Sevrage à une substance

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Sevrage à une substance
Classe de maladie
Caractéristiques
Signes Endocardite, Splénomégalie, Humeur dépressive, Hépatomégalie, Ataxie , Nystagmus , Signe clinique, Oedème, Écoulements, Tachycardie , ... [+]
Symptômes
Confusion, Frissons, Insomnie, Irritabilité, Convulsions, Rhabdomyolyse, Agitation, Anorexie , Rhinorrhée, Larmoiement, ... [+]
Informations
Terme anglais Withdrawal
Spécialités Psychiatrie, pharmacie

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Objectif du CMC
Sevrage à une substance (103-1)

Le sevrage des drogues et de l'alcool est un problème médical courant dans la plupart des pays. La réponse de sevrage après l'arrêt d'un médicament ou de l'alcool en particulier peut dépendre de la durée de son utilisation. Il existe une très grande variabilité dans la réponse au sevrage. Par exemple, lorsque les gens consomment de l'alcool pendant au moins 1 à 3 mois ou même en consomment de grandes quantités pendant au moins sept à dix jours, la réponse de sevrage peut survenir dans les 6 à 24 heures suivant l'arrêt de l'alcool. La réponse de sevrage est immédiatement soulagée par la consommation d'alcool supplémentaire. [1][2][3][4][5]

Épidémiologie

Le sevrage des drogues et de l'alcool est un problème médical courant.

Cinq à dix pour cent de la population souffre d'alcoolisme. Jusqu'à la moitié des patients en proie à un trouble d'usage de l'alcool vivent des symptômes de sevrages lors d'une réduction ou une cessation de la consommation. La plupart des patients touchés développent des symptômes légers, mais jusqu'à 20% développent des symptômes plus sérieux, tels que l'hallucinose, les convulsions et le delirium tremens. Jusqu'à 5% des patients peuvent développer un delirium tremens (DT). Le taux de mortalité par sevrage alcoolique et DT est élevé s'il n'est pas traité. L'alcoolisme chronique et le sevrage sont plus fréquents chez les hommes que chez les femmes.[6]

Le nombre de personnes dépendantes aux opioïdes, aux sédatifs et aux stimulants n'est pas connu. Le sevrage aux opiacés est inconfortable, il peut parfois engendrer un séjour aux soins intensifs à cause de l'instabilité hémodynamique qui peut survenir, mais les décès sont rares. Le sevrage de la cocaïne et des amphétamines entraîne une sédation et un état ressemblant à un blocage adrénergique, la mort est rare. [5][6][7]

Physiopathologie

Le corps tente de maintenir l'homéostasie. Lorsqu'une substance est éliminée, les mécanismes de contre-régulation résiduels produisent des effets sans opposition et des symptômes de sevrage apparaissent. [8][9][10][11][5]

L'intoxication à l'éthanol et le sevrage sont complexes. La plupart des effets peuvent être expliqués par l'interaction de l'éthanol avec les neurotransmetteurs et les neurorécepteurs, y compris l'acide gamma-aminobutyrique (GABA), le glutamate (NMDA) et les opiacés, qui entraînent des modifications des neurotransmetteurs inhibiteurs et d'excitation perturbant l'équilibre neurochimique dans le cerveau, provoquant des symptômes de retrait.[5]

L'alcool a un effet agoniste sur les neurotransmetteurs inhibiteurs (GABA). À la longue, l’alcool provoque une insensibilité au GABA; d'avantage d’activité inhibitrice sera requise pour maintenir le même niveau d’activité. L’alcool a aussi un effet antagoniste sur les neurotransmetteurs acides aminés excitateurs (glutamate). Normalement, lorsque le glutamate se fixe au récepteur NMDA, un influx calcique se lie à un récepteur sur le complexe NMDA afin de produire un effet excitateur sur les cellules nerveuses. Comme l’alcool a un effet inhibiteur sur l’activité excitatrice du glutamate, le nombre de récepteurs de glutamate et de calcium augmente afin d’assurer un niveau d’éveil normal. L’homéostasie se crée autour de l’effet dépresseur de l’alcool, avec une augmentation des récepteurs du glutamate, une diminution des récepteurs GABA et une augmentation des récepteurs calciques afin de contrer l’effet dépresseur. Lorsqu’il y a cessation brusque de l’usage d’alcool, il y a surexcitation du système nerveux central, par perte de l’effet dépresseur.[12]

Dans la dépendance aux opioïdes ou aux benzodiazépines, la stimulation chronique de récepteurs spécifiques pour ces médicaments supprime la production endogène de neurotransmetteurs, d'endorphines ou de GABA. L'élimination du médicament exogène permet des effets contre-régulateurs sans opposition. Lorsque le médicament exogène est éliminé, une production inadéquate de transmetteurs endogènes et une stimulation sans opposition par des émetteurs contre-régulateurs entraînent des symptômes de sevrage. Le temps nécessaire pour restaurer l'homéostasie par synthèse d'émetteurs endogènes détermine le déroulement temporel du sevrage.[5]

Classification

Les sevrages peuvent être causés par plusieurs substances:

Présentation clinique

Facteurs de risque

Facteurs de Risque de sevrage ROH[13]:

  • Consommation récente de ROH
  • Consommation fréquente de ROH
  • ATCD de sevrage ROH, convulsions ou délirium tremens
  • ATCD d’usage/abus de benzodiazépines ou de barbiturates.

Facteurs de risque de Delirium Tremens[13]:

  • Histoire de consommation importante
  • ATCD de sevrages récurrents avec convulsions
  • ATCD de Delirium Tremens
  • Comorbidités
  • Tolérance à l’alcool

Facteurs de risque de mortalité en cas de sevrage alcoolique[5]:

  • Cirrhose
  • Présence de DT au moment du diagnostic
  • Existence d'une pathologie chronique sous-jacente autre qu'une maladie hépatique
  • Nécessité d'une intubation endotrachéale

Questionnaire

Commencer par questionner les antécédents complets du patient; il ne faut pas oublier:

  • l’histoire de l’usage d’alcool (quantité, fréquence, durée de l'usage, temps de la dernière consommation)
  • l’histoire d’usage d’autres substances (drogues, médicaments, autres produits...)
  • l'usage de drogues intraveineuses,
  • les antécédents de sevrage d'alcool ou d'autres substances avec les présentations cliniques
  • les essais thérapeutiques passés
  • ATCD psychiatrique
  • Contexte psychosocial ( a t-il un un filet de sécurité social autour du patient ?)
  • Histoire de la maladie actuelle (Faire un tour des systèmes pour éliminer une pathologie contributoire ou qui exacerbe le tableau clinique)

Dans l'histoire de la maladie, rechercher les symptômes suivants:

Questionnaire
Alcool[5][13]: Stade 1 (6-36h après la dernière consommation):

symptômes de sevrage mineurs

Stade 2 (8-48h après la dernière consommation):

convulsions : tonico-cloniques, généralisées, brèves et auto-résolutives

Stade 3 (12-48 Après la dernière consommation)

hallucinose alcoolique

  • Hallucinations visuelles ᐳ Hallucinations tactiles ᐳ Hallucinations auditives

Stade 4 (48 -96h ad 7-10 jours après la dernière consommation):

delirium tremens

Benzodiazépines et barbituriques[5][14] Les symptômes de sevrage se manifestent 2 à 10 jours après l'arrêt de l'agent:
L'hydroxybutyrate de gamma (GHB)[5]: Sevrage léger: sédation et symptômes psychotiques

Sevrage sévère (chez utilisateurs chroniques): convulsions et rhabdomyolyse

Opiacés[5][15]: Les principales manifestations de sevrage d'opiacés sont des symptômes grippaux, des symptômes GI et des symptômes d'excitation du SNC; les symptômes peuvent durer de 3 à 10 jours.
Cocaïne et amphétamines[5][16] Les symptômes sont léger et peuvent se résoudre au bout de 1-2 semaines, sans traitement.
Cannabis[17] Le sevrage se manifeste par au moins un symptôme physique causant de l’inconfort significatif, en plus des symptômes psychiques.
Tabac[18] Les symptômes de sevrage sont les suivants:
Caféine Les symptômes de sevrage sont les suivants:

Examen clinique

Il faut procéder à l'examen physique complet du patient, en prenant bien soins d'éliminer des pathologies contributoires ou qui exacerbent le tableau clinique.

En situation aigue, commencer par:

  • Signes vitaux,
  • ABC (attention particulière à l’état volémique et les voies aériennes du patient)
  • Score de Glasgow afin de déterminer l'état neurologique
  • Intuber si nécessaire

Noter la présence des signes cliniques suivants:

Examen clinique
Alcool[5][13]:
Benzodiazépines[14]
Opiacés[5]: Chez les utilisateurs de drogues intraveineuses:
Cocaïne et amphétamines[5]
Cannabis[19]
Tabac[18]
Caféine

Examens paracliniques

Le bilan requis dépend de la gravité de l'état du patient. [20][21][22] Les tests à considérer incluent: [5]

Approche clinique

Alcool

Le Clinical Institute Withdrawl Assessment for Alcolol (CIWA-Ar), est un système de pointage servant à grader le sevrage alcoolique de léger, modéré à sévère et orienter le traitement en conséquence. Il est constitué de 3 catégories, elles mêmes constituées de plusieurs éléments à évaluer. Ce n’est pas un outil diagnostic.[6][23]

L’histoire de consommation ROH doit être confirmée ET le patient doit être en mesure de communiquer ses symptômes afin d'utiliser le CIWA-Ar.

Critères physiques (5): No/Vo, Tremblements, Agitation, Diaphorèse, Céphalée

Critères cognitifs/psychologiques (2): Anxiété, Orientation/Altération du sensorium

Critères d’altération de la perception (3): hallucination tactile, hallucination visuelle, hallucination auditive

Chaque item est gradé de 0 à 7 (sauf l’orientation/altération du sensorium qui est gradée de 0 à 4)

Minime ˂8-10, léger 10-15, Modéré 16-20, sévère > 20

Diagnostic

Alcool:

DSM-5 — Les critères diagnostics pour le sevrage alcoolique sont les suivants:[24]

A. Arrêt (ou réduction) d'un usage d'alcool qui a été massif et prolongé

B. Au moins deux des manifestations suivantes se développent de quelques heures à quelques jours après l'arrêt (ou la réduction) d'un usage d'alcool décrit dans le critère A:

  1. Hyperactivité neurovégétative (par exemple transpiration ou fréquence cardiaque supérieure à 100 bpm)
  2. Augmentation du tremblement des mains
  3. Insomnie
  4. Nausées ou vomissements
  5. Hallucinations ou illusions transitoires visuelles, tactiles ou auditives
  6. Agitation psychomotrice
  7. Anxiété
  8. Crises convulsives généralisées tonico-cloniques

C. Les signes ou symptômes du critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.

D. Les signes et symptômes ne sont pas dus à une autre affection médicale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, dont une intoxication ou un sevrage d'une autre substance.

Opiacés:

DSM-5 — Les critères diagnostics pour le sevrage des opiacés sont les suivants:[24]

A. L’une ou l’autre des circonstances suivantes :

  1. Arrêt (ou réduction) d’un usage d’opiacés qui a été massif et prolongé (c.-à-d. au moins plusieurs semaines).
  2. Administration d’un antagoniste opiacé après une période de l’usage d’opiacés.

B. Au moins trois des manifestations suivantes se développant de quelques minutes à quelques jours après le critère A :

  1. Humeur dysphorique.
  2. Nausées ou vomissements.
  3. Douleurs musculaires.
  4. Larmoiement ou rhinorrhée.
  5. Dilatation pupillaire, piloérection, ou transpiration.
  6. Diarrhée.
  7. Bâillement.
  8. Fièvre.
  9. Insomnie

C. Les signes et symptômes du critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

D. Les signes et symptômes ne sont pas dus à une affection médicale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, dont une intoxication par une autre substance.

Cannabis:

DSM-5 — Les critères diagnostics pour le sevrage de cannabis sont les suivants:[24]

A. Arrêt d’un usage du cannabis qui a été massif et prolongé (c.-à-d. consommation habituellement quotidienne ou presque durant une période d’au moins quelques mois).

B. Au moins trois des signes et symptômes suivants se développent dans un délai d’environ une semaine après le critère A :

  1. Irritabilité, colère, ou agressivité.
  2. Nervosité ou anxiété.
  3. Troubles du sommeil (p. ex. insomnie, rêves perturbants).
  4. Diminution de l’appétit ou perte de poids.
  5. Fébrilité.
  6. Thymie dépressive.
  7. Au moins un des symptômes physiques suivants cause de l’inconfort significatif  : douleurs abdominales, instabilité/tremblements, sueurs, fièvre, frissons ou céphalées.

C. Les signes ou symptômes du critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

D. Les signes ou symptômes ne sont pas dus à une autre affection médicale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, dont une intoxication ou un sevrage d’une autre substance.

Substances sédatives, hypnotiques ou anxiolytiques (ex: benzodiazépine):

DSM-5 — Les critères diagnostics pour le sevrage des substances sédatives, hypnotiques ou anxiolytiques (ex: benzodiazépine) sont les suivants:[24]

A. Arrêt (ou réduction) d’un usage de sédatif, hypnotique ou anxiolytique qui a été massif et prolongé.

B. Au moins deux des manifestations suivantes se développant de quelques heures à quelques jours après l’arrêt (ou la réduction) d’un usage de sédatif, hypnotique ou anxiolytique décrit dans le critère A :

  1. Hyperactivité neurovégétative (p. ex. transpiration ou fréquence cardiaque supérieure à 100 battements/minute).
  2. Tremblement des mains.
  3. Insomnie.
  4. Nausées ou vomissements.
  5. Hallucinations ou illusions transitoires visuelles, tactiles ou auditives.
  6. Agitation psychomotrice.
  7. Anxiété.
  8. Crises convulsives de type grand mal.

C. Les symptômes du critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

D. Les signes et symptômes ne sont pas imputables à une affection médicale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, incluant l’intoxication par une autre substance.

Stimulants (ex: amphétamines):

DSM-5 — Les critères diagnostics pour le sevrage de stimulants sont les suivants:[24]

A. Arrêt (ou réduction) de l’usage prolongé d’une substance amphétaminique, de cocaïne ou d’un autre stimulant.

B. Humeur dysphorique et deux (ou plus) des modifications physiologiques suivantes, apparaissant de quelques heures à plusieurs jours après le critère A :

  1. Épuisement.
  2. Rêves intenses et déplaisants.
  3. Insomnie ou hypersomnie.
  4. Augmentation de l’appétit.
  5. Agitation ou ralentissement psychomoteur.

C. Les signes ou symptômes du critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

D. Les signes ou symptômes ne sont pas imputables à une autre affection médicale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, dont une intoxication ou un sevrage d’une autre substance.

Tabac:

DSM-5 — Les critères diagnostics pour le sevrage de tabac sont les suivants:[24]

A. Usage quotidien de tabac pendant au moins plusieurs semaines.

B. Arrêt brutal de la consommation, ou réduction de la quantité de tabac utilisée, suivi, dans les 24 heures, d’au moins quatre des signes ou symptômes suivants :

  1. Irritabilité, frustration ou colère.
  2. Anxiété.
  3. Difficultés de concentration.
  4. Augmentation de l’appétit.
  5. Fébrilité.
  6. Humeur dépressive.
  7. Insomnie.

C. Les signes ou symptômes du critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

D. Les signes ou symptômes ne sont pas imputables à une affection médicale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental dont une intoxication ou un sevrage d’une autre substance.

Caféine:

DSM-5 — Les critères diagnostics pour le sevrage de la caféine sont les suivants:[24]

A. Usage prolongé et quotidien de caféine.

B. Arrêt brutal ou réduction de la prise de caféine, suivi dans les 24 heures par trois (ou plus) des signes ou symptômes suivants :

  1. Céphalées.
  2. Fatigue ou somnolence importante.
  3. Humeur dysphorique, humeur dépressive ou irritabilité.
  4. Difficultés de concentration.
  5. Symptômes pseudo-grippaux (nausées, vomissements ou raideur/douleur musculaire).

C. Les symptômes du critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

D. Les signes ou symptômes ne sont pas associés aux effets physiologiques d’une autre affection médicale (comme la migraine ou une maladie virale) et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, dont une intoxication ou un sevrage d’une autre substance.

Diagnostic différentiel

Alcool:

Dépendamment du tableau clinique présent, les signes et symptômes peuvent orienter vers certains diagnostics différentiels.

Symptômes de sevrage mineurs:

Convulsions tonico-clonqiues:

Hallucinose alcoolique:

Délirium tremens:

Habituellement, comme le delirium tremens fait suite aux signes et symptômes des premières phases du sevrage alcoolique, le diagnostic est souvent bien évident. Par contre, certaines circonstances, comme les patients tout juste extubés ou sous sédations aux soins intensifs, il peut être difficile de faire la distinction.

Lorsqu'il y a atteinte du système nerveux autonome, le diagnostic différentiel peut inclure:

Cannabis:

Les symptômes sont non spécifiques, alors il est important de distinguer le sevrage de cannabis du sevrage tabagique et des conditions psychiatriques (trouble anxieux généralisé, Trouble dépressif caractérisé, Trouble alimentaire).

Traitement

Alcool[5]

Les patients en sevrage alcoolique peuvent avoir de nombreux problèmes médicaux potentiellement mortels. Il faut commencer par administrer la thiamine; thiamine 100 mg IM/IV, puis 100 mg po die x 3 jours, afin d'éviter des complications telles que l'Encéphalopathie de Wernicke et le Syndrome de Korsakoff.[13]

Si le test de glucose révèle une hypoglycémie, le dextrose 50% dans l'eau (D50W) 25 mL à 50 mL est également indiqué. Il faut assurer l'hydratation, la nutrition et la correction des désordres électrolytiques.[5]

Le lorazépam ou le diazépam peuvent être administrés pour contrôler les crises; habituellement: diazépam 10-20 mg iv/po q 1-2 h ou lorazépam 2-4 mg iv/po/sc q 1-2 h PRN  (jusqu'à CIWA-Ar ˂ 10).[5]

Protocole d'administration de lorazépam basé sur le score de CIWA-Ar:
CIWA-Ar ˂ 8 Ativan x 3j

J1: 1 mg q 6h

J2: 1 mg q 8h

J3: 1 mg q 12h

puis cesser

CIWA-Ar 8-15 Ativan 1-2 mg iv/po q h x 2h

puis Ativan 0,5-1 mg q 4h PRN

CIWA-Ar 16-20 Ativan 3-4 mg iv/po q h x 2h

puis Ativan 1-2 mg q 2h PRN

puis 0,5-1 mg q 2h PRN

CIWA-Ar > 20 Ativan 1-2 mg iv q 15 min PRN

puis Ativan 2 mg q 2h PRN

puis Ativan 1-2 mg iv/po q 2h PRN

Hospitaliser si > 80 mg de diazépam reçu (ou équivalent), délirium tremens, convulsions ou arythmies. Admission au soins intensifs si sevrage sévère pour monitoring plus serré + intubation.

De faibles doses de clonidine peuvent aider à inverser la décharge adrénergique centrale, soulageant la tachypnée, la tachycardie, l'hypertension, les tremblements et le besoin d'alcool. Si le patient demande plus de 8 mg/h de Lorazépam ou continue d’avoir des tremblements, de l’agitation, de la tachycardie ou de l’hypertension malgré la dose élevée, on peut considérer l’ajout de dexmedetomidine. C’est un alpha 2 agoniste qui a un effet sédatif mais avec un effet moindre sur la respiration.[5][13]

Chez un patient agité, des neuroleptiques tels que l'halopéridol 2-5 mg q 1-4 h (max 5 doses/jour) IV ou par voie intramusculaire (IM) peuvent être ajoutés à des agents sédatifs-hypnotiques comme traitement d'appoint. Des précautions doivent être prises car l'halopéridol peut diminuer le seuil épileptogène et allonger l'intervalle QT. [5]

Benzodiazépines[14]: Les patients en sevrage de benzodiazépines doivent recevoir une benzodiazépine longue action, comme le diazépam, afin de contrôler les symptômes, puis une diminution graduelle de la dose suivra.

Opioïdes[5]

Les patients exposés aux opioïdes pendant plus de 14 jours doivent généralement être sevrés au fil du temps. Les symptômes de sevrage doivent être évalués à l'aide de l'échelle d'observation des symptômes de sevrage de Sophia. Les protocoles de sevrage doivent tenir compte de la durée de l'exposition aux opioïdes et de la dose quotidienne totale d'opioïdes. Le sevrage des opioïdes est traité avec: un agoniste opioïde à action prolongée comme la méthadone ou la buprénorphine.

La clonidine peut également diminuer la gravité des symptômes.

Les benzodiazépines à longue durée d'action peuvent être utilisées pour contrôler l'insomnie et les crampes musculaires.[5]

Le sevrage sédatif-hypnotique est traité par des médicaments de substitution qui ont une longue durée d'action, la benzodiazépine ou le phénobarbital pendant quelques jours, suivis d'une dose décroissante sur 2 à 3 semaines.[5]

GHB[5]

Le sevrage du GHB peut initialement être traité avec des doses élevées de benzodiazépines, les cas réfractaires ont répondu au pentobarbital, à l'hydrate de chloral et au baclofène. [5]

Stimulants[5]

Le syndrome de sevrage des stimulants est traité sous observation.[5]

Cannabis[19]

Un sevrage peu sévère ne nécessite pas de traitement pharmacologique. Les individus souffrant de sevrage modéré à sévère, avec atteinte au niveau fonctionnel, peuvent bénéficier d'un traitement pharmacologique. Le dronabinol (forme synthétique de THC, si disponible), le nabiximols (extrait de THC, si disponible) ou le gabapentin pourraient être efficaces; des études cliniques randomisées suggèrent une certaine efficacité. Pour les individus en sevrage avec insomnie importante, le zolpidem et le nitrazepam peuvent être utilisés. Certains patients pourraient bénéficier de thérapie cognitivo- comportementale, mais son efficacité est peu étudiée.

Nicotine

Utiliser les stades de Prochaska pour évaluer l'étape à laquelle se trouve le patient en vue de l'arrêt tabagique.

La thérapie comportementale peut être combinée au traitement pharmacologique afin d'offrir une meilleure efficacité.

Une gamme d'approches peuvent être utilisées en terme de thérapies comportementales: l'intervention brève en bureau, la thérapie individuelle, la thérapie de groupe, la thérapie téléphonique, les campagnes de messages par téléphone, les ressources et interventions à travers les médias sociaux et les sites internet, les applications et les livres pour s'aider soi-même (self-help).[25]

La thérapie de remplacement nicotinique, le bupropion et la varenicline sont tous trois en première ligne de traitement.

La thérapie de remplacement nicotinique consiste en: patch de nicotine (21 mg die pour les fumeurs de ≥10 cig/jour et 14 mg die si ≤10 cig/jour), gomme (2mg qh PRN si 1ère cigarette de la journée ≥30 min après réveil et 4mg qh PRN si moins), pastilles (2mg q 1-2h PRN si 1ère cigarette de la journée ≥30 min après réveil et 4mg q 1-2h PRN si moins), nicotine en inhalation ou nicotine en spray nasal.[18]

Chez la majorité des patients, il est recommandé de commencer par la varenicline ou une combinaison de deux thérapies de remplacement nicotiniques.

Le support social et familial peut être encourageant pour le patient, tout comme les conseils et l'approche motivationnelle de la part du médecin traitant.

Prévention

Alcool:

Chez le patient hospitalisé avec une histoire de consommation considérable d'alcool, il est important de prévenir le sevrage d'alcool, en lui administrant une benzodiazépine de manière prophylactique. Il faut aussi administrer de la thiamine IV, afin d'empêcher la survenue de complications, telles que l'encéphalopathie de Wernicke, surtout chez les patients qui sont dénutris.[7]

Concepts clés

Les patients présentant des DT ou d'autres symptômes de sevrage sévères peuvent nécessiter une hospitalisation en unité de soins intensifs en raison du risque de mortalité.[5]

Les patients souffrant d'alcoolisme chronique ou de consommation de drogues par voie intraveineuse doivent être évalués pour des programmes de traitement hospitalier et ambulatoire. Les programmes de traitement ne réussissent que si le patient est motivé. Souvent, les personnes dépendantes aux opiacés seront placées sous méthadone ou buprénorphine.[5]

  • La méthadone, un opiacé à action prolongée qui prévient les symptômes de sevrage somatique mais ne provoque pas d'euphorie équivalente à l'héroïne, peut être prescrite.
  • La buprénorphine est un agoniste / antagoniste des opioïdes mu prescrit de la même manière que la méthadone.

Une évaluation psychiatrique est fortement recommandée pour écarter les problèmes de santé mentale tels que les idées suicidaires, la dépression majeure et la polytoxicomanie.

Références

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  1. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30745655
  2. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30745219
  3. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30723432
  4. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30704197
  5. 5,00 5,01 5,02 5,03 5,04 5,05 5,06 5,07 5,08 5,09 5,10 5,11 5,12 5,13 5,14 5,15 5,16 5,17 5,18 5,19 5,20 5,21 5,22 5,23 5,24 5,25 5,26 5,27 5,28 et 5,29 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29083712
  6. 6,0 6,1 et 6,2 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 9 février 2021)
  7. 7,0 et 7,1 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 9 février 2021)
  8. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30744913
  9. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30702536
  10. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30569508
  11. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30517238
  12. « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 9 février 2021)
  13. 13,0 13,1 13,2 13,3 13,4 et 13,5 (en) Papadakis, M.A., McPhee, S.J. et Rabow, M.W., Current Medical Diagnosis and Treatment 2020, McGraw-Hill (lire en ligne)
  14. 14,0 14,1 et 14,2 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 28 mars 2021)
  15. « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 28 mars 2021)
  16. « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 28 mars 2021)
  17. « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 28 mars 2021)
  18. 18,0 18,1 et 18,2 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 19 mars 2021)
  19. 19,0 et 19,1 « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 19 mars 2021)
  20. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29491698
  21. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29574507
  22. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29355883
  23. (en) Papadakis M.A, Current Medical Diagnosis and Treatment 2020, McGraw-Hill, , 1936 p. (ISBN 978-1260455281, lire en ligne)
  24. 24,0 24,1 24,2 24,3 24,4 24,5 et 24,6 American Psychiatric Association, Mini DSM-5 Critères Diagnostics, Elsevier Masson, p. 211-212
  25. « UpToDate », sur www.uptodate.com (consulté le 19 mars 2021)
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