Salmonellose non typhoïdienne

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Salmonellose non typhoïdienne
Maladie

Salmonella typhimurium au microscope électronique
Caractéristiques
Signes Arthrite septique, Péritonisme, Ostéomyélite vertébrale, Tachycardie , Choc septique, Péristaltisme augmenté, Faible perfusion périphérique, Douleur abdominale diffuse, Hypotension artérielle , Choc hypovolémique, ... [+]
Symptômes
Frissons, Hypotension orthostatique, Arthrite septique, Anorexie , Nausées, Ostéomyélite vertébrale, Lipothymie , Syncope , Douleur abdominale crampiforme, Douleur abdominale aiguë (approche clinique), ... [+]
Diagnostic différentiel
Dengue, Malaria, Colite ischémique, Fièvre typhoïde, Parasitoses intestinales, Gastro-entérites bactériennes, Maladie inflammatoires intestinales, Rectite radique, Gastro-entérite virale
Informations
Wikidata ID Q150839
Spécialités Infectiologie, Médecine familiale, Médecine d'urgence, Médecine interne, Gastro-entérologie, Chirurgie générale, Soins intensifs

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La bactérie Salmonella est une bactérie Gram négative, mobile, produisant du sulfure d'hydrogène, un microorganisme intracellulaire facultatif labile acide qui provoque généralement des infections tant chez les humains que chez les animaux. Il existe plus de 2500 sérotypes dans le monde, dont seule la minorité est pathogène. La salmonellose est une infection causée par tous les sérotypes dit non thyphoïdiens, ce qui exclut les sérotypes typhi, paratyphi A, paratyphi B (tartrate negative) et paratyphi C.

Un animal porteur est le poulet, qui, mangé mal cuit, peut provoquer Salmonella enteritidis, entraînant une diarrhée inflammatoire. La bactérie Salmonella provoque également une infection focale importante chez les patients atteints de maladies immunodéprimées. Dans l'ensemble, il existe plus de 2500 sérovars de Salmonella dans le monde.[1]

Épidémiologie

Dans les pays développés, comme les États-Unis, la forme la plus courante d'infection à Salmonella se présente sous la forme de gastro-entérite et d'entérocolite. Plus d'un million de cas sont présents chaque année aux États-Unis. Elle est rare aux États-Unis et est généralement contractée à l'extérieur du pays, ramenée au pays par des porteurs. Cependant, il s'agit d'une préoccupation mondiale, avec plus de 153 millions de nouvelles infections par an et environ 57 000 décès par an.[2][3] L'incidence de la salmonellose est la plus élevée en Afrique subsaharienne, atteignant jusqu'à 25,8 cas pour 100 000 personnes par an.[3][4] L'incidence et le risque d'infection dans ces zones sont élevés, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, en raison d'un mauvais assainissement ainsi que de sources d'eau et d'aliments contaminés par des excréments humains infectés.[1]

Étiologies

Salmonella est un groupe de bactéries à Gram négatif appartenant à la famille des Enterobacteriaceae. La taxonomie actuelle divise le genre Salmonella en deux espèces (Salmonella enterica et Salmonella bongori) avec une approbation en attente pour une troisième espèce (Salmonella subterranea).

S. enterica contient les 6 sous-espèces suivantes: sous-espèce Salmonella enterica. Enterica (sous-espèce I), sous-espèce S. enterica. salamae (sous-espèce II), sous-espèce S. enterica. arizonae (sous-espèce IIIa), sous-espèce S. enterica. diarizonae (sous-espèce IIIb), sous-espèce S. enterica. houtenae (sous-espèce IV) et S. enterica sous-espèce. indica (sous-espèce VI) .[5] Chaque sous-espèce de Salmonella contient plusieurs sérotypes. Sous-espèce S. enterica. enterica contient le plus de sérovars et possède les sérovars les plus significatifs pour la pathologie humaine. Certains des sérotypes les plus courants sont les sérotypes de Salmonella enteritidis, typhimurium, newport et javiana. Les sérotypes typhi et paratyphi conduisent à la salmonelle typhoïde provoquant la fièvre typhoïde et la fièvre paratyphoïde, qui se combinent pour former une fièvre entérique. [6] La salmonelle typhoïde est limitée à l'homme. D'autres sérovars de Salmonella enterica mènent à des Salmonella non typhoïdes (NTS), qui peuvent être trouvées dans un large éventail de vertébrés, y compris les humains, certains sérotypes étant limités aux espèces de vertébrés non humains.[1]

Physiopathologie

Le NTS (« Non-Typhoid Salmonella ») provoque généralement une gastro-entérite, tandis que S. typhi provoque une maladie systémique par l'utilisation de facteurs de virulence. Un type de facteur de virulence produit par S. typhi et non par le NTS comprend l'antigène Vi, qui est une capsule de polysaccharide qui empêche la phagocytose et la destruction des cellules immunitaires. Un autre facteur de virulence spécifique aux formes typhoïdes comprend la toxine typhoïde. La toxine typhoïde est produite lorsque la bactérie Salmonella est intracellulaire et sécrétée par les vésicules vers l'espace extracellulaire, ce qui entraîne une réduction des neutrophiles circulants, une léthargie et d'autres complications neurologiques. D'autres facteurs de virulence importants comprennent les flagelles, qui aident à promouvoir la motilité de la bactérie et le système de sécrétion de type III, qui permet le processus d'attachement et d'insertion dans les cellules non phagocytaires humaines. [7] Grâce à l'utilisation de ces facteurs de virulence, la bactérie pénètre dans l'épithélium intestinal par le M cellules avant d'atteindre les cellules lymphoïdes des plaques de Peyer. Après avoir traversé l'épithélium intestinal, Salmonella pénètre dans les macrophages et est disséminée dans tout le système réticulo-endothélial avant de provoquer une infection systémique.[8] [1]

La transmission par voie directe ou indirecte, les selles en étant le principal moyen de contamination et transmission. L'eau et les aliments contaminés, incluant le poulet, sont une source fréquente de salmonellose. La transmission interhumaine est également possible. La période d'incubation est de 6 à 72 heures. Les sérotypes associés avec des infections davantage invasives sont : Dublin, Choleraesuis, and Typhimurium variant ST313 (spécifique au Brésil et à l'Afrique subsaharienne).[3]

Présentation clinique

La présentation classique de la salmonellose est la gastro-entérite, d'une durée allant de 4 à 7 jours. La diarrhée est de type inflammatoire et les hématochésies sont donc fréquentes. Les autres symptômes gastro-intestinaux sont non-spécifiques, pouvant inclure une douleur abdominale crampiforme, de la nausée et des vomissements.

Il n'est pas rare d'avoir une exposition précise ayant amené l'infection, que ce soit l'ingestion d'un aliment contaminé (i.e. poulet) ou encore un contact infectieux. Par moment, la salmonellose se présentera comme une zoonose.

Dans les symptômes systémiques, la fièvre prédomine. Toutefois, environ 8% des patients développeront une bactériémie et/ou un infection focale non gastro-intestinale, telles que une méningite, une ostéomyélite, une spondylodiscite ou une arthrose septique.[3]

Facteurs de risque

Plusieurs éléments cliniques clés augmentent le risque des patients de développer une infection systémique ou au-delà du système gastro-intestinal[3][9] :

Questionnaire

Les principaux éléments à aller rechercher au questionnaire sont :

  • le symptômes gastro-intestinaux (prédominant) : des diarrhées inflammatoires sanglantes, des douleurs abdominales crampiformes diffuses et des nausées/vomissements
  • des symptômes systémiques : de la fièvre, des frissons, une inappétence
  • des symptômes en lien avec la déshydratation : de l'orthostatisme, des palpitations, des lipothymies/syncopes.

Étant donné que la salmonellose peut également se manifester par des symptômes extra-digestifs, il est important de rechercher les symptômes en lien avec une méningite, une spondylodiscite et une arthrite septique.

Examen clinique

À l'examen physique, il faut rechercher les éléments suivants :

Examens paracliniques

Le bilan initial comprend :

  • une FSC
  • Na+/K+/phosphates/Mg2+/Ca2+
  • un gaz veineux
  • des lactates (selon le statut hémodynamique)
  • un bilan septique complet (selon clinique et facteurs de risque) : Pour exclure divers diagnostic différentiels et des complications (i.e. bactériémie)
    • Hémoculture x 2, aérobe et anaérobe
    • Analyse et culture d'urine
    • Rayons x pulmonaire
    • Cultures de selles, recherche de parasites
  • la protéine C réactive.

Les tests de type PCR et les tests sérologiques demeurent non recommandées dans la pratique quoitidienne.[3]

Approche clinique

L'approche clinique d'une salmonellose suspectée inclut les éléments suivants :

  • l'évaluation de la volémie et du statut hémodynamique du patient
  • il faut exclure les signes de sévérité en considérant les facteurs de risque (c.f. ci-haut) : choc, méningisme, arthrite septique/spondylodiscite
  • il est primordial d'éliminer les autres diagnostics différentiels.

Diagnostic

La pierre angulaire du diagnostic demeure la culture, typiquement la culture de selles (90% des cas). Elle permet le sérotypage et l'obtention d'un antibiogramme.

Diagnostic différentiel

Il est important de bien cibles avec l'anamnèse et l'examen physique le foyer infectieux suspecté.

Traitement

La salmonellose est une maladie à déclaration obligatoire au Canada. Il est important de déclarer tous les cas à la santé publique.

La Centers for Disease Control and Prevention (CDC) recommande en premier lieu un traitement de support, incluant une réplétion volémique agressive ajustée selon le statut hémodynamique. [3]

Dans la majorité des cas, l'antiobiothérapie n'est pas recommandée, car elle risque de prolonger la période de transmission.[3] Elle est recommandée dans certains contextes cliniques précis :

  • lorsque les symptômes sont sévères, incluant les infections non gastro-intestinales
  • lorsqu'il y a un risque augmenté d'infection disséminée extrêmes d'âge, immunodéficiences, hémoglobinopathies).

La première ligne de traitement empirique est les fluoroquinolones. La résistance à cette classe d'antibiotiques est toutefois en augmentation. La deuxième ligne est l'azithromycine si la résistance aux fluoroquinolones dépasse > 10% (typiquement en Asie et Amérique latine). [3][10]

  • 1ère ligne :
    • Ciprofloxacine 500 mg per os BID ou 400 mg IV DIE x 7-14 jours
    • Lévofloxacine 750 mg IV ou per os DIE x 7-14 jours
    • Ceftriaxone 2g IV DIE x 7-14 jours (à privilégier si facteurs de risque de résistance aux quinolones [voyage en Asie])
  • 2ème ligne :
    • Azithromycine 1g IV ou per os x 1, puis 500 mg per os ou IV die X 5-7 jours
    • Céfixime 20-30 mg/kg/j per os en deux doses par jour x 7-14 jours

Complications

Les complications potentielles de la salmonellose sont :

Évolution

La salmonellose, lorsque limitée au tube digestif et sans complication, est normalement autorésolutive chez la majorité des patients en absence de facteurs de risque particuliers. La transmission, même après la résolution des symptômes, demeure possible, surtout dans le contexte d'une antibiothérapie.[3]

Prévention

Contrairement à la fièvre typhoïde, il n'existe pas de vaccin. La prévention se limite à des mesures sanitaires de base, incluant le lavage des mains et de la nourriture. Il est aussi important d'éviter tout eau potentiellement contaminée. Les patients infectés doivent être informés de la période de transmission pouvant se prolonger après la résolution des symptômes, surtout si des antibiotiques sont débutés.

La salmonellose est une maladie à déclaration obligatoire au Canada.[9]

Notes

  1. Cela s'explique par un système immunitaire fragilisé ou immature.

Références

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  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Arun Ajmera et Nadeem Shabbir, StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 32310352, lire en ligne)
  2. John P. Dekker et Karen M. Frank, « Salmonella, Shigella, and yersinia », Clinics in Laboratory Medicine, vol. 35, no 2,‎ , p. 225–246 (ISSN 1557-9832, PMID 26004640, Central PMCID 4443274, DOI 10.1016/j.cll.2015.02.002, lire en ligne)
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 3,7 3,8 et 3,9 (en) « Salmonellosis (Nontyphoidal) », sur https://wwwnc.cdc.gov/travel/yellowbook/2020/travel-related-infectious-diseases (consulté le 24 juin 2021)
  4. John A. Crump, Maria Sjölund-Karlsson, Melita A. Gordon et Christopher M. Parry, « Epidemiology, Clinical Presentation, Laboratory Diagnosis, Antimicrobial Resistance, and Antimicrobial Management of Invasive Salmonella Infections », Clinical Microbiology Reviews, vol. 28, no 4,‎ , p. 901–937 (ISSN 1098-6618, PMID 26180063, Central PMCID 4503790, DOI 10.1128/CMR.00002-15, lire en ligne)
  5. Lin-Hui Su et Cheng-Hsun Chiu, « Salmonella: clinical importance and evolution of nomenclature », Chang Gung Medical Journal, vol. 30, no 3,‎ , p. 210–219 (ISSN 2072-0939, PMID 17760271, lire en ligne)
  6. A. Andino et I. Hanning, « Salmonella enterica: survival, colonization, and virulence differences among serovars », TheScientificWorldJournal, vol. 2015,‎ , p. 520179 (ISSN 1537-744X, PMID 25664339, Central PMCID 4310208, DOI 10.1155/2015/520179, lire en ligne)
  7. Rebecca Johnson, Elli Mylona et Gad Frankel, « Typhoidal Salmonella: Distinctive virulence factors and pathogenesis », Cellular Microbiology, vol. 20, no 9,‎ , e12939 (ISSN 1462-5822, PMID 30030897, DOI 10.1111/cmi.12939, lire en ligne)
  8. Bryan Coburn, Guntram A. Grassl et B. B. Finlay, « Salmonella, the host and disease: a brief review », Immunology and Cell Biology, vol. 85, no 2,‎ , p. 112–118 (ISSN 0818-9641, PMID 17146467, DOI 10.1038/sj.icb.7100007, lire en ligne)
  9. 9,0 et 9,1 « Pour les professionnels de la santé : Salmonellose (Salmonella) », sur https://www.canada.ca/fr/sante-publique/, (consulté le 24 juin 2021)
  10. (en) « Sanford Guide », sur https://www.sanfordguide.com/ (consulté le 12 juillet 2021)
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