiques d’une personne.

Personne intersexuée : Autrefois appelées "hermaphrodites", ces personnes sont nées avec des caractéristiques physiologiques mâles et femelles. Le syndrome de Turner et le syndrome de Klinefelter en sont un exemple.

Personne transexuée : Personne qui a fait ou envisage faire des modifications corporelles pour que ses caractéristiques physiques correspondent davantage à son identité sexuée.

Genre

Genre : Caractéristiques autres qu’anatomiques et physiologiques d’une personne, plus spécifiquement à ses façons d’être, selon qu’elles sont considérées comme masculines, féminines, neutres (peu de masculin et peu de féminin) ou androgynes (à la fois du masculin et du féminin).

Identité de genre : Identification à un genre.

Expression de genre : Manifestation extérieure du genre d'une personne notamment par son apparence, son style vestimentaire et sa conduite.

Rôle de genre : Expressions de genre attendues des hommes et des femmes dans une culture donnée et à une époque déterminée. Les rôles de genre sont en quelque sorte le produit de ce qui est socialement considéré comme masculin ou féminin, et des injonctions qui en découlent.

Cisgenre : Personne dont l'identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance et au genre traditionnellement attendu chez les individus de ce genre.

Cissexisme : Préjugé selon lequel toute personne devrait être cisgenre et que le fait d'être cisgenre est supérieur au fait d'être transgenre.

Transgenre : Personne dont le genre ressenti est différent du sexe assigné à la naissance selon le système binaire féminin / masculin.

Transphobie : Ensemble des actions et attitudes préjudiciables aux personnes trans.

Personne non-binaire / au genre fluide / bigenre / de genre queer : Personnes qui contestent et/ou transgressent les normes binaires et les stéréotypes de genre.

Personne-aux-deux-esprits : Termes utilisés par des peuples autochtones d’Amérique du Nord pour désigner la présence de deux esprits, masculin et féminin, dans un même corps. À noter que le terme personnes bispirituelles parfois utilisé traduit mal la réalité décrite, la formule anglophone étant Two-Spirit people.

Sexualité

Sexualité : S'exprime chez les humains par les désirs, les fantasmes, les comportements et conduites sexuelles.

Hétérosexualité : Attirance sexuelle envers les personnes d'un sexe différent du sien.

Hétérosexisme : Préjugé selon lequel toute personne devrait être hétérosexuelle et que le fait d'être hétérosexuel est supérieur aux autres orientations sexuelles.

Homosexualité : Attirance sexuelle envers les personnes du même sexe que le sien.

Homophobie : Ensemble des attitudes et comportements préjudiciables envers tout ce qui suggère l'homosexualité.

Homophobie intériorisée : Sentiment socialement induit de culpabilité, de honte ou de faible estime de soi lié à une attirance pour des personnes de même sexe.

Bisexualité : Attirance sexuelle envers les personnes de sexe masculin et de sexe féminin.

Pansexualité : Attirance sexuelle potentielle envers des personnes de tout sexe et de tout genre.

Asexualité : Absence d'attirance sexuelle.

Approche clinique

Lorsqu'un patient fait mention de préoccupations liées au genre ou à la sexualité, le médecin se doit de faire preuve de respect envers ce dernier et de lui proposer des mesures appropriées de soutien et d’intervention, et ce, peu importe son orientation sexuelle ou son identité de genre[1].

Concrètement, dans le cas d’un patient ayant des préoccupations liées au genre ou à la sexualité, le professionnel devra[1] :

  1. Énumérer et interpréter les constatations cliniques cruciales, notamment celles découlant d'un questionnaire (y compris les facteurs culturels) et d'un examen physique appropriés visant à :
    • déterminer le développement et le comportement sexuels du patient sur les plans social et physique, ainsi que son orientation sexuelle et son identité de genre;
    • déterminer le risque de problèmes connexes sur le plan physique et mental;
    • établir la distinction entre formes d’expression sexuelle et diversité des pratiques sexuelles, d’une part, et maladies ou troubles de nature sexuelle, d’autre part;
    • évaluer le risque que le patient soit victime de sévices sexuels.

Questionnaire

  • Le patient a-t-il déjà embrassé quelqu'un?
  • A-t-il déjà eu une relation sexuelle ?
  • Quelles méthodes de protection ou de contraception ont été utilisés?
  • Quelle est son orientation sexuelle? Son identité de genre?
    • Dans le cas d'orientation sexuelle ou d'identité de genre minoritaires, le patient peut vivre de la stigmatisation, de la discrimination et du harcèlement. Il est important de rechercher ces agressions au questionnaire et de référer en conséquence.
  • Quel est son niveau d'acceptation par rapport aux thèmes de la question précédente?
  • Y a-t-il de la médication à son dossier?
  •  Si dysfonction érectile :
    • Constante vs épisodique?
    • Érections matinales présentes?
    • Variation avec le conjoint ou autres partenaire/fantasme?
    • ATCD cardiovasculaires
  • Si trouble éjaculatoire, depuis quand et dans quelles circonstances ?
  • Si paraphilie : bien questionner le passage à l’acte
    • Une atteinte sur un enfant exige un signalement à la DPJ (exception au secret professionnel)!

Examen physique

L'examen physique sera dirigé selon la raison de consultation du patient et la ou les étiologies plus probables. Les systèmes à privilégier généralement sont :

  • L'examen des organes génitaux masculins ;
  • L'examen gynécologique ;
  • L'examen mental.

Maladies ou troubles de nature sexuelle

Dysphorie de genre

Détresse chez un individu causé par le conflit entre le genre assigné à la naissance et le genre ressenti/exprimé.

Dysphorie de genre chez les enfants

Selon le DSM-5, la dysphorie de genre correspond aux critères suivants :

A. Non-congruence marquée entre le genre vécu/exprimé par la personne et le genre assigné, d'une durée minimale de 6 mois, se manifestant par au moins six des items suivants :

  1. Désir marqué d'appartenir à l'autre genre, ou insistance du sujet sur le fait qu'il est de l'autre genre (ou d'un genre différent de celui qui lui a été assigné).
  2. Forte préférence pour le style vestimentaire opposé.
  3. Forte préférence pour incarner l'autre sexe dans les jeux de "faire semblant" ou dans les fantaisies de jeu.
  4. Forte préférence pour les jouets, jeux ou activités typiquement de l'autre sexe.
  5. Préférence marquée pour les camarades de l'autre sexe.
  6. Fort rejet des jouets, des jeux et des activités typiquement du genre assigné à la naissance.
  7. Forte aversion pour sa propre anatomie sexuelle.
  8. Désir marqué d'avoir les caractéristiques sexuelles primaires et/ou secondaires qui correspondent au genre que le sujet vit comme sien.

B. Le trouble est accompagné d'une détresse cliniquement significative ou d'une altération du fonctionnement social, scolaire ou dans d'autres domaines importants.

Dysphorie de genre chez les adolescents et les adultes

A. Non-congruence marquée entre le genre vécu/exprimé par la personne et le genre assigné, d'une durée minimale de 6 mois, se manifestant par au moins deux des items suivants :

  1. Non-congruence marquée entre le genre vécu/exprimé par la personne et ses caractéristiques sexuelles primaires et/ou secondaires.
  2. Désir marqué d'être débarassé(e) de ses caractéristiques sexuelles primaires et/ou secondaires en raison d'une incompatibilité avec le genre vécu/exprimé.
  3. Désir marqué d'avoir les caractéristiques sexuelles primaires et/ou secondaires de l'autre sexe.
  4. Désir marqué d'appartenir à l'autre genre (ou à un genre différent de celui qui lui est assigné).
  5. Désir marqué d'être traité(e) comme une personne de l'autre genre.
  6. Conviction marquée d'avoir les sentiments et les réactions de l'autre genre.

B. Le trouble est accompagné d'une détresse cliniquement significative ou d'une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.

Traitement

Les traitements, peuvent varier selon la motivation de la personne et ses convictions. Elle peut prendre forme de psychothérapie, hormothérapie ou chirurgie d'affirmation sexuelle. Il arrive également que le patient ne désire pas de traitement, auquel cas le rôle du clinicien consiste plus en l'accompagnement du patient et l'exploration de son vécu du trouble. Une référence à d'autres professionnels de la santé comme un travailleur social, un psychologue et/ou un sexologue devrait être proposée au patient.

Troubles paraphiliques

Paraphilie : Excitation sexuelle envers des situations inhabituelles.

Toute paraphilie n'est pas pathologique. On parle d'un trouble paraphilique lorsque l'une des conditions suivantes est remplie :

  • Ils sont intenses et persistants.
  • Ils entraînent une souffrance importante ou des déficits évidents du fonctionnement social, professionnel, ou dans d'autres zones importantes de fonctionnement. Ils nuisent ou ont le potentiel de nuire aux autres (p. ex., aux enfants, aux adultes non consentants). [5]

Il existe plusieurs troubles paraphiliques. En voici les exemples les plus fréquents[5]:

  • Trouble voyeurisme : Excitation provoquée par le fait d'observer une personne qui ne se doute de rien, nue, en train de se déshabiller ou d'avoir des rapports sexuels.[6]
  • Trouble exhibitionnisme : Excitation provoquée par le fait d'exhiber ses organes génitaux devant une personne prise au dépourvu.[6]
  • Trouble transvestisme : Excitation sexuelle provoquée par le fait de se travestir. Les fantasmes, pulsions sexuelles et comportements entraînent une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social.[6]
  • Trouble pédophilie : Excitation sexuelle, pulsions ou comportements impliquant une activité sexuelle avec un enfant ou plusieurs enfants prépubères (généralement âgés de 13 ans et moins). L'individu a mis en acte ces pulsions sexuelles ou les fantasmes entraînent une détresse importante ou des difficultés relationnelles.

Certains troubles paraphiliques sont illégaux (ex : la pédophilie) et peuvent amener une personne à être emprisonnée à vie. Certains d'entre eux souffrent en parallèle de troubles sévères de la personnalité (narcissique, antisocial).

Différents types de traitements peuvent être tentés selon le type de paraphilie autant en psychothérapie qu'avec de la pharmacothérapie (les anti-androgènes peuvent être utilisés pour diminuer la libido). Ne pas hésiter à référer à un spécialiste. Tout comme pour les dysphories de genre, une approche multidisciplinaire devrait être offerte au patient.

Dysfonction érectile

Les troubles de l’érection sont une incapacité à atteindre ou à maintenir une érection satisfaisante pour accomplir l’acte sexuel.[7]

Le truc mnémotechnique IMPOTENCE permet de retenir plus facilement les nombreuses étiologies (les plus fréquentes sont en gras) :

  • Iatrogénique
  • Mécanique
  • Psychologique
  • Occlusion vasculaire (athérosclérose des artères caverneuses du pénis)
  • Extra (IRC, cirrhose, MPOC, etc.)
  • Trauma
  • Neurogénique
  • Chimique (médicaments)
  • Endocrinien

L'étiologie psychologique est plus probable chez un jeune patient chez qui l'impuissance survient subitement et varie en fonction du contexte et chez qui les érections matinales ou nocturnes sont préservées. Sinon, le clinicien se doit de chercher une autre cause organique.[7]

L'investigation se fera en fonction des indices recueillis au questionnaire et à l'examen physique, et le traitement consiste à traiter la cause sous-jacente. Il consistera souvent en un changement des habitudes (arrêt tabagique, par exemple) ainsi qu'une référence en sexologie si désirée par le patient. Évidemment, tout médicament causal devrait être cessé et toute pathologie sous-jacente devrait être traitée.

Des médicaments comme le sildenafil (viagra) ou le tadalafil (cialis) pourront être tentés également.

Éjaculation prématurée

On parle d'éjaculation prématurée lorsqu'il y a émission du liquide séminal avant que l'homme ne le souhaite. Cela est causé par une difficulté à moduler le niveau de l'intensité de l'excitation, ce qui mène à l'éjaculation dès l'obtention d'un minimum de stimulation sexuelle.[8]

Selon le DSM-5, il s'agit d'un trouble de l'éjaculation persistant qui survient approximativement dans la minute suivant la pénétration et avant que l'homme ne souhaite éjaculer, et ce pour au moins 6 mois dans presque toutes les occasions d'activités sexuelles.[6]

Les facteurs étiologiques pouvant être en cause sont[8] :

  • Facteurs biologiques :
    • Infections locales;
    • Phénomène induit par un médicament;
    • Lésions neurologiques.
  • Facteurs psychologiques :
    • Manque d'apprentissage ou de maîtrise des habiletés;
    • Rapidité généralisée dans toutes les activités quotidiennes (marcher, manger, etc.);
    • Stress relié à la première relation sexuelle;
    • Incapacité à reconnaître les sensations annonçant l'orgasme;
    • Le retrait comme méthode de contraception;
    • Désir de soulagement rapide (tension sexuelle ou abstinence prolongée);
    • Anxiété;
    • Difficulté avec la masculinité.
  • Facteurs interpersonnels :
    • Souvenirs négatifs associés aux premières relations sexuelles;
    • Ambivalence envers le/la partenaire;
    • Pression émise par le/la partenaire;
    • Crainte de réactions négatives de la part du ou de la partenaire.
  • Autres :
    • Peur de perdre l'érection;
    • Hypersensibilité du gland du pénis aux stimulations.

Traitement

Le but du traitement est d'apprendre à mieux reconnaître les sensations menant à l'orgasme et de moduler la période d'excitation.

Plusieurs éléments font partie du traitement de l'éjaculation précoce. Tout d'abord, cesser tout médicament et tenter de corriger toute cause physiologique pouvant être coupable. Ensuite, un traitement pharmacologique (clomipramine) peut être tenté en association avec de la thérapie cognitivo-comportementale.[8] Plusieurs exercices à la maison peuvent être faites, comme la technique de compression (lorsque l'orgasme s'annonce, compresser le frein du gland avec le pouce et l'index pour diminuer les sensations) et la technique arrêt-départ (ralentissement de l'intensité des caresses lorsque les signes précurseurs de l'orgasme se présentent).

Prise en charge

Concrètement, dans le cas d’un patient ayant des préoccupations liées au genre ou à la sexualité, le professionnel devra[1] :

Élaborer un plan efficace de prise en charge initiale, notamment :

  • veiller à ce que le plan en question soit conforme aux objectifs et aux volontés du patient;
  • évaluer la possibilité qu’aucune intervention ne soit requise et rassurer le patient si tel est le cas;
  • prescrire un traitement pharmacologique, s’il y a lieu (p. ex. contraceptif oral, hormonothérapie, immunisation);
  • fournir conseils et renseignements;
  • déterminer si le patient a besoin de soins spécialisés (p. ex. auprès d’un psychologue ou d’un sexologue);
  • solliciter un soutien social et familial, s’il y a lieu.


Références

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Exemple:
 
  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 « StackPath », sur mcc.ca (consulté le 25 décembre 2020)
  2. 2,0 et 2,1 Statistics Canada Government of Canada, « Le Quotidien — Les personnes de minorité sexuelle sont près de trois fois plus susceptibles de subir de la victimisation avec violence que les personnes hétérosexuelles », sur www150.statcan.gc.ca, (consulté le 4 janvier 2021)
  3. https://fr.ccunesco.ca/-/media/Files/Unesco/Resources/2019/06/CMIGuidePratiqueInclusionLGBTQ2Plus.pdf
  4. « Sexe, genre et orientations sexuelles : comprendre la diversité », sur INSPQ, (consulté en janvier 2021)
  5. 5,0 et 5,1 « Revue générale des paraphilies », sur Merck Manual, (consulté en janvier 2021)
  6. 6,0 6,1 6,2 et 6,3 American Psychiatric Association, DSM-5, Elsevier Masson,
  7. 7,0 et 7,1 « Troubles de l'érection », sur Merck Manual, (consulté en janvier 2021)
  8. 8,0 8,1 et 8,2 Pierre Lalonde, Psychiatrie clinique, Montréal, Canada, Chenelière éducation, , Sexualité normale et dysfonctions sexuelles
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